La Grande Vadrouille

La Grande Vadrouille est un film franco-britannique réalisé par Gérard Oury, sorti en 1966.

La Grande Vadrouille

Casque allemand et clap de tournage du film, exposés au musée de Louis.
Réalisation Gérard Oury
Scénario Gérard Oury
Danièle Thompson
Marcel Jullian
Acteurs principaux
Sociétés de production Les Films Corona
The Rank Organisation
Pays de production France
Royaume-Uni
Genre Comédie
Aventure
Guerre
Durée 132 minutes
Sortie 1966

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Deuxième comédie de Gérard Oury après Le Corniaud, le film se déroule durant la Seconde Guerre mondiale dans la France occupée et raconte les déboires de deux Français  totalement opposés par leurs caractères et leurs origines sociales  se retrouvant obligés d'aider un petit groupe d'aviateurs britanniques à se rendre en zone libre, tout en étant poursuivis par les Allemands. Ces deux Français sont interprétés par Bourvil et Louis de Funès, duo vedette du Corniaud, qui jouent respectivement un peintre en bâtiment un peu naïf et un chef d'orchestre de l'Opéra de Paris très acariâtre et imbu de sa personne.

Avec plus de 17 millions de spectateurs lors de sa 1re exploitation en salles (de 1966 à 1975), le film demeure pendant plus de trente ans le meilleur score du box-office français toutes nationalités confondues (avant d'être dépassé par Titanic en 1998) et durant plus de quarante ans le plus grand succès d'un film français sur le territoire français, avant d'être dépassé par Bienvenue chez les Ch'tis de Dany Boon en . Cependant, proportionnellement à la population française des deux époques, La Grande Vadrouille reste au premier rang. Il est à ce jour troisième au palmarès des films français les plus vus en France, précédé par Bienvenue chez les Ch'tis et Intouchables.

Synopsis

En 1942, pendant l'Occupation, un bombardier britannique embarquant cinq hommes d'équipage est abattu au-dessus de Paris par la Flak, lors d'un retour de raid aérien. Ses occupants sautent en parachute. Deux sont faits prisonniers, les trois autres parviennent à échapper aux Allemands. Le premier, sir Reginald Brook (alias « Big Moustache »), atterrit dans le zoo de Vincennes, le second, Peter Cunningham, sur la nacelle d'un peintre en bâtiment, Augustin Bouvet, et le dernier, Alan MacIntosh, sur le toit de l'opéra Garnier avant de se réfugier dans la loge d'un chef d'orchestre acariâtre, Stanislas Lefort.

Bouvet et Lefort doivent alors, malgré eux, cacher les aviateurs avant de les aider à rejoindre la zone libre, et de là l'Angleterre. Pourchassés par les Allemands et notamment le major Achbach, les fugitifs traversent de nombreuses péripéties lors de leur voyage vers la Bourgogne. Ils franchiront enfin la fameuse « ligne de démarcation », avec l'aide de Germaine, la patronne de l'« hôtel du Globe » à Meursault, et atteindront la zone libre en planeur.

Fiche technique

 Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par la base de données IMDb.

Distribution

Non crédités
  • Georges Atlas : le policier de la Gestapo à l'atelier d'Augustin
  • Anne Berger : Marguerite
  • Christian Brocard : un employé de la gare
  • Alice Field : la prostituée
  • Gabriel Gobin : un machiniste résistant de l'opéra
  • Rémy Julienne : le motard qui reçoit la citrouille
  • Gérard Martin : le harpiste
  • Clément Michu : le postier à la gare
  • Jean Minisini : un soldat allemand
  • Raymond Pierson : un soldat allemand
  • Édouard Pignon : figurant à l'Opéra
  • Danièle Thompson : figurante
  • Lionel Vitrant : Barbot
  • Nicolas Bang : John, le bombardier
  • George Birt : Harry, le mitrailleur
  • Guy Bonnafoux : l'employé du bain turc
  • Jerry Brouer : un soldat allemand
  • Charly Constant : Ludwig
  • Georges Frédéric Dehlen : le commandant allemand
  • Fred Fischer : un colonel allemand
  • Guy Fox : le gros bonhomme
  • Raoul Gola : le pianiste
  • Peter Jacob : un général allemand
  • Catherine Prou-Marshall : une nonne aux hospices de Beaune
  • Horst Miessner : le premier Allemand au hammam
  • Jean-François Masson : le second Allemand au hammam
  • Bernard Mermod : le sous-officier greffier
  • Jean-Pierre Posier : Patrick, le mécanicien
  • Gary Ramm : le pilote allemand
  • Tony Roedel : un sous-officier allemand
  • Claude Rouillard : le second pêcheur
  • Pierre Roussel : le voisin de Peter au wagon-restaurant
  • Georges Ruseckis : le chef SS à Paris
  • Percival Russel : le soldat allemand assommé
  • Claude Salez : un officier allemand
  • Rolph Spath : l'aide de camp
  • Sacha Tarride : le premier garçon
  • Conrad Von Bork : un autre colonel allemand
  • Joachim Weshoff : Faust
  • Jean Landret : le guide à Chaillot (scène coupée)
  • Reinhard Kolldehoff : un caporal allemand

- A. Stuart: Dick

- Raoul Gola: Le Pianniste

- Guy Fox: Le gros bonhomme

- Rolf Spat: Aide de camp

- Hamm: S.S.Opéra

Production

Un ancien projet abandonné

Zizi Jeanmaire devait jouer le double rôle des jumelles Lili et Lulu dans le projet qui donnera plus tard La Grande Vadrouille.

Au début des années 1960, le producteur Henry Deutschmeister de la Franco-London Films tient sous contrat Zizi Jeanmaire, célèbre meneuse de revue et actrice de l'époque[11]. À la même période, Deutschmeister vient de produire La Main chaude, premier film réalisé par Gérard Oury[11]. Il demande à Oury et son coscénariste Jean-Charles Tacchella d'écrire un film dans lequel Zizi Jeanmaire pourrait jouer deux rôles à la fois[11],[12],[13]. Ceux-ci écrivent alors le synopsis d'un film sur deux sœurs jumelles nommées Lili et Lulu qui, pendant la Seconde Guerre mondiale, sous l'Occupation, sauvent des aviateurs anglais dont l'appareil a été abattu au-dessus de Paris et les conduisent en zone libre[11],[12],[14]. Lili est très pieuse et l'épouse d'un marchand de « bondieuseries » de la place Saint-Sulpice et ne fréquente que des curés, tandis que Lulu est une prostituée[11],[15]. Lulu prend en charge trois aviateurs et les conduit jusqu'à Marseille, en les faisant « transiter de claques en lupanars et de bordels en boxons[cit. 1] », à leur plus grande joie[11],[15], même si ces lieux sont dangereux, car fréquentés par de nombreux officiers allemands[14],[12]. Les trois autres aviateurs, eux, voyagent avec Lili de monastères en couvents, aidés par de courageuses nonnes, et vivent moins agréablement leur périple jusqu'en zone libre[11],[15] : « Tirés de leur sommeil à l'aube, repas frugaux, froides cellules, les trois autres en fait de robe n'aperçoivent que la bure des moines ou les blanches cornettes des nonnes[cit. 1] ». Un véritable fait divers a inspiré Oury et Tacchella : en 1942, un avion allié canadien a été abattu au-dessus de Paris et les membres de l’équipage ont dû sauter en parachute, l'un atterrissant sur les toits des Grands Magasins du Louvre et un autre place Clichy[17].

Henry Deutschmeister adhère au projet et achète le scénario, d'abord intitulé Au petit Jésus puis Lili et Lulu ou les Bonnes Sœurs[11]. Trouvant que Tacchella et Oury sont de trop jeunes scénaristes, il fait appel à un « vrai constructeur de film », Léo Joannon, mais les scénaristes ne s'entendent pas avec ce réalisateur expérimenté[11],[13]. Les rôles de Lili et Lulu sont par la suite prévus pour deux célèbres actrices jumelles italiennes, Pier Angeli et Marisa Pavan[11],[15], qui n'ont jamais eu l'occasion de jouer ensemble[14]. Finalement, Deutschmeister n'arrive à convaincre aucun distributeur et ne trouve donc aucun financement pour le projet, qui est abandonné[15].

Gérard Oury avait déjà écrit une comédie se déroulant sous l'Occupation : Babette s'en va-t-en guerre, premier film français à traiter de la Seconde Guerre mondiale sur le mode de la comédie, qu'il a co-écrit en 1958 avec Raoul Lévy, également producteur du film[18]. Brigitte Bardot, Jacques Charrier et Francis Blanche tenaient les rôles principaux et Christian-Jaque en était le réalisateur.

Après Le Corniaud, succès inattendu

La 2 CV de Bourvil détruite par Louis de Funès dans Le Corniaud, premier film comique réalisé par Gérard Oury.

Suivant un conseil de l'acteur Louis de Funès donné lors du tournage du Crime ne paie pas, le troisième film qu'il réalise, Gérard Oury s'éloigne du cinéma dramatique pour tenter de monter une comédie[19]. Son quatrième film, Le Corniaud, réunissant Bourvil et Louis de Funès, crée ainsi la surprise en [20]. Le duo comique inédit en tête d'affiche attire les foules[21]. Le film profite de moyens et d'une qualité technique inhabituels pour les comédies françaises de l'époque, grâce à l'ambitieux producteur Robert Dorfmann[22]. Dès le tournage, le réalisateur était conscient du potentiel du duo vedette et envisageait de les réunir sur un film suivant, en cas de succès[23]. Il leur avait d'ailleurs raconté le sujet de Lili et Lulu[23].

Avant même la sortie en salles, Gérard Oury avait proposé une nouvelle réunion aux deux acteurs, étant la fois enthousiaste de rapidement les retrouver et inquiet de se les voir subtiliser par un autre metteur en scène[22]. Dès les premiers signes de succès au box-office, le producteur Robert Dorfmann le presse de vite réfléchir à un prochain film pour Bourvil et Louis de Funès, si possible un nouveau road movie comique. En dépit de la fin ouverte du Corniaud, le réalisateur refuse catégoriquement l'idée de donner une suite, à contre-courant du procédé éprouvé par Le Gendarme de Saint-Tropez, Fantômas ou Don Camillo, ce qu'acceptent Dorfmann et les deux acteurs[20],[24],[25]. Oury suggère de reprendre et adapter le scénario de Lili et Lulu, propice à une comédie d'aventure[11]. Le , Gérard Oury reçoit Bourvil et Louis de Funès dans son appartement pour leur soumettre l'intrigue[11],[26]. Les deux acteurs s'imaginent mal interpréter deux jumelles mais Oury a évidemment transformé l'histoire : « Les rôles principaux : Deux filles ? Et alors ? Je les transformerai en hommes ! Sautant en parachute de leurs bombardiers en flammes, les aviateurs anglais arriveront dans votre vie : toi, Louis, un grand chef d'orchestre puisque tu sais jouer du piano, toi André, un peintre en bâtiment en train de ravaler le mur surplombant la Kommandantur du Gross Paris ! »[11],[26].

Après quinze jours d'hésitation à cause de la période historique abordée, le producteur valide le projet et récupère, moyennant finances, les droits du scénario auprès d'Henry Deutschmeister[11],[27]. Sollicité par Oury, Jean-Charles Tacchella ne désire pas s'impliquer dans la poursuite de leur ancien travail[11]. Dans les premiers temps du projet, Oury annonce à la presse un synopsis encore très proche du scénario d'origine : « Nous les retrouverons tous les deux pendant la dernière guerre, à la tête d’un réseau qui s’emploie à faire fuir la France occupée à des prisonniers alliés évadés. Chacun a sa filière. Bourvil, frère d’une bonne sœur, achemine ses passagers de couvent en couvent, tandis que Louis de Funès, parent d'une dame de mauvaise vie, transfère les siens de l'une à l’autre de ces « maisons » abolies plus tard par Marthe Richard. Seulement, une interférence se produit. Bourvil et ses évadés se retrouveront dans les « maisons » de Louis de Funès, tandis que celui-ci empruntera la filière des couvents »[23]. Le but de l'ensemble de l'équipe est ouvertement d'approcher la réussite artistique et commerciale réalisée par Le Corniaud[11], qui totalise déjà deux millions d'entrées à la fin du mois d'[28].

Choix des acteurs et actrices

Autour de Bourvil et Louis de Funès doit être réunie une distribution internationale, puisque les personnages sont de diverses nationalités, mais aussi pour assurer le succès dans le monde entier et la rentabilité de la grosse production que représente The Great Vadrouille, le film devant, pour atteindre ce but, réaliser des résultats équivalents au Corniaud en France, et les reproduire sur les cinq continents[29].

Terry-Thomas en 1968.

Pour le rôle de « Big-Moustache », sir Reginald Brook, Squadron leader de la Royal Air Force, Gérard Oury veut absolument l'acteur britannique Terry-Thomas[29], remarquable par sa grosse moustache et ses dents écartées[30]. Sortant de plusieurs succès internationaux tels que Un monde fou, fou, fou, fou (1963) avec Spencer Tracy, Comment tuer votre femme (1965) avec Jack Lemmon et le film choral Ces merveilleux fous volants dans leurs drôles de machines (1965), Terry-Thomas s'avère être le comédien idéal pour montrer The Great Vadrouille à l'étranger[note 2],[29]. Oury et Robert Dorfmann rencontrent l'acteur à Londres[cit. 2], qui leur demande un cachet exorbitant, étant alors l'un des acteurs les mieux payés du cinéma anglais et l'un des plus sollicités[29]. Après qu'Oury l'a supplié « un genou à terre », Dorfmann finit par accepter de le payer au prix demandé[29]. L'évocation du tournage en Bourgogne, connue pour ses vins, aurait également influencé son choix[32]. L'attrait de l'acteur britannique pour le vin français est ensuite observé lors du tournage, et Oury le fait transparaître dans le personnage du Squadron Leader, notamment lors des scènes à Beaune[32].

« Il joue “Big Moustache”, le commandant du bombardier abattu, et, de Vouvray en Pommard, plonge de caves en celliers. Chaque fois que j'ai besoin de lui, les assistants savent où trouver “Big Moustache”. Rubicond, l'œil brillant, la démarche pas très bien assurée, il émerge un flacon de clos-vougeot ou de chambolle-musigny à la main. Je tire avantage de la chose et fait de “Big Moustache” un de ces Anglais toqués de la France parce qu'ils aiment son pinard »

 Gérard Oury, 1988[33],[32].

Gérard Oury distribue le rôle de l'aviateur canadien Alan MacIntosh à Mike Marshall.

Peter Cunningham, l'aviateur sauvé par Augustin Bouvet, est interprété par Claudio Brook, un acteur mexicain de père anglais et de mère française. Après plusieurs films de Buñuel, il tourne notamment en France Viva Maria ! (1965) et Du rififi à Paname (1966), et il s'installe à Paris début 1966, pensant avoir « une place à y prendre dans les rôles de quadragénaires virils »[29]. Il devient plus tard célèbre au Mexique pour ses rôles dans des films d'horreurs[34].

Les rôles féminins ne sont distribués que très tard, quelques semaines à peine avant le début du tournage[35]. La belle Juliette est jouée par Marie Dubois, révélée par les films Tirez sur le pianiste (1960)[36] puis Jules et Jim (1962) de François Truffaut[29], et vue aux côtés de Bourvil dans Les Grandes Gueules (1965)[34]. Colette Brosset est engagée pour le rôle de Germaine, la patronne de l'Hôtel du Globe. La religieuse des Hospices de Beaune, sœur Marie-Odile, est campée par Andréa Parisy, qui jouait la fille de de Funès dans Escalier de service (1954)[34], avant d'apparaître notamment dans Les Tricheurs (1958), 125, rue Montmartre (1959) et Cent mille dollars au soleil (1964), et qui partage alors la vie du producteur Robert Dorfmann[37]. Le rôle de la mère supérieure des Hospices de Beaune est confié à Mary Marquet.

Scénario

À l'origine le scénario était beaucoup trop long. Il se continuait dans une fuite menant les protagonistes jusqu'en Espagne. Présenté au producteur Robert Dorfmann celui-ci indiqua qu'il fallait couper à partir d'Albi où les fuyards passaient. Depuis, le terme d'« Albi » désigne dans la famille Oury/Thompson un point à partir duquel un scénario s'éternise, devient répétitif[38].

Tournage

Le tournage a débuté le et s'est déroulé sur dix-sept semaines[39]. Le budget du film est de 14 millions de francs[39],[40], soit l'équivalent à l'époque de 1,3 milliard d'anciens francs, ce qui en fait alors le film français le plus cher à l'époque[41],[42].

Lieux de tournage[43]:

Plaque apposée sur le portail de la mairie de Meursault.

Bande originale

Georges Auric avait composé des génériques de début et de fin pour le film, que Gérard Oury a finalement décidé de ne pas utiliser, pour ouvrir le film par le simple son de l'avion et des bombardements, et le clore sur une dernière reprise de La Damnation de Faust de Berlioz[44].

Exploitation et accueil

Promotion, première et sortie

Le cinéma Gaumont Ambassade, où se déroula la première de La Grande Vadrouille.

La première de La Grande Vadrouille, organisée par Georges Cravenne, a lieu au Gaumont Ambassade, sur les Champs-Élysées, le , à partir de 19 h 30[45]. Alors que cette soirée de gala devait réunir quelque 500 invités, ce sont finalement presque 2 000 personnes qui tentent d'y rentrer, obligeant les producteurs et distributeurs à louer une salle de projection de plus à la dernière minute « pour les retardataires, les amis des amis, et autres resquilleurs »[45]. Le journal France-Soir distribue des badges aux invités indiquant leurs acteurs préférés, Bourvil arborant au revers de sa veste un badge « J'aime de Funès » et Louis de Funès un « J'aime Bourvil »[45]. Tous deux sont venus en famille, et viennent découvrir le film terminé — car la copie n'est sortie des laboratoires que quelques jours auparavant — tandis que Gérard Oury est accompagné de Michèle Morgan, à qui il avoue « J'ai l'impression de repasser mon bac »[45]. L'événement est en partie retransmis en direct à la télévision[46]. Le « Tout-Paris » — vedettes, personnalités civiles, journalistes, etc. — est présent[45], avec notamment Yvon Bourges, secrétaire d'Etat à l'Information, André Holleaux, directeur général du CNC, le publicitaire Marcel Bleustein-Blanchet, les académiciens Marcel Achard et Marcel Pagnol, l'écrivain cinéphile Philippe Erlanger et de très nombreuses célébrités et cinéastes, comme Robert Hossein, Annie Cordy, Yves Montand et Simone Signoret, Edwige Feuillère, Lino Ventura, Ludmila Tcherina, Françoise Fabian, Dalida, Candice Bergen, Jean Delannoy, François Reichenbach et l'acteur américain Robert Stack de la série Les Incorruptibles[46],[47],[note 3]. Certains ont côtoyé Bourvil ou de Funès lors de tournages, tels Dany Carrel, Henri Verneuil, Bernard Blier, Francis Blanche, Moustache, Philippe Nicaud, Henri Génès, Jean Lefebvre, Raymond Rouleau et Eddie Constantine[46]. D'après Pierre Billard de L'Express, Bourvil, Louis de Funès, le producteur Robert Dorfmann et Gérard Oury « mirent près de trente minutes à la fin du spectacle pour remonter les quatorze rangs de fauteuils qui les séparaient de la sortie. Les embrassades affectueuses dont ils étaient l'objet n'étaient pas toutes sincères, mais elles étaient toutes significatives. Le tout-cinéma, qui, depuis deux ans, surveillait d'un œil narquois la préparation de ce hold-up du rire, volait au secours de la victoire »[48],[45],[47].

Bourvil et Andréa Parisy à l'aéroport d'Amsterdam le , lors de la promotion du film aux Pays-Bas.

Accueil critique

« Avec La Grande Vadrouille, Gérard Oury franchit une étape et retrouve, sans en avoir l'air, le vrai filon du comique populaire, celui de Mack Sennett et de Laurel et Hardy. Le comique français se meurt faute d'invention, ou par excès d'intellectualisme. Gérard Oury lui insuffle un rythme qui, sans imiter celui des films américains, s'avère tout aussi efficace et réconcilie le comique de situation et la poésie burlesque. (…) C'est du guignol à grande échelle où l'on retrouve, à voir rosser le gendarme, c'est-à-dire l'Allemand, le naïf plaisir de l'enfance. »

 Michel Capdenac, Les Lettres françaises, 15 décembre 1966[49].

Alors que la plupart des revues affiliées à la Nouvelle Vague, politiquement situées à gauche et liées au Parti communiste français, auront des avis négatifs sur le film, le journal L'Humanité, organe central du Parti, publie également une critique très positive sur un résultat qui « mérite des félicitations »[50], « un grand film comique français », rivalisant enfin avec le cinéma comique américain[51],[52]. Albert Cervoni, dans l'hebdomadaire communiste France-Nouvelle, s'oppose cependant à cette vision et produit une critique très négative — « deux grandes pages de démolition argumentée » — où il rappelle sa détestation du film précédent, Le Corniaud (« Une fois déjà, le pari de la bêtise avait été joué et avait été gagné »), la vulgarité de ce genre de cinéma, et termine en recommandant deux « anticorps » à ce film, Le père Noël a les yeux bleus et Les Professionnels, « deux éléments solides du cinéma anticorniaud »[51]. La direction politique du Parti, qui exerce un contrôle sur sa presse et ses journalistes, n'apprécie pas l'avis de Cervoni et lui répond notamment en émettant une salve de fausses lettres de lecteurs indignés pour démontrer son incompétence ; conscient de la supercherie, Cervoni résiste malgré tout, soutenu par les critiques Georges Sadoul et Léon Moussinac[51], avant que le Parti ne fasse une mise au point plus nuancée, à la suite d'autres réactions favorables à la critique de Cervoni[52].

« Faire la fine bouche serait ridicule. Il faut l'affirmer : La Grande Vadrouille est un grand film comique français, et le premier de ce genre si difficile à manier. (…) Le cinéma était vraiment comique, ou dramatique, avant la naissance du “parlant”. Mack Sennett et ses complices ont pratiquement épuisé toutes les situations possibles de la course-poursuite à la tarte à la crème. (…) Chaplin a poursuivi le chemin jusqu'au drame. C'est de cet esprit-là que s'inspire aujourd'hui un cinéaste français, mais en nationalisant, si j'ose dire, la situation. (…) C'est le premier film de guerre où ne coule pas une seule goutte de sang. Pas un mort, pas un blessé. Nous sommes purement et simplement dans une farce guignolesque. »

 Samuel Lachize, L'Humanité, 10 décembre 1966[53],[49].

« La raison d'un tel succès ? Le film lui-même ? Il est littéralement atterrant pour quiconque tient le cinéma pour un art non indigne, non inférieur aux autres. C'est aussi bête, aussi vulgaire, aussi indécent que le plus bêtement bourgeois théâtre de boulevard.(…) Tout y est pour que ce soit bête et laid, complice de toutes les attitudes de facilité. La platitude du récit et la grossièreté voulue, imposée de l'interprétation, conduisent à des “types” simplistes, atrocement conventionnels et complaisants, de “Français moyens”, viennent en renfort d'un racisme tout aussi conventionnel dans la représentation des personnages allemands, tous bêtes, laids, ridicules et se laissant rouler avec une gentillesse trop conforme aux volontés du scénariste. (…) Qu'on nous entende bien, cette période, pas plus qu'une autre, n'interdit nullement l'intrusion critique et démystification du rire. (…) Même sans aucun degré de génie chaplinesque, un réalisateur consciencieux, et surtout respectueux du spectateur, aurait pu se lancer dans une telle entreprise sans que le résultat soit insultant pour le public. Oury, lui, a simplement entassé, surchargé tous les gros effets les uns sur les autres. »

 Albert Cervoni, France-Nouvelle, 4 janvier 1967[54].

La Grande Vadrouille parmi les cotations du « Conseil des Dix » dans les Cahiers du cinéma.

Dans les Cahiers du cinéma, le « Conseil des dix », présentant les notes attribuées aux films par la presse considérée « de qualité », est sévère envers La Grande Vadrouille : quatre fois l'étoile unique signifiant « à voir à la rigueur » (Le Monde, Les Lettres françaises, et deux des trois suffrages des Cahiers du cinéma, Michel Delahaye et Jean Narboni) et trois fois le rond noir signifiant « inutile de se déplacer » (Positif, Le Nouvel Observateur, France-Nouvelle)[53].

« Car tout de même il y a le rire, l'admirable rire, le rire salutaire. Et puis il y a la rigolade. Et puis la grosse rigolade. Et la très grosse rigolade. Et la très très grosse rigolade. Et enfin la rigolade kolossale — oh oui, avec un k ! La rigolade “respectueuse” comme la putain du même métal. Elle respecte non seulement tout ce qui touche de près ou de loin à nos mœurs, à nos coutumes, à nos habitudes — ne rien casser, et ça ne casse rien, ô sainte prudence à haute rentabilité — mais encore elle respecte tous les clichés, poncifs et gags d'une efficacité dont un usage mille et mille fois répété rend la preuve inutile. (…) Exemple : l'interminable séquence des chambres d'auberge, qui évoque laborieusement un Feydeau sans vitesse ni précision — c'est-à-dire sans Feydeau. On a reconnu que je parlais de La Grande Vadrouille. Eh oui ! La trêve des confiseurs. Le conditionnement est first class ; ça a coûté gros et il faut reconnaître qu'on n'a lésiné ni sur les hélicoptères ni sur l'armée allemande — pardon boche ! — dont on sait (depuis 1870 au moins) qu'elle est grotesque, bedonnante et si facile à berner. Ce film est une somptueuse misère, une médiocrité richissime. J'enrage de voir un comédien aussi doué pour le comique que Louis de Funès galvauder son talent dans ça. »

 Jean-Louis Bory, Le Nouvel Observateur, 28 décembre 1966[55],[56].

« Plus que vulgaire : bourgeois. Le digne pendant de Paris brûle-t-il ?. Aux heures sombres, dramatiques — comme le dirait Fernandel dans La Roue tourne — succède l'Occupation rigolarde à base de ronflements, d'éternuements, de personnages bigleux et de citrouilles. Le spectacle d'une telle abjection tue le rire, et Gérard Oury, par on ne sait quel mystère, arrive à tuer aussi de banalités tous ses comédiens. »

 Claude Pennec, Arts, no 186, 14 décembre 1966[54].

« Probablement le film le plus fauché et le plus minable de l'année. Il faut être bien naïf pour croire qu'il a coûté un milliard et demi d'anciens francs. Le sujet démarque d'une bande dessinée pour enfants, Les Trois Mousquetaires du maquis. Gags aussi vieux que Nabuchodonosor, téléphonés un quart d'heure à l’avance, Teutons très cons, trognes rubicondes. Marijac avait pour excuse de sortir son “comic” (dans Coq hardi) peu après la Libération, alors que Paris sentait le roussi. Mais vingt ans après, quelle est l'excuse d'Oury ? Et l'excuse de la critique, déculottée à l'unisson pour saluer bien bass cette consternante farce rétrograde ? »

 Michel Mardore, Cahiers du cinéma, no 186, janvier 1967[55],[56].

Le no 1 du box-office français

  • Recette totale France : ~ 17 267 607 entrées en salle (au )[57]

Sorti en , le film a totalisé pendant longtemps le plus grand nombre d'entrées en France avec plus de 17 millions de tickets vendus. Il est finalement dépassé par Titanic de James Cameron en 1997 mais également par Bienvenue chez les Ch'tis de Dany Boon[58] en 2008 puis Intouchables en 2011. Cependant, en proportion de la population française de l'époque, La Grande Vadrouille reste devant tous les autres films français avec 34 % des Français qui sont allés voir ce film, contre 31 % pour Bienvenue chez les Ch'tis.

Box-office détaillé des premiers mois d'exploitation du film, semaine par semaine, à Paris et banlieue
Sources : « BO hebdo Paris 1966 » et « BO hebdo Paris 1967 » sur Box-Office Story, d'après Ciné-chiffres/Le Film français.
Semaine Rang Entrées Cumul no 1 du box-office hebdo.
1 au 1er 105 759 105 759 entrées La Grande Vadrouille
2 au 1er 104 604 210 363 entrées La Grande Vadrouille
3 au 1er 136 192 346 555 entrées La Grande Vadrouille
4 au 1er 136 714 483 269 entrées La Grande Vadrouille
5 au 1er 84 730 483 269 entrées La Grande Vadrouille
6 au 1er 79 580 647 579 entrées La Grande Vadrouille
7 au 1er 73 033 720 612 entrées La Grande Vadrouille
8 au 1er 65 530 720 612 entrées La Grande Vadrouille
9 au 1er 60 726 846 868 entrées La Grande Vadrouille
10 au 1er 78 940 925 808 entrées La Grande Vadrouille
11 au 2e 47 570 973 378 entrées Le Retour des sept
12 au 3e 42 850 1 016 228 entrées Le Voleur
13 au 1er 41 860 1 058 088 entrées La Grande Vadrouille
14 au 2e 39 050 1 058 088 entrées Les Demoiselles de Rochefort
15 au 3e 33 789 1 130 927 entrées Fantômas contre Scotland Yard
16 au 3e 53 080 1 184 007 entrées La Canonnière du Yang-Tsé
17 au 3e 48 040 1 232 047 entrées La Canonnière du Yang-Tsé
18 au 5e 28 510 1 260 557 entrées La Canonnière du Yang-Tsé
19 au 6e 18 488 1 279 045 entrées Les Aventuriers
20 au 5e 24 300 1 303 345 entrées La Nuit des généraux
21 au 2e 53 140 1 356 485 entrées Les Aventuriers
22 au 1er 46 847 1 403 332 entrées La Grande Vadrouille
23 au 2e 30 506 1 433 838 entrées Les Aventuriers
24 au 6e 19 057 1 452 895 entrées Les Aventuriers
Box-office détaillé de la première année d'exploitation du film, semaine par semaine, en France
Sources : « BO hebdo France 1966 » et « BO hebdo France 1967 » sur Box-Office Archives, d'après le CNC.
Semaine Rang Entrées Cumul Salles no 1 du box-office hebdo.
1 au 4e 102 869 102 869 entrées 6 Paris brûle-t-il ?
2 au 1er 335 692 438 561 entrées 34 La Grande Vadrouille
3 au 1er 962 748 1 401 309 entrées 95 La Grande Vadrouille
4 au 1er 1 009 597 2 410 906 entrées 95 La Grande Vadrouille
5 au 1er 643 207 3 054 113 entrées 99 La Grande Vadrouille
6 au 1er 537 328 3 591 441 entrées 102 La Grande Vadrouille
7 au 1er 491 374 4 082 815 entrées 108 La Grande Vadrouille
8 au 1er 439 010 4 521 825 entrées 110 La Grande Vadrouille
9 au 1er 478 839 5 000 664 entrées 118 La Grande Vadrouille
10 au 1er 503 882 5 504 546 entrées 123 La Grande Vadrouille
11 au 1er 450 721 5 955 267 entrées 130 La Grande Vadrouille
12 au 1er 383 310 6 338 577 entrées 123 La Grande Vadrouille
13 au 1er 332 108 6 670 685 entrées 129 La Grande Vadrouille
14 au 1er 310 968 6 981 653 entrées 124 La Grande Vadrouille
15 au 1er 267 536 7 249 189 entrées 126 La Grande Vadrouille
16 au 1er 353 960 7 603 149 entrées 128 La Grande Vadrouille
17 au 1er 279 352 7 882 501 entrées 124 La Grande Vadrouille
18 au 1er 226 834 8 109 335 entrées 117 La Grande Vadrouille
19 au 1er 172 278 8 281 613 entrées 120 La Grande Vadrouille
20 au 2e 162 568 8 444 181 entrées 102 Les Aventuriers
21 au 2e 204 977 8 649 158 entrées 116 Les Aventuriers
22 au 2e 187 356 8 836 514 entrées 106 Les Aventuriers
23 au 1er 186 527 9 023 041 entrées 128 La Grande Vadrouille
24 au 1er 134 590 9 157 631 entrées 86 La Grande Vadrouille
25 au 1er 252 198 9 409 829 entrées 111 La Grande Vadrouille
26 au 1er 154 605 9 564 434 entrées 101 La Grande Vadrouille
27 au 1er 154 659 9 719 093 entrées 87 La Grande Vadrouille
28 au 1er 113 744 9 832 837 entrées 68 La Grande Vadrouille
29 au 1er 109 430 9 942 267 entrées 64 La Grande Vadrouille
30 au 4e 32 199 9 974 466 entrées 31 El Dorado
31 au 4e 36 686 10 011 152 entrées 37 El Dorado
32 au 1er 104 094 10 115 246 entrées 101 La Grande Vadrouille
33 au 1er 103 257 10 218 503 entrées 86 La Grande Vadrouille
34 au 1er 79 152 10 297 655 entrées 75 La Grande Vadrouille
35 au 1er 120 430 10 418 085 entrées 97 La Grande Vadrouille
36 au 1er 167 573 10 585 658 entrées 114 La Grande Vadrouille
37 au 1er 154 869 10 740 527 entrées 135 La Grande Vadrouille
38 au 2e 112 549 10 853 076 entrées 111 La Religieuse
39 au 3e 81 732 10 934 808 entrées 82 La Religieuse
40 au 2e 92 979 11 027 787 entrées 84 La Religieuse
41 au 7e 58 090 11 085 877 entrées 63 La Religieuse
42 au 16e 40 074 11 125 951 entrées 41 La Religieuse
43 au 8e 58 710 11 184 661 entrées 55 On ne vit que deux fois
44 au 7e 68 225 11 252 886 entrées 70 On ne vit que deux fois
45 au 14e 55 035 11 307 921 entrées 61 On ne vit que deux fois
46 au 11e 63 459 11 137 380 entrées 62 On ne vit que deux fois
47 au 12e 66 619 11 437 999 entrées 76 Oscar
48 au 9e 83 713 11 521 712 entrées 85 Oscar
49 au 8e 84 778 11 606 490 entrées 93 Oscar
50 au 15e 38 600 11 645 090 entrées 41 Oscar
51 au 24e 25 791 11 670 881 entrées 33 Oscar
52 au 29e 23 718 11 694 599 entrées 32 Oscar
53 au 30e 18 665 11 713 264 entrées 32 Oscar

Pour sa ressortie en salles dans une version restaurée en , le film se hisse à la dix-neuvième place du box-office français lors de son premier week-end avec 13 178 entrées sur les 59 salles le diffusant ; il totalise finalement 35 633 entrées à la fin de cette nouvelle exploitation en salles[59].

À l'international

C'est en Union soviétique que le film aura le plus de succès. Il sort sous le titre Большая прогулка et enregistre 37,8 millions d'entrées[60].

Alors que Le Corniaud avait fait un bide en Italie[61] bien qu'il se déroule en grande partie dans le pays, La Grande Vadrouille a été un succès en Italie. Le film qui est sorti sous le titre Tre uomini in fuga s'est placé en 11e place du box-office Italie 1966-1967 avec plus de 5 millions d'entrées.

Le film connaît un succès international, y compris en Allemagne où il fut la première comédie présentée à l'écran consacrée à la Seconde Guerre mondiale, et réalisa 3 300 000 entrées lors de sa ressortie en 1974 (pas de données pour ses entrées en 1967)[62]. Le titre allemand d'origine est Drei Bruchpiloten in Paris mais il sera renommé Die große Sause pour la sortie DVD.

En Espagne, il fait sous le titre La gran juerga 1 369 370 entrées[63] ainsi que 777 000 en Suède sous le titre Den stora kalabaliken[64],[65].

En 1968, la filiale de Disney Buena Vista Distribution achète les droits de distribution et annonce la sortie du film La Grande Vadrouille aux États-Unis et donc la possibilité de concourir pour les Oscars dans la catégorie film étranger[66]. Le film sort en février 1969 sous le titre Don't Look Now... We're Being Shot At[67].

Distinctions

Entre 1967 et 1977, La Grande Vadrouille a été sélectionné 3 fois dans diverses catégories et a remporté 3 récompenses[68].

De plus, le , La Grande Vadrouille bénéficie de l'honneur d'être projeté par le Service cinématographique des Armées dans la grande salle des fêtes du palais de l'Élysée, en présence du général de Gaulle qui, devant le film, « rit de bon cœur, mais moins toutefois que ses petits-enfants »[69].

Récompenses

Analyse

Références et inspirations

Dans la scène du wagon-restaurant, sous le regard de Juliette assise à une autre table, Peter dîne face à un officier allemand francophile (Helmuth Schneider) qui récite les extraits d'un poème de Charles Péguy Étoile de la mer / voici la lourde nappe / Et la profonde houle / et l’océan des blés »). Il s'agit des deux premiers vers de Présentation de la Beauce à Notre-Dame de Chartres tiré de La Tapisserie de Notre-Dame, œuvre parue en 1913.

Erreurs

Au commencement du film, des images d'archives se mêlent à des images tournées pour le film. Dans un premier temps, le bombardier anglais, issu d'images d'archives, est un Handley Page Halifax mais plus tard, on voit qu'il s'agit d'un tout autre avion, un Boeing B-17[70]. Il était l'un des quadrimoteurs américains utilisés par l'Institut géographique national jusqu'à la fin des années 1980, qui ont participé aussi au tournage du film Memphis Belle (à noter cependant que l'erreur n'est pas forcément historique, puisque des bombardiers B17 de fabrication américaine ont servi dans la RAF durant la seconde guerre mondiale avec le même type de marquage que ceux de l'appareil tel qu'il est filmé survolant Paris). Jean Salis finance l’achat du B-17 « Pink Lady » et à son initiative l’Association Forteresse Toujours Volante est créée en 1985, avec pour but l’acquisition d’une Forteresse, la présentation en vol de celle-ci et sa conservation sur l’aérodrome de la Ferté Alais. En 1987, le B-17 « Pink Lady » reçoit un « CDN avion de collection » et devient le F-AZDX [71].

La batterie de Flak, abattant le bombardier britannique au début du film, n'est pas un modèle allemand mais américain (M45 Quadmount).

À la gare, les logo SNCF sont erronés puisque datant d'après la guerre ; idem pour les logos de la Poste. Le plan suivant (le train roulant en pleine campagne) montre une nouvelle erreur : la ligne ne sera électrifiée qu'après la guerre. De même, durant le trajet en camion, au niveau du barrage, on peut voir une ligne haute tension... qui n'existe pas alors.

Les deux blindés allemands qui arrivent à la Kommandantur sont en réalité des half-tracks M3 américains repeints aux couleurs allemandes.

L'avion de reconnaissance, abattu à la fin du film, est un Fieseler Storch, avion de reconnaissance allemand en service pendant la guerre, mais construit sous licence par Morane-Saulnier et équipé d'un moteur en étoile, alors en service dans la Marine... alors que le modèle d'origine était équipé d'un moteur en ligne.

Liens avec d'autres œuvres

Le thème du récit présente de nombreuses analogies avec le film Jeanne de Paris (1942) où un équipage de bombardier américain trouvait refuge à Paris et le soutien d'une courageuse petite Française (Michèle Morgan dont le fils, Mike Marshall, a tourné dans La Grande Vadrouille). Le film américain est dramatique, même si le surréalisme de sa description de Paris est riche de comique involontaire. Et là aussi, on trouve une fuite par les égouts.

Le film Gonflés à bloc (toujours avec Bourvil, Marie Dubois et Terry-Thomas) reprend - en l'amplifiant entre de nombreux personnages, dont Mireille Darc et Tony Curtis - la scène des lits intervertis dans un hôtel, l'un des protagonistes étant volontairement (« par erreur ») appelé « colonel » (dans la version française).

En 1970, dans Le Mur de l'Atlantique, le dernier film qu'il tourne, Bourvil joue à nouveau aux côtés de Terry-Thomas. Comme La Grande Vadrouille, le film est une comédie se déroulant sous l'Occupation et Marcel Jullian figure parmi les scénaristes.

Dans le film Roma, une scène a lieu dans un cinéma projetant La Grande Vadrouille.

Publication

Le découpage intégral du film avec les dialogues a été publié dans L’Avant-Scène Cinéma de mars/avril 2020[72].

Autour du film

Diffusion à la télévision française

La première télédiffusion eut lieu le 1er janvier 1976 sur la deuxième chaîne française. Au total, le film a été diffusé seize fois sur la première chaîne et onze fois sur la deuxième chaîne. Il a aussi été diffusé sur d'autres chaînes.

Le , diffusion sur Antenne 2, le film a rassemblé 11 385 000 et 47 % des téléspectateurs.[73]

Sur la première chaîne, la huitième diffusion eut lieu en 1988 et rassembla 46,7 % des téléspectateurs, la onzième en 2002, rassembla 9 millions de téléspectateurs, et la douzième 9,3 millions.

Le , pour sa 15e diffusion sur TF1, le film a rassemblé plus de 9 millions de téléspectateurs pour 33 % de part de marché, ce qui fait de lui le film le plus vu à la télévision en France pour l'année 2009[74].

La 16e diffusion à la télévision a eu lieu le , sur TF1 et a réuni 8,7 millions de spectateurs.

Le , la diffusion sur la chaîne TF1 de La Grande Vadrouille a été suivie par 7 239 000 téléspectateurs, soit 28,5 % de part d'audience[75].

Le , pour le dimanche de Pâques, le film a rassemblé 6 256 000 personnes, soit 28,9 % du public sur France 2.

Le , pour le dimanche de Pâques, le film a rassemblé 4 683 000 personnes, soit 22,9 % du public sur France 2[76].

La onzième diffusion (sur France 2) a lieu l'après-midi du dimanche sur France 2 (la vingt-septième au total sur TF1 ou France 2), pendant la période de confinement dû à la maladie à coronavirus 2019. Le film a été vu par 5 140 000 téléspectateurs, soit 37,5 % du public âgé de quatre ans et plus [77]. Auprès de la cible commerciale, le long-métrage est également leader avec 21,9% de part de marché auprès des femmes responsables des achats de moins de 50 ans[77].

Le 17 avril 2022, pour le dimanche de Pâques, le film a rassemblé 4,16 millions de téléspectateurs sur France 2, soit 21 % de parts de marché auprès du public âgé de quatre ans et plus.[78]

Anecdotes

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  • Bourvil et de Funès avaient déjà été réunis deux ans plus tôt par Gérard Oury dans Le Corniaud. Mais ils avaient également travaillé ensemble dans Poisson d'avril (1954), Les Hussards (1955) et La Traversée de Paris (1956).
  • Louis de Funès déclare, en se moquant du major Achbach, être né en 14 pendant la Grande Guerre : d’après cette affirmation il aurait 28 ans dans le film puisque l'action se déroule en 1942, situation relevant de son jeu d'acteur maîtrisé et de son humour.
  • Lors du tournage, Bourvil et Louis de Funès ont dit en riant que c'était leur dernier film ensemble. Ce fut la vérité. Après Le Cerveau (1968) avec Bourvil et Jean-Paul Belmondo, Gérard Oury écrit le scénario de La Folie des grandeurs mais Bourvil, atteint d'un cancer, meurt avant le début du tournage, le . Il est remplacé par Yves Montand. Le film finira quatrième au box-office français de 1971 avec 5,5 millions d'entrées.
  • Il est encore possible de voir les carcasses des voitures ayant servi à la cascade finale avec les planeurs en bas de la falaise du truc de Balduc situé au nord-est de l'aérodrome de Mende - Brenoux.
Carcasse d'une des voitures utilisées pour le tournage de la scène finale de "La Grande Vadrouille"
  • La scène finale devait se conclure par une poursuite à ski. Pour des raisons météorologiques, elle ne put se faire et fut remplacée par une fuite en planeur.
  • Louis de Funès/Stanislas Lefort dirige la Marche Hongroise de La Damnation de Faust d'Hector Berlioz avec les mouvements réels que devrait avoir un chef d'orchestre (de Funès était réellement musicien, mais pianiste de jazz dans les bars). Pour cela, il a répété trois mois devant la glace de son salon et a pris quelques leçons avec le directeur de l'Orchestre national. À la fin de la première répétition, l'orchestre de l'Opéra se lève et l'acclame en « tapant archets contre violons, flûtes contre pupitres[79] ». En fait, ces acclamations étaient totalement improvisées et émurent l'acteur.
  • Dans la scène des bains turcs, c'est l'air de la chanson Tea for Two, extraite de la comédie musicale américaine No, no, Nanette, qui sert de signal de reconnaissance aux personnages ayant rendez-vous. Pour figurer la montée de la vapeur, on a utilisé du gaz carbonique, ce qui a fait s'évanouir un des figurants[80].
  • Gérard Oury avait vendu au producteur Henry Deutschmeister un scénario où deux jumelles font traverser la France à l'équipage d'un bombardier britannique abattu par la Flak. Le réalisateur récupéra les droits du projet et substitua Bourvil et De Funès aux deux sœurs. « Les rôles principaux : deux filles ? Et alors ? Je les transformerai en hommes[79]! » De ce scénario originel ne subsiste que la séquence des Hospices de Beaune.
  • La scène durant laquelle Louis de Funès se retrouve sur les épaules de Bourvil[81] et est promené par celui-ci n'était pas prévue à l'origine dans le scénario et était de la pure improvisation des deux acteurs. En effet, au départ, Louis de Funès devait escalader le mur et devait ensuite tomber sur Bourvil et atteindre le sol. Pour cela il était prévu une doublure pour Louis de Funès. La scène eut tant de succès qu'elle servit pour la réalisation de l'affiche du film : elle est aujourd'hui considérée comme une des plus grandes scènes du cinéma comique français. L'ensemble de cette séquence a été tournée dans le Chaos de Montpellier-le-Vieux.
  • Lors de la poursuite entre les Allemands et les héros, le motard qui reçoit la citrouille et chute n'est autre que Rémy Julienne, l'un des cascadeurs du film. À la suite de la disparition de Gil Delamare, le responsable des cascades du film, Rémy Julienne fut chargé de toutes les actions voitures et motos du film.
  • Beaucoup d'acteurs avaient déjà tourné ou tourneront plus tard avec Bourvil ou Louis de Funès. Reinhard Kolldehoff et Terry-Thomas avaient tourné dans Le Mur de l'Atlantique, Guy Grosso et Michel Modo avaient tourné avec Louis de Funès dans la série des Gendarmes, Jean Droze a partagé l'affiche avec de Funès dans de nombreux films dont Le Corniaud.
  • La scène finale est projetée dans un cinéma de Mexico lors d'une scène de plusieurs minutes du film Roma (2018) d'Alfonso Cuarón. Le film y figure en version originale sous-titrée en espagnol.

Postérité

En , une société de production française annonce convertir Le Corniaud et La Grande Vadrouille en 3D, dans la foulée du succès d'Avatar[82],[83].

Ressortie en 2016

Pour fêter ses 50 ans, La Grande Vadrouille ressort en salle dans une version remastérisée le [16],[84].

Notes et références

Notes

  1. Musique préexistante : La Damnation de Faust d'Hector Berlioz exécutés par l'orchestre de l'Opéra national de Paris, sous la direction de Robert Benedetti et Jacques Météhen (éditions Hortensia) ; Ein Jäger aus Kurpfalz (de) (chant populaire qui sert à la scène des chaises)
  2. À l'international, Terry-Thomas figure donc dans les têtes d'affiches du film, qui y est présenté comme un film du trio « Bourvil / Louis de Funès / Terry-Thomas », différent du duo « Bourvil / Louis de Funès » mis en avant en France[31]
  3. Robert Stack, alors en pleine gloire, est à ce moment-là de passage à Paris pour préparer le film français Le Soleil des voyous (1967).[47]

Références

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  39. http://users.skynet.be/bourvil/Films/Vadrouille.htm
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  79. Gérard Oury, Mémoire d'éléphant, op. cit.
  80. Télé 7 Jours n°815 du 27 décembre 1975, page 89, article intitulé : "La Grande Vadrouille : déjà dix-sept millions de spectateurs", publié à l'occasion de la diffusion du film le jeudi 1er janvier 1976.
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  82. Damien Tastevin, « Le Corniaud et le porno en 3D », sur Écran Large, (consulté le ).
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Citations

  1. Oury 1988, p. 228-229 :
    « [Lulu] prend en charge trois des aviateurs et de Paris à Marseille, du Chabanais au Panier fleuri (célèbres maisons closes à Paris et en province, jadis hauts lieux de la civilisation française), les fait transiter de claques en lupanars et de bordels en boxons. Bouffes au marché noir, lits douillets, tendres tétons, les British effectuent « the most wonderful trip of their lives ». Pas comme leurs copains : « Sonnez les matines ding, deng, dong ! » Tirés de leur sommeil à l'aube, repas frugaux, froides cellules, les trois autres « Rosbif » en fait de robe n'aperçoit que la bure des moines ou les blanches cornettes des nonnes, lesquelles, au risque de leurs vies, les font passer de monastères en couvents. »

     Gérard Oury

  2. Robert Dorfmann[29] : « Le rencontrer à Londres, ce fut comme si un réalisateur et un producteur yougoslaves venaient demander à Jeanne Moreau d'être la vedette de leur prochain film. »

Voir aussi

Articles connexes

Sur La Grande Vadrouille

Ouvrages de membres de l'équipe

Sur Louis de Funès et Bourvil

Bibliographie complémentaire

Documentaire

Liens externes

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