Gouvernement Jacques Chirac (1)
Cet article présente la composition du gouvernement du Premier ministre Jacques Chirac, en fonction du au , durant la présidence de Valéry Giscard d'Estaing. Il s’agit du premier gouvernement dirigé par Jacques Chirac.
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Président | Valéry Giscard d'Estaing |
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Premier ministre | Jacques Chirac |
Formation | |
Fin | |
Durée | 2 ans, 2 mois et 29 jours |
Coalition | UDR-FNRI-CD/CDP, CDS-PRV-CR |
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Ministres | 15 |
Secrétaires d'État | 21 |
Femmes | 4 |
Hommes | 32 |
Ve législature |
302 / 490 |
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Le premier gouvernement de Jacques Chirac est le 11e gouvernement de la Ve République française.
Contexte de formation
Choix des ministres
D'après Jacques Chirac lui-même, tous les ministres du gouvernement auraient été imposés par Giscard. Seule Simone Veil, proposée par Chirac fut finalement retenue par le président[1], en lieu et place d'Anne-Marie Fritsch, un temps pressentie pour le poste de Ministre de la Santé.
Féminisation du gouvernement
Le gouvernement compte six femmes ministres, dont quatre à sa nomination : Simone Veil, ministre de la Santé, Françoise Giroud, secrétaire d'État chargée de la Condition féminine, Hélène Dorlhac, secrétaire d’État à la Condition pénitentiaire, Annie Lesur, secrétaire d’État à l'Enseignement périscolaire.
Deux nommées plus tard : Alice Saunier-Seïté, secrétaire d'État aux Universités, et Christiane Scrivener, secrétaire d’État à la Consommation.
Sociologie électorale
Le gouvernement Chirac I se caractérise par une proportion plus importante de ministres anciens cadres supérieurs du privé (25 %, contre 15,1 % sous le gouvernement précédent et 14,9 % sous le gouvernement suivant). Les industriels et gros commerçants comptent pour 3,3 % des ministres, et les professions libérales, 8,3 %[2].
La haute fonction publique compte pour 45 % du gouvernement. 16,7 % sont issus des Grand corps de l'État, et 10 % de la préfectorale et de la diplomatie. 18,3 % sont issus des autres administrations de la haute fonction publique[2].
1,7 % des ministres sont des anciens enseignants du supérieur, et 11,7 % ont occupé des professions intellectuelles[2].
Composition initiale
Jacques Chirac est nommé Premier ministre par un décret du (JO du )[3], les ministres du gouvernement par un décret en date du (JO du )[4],[5] et les secrétaires d'État par un décret en date du (JO du )[6],[5].
Premier ministre
Image | Fonction | Nom | Parti | |
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Premier ministre | Jacques Chirac | UDR | ||
Ministres d'État
Image | Fonction | Nom | Parti | |
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Ministre d'État, ministre de l'Intérieur | Michel Poniatowski | FNRI | ||
Ministres
Secrétaires d'État
- Secrétaire d’État auprès du ministre de la Qualité de la vie (Jeunesse et sports) : Pierre Mazeaud (UDR)
- Secrétaire d’État auprès du ministre de la Qualité de la vie (Tourisme) : Gérard Ducray (FNRI)
- Secrétaire d’État auprès du ministre du Travail (Travailleurs immigrés) : André Postel-Vinay
- Secrétaire d’État auprès du ministre de la Santé (Action sociale) : René Lenoir
Modifications
Remaniement du 9 juin 1974
Jean-Jacques Servan-Schreiber, ministre des Réformes, déclare le qu'il est opposé à la reprise des essais nucléaires à Moruroa[8]. Jacques Chirac fait pression sur le président de la République pour faire exclure Jean-Jacques Servan-Schreiber du gouvernement[8]. Jean-Jacques Servan-Schreiber démissionne du gouvernement le (JO du )[9]. Il n'est pas remplacé.
Nomination du 16 juillet 1974
Françoise Giroud (PRV), entre au gouvernement et est nommée le (JO du )[10] secrétaire d’État auprès du Premier ministre à la Condition féminine.
Remaniement du 22 juillet 1974
André Postel-Vinay, secrétaire d'État aux Travailleurs immigrés, en désaccord avec le Premier ministre[11] démissionne. Sa démission est officialisée le (JO du ) et il est remplacé par Paul Dijoud (FNRI)[12].
Remaniement du 29 octobre 1974
Roger Poudonson, secrétaire d'État à la Fonction publique, est élu sénateur le et décide de démissionner du gouvernement[13]. Il est remplacé par Gabriel Péronnet, jusqu'alors secrétaire d'État à l'Environnement le (JO du )[14].
Remaniement du 31 janvier 1975
À la suite des démissions de Jacques Soufflet et de Pierre Lelong, il est procédé à un remaniement le (JO du )[15] :
- Jacques Soufflet, ministre de la Défense est remplacé par Yvon Bourges (UDR) ;
- Norbert Ségard, jusqu'alors secrétaire d'État au Commerce extérieur, est nommé ministre du Commerce extérieur ;
- Pierre Lelong, secrétaire d'État aux Postes et Télécommunications est remplacé par Aymar Achille-Fould ;
- Marcel Bigeard est nommé secrétaire d’État auprès du ministre de la Défense ;
- Jean-François Deniau est nommé secrétaire d’État auprès du ministre de l’Agriculture.
Remaniement du 12 janvier 1976
Ce remaniement du (JO du )[16] dispose :
- Jean Lecanuet (CD), garde des sceaux, ministre de la Justice, est nommé ministre d'État ;
- Pierre Abelin, ministre de la Coopération, démissionne du gouvernement et est remplacé par Jean de Lipkowski (UDR) qui entre au gouvernement ;
- André Jarrot, ministre de la Qualité de la vie, démissionne du gouvernement et est remplacé par André Fosset qui entre au gouvernement ;
- Norbert Ségard, ministre du Commerce extérieur, est remplacé par Raymond Barre qui entre au gouvernement ;
- Jean-Pierre Soisson, secrétaire d'État aux Universités, est remplacé par Alice Saunier-Seïté (UDR) qui entre au gouvernement ;
- Aymar Achille-Fould, secrétaire d'État aux Postes et Télécommunications, démissionne du gouvernement et est remplacé par Norbert Ségard (UDR) jusqu'alors ministre du Commerce extérieur ;
- Paul Granet, secrétaire d'État à la Formation professionnelle, est remplacé par Jean-Pierre Soisson (FNRI), jusqu'alors secrétaire d'État aux Universités ;
- Annie Lesur, secrétaire d'État à l'Enseignement préscolaire, démissionne du gouvernement et sa fonction est supprimée ;
- Jean-François Deniau, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Agriculture, démissionne du gouvernement et est remplacé par Pierre Méhaignerie qui entre au gouvernement ;
- Gérard Ducray, secrétaire d'État au Tourisme, démissionne du gouvernement et est remplacé par Jacques Médecin (FNRI) qui entre au gouvernement ;
- Pierre-Christian Taittinger entre au gouvernement et est nommé secrétaire d'État auprès du ministre d'État, ministre de l’Intérieur ;
- Jean François-Poncet entre au gouvernement et est nommé secrétaire d'État auprès du ministre des Affaires étrangères ;
- Christiane Scrivener entre au gouvernement et est nommée secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances (Consommation) ;
- Lionel Stoléru (PRV) entre au gouvernement et est nommé secrétaire d’État auprès du ministre du Travail (Condition des travailleurs manuels) ;
- Paul Granet, jusqu'alors secrétaire d'État à la Formation professionnelle, est nommé secrétaire d’État auprès du ministre de la Qualité de la vie (Environnement) (ce poste n'était pas pourvu depuis la nomination de Gabriel Péronnet le ) ;
- Jean Tiberi (UDR) entre au gouvernement et est nommé secrétaire d’État auprès du ministre de l’Agriculture et du ministre de l'Industrie et de la Recherche (Industries alimentaires).
Ajustement du 27 juillet 1976
Jean François-Poncet, jusqu'alors secrétaire d’État auprès du ministre des Affaires étrangères, démissionne du gouvernement le (JO du )[17] pour être nommé secrétaire général de la présidence de la République (JO du )[18].
Ajustement du 4 août 1976
Marcel Bigeard, secrétaire d’État auprès du ministre de la Défense, démissionne du gouvernement[19] le (JO du )[20].
Actions
Politique budgétaire
Devant les conséquences néfastes du premier choc pétrolier et la baisse de la demande intérieure et des investissements, les experts économiques recommandent des relances keynésiennes passant par l'investissement public dans l'économie, qui font gonfler provisoirement la dette publique, afin de compenser la ponction sur la demande et l'investissement privés. Cette stratégie doit s'appliquer aux pays « locomotives », ceux qui abordent cette crise avec de forts excédents (Allemagne, Japon). Cependant, le Premier ministre Jacques Chirac décide dès l'automne 1975 un plan de soutien à la croissance (relance Chirac).
La relance est divisée entre plusieurs volets : 15 milliards de francs pour des grands travaux, comme le TGV, 5 milliards d'augmentation des allocations sociales et 18 milliards de baisses d'impôts afin de générer du pouvoir d'achat. Le SMIC augmente de 8,4% en 1974, et 6,6% en 1975, et 4,7% en 1976. Cela permet à la France de retrouver dès 1976 son taux de croissance de 1974 (4,3%)[21].
Politique industrielle et de l'emploi
Le gouvernement doit faire face à la destruction progressive des emplois dans la sidérurgie après la récession de 1975. La demande d'acier mondiale chute de 16% ; en France, les installations tournent à 70% de leur capacité ; un sidérurgiste français produisant 175 tonnes d'acier par an, contre 250 pour un sidérurgiste américain ou 360 pour un sidérurgiste japonais, les destructions d'emploi commencent. Raymond Barre héritera de ce dossier lorsqu'il sera nommé Premier ministre et mettra en place des plans de refinancement étatique de la sidérurgie française, malgré la suppression de plus de 20 000 emplois.
Afin de faire face à la montée du chômage, est instaurée en janvier 1975 l'autorisation de licenciement administrative, selon laquelle tout licenciement doit être validé par l’État. Elle protège ainsi les insiders. Les blocages du marché du travail qui suivent ont comme conséquence indirecte que les difficultés se concentrent sur les populations où l’écart entre le salaire et la productivité est le plus grand.
Finances publiques
Le déficit budgétaire au bouclage du budget 1975, voté fin 1974, était de 4 milliards de francs ; il est augmenté à 38,2 milliards (2,6% du PIB) dans le budget 1976, voté à la fin de l'année précédente.
Deux problèmes se posent au gouvernement. Tout d'abord, le prix à payer pour ce niveau de croissance a été un creusement important du déficit extérieur français ; ensuite, l'impact sur le chômage est relativement faible, car il a continué à augmenter. En octobre 1975, le nombre de chômeurs dépasse 1 million de personnes. Cela signe un échec partiel de cette relance keynésienne.
Politique sociale
Le gouvernement Chirac (1) met en œuvre une politique sociale ambitieuse. Le 1er juillet 1974, le minimum vieillesse est majoré de 21 %[22]. Le 11 juillet 1974, l'adultère cesse d'être un délit. La loi du 16 juillet 1974 crée l'allocation de rentrée scolaire. Un accord interprofessionnel du 14 octobre 1974 met en place une indemnisation de 90 % du salaire brut, versée un an, pour compenser les salariés victimes de licenciement économique[22].
Le 5 décembre 1974, la seconde loi Neuwirth est votée, la pilule contraceptive devient accessible aux mineures sans autorisation parentale, et est remboursée par la Sécurité sociale[22]. Le 20 décembre, la loi Veil est votée[22].
Le 25 février 1975, le Parlement vote le déblocage de 3,6 milliards de francs, destinés à soutenir la consommation des plus défavorisés[22].
En juin 1975, une loi met en œuvre une politique du handicap qui fait de l'éducation des Français handicapés une obligation nationale, et crée l'allocation adulte handicapé. Le même mois, la loi facilitant le divorce par consentement mutuel est votée. En juillet 1976, l'allocation de parent isolé est créée[22].
Politique migratoire
Le 5 juillet 1974, une circulaire du secrétaire d’État chargé de la Condition des travailleurs manuels suspend l'immigration de travail pour les non-communautaires[22]. Le 29 avril 1975, le gouvernement autorise le regroupement familial pour les immigrés[22].
Politique scolaire
Le 20 juin, la loi Haby instaurant le collège unique est votée[22].
Notes et références
- « Jacques Chirac : son ultime interview radio sur Europe 1 - YouTube », sur www.youtube.com (consulté le )
- Birnbaum, Pierre., Les Elites socialistes au pouvoir : les dirigeants socialistes face à l'Etat, 1981-1985, Presses universitaires de France, (ISBN 2-13-039351-9 et 978-2-13-039351-1, OCLC 13459377, lire en ligne)
- Décret du 27 mai 1974 portant nomination du Premier ministre
- Décret du 28 mai 1974 portant nomination des membres du gouvernement
- Composition du gouvernement sur le site gouvernement.fr
- Décret du 8 juin 1974 portant nomination des membres du gouvernement
- Décret du 14 juin 1974 relatif aux attributions du ministre de l'Industrie et de la Recherche
- « La fin des essais aériens français », sur moruroa.assemblee.pf (consulté le )
- Décret du 9 juin 1974 mettant fin aux fonctions d'un membre du gouvernement
- Décret du 16 juillet 1974 portant nomination d'un membre du gouvernement
- Sylvain Laurens, « « 1974 » et la fermeture des frontières. Analyse critique d'une décision érigée en turning-point », Politix, vol. 82, no 2, , p. 69-94 (ISSN 1953-8286, lire en ligne, consulté le )
- Décret du 22 juillet 1974 portant nomination d'un membre du gouvernement
- Daniel Amson, La République du flou, Paris, éd. Odile Jacob, , 252 p. (ISBN 2-7381-1065-7 et 978-2-73811065-7, lire en ligne), p. 147.
- Décret du 29 octobre 1974 portant nomination d'un membre du gouvernement
- Décret du 31 janvier 1975 relatif à la composition du gouvernement
- Décret du 12 janvier 1976 relatif à la composition du gouvernement
- Décret du 27 juillet 1976 mettant fin aux fonctions d'un membre du gouvernement
- Arrêté du 27 juillet 1976 de la présidence de la République
- Guillaume Tabard, « L'héritage politique du général Bigeard », sur lefigaro.fr, Le Figaro, (consulté le )
- Décret du 4 août 1976 mettant fin aux fonctions d'un membre du gouvernement
- Daniel, Jean-Marc, (1954- ...), Le gâchis français : 40 ans de mensonges économiques, Paris, Tallandier, dl 2015, ©2015, 265 p. (ISBN 979-10-210-0287-6, OCLC 924058241, lire en ligne)
- Félix Torres, Le virage manqué : 1974-1984 : ces dix années où la France a décroché, (ISBN 978-2-37615-076-3 et 2-37615-076-0, OCLC 1202626089, lire en ligne)
- Décret du 25 août 1976 relatif à la cessation des fonctions du gouvernement
Voir aussi
Bibliographie
- Serge Berstein, René Rémond et Jean-François Sirinelli, Les années Giscard : institutions et pratiques politiques, 1974-1978, Paris, Fayard, coll. « Nouvelles études contemporaines », , 279 p. (ISBN 978-2-213-61737-4, présentation en ligne).
- Serge Berstein et Jean-François Sirinelli, Les années Giscard : Valéry Giscard d'Estaing et l'Europe, 1974 -1981, Paris, Armand Colin, , 272 p. (ISBN 978-2-200-34583-9, présentation en ligne).
- Serge Berstein et Jean-François Sirinelli, Les années Giscard : les réformes de société, 1974-1981, Paris, Armand Colin, , 296 p. (ISBN 978-2-200-35036-9, présentation en ligne), [présentation en ligne].
- Serge Berstein, Jean-Claude Casanova et Jean-François Sirinelli, Les années Giscard : la politique économique, 1974-1981, Paris, Armand Colin, , 192 p. (ISBN 978-2-200-35468-8, présentation en ligne).
- Serge Berstein et Jean-François Sirinelli, Les années Giscard : 1978-1981 : les institutions à l'épreuve ?, Paris, Armand Colin, , 136 p. (ISBN 978-2-200-24644-0, présentation en ligne).
- Samy Cohen et Marie-Claude Smouts, La politique extérieure de Valéry Giscard d'Estaing, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, , 436 p. (ISBN 2-7246-0515-2, présentation en ligne).
Lien externe
- « Tous les gouvernements depuis 1958 », sur assemblee-nationale.fr, Assemblée nationale (consulté le ).
- « La base de données de la politique française », sur politiquemania.com (consulté le ).
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