Cromlech
Un cromlech, appelé aussi cercle, enceinte, hémicycle selon la terminologie mégalithique imprécise et foisonnante[1], est un monument mégalithique préhistorique constitué par un alignement de monolithes verticaux (menhirs), formant une enceinte de pierres levées à l'air libre, généralement circulaire ou piriforme. Parfois un menhir est placé au centre. Le monument peut être de forme circulaire complète ou incomplète (enceinte en arc de cercle, en demi-cercle, en fer à cheval[2]), formant une enceinte fermée ou ouverte[3].
On peut trouver des cromlechs qui ont d'autres formes, depuis le simple alignement droit ou rectangulaire (comme le « quadrilatère de Crucuno » ou le « Cromlech de l'île d'Ouessant » en Bretagne) jusqu'aux longues murailles serpentantes, mais on considère alors qu'il ne s'agit pas de cromlechs stricto sensu.
Étymologie
Le mot cromlech, utilisé dans la langue française depuis le XVIIIe siècle, a été emprunté (1785) à l'anglais cromlech, qui tire lui-même son origine du vieux gallois. Il est composé de crwm, « courbé » (crom au féminin), et llech, « pierre plate », et signifie « pierre plate (placée en) courbe ».
Principales caractéristiques
Ces cercles de pierres peuvent être isolés, jumelés à un autre cercle de pierres ou associés à un alignement de menhirs. Le plus connu de tous les cromlechs est le cromlech de Stonehenge en Angleterre.
Les cromlechs sont beaucoup plus rares que les autres monuments mégalithiques (dolmens, menhirs, allées couvertes, cairns).
La plupart paraissent dater, en Europe notamment, de l'âge du bronze (2500 av. J.-C. à 1000 av. J.-C.).
Les harrespil (comme à Bilhères, en Béarn, dans les Pyrénées-Atlantiques) sont restés utilisés pendant l'âge du fer. Il convient de noter que les harrespils ne sont pas des véritables cromlechs. Il s'agit en fait de dallettes plantées de chant et entourant une tombe circulaire de type tumulus (âge du Fer) dont la structure s'est effacée au fil des millénaires. Seul le cercle de pierre a survécu et est aujourd'hui seul visible. Le diamètre de ces cercles de pierres est en général inférieur à 15 mètres.
On en trouve cependant, notamment en Bretagne (sur l'îlot d'Er Lannic, dans le golfe du Morbihan, par exemple), de plus anciens, que l'on a pu dater grâce aux objets néolithiques, surtout des poteries, que l'on a retrouvés dans le sol.
On trouve des cromlechs en petit nombre un peu partout, depuis l'Inde jusqu'en Angleterre, dans les pays nordiques, au Maroc (cromlech de M'zora) ou encore Amérique ou Japon. Il ne semble donc pas possible de leur imputer un symbolisme unique.
Les skibsaetninger nordiques (sépultures collectives surmontées de pierres levées dessinant une coque de bateaux et pouvant contenir une centaine de cadavres), avec leur forme de barques, avaient certainement un sens tout différent lié à la mythologie nordique.
Période de construction et fonctions
L'époque de construction de ce type de mégalithe est à placer dans la Préhistoire récente avec des dates comprises entre 3500 et 2000 av. J.-C.
On ne peut aujourd'hui expliquer précisément la fonction de ce type de monument. Certains chercheurs avancent l'idée de lieu de rassemblement cultuel tandis que d'autres préfèrent l'idée d'un lieu d'observation des astres ou de la Lune. Certains auteurs vont jusqu'à postuler qu'ils étaient les marqueurs d'une géométrie mégalithique ancestrale. Cette dernière hypothèse est rejetée par la communauté scientifique.
Les cromlechs sont des monuments mégalithiques nettement moins nombreux que les tombeaux mégalithiques (dolmens, allées couvertes, cistes ou caissons) ou les menhirs qui datent pourtant de la même époque.
Dimensions
Leurs dimensions varient d'un site à un autre mais on peut encore aujourd'hui visiter en France des cromlechs avec des diamètres de plus de 100 mètres (site de la Crêperie de Carnac en Bretagne et sites de la Rigalderie et de Peyrarines dans le département du Gard). Celui découvert à Uzès (Gard) par l'Inrap lors d'une fouille en 2019 pourrait avoisiner les 90 m de diamètre. Il a la particularité d'être constitué de dalles jointives.
Les menhirs qui composent les cromlechs s'étagent entre un mètre et plus de trois mètres de hauteur en France (3,90m pour la plus grande dalle d'Uzès). Certains cromlechs écossais dépassent en moyenne quatre mètres de hauteur (notamment le site de l’anneau de Brogdar).
Localisation géographique
Des cromlechs remarquables sont connus dans les îles Britanniques et notamment en Écosse, dans les îles Orcades et en Cornouailles (Les Hurlers) ainsi qu'au Portugal.
Un des plus célèbres cromlechs du monde est le site de Stonehenge en Angleterre, qui comporte plusieurs cercles concentriques.
En dehors du continent européen, des cercles de pierres sont connus en Afrique (Sénégal, Gambie, Ghana, Éthiopie et très récemment en Thaïlande …) mais à part en Thaïlande, ils ne peuvent être assimilés à des cromlechs stricto sensu car leur période d'érection remonte à quelques siècles à peine. Or, selon la définition communément admise, les cromlechs sont toujours de construction préhistorique.
Au Japon, le site le plus notable est celui d'Oyu (préfecture d'Akita), daté d'environ 4 000 ans (période Jomon), qui est surnommé le « Stonehenge japonais » avec ses deux cercles de pierre de 42 et 48 m de diamètre.
En France, des cromlechs sont connus en Bretagne (cromlech de Saint-Pierre à Saint-Pierre-Quiberon, ou sur l'île d'Er Lannic[4] tous les deux dans le Morbihan, par exemple, le cromlech de la presqu'île de Pen-ar-Lan à Ouessant[5], le Cromlech de Lorette à Le Quillio dans les Côtes-d'Armor, ou encore aux extrémités des alignements de Carnac), on retrouve également en Normandie celui de l'Œillet aux Îles Chausey[6], en Aquitaine et en Languedoc (le site du Causse de Blandas près du cirque de Navacelles dans le Gard abrite trois cercles (restaurés) des 10 cromlechs du département), dans le Béarn en Vallée d'Ossau (cromlechs de Lous Couraus) notamment.
Au Pays basque, des cercles de pierres de petit diamètre (une dizaine de mètres) sont connus mais on estime que ce ne sont en fait que les contours circulaires d'anciens tumulus aujourd'hui complètement arasés. On les y appelle harrespils. On trouve aussi un cromlech d'environ 70 mètres de diamètre au col du Petit-Saint-Bernard, à la frontière franco-italienne entre la Savoie et le Val d'Aoste.
Des cromlechs de petite envergure sont également situés sur le plateau des Combes sur le site de la Cham des Bondons (Lozère).
Un cromlech est également situé à Sailly-en-Ostrevent dans le Pas-de-Calais et un autre, datant du Néolithique, à Ciron, dans le Berry, au lieu-dit Sénevaut.
- Ouessant Cromlec'h de Penn arlan
- Sailly-en-Ostrevent le tertre.
- Le cromlech et le menhir d'Eteneta (Pays basque).
- Les Bonnettes de Sailly-en-Ostrevent.
- Les Bonnettes de Sailly-en-Ostrevent.
- Mull Hill, sur l'île de Man.
- Le cromlech de Portela de Mogos (Portugal).
- Moel Tŷ Uchaf (Pays de Galles).
- Le cromlech de Lissyviggeen (Irlande).
Notes et références
- Philippe Gouézin, Les mégalithes du département du Morbihan, Archaeopress Publishing, , p. 72.
- Forme arrondie prolongée par deux branches plus ou moins rectilignes.
- Philippe Gouézin, Les mégalithes du département du Morbihan, Archaeopress Publishing, , p. 72-80.
- Il s'agit d'un double cromlech dont l'un se trouve sous l'eau, le niveau de la mer s'étant élevé d'environ 7 mètres depuis son édification.
- http://patrimoine.region-bretagne.fr/sdx/sribzh/main.xsp?execute=show_document&id=MERIMEEIA29002132.
- http://www.ileschausey.com/textes/grandeile/Cromlech.htm.