Grotte du Lion (Arcy-sur-Cure)

La grotte du Lion est l'une des cavités du site des grottes d'Arcy-sur-Cure, entre Auxerre et Avallon dans l'Yonne, en Bourgogne, région administrative Bourgogne-Franche-Comté, France.

Cet article concerne la grotte du Lion à Arcy-sur-Cure en Bourgogne, France. Pour les articles sur d'autres cavités portant le même nom ou similaire, voir Grotte du Lion.

Grotte du Lion
Localisation
Coordonnées
47° 35′ 26″ N, 3° 45′ 43″ E
Pays
Région
Département
Massif
Localité voisine
Voie d'accès
D237 puis route des Grottes
Caractéristiques
Type
Altitude de l'entrée
~125 m
Longueur connue
5 m
Cours d'eau
Occupation humaine
Patrimonialité
Localisation sur la carte de France
Localisation sur la carte de Bourgogne
Localisation sur la carte d’Yonne (département)

Son analyse paléopalynologique complète la série d'Arcy, couvrant la période depuis environ 1000/800 BC au XVIe siècle.

Situation

Les grottes d'Arcy-sur-Cure sont à environ 180 km au sud-est de Paris à vol d'oiseau, dans le sud du département de l'Yonne entre Auxerre et Avallon, à 1,3 km au sud d'Arcy-sur-Cure (2 km par la route) et à moins de 10 km au nord du parc naturel régional du Morvan.

Elles se trouvent dans le dernier grand méandre que fait la Cure juste à sa sortie du massif du Morvan. À cet endroit, la Cure est à environ 122 m d'altitude[2].

Dans le sens amont-aval de la Cure, la grotte du Lion est la première du groupe de huit grottes rapprochées sur seulement 70 m linéaires. Elle est suivie environ 20 m en aval par la grotte du Loup, puis vient la grotte du Bison puis la grotte du Renne. Elle se trouve à environ 300 m en amont de la Grande grotte[N 1].

Huit cavités groupées sur environ 70 m, d'amont en aval (O-E) : Lion, Loup, Bison, Renne, Ours, Trilobite, Hyène, Cheval.

Description

Les descriptions de la grotte du Lion sont rares, succinctes et souvent anecdotiques.
Son entrée est en dessous de 130 m d'altitude[N 1] ; les Leroi-Gourhan précisent qu'elle se trouve « au niveau le plus bas de la falaise », donc presque à même hauteur que le niveau actuel de la Cure[LG 1].
Elle est de très petite taille : les Leroi-Gourhan l'appellent simplement un « abri » et une « toute petite station »[LG 1]. Elle se prolonge en couloir dans la falaise[LG 2]. Son développement[N 2] est de seulement 5 m, sans dénivelé[3].

Du point de vue hydrologique, cette cavité ainsi que les autres situées au sud du massif corallien sont originellement des pertes de la Cure. Les résurgences correspondantes sont sur la face nord du même massif[4].

Découverte et fouilles

En 1961 André Leroi-Gourhan fait prolonger la tranchée de fouilles jusqu'à 15 m au-delà du porche, vers la rivière, et fait creuser le remplissage[N 3] jusqu'à la roche sous-jacente[LG 1].

Stratigraphie

Une tranchée en travers sous l'aplomb, creusée jusqu'à la roche sous-jacente, n'a donné que des industries très récentes. Leroi-Gourhan a ensuite fait prolonger la fouille jusqu'à 15 m en direction de la Cure. Le remplissage[N 3] atteint plus de 3 m de hauteur et est entièrement récent[LG 1] : il a été déposé à partir de -1000 à -800 BC environ[LG 3], sur un sol lessivé probablement vers l'Âge du Bronze[LG 1] : l'inondation de la fin du sub-boréal vers -2000 à -1000 BC a emporté tout vestige antérieur, mettant la roche à nu. Seuls quelques silex ont été trouvés dans des anfractuosités du rocher[LG 2].

Le remplissage qui s'est déposé après ce lessivage, a atteint 3,29 m d'épaisseur totale.
Se sont d'abord déposées des marnes et argiles sur 1 m d'épaisseur, dont les 50 derniers cm contiennent des poteries hallstattiennes.
Vient ensuite l'Âge du Fer, avec des vestiges de poteries et ossements de chevaux, jusqu'à -2,10 m de profondeur (soit une couche halstattienne de 1,19 m).
Ceci est surmonté de couches contenant des débris gallo-romains ; l'élément le plus récent, une pièce de Constance II, se trouvait à -1,85 m de profondeur.
Au-dessus de cet ensemble, se trouvent des sédiments contenant quelques tessons, de rares ossements et des charbons. Il y a les traces de deux foyers à -1,55 m de profondeur, mais le mauvais état de conservation ne permet pas de datation au carbone 14. Un tesson de poterie datable du XIIIe siècle se trouvait à -1,10 m de profondeur.
La couche supérieure du remplissage est faite de cailloutis et de terre sans aucun vestige humain[LG 2].

Paléopalynologie

Pour autant que l'abri du Lion ait livré peu de vestiges archéologiques, l'analyse pollinique de son remplissage[N 3] est par contre importante : elle complète la série de résultats paléopalynologiques pour le site d'Arcy. Le diagramme palynologique pour la grotte commence vers 800 BC, vers la limite sub-Boréal/sub-Atlantique. Il montre un paysage forestier contrastant fortement avec les steppes würmiennes[LG 1]. Les premiers pollens anciens notés sont ceux de conifères, également présents dans la grotte du Renne[LG 4]. Le Post-glaciaire tardif voit une inversion de la situation : 52,8% des pollens de cette époque, recueillis à la base de la série de l'abri du Lion, sont ceux d'arbres et parmi ces arbres les feuillus dominent[LG 5]. Ceci ne tient pas compte des fougères, herbacées dénombrées à part des autres végétaux tellement elles sont abondantes : elles atteignent 400% du total du reste[LG 6].
Cette analyse apporte la confirmation de ce que le Würm a vu une sévère raréfaction des arbres, jusqu'à moins de 2% de la flore totale. Ils n'ont cependant jamais disparu complètement : l'encaissement profond localement de la vallée de la Cure a fourni, alors comme maintenant, des poches de microclimat plus doux ; il est probable que des bosquets d'arbres ont subsisté lors du Würm dans ces endroits protégées[LG 5].

L'échantillon tout en bas du remplissage, correspondant à la transition entre le sub-Boréal et le sub-Atlantique (-1000 à -800 ans BC), indique un climat encore fortement humide avec, dans le fond de vallée au niveau de la grotte, les arbres formant 75% des végétaux, dont l'aulne qui domine tous les autres arbres avec 22,4% du total d'arbres ; vient ensuite le noisetier (14,7%) puis le tilleul et enfin les pins, peu nombreux. La forêt des plateaux et des pentes, une chênaie mixte, est déjà diminuée, ayant atteint son maximum d'expansion vers 5000 ans BC[LG 3].
À 2,67 m de profondeur, un autre échantillon voit la proportion d'arbres baisser de 52,8% à 46,3%. L'aulne recule, formant un vide mal compensé par une petite expansion du pin due à une baisse de l'humidité.
Vers le milieu de l'occupation pendant le Hallstatt, il semble que l'humidité remonte quelque peu : les aulnes, tilleuls et cypéracées augmentent de nouveau ainsi que les fougères et les mousses qui atteignent leur expansion maximum[LG 3]. Noter que lorsque le recul de la forêt est dû au défrichage et non au froid, les fougères accroissent leur nombre et prennent le pas sur les arbres - ce qui s'est passé à cette période. Ces fougères sont de type monolète sans périspore, en sus de quelques Polypodium vulgare (polypode commun) et Pteris aquilina (fougère aigle)[LG 7].
La couche 5 du remplissage ne contient plus que 4,3% d'arbres[LG 8]. Ce déboisement extrême est une constante de l'époque correspondante, principalement due à la généralisation de l'élevage[LG 9] pendant l'époque gallo-romaine[LG 10].

Le sapin apparaît très tardivement dans la stratigraphie du Lion : la première apparition de son pollen est au Haut Moyen Âge[LG 11].
Le hêtre est totalement absent de l'abri du Lion, même pendant la période de plus grande extension de cet arbre[LG 12].
Toujours rare à Arcy, dans l'abri du Lion le bouleau n'est présent en continu que pendant le Tardiglaciaire, en très petites quantités (moins de 1%). Il n'est présent que sporadiquement pendant le Châtelperronien malgré le froid plus vif de cette dernière période[LG 11]. Son nombre augmente légèrement pendant le Hallstatt, subséquemment aux défrichages[LG 10].
Le noyer disparaît des couches supérieures du remplissage, ce qui correspond probablement au début du Petit âge glaciaire au XVIe siècle[LG 13].
Il y avait certainement des cultures sur l'autre rive, où s'est déposé une grosse quantité de sédiments dans le creux du méandre ; mais les arbres bordant la rivière ont empêché la plupart de ces pollens de céréales de se déposer dans la grotte de l'autre côté de la rivière[LG 8].

Archéologie

À 10 m du porche vers la rivière ont été trouvés, dans l'ordre chronologique des dépôts : des poteries du Hallstatt[N 4] ; des poteries et os de chevaux de l'âge de Fer ; des débris gallo-romains dont le plus récent était une pièce de Constance II (324-330 de notre ère[LG 2] ; des tessons, ossements et charbons en mauvais état ; et enfin des morceaux de pots médiévaux dont un tesson daté du XIIIe siècle[LG 3].

Occupation humaine

L'abri du Lion a fourni peu d'industrie et presque aucune ancienne[LG 1] hormis les quelques silex retenus sur place (malgré le lessivage du lieu) parce que coincés dans des fissures[LG 2]. Il a cependant vu nombre de passages humains. Noter que la surface de sol entre la grotte et la rivière est trop petite pour y établir des cultures[LG 8].

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. Pour les schémas et cartes succinctes montrant les emplacements respectifs des différentes grottes, voir :
    • Meignen 1959 (carte établie par Liliane Meignen en 1959, montrant les emplacements des 14 principales cavités au sud du massif corallien depuis les Goulettes (amont) jusqu'à la grande Grotte (aval) - manquent celles au nord du massif, soit les Nomades, l'Égouttoir, le Moulinot et Barbe Bleue. Cité dans David et al. 2005, p. 2) ;
    • Liger 2003, p. 33 (montre un plan général du massif, y compris les emplacements de l'Égouttoir, de Moulinot et de Barbe-Bleue au nord du massif corallien, et quatre grottes au sud du massif) ;
    • Arl. et A. Leroi-Gourhan 1964, p. 2 (montre le développement des grottes entre la grotte du Lion et l'abri du Lagopède) ;
    • carte interactive sur versarcy.huma-num.fr.
  2. En spéléologie, le développement correspond à la longueur cumulée des galeries interconnectées qui composent un réseau souterrain.
  3. Les remplissages, du point de vue archéologique, sont l'accumulation de dépôts formant le sol qui recouvre la roche sous-jacente ; ils sont composés de couches de terre, graviers et autres matériaux naturels. Ils peuvent contenir ou non des objets issus de l'industrie humaine. Leur analyse paléopalynologique, une discipline initiée par Arlette Leroi-Gourhan dans les années 1950, est précieuse pour la détermination des variations climatiques de l'ensemble de la préhistoire.

Références

Autres références
  1. « Grottes préhistoriques », sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  2. « Grottes d'Arcy-sur-Cure, carte interactive » sur Géoportail. Couches « Cartes IGN classiques », « Limites administratives » et « Hydrographie » activées. Vous pouvez bouger la carte (cliquer et maintenir, bouger), zoomer (molette de souris ou échelle de l'écran), moduler la transparence, désactiver ou supprimer les couches (= cartes) avec leurs échelles d'intensité dans l'onglet de "sélection de couches" en haut à droite, et en ajouter depuis l'onglet "Cartes" en haut à gauche. Les distances et surfaces se mesurent avec les outils dans l'onglet "Accéder aux outils cartographiques" (petite clé à molette) sous l'onglet "sélection de couches".
  3. Spéléométrie Icaunaise, « Liste de grottes explorées, développements et dénivellations », sur scchablis.com (consulté le ).
  4. (2005) F. David, N. Connet, M. Girard, J.-Cl. Miskovsky, C. Mourer-Chauviré et A. Roblin-Jouve, « Les niveaux du Paléolithique supérieur à la grotte du Bison (Arcy-sur-Cure, Yonne) : couches a à d », Revue archéologique de l’Est (RAE), vol. 54, no 176, , (paragraphe) 11 (lire en ligne, consulté le ). (Les pages citées correspondent aux paragraphes de l'article.)
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