Jo (film)
Jo est un film français réalisé par Jean Girault, sorti en 1971. C'est la deuxième adaptation cinématographique de la pièce de théâtre The Gazebo (1958), après Un mort récalcitrant (The Gazebo) de George Marshall en 1959.
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Réalisation | Jean Girault |
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Scénario |
Claude Magnier Jacques Vilfrid |
Musique | Raymond Lefebvre |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production | Trianon Production |
Pays de production | France |
Genre | Comédie policière |
Durée | 86 minutes |
Sortie | 1971 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Synopsis
Antoine Brisebard, auteur comique à succès, est victime de Jo, un maître-chanteur qui menace de dévoiler les origines familiales douteuses de sa femme, une actrice célèbre. Résolu à se débarrasser de lui, Brisebard prétexte l'écriture d'une pièce policière afin de recueillir les ingrédients du crime parfait auprès d'un ami avocat.
Malheureusement, lorsque le maître-chanteur vient chercher la somme d'argent exigée, le plan de Brisebard ne se déroule pas comme prévu. À peine l'encaisseur éliminé (par accident, Brisebard n'ayant pas eu le courage de lui tirer dessus), les visiteurs les plus farfelus se succèdent dans sa maison : une dame tenace, exerçant le métier d'agent immobilier, accompagnée d'un couple excentrique d'acheteurs britanniques potentiels, une gouvernante émotive, une amie délaissée par son mari, un entrepreneur particulièrement consciencieux ayant récemment installé une gloriette offerte par Sylvie Brisebard à son mari à l'occasion de sa fête.
Brisebard a alors l'idée de dissimuler le cadavre encombrant dans les fondations de la gloriette, mais celle-ci s'avère bien plus fragile que ce qui était annoncé par l'entrepreneur, et il devient alors indispensable de cacher le corps ailleurs. Survient alors l'inspecteur Ducros qui ne tarde pas à révéler que Jo a été retrouvé assassiné loin du domicile des Brisebard. Antoine se demande alors qui il a bien pu tuer et devra dépenser des trésors d'ingéniosité pour dissimuler le corps aux yeux de la police et de tous les personnages qui vont et viennent dans la maison.
Fiche technique
- Titre : Jo
- Réalisation : Jean Girault, assisté de Tony Aboyantz
- Scénario, adaptation et dialogues : Claude Magnier et Jacques Vilfrid, d'après les pièces de théâtre Jo de Claude Magnier et The Gazebo d'Alec Coppel
- Décors : Sydney Bettex
- Costumes : Colette Baudot ; costumes de Cerruti, robes de Rety
- Photographie : Henri Decaë
- Montage : Armand Psenny
- Son : René-Christian Forget
- Musique : Raymond Lefebvre
- Production : Leo L. Fuchs
- Société de production : Trianon Production
- Société de distribution : Metro-Goldwyn-Mayer
- Pays d'origine : France
- Langue : français
- Format : couleurs (Eastman Kodak) - 35 mm - 1,66:1 - son mono (Westrex P.S.C)
- Genre : comédie policière, burlesque
- Durée : 86 minutes (2 341 mètres)[1]
- Date de sortie :
Distribution
- Louis de Funès : Antoine Brisebard
- Claude Gensac : Sylvie Brisebard
- Bernard Blier : l'inspecteur Ducros
- Michel Galabru : Tonelotti, le maçon
- Christiane Muller : Mathilde, la gouvernante,
- Florence Blot : Mme Cramusel
- Guy Tréjan : Me Adrien Colas
- Ferdy Mayne : M. Grunder
- Yvonne Clech : Mme Grunder
- Micheline Luccioni : Françoise, l'amie délaissée par son mari,
- Jacques Marin : Andrieux, officier de police
- Dominique Zardi : le "Duc", gangster
- Henri Attal : Grand Louis, gangster,
- Paul Préboist : l'adjudant de gendarmerie qui ramène la malle
- Jean Valmence : le représentant de commerce
- Carlo Nell : Plumerel, officier de police
- Patrice Fontanarosa : le violoniste
Non crédités :
- Marcel Gassouk : le plombier
- Henri Guégan : l'ouvrier
- Jean Droze : Riri
- Roger Lumont : voix de Jo[3]
Production
Le poste de directeur de la photographie est confié au prestigieux Henri Decaë, notamment à l'œuvre sur les comédies de Gérard Oury[4].
Choix des acteurs
Louis de Funès s'entoure une fois de plus d'acteurs familiers parmi lesquels Claude Gensac, qui avait déjà interprété son épouse dans 5 films, et Michel Galabru, déjà croisé ans Le Petit Baigneur. Jo marque également la huitième collaboration entre Louis de Funès et le réalisateur Jean Girault, après Pouic-Pouic (1963), Faites sauter la banque ! (1964), Le Gendarme de Saint-Tropez (1964), Le Gendarme à New York (1965), Les Grandes Vacances (1967), Le Gendarme se marie (1968) et Le Gendarme en balade (1970).
En incarnant Sylvie Brisebard, Claude Gensac poursuit non seulement sa collaboration avec Louis de Funès en tant qu'épouse de ses personnages, mais reprend aussi un rôle qu'elle avait déjà tenu au théâtre aux côtés de Robert Lamoureux en 1964[5],[6]. De même, Florence Blot avait déjà le rôle de madame Cramusel au théâtre[5].
Quatre ans après Les Grandes Vacances (1967), réalisé également par Jean Girault, Louis de Funès retrouve Ferdy Mayne et Christiane Muller qui jouait également le rôle d'une bonne dans le précédent. Quant à Guy Tréjan, il avait joué dix ans plus tôt aux côtés de Louis de Funès dans Pouic-Pouic.
Bernard Blier reprend également un rôle de commissaire similaire à celui qu'il tenait dans Le Grand Restaurant (1966). La relation de son personnage avec celui de Louis de Funès, gêné face au commissaire, est d'ailleurs la même[7]. Jacques Marin, qui tenait le rôle de l'inspecteur Ducroc au théâtre, est dans le film un de ses assistants, Andrieux[5].
Tournage
Le film a été tourné aux studios Franstudio de Saint-Maurice. Les scènes situées à l'extérieur de la maison ont été tournées aux Bréviaires dans les Yvelines, au hameau de la Croix Rouge.
Pour accentuer la différence de taille entre Louis de Funès et Bernard Blier, dans la scène où ils sont tous deux assis sur un canapé, une machinerie (dont l'installation et la fabrication ont coûté 250 000 francs) et quatre jours de travail ont été nécessaires[8]. Ce gag avait été imaginé par Louis de Funès lui-même.
Bande originale
Raymond Lefebvre est ici crédité « Raymond Lefèvre »[9], l'orthographe présent sur ses disques mais rarement dans les génériques des films[10].
Également auteur de nombreux disques de reprises, Raymond Lefebvre réarrange le thème du film en une « version disque » présente sur un single avec une réorchestration de la musique du Casse d'Ennio Morricone[11] et dans la compilation Raymond Lefèvre et son Grand Orchestre no 14, deux disques parus en 1971[12].
Accueil
Accueil critique et public
Jo sort en salles le [2], sans grande promotion[13]. La critique de cinéma traite le film avec peu d'intérêt, lui consacrant seulement quelques lignes ou articles de bas de pages[14]. Les critiques expriment essentiellement une certaine routine après sept ans de films de Louis de Funès[14]. Le Monde est lassé par ce film « qui n'a de sens que pour les amateurs de genre de spectacles »[14]. Télérama regrette « de ne pas sentir derrière tout cela la griffe d'un auteur »[14]. La Croix aurait préféré que Robert Lamoureux reprenne le rôle principal qu'il tenait dans Jo au théâtre[14]. La critique commence à connaître et s'habituer à l'interprétation de Louis de Funès, notamment qualifiée de « remarque performance sportive » par un critique de Paris Jour[14]. Le Monde loue le « virtuose, comme toujours, de l'agitation, de l'hilarité crispée, de la vocifération »[14]. Louis Chauvet dans Le Figaro note que « sensible au reproche qu'on lui adresse de produire toujours les mêmes grimaces, l'acteur ajoute un gag à son répertoire : il pique une crise de colère en imitant le chat qui crache », alors qu'il avait déjà employé cet élément de jeu dans Les Tortillards en 1960[14]. D'un film à l'autre, l'avis général de la critique est le même envers Louis de Funès : le réalisateur est sévèrement descendu et l'acteur jugé avec indulgence, considérant qu'il ne tourne pas dans des films à sa hauteur, la frénésie de sa performance est saluée mais son jeu prévisible agace aussi[14].
Seuls quelques titres éreintent véritablement le film[14]. L'Express analyse que « confondant agitation et rythme, Jean Girault dirige et fait courir tout son monde dans la foulée fébrile de Louis de Funès, engagé, une fois de plus, dans une interprétation contre la montre »[14]. Paris Jour déplore que l'« on assiste avec effarement à un extravagant numéro de gesticulations, de grimaces, de hurlements, de borborygmes. Ici Louis de Funès c'est Jerry Lewis plus Darry Cowl, à condition d'accélérer les gestes du premier et l'élocution du second »[14]. L'Humanité soutient que « Jean Girault n'a jamais joui dans le cinéma français de la réputation d'un metteur en scène ayant créé des merveilles. Quant au comique de Louis de Funès, s'il fait recette, il fut très rarement utilisé avec l'intelligence qui consisterait à dépasser les goûts personnels de l'acteur et à lui faire occuper la place — mais seulement la place — qui lui reviendrait dans un scénario également intelligent. Autrement dit, un anti-Jo »[14]. Deux mois après la sortie, Le Film français, dans le cadre d'une enquête intitulée « Le public a-t-il toujours raison ? », demande aux critiques de la presse généraliste de donner une note à dix-huit sorties récentes[14] Certains critiques se font plus sévères une fois la sortie et la promotion éloignées : Robert Chazal de France-Soir, pourtant soutien de l'acteur à chacun de ses films, donne 2/10 à Jo, Louis Chauvet du Figaro, lui aussi souvent bienveillant, donne 3/10, Nicolas de Rabaudy de Paris Match donne 4/10 mais Éric Leguèbe du Parisien libéré, futur auteur d'une biographie de l'acteur, note le film 9/10[14].
Bertrand Dicale, biographe de Louis de Funès, juge que « l'accueil de Jo n'est pas celui d'un grand de Funès », autant sur le plan critique que public[14]. En un an d'exploitation, le film enregistre 1,7 million d'entrées[15]. Au terme de son exploitation en salles, le box-office est de 2 466 966 entrées[16],[17]. Au regard des triomphes habituels de la vedette au box-office, Jo est un succès modéré[13],[17]. C'est un nouveau « semi-échec » pour l'acteur après ceux de L'Homme orchestre et Sur un arbre perché à la même époque, néanmoins compensé par le grand succès remporté par Le Gendarme en balade[17]. Au début des années 1970, Louis de Funès est commercialement dépassé par les jeunes comiques que sont les Charlots et Pierre Richard, avant de reprendre le dessus avec La Folie des grandeurs[18].
Postérité
Le thème musical du film de Raymond Lefebvre, dans sa « version disque », est repris dans le dernier épisode du livre VI de la série télévisée Kaamelott, dédiée à Louis de Funès. Alexandre Astier explique en 2018 : « J'adore ce compositeur et j'ai toujours trouvé cette musique classe. Je l'écoutais pour imaginer une fin. J'aimais beaucoup les arrangements de ce morceau, notamment ceux de la version que j'ai utilisée, qui n'est pas celle du film. Comme je savais que je voulais dédier la série à de Funès, cette musique était parfaite »[19].
Autour du film
- Bien que très important dans l’intrigue, allant jusqu’à donner son nom au titre du film, le personnage de Jo n’apparaît pas. Il s’agit d’une arlésienne.
- Ce film est sorti en DVD pour la première fois en .
- C'est l'un des rares films où un personnage interprété par Louis de Funès tue quelqu'un (ici accidentellement), les autres étant Des pissenlits par la racine[20], La Folie des Grandeurs (où il fait avaler du cyanure à un cuisinier) et Fantômas se déchaîne.
- Alors que son mari vient d'installer dans le salon une sculpture de son cru, Sylvie Brisebard (Claude Gensac) s'empare du téléphone pour appeler le docteur Poussin. Dans le film Oscar, lors de la crise d'apoplexie de Bertrand Barnier (joué par Louis de Funès) après la disparition de sa valise remplie d'argent, Germaine Barnier (jouée par Claude Gensac) téléphone également à un docteur Poussin.
- En , Louis de Funès fut réellement victime d'un maître-chanteur. Celui-ci lui envoya un message de menaces : "Il faut verser 150.000 francs pour aider mon groupe. Vous gagnez trop d'argent dans cet État bourgeois." Puis, par téléphone, il donna rendez-vous à l'épouse de Louis de Funès, le , dans les sous-sols d'une brasserie du boulevard du Montparnasse. La police est prévenue et tend une souricière, mais, prudent, le maître-chanteur, avait envoyé un chauffeur de taxi prendre livraison du paquet renfermant l'argent et réussit donc à s'échapper. Finalement, il fut arrêté le . Il s'agissait d'un certain Jacques Robert, âgé de 34 ans, mythomane, échappé, en 1964, de l'hôpital psychiatrique de Villejuif où il était interné depuis quatre ans et qui, en 1954, avait été jugé et acquitté par la Cour d'assises de Versailles pour avoir tué, à coups de pistolets, son père, industriel à Argenteuil, pour "défendre l'honneur de sa mère, délaissée et bafouée"[21]. C'est ce même Jacques Robert qui en 1974 entra de force dans un studio de RTL avec une arme alors que Max Meynier officiait à l'antenne.
Notes et références
- « Jo » sur le site du CNC.
- Franck et Jérôme Gavard-Perret, « Des annonces publicitaires pour le film Jo, film de Jean Girault (1971) », sur Autour de Louis de Funès (consulté le ).
- Rémi Carémel, « Roger Lumont : Des seconds rôles au doublage », sur La Gazette du Doublage,
- Sylvain Raggianti, Le Gendarme de Saint-Tropez : Louis de Funès, histoire d'une saga, Paris, Flammarion, , 175 p. (ISBN 978-2-08-120327-3), p. 134.
- « Jo (1964) », sur Les Archives du spectacle, .
- Marie-Christine Morosi, « Madame de… », dans Brigitte Hernandez (dir.), Louis de Funès : les secrets d'un génie, Le Point, coll. « hors-série », , 98 p. (ISBN 9791093232805, présentation en ligne), p. 78-81.
- Florent Barraco, « Nos films du dimanche soir : Le Grand Restaurant, un de Funès 3 étoiles », sur www.lepoint.fr, Le Point, (consulté le ).
- Marie-Thérèse Blanc, « Louis de Funès s'octroie un an de congé », Le soir illustré, no 2035, (lire en ligne, consulté le )
- (en) Raymond Lefebvre sur l’Internet Movie Database (consulté le ).
- Franck et Jérôme Gavard-Perret, « Interview de M. Raymond Lefèvre », sur Autour de Louis de Funès, (consulté le ).
- (en) Raymond Lefèvre Et Son Grand Orchestre – Le Casse / Jo sur Discogs, vinyle, 45 tours, 1971.
- (en) Raymond Lefevre Et Son Grand Orchestre – Raymond Lefevre Et Son Grand Orchestre Nº 14 sur Discogs, vinyle, LP, 1971.
- Dicale 2009, p. 410.
- Dicale 2009, p. 409.
- Fabrice Ferment/CNC, « Cote Officielle 1971 », sur www.top-france.fr (consulté le ).
- « Jo », sur www.jpbox-office.com (consulté le ).
- Renaud Soyer, « Jo (1971) », Box-office Louis de Funès, sur www.boxofficestory.com.
- Renaud Soyer, « La Folie des grandeurs », Box-office Louis de Funès, sur www.boxofficestory.com, .
- Jérôme Lachasse, « Dix ans après, Alexandre Astier raconte les coulisses de la fin de Kaamelott », sur people.bfmtv.com, 31 octobre 2019 (octobre 2018) (consulté le ).
- Sylvain Raggianti, Le Gendarme de Saint-Tropez : Louis de Funès, histoire d'une saga, Paris, Flammarion, , 175 p. (ISBN 978-2-08-120327-3), p. 135.
- L'Echo Républicain du 3 septembre 1968 : "Le maître-chanteur de Louis de Funès a eu une vie mouvementée"
Annexes
Bibliographie
- Bertrand Dicale, Louis de Funès, grimace et gloire, Paris, Grasset, , 528 p. (ISBN 978-2-246-63661-8 et 2-246-63661-2, présentation en ligne).
Liens externes
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