Europe-Action
Europe-Action, créé en 1963 et disparu en 1967, est un mouvement d'ultra-droite, s'appuyant sur la revue nationaliste du même nom[1], dirigée par Jacques de Larocque-Latour — dessinateur attitré de la revue sous le pseudonyme de Coral[2] — et tirant à 7 500-10 000 exemplaires[3].
Ce mouvement rassemblait des militants menés par Dominique Venner et issus de Jeune Nation, de membres de la Fédération des étudiants nationalistes (FEN), de rescapés de l'OAS, comme Maurice Gingembre, son ancien trésorier, et d'anciens collaborateurs comme Lucien Rebatet.
On y trouvait aussi bien Pierre Vial, futur dirigeant de Terre et Peuple, que François Duprat, Georges Pinault[4], dit « Goulven Pennaod », l'écrivain Jean Mabire (entré en tant que rédacteur en chef en , avant de quitter la revue en ), François d'Orcival, futur directeur de rédaction des publications de Raymond Bourgine (Valeurs actuelles et Le Spectacle du monde), Jean-Claude Valla, futur directeur de la rédaction du Figaro-Magazine et cofondateur du Groupement de recherche et d'études pour la civilisation européenne (GRECE) avec le théoricien Alain de Benoist qui était, lui aussi, l'un des principaux rédacteurs de la revue sous le pseudonyme de Fabrice Laroche.
Y collaborèrent Henry Coston, Jacques Ploncard d'Assac (qui s'en séparera toutefois nettement[5]), Maurice-Yvan Sicard (sous le pseudonyme de Saint-Paulien) et Marc Augier (Saint-Loup), président du comité France-Rhodésie, ancien membre de la LVF et de la Division SS Charlemagne, dont il était l'« hagiographe[6] ».
Origine et création
À partir de 1960 se forment en France des groupes qui n'ont plus comme objectif de préparer un hypothétique putsch, mais veulent avant tout diffuser des idées et agir sur le long terme. Au sein de ses groupes, les militants qui prennent alors le plus d'influence partent d'un régionalisme ethnique pour déboucher sur la nécessité de faire l'Europe. L'un des plus célèbres d'entre eux est le régionaliste normand Jean Mabire. Ils sont rejoints par de jeunes militants de Jeune Nation, comme Dominique Venner, et de la Fédération des étudiants nationalistes (FEN), qui veulent tirer un trait sur l'expérience de la guerre d'Algérie[7].
Europe-Action, implanté en région parisienne, à Marseille, Lyon, Toulon, ainsi que dans des villes accueillant d'anciens « Pieds-Noirs » rapatriés d'Algérie[8], s'appuie sur des comités de soutien[9], des réseaux de volontaires, des organisations annexes (Centre d'études pour l'économie organique, animé par Maurice Gingembre[10] ; Groupement d'études des rapatriés et sympathisants, etc.), des antennes au sein de la Fédération des étudiants nationalistes, d'une cellule de réflexion ainsi que d'une maison d'édition fondée en 1962, Saint-Just (le nom du révolutionnaire français ayant été choisi pour se démarquer de l'extrême droite catholique).
En juillet 1962, Dominique Venner écrit dans Pour une critique positive, — parfois comparé au Que faire ? de Lénine[11] et « longtemps considéré comme un texte fondateur par toute une fraction de l'ultra-droite[12] » :
« l'échec algérien a mis un point final aux prétentions des politicards d'extrême-droite. Il a montré la stérilité du seul activisme et l'incapacité des “nationaux”. Il a par contre confirmé comme seules justes les perspectives de la révolution nationaliste. »
Le mouvement s'appuie sur cette analyse pour proposer son propre projet. Pierre Milza écrit ainsi[13],[14] :
« Dans l'esprit de Venner et de ses amis, il s'agit de débarrasser le nationalisme et le fascisme de ce qu'ils ont d'un peu vieillot et de dépassé (l'antiparlementarisme, l'anti-intellectualisme, le patriotisme réduit à l'espace hexagonal), tout en se démarquant du nazisme, soit en admettant comme Bardèche qu'Hitler a “fait des erreurs[15]”, soit en niant purement et simplement les crimes du IIIe Reich. C'est ainsi qu'Europe-Action accueillera très favorablement la publication en 1964 du Drame des Juifs européens de Paul Rassinier, l'un des principaux représentants de l’“école révisionniste”. »
La revue est sous-titrée « revue nationaliste d'action européenne »[7]. Elle compte en moyenne quatre-vingt pages et est tirée à dix mille exemplaires[16].
Doctrine
Suivant le texte doctrinal le plus important du mouvement, la brochure Qu'est-ce que le nationalisme ? publiée en 1963, la nouvelle organisation veut opérer la synthèse de trois courants : un courant « socialiste », basé sur Sorel et Proudhon, un courant « traditionaliste », exprimé par des auteurs comme Maurras, Auguste Comte, Barrès, Drumont, et un courant « scientifique », c'est-à-dire appuyé sur les travaux de Vacher de Lapouge et d'Alexis Carrel[7].
Le « réalisme biologique »
Nommée « révolution nationaliste », la doctrine de la revue se fonde essentiellement sur le racialisme, auquel elle cherche à donner des bases « scientifiques ». Ainsi, s'appuyant sur les lois mendéliennes de l'hérédité[17] et ce qu'ils appellent le « réalisme biologique », les doctrinaires d'Europe-Action proposent-ils de « créer une puissante organisation nationaliste ayant une totale discipline et une direction unique, parce que la division voue à l'opportunisme et à la désintégration[18] », de « trier la classe dirigeante », d'en « éliminer l'écume biologique », de « renvoyer les médiocres de cette classe à leur rang et conserver l'élite valable », de « ségréguer, sans vaine sensiblerie, le peuple et le déchet biologique », de « ne pas permettre la croissance biologique du déchet[19] ».
Un anti-christianisme radical
Se posant en porteur de la véritable révolution (face à une gauche marxiste et progressiste dénoncée comme « conservatrice »)[20], le mouvement s'oppose également au christianisme, considéré comme un danger pour la « communauté occidentale », religion à l'origine de l'égalitarisme, « erreur aussi pernicieuse que celle du matérialisme puisqu'elle provient de la fausse distinction entre l'esprit et le corps[21] ». Il met en avant une « éthique européenne » refusant aussi bien le conservatisme bourgeois que la technocratie, la démocratie ou le capitalisme libéral, exaltant le culte de l'honneur et de la jeunesse courageuse[22].
Alain de Benoist contribue en outre à la découverte par les militants nationalistes de l'œuvre de l'épistémologue et historien rationaliste des origines du christianisme Louis Rougier[23], notamment Celse, discours vrai contre les chrétiens (Jean-Jacques Pauvert, 1965) et Histoire d'une faillite philosophique : la scolastique (Jean-Jacques Pauvert, 1966), écrivant dans Europe-Action :
« Nous opposons Louis Rougier à Jean-Paul Sartre, comme nous condamnons le délire verbal par la logique, Jean Rostand à Teilhard de Chardin, parce que le réalisme biologique est le meilleur outil contre les chimères idéalistes[24]. »
Un nationalisme européen élargi
Par ailleurs est substitué un « nationalisme européen[25] », nationalisme[26] « unioniste » fondé sur l'« héritage occidental », au traditionnel nationalisme français, qualifié de « séparatiste » et jugé dépassé et incapable de faire face à l'internationalisme « rouge » et au capitalisme « cosmopolite ». Pour la revue de Dominique Venner, l'Europe, loin de se limiter au seul continent, est, suivant le mot de Jean Mabire, « un cœur dont le sang bat à Johannesburg et à Québec, à Sydney et à Budapest, à bord des blanches caravelles et des vaisseaux spatiaux, sur toutes les mers et dans tous les déserts du monde[27] ». Ainsi ses rédacteurs se font-ils les défenseurs de l'apartheid[28], de la Rhodésie, de la ségrégation raciale dans le sud des États-Unis[29] et s'opposent-ils au métissage[30] et à l'immigration africaine[31].
Pour Europe-Action, le nationalisme européen, contrairement à ce que sera celui de Jean Thiriart et de son mouvement Jeune Europe, ne se limite pas aux frontières européennes. Il se conçoit comme un Occident uni, compris comme la communauté des peuples blancs. En juin 1964, dans le numéro 18 de la revue, Gilles Fournier en cartographie les frontières : « Nos marches frontières, ce sont l’Andalousie et le Transvaal, le Texas et la province maritime de Vladivostok. Notre patrie, c’est le monde blanc »[16].
Éclatement et influence
Europe-Action cesse de paraître début 1967, ayant éclaté à la suite des critiques de ceux qui, comme les membres d'Occident (fondé en 1964), lui reprochent son « intellectualisme » et sa passivité, et de militants qui, à l'instar de Pierre Sidos, font grief à ses dirigeants d'être « antichrétiens, apatrides, matérialistes, en somme hérétiques[32] » (position à rapprocher de celle de Jacques Ploncard d'Assac).
Ainsi, après l'éclatement des « comités T.V. », comités de soutien à Jean-Louis Tixier-Vignancour durant la campagne pour l'élection présidentielle de 1965, est prise la décision de fonder un nouveau parti, le Mouvement nationaliste du progrès, créé le . À l'initiative de Ferdinand Ferrand[33], celui-ci se dote en novembre 1966 d'une structure, le Rassemblement européen de la liberté, en vue de présenter au moins 75 candidats aux élections législatives de mars 1967. La déroute des candidats du REL[34], qui ne parvient à en présenter que 27, entraîna l'implosion du REL en trois courants[35],[36] :
- le REL « orthodoxe » autour de Pierre Pauty et Pierre Bousquet, dont est issu Militant ;
- le REL-Gérard autour du responsable messin du MNP qui se rapprochera des milieux d'extrême gauche durant Mai 68 ;
- la section parisienne de la Fédération des étudiants nationalistes et le service d'ordre du MNP se rallièrent, en et après bien des tergiversations, à Occident.
Europe-Action a posé toutefois les bases doctrinales de ce qui deviendra quelques années plus tard la Nouvelle Droite (on peut ainsi trouver sur telle profession de foi du REL les prémices de ce qui deviendra l'ethno-différencialisme néo-droitier[37]). Nombreux sont en effet les anciens militants d’Europe-Action parmi la liste des quarante membres fondateurs du GRECE publiée par Nouvelle École dans son numéro d'août-septembre 1968 : outre Alain de Benoist, Dominique Venner (Julien Lebel), Jean Mabire et Pierre Vial, on trouve Roger Lemoine, ancien secrétaire d’Europe-Action et futur président du GRECE, ou Jacques Bruyas, ancien responsable de la Fédération des étudiants nationalistes et d'Europe-Action à Nice.
Relations extérieures
Belgique
En 1964, des dissidents de l'organisation Jeune Europe de Jean Thiriart fondent les groupes Révolution européenne (RE). Ils prennent pour modèle Europe-Action avec qui ils auront des contacts. Les principaux responsables de RE, à la disparition de cette organisation, poursuivront leur combat dans d'autres groupes et des partis d'extrême droite belges sous l'influence de l'enseignement idéologique d'Europe-Action [38].
Italie
Europe-Action aura des contacts réguliers avec le Centro Studi Ordine Nuovo italien, qui reprendra certains de ses articles[16].
Portugal
Dès 1962, la Fédération des étudiants nationalistes entretient des relations suivies avec les militants portugais du mouvement Jovem Portugal, dirigé par Zarco Moniz Ferreira, qui continueront avec Europe-Action [39].
Notes et références
- Comptant 48 numéros, la revue, qui devait initialement s'appeler Rossel — du nom du colonel Louis Rossel —, parut mensuellement de janvier 1963 à janvier 1967. Le mensuel « sera accompagné, de 1964 à 1967, par Europe-Action hebdomadaire, feuille d'information polycopiée d'environ huit pages, rédigée principalement par Alain de Benoist (la signature de « Fabrice Laroche » apparaît à la fin de 1964). Elle est sous-titrée L'Observateur européen à partir de 1966. C'est sous le titre de L'Observateur européen que paraîtra, de 1966 à 1968, une feuille d'information du même type (directeur-gérant : Jean-Claude Valla ; rédacteur en chef : “F. Laroche”). » (Pierre-André Taguieff, Sur la Nouvelle Droite. Jalons d'une analyse critique, « Descartes et cie », 1994.
- On lui doit des dessins « d'un racisme répugnant » (cf. Joseph Algazy, La tentation néo-fasciste en France de 1944 à 1965, Paris, Fayard, 1984, p. 274) : Noirs « présentés comme des sauvages dévorant de la chair humaine » dans le numéro de mars 1964 ; dans celui d'octobre 1964, portrait d'un Arabe « coiffé d'un tarbouche, avec un visage effrayant, la légende proclamant en grosses lettres : “On recherche Mohamed Ben Zobi, né en Algérie, résidant en France. Cet homme est dangereux ! Susceptible de : Tuer ! Violer ! Voler ! Piller etc. etc. etc. etc. Pour le trouver, inutile d'aller très loin… autour de vous, il y en a : 700 000 comme lui !” ».
- Ariane Chebel d'Appollonia, L'Extrême-droite en France. De Maurras à Le Pen, éd. Complexe, 1998, p. 311.
- L'auteur de romans policiers d'extrême gauche Didier Daeninckx le qualifie de « druide nazi » (« Quand le négationnisme s'invite à l'université », chapitre 3, amnistia.net, 31 janvier 2000.
- Dans une lettre de rupture adressée à la rédaction d'Europe-Action, il s'en prit à son orientation antichrétienne en écrivant : « Les nationalistes français, même agnostiques comme Maurras, ont toujours reconnu le caractère chrétien de l'ethnie française. Il y a donc incompatibilité entre la matérialisme athée et l'objet même du nationalisme français » (Europe-Action, no 8, août 1963).
- Ariane Chebel d'Appollonia, op. cit., éd. Complexe, 1998, p. 310.
- Christophe Boutin, « L'extrême droite française au-delà du nationalisme 1958-1996 », Revue française d'histoire des idées politiques, no 3, , p. 113-159 (ISSN 1266-7862, JSTOR 24610421).
- Joseph Algazy, op. cit., p. 283.
- Ceux-ci s'appuient sur les carnets d'adresses de la Société de presse et d'édition de la croix celtique, société cofondée en juillet 1958 par Dominique Venner, Pierre et François Sidos, Louis Daney et quatre autres dirigeants de Jeune Nation ; cf. Frédéric Charpier, Génération Occident : de l'extrême droite à la droite, Éditions du Seuil, 2005, p. 60.
- François Duprat, Les Mouvements d'extrême-droite depuis 1944, Éditions Albatros, 1972, p. 124.
- Pierre Milza, Fascisme français, passé et présent, Flammarion, 1988, p. 320.
- Milza 2004, p. 193. La note 1 (p. 443) indique par ailleurs : « En décembre 1982, lors du congrès du Parti des forces nouvelles, Roland Hélie, membre du bureau politique, conviait les militants à une relecture du texte de Venner ». Cf. Pierre-André Taguieff, « La stratégie culturelle de la “Nouvelle Droite” en France (1968-1983) », dans Vous avez dit fascismes ?, sous la direction de Robert Badinter, Paris, Arthaud/Montalba, 1984, p. 13-52.
- Milza 2004, p. 132.
- Pierre Milza, Fascisme français. Passé et présent, Paris, Flammarion, collection « Champs », 2000 [1987], p. 329.
- Ainsi l'article « national-socialisme » du « Dictionnaire du militant », paru dans le numéro 5 d'Europe-Action en mai 1963 (page 65), affirmait-il :
- « Mouvement populaire allemand qui fut appelé au pouvoir en 1933 sous la direction de son chef Adolf Hitler. En cinq années de paix, déploya une formidable énergie et transforma l'Allemagne, innovant en matière sociale, juridique et économique (...). Il réalisa l'unité allemande et mobilisa le peuple dans une puissante exaltation lyrique. On a pu dire du national-socialisme qu'il fut une dictature de la jeunesse. À côté d'intuitions géniales, ses erreurs ont entraîné sa perte : hypertrophie de la notion du chef ; racisme romantique (non scientifique) uniquement destiné à renforcer un nationalisme étroit, revanchard, agressif ; politique européenne réactionnaire qui non seulement entraîna sa défaite, mais l'hostilité généralisée des peuples européens. Ces erreurs sont dues en grande partie à une absence de fondements doctrinaux établis. »
- Pauline Picco, « Penser et dire la race à l'extrême droite (France-Italie, 1960-1967) », Vingtième Siècle : Revue d'histoire, no 130, , p. 77-88 (ISSN 0294-1759, DOI 10.3917/ving.130.0077)
- Pierre-André Taguieff (op. cit.) illustre la tendance eugénique de la mouvance Europe-Action par cette citation du jeune Alain de Benoist, extraite de son débat avec le philosophe chrétien Jean-Luc Marion (Avec ou sans Dieu ?, Paris, Beauchesne, 1970, p. 88) : « Ce qui fait qu'une population va dans le sens d'une plus grande qualité, c'est que les hommes de valeur, les élites, puissent procréer à leur tour, et transmettre, selon les lois de l'hérédité, les aptitudes exceptionnelles et les dons qui sont les leurs. »
- Europe-Action, no 5, mai 1963, p. 50-51.
- Europe-Action, juillet-août 1964, p. 20.
- « Depuis 1945, la Gauche est au pouvoir (…). Les dirigeants syndicalistes, comme les chefs communistes, participent à l'Ordre social établi (…). Ils ne sont plus révolutionnaires (…). J'assimile au marxisme la tendance chrétienne progressiste. Les marxistes ont une attitude dogmatique, ils se définissent par rapport à une vérité immuable : l'homme est le produit de son milieu. Nous, au contraire, nous cherchons à avoir une meilleure connaissance des faits et du réel. Celle-ci nous apprend que l'homme est le produit de son hérédité… » (Dominique Venner, Europe-Action, no 39, mars 1966).
- Europe-Action, no 5, mai 1963.
- Ariane Chebel d'Appollonia, op. cit., éd. Complexe, 1998, p. 310-311.
- Louis Rougier aurait d'ailleurs dû être, avec une présentation de sa pensée fondée sur l'empirisme logique, le premier auteur publié dans la collection « Europe » des Éditions Saint-Just (cf. Henri Prieur [Maurice Gingembre], « La collection “Europe” », Europe-Action, no 41, mai 1966) si celles-ci n'avaient pas fait faillite fin 1966.
- Fabrice Laroche, « Notre monde », Europe-Action, n°36, décembre 1965, p. 9.
- « Aussi leur premier soin fut-il d'oublier la “ligne bleue des Vosges” pour fixer leurs regards sur ces multiples ennemis qui, de toutes parts, montaient à l'assaut de la nation, la gangrenaient, sapaient son moral et réduisaient son peuple à un troupeau d'esclave. Très vite la conjoncture mondiale fit apparaître que la France n'était pas seule visée (…) Français, Allemands, Belges, Portugais, etc., doivent être solidaires par-delà les différences qui les caractérisent et qui constituent les aspects particuliers d'un nationalisme commun aux Européens. », cité dans Joseph Algazy, La Tentation néo-fasciste en France, 1944-1965, Fayard, 1984, p. 265.
- Le « nationalisme » de la mouvance Europe-Action ne se voulait pas tant fondé sur un territoire ou un État précis que sur les peuples européens et blancs eux-mêmes (la nation se confondant presque avec la race, Pierre-André Taguieff l'a qualifié de « national-racisme ».) Le « Dictionnaire du militant » (Europe-Action, no 5, mai 1963) en donnait ainsi la définition suivante : « Doctrine qui exprime en termes politiques la philosophie et les nécessités vitales des peuples blancs. Doctrine d'énergie, doctrine de l'Europe, doctrine du réel, doctrine de l'avenir ».
- Europe-Action, juillet-août 1964, p. 3.
- Dans une brochure intitulée Vérité pour l'Afrique du Sud et parue aux Éditions Saint-Just en 1965, Gilles Fournier et Fabrice Laroche écrivent : « À l'heure de la décolonisation et de la négrification internationale, elle [l'Afrique du Sud] maintient avec succès un gouvernement blanc, fier de son œuvre et résolu à la poursuivre » (p. 8) et « nous sommes attachés à la nation blanche sud-africaine parce qu'elle est, en tant qu'État, le dernier fortin de l'Occident dont nous sommes issus » (p. 19) ; Marc Augier, fondateur du Comité France-Rhodésie, déclare quant à lui, dans le numéro d'octobre 1965 d'Europe-Action : « Personnellement, je lèverai une légion de combattants défenseurs de la race blanche et nous lutterons aux côtés de nos frères de Pretoria. »
- De retour d'une visite aux États-Unis, Fabrice Laroche écrit dans un article présentant les différents courants favorables à la ségrégation raciale (Europe-Action, octobre 1965, p. 9-12) :
« La ségrégation légale supprimée (et elle le sera partout, il ne faut pas se faire d'illusions) est aussitôt remplacée par une ségrégation de fait sur laquelle les moyens légaux, donc pacifiques, n'ont plus prise. »
- Gilles Fournier considère tout « mélange des races » comme un « suicide génétique » et ceux qui le pratiquent comme opérant un « suicide lent » (Europe-Action, juin 1964, p. 19).
- « Ne voient-ils pas que la doctrine de la porte ouverte aboutira, si elle triomphe, à recouvrir la Touraine et la Toscane, le Sussex et la Thuringe, le Vermont et la Crimée, d'une croûte hideuse de paillotes, de gourbis et de cagnas ? (…)
Pensent-ils que le mot “France” pourrait recouvrir légitimement à la fois la France d'aujourd'hui et un hexagone sur le terrain duquel camperaient vingt millions de Maghrébins et vingt millions de Négro-Africains ? » (Europe-Action, juin 1964, p. 17-18.) - Pierre Sidos, Le Monde, 16 février 1964 ; cité par Joseph Algazy, La Tentation néo-fasciste en France, 1944-1965, Paris, Fayard, 1984, p. 286.
- François Duprat, op. cit., p. 135.
- Les listes REL totalisèrent en moyenne 2,58 % des suffrages exprimés, avec des pointes à 3,8 % dans la quatrième circonscription des Bouches-du-Rhône (Marseille) et 4,4 % dans la deuxième circonscription de la Moselle (Metz).
- François Duprat, op. cit., p. 137.
- « Étudiants nationalistes (publications) », Centre d'histoire de Sciences Po.
- « La dernière des “propositions révolutionnaires, claires, populaires” de la candidate du REL aux élections législatives du 23 juin 1968 (3e circonscription de Paris), Édith Gérard, comporte ce jumelage de biologisme et de droit à la différence : “Amitié des peuples du Monde dans la reconnaissance du fait biologique et du droit pour chacun de rester fidèle à son ethnie et à ses traditions”. Émergence du thème différentialiste. » (Pierre-André Taguieff, op. cit.).
- « L'influence de Dominique Venner en Belgique », in « Dominique Venner (1935-2013), stratège de l'extrême droite contemporaine : vie et suicide d'un « soldat politique » », article d'Alexandre Vick sur le site du web-journal RésistanceS.be, 23 mai 2013 http://resistances.be/venner.html
- Pauline Picco, Liaisons dangereuses. Les extrêmes droites en France et en Italie (1960-1984), Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », , 301 p. (ISBN 978-2-7535-4866-4), p. 120-121
Bibliographie
- Joseph Algazy, La tentation néo-fasciste en France de 1944 à 1965, Paris, Fayard, 1984.
- Ariane Chebel d'Appollonia, L'Extrême-droite en France. De Maurras à Le Pen, éd. Complexe, 1998.
- Pierre Milza, L'Europe en chemise noire : Les extrêmes droites en Europe de 1945 à aujourd'hui, Éditions Flammarion, [détail de l’édition]
- Id., Fascisme français. Passé et présent, Paris, Flammarion, collection « Champs », 2000 [1987].
- Édouard Rix, « Europe Action, notre grand ancêtre », Réfléchir & Agir, no 45, automne 2013, p. 48-50.
- Pierre-André Taguieff, Sur la Nouvelle Droite. Jalons d'une analyse critique, Paris, Galilée, « Descartes et Cie », 1994. (ISBN 2-910301-02-8)
Documents d'Europe Action
- Dominique Venner, Qu'est-ce que le nationalisme ?, Paris, Saint-Just, 1963 (rééd. Nantes, Ars Magna Éditions 2016, 90 p., préf. de Christian Bouchet)
- Portail de la politique française
- Portail de la presse écrite