Longin le Centurion
Saint Longin le Centurion (ou sanctus Longinus sous sa forme latine) (dont le grade de « centurion » est légendaire[1]) est le nom traditionnel que la tradition chrétienne donne au soldat romain qui a percé de sa lance le côté droit du Christ une fois mort sur la croix.
Pour les articles homonymes, voir Longin et Saint Longin.
Longin le Centurion | |
Saint Longin par Gian Lorenzo Bernini (basilique Saint-Pierre). | |
Saint | |
---|---|
Naissance | Ier siècle |
Décès | Ier siècle |
Autres noms | sanctus Longinus |
Fête | 16 octobre et parfois 15 mars |
Attributs | la lance |
Saint patron | ville de Mantoue |
Selon la tradition, ce soldat se convertit et mourut martyr à Césarée de Cappadoce dont il aurait été originaire[2],[3],[4]. Il est fêté le en Orient et le en Occident.
Son attribut est la lance (lonkhê en grec ancien, d'où dérive sans doute son nom[source insuffisante]. Il est ainsi nommé dans l'apocryphe Évangile de Nicodème)[5].
Tradition chrétienne
Une tradition attribue le nom de Longin au centurion cité en Marc 15,39 : « le centurion, qui se tenait en face de la croix, et s'écria, une fois le Christ mort : Vraiment cet homme était Fils de Dieu ! »[6]. Mais les Évangiles canoniques distinguent nettement entre le soldat qui a transpercé le côté droit du Christ mort (Jn 19,34)[7] et le centurion présent au Calvaire, ému par le tremblement de terre au moment de la Passion, qui s'est écrié : Vraiment cet homme était Fils de Dieu ! (Mt 27,54 ; Mc 15,39)[8].
Selon la tradition très ancienne mais cependant apocryphe qui le considère comme un centurion, Longin, originaire de Cappadoce, servait dans l'armée romaine et commandait une unité en Judée. Il fut, avec ses hommes, chargé de surveiller la crucifixion de Jésus-Christ[6] et il reçut ensuite mission de garder son corps pour que personne ne pût le dérober ni dire qu'il était ressuscité. Il se serait converti à la vue des prodiges qui ont accompagné la Passion du Christ, ce qui est attesté, au sujet du centurion romain, par le récit évangélique canonique (Mt 27,51-54). La Légende dorée en fait plus tard un héros de roman, aveugle, qui aurait été guéri de sa cécité physique (symbole de cécité spirituelle) par le sang qui aurait coulé de la plaie du Christ en croix jusque dans ses yeux[9].
Après sa mort, ses restes furent transportés en Cappadoce et placés dans une église.
Le nom de Longin apparaît dans l'Évangile de Nicodème (16.7), texte apocryphe composé en grec au IVe siècle, et qui tente de compléter les lacunes narratives du récit évangélique, en combinant probablement les deux brèves mentions, l'une de Jean, et l'autre de Matthieu/Marc[10]. La Légende dorée raconte qu'après sa conversion, il renonça aux armes et vécut en ermite en Cappadoce où il « convertit beaucoup de monde »[6]. Le gouverneur local le fit arrêter et, ne parvenant pas à lui faire renier Dieu, lui fit arracher la langue. Saint Longin ne perdit pourtant pas l'usage de la parole et détruisit les idoles païennes présentes. Les démons en sortirent, rendirent fou et aveugle le gouverneur païen, qui fit alors décapiter saint Longin, avant de se repentir lui-même.
C'est donc seulement cet évangile de Nicodème qui assimile Longin au centurion mentionné dans les Évangiles canoniques et qui commence à lui conférer une « épaisseur » historique, ou plutôt légendaire, qui conduit plus tard Bède, puis Raban Maur et Notker à la rédaction d'une Vie de saint Longin[11].
Représentation dans les arts
Dans le manuscrit enluminé des Évangiles de Rabula datant du VIe siècle et achevé en 586, une peinture sur parchemin montre Longin le Centurion lors de la Crucifixion.
Son nom, Longinus, figure sur la fresque que le pape Zacharie (741-752) fit exécuter dans l'église Sainte-Marie-Antique, à Rome. C'est l'une des plus anciennes représentations connues de la Crucifixion.
Il est un des saints patrons de la ville de Mantoue et est représenté sur le tableau d'Andrea Mantegna intitulé La Vierge de la Victoire où il figure portant ses attributs : un casque et une lance de couleur rouge (celle du sang mais aussi de la symbolique de la Passion).
Dans le film de Mel Gibson, La Passion du Christ, Longin le centurion est représenté par un romain nommé Cassius, qui apparait ici être un simple soldat, et qui perce le flanc de Christ de sa lance. Il y est dépeint plutôt positivement, ainsi il demande qui est Marie lors du chemin de croix, aide Simon de Cyrène à se relever alors que les autres soldats romains le chassent violemment de la colline, hésite à frapper les jambes du Christ, et finalement aide à le détacher de la croix. Il est l'un des rares Romains, avec un autre soldat qui l'accompagne, et le centurion Abenader (personnage fictif du film), qui ne frappe pas le Christ et qui est troublé par sa Passion.
Tradition de Longin le centurion à Mantoue
Selon cette tradition, Longin, qui aurait, après sa guérison, passé sa vie à diffuser la parole évangélique dans le monde, serait arrivé à Mantoue en Italie où il aurait subi le martyre. En 804, le pape Léon III confirma l'authenticité de ses reliques. Au Xe siècle, elles durent être cachées alors que les Hongrois approchaient de la ville pour s'en emparer. C'est en 1048, que l'apôtre Saint André serait apparu à un mendiant, nommé Adalberto, lui révélant où avaient été murées les précieuses reliques. Depuis lors, elles sont conservées dans la crypte de l'église Sant'Andrea de Mantoue[12].
Galerie
- Longin dans La Crucifixion de Jan Provost (détail), entre 1501 et 1505 approx, Musée Groeninge de Bruges.
- Statue de Longin à Bom Jesus (Portugal).
- Longin dans La Crucifixion de Matthias Gothart Grünewald, vers 1515, techniques mixtes sur tilleul, Kunstmuseum de Bâle (Suisse).
- Longin représenté dans l'église Nea Moni à Chios, vers 1050 (Grèce)
Notes et références
- (en) M. Bunson, Encyclopedia of the Roman Empire, Facts on File, , p. 244.
- Catherine Jolivet-Lévy, Les Églises byzantines de Cappadoce, Éditions du CNRS, , p. 97.
- Une autre tradition donne Longin comme originaire de la ville de Lanciano en Italie où est survenu un miracle eucharistique.
- Une autre tradition donne Longin comme originaire du village de Llançà en Espagne qui arbore trois lances dans son blason.
- Jacques de Landsberg, L'art en croix : le thème de la crucifixion dans l'histoire de l'art, Renaissance Du Livre, , p. 32.
- « Le martyrologe romain fait mémoire de Saint Longin », Magnificat, no 239, , p. 236.
- Jn 19,34
- Mt 27,54, Mc 15,39.
- Éliane Burnet et Régis Burnet, Pour décoder un tableau religieux, Les Éditions Fides, , p. 79.
- Alain Boureau (dir.), La légende dorée, Gallimard, , p. 1189
- Gaston Duchet-Suchaux, L'iconographie : études sur les rapports entre textes et images dans l'Occident médiéval, Léopard d'or, , p. 223.
- Barbara Furlotti et Guido Rebecchini (trad. de l'italien), L'art à Mantoue, Paris, Hazan, , 278 p. (ISBN 978-2-7541-0016-8), page 12
Annexes
Articles connexes
- Noms traditionnels d'anonymes bibliques
- La légende de la sainte Lance
- Rotonde Saint-Longin, une église romane du XIIe siècle située dans la capitale tchèque Prague consacrée à saint Longin
Liens externes
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- (en) British Museum
- (de + en + la) Sandrart.net
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Notices d'autorité :
- Fichier d’autorité international virtuel
- International Standard Name Identifier
- Bibliothèque nationale de France (données)
- Système universitaire de documentation
- Bibliothèque du Congrès
- Gemeinsame Normdatei
- Bibliothèque nationale d’Espagne
- Bibliothèque nationale d’Israël
- Bibliothèque nationale tchèque
- WorldCat
Bibliographie
- Jacques de Voragine, La Légende dorée, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 2004, publication sous la direction d'Alain Boureau.
- Portail de la Bible
- Portail du christianisme
- Portail du catholicisme
- Portail de la Rome antique