Gnosticisme

Le gnosticisme est un mouvement de pensée centré autour de la notion de « connaissance » (en grec : gnôsis) regroupant des doctrines variées et multiformes qui se développent au cours des IIe et IIIe siècles dans les limites de l'Empire romain. Ces doctrines se caractérisent généralement par l'affirmation que les êtres humains sont des âmes divines emprisonnées dans un monde matériel créé par un dieu inférieur mauvais ou imparfait, le Démiurge ou Yahvé[1] à l'opposé duquel existe un autre être, transcendant et parfait, plus éloigné, un dieu supérieur lié à l'homme par la connaissance qu'il lui a donnée[2].

Cet article traite des gnostiques des premiers siècles de l'ère chrétienne. Pour une vision plus générale voir l'article Gnose

Longtemps, le gnosticisme antique n'a été connu qu'à travers les écrits de ses détracteurs, certains Pères de l'Église au nombre desquels Irénée de Lyon et sa Dénonciation et réfutation de la gnose au nom menteur, un écrit de la deuxième moitié du IIe siècle. La découverte en 1945 de la bibliothèque de Nag Hammadi, dont une première traduction complète a été finalisée en 1977, a permis de renouveler la recherche sur le sujet.

Le mouvement, dont les origines ne sont pas claires, connait son apogée au cours du IIe siècle[3]. Les sectes gnostiques ont progressivement disparu à partir du IVe siècle, mais il est possible qu'elles aient influencé d'autres mouvements comme le manichéisme, le marcionisme ou encore le bogomilisme.

« Gnosticisme » et « gnose »

Les notions de « gnosticisme » et de « gnose » ne sont pas sans poser de difficultés, notamment parce que les conditions de l'apparition de la pensée gnostique restent difficilement accessibles par défaut de sources[4]. Néanmoins, à la suite d'un colloque au sujet de la Gnose tenu à Messine en 1966, dans le cadre d'un programme pour la traduction de la bibliothèque de Nag Hammadi nécessitant d'arriver à un consensus d'usage, une définition a minima a été retenue qui est depuis largement acceptée au sein de la recherche contemporaine[5] même si elle n'est pas exempte de critiques[6].

Dans ce cadre, le « gnosticisme » — un terme de création moderne — définit un mouvement de pensée centré sur la notion de « connaissance » (en grec : gnôsis) qui s'est développé dans l'Empire romain au cours des IIe et IIIe siècles[5]. Par contre, le terme « gnose » — dont l'usage est attesté depuis le IIe siècle et se retrouve 29 fois dans les écrits canoniques du nouveau Testament[7] — désigne des tendances universelles de la pensée qui ont en commun la notion de connaissance[5], qui connait diverses manifestations à travers l'histoire[8] et dont relèvent par exemple également des mouvements aussi divers que la kabbale, le manichéisme ou encore le mandéisme[9].

L'accord sur cette définition du gnosticisme, ou plutôt des gnosticismes[10], ne lève néanmoins pas les débats sur les origines de ces mouvements[11] et la question reste disputée de savoir s'il existe un gnosticisme pré-chrétien[12], si c'est un phénomène concurrent du christianisme ancien[13] ou si ce sont des mouvements qui sont apparus au sein du christianisme, progressivement condamnés et qualifiés d'hérésies par les courants dogmatiques dominants[4].

Néanmoins, et malgré la réalité variée et un mouvement de pensée nourri de différentes traditions — grecques (hermétisme, pythagorisme et orphisme), judéennes (thème de la chute des anges) ou encore chrétienne (thème de la venue du messie)[14] —, le gnosticisme conserve « [une] spécificité intellectuelle et [une] originalité existentielle : la recherche et la réalisation de la connaissance […] qui est une illumination directe du dieu dans l'homme »[5] et qui revêt pour ses adeptes un rôle essentiel dans l'accès au salut[15]. Ces derniers cherchent à débarrasser l'âme des entraves d'une condition corporelle vécue comme anormale afin de la ramener à un état de pureté initiale[16].

Les sources

Les courants gnostiques anciens sont essentiellement connus à travers deux types de sources ; indirectes, d'une part, avec les nombreux récits de leurs détracteurs - essentiellement leurs adversaires de la Grande Église[17], et directes, d'autre part, avec leurs propres écrits, plus rares mais étoffés par la découverte en 1945 de la bibliothèque de Nag Hammadi[18].

Parmi les premiers, on dénombre les écrits d'Irénée de Lyon (Dénonciation et réfutation de la gnose au nom menteur), de l'auteur d'une Réfutation de toutes les hérésies (en)[19], de Clément d'Alexandrie, d'Origène (Commentaire de l'Évangile selon Jean) et d'Épiphane de Salamine (le Panarion)[17]. Pour les textes gnostiques, on peut citer les textes coptes datant du IVe ou Ve siècle[17] conservés dans le Codex de Londres ou Codex Askewianus, le Codex de Berlin et le Codex Bruce[20] ainsi que les 52 traités de Nag Hammadi[17].

L'une des principales sources concernant le gnosticisme est Irénée de Lyon dont la Dénonciation a été rédigée entre 180 et 185[17]. Il décrit dans les détails les doctrines gnostiques dualistes qu'il combat, de manière à prouver qu'il n'y a que peu de choses en commun entre le dualisme et la gnose telle qu'il la défend.

Dans le Nouveau Testament, la Première épître à Timothée laisse entrevoir des dissensions au sein de la communauté paléochrétienne et dénonce la « prétendue gnose » tandis que les Actes des Apôtres mentionnent pour le condamner un prêcheur du nom de Simon le Mage et l'Apocalypse de Jean un diacre Nicolas qui seront considérés par les hérésiologues chrétiens comme les premiers « gnostiques »[18].

La plupart des essais anciens, faute de pouvoir s’appuyer sur des documents originaux, ont hérité des erreurs d’appréciation des réfutateurs chrétiens qui combattirent les gnostiques aux IVe et Ve siècles. Ces textes parfois se recopient les uns les autres, et sans tenir compte des mythologies orientales sur les vestiges desquelles le gnosticisme s'était développé[21].

L’établissement d’une histoire précise des mouvements gnostiques est impossible à cause de ce flou, et des livres dont les titres changent d’une version à l’autre et dont les véritables auteurs restent anonymes. Très peu de monuments ou objets relatifs aux gnostiques ont été retrouvés[21].

Quelques traités gnostiques

Sur la période du IIIe au Ve siècle, les sectes se sont étendues en Égypte.

On retrouva, à partir de 1800, des textes dans les nécropoles égyptiennes. L’Évangile de Marie, le Livre secret de Jean et la Sophia de Jésus-Christ ont été achetés en 1896 en Égypte, dans un même lot de parchemins.

En décembre 1945, plus de 40 écrits perdus furent retrouvés dans une jarre à Nag Hammadi, dont en premier lieu des écrits de sectes orientales, mais aussi des apocryphes chrétiens et des gnostiques. Cependant, cette bibliothèque n’est qu’un « instantané » de la pensée gnostique de l'époque, les textes y étant constamment remaniés et modifiés.

Parmi les écrits de nature gnostique on peut citer l'Évangile de vérité[22], l'Évangile selon Thomas[23], l'Évangile selon Marie[24] ; la Pistis sophia[25], l'Évangile de Judas[26], le Livre des secrets de Jean[27], le Livre sacré du Grand esprit invisible[28] ou encore l'Apocalypse d'Adam.

Par ailleurs, il existe des parallèles stylistiques occasionnels et des ressemblances entre l'évangile selon Jean et le gnosticisme, la plupart des spécialistes doutent que le quatrième évangile ait emprunté à ce dernier[29].

Origines du gnosticisme

Si les hérésiologues font remonter le gnosticisme au Ier siècle en l'associant à Simon le Magicien et ses successeurs, la recherche actuelle explique plutôt que le phénomène est né et s'est affirmé aux environs du IIe siècle dans les grandes cités hellénistiques[30] puis s'est développé dans le reste de l'Empire romain au cours des IIe et IIIe siècles[5].

Les origines des gnosticismes sont largement débattues sans qu'il soit possible de proposer une explication ou une origine uniques à un ensemble constitué de doctrines diverses et disparates dont il n'est pas davantage possible de restituer une histoire linéaire ou de décrire précisément les éventuels liens de parenté ni même de trouver des sources d'inspiration communes, elles-mêmes variées[31]. Le gnosticisme n'est ainsi pas réductible à « une grande nébuleuse, marquée par l'anticosmisme, le dualisme, l'encratisme, etc. » mais plutôt à considérer comme « un ensemble de croyances concrètement enracinées dans la société de l'Antiquité tardive avec des tendances communes [et des] traits particuliers »[32].

Les débats ont pu proposer, entre autres hypothèses, tantôt un christianisme hellénisé teinté de dualisme platonicien, tantôt une dissidence du judaïsme ou ont présenté ces mouvements comme une forme spécifique du phénomène général de gnose sans, d'ailleurs, que ces positions soient exclusives les unes des autres[31]. En tout état de cause, pour diversifiés qu'ils soient, ces groupes entretiennent des rapports — certes « ténus et embrouillés » — avec un christianisme alors en voie de constitution[30].

Les courants

Les courants gnostiques antiques

De nos jours, les historiens du gnosticisme[33] isolent différents courants chrétiens parmi lesquels un hypothétique[31] courant séthien, le courant valentinien, le courant encratite[34], le courant cérinthien[35] ou encore le courant hermétique[36]. Certains auteurs isolent d'autres courants parfois non chrétiens[37], au nombre desquels les Ophites ou Naassènes, les Barbélognostiques, les Pérates[35]… auxquels on peut ajouter le courant « antinomiste et libertin »[38] à la suite de Carpocrate et de son fils Épiphane[35]. L'existence même de certains de ces courants, à l'instar des Caïnites[39], semble douteuse[35], possiblement inventés par les hérésiologues.

Simon le Magicien

Simon le Magicien (Ier siècle), présenté comme un élève ou condisciple de Dosithée de Samarie, a longtemps été considéré à la suite des hérésiologues de la Grande Église comme le premier hérétique et l’ancêtre de toutes les hérésies. D'après ces derniers, ses disciples seraient devenus gnostiques après la catastrophe de 70 (la destruction du Temple de Jérusalem), formant la secte des séthiens dont, cependant, l'existence même est débattue, du moins comme communauté gnostique particulière[31]. L'hérésiologie présente son successeur Ménandre comme le maître de Satornil, considéré lui-même par d'aucuns comme le premier véritable gnostique[35].

Si l'appartenance de Simon aux courants gnostiques est abandonnée par la recherche contemporaine, un courant gnostique simonianiste a bel et bien existé, apparu au IIe siècle[35].

Basilide

Basilide exerce son activité de 125 à 155 à Alexandrie. Auteur de 24 Exegêtica (Expositions) et de son propre évangile[40], il est un des premiers maîtres gnostiques. L'origine de ses réflexions concerne, comme chez beaucoup de gnostiques, l'origine du mal[35] et il met l'accent sur la transcendance absolue de Dieu[40] ; la pensée de Carpocrate en est assez proche[35]. Son fils Isidore enseigne à sa suite et les fragments conservés de leurs écrits ne semblent pas correspondre aux restitutions qu'en font les hérésiologues ultérieurement[35]. L'existence d'une école ou communauté basilidienne est largement attestée dans la première moitié du IIIe siècle[41].

Valentin

Valentin est un des plus importants maîtres gnostiques et l'auteur d'un Évangile de Vérité[35]. Originaire d'Alexandrie où il commence à développer sa théologie chrétienne, il s'installe à Rome vers 140 et y enseigne jusque vers 160, époque à laquelle il rompt avec la communauté chrétienne locale et retourne dans sa ville natale[35]. Son enseignement connaît un certain succès et se poursuit au travers de deux écoles valentiniennes, l'une orientale incarnée par Théodote et Marc le Mage, l'autre occidentale, par Ptolémée et Héracléon[35].

Marcion

Le rapport de Marcion au gnosticisme est fort débattu. La Tradition en faisait un disciple d'un gnostique nommé Cerdon[42] mais un auteur comme Celse distinguait dans son Discours véritable les marcionites des gnostiques[43]. Les études de von Harnack ont proposé un Marcion éloigné du gnosticisme mais depuis, cette position est contestée et le débat reste ouvert[42].

En tout état de cause, s'il existe bien des traits communs entre Marcion et certaines doctrines gnostiques, il existe de nombreuses différences sur le plan de la doctrine. Pour Marcion, c'est la foi (pistis) — et non la gnose (gnosis) — qui joue le rôle principal[44], à telle enseigne qu'on a parlé d'un « paulinisme exacerbé »[45]. Sur le plan exégétique, réfutant, à la différence des gnostiques, toute mythologie concernant le monde divin, Marcion entend se fonder exclusivement sur l’Écriture[42]. Néanmoins, une partie de la recherche actuelle décèle des influences encratites, antilégalistes[46] et docètes dans le marcionisme, autant de traits qui tendent à le rapprocher du gnosticisme chrétien[45].

Expansions du gnosticisme

Selon les descriptions des hérésiologues, c’est dans un cadre géographique allant de la vallée du Jourdain à l’Asie Mineure que les communautés gnostiques apparaissent à l’époque des apôtres. Simon par exemple enseignait la Gnose. On retrouve la trace des Nicolaïtes à Samarie, Nicolas à Antioche. Leur réflexion sur des textes de l’Ancien et du Nouveau Testament, dont certains considérés aujourd'hui comme apocryphes, sont marqués par l’hellénisme. Parmi ces livres, le livre des Jubilés et le Livre d'Hénoch sont parmi les plus significatifs[47].

Vers 120, les gnostiques gagnent Alexandrie[48], autour de Basilide, Carpocrate et Valentin, ce dernier se rendant vers 140 à Rome où des sectes fortement influencées par les éléments orientaux continuent d’affluer. Les sectes gnostiques se propagent notamment en Espagne[47]. On peut mesurer l'influence du gnosticisme à la force et au nombre de ses réfutations.

Parentés et survivances

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Le dualisme n'est pas une spécificité des gnostiques des premiers siècles mais se retrouve dans le zoroastrisme, bien antérieur, et dans de nombreux cultes à mystères autour du bassin méditerranéen. L'idée gnostique est présente au sein de la Kabbale[49].

En Iran, Mani opère à une vaste synthèse des nombreux enseignements connue sous le terme Manichéisme, et Audi est un chrétien qui se sépare de l’Église après Nicée. On trouve aussi en Iran des « kantéens ». De l’Orient, le gnosticisme pourrait s'être étendu jusqu’à la Chine[47].

Certains chercheurs de la première moitié du XXe siècle ont avancé que idées gnostiques ont circulé parmi les bogomiles et cathares du Moyen Âge, sans qu'on sache s'ils descendent de groupes gnostiques ayant survécu depuis l'Antiquité, ou s'il s'agit de résurgences suscitées par la transmission d’écrits gnostiques chrétiens[50].

On trouve des traces de pensée gnostique chez les ranters, le Libre-Esprit et divers mouvements millénaristes[51].

Thèmes principaux

Les auteurs gnostiques abordent la plupart des thèmes mythologiques et eschatologiques, les réinterprètent en passant par la révélation d’une « histoire secrète », d'un mythe total : l’origine et la création du Monde ; l’origine du Mal ; le drame du Rédempteur divin descendu sur Terre afin de sauver les hommes ; la victoire finale du Dieu transcendant, conduisant à la fin de l’Histoire et l’anéantissement du Cosmos[52].

Le point de départ est la considération, par l’individu, de sa situation face au monde : que suis-je, pourquoi ce monde me semble-t-il étranger, qu’étais-je à l’origine et comment (éventuellement) revenir à cette situation ? C’est la prise de conscience d’une déchéance impliquant que le Bien et le Mal sont deux éléments inconciliables, absurdement mêlés ici-bas par un accident contraire à la volonté divine. La révolte intime contre le Mal est la preuve de l’appartenance au Bien, à un absolu parfait extérieur à ce monde[52].

L’humanité est divisée en trois catégories :

  • ceux qui se sentent (donc, se savent) pourvus d’une perfection innée dont la nature est esprit : les pneumatiques; pneuma veut effectivement dire « esprit ». En grec sont les spirituels ceux qui sont prédestinés au salut ;
  • ceux qui n’ont qu’une âme et point d’esprit, mais chez qui le Salut peut encore être introduit par instruction : les psychiques, ceux qui possèdent une âme et peuvent être sauvés au prix d'un effort personnel et d'une conversion[53] ;
  • enfin, les êtres dépourvus d’esprit et d’âme, uniquement constitués d’éléments charnels voués à la destruction : les hyliques.

Le but premier du gnostique est la délivrance de sa parcelle divine, aliénée dans un monde matériel corrompu, et sa remontée vers les sphères célestes. Cette délivrance passe par la Gnose, la connaissance parfaite de la nature de l’esprit, des structures de l’univers, de son histoire passée et future[52].

Le premier aspect de la Gnose porte sur les origines du monde matériel et de l’homme, le Mal s’expliquant par la chute accidentelle d’éléments supérieurs dans un cosmos matériel, temporel et sexué, au fond duquel ils se sont disjoints, dispersés et emprisonnés sans pour autant perdre leur pureté. Le second aspect de la Gnose vise la Destinée de l’humanité et du Cosmos, aboutissant à la dissolution finale de la matière, à la libération de l’esprit et au retour à l'unité parfaite intemporelle dont les élus, ici-bas, gardaient le souvenir. Le monde supérieur ayant seul été organisé par une intelligence authentiquement créatrice, le matériel n’en est qu’une copie maladroite. De même, l’homme terrestre est l’image imparfaite d’un modèle céleste. On voit l’idée de Décadence, puis de Rédemption. Pour les Élus, le Salut peut être personnel, alors que pour les autres le rachat se fera par une eschatologie générale ayant pour terme la destruction de l’univers matériel[52].

Du Pro-Père au Démiurge

Jean Doresse propose une représentation typique d'un mythe gnostique qui lui-même prend différentes formes selon les textes.

  • À l’origine de tout

Il y a un Éon parfait, invisible, inconcevable et éternel, habité par un Être absolu et immuable, le Pro-Père, replié sur lui-même et coexistant avec sa Pensée qui est, elle, Silence absolu[54].

De cette unité primitive du Pro-Père et de sa Pensée émane une seconde image du Père. Cette première émanation est dégagée de l’isolement primordial et capable d’engendrer. Elle suscite alors l’apparition des trente éons hiérarchisés du Plérôme.

  • La présence du Plérôme

Le Plérôme[55] est un terme grec signifiant « plénitude » et qui désigne le monde céleste formé par l'ensemble des éons, que le gnostique atteindra à la fin de son aventure terrestre. On y retrouve : Monogène, Logos, Mère céleste, Homme primordial, Fils de cet Homme (ou Seth céleste), grande Génération des Fils de l’Homme primordial, Sophia (Sagesse, parfois qualifiée de lascive), etc. Ces éons vont par couples, féminin/masculin, appelés syzygies. Les éons sont, en même temps que des personnifications de concepts, des univers à part entière, infinis et éternels, reproduisant le schéma général du Plérôme tout entier et de l’Inengendré suprême[54].

  • Dualisme radical ou mitigé

L’opposition entre le monde idéal de la Lumière et celui, imparfait, des Ténèbres et de la Matière peut suivre 3 schémas.

Les plus radicaux situent, à l’origine de la création du monde matériel, une subite agression des eaux ténébreuses préexistantes contre la Lumière d’en haut, attaque qui se déroule dans l’espace intermédiaire d’un troisième principe, air ou vide. On retrouve ce thème chez les bogomiles et les manichéens.

Plus fréquemment, la Lumière d’en-haut préexiste seule à toute création. Un accident survenu dans le monde supérieur engendre une puissance difforme et ignorante, Ialdabaôth, autour de qui se forme un éon ténébreux, notre bas monde. La Lumière entreprend une œuvre salvatrice pour anéantir cet éon maléfique. Selon une première variante, Sabaôth, le fils d’Ialdabaôth, va découvrir la Lumière et sera mis par les puissances supérieures à la place de son père pour engager le cosmos vers le salut. Une seconde variante montre Ialdabaôth revenant lui-même au bien[52].

Les diverses divinités sont considérées comme perverses, liées au monde matériel, tel le Démiurge de la Bible. Les gnostiques n’emploient pas le terme « Dieu » pour désigner l’Être infini dont tout le monde supérieur émane[52].

  • La rédemption

Ainsi, Sophia est prise d’égarement, elle s’éprend d’amour pour la matière vers laquelle elle descend et où elle s’enlise. Une autre version dit que Sophia, emportée par sa vanité, voulait ressembler à l’Entité suprême en engendrant seule sans sa contrepartie masculine. S’ensuit l’apparition d’un être difforme, Ialdabaôth, que Sophia cacha sous un voile qui formera le ciel, limite entre les mondes supérieurs et le monde matériel. Sous ce voile, Ialdabaôth ignorait tout de la Lumière, ne disposant en son sein que d’une étincelle céleste héritée de sa mère. Sophia fut exilée du monde supérieur après sa faute. Du fond de l’abîme Ialdabaôth engendra la matière, il est le Démiurge. Il s’unit à sa propre Ignorance pour engendrer les archontes correspondant aux zodiaques et aux planètes. Des archanges et anges leur sont associés. Le repentir de Sophia touche les puissances suprêmes qui la tirent de l’abîme et l’établissent aux abords inférieurs du monde de la Lumière, purgatoire où elle attendra d’être plus complètement relevée de sa déchéance[54].

  • L'éternel féminin

Le principe féminin a un rôle important dans les éons, des figures féminines vont jouer des rôles prophétiques, les gnostiques ne semblent pas considérer la femme comme inférieure à l’homme. Mais le retour de l’élément féminin à sa contrepartie masculine reste une condition indispensable à l’accès à la perfection céleste, et Sophia est responsable de l’erreur qui a conduit la chute vers la matière. Par exemple, l'Évangile de Marie-Madeleine accordera à la figure de celle-ci une place au moins aussi importante qu'aux apôtres[56].

Le destin de l'Homme

Parmi les éons, il y a l’Homme (primordial, originel) ainsi que le Fils de l’Homme. C’est à partir de son reflet que le Démiurge et ses archontes décident de fabriquer l’homme, Adam. Le Père, grâce à ses anges déguisés en archontes, suggère au Démiurge d’insuffler son esprit, la Lumière dont il s’était emparé, à Adam. La Lumière est ainsi passée à l’humanité. De rage, les archontes emprisonnent Adam dans l'Éden, vu comme un lieu terrible. Les puissances d’en-haut cachèrent la Gnose et la Vie dans le fruit défendu, et envoyèrent un Sauveur sous la forme du serpent pour inciter Adam et Ève à s’emparer de ces secrets[56].

Les archontes installent en Adam un second esprit, le contrefacteur, qui va sans cesse combattre les mouvements de l'esprit tiré vers le haut. Le premier couple est expulsé de l'Éden par le Démiurge, furieux. Il souille Ève de sa lubricité, ce qui explique la génération d’Abel et Caïn. La vraie postérité d’Adam ne commence qu’avec Seth, dont seule la descendance, les parfaits, est promise au salut. Le Démiurge envoie le Déluge pour anéantir les parfaits, mais Noé s’abrite avec les siens dans l’Arche et finalement c’est la race née de l’union des anges du Démiurge et des filles de la terre qui est anéantie[56].

Les archontes sont liés à la voûte céleste, au mouvement des planètes. Chaque partie de l’homme, physique ou psychique, appartient souverainement à la puissance de la voûte céleste qui l’a façonnée. Dans ce corps assemblé descend une âme qui, traversant l’un après l’autre chacun des cieux des planètes, y reçoit, en fonction du moment de ce passage, telle ou telle disposition par laquelle l’individu restera soumis aux astres. Enfin, les puissances insinuent dans le fœtus l’esprit contrefacteur destiné à contrarier les pulsions éventuelles de l’homme vers le salut[56].

Le mélange de tous ces facteurs entraîne des degrés de perfections fort différents qui expliquent les 3 grandes catégorisations de l’humanité (pneumatique, psychique ou hylique)[56].

L’eschatologie

Le Démiurge ne cesse d’envoyer contre les parfaits des cataclysmes et persécutions. Il faut éveiller les élus en leur rappelant leurs origines (racines) célestes. Pour cela, des sauveurs et des prophètes sont envoyés d’en-haut pour dispenser confidentiellement leurs révélations. L’acte final du salut de l’humanité est la descente d’une puissance de la Lumière jusqu’au fond des Enfers[57]

L’œuvre salvatrice est associée à la descente de la Mère Céleste dans les abîmes où l’humanité est prisonnière, mythe remontant à la descente d’Ishtar aux Enfers. Seth aurait eu une incarnation céleste, et les mages (Zoroastre) sont les prophètes gardiens de l’enseignement secret de Adam et Seth. La figure de la Mère sera remplacée par celles de Seth puis du Christ[57].

Annoncé par un signe des cieux, le Sauveur va descendre, d’abord déguisé en archonte des cieux inférieurs, puis revêtu de toute sa gloire. Les gnostiques répugnant à l’idée d’incarnation, le Sauveur est incorporel. Dans certaines versions du mythe le Sauveur doit subir les conséquences humiliantes de l’incarnation pour transmettre son message à quelques élus avant de retourner au Ciel. Parfois il oublie sa mission et doit être lui-même sauvé (mythe du « Sauveur sauvé »)[57].

L’amnésie, l'oubli de la condition originelle est une image spécifiquement gnostique. En se tournant vers la Matière, l’âme oublie sa propre identité. C’est la mort spirituelle. Le mythe du Sauveur Sauvé tourne autour de cette notion d’amnésie, qu’illustre l'Hymne de la Perle, dans les Actes de Thomas. La découverte du principe transcendant à l’intérieur de Soi-même constitue l’élément central de la religion gnostique. Cette redécouverte, l’anamnèse, est obtenue grâce à un messager divin et grâce à la gnose[57]. Dans les Évangiles, l'aspect de l'oubli est bien éclairé quand Jésus sur la croix dit: « Mon peuple se perd faute de connaissance » (N’apparaît pas dans les Évangiles, mais bien dans Osée 4v6).

Le symbole du sommeil est également utilisé dans ces mythes. C’est un symbole archaïque universellement répandu dans la quête de l’initiation, signifiant le retour au point de départ, à l'origine. Ne pas être endormi c'est s'adresser à l'étincelle d'esprit qui gît en l'homme. Être « éveillé », c'est être non seulement pleinement conscient mais vivant selon l'esprit, ce qui veut dire : être présent au monde de l’esprit. L'état de mort est souvent utilisé par les gnostiques dans le même sens que sommeil. D'ailleurs dans le Bouddhisme le sommeil est appelé aussi la petite mort. Dans l'Évangile de Luc, chapitre 3 versets 31-40, Jésus, dans une parabole, rappelle à tout homme qu'il doit rester éveillé et prêt à l'avènement du Fils de l'homme.

Finalement, le rédempteur remontera aux Cieux, occasion d’un bouleversement céleste qui fixera les archontes aux planètes, traversant la voûte céleste à l’endroit d’un X gigantesque considéré comme la Croix céleste. Ce phénomène de la crucifixion sur le X céleste est déjà attesté à Rome au moment de l’avènement du règne d’Auguste, à qui on attribue déjà l’abolition de la Fatalité astrale[57].

Les gnostiques pensaient être arrivés à la fin des temps. Les livres prétendument gardés secrets venaient d’être ressortis de leurs cachettes. Pour les Parfaits, l’enseignement portait sur les mystères de la descente et de l’ascension du Sauveur/Christ à travers les 7 cieux habités par les anges, et sur l’eschatologie individuelle, c'est-à-dire l’itinéraire mystique de l’âme après la mort. Cette tradition fait écho à l’ésotérisme (juif et d’ailleurs), à l’ascension de l’âme et aux secrets du monde céleste[57].

L’âme après la mort

Un certain nombre de mouvements gnostiques, chrétiens et non-chrétiens, ont accepté la doctrine de la réincarnation[58].

L’homme est asservi aux puissances des cieux visibles qui l’ont façonné. Les gnostiques pensent pouvoir réduire leur puissance en employant des conjurations contenant les noms secrets de ces puissances. Ils mettent également en place des rites pour échapper aux égarements de « l’esprit contrefacteur ». Au moment de la mort, un élu muni de tous les sacrements de la gnose fait son ascension à travers les cieux sans retour : il présente les sceaux aux gardiens pour que les portes lui soient ouvertes. Des autres, les moins souillés sont purifiés dans les purgatoires des espaces célestes, montant parfois d’une sphère à l’autre lors d’une conjonction astrale. Mais bien des malheureux sont rejetés vers le bas, tourmentés en Enfer, avant d’être soumis à l’oubli de leur vie précédente et rejetés dans de nouveaux corps[59].

La morale

Les gnostiques, qui voient le corps charnel asservi dans ses actes et ses passions à la souveraineté des planètes ou encore estimant que l'Homme est pourvu d'une grâce capable de le délivrer de ses actes, n'ont pas de notions de moralité individuelle très strictes.

La gnose peut donc aussi bien conduire à un ascétisme rigoureux qu'à certaines libéralités, en opposition volontaire avec des lois bibliques. La chair appartenant à la matière, qui est d'origine spirituelle, une certaine sexualité n'est pas réprouvée, au contraire. Les pratiques licencieuses de certains groupes gnostiques ne sont pas suivies par d’autres groupes gnostiques et réprouvées par des opposants chrétiens.

Enfin, l'héritage de certains Mystères grecs (par exemple chez les Naassènes) est l'origine de comportements érotiques particuliers à valeur sacrale, destinés à célébrer l'union avec Sophia-Gaïa[60].

La hiérarchie et les rites

Il y aurait eu trois grades : les « commençants », les « progressants » et les « parfaits ». L’enseignement ésotérique aux fidèles portait sur le symbolisme du baptême, de l’eucharistie, de la Croix, sur les Archanges et sur l’interprétation de l’Apocalypse. L'enseignement gnostique était secret dans le sens qu'il se transmettait de manière orale. Pour éviter d'être repérée, la Gnose se dissimulait, évitant d'imposer des manières de vivre voyantes. On connaît mal l'organisation interne des sectes. Des témoins anciens, seul Épiphane a essayé de pénétrer la vie des sectes[61]

Les parfaits sont voués au respect de tous les préceptes de la Gnose et leur identité première s'efface devant quelque surnom mystique. Les simples fidèles continuaient leurs existences impures en subvenant aux besoins des élus. Les premiers fondateurs, et parfois leurs successeurs, s’étaient présentés comme des prophètes ou des incarnations de puissances célestes. À des fins de conciliation, les gnostiques se présentaient d'abord aux chrétiens comme leurs amis, ne mettant en avant que les doctrines les plus proches puis posant des questions destinées à ébranler l'interlocuteur. De même, ils modifiaient certains de leurs textes en leur donnant une apparence plus orthodoxe[61].

Enfin, tout comme le christianisme se répandait par la thaumaturgie, la gnose attirait par la magie et l'astrologie (très répandue au début de l’ère chrétienne), qui tiennent une place très importante dans leurs écrits[61].

Les rites étaient divers. Les uns individuels, les autres collectifs, destinés aux divers échelons des initiés, et donc plus ou moins secrets. Il s'agissait principalement de baptêmes, d'onctions, d'impositions des mains, de communions, d'agapes et d'unions spirituelles plus ou moins symboliques. Dans certains groupes, la frontière entre la Gnose et les magies gréco-orientales est très perméable[62].

Bibliographie

Textes

Sources patrologiques

  • Irénée de Lyon, Contre les hérésies (188), Cerf, 1991, 749 p.
  • Tertullien, Contre les Valentiniens (212), Cerf, 1980, t.
  • Hippolyte de Rome, Philosophoumena (en), ou Réfutation de toutes les hérésies (en) (vers 230), Archè, Milan, 1988, 249 p. ; Beya, Grez-Doiceau, 2019, 394 p.
  • Épiphane de Salamine, Panarion. Pharmacie contre toutes les hérésies (374-378). Édition par Karl Holl, Panarion, Leipzig, J. C. Heinrichs, 1915-1933, t. 2 et 3. Traduction anglaise : The Panarion of Epiphanius of Salamis, par Frank Williams, Leyde, Brill, 1987-1994, 2 vol., XXX-359, XVIII-677 p.

Études générales

(par ordre alphabétique)

  • Jean Borella, Problèmes de gnose, l'Harmattan, 2007
  • Jean Doresse, article « Le gnosticisme » dans Histoire des religions (1972), Gallimard, coll. « Folio essais ».
  • Mircea Eliade, Histoire des religions et idées religieuses, t. II : De Gautama Bouddha au triomphe du christianisme, Payot, 1978, p. 353 sq.
  • Hans Jonas, La Religion gnostique. Le message du Dieu étranger et les débuts du christianisme (1954), trad. L. Evrard, Flammarion, Paris, 1978.
  • Wolfgang Kosack: Geschichte der Gnosis in Antike, Urchristentum und Islam. Texte, Bilder, Dokumente. 525 Seiten. Verlag Christoph Brunner, Basel 2014. (ISBN 978-3-906206-06-6)
  • Serge Hutin, Les gnostiques (1958), PUF, coll. « Que sais-je ? »
  • Jacques Lacarrière, Les Gnostiques, Gallimard, collection « Idées », 1964.
  • Bentley Layton, The Gnostic Sciptures, New York, Doubleday, 1987.
  • Hans Leisegang, La Gnose (1924), Payot, collection « Petite bibliothèque », 1951.
  • Paul Mattei, Le christianisme antique de Jésus à Constantin, Paris, Armand Colin, , 318 p. (ISBN 978-2-200-35123-6).
  • Simon Claude Mimouni et Pierre Maraval, Le christianisme des origines à Constantin, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Nouvelle Clio », , 528 p. (ISBN 978-2-13-052877-7).
  • Madeleine Scopello, Les Gnostiques, Cerf, coll. « Fides », 1991.
  • Michel Tardieu, « Gnostiques » dans Dictionnaire de l'histoire du christianisme, Paris, Albin Michel, 2000, p. 453 et 463-474.

Études spécialisées

  • Alfaric, Prosper, « Gnostiques et gnosticisme », Revue de l'Histoire des religions, t. 93, p. 108-115 Paris, Ernest Leroux, 1926.
  • Assaraf, Albert, L'Hérétique, Elicha ben Abouya ou l'autre absolu, Paris, Balland, 1991.
  • Brakke, David, The Gnostics : myth, ritual, and diversity in early Christianity. Harvard University Press, 2010. Edition française : Les gnostiques : Mythe, rituel et diversité au temps du christianisme primitif Traduit de l’anglais par Marie Chuvin. Ed. Les Belles Lettres, 2019.
  • Boyarin, Daniel, Border Lines The Partition of Judaeo-Christianity.
  • Ioan P. Couliano, Les Gnoses dualistes d'Occident, Paris, Plon, 1990.
  • Doresse, Jean, Les Livres secrets des gnostiques d'Égypte, Payot, 2004.
  • Jean-Daniel Dubois, « Où en sont les problèmes du gnosticisme ? », Dialogues d'histoire ancienne, 1981, vol. 7, no 1, p. 273-296.
  • Grant, Robert, traduit par J.H. Marrou. La Gnose et les origines chrétiennes, Seuil, 1964.
  • Xavier Levieils, Contra Christianos : La critique sociale et religieuse du christianisme des origines au concile de Nicée, 45-325, Berlin, Walter de Gruyter, , 548 p. (ISBN 978-3-11-019554-5, lire en ligne)
  • Painchaud, Louis, La Bibliothèque copte de Nag Hammadi, in L'Étude de la religion au Québec : Bilan et prospective, sous la direction de Jean-Marc Larouche et Guy Ménard, Les Presses de l'Université Laval, 2001.
  • Pagels, Elaine, Les Évangiles secrets, Gallimard, 1982, ré-édité 2006.
  • Puech, Henri-Charles, En quête de la gnose, t. I : La gnose et le temps, Gallimard, 1978.
  • Tardieu, Michel, et Dubois, Jean-Daniel, Introduction à la littérature gnostique, tome Ier : Collections retrouvées avant 1945, Éditions du Cerf et Éditions du CNRS, 1986, 152 p.
  • Edwin M. Yamauchi, Pre-Christian Gnosticism : A Survey of the Proposed Evidences, Tyndale Press, 1983
  • Michel Weber, Essai sur la gnose de Harvard. Whitehead apocryphe, Louvain-la-Neuve, Éditions Chromatika, 2011.

Essais et romans

Notes et références

  1. Pierre Hadot, « Le Gnosticisme », dans Dictionnaire de l'Histoire du christianisme, Encyclopaedia Universalis, , p. 641
  2. Madeleine Scopello, « Le gnosticisme, un christianisme d'élite. », sur www.akadem.org (consulté le )
  3. « Gnosticism » dans l'Encyclopædia Britannica, version en ligne consultable au 12/04/2009.
  4. Hans Conzelmann et Andreas Lindemann, Guide pour l'étude du Nouveau Testament, Labor et Fides, , 603 p. (ISBN 978-2-8309-0943-2, lire en ligne), p. 242
  5. Madeleine Scopello, « Courants gnostiques », dans Jean-Marie Mayeur, Luce Pietri, André Vauchez et Marc Venard (dirs.), Histoire du Christianisme : Le nouveau peuple (des origines à 250), vol. I, Fleurus, (ISBN 9782718907277), p. 332
  6. En 1996, Michael Allen Williams a proposé une nouvelle typologie de la catégorie du gnosticisme qu'il trouve trop marqué par l'hérésiologie de la Grande Église sans que la définition qu'il propose - il parle de « tradition biblique démiurgique » - soit retenue par les chercheurs ; cf. Simon Claude Mimouni, Jacques le juste, frère de Jésus, Paris, Bayard Culture, , 200 p. (ISBN 978-2-7470-6140-7, lire en ligne), p. 424 ; voir aussi Louis Painchaud, "La Bibliothèque copte de Nag Hammadi", dans J.-M. Larouche et G. Ménard (éds.), L’étude de la religion au Québec. Bilan et prospective, Québec, Les Presses de l’Université Laval, p. 165–182, lire en ligne
  7. (en) Rév. W. F. Moulton, A Concordance to the Greek Testament, Édimbourg, T. & T. Clarck, , XII + 1110, p. 173 et 174
  8. Émile Puech, En quête de la Gnose, vol. I, cité par Madeleine Scopello, « Courants gnostiques », dans Jean-Marie Mayeur, Luce Pietri, André Vauchez et Marc Venard (dirs.), Histoire du Christianisme : Le nouveau peuple (des origines à 250), vol. I, Fleurus, (ISBN 9782718907277), p. 333
  9. En d'autres mots, la proposition fut de désigner sous le nom de gnosticisme, "par l'application simultanée des méthodes historiques et typologiques"[...] "un groupe particulier de systèmes du deuxième siècle ap. J.C.", et d'utiliser le terme "gnose" pour définir une conception de la connaissance, indépendamment des époques, décrite comme une "connaissance des mystères divins réservée à une élite" ; cf. (en) Christoph Markschies, Gnosis : An Introduction, A&C Black, , 145 p. (ISBN 978-0-567-08944-1, lire en ligne), p. 13
  10. Simon Claude Mimouni, Pierre Maraval, Le christianisme des origines à Constantin, Presses universitaires de France, , p. 364
  11. Claudio Moreschini et Enrico Norelli, Histoire de la littérature chrétienne ancienne grecque et latine, Labor et Fides, , 510 p. (ISBN 978-2-8309-0942-5, lire en ligne), p. 211
  12. Claudio Moreschini et Enrico Norelli, Histoire de la littérature chrétienne ancienne grecque et latine, Labor et Fides, , 510 p. (ISBN 978-2-8309-0942-5, lire en ligne), p. 212
  13. « Louis Painchaud : La bibliothèque copte de Nag Hammadi », sur retro.erudit.org (consulté le )
  14. voir Karen L. King, What is Gnosticism ?, University of Cambridge, 2003, citée par Simon Claude Mimouni, Jacques le juste, frère de Jésus, Paris, Bayard Culture, , 200 p. (ISBN 978-2-7470-6140-7, lire en ligne), p. 424
  15. Simon Claude Mimouni, Jacques le juste, frère de Jésus, Paris, Bayard Culture, , 200 p. (ISBN 978-2-7470-6140-7, lire en ligne), p. 424
  16. Simon Claude Mimouni, Jacques le juste, frère de Jésus, Paris, Bayard Culture, , 200 p. (ISBN 978-2-7470-6140-7, lire en ligne), p. 424-425
  17. Simon Claude Mimouni, Pierre Maraval, Le christianisme des origines à Constantin, Presses universitaires de France, , p. 370
  18. Madeleine Scopello, Les gnostiques, éditions Fides, , 125 p. (ISBN 978-2-204-04375-5, lire en ligne), p. 15-16
  19. L'attribution traditionnelle de l'œuvre à Hippolyte de Rome est désormais largement remise en question depuis les travaux de Pierre Nautin derrière lequel se range une bonne partie de la recherche actuelle qui mentionne régulièrement un « Pseudo-Hyppolite » quand elle ne considère pas l'ouvrage comme simplement anonyme ; cf. notamment Dominique Bernard (préf. Alain Le Boulluec), Les disciples juifs de Jésus du Ier siècle à Mahomet : Recherches sur le mouvement ébionite, Paris, Cerf, (ISBN 978-2-204-11851-4, lire en ligne), chap. V (« L'Elenchos »)
  20. Madeleine Scopello, Les gnostiques, éditions Fides, , 125 p. (ISBN 978-2-204-04375-5, lire en ligne), p. 33-36
  21. Jean Doresse, « La Gnose, origines des sectes gnostiques » dans Histoire des Religions, t. 2, La Pléiade, , p. 365-370.
  22. voir Raymond E. Brown, Que sait-on du Nouveau Testament ?, éd. Bayard, 2011, p. 172, 414
  23. Gionanni Filoramo, « Gnose », dans Régine Azria et Danièle Hervieu-Léger (dirs.), Dictionnaire des faits religieux, Presses universitaires de France, (ISBN 9782130545767), p. 440
  24. Simon Claude Mimouni, Pierre Maraval, Le christianisme des origines à Constantin, Presses universitaires de France, , p. 373
  25. Annarita Magri, « L'Évangile de Jean au IIes », dans Gabriella Aragione, Eric Junod et Enrico Norelli(dirs.), Le canon du Nouveau Testament : Regards nouveaux sur l'histoire de sa formation, Labor et Fides, (ISBN 9782830911770), p. 128
  26. Louis Painchaud et Anne Pasquier (éd.), Les textes de Nag Hammadi et le problème de leur classification, Québec, Les Presses de l'Université Laval, 1995, p. 151-260. Bentley Layton (éd.), The rediscovery of Gnosticism, Leyde, Brill, 1980-1981, 2 t. Wouter J. Hanegraaff (dir.), Dictionary of Gnosis and Western Esotericism, Leyde, Brill, vol. II, 2005, p. 895-898, 1063-1069, 1144-1157. Jean-Pierre Mahé et Paul-Hubert Poirier (dir.), Écrits gnostiques, Gallimard, coll. « La Pléiade », 2007, p. XXXVI-LXVIII.
  27. Raymond Kuntzmann, Le Livre de Thomas (NH II, 7), Québec, Presses de l'Université Laval, 1986. Yves Tissot, L'encratisme des Actes de Thomas, 1988. Jean-Pierre Mahé et Paul-Hubert Poirier (dir.), Écrits gnostiques, Gallimard, coll. « La Pléiade », 2007, p. LXVII, 304, 411, 452, 489, 1681.
  28. Simon Claude Mimouni, Pierre Maraval, Le christianisme des origines à Constantin, Presses universitaires de France, , p. 371-372
  29. Jean-Pierre Mahé, Hermès en Haute-Égypte, t. I : Les textes hermétiques de Nag Hammadi et leurs parallèles grecs et latins, Québec, Presses de l'Université Laval, 1978.
  30. Henri-Charles Puech, En quête de la gnose, Gallimard, t. I, 1978, p. 148. Jean-Pierre Mahé et Paul-Hubert Poirier (dir.), Écrits gnostiques, Gallimard, coll. « La Pléiade », 2007, p. LXII. - Mais James M. Robinson nie un gnosticisme pré-chrétien (apud The Rediscovery of Gnosticism, Brill, 1981, t. II, p. 662.)
  31. Irénée de Lyon, Contre les hérésies, I, 25. Jacques Matter, Histoire critique du gnosticisme, 1828. H. Leisegang, La gnose (1924), Petite Bibliothèque Payot, 1971, Serge Hutin, Les gnostiques, PUF, 1958. Gedaliahu C. Stroumsa, « Gnostic justice and antinomianism », in Barbarian philosophy, 1999, p. 246-257. A. Wypustek, « Un aspect ignoré des persécutions des chrétiens dans l'Antiquité : les accusations de magie érotique imputées aux chrétiens aux IIe et IIIe siècles », Jahrburch für Antike und Christentum, 42 (1999), p. 50-71. - Mais Morton Smith nie l'existence d'un tel courant, il accuse l'animosité des hérésiologues.
  32. John D. Turner, « The Place of the Gospel of Judas in Sethian Tradition », dans Madeleine Scopello (dir.), The Gospel of Judas in Context : Proceedings of the First International Conference on the Gospel of Judas, Brill, (ISBN 9789004167216), p. 191-195
  33. Claudio Moreschini et Enrico Norelli, Histoire de la littérature chrétienne ancienne grecque et latine, Labor et Fides, , 510 p. (ISBN 978-2-8309-0942-5, lire en ligne), p. 219
  34. Jean-Daniel Dubois, « L'Évangile de Judas et la tradition basilidienne », dans Madeleine Scopello (dir.), The Gospel of Judas in Context : Proceedings of the First International Conference on the Gospel of Judas, Brill, (ISBN 9789004167216), p. 145-146
  35. Mimouni et Maraval 2007, p. 366.
  36. Levieils 2007, p. 150.
  37. Mattei 2008, p. 188.
  38. Mattei 2008, p. 189.
  39. Doctrine chrétienne fondée sur la distinction paulinienne entre la foi et la Loi.
  40. Jean Doresse, « La Gnose, origines des sectes gnostiques » dans Histoire des Religions, Tome 2, coll. « La Pléiade », 1972, p. 374-379.
  41. Jean Doresse (La Pléiade, Histoire des religions, Tome 2, p. 375
  42. Ioan P. Couliano, Où en est la question du dualisme ?
  43. voir notamment les hypothèses de Paul Alphandéry, Steve Runciman, Émile Puech ou encore le suédois Hans Söderberg ; cf. Pilar Jiménez-Sanchez, Les catharismes : Modèles dissidents du christianisme médiéval (XIIe – XIIIe siècles), Presses universitaires de Rennes, , 456 p. (ISBN 978-2-7535-3118-5, lire en ligne), p. 48-49
  44. Jean Doresse, « La Gnose, origines des sectes gnostiques » dans Histoire des Religions, Tome 2, coll. « La Pléiade », 1972, p. 417-421.
  45. Jean Doresse, « La Gnose, origines des sectes gnostiques » dans Histoire des Religions, Tome 2, coll. « La Pléiade », 1972, p. 379-385.
  46. Madeleine Scopello. Les Gnostiques, éd du Cerf, 1991.
  47. Jean Doresse, « La Gnose, origines des sectes gnostiques », dans Histoire des Religions, Tome 2, coll. « La Pléiade », 1972, p. 385-389.
  48. selon M. Scopello Les gnostiques, Cerf, 1991, p. 124.
  49. Jean Doresse, « La Gnose, origines des sectes gnostiques », dans Histoire des Religions, Tome 2, Gallimard, coll. « La Pléiade », 1972, p. 389-393.
  50. Jean Doresse, « La Gnose, origines des sectes gnostiques » dans Histoire des Religions, Tome 2, Gallimard, coll. « La Pléiade », 1972, p. 393-397.
  51. (en) Norman C. McClelland, Encyclopedia of Reincarnation and Karma, McFarland, (lire en ligne), p. 100
  52. Jean Doresse, « La Gnose, origines des sectes gnostiques » dans Histoire des Religions, Tome 2, coll. « La Pléiade », 1972, p. 397-399.
  53. Jean Doresse, La Gnose, origines des sectes gnostiques dans Histoire des Religions, Tome2, La Pléïade, 1972, p.399-400
  54. Jean Doresse, « La Gnose, origines des sectes gnostiques », dans Histoire des Religions, Tome 2, Gallimard, coll. « La Pléiade », 1972, p. 400-402.
  55. Jean Doresse, « La Gnose, origines des sectes gnostiques » dans Histoire des Religions, Tome 2, Gallimard, coll. « La Pléiade », 1972, p. 402-406.
  56. Jacques Lacarrière (écrivain), Les Gnostiques, 1973, Gallimard, collection « Idées », avec une préface de Lawrence Durrell (rééd. 1994, Albin Michel, collection « Spiritualités Vivantes » (ISBN 978-2226070241))

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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