Mary Marquet

Mary Marquet est une actrice française, née le à Saint-Pétersbourg et morte le en son domicile dans le 18e arrondissement de Paris[1].

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Mary Marquet
Mary Marquet
Nom de naissance Micheline Marie Marguerite Delphine Marquet
Naissance
Saint-Pétersbourg, Empire russe
Nationalité Française
Décès (à 84 ans)
Paris, France
Films notables Landru
La Grande Vadrouille
La vie de château
Le malin plaisir

Biographie

Micheline Marie Marguerite Delphine Marquet, dite Mary Marquet, compte dans sa famille de nombreux artistes et comédiens : elle est la fille d'Anatole Marquet également acteur et fils de la comédienne, pensionnaire de la Comédie Française, Delphine Marquet[2] et de Louise Loisel, actrice de théâtre et de cinéma. Une de ses tantes est danseuse étoile[3]. Elle naît le , à Saint-Pétersbourg lors d'une tournée de ses parents[4].

Elle entre en 1913 au Conservatoire national supérieur d'art dramatique et suit les cours de Paul Mounet[3]. Elle y remporte un second prix de tragédie en 1914[2]. Elle échoue aux examens de sortie, mais est aussitôt engagée dans la troupe de Sarah Bernhardt, cette dernière étant une grande amie de la famille. Elle joue à ses côtés dans La cathédrale d'Eugène Morand[3]. Son physique, elle mesure près d'1,80 m[3], la prédispose aux grands rôles tragiques et romantiques[2]. Elle interprète avec succès le rôle du Duc de Reichstadt dans L'Aiglon d'Edmond Rostand[5]. Commence alors une liaison de trois ans avec cet auteur jusqu'à la mort de celui-ci en 1918[3].

Elle mène en parallèle, dès 1914[3], une carrière, d'abord au cinéma muet puis parlant, qu'elle poursuit tout au long de sa vie.

En 1920, elle épouse[6] Maurice Escande, futur administrateur de l'illustre maison de Molière, pour en divorcer à peine 9 mois plus tard, « le temps de ne pas faire d'enfant » comme le précise, sous forme de boutade, l'intéressé[7].

En 1921, elle est au Théâtre Antoine, engagée par Firmin Gémier, avec lequel elle monte plusieurs pièces[5]. Il devient son amant et de leur liaison nait, en 1922, un fils, François, dont Gémier suit l'éducation[4].

Elle entre en 1923 à la Comédie-Française et en devient sociétaire en 1928[2]. Elle y interprète pendant 17 ans, tous les grands rôles du répertoire (Marion Delorme, Phèdre, Andromaque, Bérénice, Roxane, Lucrèce Borgia, ...). Mais elle joue également dans des pièces plus contemporaines de d'Annunzio, Geraldy, Jean Sarment[2]...

Elle rencontre, en 1927, le président du Conseil de l'époque, André Tardieu, dont elle devient la maitresse quasiment officielle[4].

Elle tourne, en 1932, Sapho, d'après la pièce d'Alphonse Daudet et Adolphe Belot, dans laquelle Mary Marquet jouait déjà le rôle de Fanny Legrand[2]. La sortie, en 1934, du film parlant permet au grand public d'apprécier la qualité de sa voix et de sa diction[3].

Mary Marquet et Victor Francen à leur mariage civil en 1934.

Elle épouse, en 1933, l'acteur Victor Francen qui légitime son fils François. Le mariage ne dure pas. Quelques années plus tard, il la quitte le jour où elle doit interpréter Athalie[7]. L'interprétation de cette pièce lui vaut d'obtenir la Légion d'honneur en 1939[8].

Durant l'Occupation, elle reste à Paris. Poétesse elle-même, elle crée, dès 1940, des récitals poétiques qu'elle poursuit tout au long de sa carrière[2] et qui lui valent le qualificatif de «Prêtresse de la Poésie»[4] ainsi que le Prix du Brigadier en 1976. Elle est souvent citée parmi les sympathisants de l'occupation allemande[9]. Mais la mort de son fils, arrêté en 1943, déporté à Buchenwald, où il succombe trois mois plus tard d'une septicémie, la marque profondément[10]. À la Libération, elle est arrêtée, soupçonnée de collaboration à cause de ses chroniques dans le quotidien pro-nazis Aujourd'hui, elle aurait aussi tenter d'intervenir pour faire libérer son fils. On la soupçonne également d'avoir une responsabilité dans l'arrestation et la mort de son fils[11]. Retenue au Vel'd'Hiv', envoyée à Drancy, puis à Fresnes[10], elle est finalement relâchée faute de charges suffisantes[12]. Elle relate cet épisode marquant de sa vie dans son livre Cellule 209 publié en 1949[13].

En 1945, elle quitte la Comédie Française, tout en continuant une carrière théâtrale sur les boulevards, excellant dans les rôles comiques aussi bien que dans des œuvres plus denses (la Mère courage de Bertolt Brecht, La Visite de la vieille dame de Friedrich Dürrenmatt - enregistrée pour la télévision en 1971, Le Coup de Trafalgar de Roger Vitrac, ...)[2]. En 1954, elle monte, à Orange, L'Arlésienne d'Alphonse Daudet dans laquelle elle interprète le rôle de Rose Mamaï[4].

Elle tourne également pour l'ORTF, des adaptations de pièces de boulevard, quelques Maigret, dans Les Cinq Dernières Minutes, Les Saintes chéries ou encore dans l'adaptation télévisée du roman de Stendhal, Lucien Leuwen.

Sa carrière cinématographique est également bien remplie. Parmi ses films les plus réussis, on peut retenir son rôle de Madame de Maintenon dans Si Versailles m'était conté…[5], en 1954, de Sacha Guitry et celui de Marie-Angélique Guillain dans Landru, en 1962, de Claude Chabrol. Elle campe un truculente mère supérieure dans La Grande Vadrouille en 1966 de Gérard Oury[5]. On la trouve dans La vie de château (1966) en mère de Philippe Noiret et belle-mère de Catherine Deneuve, dans Le malin plaisir (1975) en compagnie de Claude Jade et Anny Duperey et dans Le Casanova de Fellini[5] en 1975.

Sépulture de Mary Marquet au cimetière de Montmartre.

Elle s'éteint en 1979 d'une crise cardiaque, dans son appartement de la rue Carpeaux, à 84 ans. Elle est inhumée au cimetière de Montmartre, où une amie fidèle l'accompagne jusqu'à cette dernière demeure : la princesse Grace de Monaco[3].

Filmographie

Cinéma

Télévision

Théâtre

Hors Comédie-Française

Comédie-Française

Distinctions

Décorations

Récompense

Publications

Mary Marquet est autrice de deux recueils de poésie[4] et de plusieurs récits autobiographiques

  • 1947 À l'ombre de tes ailes (poésies)
  • 1948 Les Impérissables (souvenirs de théâtre)
  • 1949 Cellule 209 (récit autobiographique)
  • 1956 La Course aventureuse (poésies)
  • 1974 Ce que j'ose dire (récit autobiographique)
  • 1975 Ce que je n'ai pas dit (récit autobiographique)
  • 1976 Mes noces d'or avec la poésie - récital 75-76
  • 1977 Tout n'est peut-être pas dit (récit autobiographique)
  • 1979 Vous qui m'aimiez, vous que j'aimais (récit autobiographique)

Anecdote

L'actrice est représentée dans la fresque en trompe-l'œil peinte par Charles Hoffbauer (1875-1957), grand prix de Rome 1924, au plafond de la coupole du château d'Artigny à Montbazon (Indre-et-Loire), ancienne propriété du parfumeur François Coty (1874-1934)[14].

Bibliographie

  • Yvan Foucart : Dictionnaire des comédiens français disparus, Mormoiron : Éditions cinéma, 2008, 1185 p. (ISBN 978-2-9531-1390-7)

Notes et références

  1. Archives de Paris 18e, acte de décès no 1490, année 1979 (page 20/31)
  2. « Mary Marquet, 376e sociétaire », sur https://www.comedie-francaise.fr (consulté le ).
  3. « Mary Marquet », sur http://artistes1940.free.fr/ (consulté le ).
  4. « Mary Marquet », sur acterieur du cinema, (consulté le ).
  5. Philippe Pelletier, « Mary Marquet », sur http://www.cineartistes.com/, (consulté le ).
  6. Mention marginale sur l'acte de naissance n° 15/2783/1892 de Maurice Escande sur les Archives de Paris en ligne (consulté le 19.11.2011).
  7. « Entretien avec Jean Laurent Cochet », sur https://www.froggydelight.com/index.php, (consulté le ).
  8. Danièle Déon-Bessière, Les Femmes et la Légion d'Honneur : depuis sa création, Officine, , p. 185.
  9. Jean Defrasne, Histoire de la collaboration, Presses universtaires de France, coll. « Que sais-je? », (présentation en ligne), p. 129
  10. Michel Lafitte et Annette Wevorka, À l'intérieur du camp de Drancy, Perrin, coll. « Tempus », (présentation en ligne), p.203.
  11. Jean Knauf, « La Comédie Française - 1944 », sur https://www.lesarchivesduspectacle.net/ (consulté le ),note 40 p 7 et 8.
  12. Paris-Presse, 28 janvier 1945, p.2 : "L'affaire Mary Marquet est classée"
  13. Extraits de cellule 209 sur Gallica
  14. (fr + en) Patrice de Sarran, François Coty, empereur d'Artigny : le parfum de la gloire, Tours, La Nouvelle République du Centre-Ouest, , 95 p. (ISBN 2-86881-085-3, présentation en ligne), p. 47.

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