Darling Légitimus
Darling Légitimus, de son vrai nom Marie Berthilde Paruta (mais communément appelée Mathilde, contraction de ses deux prénoms) née le au Carbet (Martinique) et morte le au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), est une actrice et artiste de music-hall française[1], qui a commencé sa carrière à dix-huit ans dans la Revue Nègre, aux côtés de Joséphine Baker et Sidney Bechet, et a longtemps été la doyenne des artistes noirs francophones.
Pour les articles homonymes, voir Légitimus.
Naissance | |
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Décès |
(à 92 ans) Le Kremlin-Bicêtre |
Sépulture | |
Nom de naissance |
Marie Berthilde Paruta |
Surnom |
Miss Darling puis Darling Légitimus |
Nationalité | |
Activités | |
Conjoint | |
Enfants |
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Films notables |
Biographie
Devenue orpheline prématurément à l'âge de deux ans, Mathilde Paruta est élevée par une tante à Caracas (Venezuela).
Elle arrive à Paris à l'âge de seize ans, souhaitant devenir chanteuse et danseuse. Elle y rencontre Étienne Légitimus, fils du député guadeloupéen Hégésippe Jean Légitimus (1868-1944) et devient sa compagne ; elle en aura une fille, Marcelle (1927-2007), et quatre fils.
D'abord connue sous le nom de Miss Darling, elle prend ensuite pour nom d'artiste Darling Légitimus. Elle danse dans la Revue nègre de Joséphine Baker et pose pour Picasso et pour le sculpteur Paul Belmondo (père de Jean-Paul Belmondo).
Pendant les années 1930, Darling Légitimus est auteure, compositrice et interprète de chansons antillaises, de biguines et de mazurkas. Elle enregistre et se produit au Bal Blomet aux côtés de musiciens connus à l'époque, comme Sosso Pé-En-Kin[2] et son orchestre.
Elle est présente au cinéma de 1933 à 1983 ; elle a été dirigée, notamment, par Raymond Rouleau dans Les Sorcières de Salem, avec Simone Signoret et Yves Montand, par Henri-Georges Clouzot dans Le Salaire de la peur, par Sacha Guitry, Jean-Claude Brialy, Bernardo Bertolucci, etc.
Dans les années 1950, elle commence une carrière au théâtre, notamment dans des pièces de Jean Genet (Les Nègres) et d'Aimé Césaire.
Dans les années 1960, elle participe à plusieurs productions de l'ORTF, dont le téléfilm de Jean-Christophe Averty Les Verts Pâturages.
En 1983, à l'âge de 76 ans, elle obtient la Coupe Volpi de la meilleure actrice à la 40e Mostra de Venise pour son interprétation dans Rue Cases-Nègres, de la cinéaste martiniquaise Euzhan Palcy.
Tout au long de sa vie, elle a côtoyé un grand nombre d'artistes célèbres, parmi lesquels Arletty, Fernandel, Marlon Brando, Pierre Brasseur, Simone Signoret, Yves Montand, Coluche…
Elle disparaît en 1999 sans avoir rejoué depuis Rue Cases-Nègres malgré les espoirs que laissait présager sa récompense obtenue à Venise. Ses cendres ont été déposées au columbarium du cimetière du Père-Lachaise (case 16411)[3].
Famille
Elle a eu cinq enfants : une fille, Marcelle (1927-2007) et quatre garçons, Théo Légitimus (1929-2017), comédien, guitariste, Gésip Légitimus (1930-2000), producteur d'émissions de télévision, directeur artistique, journaliste, directeur de publication, trompettiste, Gustave Légitimus (1932-1976), batteur et chef d'orchestre, et Clément Légitimus (1938), guitariste.
Elle est la grand-mère de nombreux petits-enfants dont Pascal Légitimus (1959-), Samuel Légitimus (1965-) et David Légitimus (1966-), chanteur de chansons françaises.
Filmographie
Cinéma
- 1933 : Bouboule 1er, roi nègre de Léon Mathot
- 1937 : Les Perles de la couronne de Sacha Guitry et Christian-Jaque : La femme noire
- 1946 : Un ami viendra ce soir de Raymond Bernard
- 1947 : Le Bateau à soupe de Maurice Gleize
- 1947 : Les Trois cousines de Jacques Daniel-Norman
- 1950 : Casimir de Richard Pottier : Caroline, une servante d'Angélita
- 1952 : Le Chemin de Damas de Max Glass
- 1953 : Le Salaire de la peur de Henri-Georges Clouzot : Rosa
- 1953 : Tourbillon (film) de Alfred Rode
- 1954 : Le Grand Jeu de Robert Siodmak
- 1955 : Napoléon de Sacha Guitry et Eugène Lourié : Blanche, la nourrice
- 1955 : Le Port du désir de Edmond T. Gréville : la mère de Baba
- 1955 : Un missionnaire de Maurice Cloche
- 1957 : Les Sorcières de Salem de Raymond Rouleau : Tituba
- 1960 : Comment qu'elle est de Bernard Borderie : Palmyre
- 1962 : La Poupée de Jacques Baratier
- 1963 : Le Feu follet de Louis Malle
- 1971 : Le Cri du cormoran le soir au-dessus des jonques de Michel Audiard : la mère de Mélanie
- 1971 : Boulevard du rhum de Robert Enrico : la femme qui fredonne
- 1972 : Églantine de Jean-Claude Brialy : Lolo
- 1972 : Le Dernier Tango à Paris de Bernardo Bertolucci : la concierge
- 1973 : La Dernière Bourrée à Paris de Raoul André
- 1976 : Les vécés étaient fermés de l'intérieur de Patrice Leconte : la lingère
- 1979 : O Madiana de Constant Gros-Dubois : Mme Jonas
- 1980 : La Bande du Rex de Jean-Henri Meunier : Nounou
- 1980 : 5 % de risques de Jean Pourtalé
- 1983 : Rue Cases-Nègres de Euzhan Palcy : M’man Tine (la grand-mère de José)
Télévision
- 1963 : La Case de l'oncle Tom : Dinah
- 1964 : Les Verts Pâturages, téléfilm réalisé par Jean-Christophe Averty et diffusé le soir de Noël. Adaptation de la pièce The Green Pastures de Marc Connelly. Poétique transposition de la Bible dans le milieu afro-américain : Madame Noé
- 1965 : La Redevance du fantôme, adaptation par Jean Gruault d'une nouvelle d'Henry James, réalisée par Robert Enrico : Belinda
- 1970 : Noële aux quatre vents, série télévisée en 85 épisodes de 13 minutes, réalisée par Henri Colpi d'après le roman éponyme de Jacques Tournier, écrite sous le pseudonyme de Dominique de Saint-Alban.
- 1971 : Face aux Lancaster, série télévisée réalisée par Adonis Kyrou d’après le roman « Feux rouges à Beverly Hills » d’Anne Mariel : Marie-Louise
- 1971 : François Gaillard ou la vie des autres, série télévisée : Datifa (segment Pierre)
- 1974 : Au théâtre ce soir : Pluie d'après Somerset Maugham, mise en scène René Clermont, réalisation Georges Folgoas, Théâtre Édouard VII
- 1978 : Au théâtre ce soir : Vous ne l'emporterez pas avec vous de Moss Hart et George S. Kaufman, mise en scène Jean-Luc Moreau, réalisation Pierre Sabbagh, Théâtre Marigny : Rébad
Théâtre
- 1954 : Les Sorcières de Salem d'Arthur Miller, mise en scène Raymond Rouleau, Théâtre Sarah-Bernhardt
- 1956 : Les Sorcières de Salem de Arthur Miller, mise en scène Raymond Rouleau, Théâtre des Célestins
- 1959 : Les Nègres de Jean Genet, mise en scène Roger Blin, Théâtre de Lutèce : Félicité
- 1960 : Un raisin au soleil de Lorraine Hansberry, mise en scène Guy Lauzin, Comédie Caumartin
- 1960 : Les Nègres de Jean Genet, mise en scène Roger Blin, Théâtre de la Renaissance
- 1961 : Louisiane de Marcel Aymé, mise en scène André Villiers, Théâtre de la Renaissance
- 1961 : Coralie et Compagnie de Maurice Hennequin et Albin Valabrègue, mise en scène Jean Le Poulain, Théâtre Sarah Bernhardt
- 1962 : Les Petits Renards de Lillian Hellman, mise en scène Pierre Mondy, Théâtre Sarah-Bernhardt
- 1964 : La Tragédie du roi Christophe d'Aimé Césaire, : la pièce fut créée le 4 août 1964 au Festival de Salzbourg, puis en France l'année suivante au Théâtre de l'Odéon, par la Compagnie d'Art dramatique Europa Studio. La pièce fut jouée avec un succès grandissant à Berlin, à Bruxelles, à la Biennale de Venise, dans les maisons de la Culture en France, au festival mondial des Arts nègres à Dakar, à l'exposition internationale de Montréal, en Yougoslavie et au Piccolo Teatro de Milan.
- 1964 : Fête à Harlem de Melvin Van Peebles, mise en scène Roger Blin, Festival du Jeune Théâtre Liège
- 1967 : Une saison au Congo d'Aimé Césaire, mise en scène Jean-Marie Serreau, La Fenice, Théâtre de l'Est parisien
- 1971 : Le Morne de Massabielle de Maryse Condé mise en scène par Gabriel Garcia au théâtre des Hauts de Seine à Puteaux
- 1973 : Le Diable aux collants verts de Tirso De Molina mise en scène de Pierre Debauche Nanterre-Amandiers
- 1975 : Équateur Funambule, juillet 1975, théâtre municipal de Fort-de-France
- 1975 : Gouverneurs de la rosée, adapté du roman de Jacques Roumain, paru en 1944, et mis en scène par le Théâtre Noir, Paris, 1975
- 1976 :À la rencontre du petit matin, mars 1976, tournée en Guadeloupe et en Martinique. Novembre 1976, Nouveau Carré Sylvia Montfort. Mai 1976, Ciné Royal de Boulogne-Billancourt. Février 1977, Centre de vacances ou de loisirs du Vésinet. Décembre 1990, Biennale de Dakar (Sénégal) 1re partie de l'Aventure ambiguë tournée au Sénégal pour la série des Mémoires du Sud
- 1976 : Le Zoulou de Tchicaya U Tam'si, mise en scène Benjamin Jules-Rosette, Festival d'Avignon
- 1977 : Toussaint Louverture d'Édouard Glissant, mise en scène Benjamin Jules-Rosette, Théâtre de la Cité internationale
Hommages
En 1992, un hommage lui est rendu lors du gala de clôture du 12e Festival d'Amiens. Ce jour coïncidait avec celui de son 85e anniversaire. Pour l'occasion, elle était entourée de plusieurs membres de sa famille ainsi que de nombreux personnalités comme Laurent Voulzy, Manu Dibango, Kassav, Touré Kunda et plus de trente cinéastes et acteur du monde entier.
Lors de la cérémonie des Césars en 2000, l'écrivaine Calixthe Beyala[4] et le comédien antillais Luc Saint-Éloy[5], représentants du « collectif Liberté », sont montés sur scène pour revendiquer une plus grande présence des minorités sur les écrans français, et ont rendu un hommage public à Darling Légitimus, que les organisateurs de la cérémonie avaient omis de citer parmi les comédiens disparus au cours de l'année précédente.
En 2021, le festival Ciné Banlieue crée le prix d'interprétation féminine Darling Légitimus. À cette occasion, le festival diffuse le 14 novembre à 13h30 le documentaire "Darling Légitimus, notre grand-mère, notre doudou" de Pascal Légitimus et à 14H30 le film d'Euzhan Palcy Rue Cases-Nègres qui a valu à Darling Légitimus la Coupe Volpi de la meilleure actrice lors de la 40e Mostra de Venise en 1983.
Les séances sont présentées par son petit-fils, l'acteur et metteur en scène Samuel Légitimus, également fondateur en 1993 du Collectif James Baldwin.
Distinctions
Récompense
Décoration
Le , elle est nommée au grade de chevalier dans l'ordre national de la Légion d'honneur au titre de « ancienne artiste de théâtre et de cinéma ; 52 ans d'activités artistiques »[6].
Notes et références
- Notice biographique sur Les gens du cinéma.com
- « SOLANGE PE-EN-KIN (Alias SOSSO PE-EN-KIN)Chanteur de rue - Chef d'orchestre », sur alrmab.free.fr (consulté le )
- « LEGITIMUS Darling (1907-1999) », Amis et Passionnés du Père-Lachaise, (consulté le )
- DELIRIUM Interview Calixte Beyala
- Afrocine - Le cinéma dans toutes ses couleurs
- Décret du 8 avril 1998 portant promotion et nomination.
Liens externes
- Ressources relatives à l'audiovisuel :
- Allociné
- Unifrance
- (en) AllMovie
- (de + en) Filmportal
- (en) Internet Movie Database
- Ressource relative au spectacle :
- 17 films liés à Darling Legitimus sur CinéRessources.net
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