Louise d'Artois
Louise Marie Thérèse d’Artois (en italien, Luisa d’Artois), petite-fille de France, est une princesse de la Maison royale de France, membre de la maison de Bourbon, née à Paris, au palais de l’Élysée le et morte à Venise le , fille de Charles-Ferdinand d’Artois, duc de Berry et de Caroline de Naples et de Sicile.
Louise d'Artois | |
Portrait de la duchesse de Parme. | |
Titre | |
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Régente de Parme et de Plaisance | |
– (5 ans, 2 mois et 13 jours) |
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Monarque | Robert Ier |
Duchesse consort de Parme et de Plaisance | |
– (5 ans, 11 mois et 8 jours) |
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Prédécesseur | Marie-Thérèse de Savoie |
Successeur | Commission provisoire de gouvernement[1] Princesse Marie-Pia des Deux-Siciles (consort du prétendant) |
Biographie | |
Titre complet | Petite-fille de France |
Dynastie | Maison de Bourbon (branche d’Artois) |
Nom de naissance | Louise Marie Thérèse d'Artois, petite-fille de France |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Palais de l’Élysée, Paris (France) |
Date de décès | (à 44 ans) |
Lieu de décès | Palais Giustinian, Venise (Lombardie-Vénétie) |
Nationalité | Française |
Père | Charles-Ferdinand d’Artois, duc de Berry |
Mère | Princesse Caroline de Naples et de Sicile |
Conjoint | Charles III, duc de Parme et de Plaisance |
Enfants | Princesse Marguerite Robert Ier, duc de Parme et de Plaisance Princesse Alice Prince Henri |
Religion | Catholicisme romain |
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Duchesses de Parme et de Plaisance | |
Du côté paternel, Louise est la petite-fille de Charles X de France et la sœur du comte de Chambord, prétendant légitimiste au trône de France. Par sa mère, la princesse descend du roi François Ier des Deux-Siciles et de l'archiduchesse Marie-Clémentine d'Autriche. Elle est donc une proche parente de l'empereur François-Joseph d'Autriche mais aussi de l'ex-impératrice des Français Marie-Louise et de la reine des Français Marie-Amélie de Bourbon-Siciles.
Enfance
Petite-fille de Charles X, frère et successeur du roi de France Louis XVIII, Louise d’Artois est le premier enfant survivant de Charles-Ferdinand d’Artois (1778-1820), duc de Berry et de sa jeune épouse Marie-Caroline de Naples et de Sicile. Le , son père Charles-Ferdinand est assassiné en sortant de l’ancien opéra de Paris par Louvel, un bonapartiste qui souhaite l’ « extinction de la maison de Bourbon ».
Marie-Joséphine-Louise de Montaut-Navailles (1773-1857), marquise de Gontaut Saint-Blacard, dame d'honneur de la duchesse de Berry, est nommée gouvernante de la petite fille. Un an plus tard, on lui confiera l'éducation d'Henri d'Artois (1820-1883), futur prétendant Henri V. La comtesse de Gain de Montagnac et Mme de Riveira sont ses sous-gouvernantes.
Celle qui sera créée duchesse de Gontaut en 1827 redoute que l'on ne flatte les petits-enfants de France. Elle estime qu'il faut leur dire la vérité.
Mme de Gontaut élève la fillette en se référant à « L'éducation des filles » de François de Salignac de La Mothe-Fénelon (1651-1715). Elle déplore que la duchesse d'Orléans, Marie-Amélie des Deux-Siciles, future reine des Français, (1782-1866) prétende que la fillette ne vivra pas.
Cependant, quelque temps plus tard, la duchesse de Berry fait part d'une nouvelle grossesse et en , naît « l’enfant du miracle » un garçon qui reçoit le titre de duc de Bordeaux.
Louise est élevée au palais de l'Élysée et au château de Rosny, avec son frère Henri d’Artois.
La révolution
Le , Charles X promulgue des ordonnances qui provoquent la révolution de 1830, connue aussi sous le nom de Trois Glorieuses, s'étant étalée sur trois journées. Le , un groupe d'hommes politiques parisiens lance la candidature au trône de Louis-Philippe, duc d'Orléans. Le , Charles X abdique en faveur de son petit-fils Henri d'Artois. L'ordre de succession donnait cependant le trône au fils aîné du roi, le dauphin Louis-Antoine de France, qui était appelé à régner sous le nom de Louis XIX. Mais celui-ci est contraint de contresigner l'abdication de son père. Ainsi, la Couronne passerait au jeune Henri, duc de Bordeaux, qui deviendrait Henri V. Charles X envoie cet acte d'abdication au duc d'Orléans lui confiant de facto la régence, l'ayant déjà nommé dès le lieutenant-général du royaume (confirmant de fait ce titre, que le duc d'Orléans avait reçu des députés). Dans cet envoi, il le charge expressément de faire proclamer l'avènement d' Henri V. Louis-Philippe d'Orléans ne se tient pas pour régent à partir du ; il se contente de faire enregistrer l'abdication de Charles X et la renonciation de son fils, sans faire proclamer Henri V. Le , la chambre des députés puis la chambre des pairs appellent au trône le duc d'Orléans, qui prête serment le , sous le nom de Louis-Philippe Ier. Néanmoins, dès le , certains légitimistes (qui seront appelés les henriquinquistes) commencent à désigner le jeune Henri, âgé de neuf ans, sous le nom d'Henri V. La famille royale part en exil en Angleterre le [2].
L'exil
En août 1830, à la suite d'une révolution, son grand-père Charles X est chassé de France et le duc d'Orléans est devenu roi des Français. Accompagné d’une partie de la famille royale, Charles X trouve refuge dans un premier temps au Royaume-Uni, en Écosse, au palais de Holyrood.
En 1832, après une vaine tentative pour soulever la Vendée qui est restée royaliste légitimiste, la duchesse de Berry est arrêtée à Nantes, puis emprisonnée à la citadelle de Blaye où elle donne le jour à une enfant née hors mariage. Nonobstant la proche parenté qui le lie à la duchesse, le roi Louis-Philippe fait donner une grande publicité à l'événement qui déshonore la belle-fille du roi détrôné et mère du futur prétendant. Louise, qui a 12 ans, et son frère sont alors confiés à leur tante à la mode de Bretagne, la Dauphine, fille des défunts souverains Louis XVI et Marie-Antoinette.
La famille quitte en 1832 l’Écosse pour Prague, en Bohême, puis en 1836 rejoint Goritz, en Autriche (aujourd’hui Gorizia, en Italie), où l'ancien roi meurt du choléra peu après. Remariée et habitant le château de Brunnsee, à Eichfeld (à 200 km de Vienne), Marie-Caroline n’a jamais retrouvé la garde de ses enfants, malgré l’intervention du vicomte de Chateaubriand.
Mariage
En 1832, le roi Ferdinand II des Deux-Siciles, frère de la duchesse de Berry, avait proposé de marier son frère cadet, le comte de Lecce qui avait 16 ans à "Mademoiselle" qui en avait 13. Le projet fit long feu. La dauphine, tante et tutrice de la princesse, refusa cette proposition. Outre le jeune âge de la princesse, le prince des Deux-Siciles n'était qu'un cadet et il avait déjà une réputation mérité de coureur de jupons qui provoquera sa fin tragique à l'âge de 26 ans.
En 1845, déjà âgée de 26 ans, Louise ne représente aucun avantage politique (au contraire) ; elle est tout de même mariée à un futur souverain, son cousin Ferdinand-Charles, prince héréditaire de Lucques, le futur duc Charles III de Parme. La princesse donnera le jour à 4 enfants en 6 ans. À l’époque, les duchés de Parme et de Plaisance ayant été remis en viager à la veuve de Napoléon Ier, l’impératrice Marie-Louise, par le congrès de Vienne, le père de Charles règne sur le minuscule duché de Lucques.
Marie-Louise d’Autriche décédant deux ans plus tard, les Bourbon-Parme retrouvent leurs duchés patrimoniaux, mais le beau-père de Louise, le duc Charles II de Parme, doit bientôt abdiquer face à la pression populaire.
Régente de Parme
Charles III accède donc au trône en 1849. Sa politique particulièrement autoritaire et son alliance avec l'Autriche dont les troupes occupent le pays, lui aliène une partie de ses peuples et il est assassiné cinq ans plus tard. Le 1854, la veuve du duc, Louise-Marie, annonce la mort de son époux et proclame son fils Robert Ier nouveau souverain de 5 ans, elle-même assurant la régence. Tous les ministres sont remplacés afin d'apaiser les tensions.
Succédant au gouvernement militaire de Charles III, le nouveau gouvernement doit rechercher la neutralité et l'indépendance vis-à-vis de l'Autriche, mais le , les sujets inquiets tentent de se révolter[3]. Tout débute par l'occupation de deux cafés, les troupes arrivées sur place tirent, ce qui provoque une insurrection que l'armée autrichienne réprime violemment[4]. Louise-Marie montre son hostilité à une répression judiciaire excessive et demande la fin des procès et le retour en Autriche des officiers les plus durs[5]. Les troupes autrichiennes quittent définitivement le duché le [6].
Début , avec le déclenchement de la deuxième guerre d'indépendance italienne, de nouveaux désordres éclatent. Ils provoquent le départ de la famille régnante pour Mantoue[7]. Les mazziniens constituent un gouvernement provisoire mis en échec par les militaires, qui ne les soutiennent pas. La duchesse revient alors à Parme[6]. Le , après la victoire de Magenta, Louise-Marie quitte définitivement Parme[7], non sans avoir exposé sa désapprobation dans une lettre de protestation rédigée depuis Saint-Gall le [8].
Union et postérité
En 1845, elle épouse Charles de Parme (futur Charles III). De cette union naîtront :
- Marguerite (1847-1893), qui épouse en 1867 Charles de Bourbon, duc de Madrid, futur prétendant carliste au trône d’Espagne et futur prétendant légitimiste au trône de France.
- Robert (1848-1907), duc de Parme, de Plaisance et des États annexés.
- Alice (1849-1935), qui épouse en 1868 Ferdinand IV, ex-grand-duc de Toscane.
- Henri (1851-1905), comte de Bardi, qui épouse en 1873 Marie de Bourbon-Siciles. Veuf en 1876, il épouse en 1876 Adelgonde de Jésus de Bragance, fille du roi déchu Michel Ier de Portugal.
Descendance
Son fils Robert se maria deux fois et eut 24 enfants parmi lesquels Marie-Louise, épouse du futur tsar Ferdinand Ier de Bulgarie, Zita, dernière impératrice d’Autriche et reine de Hongrie, Sixte et François-Xavier, officiers dans l’armée belge qui, sur les instances de leur beau-frère, l’empereur Charles Ier d’Autriche, essayèrent — en vain — de conclure un traité de paix séparée avec la France en 1917, Félix qui épousa en 1919 la grande duchesse Charlotte de Luxembourg, René dont la fille Anne épousa le roi déchu Michel Ier de Roumanie en 1948.
Ascendance
Note
Dite « Mademoiselle », la rue Mademoiselle dans le 15e arrondissement à Paris est nommée en son nom, après que Louise a participé à la pose de la première pierre de l’église Saint-Jean-Baptiste de Grenelle, le . Elle avait 8 ans.
Titulature et décorations
Titulature
- — : Son Altesse Royale Louise d’Artois, mademoiselle, petite-fille de France
- — : Son Altesse Royale la princesse héréditaire de Lucques
- — : Son Altesse Royale la princesse héréditaire de Parme et de Plaisance
- — : Son Altesse Royale la duchesse de Parme et de Plaisance
- — : Son Altesse Royale la duchesse douairière de Parme et de Plaisance, régente du duché
- — : Son Altesse Royale la duchesse douairière de Parme et de Plaisance
Décorations dynastiques
Dame de l'ordre de la Croix étoilée |
Dame de première classe de l'ordre de Sainte-Élisabeth |
Dame de l'ordre de la Reine Marie-Louise |
Dame grand-croix d'honneur et de dévotion de l'ordre souverain de Malte |
Notes et références
- Noël Ségur, L'Italie reconstituée par la France, l'Angleterre et l'Autriche, , 254 p. (lire en ligne), p. 48.
- Achille de Vaulabelle, Histoire des deux Restaurations jusqu'à l'avènement de Louis-Philippe, de janvier 1813 à octobre 1830, Paris, Perrotin, 1856, 3e édition, p. 403.
- Marchi 1988, p. 264
- Marchi 1988, p. 266
- Marchi 1988, p. 268
- Lopresti 1999, p. 138
- Marchi 1988, p. 269
- (it) Lettre de protestation de Louise d'Artois
Voir aussi
Bibliographie
- Jean-Charles Volkmann, Généalogies des rois et des princes, Éditions Jean-Paul Gisserot, 1998
- Daniel de Montplaisir, Le comte de Chambord, dernier roi de France, Éditions Perrin, 2008
- Pierre Kalmar, Louise-Marie-Thérèse d'Artois, la dernière duchesse de Parme, Éditions Bouteilles à la mer, 2018.
Articles connexes
Liens externes
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