Marie-Adélaïde de Bourbon

Louise-Marie-Adélaïde de Bourbon, dite « Mademoiselle d'Ivry » puis « Mademoiselle de Penthièvre », duchesse de Chartres (1769-1785) puis duchesse d'Orléans (1785-1821), est une princesse française membre de la maison de Bourbon née le à Paris à l'Hôtel de Toulouse et morte le au château d'Ivry-sur-Seine.

Marie-Adélaïde de Bourbon

Portrait de Marie-Adélaïde de Bourbon en 1776, duchesse de Chartres, copie de Rioult d'après un original de Lepeintre.
Biographie
Dynastie Maison de Bourbon
Nom de naissance Louise-Marie-Adélaïde de Bourbon
Date de naissance
Lieu de naissance Hôtel de Toulouse, Paris (France)
Date de décès (à 68 ans)
Lieu de décès Ivry-sur-Seine (France)
Sépulture Chapelle royale de Dreux
Père Louis-Jean-Marie de Bourbon
Mère Marie-Thérèse-Félicité d'Este
Conjoint Louis-Philippe d'Orléans
dit Philippe Égalité
Enfants Louis-Philippe Ier
Antoine d’Orléans
Adélaïde d’Orléans
Louis-Charles d'Orléans
Religion Catholicisme

Biographie

La Famille du Duc de Penthiévre dit A la tasse de chocolat
Portrait de Marie-Adélaide de Bourbon avec son époux Louis-Philippe-Joseph d'Orléans

Jeunesse

Louise Marie-Adélaïde est la fille de Louis-Jean-Marie de Bourbon (1725-1793), duc de Penthièvre branche bâtarde des Bourbons, et de Marie-Thérèse-Félicité d'Este (1726-1754). La jeune fille est un membre d'une branche légitimée de la maison de Bourbon.

Sa mère étant morte en couches, elle est confiée aux bénédictines de l'abbaye royale de Montmartre où elle reste pensionnaire pendant 14 ans[1]. En , la mort de son frère aîné, le prince de Lamballe, en fait la dernière descendante du comte de Toulouse, bâtard légitimé de Louis XIV, et la plus riche héritière de France.

Âgée de 15 ans, elle est présentée à la Cour le de la même année. Pendant qu'elle salue et s'incline devant le roi puis le dauphin, personne n'ignore que la jeune fille est la plus riche héritière du royaume. L'héritage potentiel suscite l'intérêt du duc de Chartres, prince du sang et ancien compagnon de débauche du frère de Mademoiselle de Penthièvre. Au mépris des convenances, il ne craint pas de la demander en mariage. Le duc de Penthièvre accepte cet honneur qui fait de sa fille une princesse de sang. En 1785, la mort de son beau-père l'élève au titre de duchesse d'Orléans.

Mademoiselle de Penthièvre et son père.

La Révolution et l'Empire affecteront durement la duchesse d'Orléans. Outre l'exécution du roi et de la reine, sa belle-sœur, la princesse de Lamballe est massacrée par la foule, son fils déserte et émigre, son mari est guillotiné et son neveu, le duc d'Enghien, fusillé. Ses deux fils cadets mourront prématurément des suites de leur incarcération.

Sous la Restauration, elle tentera de reconstituer une partie de cette fortune, ce qui l'amènera à intenter de nombreux procès.

Mariage

Cette richesse ne laisse pas indifférent Louis-Philippe d'Orléans, duc de Chartres. Fils aîné du duc d'Orléans, âgé de 20 ans, il est chef de la branche cadette de la famille royale. C'est un cousin éloigné de Marie-Adélaïde, issue d'une branche illégitime. Pour lui, ce mariage est une mésalliance. L'union est néanmoins consacrée à Versailles le . L'épouse est dotée par son père des duchés de Châteauvillain, d'Arc-en-Barrois et de Carignan.

Le duc de Chartres et sa famille, 1776, par Édouard Cibot et Charles Lepeintre, châteaux de Versailles et de Trianon.

Le couple aura six enfants :

  • une fille (morte-née le ) ;
  • Louis-Philippe (), duc de Chartres, puis duc d'Orléans et roi des Français sous le nom de Louis-Philippe Ier ;
  • Antoine-Philippe (), duc de Montpensier ;
  • Eugène-Adélaïde-Louise (), dite « Mademoiselle de Chartres » (1777), « Mademoiselle d'Orléans » (1782), puis Mademoiselle (1783-1812) et Madame Adélaïde (1830) ;
  • une fille (-), dite « Mademoiselle d'Orléans » ;
  • Louis-Charles (), comte de Beaujolais.

Le mariage s'avère très tôt malheureux. Le duc prend rapidement pour maîtresse la comtesse de Genlis, dame d'honneur de sa femme, qu'il nomme préceptrice de leurs enfants[2]. Pendant vingt ans, Marie-Adélaïde supporte avec naïveté puis résignation les frasques de son mari. Elle souffre également de l'influence de Madame de Genlis sur ses enfants, qui adopteront une attitude révolutionnaire heurtant ses convictions royalistes[3]. Cependant, Marie-Adélaïde aurait été elle-même infidèle au point que la légitimité de son fils Louis-Philippe (futur roi des Français) a été mise en doute par Victor Hugo dans Le roi s'amuse quand il fait dire à Triboulet : « Vos mères aux laquais se sont prostituées : / Vous êtes tous bâtards ». Louis Philippe fera d'ailleurs interdire la pièce en 1832 dès le lendemain de la première.

Retrait en Normandie

La princesse de Lamballe.

En , accompagnée de sa fidèle dame d'honneur la marquise de Chastellux, Marie-Adélaïde se retire en Normandie auprès de son père, le duc de Penthièvre, dernier survivant des petits-fils de Louis XIV.

Le lendemain de la fuite manquée de Louis XVI à Varennes, Marie-Adélaïde et son père sont détenus au château d'Eu mais la mesure sera levée au bout de 19 jours[4]. Ils résideront ensuite aux châteaux d'Anet et de Bizy.

Elle se sépare officiellement de son époux le .

Marie-Adélaïde et son père sont épouvantés par la fin atroce de leur belle-sœur et belle-fille, la princesse de Lamballe, victime des massacres de Septembre. Le duc de Penthièvre considérait la princesse comme sa seconde fille et avait proposé la moitié de son immense fortune en échange de sa vie. De plus, le rôle de son gendre Philippe-Égalité dans la condamnation à mort de Louis XVI l'a scandalisé. Il ne se remettra pas de l'exécution du souverain, le . Il meurt deux mois plus tard, respecté de tous pour sa droiture et sa charité.

Après la désertion du général Dumouriez, qui entraîne dans sa fuite le jeune duc de Chartres, tous les Orléans sont arrêtés. Montpensier et Beaujolais sont emprisonnés à Marseille avec leur père. Déclarée suspecte, Marie-Adélaïde est assignée à résidence à Bizy.

Le duc d'Orléans est guillotiné le . Surnommée la « veuve Égalité », Marie-Adélaïde est incarcérée à la prison du Luxembourg. Elle impressionne ses geôliers par sa piété et son courage[réf. nécessaire].

Libérée en 1794 après la chute de Robespierre, elle trouve refuge dans la pension de Jacques Belhomme, où elle rencontre le conventionnel Jacques-Marie Rouzet. En 1796, ses fils Montpensier et Beaujolais sont libérés mais doivent s'expatrier aux États-Unis. Elle ne les reverra plus. Sa fille Adélaïde, naguère réfugiée en Suisse auprès de Mme de Genlis, a trouvé asile en Allemagne auprès de sa grand-tante maternelle, la princesse de Conti.

À Paris, Rouzet est devenu membre du Conseil des Cinq-Cents et Marie-Adélaïde vit dans une certaine aisance.

Exil en Espagne

Après le coup d'État du 18 fructidor an V (), un décret oblige tous les Bourbons à quitter la France. Marie Adélaïde se réfugie en Espagne avec sa belle-sœur, Bathilde d'Orléans, duchesse de Bourbon. Rouzet l'y retrouve secrètement et tous deux vivent à Sarrià, puis à Figueras où sa fille Adélaïde les rejoindra pour quelque temps.

C'est en exil que Marie Adélaïde apprend le décès prématuré de ses deux fils cadets, morts de maladie.

Le conflit entre la France et l'Espagne oblige Marie Adélaïde et Rouzet à fuir aux Îles Baléares en . Après une séparation de 16 ans, son fils Louis-Philippe vient demander son autorisation d'épouser Marie-Amélie de Bourbon-Siciles. Marie Adélaïde accepte cette union et l'accompagne à Palerme, où le mariage est célébré le . Mais après un séjour commun de deux ans, les relations entre mère et fils sont devenues orageuses. Marie-Adélaïde et Rouzet partent pour Minorque, à Mahon.

Retour en France - Décès

Après la chute de l'Empire, Marie-Adélaïde et Rouzet regagnent la France le . Ils ne sont pas inquiétés pendant les Cent-Jours. Cette année-là, Marie-Adélaïde projette de restaurer la sépulture de sa famille, dont les restes ont été abandonnés dans une fosse commune. Elle fait bâtir la partie haute de l'actuelle chapelle royale Saint-Louis du château de Dreux, où son père avait fait déposer les cercueils de ses parents, de sa femme et de ses enfants après avoir dû céder Rambouillet à la reine en 1783. Louis-Philippe agrandira la nécropole en faisant creuser des cryptes.

Rouzet meurt en 1820. En 1821, Marie-Adélaïde succombe à un cancer du sein, après une longue et douloureuse agonie. Elle est inhumée dans la chapelle royale de Dreux.

Elle ne verra pas l'avènement comme roi des Français de son fils Louis-Philippe, en .

Mécénat

Marie-Adélaïde de Bourbon est l'une des premières protectrices de la peintre Élisabeth Vigée Le Brun (1755-1842). Elle fut aussi cliente de la modiste Rose Bertin, qu'elle présente à la reine Marie-Antoinette.

Titulature

  •  : Mademoiselle d'Ivry
  •  : Mademoiselle de Penthièvre
  •  : La duchesse de Chartres, princesse du sang de France
  •  : La duchesse d'Orléans, princesse du sang de France
  •  : Madame Louise-Marie-Adélaïde d'Orléans
  •  : Louise-Marie-Adélaïde, princesse française
  •  : Citoyenne Louise-Marie-Adélaide Égalité
  •  : Veuve Louise-Marie-Adélaïde Égalité
  •  : La duchesse douairière d'Orléans

Ascendance

Références

  1. H. M. Delsart, La dernière abbesse de Montmartre: Marie-Louise de Montmorency-Laval, 1723-1794, Paris, 1921, p. 25. Numérisé sur gallica.
  2. Stéphanie-Félicité du Crest de Saint Aubin, comtesse de Genlis, fut à la fois la maîtresse du duc d'Orléans Philippe-Égalité et gouvernante des enfants d'Orléans. Elle a trente-six ans en 1792, lorsqu'elle fut chargée de l'éducation des princes. Dans ses Mémoires, le roi Louis-Philippe détaille longuement l'éducation spartiate que lui, ses frères et sa sœur reçurent de Mme de Genlis.
  3. Michel de Decker, Le Duchesse d'Orléans, épouse de Philippe-Égalité, mère de Louis-Philippe, op. cit., p. 136-146.
  4. Michel de Decker, op. cit. p. 150.

Pour approfondir

Bibliographie

  • E. Delille, Journal de la vie de S.A.S. la duchesse d'Orléans, Paris, 1822 (ouvrage écrit par son secrétaire particulier) en ligne
  • André de Maricourt, Louise Marie Adélaïde de Bourbon-Penthièvre, duchesse d'Orléans, Paris, Emile Paul, 1913-1914, 2 volumes. 1e volume: La jeunesse, le duc de Penthièvre, le Palais-Royal, la séparation (1753-1791), 1913; 2nd volume: La duchesse d'Orleans, mere du roi Louis-Philippe (1791-1821), 1914.
  • Michel de Decker, La Veuve Égalité, Librairie Académique Perrin, Paris, 1981 ; réédité sous le titre La Duchesse d'Orléans, épouse de Philippe-Égalité, mère de Louis-Philippe, Pygmalion, Paris, 2001 (ISBN 2-85704-693-6)

Articles connexes

Liens externes

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