Jacques Alexandre Law de Lauriston

Jacques Jean Alexandre Bernard Law, marquis de Lauriston est un militaire, diplomate et homme politique français, né le à Pondichéry dans les Indes françaises, et mort le à Paris. Il devient successivement général de division en 1805, comte de l'Empire en 1808, ambassadeur de France en Russie en 1811, marquis de Lauriston en 1817, maréchal de France en 1823 et ministre d'État en 1824. Il est par ailleurs élu en 1822 à l'Institut de France (Académie des beaux-arts).

Pour les articles homonymes, voir Law de Lauriston.

Biographie

Famille

Lauriston est le troisième des sept fils de Jean Law de Lauriston et de Jeanne de Carvalho (née en 1735)[2]. Il est également le petit-neveu de l'économiste John Law, contrôleur général des finances.

Il se marie en 1789 avec Claude-Antoinette Julie Le Duc (1772[3] - 1873), fille de Marie Antoine Claude Leduc, chevalier de Saint-Louis, maréchal des camps et armées du roi, inspecteur général du corps royal de l'artillerie (1790)[4] et de Marie-Charlotte-Victoire de Ronty.

De leur union sont nés au moins trois enfants:

La Révolution française

Après son retour en France, Jacques Alexandre Law de Lauriston fait ses études au collège des Grassins, à Paris. Il entre à l'École militaire de Paris en 1784 où il se lie avec Napoléon Bonaparte. Lauriston en sort le , avec le grade de lieutenant en second au régiment de Toul.

Jacques-Alexandre-Bernard Law de Lauriston, capitaine au 8e d'artillerie en 1792, Alexandre-François Caminade, 1835.

Capitaine en second en août 1791, il devient aide-de-camp du général Beauvoir en 1792. Il combat les armées de la Première Coalition dans les armées du Nord, de la Moselle et de Sambre-et-Meuse. Il participe au siège de Maastricht en 1793, et alors capitaine, il se distingue au siège de Valenciennes. Il est nommé en l'an III chef de brigade du 4e régiment d'artillerie à cheval. Le (16 germinal an IV), il démissionne de l'armée.

Le consulat et l'Empire

En 1800, Napoléon Bonaparte, devenu Premier consul, le rappelle au service et en fait un de ses aides-de-camp et participe à ce titre à la bataille de Marengo le . Il reçoit l'ordre de licencier le 1er régiment d'artillerie qui s'était mutiné et de le réorganiser. Il en eut ensuite le commandement.

Lauriston est envoyé en mission diplomatique à Copenhague en 1801 et assiste au bombardement de la ville par la flotte britannique de l'amiral Nelson. Au printemps 1802, il est chargé de porter à Londres la ratification du traité de paix conclu à Amiens entre la France et le Royaume-Uni. L'aide-de-camp du Premier Consul est reçu avec enthousiasme par la population de Londres : celle-ci coupe les traits des chevaux et traîne sa voiture jusqu'à son hôtel.

De retour en France, il est nommé général de brigade le .

Il est fait chevalier de la Légion d'honneur en 1803, commandeur en 1804; ses deux frères puinés, Charles Louis et Louis Georges seront également chevaliers de la légion d'honneur mais bien plus tard[5].

Il reçoit le commandement des troupes de l'expédition préparée pour ravitailler Batavia, sous les ordres de l'amiral Villeneuve. Il est élevé au grade de général de division le . L'escadre appareille de Toulon le et arrive à la Martinique à le . Lauriston participe à la prise du rocher du Diamant, occupé par une garnison britannique et réputé imprenable. Dix jours plus tard, Villeneuve apprend le départ de Nelson pour les Antilles et la flotte remet à la voile pour l'Europe. Elle arrive à Cadix après la bataille du cap Finisterre. Lauriston rentre à Paris.

Il fait la campagne de 1805 en Autriche. Il devient gouverneur de Braunau, Raguse et des Bouches de Kotor, en 1806. Le , il est nommé gouverneur général de Venise. À son arrivée dans cette ville, il fait opérer la translation du corps de l'économiste Law, son grand-oncle, dans l'église San Moisè.

En 1808, Lauriston accompagne Napoléon à l'Entrevue d'Erfurt. Il est fait comte de l'Empire et combat en Espagne. De retour en Allemagne en 1809, il passe à l'armée d'Italie et prend une part active aux batailles de Raab et de Wagram, où il commandait l'artillerie de la Garde. À l'issue de la bataille de Wagram, Napoléon lui octroie le grand cordon de la Couronne de Fer.

Lauriston et Kutuzov, général en chef de l'armée russe, 1812.
La paix à tout prix ! Napoléon et le général Lauriston en 1812, par Vassili Verechtchaguine (1900).

Après le traité de Schönbrunn, Lauriston, en tant que colonel général de la Garde impériale, accompagne l'archiduchesse Marie-Louise d'Autriche en France pour son mariage avec Napoléon. Il est ensuite chargé d'aller chercher à Haarlem et de ramener en France les enfants de Louis Bonaparte, qui venait d'abdiquer la couronne de Hollande. Le , Napoléon nomma Lauriston son ambassadeur en Russie à Saint-Pétersbourg. Il devait demander à Alexandre l'occupation des ports de Riga et de Reval, et l'exclusion des vaisseaux britanniques de la Baltique. Un an plus tard, pendant la campagne de Russie, il rejoint l'armée et sert de nouveau comme aide-de-camp de Napoléon. Après la prise de Moscou, l'Empereur charge Lauriston d'une mission de négociation de paix avec le général Koutouzov. Après une journée de tergiversations aux avant-postes, Lauriston est admis dans la nuit du auprès du commandant en chef russe. Celui-ci l'éconduit en feignant devoir en référer au tsar pour maintenir les Français dans l'incertitude et retarder leur départ. Lauriston commande l'arrière-garde durant la retraite et montre dans ces circonstances difficiles les talents d'un général consommé.

Arrivé à Magdebourg, il y organise le 5e corps de la Grande Armée, à la tête duquel il combat durant la campagne d'Allemagne aux batailles de Lützen, de Bautzen. À la tête des 5e et 11e corps, il battit les Prussiens en plusieurs rencontres. Il est fait prisonnier lors de la bataille de Leipzig, le . Il se trouvait toujours dans la ville lorsque le pont sur l'Elster Blanche a été détruit ; le Moniteur annonça sa mort. Conduit à Berlin, il rentre en France après la chute de l'Empire et le retour des Bourbons en avril 1814.

La Restauration

Jacques-Alexandre-Bernard Law, marquis de Lauriston, maréchal de France, Marie-Éléonore Godefroid (Paris, 1778 ; Paris 1849) d'après François Gérard, 1824.

À sa libération, il est nommé aide-de-camp du comte d'Artois. Louis XVIII le fait chevalier de Saint-Louis, grand cordon de la Légion d’honneur et capitaine de la 1re compagnie des mousquetaires gris. Pendant les Cent-Jours, il accompagne le roi jusqu'à Béthune, revient à Paris et se retire dans sa terre de Richecourt, près de La Fère.

Après la bataille de Waterloo, Lauriston retrouve le roi à Cambrai. Il est envoyé à Laon pour présider le collège électoral de l'Aisne. Il est créé pair de France le et reçoit le commandement de la 1re division d'infanterie de la Garde royale. Lors du procès du maréchal Ney en , il vote la mort.

En 1816, il préside les conseils de guerre formés pour juger l'amiral Linois, le baron Boyer de Peyreleau et le général Delaborde. Linois fut acquitté, Boyer condamné à mort et Delaborde non jugé. Cette même année, le roi lui accorde la croix de commandeur de Saint-Louis et le titre de marquis. En 1820, il reçoit le commandement supérieur des 12e et 13e divisions militaires, préside le collège électoral de la Loire-Inférieure, devient ministre de la Maison du roi et reçoit la grand-croix de Saint-Louis.

Le , Lauriston est élevé à la dignité de maréchal de France et il commande du 2e corps de réserve de l'armée des Pyrénées. Entré en Espagne dans le cadre de l'expédition d'Espagne, il assiège et prend Pampelune le . Il est nommé chevalier du Saint-Esprit et de l'ordre espagnol de la Toison d'or. À son retour de France, il est nommé grand veneur. Il devient ministre d'État le .

Il meurt à Paris d'une apoplexie foudroyante le , dans les bras de la danseuse Amélie Legallois. Il est inhumé au Père Lachaise. Le nom du maréchal Lauriston est inscrit au côté Est de l'arc de triomphe de l'Étoile.

De nombreux souvenirs du maréchal se trouvent aujourd'hui dans le château de Filières appartenant à ses descendants.

Les papiers personnels de Jacques Alexandre Law de Lauriston et de son père Jacques François Law de Lauriston sont conservés aux Archives nationales sous la cote 201AP[6].

Hommages, distinctions et décorations

Armoiries

Figure Blasonnement
Armes du comte Law de Lauriston et de l'Empire (),

D'hermine à la bande de gueules accompagnée de deux coqs d'azur ; au canton des comtes militaires brochant.[7]

Armes du marquis Law de Lauriston, maréchal de France (), grand-croix de la Légion d'honneur (), chevalier du Saint-Esprit, chevalier () puis commandeur de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis (), pair de France (, marquis-pair le , lettres patentes du , sans majorat), directeur de la Maison du roi (), ministre d'État et grand veneur de France ( - ),

D'hermine, à la bande de gueules, acc. de deux coqs d'azur.[8]

Notes et références

  1. « https://francearchives.fr/fr/file/ad46ac22be9df6a4d1dae40326de46d8a5cbd19d/FRSHD_PUB_00000355.pdf »
  2. Sur les relations entre la « citoyenne Lauriston » et la prophétesse Catherine Théot, voir Michel Eude, « Points de vue sur l’affaire Catherine Théot », Annales historiques de la Révolution française, 198, 1969,  p. 606-629. Numérisé sur persée.
  3. « LE DUC Antoinette Claudine Julie #100ansavant1900 », sur nouvellesbranches.fr, (consulté le ).
  4. Il est parrain de son petit-fils, Auguste Jean Alexandre, né en 1790 à La Fère. Archives Nationales, Base Leonore, dossier de Légion d'honneur d' Auguste Jean Alexandre Law de Lauriston, LH/1509/25 (avec extrait de baptême). Numérisé.
  5. Archives Nationales, Base Leonore, LH/1509/32, dossier de Légion d'honneur de Jacques Alexandre Bernard Law de Lauriston ; LH/1509/27, dossier de Charles Louis Law de Lauriston; LH/1509/30, dossier de Louis Georges Law de Lauriston (tous avec extrait de baptême). Numérisés.
  6. Archives nationales
  7. La noblesse d'Empire sur http://thierry.pouliquen.free.fr
  8. Armorial de J.B. RIETSTAP - et ses Compléments

Voir aussi

Sources

Liens externes

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