Marc-Guillaume-Alexis Vadier
Marc-Guillaume-Alexis Vadier, né le à Pamiers et mort le à Bruxelles, surnommé « le grand Inquisiteur », est un homme politique français, dont l'activité s'exerça pendant la période de la Révolution.
Marc-Guillaume-Alexis Vadier | ||
Vadier par Edme Quenedey. | ||
Fonctions | ||
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Président de la Convention nationale | ||
– (15 jours) |
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Groupe politique | Montagne | |
Prédécesseur | Jacques-Louis David | |
Successeur | Joseph-Nicolas Barbeau du Barran |
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Député à la Convention nationale | ||
– | ||
Élection | septembre 1792 | |
Groupe politique | Montagne | |
Député à l'Assemblée constituante de 1789 | ||
– | ||
Groupe politique | Tiers état | |
Député aux États généraux de 1789 | ||
– | ||
Élection | ||
Groupe politique | Tiers état | |
Biographie | ||
Date de naissance | ||
Lieu de naissance | Pamiers | |
Date de décès | (à 92 ans) | |
Lieu de décès | Bruxelles | |
Nationalité | Français | |
Parti politique | Club des jacobins | |
Profession | Militaire, puis Politique | |
Résidence | France, puis exil en Belgique | |
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Biographie
Enfance et formation
Marc Guillaume Alexis Vadier[alpha 1] est né le , au domicile de ses parents rue des Nobles à Pamiers. L'enfant étant chétif, le chanoine et curé Marast l'ondoie[2]. Il est baptisé, le , à la collégiale Notre-Dame-du-Camp, son parrain est son oncle Lefèvre, avocat au parlement et sa marraine sa tante Catherine Vadier. Son père, Guillaume[alpha 2] Vadier, est bourgeois et receveur des décimes du clergé de la ville, et sa mère, prénommée « Philippe », est née de Massot[3]. La famille Vadier est originaire de Montières[alpha 3], près d'Amiens, en Picardie. C'est son grand-père Pierre Vadier qui, avec son frère Guillaume, est venu à Pamiers en accompagnant leur employeur François de Camps nommé dans cette ville. Pierre Vadier s'est marié le avec Anne de Traversier, d'une famille de petite noblesse sans grande fortune. À la mort de son oncle Guillaume, son père hérite de ses biens et notamment de la maison, dite Peyroulet, située à Montaut, qu'il avait acquise pour 12 600 livres le [4].
Après avoir appris à lire et compter à la « petite école[5] », il entre, en 1745 à 9 ans, au collège des Jésuites de Pamiers[alpha 4],[6]. Son père meurt avant ses 10 ans[7]. Dans cet établissement, seul le latin est en usage, le français et le gascon étant interdits[8]. Il a tout juste 13 ans lorsqu'il termine ses humanités et reçoit le prix de métrique latine. L'ouvrage offert porte une dédicace du père Arnald Puyjalon : « (...) c'était un enfant remarquable, sous tous rapports, de piété, d'intelligence, et de tempérament. En témoignage de ces qualités, je lui ai écrit cette dédicace signée de ma main et frappée du sceau du collège le [9],[alpha 5]. »
À 13 ans, il est envoyé à Toulouse pour poursuivre ses études comme interne au collège de l'Esquile, tenu par des prêtres de la congrégation cléricale des doctrinaires, qui débute l'année scolaire, le 18 octobre[9]. Il y poursuit ses études pendant trois ans. La première année est consacrée à la rhétorique et les deux suivantes à la philosophie, logique et physique. Cet éloignement alors qu'il y avait la possibilité de suivre ce niveau d'études à Pamiers ne peut venir que d'un choix de lui-même et, ou, de son entourage adulte[11],[alpha 6].
Militaire (1753-1757)
Sans raisons connues[alpha 7], il est engagé volontaire, en 1753, sous le nom de « Marc Guillaume Vadier de Montfort[13] », au régiment de Piémont infanterie qui, à cette époque, dispose d'une compagnie stationnée à Toulouse. Homme de troupe, il a un comportement qui le fait remarquer par ses chefs[14].
En 1755, le comte d'Esparbès, lors de la création de la « compagnie dite du sieur de Tasque », fait une proposition par écrit pour qu'il en prenne la lieutenance : « Ce sujet est depuis deux ans volontaire au régiment. Il s'est très bien comporté et m'est fortement recommandé par Monsieur le prince de Tingry qui m'a fait l'honneur de m'en écrire et celui de m'en parler ». Vadier est promu, à 19 ans, lieutenant du régiment le [15].
En , il est à Cherbourg avec son régiment[16]. Au printemps 1757, le régiment de Piémont fait partie de l'armée du prince de Soubise, qui rentre en Allemagne et remonte le Main pour rejoindre les troupes impériales[17]. Son régiment atteint Landau le 17 juillet, puis il passe à Gotha le 11 septembre avant de s'établir, lendemain, au « camp d'Hisenac ». Le , le régiment est engagé dans la bataille de Rossbach près de la petite ville de Braunsbedra[18]. C'est une lourde défaite pour l'armée de Soubise, le régiment de Piémont est décimé, sans compter les prisonniers, il compte 475 morts et de nombreux fuyards[19]. Ensuite les restes de l'armée de Soubise prennent leur cantonnement d'hiver à Heiligenstadt, avant de se rapprocher de Cologne, Neuss et Düsseldorf fin décembre[13]. Quarante-neuf officiers du régiment de Piémont reçoivent des récompenses, une majorité d'entre eux ont été blessés. Vadier, qui n'est ni blessé, ni récompensé « abandonne sa lieutenance à la fin de l'année 1757[20],[alpha 8] ».
Propriétaire terrien et famille
Ayant démissionné de l'armée, en Allemagne, fin , on ne retrouve Vadier que le , à Pamiers. Il a 26 ans, lorsque sa mère lui donne ses biens en échange d'une pension alimentaire et l'usage d'une petite maison jouxtant la sienne[21].
Le , Vadier se marie avec Jeanne-Marie Lavigne dans la collégiale Notre-Dame de Camp de Pamiers. Jeanne-Marie est membre d'une famille bourgeoise originaire de Pamiers, elle apporte en dote 12 000 livres comme l'indique le contrat de mariage signé, à Pamiers, chez le notaire Conferon. De cette union vont naître huit enfants, six garçons et deux filles, mais seuls quatre garçons vont survivre à l'âge de la petite enfance : Jacques-Roger, dit Carpe, Vadier ; Marc Vadier (?-1791)[alpha 9] ; Jean-Baptiste, dit Nicol, Vadier ; et Montaclar Vadier[21].
Le , il achète la seigneurie du Carla : composé d'un bourg, ancienne place fortifiée située sur un piton rocheux, et de terres dans la vallée. Cet achat ne doit pas le satisfaire car il l'échange, le , contre un domaine, dénommé Nicol, constitué uniquement de terres et situé en limite de sa propriété de Peyroutet[21]. La propriétaire est Rose-Victor Lavaise épouse de Laurent Angliviel de La Beaumelle[23]. La transaction, entre Vadier et Rose-Victor Lavaise, a lieu dans la propriété de celle-ci, dite métairie de Nogarède[21].
Vadier, fait défricher 15 ha sur ses domaines de Peyroutet et Nicol, entre le mois d' et le mois de . L'ensemble des terres de ses domaines de Peyroutet, de Nicol et de Belpech, à la limite de l'Ariège et de l'Aude, forment un ensemble de 185 hectares, dont la valeur totale est estimée à 300 000 livres[24]. La surface de ses domaines place Vadier, après Cazes et Dardigna, à la troisième place des grands propriétaires résidant sur place.
Conseiller à la sénéchaussée et au présidial
En , la mort de Jean-Baptiste Daliot de Lafage entraine la vacance d'une charge de conseiller à la sénéchaussée et au présidial de Pamiers. Vadier est intéressé mais il lui manque les titres. Il travaille en auditeur libre et il est reçu bachelier à l’université de Toulouse, le . Il s'inscrit comme avocat et il rachète cette charge toujours vacante à la famille du défunt[26].
Le Roi lui accorde les provisions de cette charge le [23]. Néanmoins, son installation ne va pas se faire facilement, le premier avocat du roi, « François Darmaing[27] », s'oppose à la remise des arrêts la permettant. Ce refus plusieurs fois exprimé provoque une plainte, de la Chambre du conseil, auprès du Parlement de Toulouse. Celle-ci argumente sur le fait que l'exécution des ordres du Roi sont exécutoires et ne peuvent être retardés[28]. Après une mise en demeure du Parlement de Toulouse, la cérémonie d'enregistrement a lieu le [27].
Les affaires à traiter sont le plus souvent de petite importance. Vadier est aimable et attentif aux avis de ses collègues, il présente le sien mais accepte facilement d'en changer si les arguments présentés lui paraissent valables. Cette attitude fait qu'on le choisit souvent pour être syndic[29]. Néanmoins, il fait également attention au bon déroulement des procédures, lorsqu'en 1777 un greffier ajoute dans un jugement des notes pouvant contredire ses décisions, il porte plainte[30]. En 1778, il est choisi pour être l'un des accompagnateurs du juge-mage pour représenter le présidial pour exprimer des condoléances auprès du fils de François Armand d’Usson marquis de Bonnac qui vient de mourir[31].
En 1788, Vadier jouit d'une popularité certaine dans le comté de Foix du fait qu'il a, dans le cadre de sa fonction au présidial, défendu avec ardeur les déshérités et qu'il a avec la même force poursuivi les « prévaricateurs »[32]. Il est « frère vénérable » de la franc-maçonnerie[33].
Élections à Pamiers
Le roi Louis XVI, accédant à la demande de Loménie de Brienne promet, le , de réunir les États généraux le [34]. Cette décision agite la population du Comté de Foix car la dernière réunion, de ces États, date de 1614 et le roi est populaire. Jean-Baptiste de Marquié-Cussol, président su présidial depuis le , et Vadier, qui partageait ses idées, adressent, au nom du présidial dont ce n'était pas la fonction, un mémoire au roi. Ils demandent que la représentation du comté ne soit pas du même ordre que celle des états de Foix argumentant sur le fait que le territoire de la sénéchaussée est différent de celui du comté. Puis ils ajoutent une nouvelle revendication qui est que le tiers doit avoir autant de représentants que ceux de la noblesse et du clergé réunis[35].
Après l'échec d'un coup de force de l'évêque de Pamiers, Joseph-Mathieu d’Agoult, qui voulait se faire nommer représentant aux états généraux avant la réunion des états généraux, celle des états de Foix ouvre à Pamiers le . Les échanges sont houleux et les discussions sur le mode de représentation se poursuivent jusqu'au , date de la décision de Louis XVI sur l'organisation électorale. Pour Pamiers l'avis de Marquié-Cussol et Vadier a été entendu, il faut élire quatre députés dont deux du tiers. Par ailleurs c'est Marquié-Cussol qui est mandaté pour organiser les élections[36].
Vadier est élu, à 53 ans le , député du tiers représentant de la sénéchaussée de Pamiers aux États généraux de 1789[37]. Le 10 avril, il prête serment, avec les trois autres députés, le deuxième représentant du tiers Georges Bergasse de Laziroules, le représentant du clergé : Jean Bernard Font et celui de la noblesse Mathieu Louis Armand d'Usson, devant plus de 800 délégués, dans l'église des Frêres-Prêcheurs[38]. Ce serment précise que ces députés doivent à leurs mandants « d'exécuter fidèlement leurs volontés consignées dans les cahiers, conformes au vœu général de la nation, pour la réforme des abus et l'établissement d'un ordre fixe et durable dans toutes les branches de l'administration[39] ».
Député aux États généraux à Versailles
Les députés Vadier et Bergasse-Laziroule rejoignent Versailles pour l'ouverture de la cession des états généraux le . Ils participent « avec enthousiasme à toutes les résolutions énergiques des communes[40] ».
Le , le procès-verbal du Serment du Jeu de paume enregistre la présence des députés du Tiers-état de Pamiers Bergasse-Laziroule, qui signe « Laziroule »[41], et Vadier[42].
Député à l'Assemblée constituante (1789-1791)
Premières actions
Après la création de l'Assemblée constituante de 1789, on retrouve les députés du Tiers, Vadier et Bergasse-Laziroule, dans la nuit du 4 août 1789, lorsqu'ils votent l'abandon des privilèges de leur province et des communautés[43]. Ce vote allant à l'encontre des avis du cahier de leurs mandants[44], ils envoient une lettre-circulaire pour en demander l'approbation aux communautés du territoire. Le « conseil politique de Foix », réuni le 17 août, approuve ce vote. Il est suivi par la majorité des communautés du comté de Foix, seules quelques villes ne répondent pas. Les « patriotes » créent un comité pour relancer les retardataires. La ville d'Ax approuve le 17 octobre mais le conseil politique de Pamiers demande des avis et fait des démarches qui repoussent sa réponse[45].
Les décisions prises par l'assemblée ont immédiatement des répercussions sur les territoires et notamment celui du comté de Foix. Les députés Vadier et Bergasse-Larizoule, qui ont voté favorablement ces textes, interviennent localement, notamment le 23 août ils conseillent à la municipalité de Pamiers de remplacer l'octroi sur le vin, qui est supprimé, par « un impôt sur tous les contribuables »[46].
Création du département de l'Ariège
Vadier va particulièrement s'impliquer lors de la discussion sur la division de la France en départements qui s'ouvre le . Il s'oppose aux représentants, du Languedoc, du Roussillon, du Comminges et du Couserans qui veulent se partager le territoire du comté de Foix, en proposant la création d'un département de l'Ariège en y ajoutant Mirepoix et le Couserans et en cédant un chef-lieu de district aux dépens du territoire de Pamiers. Cela permet au pays de Foix de devenir le centre du nouveau département et à la ville de Foix d'en être le chef-lieu[47]. Le 13 décembre, Vadier et Bergasse-Larizoule écrivent « Pamiers et Foix doivent se réunir sans perdre de temps pour faire les démarches convenables auprès des villes de Saint-Girons et de Mirepoix et autres pour la formation du département[48] ».
Le découpage proposé par Vadier est retenu et devient comme une référence pour les discussions encore en cours pour les autres départements. Le , Vadier, Bergasse-Larizoule et Jean Bernard Font signent, à Paris, l'accord définitif de la création du département de l'Ariège[49].
Affaire de Pamiers
Le , Vadier va, pour la première fois prendre la parole à la tribune de l'assemblée, son intervention est inscrite à la séance du soir. Il s'agit d'une affaire dont il n'a eu connaissance que bien après les faits : le 22 août, Jean-François Darmaing est devenu maire de Pamiers et s'est opposé à Marquié-Cussol, qui est à la tête de la Garde nationale. Leur conflit a provoqué des affrontements violents entre leurs partisans. Darmaing, lâché par sa municipalité, à l'instigation de Marquié-Cussol, s'enfuit et se cache à Foix avec quelques proches. À la tribune, Vadier demande la destitution de Darmaing de sa fonction, l'annulation de ses arrêtés et la mise en place d'une instruction pour « abus et extensions de pouvoir » : l'assemblée est favorable à ces mesures[50].
Cette « affaire », importante en Ariège mais insignifiante à Paris va prendre une certaine importance du fait de réactions violentes, dans la presse, contre le député. L'abbé Royou, dans le numéro du de son journal L'Ami du roi, ironise avec férocité sur l'homme : « Une scène du plus haut comique (...) Un homme fort long, fort sec, qui a l'air d'être perché sur des échasses, ou monté sur des tréteaux, déclame en allongeant de grands bras et d'une voie enrhumée des phrases décousues ; les uns disent qu'il parle iroquoi, les autres wisigotois (...) Le nom de cet immortel doit être conservé d'autant plus précisément que c'est la première et probablement la dernière foix qu'on l'entend : il s'appelle Vatier ». Jacques Mallet du Pan dans le Mercure de France, fait de même : « (...) Ce singulier orateur qui se démenait dans la tribune en finissant chaque ligne par une imprécation contre les aristocrates se nomme M. Vatier ». Vadier est profondément outragé mais l'affaire en restera là, car Camille Desmoulins ne publie pas la réponse qu'il lui a envoyé[51].
Contre la fonction royale
Ce n'est qu'après les évènements de Varennes que Vadier va prendre pour la première fois la parole sur une question d'ordre général, le [52]. L'assemblée se questionne au sujet de « l'inviolabilité royale » : sept orateurs sont contre : Pétion, Pétraink, Vadier, Robespierre, Prieur, Grégoire et Buzot ; et six sont pour : La Roche-foucault-Liancourt, Prugnon, Duport, Goupil, Salles et Barnave[53]. Vadier est le plus virulent des opposants à ce principe :
« Il est selon moi une question préliminaire à celle de l'inviolabilité : c'est celle de savoir si un roi parjure, qui déserte son poste, qui emmène avec lui l'héritier présomptif de la couronne, qui se jette dans les bras d'un général perfide, qui veut assassiner la patrie, qui répand un manifeste où il déchire la Constitution ; si, dis-je, un tel homme peut être qualifié de Roi des Français ? L'inviolabilité ne réside plus sur sa tête depuis qu'il a abjuré sa couronne. Aucun de nous a-t-il pu entendre qu'un brigand couronné pût impunément massacrer, incendier, appeler dans le royaume des satellites étrangers ? Une telle monstruosité enfanterait bientôt des Néron et des Caligula[54]… »
Vadier, à la même tribune, se rétracte dès le lendemain. Il fait vœu d'obéir et de respecter la décision de l'Assemblée en faveur de l'inviolabilité, invoquant malgré tout sa liberté de représentant ; ce qui provoquera la colère de Marat dans le numéro de L'Ami du peuple du [53].
Député à la Convention Nationale
Élu par 235 suffrages sur 313 votants à la Convention en 1792, il proposa que Foix, Pamiers et Saint-Girons soient chef-lieu alternativement. Il fit partie de la Montagne et vota la mort de Louis XVI sans appel ni sursis.
Président du Comité de sûreté générale
À partir de , il devient président et doyen du Comité de sûreté générale, organe policier et répressif de la Terreur. En nivôse an II (), avec Amar, il dénonce les malversations de Fabre d'Églantine, Chabot et de leurs complices, à l'origine du procès des Dantonistes, il dira de Danton " Qu'il faut vider ce turbot farcie." Il est à l'origine de la mise à mort de Camille Desmoulins qui l'a mis en cause avec son ami Bertrand Barère dans le Vieux Cordelier.
Après le 22 prairial an II (), les débats publics étant supprimés au Tribunal révolutionnaire, il fait traduire ceux dont il veut se venger : à peine la loi votée, plusieurs habitants de Montaut et précisément ceux qui se sont opposés à l'érection de ses terres en seigneurie [55], également son ancien avocat Darmaing, sont renvoyés au tribunal révolutionnaire et exécutés[56]. Selon le comte de Folmon, il est à l'origine du grand procès des membres du Parlement de Toulouse[57].
En germinal an II (), il se montre partisan de la répression de prétendues mutineries de prisonniers qui reposent sur des témoignages de condamnés à mort en sursis, tel Valagnos à Bicêtre. Il appuie le projet de Barère de faire fusiller tous les prisonniers de guerre[réf. souhaitée].
Le 26 prairial an II-, Élie Lacoste présente son rapport sur la prétendue conspiration de Batz, qui aboutit à l'exécution de cinquante-quatre personnes. Vadier lit encore à la Convention le dossier à charge, constitué de fausses preuves, contre Catherine Théot, ridiculisant le mysticisme de Robespierre. Il participe à la chute de Robespierre en prenant la parole contre lui, les 8 et 9 thermidor, à la Convention.
Après la chute de Robespierre, il est accusé par Lecointre, Courtois, Fréron, Darmaing fils (Jean-Baptiste), d'avoir couvert les exactions de la Terreur.
« Et toi, Vadier, toi que les malins nomment le grand inquisiteur sous la tyrannie de Robespierre ; toi, que tous ceux que tu appelles crapaux du marais, accusent de la plus noire perfidie ; toi qui, pendant toute la dernière tyrannie, venais les caresser, qui faisais éclater parmi eux, à chaque occasion, ta sainte indignation contre les raisonneurs de cette montagne que tu veux aujourd'hui, faire ébouler pour ensevelir les témoins de ta turpitude, parle clair, écris, publie. Je te défie d'arracher de mon front la cocarde du patriotisme qui brûle dans mon cœur[58] ! »
— François Xavier Lanthenas, Extrait du discours du .[58].
Le 15 frimaire an III (), une enquête est diligentée au nom de la Convention contre les « Quatre » du Comité de l'an II, Barère, Collot d'Herbois, Billaud-Varenne, et lui-même[59]. À la suite de l’insurrection de germinal an III, il est condamné à la déportation avec les « Quatre », mais il parvient à s’enfuir et à se cacher jusqu’à l’amnistie votée à la séparation de la Convention.
Après la Révolution
Sous le Directoire, il apporte son soutien à la Conjuration des Égaux de Babeuf, mais est acquitté par la Haute-Cour de Vendôme. Il demeure toutefois en prison, à l'île Pelée, près de Cherbourg[60], jusqu’en l’an VIII (1799), puis libéré par Cambacérès, il se fait oublier à Chartres.
Député pendant les Cent-Jours, au cours desquels il vote l'Acte additionnel, il est exilé comme régicide en 1816.
Exil et mort en Belgique
À plus de 92 ans, Marc-Guillaume-Alexis Vadier meurt le dimanche à 18 heures, dans la petite maison qu'il habitait au numéro 1251 de la rue des Douze Apôtres, à Bruxelles[61]. Son décès est déclaré le seize, par l'avocat Jean-François-Hippolyte Tussau, son gendre, et Adrien-Alexandre Cadot, négociant[62]. Il est alors inhumé dans l'ancien cimetière de Bruxelles à Saint-Josse-ten-Noode, où sa fille et son gendre font réaliser un monument à côté de celui de Jacques-Louis David[63].
Publications
- Opinion du citoyen Vadier Concernant Louis XVI, Paris, Convention nationale, , 12 p. (lire en ligne).
- Seconde opinion du citoyen Vadier, député du département de l'Arriège, sur Louis Capet, Paris, Convention nationale, , 12 p. (lire en ligne).
- Rapport et projet de décret présentés au nom du comité des secours publics : Sur l'administration & distribution des revenus des pauvres des quarante-huit sections de Paris, Paris, Convention nationale, avant 1790, 11 p. (lire en ligne).
- Réponse de Vadier A la dernière caricature de Darmaing, Paris, Convention nationale, , 16 p. (lire en ligne).
Vadier vu par des artistes
- Edme Quenedey, Mr Vadier député du pays de Foix à l'Assemblée nationale de 1789 (Portrait : Physionotrace, eau-forte), Paris, (présentation en ligne).
- Jean Baptiste Ponce Lambert, Mr Vadier : député de Pamiers (Portrait : dessin crayon noir), Paris, (présentation en ligne).
- Charles Toussaint Labadye, Marc Guillaume Vadier : né à Pamiers l7j. et 1736 député du comté de Foix à l'Assemblée nationale de 1789 (Illustration Portrait : estampe, eau-forte, burin), Paris, Dejabin, (présentation en ligne).
- Charles Toussaint Labadye, Marc Guillaume Alexis Vadier citoyen de Pamiers : député du comté de Foix à l'Assemblée nationale de 1789 né le 17 juillet 1736 (Portrait : dessin crayon noir), (présentation en ligne).
- Nicolas-François Le Vachez, Vadiers conseiller au présidial de Pamiers : député de la sénéchaussée du comté de Foix (Estampe, illustration, eau-forte), Paris, Nicolas-François Le Vachez, coll. « de Vinck », (lire en ligne).
- François Bonneville, Vadier : député du département de l'Ariège à la Convention nationale, condamné à la déportation le 12 germinal l'an 3 de la République française (Portrait : estampe, burin), Paris, F. Bonneville, coll. « de Vinck », 1795-1799 (présentation en ligne).
Films et spectacle
- 1974 : Gérald Denizot, interprète Vadier dans le téléfilm Saint-Just et la Force des choses de Pierre Cardinal.
- 1988 : Paul Le Person, interprète Vadier dans le spectacle La liberté ou la mort de Robert Hossein.
- 1989 : Michel Subor, interprète Vadier dans le film La Révolution française de Robert Enrico et Richard T. Heffron.
Notes et références
Notes
- Lors de sa naissance le prénom Alexis n'est pas indiqué sur l'acte ce n'est qu'en 1770 qu'il obtient la correction de cette erreur le 16 juillet 1770[1].
- Ce prénom lui est donné en reconnaissance à son oncle Guillaume Vadier qui a aidé financièrement son père[3].
- Depuis, le village de Montière a été intégré dans la ville d'Amiens.
- Cet établissement est devenu le CES Joseph Rambaud. Voir : Ministère de la Culture, « Ancien collège de Jésuites, actuellement CES Joseph Rambaud », sur Base Mérimée (consulté le ).
- Cette citation est citée dans sa transcription d'origine, en latin, par Tournier. Celui-ci indique également qu'elle a été publiée par L'Intermédiaire des chercheurs et curieux en 1865 et que cela souligne que Vadier n'avait pas fait des études médiocres contrairement à ce qu’indique la Biographie universelle de Michaud[10].
- Dussert écrit que ce choix semble du à un « projet ecclésiastique » car le collège de l'Esquile s'apparentait à un petit séminaire[11].
- Dussert, comme d'autres auteurs, fait des suppositions argumentées sur des pratiques de l'époque, mais il précise qu'il n'y a pas d'explication données par Vadier ou l'un de ses proches[12].
- Cette décision, de quitter l'armée, prise par Vadier « sur un coup de tête - il agira toujours de même- » n'a pas eu d'explication de sa part mais il évoquera cette défaite à de nombreuses reprises durant toute sa vie[20]
- Son fils Marc, meurt de maladie le 28 janvier 1791, il était homme de loi et lieutenant des grenadiers des troupes nationales[22].
Références
- Labrousse 2004, p. 257.
- Dussert 1989, p. 23.
- Dussert 1989, p. 22.
- Dussert 1989, p. 21-22.
- Dussert 1989, p. 27.
- Archontology.org, 2013, Fiche.
- Dussert 1989, Chapitre 2.
- Ricard 2017, article.
- Dussert 1989, p. 31.
- Tournier 1896, p. 38.
- Dussert 1989, p. 32.
- Dussert 1989, p. 32-33.
- Tournier 1896, p. 41.
- Dussert 1989, p. 35.
- Dussert 1989, p. 35-36.
- Dussert 1989, p. 36.
- Dussert 1989, p. 38.
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- Baby 1981, p. 289.
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- Tournier 1896, p. 46.
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- Commission d’histoire de la Révolution française, Mémoires et documents : France, vol. 41-42, Paris, C.T.H.S., (lire en ligne), p. 272.
- Dussert 1989, p. 66.
- Dussert 1989, p. 69.
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- Arnaud 1904, p. 71.
- Tournier 1896, p. 52.
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- Arnaud 1904, p. 124 et 127.
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- Dussert 1989, p. 85.
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- Tournier 1896, p. 66-68.
- AN,F/7/4435/II,7
- les papiers de l'affaire Darmaing: AN, F/7/1,II, 34-46 et W/560/7
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- Lanthenas, 1794, p. 33-34.
- Legoff 2013, § 29.
- Roger Caratini, Dictionnaire des personnages de la Révolution, Paris, Le Pré aux Clercs, 1988.
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- de Bartier 1908, p. 827-828.
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Bibliographie
Au XVIIIe siècle
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Webographie
- « Marc, Guillaume, Albert Vadier », sur Assemblée Nationale (consulté le ).
- (en) « Marc-Guillaume-Alexis Vadier », sur archontology.org, (consulté le ).
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
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