Louis Ier d'Orléans

Louis Ier d'Orléans, né le à Paris où il est mort assassiné le , fils du roi Charles V (1338-1380) et frère cadet de Charles VI (1368-1422), est un prince de la maison capétienne de Valois, duc d'Orléans de 1392 à 1407.

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Louis d'Orléans

Louis Ier d'Orléans reçoit un livre de Christine de Pizan. Miniature du Maître de la Cité des dames tirée de l'Épître Othéa, British Library, Harley MS 4431, fo 95, vers 1410-1414.
Titre
Duc d'Orléans

(15 ans, 5 mois et 19 jours)
Prédécesseur Philippe Ier
Successeur Charles Ier
Duc de Valois

(15 ans, 5 mois et 19 jours)
Prédécesseur Philippe III
Successeur Charles Ier
Comte d'Angoulême
Prédécesseur attaché au domaine royal
Successeur Jean Ier
Comte de Blois
Prédécesseur Guy II
Successeur Charles Ier
Comte de Périgord
Prédécesseur attaché au domaine royal
Successeur Jean Ier
Comte de Soissons
Prédécesseur Marie Ire
Successeur Charles Ier
Biographie
Dynastie Maison de Valois-Orléans
Date de naissance
Lieu de naissance Paris
Date de décès
Lieu de décès Paris
Sépulture Couvent des Célestins de Paris
Père Charles V
Mère Jeanne de Bourbon
Conjoint Valentine Visconti
Enfants Charles
Philippe
Jean
Marguerite
Jean (fils naturel)

Fondateur de la deuxième maison d'Orléans, Louis d'Orléans est le père du duc et poète Charles d'Orléans, le grand-père de Louis XII et l'arrière-grand-père de François Ier.

Membre du conseil de régence institué en 1392 pour suppléer son frère atteint de démence, Louis se trouve en conflit avec les ducs de Bourgogne Philippe le Hardi (1342-1404), puis Jean sans Peur (1371-1419), ses oncle et cousin, et est assassiné en 1407 sur l'ordre de ce dernier, ce qui provoque la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons, qui interfère avec la reprise de la guerre franco-anglaise dans les années 1410.

Des rumeurs lancées par le parti anglo-bourguignon affirment alors que Louis d'Orléans est le père biologique du dauphin Charles (1403-1461), justifiant ainsi son éviction de la succession par le traité de Troyes en 1420 et l'avènement de Henri VI d'Angleterre à la mort de Charles VI.

Biographie

Famille

Second fils survivant du roi de France Charles V et de Jeanne de Bourbon, il est le frère unique de Charles VI.

Il épouse en 1389 Valentine Visconti (13681408), fille de Jean-Galéas Visconti, seigneur de Milan, et d'Isabelle de France. La procuration de Charles VI pour la négociation de ce mariage date du [1]. Ce mariage sera à l'origine des prétentions des rois de France Louis XII et François Ier sur le duché de Milan.

Prince royal

Comte de Beaumont et duc de Valois, puis duc de Touraine (1386), comte de Château-Thierry, de Vertus, de Luxembourg, de Porcien, de Courtenay, d'Angoulême, du Périgord, de Blois, de Dunois, de Soissons, et de Dreux, baron de Coucy et de Châtillon-sur-Marne, seigneur de Luzarches, de Sablé de Grandelin, de Châlons-en-Champagne, de Châteaudun, de Sedenne, de Crécy, d'Épernay, de Montargis, de Fère-en-Tardenois et d'Oisy, il reçoit en 1392 le duché d'Orléans en apanage.

Il montre son goût pour la fête et les plaisirs en faisant édifier à Paris de coûteux hôtels. C'est un séducteur dont les ennemis diront qu'il « hennissait comme un étalon après presque toutes les belles femmes ».

Très proche de son frère durant la brève période de gouvernement personnel de Charles VI et de la politique des marmousets (1388-1392), il devient le rival des ducs de Bourgogne, Philippe le Hardi (mort en 1404) puis Jean sans Peur.

Il est soutenu par la reine Isabeau de Bavière tandis que la folie du roi se confirme.[réf. nécessaire]

Le conflit avec Philippe le Hardi

Traité d’alliance entre la reine Isabeau de Bavière, le duc Jean Ier de Berry et le duc Louis Ier d’Orléans, Paris, . Archives nationales AE/II/426.
Assassinat du duc Louis d'Orléans.
Enluminure du Maître de la Chronique d'Angleterre, vers 1470 ?-1480 ?, Paris, BnF, département des Manuscrits.

En 1392, le roi sombre dans une folie intermittente. Pendant ses crises, la reine Isabeau est chargée de la régence, conseillée par les grands du royaume, parmi lesquels Philippe le Hardi, duc de Bourgogne et oncle du roi, dont il a été régent pendant sa minorité (1380-1388) a le plus d'influence. La reine qui est piètre politique s'appuie sur Philippe à qui elle doit son mariage royal. Louis d’Orléans cherchant à reprendre de l'influence au sein du conseil, apparaît comme le seul véritable rival du duc de Bourgogne.

En 1402, il acquiert le duché de Luxembourg en gagère, afin d'empêcher Philippe le Hardi de réaliser une continuité territoriale entre ses possessions de Bourgogne (duché et comté de Bourgogne) et celles des Pays-Bas (comté de Flandre et comté d'Artois). Le duché de Luxembourg devient une possession bourguignonne seulement sous le règne de Philippe le Bon (1419-1467).

La même année 1402, à la mort du connétable Louis de Sancerre, il fait partie de ses exécuteurs testamentaires, au nombre de vingt-deux[2].

Le conflit avec Jean sans Peur

À la mort de Philippe le Hardi, en 1404, Louis d'Orléans voudrait profiter l'inexpérience de Jean sans Peur pour accroître son influence.

Par sa prodigalité, il suscite une impopularité croissante[réf. nécessaire], exploitée par Jean sans Peur. Il est accusé d'avoir voulu séduire ou, pis, violer la duchesse de Bourgogne. Il semble vouloir faire rompre la trêve franco-anglaise, allant jusqu'à provoquer Henri IV de Lancastre en duel, ce que Jean sans Peur ne peut admettre, car les manufacturiers flamands dépendaient totalement des importations de laine d'outre-Manche et auraient été ruinés par un embargo.[pas clair]

Louis d'Orléans parvient cependant à conforter sa position en faisant évincer les partisans du duc de Bourgogne du conseil du roi : grâce au soutien de la reine, l'ordonnance du fait passer le nombre de Bourguignons de vingt-six à deux.

L'assassinat

Les funérailles de Louis d'Orléans (miniature extraite des Vigiles du roi Charles VII de Martial d'Auvergne, fin du XVe siècle, Paris, BnF, département des Manuscrits).

Voyant le pouvoir lui échapper, le duc de Bourgogne réagit de façon violente.

Le , un groupe d'hommes de mains sous la conduite de Raoul d’Anquetonville, s'embusque dans une hôtellerie assassine Louis d'Orléans en chemin vers à l'hôtel Saint-Pol, où il a été appelé sous un faux prétexte par le valet du roi Thomas de Courteheuse, alors que Louis venait de rendre visite à la reine Isabeau de Bavière dans l'hôtel Barbette. Sa dépouille est déposée, avant les funérailles, dans l'église Notre-Dame-des-Blancs-Manteaux[3]

Ce meurtre provoque la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons. Jean sans Peur est discrédité par cet acte et les Orléans sont soutenus par les ducs de Berry, de Bretagne et de Bourbon qui forment le parti dit des Armagnacs (la ligue de Gien), du nom du comte d'Armagnac Bernard VII d'Armagnac, beau-père de Charles d'Orléans.

Les possessions de Louis d'Orléans

Il a reçu en apanage à sa naissance le duché de Touraine ainsi que le comté de Valois, mais il n'a pu en avoir la jouissance qu'après la mort de la duchesse douairière. Avec son mariage avec Valentine Visconti, fille du duc de Milan, il recevait le comté d'Asti.

À vingt ans, en 1392, il est devenu duc d'Orléans et de Valois ainsi que comte de Beaumont. En 1394, il devient comte d'Angoulême, en 1395, il acquiert le vidamé de Châlons pour 1 900 livres, en 1400, il est en possession de la baronnie de Coucy, du comté de Portien, du comté du Périgord, en 1401, du comté de Dreux, en 1402, du comté de Chiny et du duché de Luxembourg, du comté de Vertus. Son domaine s'était agrandi dans la même période d'un grand nombre de châtellenies, comme Brie-Comte-Robert, Château-Thierry, Luzarches, Fère-en-Tardenois, Pinon, Provins

Louis d'Orléans est à l'origine de la construction de deux châteaux prestigieux, celui de Pierrefonds et celui de la Ferté-Milon dont seule la façade de l'entrée a été terminée[4].

Descendance

Louis de France, duc d'Orléans, d'après son gisant des Célestins de Paris, dessin de Louis Boudan, XVIIe siècle, Paris, BnF, département des estampes et de la photographie, fonds François Roger de Gaignières, fo 11.

Louis et Valentine Visconti eurent pour enfants :

Louis eut également avec Mariette d'Enghien :

Conçue au XIXe siècle, une thèse sans fondement historique prétend que le 12e enfant d'Isabeau de Bavière serait illégitime et qu'il s'agirait en fait de Jeanne d'Arc, fille d'Isabeau de Bavière et de Louis Ier, duc d'Orléans[6]. Cette thèse a été régulièrement démentie par tous les historiens spécialistes de Jeanne d'Arc depuis deux siècles[7].

Ascendance

Voir aussi

Bibliographie

La Mort menaçant Louis d'Orléans à genoux, d'après une fresque disparue de la chapelle des Célestins à Paris, Paris, BnF, département des estampes, fonds François Roger de Gaignières, planche 58, XVIe siècle.
Louis d'Orléans,
gravure du XIXe siècle.
  • Arnaud Alexandre, « « Que le roi le puisse toujours avoir près de lui ». Présence de Louis d'Orléans à Paris : résidences et chapelles privées », dans Werner Paravicini et Bertrand Schnerb (dir.), Paris, capitale des ducs de Bourgogne, Ostfildern, Jan Thorbecke Verlag, coll. « Beihefte der Francia » (no 64), , 496 p. (ISBN 978-3-7995-7459-4, lire en ligne), p. 373-388.
  • Albert de Circourt (comte), « Le duc Louis d'Orléans, frère du roi Charles VI : ses débuts dans la politique - origines de sa rivalité avec les ducs de Bourgogne », Revue des questions historiques, Paris, Librairie de Victor Palmé, t. 41, , p. 5-67 (lire en ligne).
  • Thierry Crépin-Leblond, Louis d'Orléans et Valentine Visconti, mécénat et politique autour de 1400. Le petit journal de l'expo, Blois, château, -, 8 p.
  • Murielle Gaude-Ferragu, « Le corps du prince : le testament de Louis d'Orléans (1403), miroir de sa spiritualité », Micrologus. Natura, scienze e società medievali. Nature, Sciences and Medieval Societies. Rivista della Società Internazionale per lo Studio del Medio Evo Latino, Florence, SISMEL. Edizioni del Galluzzo, no 7 « Il cadavere / The corpse. Actes du colloque international tenu à Lyon en novembre 1996 », , p. 319-344 (ISSN 1123-2560, présentation en ligne, lire en ligne).
  • Pierre-Gilles Girault, « Images et portraits du prince autour de 1400 : l'exemple de Louis d'Orléans », dans Elisabeth Taburet-Delahaye, La création artistique en France autour de 1400 : actes du colloque international École du Louvre-Musée des beaux-arts de Dijon-Université de Bourgogne, [organisé à Paris], École du Louvre, 7 et 8 juillet 2004 [et à Dijon], Musée des beaux-arts de Dijon [et] Université de Bourgogne, 9 et 10 juillet 2004 / [XIXes Rencontres de l'École du Louvre], Paris, École du Louvre, coll. « Rencontres de l'École du Louvre », , 506 p. (ISBN 2-904187-19-7, présentation en ligne), p. 141-165, [présentation en ligne].
  • Élizabeth Gonzalez, Un Prince en son hôtel : les serviteurs des ducs d'Orléans au XVe siècle, Paris, Publications de la Sorbonne, coll. « Histoire ancienne et médiévale » (no 74), , 393 p. (ISBN 2-85944-495-5, présentation en ligne), [présentation en ligne], [présentation en ligne].
  • Bernard Guenée, Un meurtre, une société : l'assassinat du duc d'Orléans, 23 novembre 1407, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque des histoires », , 350 p. (ISBN 2-07-072577-4, présentation en ligne).
  • Eugène Jarry, La Vie politique de Louis de France, duc d'Orléans, 1372-1407, Paris / Orléans, Alphonse Picard / Henri Herluison, , XX-486 p. (présentation en ligne, lire en ligne).
    Reproduction en fac-similé : Eugène Jarry, La Vie politique de Louis de France, duc d'Orléans, 1372-1407, Genève, Slatkine : Mégariotis, , XX-486 p.
  • Corinne Leveleux-Teixeira, « Du crime atroce à la qualification impossible : les débats doctrinaux autour de l'assassinat du duc d'Orléans (1408-1418) », dans François Foronda, Christine Barralis et Bénédicte Sère (dir.), Violences souveraines au Moyen Âge : travaux d'une école historique, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Le nœud gordien », , VI-284 p. (ISBN 978-2-13-057363-0), p. 261-270.
  • Alain Marchandisse, « Milan, les Visconti, l'union de Valentine et de Louis d’Orléans, vus par Froissart et par les auteurs contemporains », dans Paola Moreno et Giovanni Palumbo (dir.), Autour du XVe siècle. Journée d'étude en l'honneur d'Alberto Varvaro : communications présentées au symposium de clôture de la chaire Francqui au titre étranger (Liège, 10–11 mai 2004), Liège, Publications de l'Université de Liège, coll. « Bibliothèque de la Faculté de Philosophie et Lettres de l'Université de Liège » (no 292), , 272 p. (ISBN 978-2-87019-292-4, lire en ligne), p. 93–116.
  • Michael Nordberg, Les ducs et la royauté : études sur la rivalité des ducs d'Orléans et de Bourgogne, 1892-1407, Stockholm, Svenska bokförlaget, Norstedts, coll. « Studia Historica Upsaliensia » (no XII), , XII-257 p. (présentation en ligne), [présentation en ligne].
  • Claude Ribéra-Pervillé, « Aspects du mécénat de Louis Ier d'Orléans († 1407) », dans Jeanne d'Arc. Une époque, un rayonnement. Colloque d'histoire médiévale. Orléans, octobre 1979, Paris, Éditions du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), , p. 138-148.
  • (en) Christopher Ronald Schultz, The Artistic and Literary Patronage of Louis of Orléans and his Wife, Valentine Visconti (1398-1408), Thèse dactylographiée, Atlanta, Emory University, 1977.
  • Jean-Marie Yante, « Louis d'Orléans, mambour et gouverneur du Luxembourg (1402-1407) : dessein politique et action intérieure », Publications du Centre européen d'études bourguignonnes, Neuchâtel, Centre européen d'études bourguignonnes, vol. 42 « Entre Royaume et Empire : frontières, rivalités, modèles : Rencontres de Porrentruy (27 au ) », , p. 35-53 (DOI 10.1484/J.PCEEB.2.302175).

Liens externes

Notes et références

  1. Conservée aux Archives nationales à Paris, référence K 532 A, no 6.
  2. Ils sont énumérés sur la page Louis de Sancerre, qui n'explique pas quel a été leur rôle.
  3. , cf. Pierre Kjellberg, Le Nouveau Guide du Marais, La Bibliothèque des Arts, 1986, p. 49.
  4. Jean Mesqui et Claude Ribéra-Pervillé : Les châteaux de Louis d'Orléans et leurs architectes (1391-1407).
  5. Généalogie de l'histoire de France (consulté le 5 décembre 2006).
  6. Pierre Marot, « La genèse d'un roman : Pierre Caze inventeur de la « bâtardise » de Jeanne d'Arc » dans Jeanne d'Arc, une époque, un rayonnement, Paris, Éditions du CNRS, 1982, p. 276.
  7. Olivier Bouzy, Jeanne d'Arc, l'Histoire à l'endroit, éditions CLD 2008.
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