La Folie des grandeurs

La Folie des grandeurs est un film franco-hispano-italo-allemand réalisé par Gérard Oury, sorti en 1971.

Pour l'album des musiques du film, voir Bande originale de La Folie des grandeurs.

La Folie des grandeurs
Le chapeau à pompons verts de Don Salluste.
Réalisation Gérard Oury
Scénario Gérard Oury
Danièle Thompson
Marcel Jullian
d'après Ruy Blas de Victor Hugo
Musique Michel Polnareff
Acteurs principaux
Sociétés de production Gaumont
Mars Films
Coral Films
Paramount-Orion Filmproduktion
Pays de production France
Italie
Allemagne de l'Ouest
 Espagne
Genre Comédie historique
Durée 110 minutes
Sortie 1971

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Très librement adapté de Ruy Blas de Victor Hugo, le film raconte, dans l'Espagne du XVIIe siècle, les mésaventures de l'ignoble Don Salluste, cupide et hypocrite ministre des Finances du roi d'Espagne, qui, après avoir été déchu, tente à tout prix de retrouver ses fonctions et sa richesse, en manipulant son ancien valet Blaze.

L'idée d'adapter ce drame romantique en film comique vient à Gérard Oury en 1960, lorsqu'il joue la pièce de théâtre à la Comédie-Française. Le grand succès de ses films Le Corniaud en 1965 et La Grande Vadrouille en 1966 permet à son idée de voir le jour. Bourvil et Louis de Funès, têtes d'affiche des deux films, sont prévus dans les rôles de Blaze et de don Salluste. Après la mort de Bourvil d'un cancer en , et sur suggestion de Simone Signoret, Oury distribue le rôle de Blaze à Yves Montand.

Bénéficiant d'un important budget de 18 millions de francs, cette « superproduction » européenne est tournée en Espagne et en France, notamment dans le somptueux palais de l'Alhambra de Grenade.

La musique du film est composée par le chanteur pop Michel Polnareff, qui parodie les bandes originales des « westerns spaghettis » de l'époque. Conçus par Georges Wakhévitch et Jacques Fonteray, les décors et costumes s'inspirent de l'œuvre du peintre Diego Vélasquez.

Sorti en , La Folie des grandeurs attire plus de 5 millions de spectateurs, un résultat très honorable mais bien inférieur à ceux du Corniaud et de La Grande Vadrouille, décevant pour les producteurs. Il se classe ainsi à la 4e place du box-office français de l'année, loin derrière Les Aristochats.

Bénéficiant avec les années de nombreuses diffusions à la télévision, le film est devenu culte en France. La Folie des grandeurs demeure ainsi célèbre pour ses répliques, avec des scènes comme le réveil de don Salluste par Blaze (et les rimes en « or ») ou le striptease d'Alice Sapritch.

Synopsis

Accroche

Espagne, XVIIe siècle, Siglo de Oro.

Don Salluste (Louis de Funès) profite de ses fonctions de ministre des Finances du roi d'Espagne pour s'enrichir. Mais la reine Marie-Anne de Neubourg, qui le déteste, réussit à le chasser de la cour. Ivre de vengeance, il décide de la compromettre. Son neveu Don César ayant refusé de se mêler au complot, il choisit son valet Blaze (Yves Montand), transi d'amour pour la souveraine, pour tenir le rôle du prince charmant. À force de quiproquos, il ne parvient qu'à attirer sur Blaze les faveurs de la peu avenante Doña Juana (Alice Sapritch).

Résumé

Le carrosse du film, exposé aux abords du circuit de Charade, lors de l'édition 1972 du Grand Prix automobile de France de Formule 1.
La robe de la reine d'Espagne, créée par Jacques Fonteray, lors de l'exposition sur Louis de Funès à la Cinémathèque, en 2020.
La « machine infernale » destinée à l'assassinat du roi, lors de l'exposition sur Louis de Funès à la Cinémathèque, en 2020.

Don Salluste de Bazan est ministre du roi d’Espagne Charles II. C'est un être fourbe, hypocrite et cupide qui collecte lui-même les impôts, qu'il détourne en grande partie à son profit. Il est haï par la population qu'il exploite.

Accusé par la reine Marie-Anne de Neubourg, une belle princesse bavaroise, d'avoir fait un enfant illégitime à une de ses dames d'honneur, il est déchu de ses fonctions et condamné à se retirer dans un monastère. Décidé à se venger en cocufiant le roi qui la répudierait, il entre en contact avec son séduisant neveu, César, devenu brigand, mais ce dernier refusant d'entrer dans sa machination, il le fait capturer par ses sbires et l'envoie comme esclave aux Barbaresques. Il décide alors d'utiliser pour sa vengeance Blaze, son valet récemment congédié et dont il a découvert les sentiments pour la reine : il le fera passer pour César et l'aidera à séduire la reine.

Le jour même de sa présentation à la cour, Blaze déjoue un attentat ourdi contre le roi par les grands d'Espagne. Il s'attire ainsi les faveurs du couple royal, en particulier de la reine qui a un béguin pour lui, et devient rapidement ministre. Suivant de loin l'évolution de la situation, Salluste découvre que les grands ont décidé de se venger de Blaze après qu'il a convaincu le roi de ne plus exempter les nobles de l’impôt. Si Blaze meurt, la machination de Salluste capote.

Lors d’un jeu avec la reine et ses suivantes dans le jardin, Blaze, caché par une haie, s'apprête à déclarer sa flamme à la reine, mais celle-ci se trouve remplacée par la duègne qu’elle a fuie pour éviter son sermon. C’est ainsi que Blaze fait à son insu la cour à Doña Juana, qui reçoit avec enthousiasme cette marque d’intérêt. À son tour, elle révèle son amour ardent, mais Blaze, poursuivi par le devoir, a dû s’éclipser. Ainsi, elle exprime ses sentiments au chien du roi qui a entre-temps remplacé Blaze, qui n’a donc rien entendu.

Salluste sauve de justesse Blaze d’un complot qui visait à le tuer avec un gâteau d’anniversaire empoisonné. Mais, prenant son sauvetage pour une simple faveur de son ancien maître, Blaze est fait prisonnier par Salluste, sans comprendre qu'il sera utilisé dans un complot bien plus ambitieux.

Salluste veut en effet donner un rendez-vous amoureux à la reine au nom de César (Blaze) dans une auberge et les faire surprendre par le roi, endormis dans un lit. Sous les fenêtres du palais, il envoie un cacatoès qui doit répéter un message conçu à cet effet, mais celui-ci va dans la chambre de Doña Juana et c’est elle qui entend le message. Ne sachant ce qu’a dit l’oiseau, Salluste réussit malgré tout à inviter la reine. Celle-ci se rend donc à l’auberge mais est endormie par Salluste qui la met dans la chambre où il a attaché Blaze au préalable.

La situation dégénère pour Salluste avec d’abord le retour du vrai César, échappé des Barbaresques, qui délivre Blaze, puis l'arrivée de Doña Juana dans l'auberge qui, totalement désinhibée, se livre à un strip-tease torride à l'attention de Blaze. Ce dernier, indisposé par ces avances, l’endort grâce au somnifère que Salluste lui destinait. C’est alors que le roi arrive, alerté par une lettre de Salluste lui annonçant son cocufiage. Grâce à l’aide de César, pour sauver la reine et sa propre vie, Blaze fait croire au roi, sous les yeux d’un Salluste désemparé, qu’il est le soupirant de Doña Juana et que la reine est en voyage. En réalité, elle est sous une fenêtre de l’auberge, assoupie sur le toit d’un carrosse en compagnie de César ; Blaze les regarde partir, ému, voyant un autre profiter de son amour.

Finalement le roi envoie Salluste et Blaze aux Barbaresques, le premier à cause de sa lettre calomnieuse, le second préférant subir ce sort plutôt qu'épouser Doña Juana. Mais cette dernière est prête à suivre Blaze jusqu’au bout du monde…

Fiche technique

 Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par la base de données IMDb.

Distribution

Liste des membres de la distribution du film, sur le planning de tournage.
Non crédités

Genèse

Gérard Oury dans Ruy Blas à la Comédie-Française

Se déroulant à Madrid en 1696, le drame romantique de Victor Hugo a pour héros Ruy Blas, valet du grand d'Espagne don Salluste de Bazan, Ministre de la Police du Royaume[5]. Disgracié par la reine pour une affaire de mœurs et condamné à l'exil, don Salluste veut se venger. Il fait appel à son cousin don César de Bazan, noble dévoyé, devenu brigand, mais qui refuse de séduire la reine pour la compromettre. Après avoir enlevé don César, vendu comme esclave, Salluste se tourne vers son valet Ruy Blas, « ver de terre amoureux d'une étoile », épris de la reine, qui ne peut qu'accepter, sans savoir qu'il est au centre d'un complot machiavélique[5]. Introduit à la cour sous l'identité de don César de Bazan, Ruy Blas parvient à séduire la reine, délaissée par le roi. Don Salluste revient alors que Ruy Blas a été haussé au premier rang du pouvoir par la reine[5]. Il piège la reine dans les appartements de Ruy Blas afin de la contraindre à renoncer à son mariage et à la couronne[5]. Après plusieurs péripéties, Ruy Blas assassine Salluste puis se suicide[5].

Gérard Oury, acteur dans La Fille du fleuve (1955).

En 1960, Gérard Oury commence son activité de réalisateur (en tournant La Main chaude et La Menace) et termine sa carrière de comédien de théâtre sur un rôle prestigieux puisque le metteur en scène Raymond Rouleau fait appel à lui pour interpréter don Salluste dans Ruy Blas à la Comédie-Française[6],[alpha 1],[note 3]. Il devient ainsi pensionnaire du « Français » pour la seconde et dernière fois, après l'avoir été en 1939, pour une représentation de Britannicus[alpha 1], en remplacement d'un comédien mobilisé.

En coulisses, l'ambiance est tendue[6],[alpha 1]. Les sociétaires de la Comédie-Française n'apprécient pas que Raymond Rouleau ait imposé un acteur venu de l'extérieur, « de surcroît metteur en scène de cinéma », pour tenir ce rôle que pourraient jouer avec brio des acteurs du « Français »[alpha 1],[note 4]. La troupe s'oppose également à la dérogation dans son contrat d'engagement qui l'autorise à quitter la pièce au bout de seulement six mois, pour partir réaliser son troisième film, car cela leur est interdit par le décret dit « de Moscou », sauf autorisation expresse de l'administrateur[alpha 2]. Enfin, l'interprète de don César de Bazan, Robert Hirsch, quitte avec fracas les répétitions près d'une semaine avant la présentation au public de la pièce, à la suite de tensions avec le metteur en scène[6],[alpha 2],[alpha 3]. Par voie de presse, Robert Hirsch rend Gérard Oury responsable de son départ[6], alors que les deux acteurs ne se côtoient que lors de deux scènes très courtes[alpha 4]. Se sentant « à la fois bouc émissaire et dindon de la farce », Oury se rend dans le bureau de l'administrateur Maurice Escande pour déposer sa démission mais celui-ci le convainc de rester[alpha 4]. À la sortie du bureau, Oury rencontre Hirsch et tous deux en viennent aux mains[6],[alpha 4],[alpha 3]. Finalement, la première de Ruy Blas a lieu sans problèmes, en présence du président de Gaulle et du ministre de la Culture Malraux[alpha 5]. Raymond Rouleau a remplacé Robert Hirsch par Jean Piat[6],[7],[alpha 3], qui se révèle très bon dans le rôle de don César[alpha 2],[alpha 6].

Gérard Oury interprète un don Salluste « un peu triste, hiératique, très digne » mais l'idée de détourner en comédie ce drame de Victor Hugo lui vient[alpha 3],[6]. La trame de la pièce apparaît à l'acteur-réalisateur comme « un sujet de comédie formidable, avec des chausse-trapes, des portes qui s’ouvraient et se refermaient, donnant un arsenal comique digne de Feydeau »[8],[alpha 3] :

« À chaque représentation, pendant l'acte II dont je ne suis pas, ou tandis que mort j'attends de me relever, je pense qu'on pourrait faire de ce drame une irrésistible comédie : quiproquos valet-maître, maître déguisé en laquais, duègne foldingue, Barbaresques chez lesquels Salluste expédie son cousin César, maison truquée, reine d'Espagne somme toute complètement idiote. Et ce Salluste, pourquoi toujours le faire jouer en troisième couteau ? Moi, je le distribuerais à un acteur comique, Louis de Funès par exemple. Je sais, il est inconnu mais il a du génie, on s'en apercevra bientôt. Je m'amuse au jeu des titres. (…) Ruy Blaze avec un Z ? Les Sombres Héros ? (Sombréros !) Ou tiens, pourquoi pas : La Folie des grandeurs ? »

 Gérard Oury, 1988[6],[alpha 7].

Succès comiques avec Bourvil et Louis de Funès

Après trois films dramatiques passés inaperçus, Gérard Oury obtient le succès en tant que réalisateur avec Le Corniaud, son premier film comique, en 1965. Réussite artistique et commerciale, le film réunit Bourvil et Louis de Funès, qui s'étaient déjà côtoyés durant de courtes scènes dans les films Poisson d'avril, Les Hussards et La Traversée de Paris, dans les années 1950. Le Corniaud consolide la célébrité de Louis de Funès acquise tardivement en 1964 grâce aux films Le Gendarme de Saint-Tropez et Fantômas et ajoute un succès populaire de plus à la carrière de Bourvil. Alors que son producteur Robert Dorfmann l'incite à faire rapidement un nouveau film avec les deux acteurs, Oury repense à un vieux projet de scénario abandonné qu'il avait raconté à Bourvil et de Funès durant le tournage du Corniaud, et s'oriente vers le projet de La Grande Vadrouille, un road movie comique se déroulant sous l'Occupation allemande[alpha 8],[alpha 9]. Le triomphe se réitère car, à sa sortie en 1966, La Grande Vadrouille dépasse, à la surprise de tous, les résultats commerciaux déjà extraordinaires du Corniaud.

Après ces deux succès consécutifs, Gérard Oury, Bourvil et Louis de Funès ont envie de retravailler ensemble et un troisième film du trio est naturellement très attendu par le public, les producteurs, les exploitants de salles et la presse[alpha 10]. Lors d'un interview à la sortie de La Grande Vadrouille, Bourvil esquisse une idée sur un possible prochain film, finalement jamais exploitée : « Je voudrais faire avec Louis un film musical. Il a été pianiste avant d'être comédien. Moi, je suis chanteur. Je suis sûr que nous pourrions faire quelque chose de drôle. »[alpha 10]. En réalité, Gérard Oury propose à la même période aux deux acteurs son adaptation comique de Ruy Blas, à laquelle il pense depuis six ans, et où il verrait Louis de Funès en don Salluste et Bourvil en Ruy Blas[alpha 11]. Les deux comédiens acceptent avec enthousiasme[alpha 12].

« J'avais alors pensé après la sortie de La Grande Vadrouille à Louis pour interpréter don Salluste, la “belle saloperie” qu'il me demande toujours de lui concocter : “Je t'en prie, insiste-t-il, ponds-moi une belle saloperie, un type arrogant avec les pauvres, qui les humilie, les pressure et tout de suite après s'aplatit devant les puissants.” Une des vertus de l'acteur-de Funès est de pouvoir se comporter de façon odieuse sans jamais être antipathique, aptitude permettant de traiter tous les vices et naturellement d'en rire. De son côté, Bourvil incarnerait à merveille ce valet pas si bête rêvant de faire cocu le roi d'Espagne. Quand je fais part de mes projets à mes deux amis, ils sautent au cocotier. D'accord nous ferons ensemble le troisième “Bourvil-de Funès”. Si Dieu le veut. »

 Gérard Oury, 1988[9],[alpha 12].

Cependant, le réalisateur désire avant cela tourner un autre film, Le Cerveau, sur lequel il travaille à partir du printemps 1967[alpha 13]. Il associe cette fois-ci Bourvil au jeune Jean-Paul Belmondo[alpha 12]. Son ami Alain Poiré, qui avait refusé Le Corniaud, ne rate pas cette fois-ci l'occasion de produire un succès annoncé, et produit le film pour la Gaumont[alpha 13]. Comme pour Le Corniaud et La Grande Vadrouille, le scénario est co-écrit par Oury, sa fille Danièle Thompson et l'écrivain Marcel Jullian[alpha 13]. Pour ce film de casse comique à grand spectacle, le cinéaste bénéficie, grâce à ses deux précédentes réussites, de moyens considérables  30 millions de francs, le plus important budget alors réuni pour un film français[10]  et d'une distribution internationale prestigieuse[alpha 13]. Sur le tournage, en 1968, il parle à Bourvil de son Ruy Blas parodique, et de son rôle de « Blaze »[alpha 14]. Sorti en , Le Cerveau est également un succès, cependant moindre que les deux premiers films[alpha 15],[alpha 10].

Production

Scénario

Les auteurs du film rendent hommage avec humour à Victor Hugo en précisant, dans le générique, que même si « Toute ressemblance avec les personnages d'un célèbre drame ne serait que l'effet d'une fâcheuse coïncidence », ils le remercient pour sa « précieuse collaboration ».

Choix des acteurs

Karin Schubert dans un western italien en 1973.

Bourvil est initialement prévu pour le personnage de Blaze, mais sa mort contraint la production à lui trouver un remplaçant. Gérard Oury et Danièle Thompson rapportent, dans le film documentaire La Folle Heure des grandis, que l'idée de donner le rôle de Blaze à Yves Montand leur fut suggérée, lors d'une soirée mondaine, par Simone Signoret, épouse de l'acteur. Les scénaristes (Oury, Thompson et Jullian), d'abord circonspects, réécrivent complètement l'adaptation en fonction de la différence de personnalité des deux acteurs successivement prévus pour incarner le personnage de Blaze.

« J'avais conçu pour Bourvil un rôle de valet de comédie genre Sganarelle. Montand sera plus proche de Scapin[alpha 16]. »

 Gérard Oury.

Un acteur jouant l'un des grands d'Espagne est lui-même noble : don Jaime de Mora y Aragón, qui incarne Priego, est le fils de l'authentique marquis de Casa Riera et, par ailleurs, frère de la reine des Belges, Fabiola.

Tournage

La Folie des grandeurs a été tournée en Espagne (Barcelone, Grenade, Madrid, Pedraza, Séville, Tolède) et aux studios Franstudio, à Saint-Maurice dans le Val-de-Marne (France).

Bertrand Dicale, biographe funésien, pense que le tournage serait celui d'un film d'Oury où « de Funès [a manifesté] le moins évidemment sa liberté d'invention par rapport au scénario », dont il a de toute façon suivi toute l'écriture[alpha 17].

Désert de Tabernas, à Almería

Les scènes dans le désert ont été tournées dans le désert de Tabernas, dans la province d'Almérie.

Les scènes du bagne des barbaresques sont également tournées près d'Almería, dans une partie du désert de quelques hectares dépourvue de végétation, aride et ensablée, semblable au Sahara[alpha 18], à Cabo de Gata. David Lean y avait tourné Lawrence d'Arabie dix ans plus tôt, notamment la scène de l'attaque du train[alpha 19]. De grandes dunes cachent l'horizon[alpha 19] mais les points de vue sans mer et sans habitations sont peu nombreux[alpha 18]. Le décorateur Georges Wakhévitch doit construire une énorme noria, en plein désert : la « grande roue de bois tourne sur son axe, puise l'eau avec ses multiples cruches de terre et irrigue » une pousse de palmier[alpha 19]. Une citerne est construite pour stocker l'eau que la noria doit puiser : des pelles excavatrices sont acheminées sur les lieux puis des maçons cimentent les bords de la citerne[alpha 19]. Environ 35 m3 d'eau doivent être contenus dans la citerne mais le problème est que le transport d'eau dans la zone, par camions-citernes, est très coûteux[alpha 19]. Les décorateurs constatent, le lendemain du travail des maçons, que, par chance, la citerne s'est remplie toute seule grâce à l'infiltration de l'eau de mer, évitant ainsi d'importantes dépenses. Sans aucune intervention, le niveau de la citerne reste constant tout le long du tournage, à la grande joie de Georges Wakhévitch[alpha 19].

Le tournage est fortement perturbé par le climat de la région puisqu'une pluie torrentielle s'abat durant plusieurs jours, immobilisant longuement l'équipe, les acteurs, les trois cents figurants ainsi que la ménagerie de chevaux et de chameaux, en attente d'une éclaircie[6],[alpha 20],[alpha 21]. Un nouveau problème survient quand la pluie s'arrête : de l'herbe se met à pousser dans le sable du désert, à la grande stupéfaction des locaux eux-mêmes[alpha 22]. L'endroit perd alors son côté aride et désertique, ce qui est très dérangeant pour le film, surtout pour les scènes du camp des barbaresques[alpha 22]. La production engage donc des équipes spéciales composées d'habitants des alentours pour désherber le désert, lui redonnant ses airs de Sahara[6],[alpha 22],[alpha 21].

Grenade et le palais de l'Alhambra

Lors de la partie de colin-maillard, Blaze pousse la duègne dans ce bassin des jardins du Partal de l'Alhambra, pour se débarrasser d'elle.

Avec ces intempéries, le tournage prend un grand retard et le départ pour Grenade se fait plus tard que prévu[alpha 22]. À Grenade, le tournage se déroule principalement dans l'Alhambra, somptueux ensemble de plusieurs palais datant de la présence musulmane en Espagne, du VIIIe au XVe siècle. Un très grand froid règne alors à Grenade, surprenant même les Grenadins, qui disent « n'avoir pas vu un temps pareil depuis cinquante ans »[alpha 22]. Le froid rend mornes les célèbres jardins de l'Alhambra et l'équipe est contrainte de planter des fleurs artificielles pour leur redonner des couleurs, en plein mois de mai[alpha 22]. La plupart des figurants sont des étudiants de l'université alors en vacances et le retard causé par le mauvais temps fait craindre à l'équipe de perdre ces nombreux figurants, la reprise des cours s'approchant[alpha 22].

Dans la cour circulaire intérieure du palais de Charles Quint est tournée la scène dans laquelle le roi et « don César » perçoivent l'impôt, auprès des grands d'Espagne[11]. La partie de colin-maillard entre la reine et ses courtisanes, interrompue par l'arrivée de « don César », a lieu dans la cour des Lions, dans les palais nasrides de l'Alhambra[12]. Le régisseur Jean Pieuchot rapporte que le tournage de cette scène fut dur pour Karin Schubert : « Gérard Oury a rapidement eu des intentions à son égard mais elle est restée indifférente. Gérard lui a fait un peu payer cette histoire en étant parfois assez méchant avec elle. Par exemple, Oury avait fait venir un grand chapelier [Jean Barthet] qui avait déposé de petites fleurs dans les cheveux de la comédienne pour le tournage [de la scène]. Dès que Karin Schubert bougeait, les fleurs tombaient. Ce n'était pas de sa faute bien sûr mais Gérard l'engueulait. J'ai vu avec des accessoiristes qui ont réglé ce problème de fleurs et la scène a pu être tournée[13] ».

Pour se débarrasser de la duègne, Blaze la pousse dans un bassin réfléchissant la tour des Dames, dans les jardins du Partal. Le tournage de la scène est très éprouvant pour Alice Sapritch, qui supporte un poids de 20 à 30 kg selon les prises, avec sa robe et son apparat de jupons, sa coiffe pyramidale, ses bijoux et, quand elle s'assied pour écouter « don César », des réservoirs d'eau et 60 m de tuyaux percés de centaines de trous sous sa robe, pour que l'eau gicle en plein de petits jets[alpha 23],[alpha 24]. Pierre Durin, spécialiste des truquages, met en scène un système pour réchauffer l'eau dans laquelle chute Alice Sapritch pour faciliter le tournage à l'actrice : sous une cloche sont versés des centaines de litres d'eau chaude et la cloche doit être retirée peu avant que ne soit lancé le « Action ! », rendant l'eau plus chaude durant quelques dizaines de secondes[alpha 23],[note 5]. Le stratagème s'avère inefficace et Sapritch est condamnée à tomber dans de l'eau glacée[alpha 23]. En revanche, lorsqu'elle tourne la discussion avec Blaze derrière la haie, elle est arrosée durant toute une journée avec des arrosoirs d'eau tiède[alpha 23]. Après avoir précipité la duègne dans le bassin, Blaze retrouve la reine dans le patio du Canal (patio de la Acequia), dans les jardins du Généralife, palais d'été des princes Nasrides[12].

Le , la compagne de Gérard Oury, l'actrice Michèle Morgan, qui le suit régulièrement sur ses tournages, quitte Grenade pour aller présider la 24e édition du Festival international du film à Cannes[alpha 25]. L'équipe tourne également dans la ville, devant la chapelle royale de Grenade et le palais de la Madraza (en), quelques plans montrant le roi chevauchant en direction de l'auberge de la Cabeza Negra pour y surprendre la reine dans les bras de « don César »[14].

Isla Mínima del Guadalquivir, près de Séville

L'équipe se déplace dans la province de Séville pour tourner les scènes de l'anniversaire piégé de Blaze dans une propriété proche du village de La Puebla del Río[11]. Le lieu, aux décorations riches et typiques[15], sert de décor pour la propriété du marquis de Priego, où les conspirateurs ont organisé une fête d'anniversaire piégée pour « don César », qu'ils veulent tuer[11]. Appartenant à José Maria Escobar, la propriété, nommée « Isla Mínima del Guadalquivir », est encerclée par les marais du Guadalquivir et a pour vocation l'élevage de toros de « tienta »[15],[16]. Le tournage a notamment lieu dans la cour et dans la petite arène de la propriété[11]. Les scènes nécessitent notamment un taureau de 500 kg, que Priego lance aux trousses de Salluste et Blaze dans l'arène[17]. Durant le tournage, Louis de Funès et Yves Montand logent au luxueux hôtel Alfonso XIII à Séville[18].

Yves Montand réalise des combats à l'épée, lorsque Blaze déjoue la tentative d'empoisonnement par la pièce montée. Ensuite, Montand et Louis de Funès lancent des assiettes en étain sur les grands d'Espagne. Le coordinateur des combats et cascades Claude Carliez reconnaît que les deux acteurs étaient très habiles car il s'agissait de « marier vitesse et précision : de tels projectiles ont un poids certain et peuvent faire mal à ceux qui les reçoivent et puis, il faut trouver le tour de main pour qu'ils filent parallèlement au sol »[alpha 26].

Studios Roma, Madrid et ses environs

L'équipe rejoint ensuite Madrid, où se situe la base de production[alpha 27],[note 7]. Le tournage a lieu dans les villes proches ainsi que dans les studios Roma[alpha 27],[note 8]. Le tournage dans de vieilles rues de Madrid, prévues comme décors extérieurs, s'avère finalement impossible à cause des antennes de télévision, fils électriques et autres équipements contemporains difficiles à cacher et sources d'anachronismes[alpha 27]. Les décorateurs se voient donc obligés d'« édifier tout un complexe de places, de ruelles et de patios » sur les plateaux des studios Roma[alpha 27].

Arrivée à San Lorenzo de El Escorial, l'équipe se voit refuser l’autorisation de tourner à l’intérieur de l'Escurial, malgré les promesses qui leur avaient été faites auparavant[6],[alpha 27],[19]. Le décorateur Georges Wakhévitch est donc contraint de construire des répliques à échelle plus réduite des salles du palais, sur les plateaux des studios Roma et, plus tard, des studios Franstudio en France[6],[alpha 27]. Il reproduit notamment la salle du trône (à Franstudio) et la bibliothèque de l'Escurial.

« (…) les producteurs ont manqué de bonne foi. On nous a dit : « l'Escurial, vous allez l'avoir, on va y tourner. Pas de problèmes, je connais tout le monde ». Nous commençons donc à faire notre plan de travail, dans lequel il y avait un grand trou : « Tournage à l'Escurial ». Le studio n'est pas prévu. La main-d'œuvre non plus. Le jour où nous arrivons là-bas pour organiser le tournage, le directeur nous répond : « Moi, vous laisser tourner ici ? Pour que je perde 300 000 touristes par jour ? Il n'en est absolument pas question ! Tourner dans les jardins ? Impossible, et d'abord ils sont abîmés… ». Le producteur revient penaud : « Alors, qu'est-ce qu'on fait ? Georges, tu peux nous sauver ? Tu sais, on tourne dans huit jours et je n'ai pas de décors… » Alors on construit. Comme des dingues. Jour et nuit. On se jette sur les planches à dessin. On étudie. On construit comme des fous. Il faut quand même que nous arrivions à un beau résultat, non ? On ne peut pas faire l'Escurial n'importe comment. Et on s'est débrouillé. »

 Georges Wakhévitch, 1982, pour Positif[19].

L’une des rares scènes tournées à l'Escurial est l'arrivée du roi de retour de la chasse en son château, filmée sur la place faisant face à l'édifice[20]. La scène d'ouverture — montrant la récolte des impôts par don Salluste — et quelques autres scènes sont tournées sur la Plaza Mayor de Pedraza, dans la province de Ségovie, un bourg médiéval très apprécié par les réalisateurs, dont Orson Welles, qui y a filmé Falstaff et Une histoire immortelle[20]. Des scènes sont tournées à Tolède, au musée Santa Cruz, dont notamment quelques plans d'Yves Montand descendant un escalier de pierre en courant pour empêcher l'attentat contre le roi[21], et dans la cour intérieure de l'hôpital de Tavera[22], pour les plans de l'arrivée du roi, montés avec ceux tournés devant l'Escurial[note 9].

L'effeuillage d'Alice Sapritch

Le est tournée la scène de l'effeuillage de doña Juana devant Blaze dans le décor de l'auberge de la Cabeza Negra[alpha 28], sur le plateau A des studios Roma. Alice Sapritch réalise elle-même le strip-tease, grâce aux leçons dispensées par Sophia Palladium au Crazy Horse ; malgré ces cours, Sapritch n'arrive pas à exécuter un des mouvements, un « petit coup de cul donné vers l'arrière »[alpha 28]. Elle n'arrive pas à trouver « la bonne expression du fessier, à la fois bravache, aguichante et décidée »[alpha 23]. Après plusieurs essais infructueux, Sophia Palladium est finalement appelée de Paris : arrivée par le premier avion à Madrid, elle tourne en gros plan les moments du strip-tease que Sapritch n'arrivait pas à réaliser. Grâce au montage, les plans où Alice Sapritch est doublée par Sophia Palladium sont très difficiles à discerner : pour Gérard Oury, « il y a certes une différence de gabarit entre le menu fessier de la jeune Sophia et l'arrière-train plus conséquent de notre chère Alice, mais une fois le plan monté, une chatte n'y reconnaîtrait pas ses petits ! »[alpha 28]. Il signale d'ailleurs, dans le film documentaire La Folle Heure des grandis, le moment précis où l'on peut remarquer l'amincissement subit de la taille de la duègne, dont on n'aperçoit plus le visage mais seulement la « croupe » (selon ses propres termes)[23].

« Beaucoup se souviennent de l'« inénarrable » strip-tease de Sapritch. Pour la déshabiller, il fallait d'abord l'habiller et que son « effeuillage » ne soit pas indécent. Elle se sent belle et follement amoureuse de Montand. Elle se rend à l'auberge où elle croit au rendez-vous galant qu'il lui a fixé, alors qu'il s'agit d'un piège diabolique. Et le quiproquo s'ensuit. J'ai pris beaucoup de plaisir à tourner ces scènes. »

 Gérard Oury, 1999[alpha 29].

Des années plus tard, Alice Sapritch dément avoir été doublée[24], notamment dans Les Grosses Têtes en 1985[25], et parfois même entraînée par Sophia Palladium. Elle dit avoir fait croire à la production qu'elle suivait bien les cours de la strip-teaseuse professionnelle mais qu'en réalité elle les séchait et que, le jour du tournage, elle était tout simplement « très inspirée pour tortiller son cul » [sic][26]. Elle traite notamment de cet épisode, de son point de vue, dans Mémoires inachevés, ses mémoires parus en 1990[alpha 30].

Scènes de rue risquées
Les anciens studios Roma à Madrid, aujourd'hui siège de la chaîne berlusconienne Telecinco.

Retour en France

L'équipe et les acteurs rentrent ensuite en France, principalement pour tourner dans les studios Franstudio, à Saint-Maurice.

Le tournage s'achève avec du retard, en [27].

Scènes « physiques »

Le coordinateur des combats et cascades Claude Carliez reconnaît qu'Yves Montand avait « un sens inné des déplacements, de l'équilibre, de la volte » et qu'il était « performant pour toutes les scènes d'action voulues par Gérard Oury : il avait la bonne résistance respiratoire et la souplesse nécessaire »[alpha 31]. Ce n'est pas l'avis de l'acteur qui, à propos d'une séquence assez physique tournée à Pedraza, où il court après le carrosse de don Salluste et saute sur l'essieu arrière, a écrit :

« Physiquement, tu peux être vraisemblable en tant que valet, avoir une certaine justesse de corps, comme j'ai la prétention de l'avoir encore aujourd'hui, mais tu te rends compte que tu ne bouges plus comme tu crois. Tu ne bouges plus à cinquante ans comme à trente-cinq, je m'en suis rendu compte tout de suite. Quand on a tourné la scène du début du film où je dis : « Vous savez, c'est un carrosse qui est un peu bancal, il risque de perdre beaucoup de choses », pour faire comprendre que j'ai scié le fond du carrosse et que l'argent va tomber. Le carrosse part et je le rattrape en courant, et c'est là qu'on s'aperçoit que le personnage ne court pas, que je ne cours pas en fonction de la silhouette, qui est relativement jeune. Le personnage devait, aurait dû « voler » et là je suis lourdaud. Tu t'en aperçois en regardant le film que tu ne donnes pas du tout l'impression que tu voulais. »

 Yves Montand, Montand raconte Montand, 1988-1990[alpha 31].

Relations entre Louis de Funès et Yves Montand

Louis de Funès et Yves Montand s'entendent très bien au cours du tournage[alpha 17]. Ils ont d'ailleurs tous deux besoin de beaucoup de prises pour être bons, ce qui les fait travailler au même rythme (ce n'était pas le cas avec Bourvil, bon dès les premières prises mais s'affaiblissant aux suivantes)[alpha 17]. En revanche, comme cela se passait avec Bourvil, ils élaborent parfois ensemble des idées de gags qu'ils soumettent ensuite à Gérard Oury[27]. Ayant des opinions politiques opposées, ils évitent tout simplement ce sujet : Patrick de Funès, fils de Louis, explique que « Montand était obnubilé par une rhétorique socialo-communiste hermétique au commun des mortels : « Le pire, c'est qu'il est sincère, il y croit à ses histoires, disait mon père. C'est vraiment casse-bonbons ». »[alpha 32].

Bande-originale

Gérard Oury a confié la bande originale du film à Michel Polnareff. Le style musical est donc en décalage total avec l'époque à laquelle se situe l'intrigue et se rapproche plutôt, par certaines sonorités, des westerns spaghetti de l'époque.

Accueil

Sortie et promotion

Le cinéma Gaumont Ambassade[28], où se déroula la première de La Folie des grandeurs en décembre 1971.

La première de La Folie des grandeurs a lieu le au Gaumont Ambassade, cinq ans jour pour jour après celle de La Grande Vadrouille dans ce même cinéma qu'Oury appelle, dorénavant, son « cinéma fétiche »[alpha 33].

Accueil critique

Les critiques positives saluent principalement la richesse comique du scénario ainsi que l'aspect esthétique et l'étendue des moyens dont a disposé le film, Robert Chazal, dans France-Soir, résumant La Folie des grandeurs comme du « Feydeau chez Vélasquez »[alpha 34]. Pour Claude Garson, dans L'Aurore, « dans le genre farces et attrapes on a fait rarement mieux »[alpha 34]. Michel Duran, dans Le Canard enchaîné, qualifie le long-métrage de « cinéma de divertissement, de la bonne grosse blague, avec tous les trucs, les farces et attrapes imaginables et réalisable à coups de millions »[alpha 34]. Pour L'Humanité Dimanche, La Folie des grandeurs est un « film riche dans un cinéma pauvre qui doit, coûte que coûte, arracher le spectateur à son fauteuil-télé ». De plus, le journal se réjouit que le film soit distribué dans « 120 salles en même temps (expérience sans précédent), et bénéficie d'une publicité adéquate. C'est une façon comme une autre de « violer » le public en lui redonnant le goût de retourner dans les salles obscures »[alpha 34]. En effet, la télévision commence à cette époque à détourner sérieusement les spectateurs potentiels des salles de cinéma.

Dans L'Express, François Nourissier livre une lecture du personnage incarné par Louis de Funès : « À son habitude, il éructe, vibrionne, trépigne, gargouille, couine, raille, grince, rampe, courtise, terrorise et même, et surtout : il rêve… Ministre tout-puissant ou concussionnaire ruiné, Salluste ne fait que rêver. Selon les moments : d'or, de vengeance, de complots ou de nouvelles grandeurs »[alpha 34]. Il note, à propos du réalisateur et de son acteur : « Permettre à un monstre bientôt sacré de gravir un nouveau degré dans son escalade de lui-même et de la bouffonnerie, c'est une ambition honorable »[alpha 34]. Mais la plupart des critiques ne s'attardent guère sur Louis de Funès pour plutôt développer sur la finesse et l'efficacité de jeu d'Yves Montand, acteur beaucoup mieux vu par la critique grâce à ses films dits « sérieux »[alpha 34]. Ainsi, pour Georges Charensol, dans Les Nouvelles littéraires, Yves Montand « n'est pas du tout écrasé par son partenaire Louis de Funès ; ce qui, vous le devinez, constitue une sorte d'exploit »[alpha 34],[alpha 35]. À l'inverse, The New York Times loue le personnage et la richesse comique de Louis de Funès tandis qu'il juge Montand pas à l'aise dans ce rôle et mal mis en valeur[29].

La prestation comique et insolite d'Alice Sapritch est également remarquée[alpha 35], notamment par son ami Jean-Louis Bory qui écrit, dans Le Nouvel Observateur du  : « Elle se ravage elle-même, offrant de son amour fou une caricature tragiquement désopilante dont Alice Sapritch réussit à donner la double tonalité tragique et bouffonne. Son extravagant strip-tease (…) pousse au premier plan un burlesque dévastateur »[alpha 36]. Par ailleurs, La Folie des grandeurs marque le retournement de Bory, jusqu'alors très violent envers les films de De Funès et ceux d'Oury ; il trouve, cette fois-ci, qu'ils ont amélioré leur comique et apprécie les quelques piques politiques du film[alpha 37] :

« L'humour, le comique, le burlesque n'ont pas grand-chose à voir et encore moins à faire avec la bonne humeur, la gentillesse, l'optimisme béat. C'est même le contraire. Voilà le genre de vérités premières qu'il ne faut pas se lasser de répéter. La preuve : il semble que Gérard Oury prête enfin l'oreille. La Folie des grandeurs a un autre ton que La Grande Vadrouille ou Le Corniaud (…) Ce qui sonne neuf, dans cette marchandise de poids offerte à la consommation des foules, c'est son agressivité latente, un irrespect sournois, dont se gardaient bien, comme de la peste, les précédentes production de Gérard Oury (…) Le numéro de polichinelle fulminant toujours prêt à rosser quelqu'un — à quoi Louis de Funès nous a habitués — cesse d'être boulevardier : il est insensé. La méchanceté de son personnage de politicien ambitieux, ministre prévaricateur et intrigant, buveur de la sueur du peuple, échappe à la monotonie pour imposer une image démesurée de la rapacité féroce, de l'ambition trépignante. »

 Jean-Louis Bory[alpha 37].

Dans Combat, Henry Chapier salue la satire de nombreux aspects de la société contemporaine que l'on retrouve à travers le film :

« La surprise est de taille. On nous parlait d'une comédie inspirée de Victor Hugo, d'une Espagne sortie des tableaux de Vélasquez, d'un délire à la Cecil B. DeMille. De quoi imaginer à la fois le meilleur et le pire. Ce que l'on découvre dans cette Folie des grandeurs. est beaucoup plus personnel et inattendu : un conte voltairien issu de l'imagination d'un homme bien né, c'est-à-dire d'un être libre, au zénith de son pouvoir d'expression. Pour une fois Gérard Oury, veut bien se raconter lui-même et non seulement faire rire. (…) Le scénario (…) est habité par l'esprit de notre temps. Les contradictions, les injustices, les cocasseries de notre société, on les retrouve illustrées avec espièglerie dans ce film frondeur qui sait pratiquer la satire sans hargne ni méchanceté. (…) Il restait, entre les slogans contestataires ou une amertume à la Jean Anouilh, une voie à trouver : non pas celle du rire farceur, mais celle du sourire malicieux et railleur. »

 Henry Chapier, Combat, [alpha 34].

Pour la plupart des critiques négatives, la richesse scénaristique et esthétique du film, très travaillé en amont, étouffe quelque peu le rire. Louis Chauvet, dans Le Figaro, trouve la prestation de Louis de Funès décevante, car manquant d'improvisations : « un peu gêné aux entournures, [il] ne présente pas ici des morceaux de bravoure délirants mais (…) fait à point nommé ce qu'on attend de lui »[alpha 38]. D'après lui, « les inconditionnels de Louis de Funès riront à tout coup, au-delà des inconditionnels, mystère »[alpha 34]. Jean de Baroncelli, dans Le Monde, craint que la richesse esthétique du film ne soit un frein au comique : « Le cadre n'est-il pas trop lourd pour ce qu'il renferme ? (…) Le plus beau feu d'artifice du monde a besoin, pour exploser, d'une petite étincelle. Cette petite étincelle dont la lueur n'est pas toujours perceptible dans cette Folie des grandeurs qui, pour le reste, a tout pour plaire »[alpha 38],[note 10].

Dans le Télérama du , la critique négative de La Folie de grandeurs reproche notamment à Gérard Oury de « faire dans le commercial et le populaire »[note 11]. Dans le même numéro, le réalisateur répond dans une interview qui lui est consacrée : « Commercial ? Cet adjectif stupide me fait bondir ! Il ne signifie rien sinon que le public va voir ces spectacles. Quelle est l'ambition d'un auteur depuis Euripide jusqu'à Anouilh ou Pinter ? Qui rêve de jouer ses œuvres devant des chaises vides ? (…) Faire des films à messages est une mode. Moi, je n'ai qu'un message, celui du rire. Quand les hommes rient, ils ne sont pas méchants »[alpha 38],[alpha 35].

Box-office

Pays Box-office Nbre de semaines Classement TLT[30] Source
Box-office France5 563 160 entrées--
Box-office Paris917 949 entrées-16 sem.
Box-office détaillé des premières semaines d'exploitation du film, semaine par semaine, sur Paris-périphérie
Sources : Box-office Paris hebdomadaire 1971 et 1972 sur Box Office Story
Semaine Rang Entrées Cumul no 1 du box-office hebdo.
1 au 2e 117 998 117 998 entrées Les Aristochats
2 au 4e 103 595 235 996 entrées Les Aristochats
3 au 3e 134 254 370 250 entrées Les Aristochats
4 au 3e 120 945 491 195 entrées Les Aristochats
5 au 3e 73 058 564 253 entrées Les Bidasses en folie
6 au 3e 64 181 628 434 entrées Les Bidasses en folie
7 au 3e 53 164 681 598 entrées Le Viager
8 au 5e 41 362 722 960 entrées French Connection
9 au 5e 37 354 760 314 entrées French Connection
10 au 7e 42 796 803 110 entrées Il était une fois un flic
11 au 6e 34 701 837 811 entrées Il était une fois un flic
12 au 10e 24 640 862 451 entrées Il était une fois un flic
Box-office détaillé des premières semaines d'exploitation du film, semaine par semaine, en France
Sources : BO Hebdos 1971 et BO Hebdos 1972 sur Les Archives du box-office
Semaine Rang Entrées Cumul no 1 du box-office hebdo.
1 au 3e 120 939 120 939 entrées Les Aristochats
2 au 2e 340 564 1 207 740 entrées Les Aristochats
3 au 2e 1 060 206 2 625 122 entrées Les Aristochats
4 au 1er 333 714 1 855 423 entrées La Folie des grandeurs
5 au 1er 351 804 2 207 227 entrées La Folie des grandeurs
6 au 2e 280 858 2 488 085 entrées Les Bidasses en folie
7 au 2e 248 972 2 737 057 entrées Les Bidasses en folie
8 au 2e 188 695 2 925 752 entrées Les Bidasses en folie
9 au 4e 158 761 3 084 513 entrées Les Bidasses en folie
10 au 5e 160 644 3 245 157 entrées Les Bidasses en folie
11 au 5e 144 415 3 389 572 entrées Les Bidasses en folie
12 au 7e 97 030 3 486 602 entrées Les Bidasses en folie
13 au 6e 104 991 3 591 593 entrées Les Bidasses en folie
14 au 6e 94 532 3 686 125 entrées Les Bidasses en folie
15 au 7e 68 160 3 754 285 entrées Les Bidasses en folie
16 au 6e 93 371 3 847 656 entrées Les Bidasses en folie
17 au 8e 104 698 3 952 354 entrées Il était une fois la révolution
18 au 13e 70 416 4 022 770 entrées Il était une fois la révolution
19 au 17e 42 199 4 064 969 entrées Il était une fois la révolution
20 au 18e 36 198 4 101 167 entrées Il était une fois la révolution
21 au 23e 32 093 4 133 260 entrées Il était une fois la révolution

Diffusions à la télévision française

Une rediffusion a été programmée pendant la période de confinement dû à la maladie à coronavirus 2019 ; le film attire 5,3 millions de Français en prime le 12 avril 2020[31], et est de nouveau diffusé l'après-midi du 10 mai, veille du déconfinement. La presse parle d'un « antidépresseur idéal pour supporter le confinement »[32].

Postérité

La Folie des grandeurs demeure célèbre et populaire pour ses répliques et certaines scènes[33],[34]. La scène la plus connue est le réveil de don Salluste par Blaze au son du cliquetis de pièces d'or, sur des phrases rimants en « or »[35]. Le striptease de la duègne incarnée par Alice Sapritch a également marqué les esprits[33]. Le public se souvient notamment de deux répliques de don Salluste : « Qu'est-ce que je vais devenir ? Je suis ministre, je ne sais rien faire ! » et « Les pauvres, c'est fait pour être très pauvres, et les riches très riches ! »[27]. Le film a acquis le statut de « film culte »[34].

En 1988, dans L'Étudiante de Claude Pinoteau, coscénarisé par Danièle Thompson, un extrait de La Folie des grandeurs (l'arrivée du carrosse de Salluste dans le village) apparaît. L'extrait est alors en cours de doublage son (l'ambiance sonore du film est restituée avec divers trucages), supervisé par Élie Chouraqui.

Dans la sixième saison de Kaamelott, le personnage de sénateur romain interprété par Patrick Chesnais se nomme Lucius Silius Sallustius en référence à don Salluste, Alexandre Astier étant un grand admirateur de Louis de Funès, auquel il a également dédié sa série[36].

Autour du film

  • Gérard Oury et Danièle Thompson reviennent, dans le film documentaire La Folle Heure des grandis, sur l'inspiration puisée chez Hugo et l'on aperçoit des images tirées du Ruy Blas mis en scène à la Comédie-Française par Raymond Rouleau (de 1960 à 1962), production dans laquelle Gérard Oury, redevenu pensionnaire du Théâtre-Français, incarnait le personnage de Don Salluste[37],[6].
  • À l'origine, le film devait s'intituler Les Sombres Héros puis, après l'arrivée d'Yves Montand dans le projet, deux titres étaient envisagés : Les Grands d'Espagne ou La Folie des grandeurs. Ce fut finalement ce dernier qui fut choisi.
  • Le chien du roi, qui fait de nombreuses apparitions tout au long du film, est un chien de Saint-Hubert.
  • Pour réaliser l'armure d'Yves Montand, le costumier Jacques Fonteray s'est inspiré du portrait équestre de Gaspar de Guzmán peint par Diego Vélasquez, Gaspar de Guzmán, comte-duc d'Olivares, à cheval (1638)[23].
  • Louis de Funès est lui-même issu d'une famille - ruinée - de la noblesse castillane[alpha 39].
  • Le roi Charles II du film ne correspond pas au Charles II historique. Dans le film, c'est un homme fort qui inspire le respect tandis que le vrai Charles II était maladif et mentalement atteint. Son état physique et mental s'explique par la succession de mariages consanguins parmi ses ascendants. Il mourut sans descendance, entraînant l'extinction de la Maison Habsbourg d'Espagne et la guerre de Succession d'Espagne, mentionnée par Blaze.
  • La scène où Louis de Funès se sert d'une hallebarde pour faire cesser le flamenco que danse Yves Montand fait écho à une scène identique du film Papa, maman, ma femme et moi... de Jean-Paul Le Chanois dans laquelle le même Louis de Funès, également armé d'une hallebarde, proteste contre le bruit d'une pendaison de crémaillère.[réf. nécessaire]
  • Le film fait visiblement des clins d'œil amusés à la citation de Victor Hugo dans Ruy Blas : « ver de terre amoureux d'une étoile » et joue sur les homonymes « vert » et « ver » :
    • les pompons verts du chapeau de Don Salluste,
    • les pompons verts du vêtement de Blaze,
    • les gants verts de Don Salluste qui fait très ver avec son pantalon qui tombe devant la reine,
    • la reine qui l'accuse d'avoir fait un bébé à une jeune Allemande. Le bébé, le fils de Don Salluste, porte également des gants verts et semble être né avec. Don Salluste ne peut donc pas nier que c'est son fils ;
    • la reine révoque Don Salluste, un des conspirateurs dit de Don Salluste « vieux scélérat, il est aussi vert (ou ver) que ses gants » ;
    • Don Salluste chevauche un mulet avec une pèlerine verte et rejoint des pénitents verts ;
    • Blaze, Ruy Blas sous la plume de Victor Hugo, le « ver de terre amoureux d'une étoile », la reine, est paradoxalement beaucoup plus digne que Don Salluste très ver.

Notes et références

Notes

  1. Joaquín Solís est crédité « Joachim Solis » au générique.
  2. Doublure d'Alice Sapritch sur certains plans du strip-tease
  3. Toutefois, même si Ruy Blas demeure la dernière pièce de théâtre jouée par Gérard Oury, celui-ci a fait une dernière incursion dans le genre dramatique en 1977 en écrivant et mettant en scène une pièce intitulée Arrête ton cinéma, après l'abandon de son projet de film Le Crocodile.
  4. Gérard Oury lui-même juge que des pensionnaires comme François Chaumette ou Bernard Dhéran aurait très bien pu interpréter Don Salluste « différemment mais aussi bien que [lui] ». (Oury 1988, p. 204).
  5. Pierre Durin avait notamment réglé la séquence de l'accident de la 2CV de Bourvil dans Le Corniaud en 1964.
  6. Dans le film, Salluste et Blaze escaladent cette porte puis la grille pour s'enfuir de l'arène.
  7. Gérard Oury profite du tournage pour inviter Marcelle Houry, sa mère, à Madrid. Passionnée de peinture (et grande ami de Dufy et Foujita), elle visite ainsi le Musée du Prado. Il avait fait de même lors de ses précédents tournages, en l'invitant une quinzaine de jours à Rome pendant celui du Corniaud et en Bourgogne pendant celui de La Grande Vadrouille. (Oury 1988, p. 249)
  8. Les studios Roma étaient situés dans le quartier de Fuencarral, route d'Irun ((es) « Estudios Roma SA », sur eInforma.com). En 1985, ils étaient considérés comme les plus grands studios de cinéma et de télévision d'Espagne. Rachetés par l'homme d'affaires italien Silvio Berlusconi dans les années 1980, les anciens studios Roma sont aujourd'hui le siège de sa chaîne de télévision Telecinco ((es) EFE, « El grupo de Berlusconi adquiere los Estudios Roma de televisión », El País, ).
  9. Gérard Oury désigne par erreur le musée Santa Cruz de Tolède comme la « bibliothèque royale de Tolède » dans son autobiographie Mémoires d'éléphant
  10. En 2011, dans son autobiographie, l'assistant-réalisateur Jean-Claude Sussfeld rejoint cet avis : « La splendeur, la richesse et la beauté ne risquaient-elles pas du tuer le rire ? (…) Malgré la merveille des décors, la somptuosité des costumes, la richesse du spectacle, le rire manquait parfois à l'appel »[alpha 18]
  11. Pour chaque sortie de film, Télérama propose dans la même édition deux critiques du même film diamétralement opposées.

Références

  1. (de) « La Folie des grandeurs », sur cinematographicblog.wordpress.com, (consulté le ) :
    « Gedreht wurde der Film, der mittlerweile in “La Folie des grandeurs” umbenannt wurde, an Originalschauplätzen in Spanien; unter anderem Barcelona, Madrid und Sevilla, aber auch der Wüste von Almería, in der bereits zahlreiche Italo-Western entstanden.Innenaufnahmen wurden in den Franstudios in Saint-Maurice gedret. Der Russe Georges Wakhévitch (“Oscar”) fungierte als Setdesigner, Jacques Fonteray (“Moonraker”) entwarf die Kostüme und Jean Barthet (“Les Couloirs du temps : Les Visiteurs 2″) wirkte als Prücken- und Hutmacher mit. »
  2. La Folie des grandeurs comme vous ne l'avez jamais vu, L'Express, 13 février 2009
  3. (fr) gaumont.fr
  4. « La Folie des grandeurs » sur le site du CNC
  5. Hervé Dumont, « Ruy Blas de Victor Hugo », Carlos II « El Hechizado » (1665 à 1700) — L'Espagne, le Portugal et leurs colonies d'Amérique — Cinéma & Histoire / Histoire & Cinéma, sur www.hervedumont.ch (consulté le ).
  6. Philippe Lombard, « La Folie des grandeurs (1971) », Histoires de tournages, sur devildead.com, .
  7. Bibliothèque nationale de France, « Ruy Blas, drame en 5 actes, Paris : Théâtre-Français - 02-11-1960 », sur www.data.bnf.fr (consulté le ).
  8. https://www.ouest-france.fr/medias/france-2/la-folie-des-grandeurs-pourquoi-gerard-oury-t-il-du-bouleverser-ses-plans-5727036
  9. Loubier 2014, p. 291.
  10. « Belmondo et Bourvil font le casse du siècle », sur www.leparisien.fr, Le Parisien, (consulté le ).
  11. « La Folie des grandeurs — Les lieux de tournage … Palais de Charles Quint et Isla Mínima del Guadalquivir », p. 4
  12. « La Folie des grandeurs — Les lieux de tournage … Alhambra », p. 3.
  13. Franck et Jérôme Gavard-Perret, « Interview de Jean Pieuchot », sur Autour de Louis de Funès, (consulté le )
  14. « La Folie des grandeurs — Les lieux de tournage … Grenade », p. 5.
  15. « Isla Mínima », sur Afición a los Toros, (consulté le ).
  16. Jean-Michel Dussol, « Vic. Escobar, La Quinta, Cebada : des toros andalous », sur www.ladepeche.fr, La Dépêche du Midi, (consulté le ).
  17. « La Folie des grandeurs — Reportage », sur Allociné,
  18. « Hôtel de légende : la perle de Séville », sur www.francetvinfo.fr, journal de 20 heures de France 2, (consulté le ) : « Nous avons ici les deux livres d'or de l'hôtel. Voici : Yves Montand, qui a marqué “À bientôt, Yves Montand, été '71” avec un petit soleil, et Louis de Funès, “Louis de Funès, gendarme à Saint-Tropez, 1971” (…) ».
  19. Emmanuel Carrère, François Ramasse et Yann Tobin, « Entretien avec Georges Wakhévitch », Positif, nos 254–255, , p. 138–150 (présentation en ligne).
  20. « La Folie des grandeurs — Les lieux de tournage … Pedraza et Escurial », p. 2
  21. Guillaume Kientz, « Interview de Danièle Thompson à propos de La Folie Des Grandeurs », SoundCloud Rmngrandpalais, 27 mai 2015.
  22. « Hôpital San Juan Bautista — au cinéma », sur fr.fundacionmedinaceli.org, Fundación Casa Ducal de Medinaceli, (consulté le ).
  23. La Folle heure des grandis, documentaire de Stéphane Lerouge et Thibault Carterot, Gaumont, 2002.
  24. [vidéo] La Folie des grandeurs sur YouTube, Entrée libre, 2016, 2 minutes.
  25. Éric Desmet, « Feuilleton De Funès 25 - Montand remplace Bourvil dans La Folie des Grandeurs », Saga De Funès, sur SoundCloud, CinéMaRadio, .
  26. « Interview d'Alice Sapritch » [vidéo], sur ina.fr, TF1, émission Scoop à la une,
  27. Jérémie Imbert, « La Folie des grandeurs : il est l'or… », sur CineComedies, .
  28. La photographie a été prise en décembre 2013, le cinéma ayant désormais pour nom « Gaumont Champs-Élysées ». Les films à l'affiche sont 100% cachemire, Albator, corsaire de l'espace, All Is Lost, Amazonia, Casse-tête chinois, Last Vegas, La Vénus à la fourrure, Les Garçons et Guillaume, à table !, Quai d'Orsay et Zulu.
  29. (en) « De Funes, in Delusions, Keeps the Gags Rolling », The New York Times, (lire en ligne).
  30. Tous les temps - All Time
  31. « Audiences : "Baby Boss" devant "La folie des grandeurs", carton pour "Barry Lyndon", le théâtre au million sur F5 », sur ozap.com (consulté le )
  32. « Pourquoi Louis de Funès est antidépresseur idéal pour supporter le confinement ? », sur RTL.fr (consulté le )
  33. Jennifer Lesieur, « Vu de Twitter : La Folie des grandeurs déclenche une frénésie de répliques culte », sur www.lci.fr, LCI, .
  34. Emmanuel Bonini, « 5. L'aventure espagnole », dans Le Véritable Yves Montand, Pygmalion, , 526 p. (ISBN 2756432458, lire en ligne), p. 362-367.
  35. Sylvain Raggianti, Le Gendarme de Saint-Tropez : Louis de Funès, histoire d'une saga, Paris, Flammarion, , 175 p. (ISBN 978-2-08-120327-3), p. 134.
  36. Tweet d'Alexandre Astier (@sgtpembry), Twitter, 3 janvier 2016.
  37. Source partielle, outre le film documentaire : page de chronologie relative aux représentations et adaptations de Ruy Blas, sur le site chronologievictor-hugo.com.

Références bibliographiques

  1. Oury 1988, p. 204.
  2. Oury 1988, p. 205
  3. Dicale 2009, p. 410–411.
  4. Oury 1988, p. 206
  5. Oury 1988, p. 207
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  12. Oury 1988, p. 236.
  13. Thompson et Lavoignat 2019, p. 90.
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  15. Thompson et Lavoignat 2019, p. 93.
  16. Yannick Dehée et Christian-Marc Bosseno, Dictionnaire du cinéma populaire français, Nouveau Monde éditions, , 810 p. (ISBN 978-2-84736-082-0), p. 363
  17. Dicale 2009, p. 415.
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  19. Wakhévitch 1977, p. 246.
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  26. Carliez 2016, p. 111.
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  30. Alice Sapritch, Mémoires inachevées : entretien avec Raoul Mille, Paris, Ramsay, , 271 p. (ISBN 978-2-85956-827-6)
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  32. de Funès et de Funès 2005, p. 179.
  33. Vincent Chapeau, Sur la route de La Grande Vadrouille : Les coulisses du tournage, Paris, Hors collection, , 105 p. (ISBN 2-258-06383-3), p. 117.
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  35. Loubier 2014, p. 383.
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  39. Loubier 1991, p. 19

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

À propos de Ruy Blas

  • Sylvie Dauvin, Jacques Dauvin et Georges Decote, Hernani (1830) et Ruy Blas (1838) de Victor Hugo : Analyse littéraire de l'œuvre, Hatier, coll. « Profil d'une œuvre », , 160 p. (ISBN 2-218-94825-7, lire en ligne)

Ouvrages de membres de l'équipe

  • Alice Sapritch, Mémoires inachevées : entretien avec Raoul Mille, Paris, Ramsay, , 271 p. (ISBN 978-2-85956-827-6)
  • Jean Pieuchot (préf. Gérard Oury), Régisseur de cinéma, Paris, Dualpha editions, coll. « Patrimoine du spectacle », , 438 p. (ISBN 2-912476-76-3)
  • Daniele Thompson et Jean-Pierre Lavoignat, Gérard Oury : Mon père, l'as des as, La Martinière, coll. « Art et spectacle », , 208 p. (ISBN 978-2-7324-8795-3 et 2-7324-8795-3).

À propos de Louis de Funès

  • Jean-Marc Loubier, Louis de Funès, le berger des roses, Paris, Ramsay, coll. « Ramsay Cinéma », (réimpr. Ramsay, 1993 (ISBN 2-841140-03-2)), 273 p. (ISBN 2-85956-922-7). 
  • Philippe Durant, Les Éléphants, Paris, Sonatine, , 219 p. (ISBN 978-2-35584-108-8 et 2-35584-108-X, lire en ligne).
  • Bertrand Dicale, Louis de Funès, de A à Z, Paris, Tana (Editis), , 456 p. (ISBN 978-2-84567-785-2 et 2-84567-785-5). 
  • Stéphane Guezennec et Gérard Gargouil, Le dico fou de Louis de Funès, Paris, Hugo BD, , 96 p. (ISBN 978-2-7556-1121-2 et 2-7556-1121-9).

À propos d'Yves Montand

À propos de Bourvil

  • Christian Plume et Xavier Pasquini, Bourvil, Paris, Bréa, , 189 p. (ISBN 2-903198-32-2).
  • Solène Haddad, André Bourvil, inoubliable, City Edition, , 240 p. (ISBN 978-2-8246-4316-8 et 2-8246-4316-1, lire en ligne).

À propos de Michel Polnareff

  • Christian Eudeline, Derrière les lunettes : La biographie de Michel Polnareff, Fayard, , 368 p. (ISBN 978-2-213-66788-1 et 2-213-66788-8, lire en ligne).

Bibliographie complémentaire

  • Jean-Luc Marret, Pornification : vie de Karin Schubert, Paris, éditions Intervalles, , 216 p. (ISBN 978-2-36956-022-7 et 2-36956-022-3, lire en ligne).

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