Hélène Fournier
Hélène Fournier, née Hélène Pellault le à Cussay en Indre-et-Loire et morte le , est une figure de la résistance d'Indre-et-Loire[1], où elle joue un rôle actif d'aide aux passages clandestins de la ligne de démarcation qui sépare en deux le département du début de l'été 1940 au . Elle est déportée à Auschwitz le dans le convoi des 31000 dont elle est la seule rescapée des vingt tourangelles déportées dans ce convoi.
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Naissance | |
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Décès |
(à 89 ans) Rochecorbon |
Nom de naissance |
Pellaut |
Nationalité | |
Domicile |
Tours (depuis ) |
Activités |
Membre de | |
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Conflit | |
Lieux de détention |
Camp d'extermination de Birkenau (d), Ravensbrück (depuis ), Mauthausen (depuis ) |
Distinction |
Biographie
Hélène Pellault est la fille d'un maréchal-ferrant, socialiste et laïque. Elle se marie et prend le nom de son mari, Fournier[2]. Le couple tient une épicerie à Tours au 98, rue Febvotte.
Rôle dans la Résistance
Pendant la Seconde Guerre mondiale elle s'engage dans le réseau résistant Libé-Nord. L'épicerie qu'elle tient sert de lieu de transmission de messages circulant dans le réseau. Elle héberge et aide des personnes clandestines, en fuite ou recherchées pour leur activité dans la Résistance.
Le convoi des 31 000
Elle est arrêtée sur dénonciation le . Elle est emmenée à la prison de Tours où le matricule 1183 lui est attribué. Elle y reste jusqu'au , en compagnie de vingt autres Tourangelles. Elles sont ensuite emmenées au camp allemand de Romainville[3],[4] en Seine-Saint-Denis dans la commune des Lilas. Elle y est détenue avec Élisabeth Le Port. Les prisonnières sont transférées au camp de Royallieu, puis sont déportées au camp d'Auschwitz dans le convoi dit des 31 000[5],[6] du , qui comprend 230 femmes et 1 530 hommes[1],[7],[8].
Détention à Birkenau et à Ravensbrück
Elle est détenue avec ses campagnes tourangelles à Birkenau.
Rachel Deniau, Mary Gabb qui meurt le jour de son arrivée à Birkenau, Germaine Jaunay et Élisabeth Le Port entre autres l'accompagnent. Élisabeth Le Port la décrit comme peu partageuse dans sa correspondance[1]. Alors qu'elle tente de réconforter Germaine Jaunay, cette dernière lui rétorque « Pourquoi rentrer, pour être battue? ». Quant à Rachel Deniau, son nom figure sur la stèle en mémoire des déportés à Amboise, et une rue porte son nom à La Croix-en-Touraine. Après son arrivée à Birkenau, elle contracte le typhus et travaille dans les commandos. En , elle reste la seule Française des commandos de Birkenau, les autres étant détenues à Raïsko, camp annexe situé à proximité, ou sont mortes. Elle réussit à se faire admettre au revier, nom allemand du baraquement destiné aux prisonniers malades des camps, comme nettoyeuse grâce à Marie-Claude Vaillant-Couturier. Le , elle est transférée au camp de Ravensbrück, puis au camp de Mauthausen le .
Liste de Tourangelles déportées avec Hélène Fournier[1]
- Francisca Goutayer, dite Cica, matricule 31780, serveuse au restaurant Parisien à Tours, dénoncée par Antoinette Bibault, morte au revier de Birkenau en [1],[9]
- Rachel Deniau, matricule 31773, née le à la Croix-de-Bléré, factrice[11]
- Germaine Jaunay, matricule 31782, née Mouzé le à Francueil, au lieu-dit « La Bergerie », tante de Rachel Deniau, morte au revier de Birkenau âgée de 53 ans[12]
- Elisabeth Le Port, matricule 31786, née le à Lorient, Morbihan, enseignante, dénoncée par une de ses élèves[5], morte de dysenterie le à l'âge de 24 ans au revier de Birkenau. Une plaque commémorative est apposée dans sa classe à Saint-Christophe-sur-le-Nais[13].
- Marcelle Laurillou, née Mardelle le à Perrusson, dénoncée par une femme dénommée Email, morte de dysenterie le à Birkenau[14]
- Raymonde Sergent, matricule 31790, née Delalande le à Saint-Martin-le-Beau, restauratrice au Café Hôtel de l'Union, morte le au revier de Birkenau. Elle est la dernière des Tourangelles assistée par Hélène Fournier dans ses derniers moments. Une rue porte son nom à Saint-Martin-le Beau. Elle est décorée à titre posthume de la médaille de la Résistance Française, de la médaille militaire, de la médaille de la déportation et de la Croix de Guerre avec palmes[15].
- Emilia Kérisit, dites Léa, matricule 31783, née Baliteau le à Jaunay-Clan, infirmière, coopère souvent avec Jeanne Goupille dans les réseaux d'aide aux personnes clandestines, arrêtée le . Diagnostiquée malade du typhus en avril, elle est assommée par une tortionnaire en et meurt[16] le .
- Germaine Maurice, matricule 31788, née le à Vou, morte d'une pneumonie au revier de Birkenau le [17]
- Yvonne B., morte pendant la course de sélection du . Originaire d'Indre et Loire, et femme d'un fermier prisonnier de guerre, elle ne révèle pas sa grossesse par peur de voir sa liaison avec un autre homme découverte[8].
Retour à Tours
Elle revient à Tours le . Elle est la seule survivante des vingt Tourangelles déportées, et assumera la charge d'annoncer aux familles le décès et les conditions de détention de leurs proches[18] au camp de Birkenau.
La Légion d'honneur lui est attribuée en . Elle obtient également le grade de caporal de la R.I.F[18].
Références
- Sylvie Poulliquen, Femmes de l'ombre en tourraine, France, 37260 Monts, PCBO éditions, , 175 p. (ISBN 978-2-35042-050-9), p. 27, 58 et 60 à 61
- « Mémoire Vive – Hélène FOURNIER, née Pellault – 31793 », sur www.memoirevive.org (consulté le )
- Thomas Fontaine, Les oubliés de Romainville : un camp allemand en France, 1940-1944, Talandier, , 144 p. (ISBN 978-2-84734-217-8)
- « Hommage au Convoi des 31000 | Romainville », sur www.ville-romainville.fr (consulté le )
- (en) Diane Leach, « Riding Into a Nightmare: 'A Train in Winter' », PopMatters, (lire en ligne, consulté le )
- Patrick Marnham, « Clearing the Fog », Wall Street Journal, (ISSN 0099-9660, lire en ligne, consulté le )
- john phelan, « The Women of Convoy 31000. », (consulté le )
- Caroline Moorehed (trad. de l'anglais), Un train en hiver, Paris, Le Cherche Midi, , 592 p. (ISBN 978-2-266-25872-2)
- « Mémoire Vive – Franciska, dite “Cica”, GOUTAYER – 31780 », sur www.memoirevive.org (consulté le )
- « Mémoire Vive – Marie Louise GABB, née Thomas – (31… ?) », sur www.memoirevive.org (consulté le )
- « Mémoire Vive – Rachel DENIAU – 31773 », sur www.memoirevive.org (consulté le )
- « Mémoire Vive – Germaine JAUNAY, née Mouzé – 31782 », sur www.memoirevive.org (consulté le )
- « Mémoire Vive – Elisabeth LE PORT – (31786 ?) », sur www.memoirevive.org (consulté le )
- « Mémoire Vive – Marcelle LAURILLOU, née Mardelle – 31785 », sur www.memoirevive.org (consulté le )
- « Mémoire Vive – Raymonde SERGENT, née Delalande – 31790 », sur www.memoirevive.org (consulté le )
- « Mémoire Vive – Émilia, dite “Léa”, KÉRISIT, née Baliteau – 31783 », sur www.memoirevive.org (consulté le )
- « Mémoire Vive – Germaine MAURICE – 31788 », sur www.memoirevive.org (consulté le )
- Charlotte Delbo, Le convoi du 24 janvier, éditions de Minuit, (ISBN 978-2-7073-0290-8)
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