Megawhaitsia

Megawhaitsia patrichae

Megawhaitsia
Croquis de PIN 1100/101, le maxillaire fragmentaire holotype de Megawhaitsia patrichae. Les lignes pointillées indiquent l'emplacement des dents, tandis que les lignes vertes indiquent l'emplacement des canaux suspectés d'avoir fait l'apport du venin.
Classification
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Sous-embr. Vertebrata
Classe Synapsida
Ordre Therapsida
Sous-ordre  Therocephalia
Famille  Whaitsiidae

Genre

 Megawhaitsia
Ivakhnenko, 2008

Espèce

 Megawhaitsia patrichae
Ivakhnenko, 2008

Megawhaitsia est un genre éteint de grands thérapsides thérocéphales ayant vécu durant la fin du Permien dans l'est de l'actuelle Russie européenne. Une seule espèce est connu, Megawhaitsia patrichae, décrite en par le paléontologue russe Mikhaïl Feodosievitch Ivakhnenko à partir de plusieurs fossiles découverts dans les années 1950 dans divers oblast en URSS. Les matériels fossiles sont attribué à un crâne dont la taille est estimé entre 40 et 50 centimètres de long, ce qui indique que Megawhaitsia serait potentiellement l'un des plus grands thérapsides non mammaliens ayant été identifié à ce jour.

La classification concernant ce taxon a beaucoup changé durant les décennie en raison de la nature fragmentaire des fossiles. Il a d'abord été considéré comme un possible gorgonopsien, avant d'être ultérieurement classé par Ivakhnenko comme un thérocéphale appartenant à la famille des Whaitsiidae.

L'article publié en par Ivakhnenko mentionne la possibilité que Megawhaitsia aurait été doté de glandes à venin, une théorie renforcée de par la présence de canaux directement relié à la racine dentaire des canines, caractéristique qu'on retrouve également chez son proche parent Euchambersia, qui est également suspecté d'avoir été venimeux. Si la proposition s'avère être valide, alors il s'agirait d'un des plus vieux tétrapodes connus à se disposer de ce type d'attribut remarquable. Cependant, avec la publications de divers études ultérieurs qui remettent en question cette affirmation, la proposition reste donc incertain.

Découverte

Le spécimen catalogué PIN 1100/101 a été découvert lors de fouilles effectué dans la région de Vladimir au milieu des années 1950 et a été par la suite incorrectement enregistré comme la mâchoire supérieure d'un gorgonopsien, similaire à Inostrancevia. Compte tenu de la faible présence de gorgonopsiens au Permien supérieur en Europe de l'Est, le fragment est par la suite réidentifié par le paléontologue russe Mikhaïl Feodosievitch Ivakhnenko et mentionné comme le reste d'un thérocéphale non identifié appartenant à la famille des whaitsiidés en , puis de la famille des moschorhinidés en [1].

Ivakhnenko publie une description formelle du nouveau taxon basée sur les spécimens PIN 1100/101 et PIN 1538/39 en , le décrivant comme « le premier whaitsiidé du Permien supérieur d'Europe de l'Est »[1]. Plus tard, la portée des whaitsiidés est révisée de telle sorte que cette famille comprennent également d'autres découvertes décrites beaucoup plus tôt dans les gisements du Permien des régions de Vladimir, Nijni Novgorod et Kirov, notamment Moschowhaitsia (en) et Viatkosuchus, décrits respectivement en et en [2].

Le nom de genre Megawhaitsia provient du grec ancien μέγας / mégas, signifiant « grand », et le nom d'un autre genre de thérocéphale, Whaitsia (nom étant aujourd'hui synonyme de Theriognathus (en)), qui est lui-même est formé à partir du nom du révérend sud-africain et collectionneur de fossiles John Henry Whaits[3]. L'épithète spécifique patrichae honore la paléontologue australienne Patricia Vickers-Rich (en)[1].

Description

Reconstitution de la tête de Megawhaitsia patrichae, vue d'artiste par Dimitri Bogdanov.

L'os maxillaire est massif, la taille du fragment conservé étant d'environ 10 centimètres de longueur. Sur la base des proportions des crânes plus complets des petits représentants sud-africains, la longueur totale du crâne de Megawhaitsia est donc estimée à entre 40 et 50 centimètres. Sur le bord inférieur du maxillaire, il y a une grande fenêtre pour l'entrée de la canine mandibulaire, derrière elle se trouvant les alvéoles de trois grandes canines supérieures, les deux antérieures étant un peu plus grandes. Les racines des dents sont profondes, toutes les trois ayant un sac alvéolaire commun[1].

Une caractéristique remarquable de la structure de l'os maxillaire est constituée de trois canaux qui commencent dans la région du canal lacrymo-nasal, passant latéralement aux racines des dents et s'ouvrant près des alvéoles de chacune des canines. Par analogie avec les idées sur la venimosité d'un autre genre de thérocéphales, Euchambersia, Ivakhnenko interprète ces canaux comme une possible preuve de la présence de glandes vénéneuses chez Megawhaitsia, qui serait utilisées pour l'abatage des grandes proies[1]. Cependant, la venimosité d'Euchambersia étant remise en question dans une étude publié en sur la base des résultats de la comparaison avec divers animaux venimeux modernes, il peut donc être nécessaire de réviser et d'interpréter les fonctions des canaux de Megawhaitsia[4].

Classification

Dans l'article publiée par Ivakhnenko en , Megawhaitsia est inclut dans la famille des Whaitsiidae, au sein de la super-famille des Whaitsioidea. À cette époque, le taxon des Whaitsioidea incluait les Euchambersiidae et les Whaitsiidae en tant groupes-frères, notamment en raison de leur apparences similaires[1]. Cependant, une étude publié moins d'un an plus tard par Adam Huttenlocker prouve que les familles Euchambersiidae, Moschorhinidae et Annatherapsididae incarnent des synonymes juniors d'Akidnognathidae, bien qu'il soit toujours considéré comme le groupe-frère des Whaitsiidae lors de la publication[5]. C'est en 2016 qu'Huttenlocker et Christian Sidor (en) découvrent que les Akidnognathidae sont plutôt proches des Chthonosauridae, les deux formant le groupe-frère d'un clade contenant les Whaitsioidea et les Baurioidea[6]. De nos jours, le taxon Whaitsioidea est toujours reconnu comme valide, bien qu'il ne contient que les whaitsiidés et certains genres apparentés a ces derniers[2],[6]. Ci dessous, les résultats simplifié de l'analyse phylogénétique d'Huttenlocker et Sidor publié en 2016[6] :

 Therocephalia


Lycosuchus



Scylacosauria

Scylacosauridae


Eutherocephalia

Scylacosuchus (en)




Whaitsioidea

Ophidostoma





Hofmeyria




Ictidostoma



Mirotenthes





Whaitsiidae (inclut Megawhaitsia)





Baurioidea





Akidnognathidae



Chthonosauridae







Paléobiologie

En comparaison avec les formes sud-africaines, Megawhaitsia aurait une taille et des caractéristiques significativement plus grandes de prédateurs carnivores spécialisés qui se nourrissaient de proies de taille proche, notamment les dicynodontes, qui sont nombreux dans les région d'Europe de l'Est lors du Permien supérieur, dont environ 25 % d'entre eux ont été découverts dans les sédiments. La possible présence de glandes à venin est cohérente avec l'hypothèse des dicynodontes à sang chaud, car le venin offre un avantage significatif, principalement lors de la chasse des proies actives à sang chaud[1].

L'un des types de grands coprolithes de la localité de Vyazniki est associé à Megawhaitsia ou à des whaitsiidés étroitement apparentés tels que Moschowhaitsia (en). Il révèle une forte teneur en matériel osseux, y compris des os avec des traces d'un riche réseau de vaisseaux sanguins, appartenant probablement à des dicynodontes, ce qui indique un prédateur qui occuperait la position supérieure dans la chaîne trophique. De plus, des restes d'écailles de poissons et de matériel interprété comme de la ganoine (en) ont été trouvés dans des coprolithes de morphotype A, ainsi que des structures ressemblant à de la fourrure, qui sont interprétées comme les plus anciens restes fossiles de pelage connus à ce jour, bien qu'il reste difficile de savoir s'ils appartiennent aux proies ou ont été avalés par un prédateur à la suite d'un toilettage[7].

Paléoécologie

Les chercheurs supposent qu'en raison de l'augmentation de la taille, les whaitsiidés européens occupaient la niche écologique des grands gorgonopsiens, qui à cette époque avaient disparu d'Europe de l'Est, peut-être en raison d'un refroidissement du climat d'humidité. L'autre grand prédateur de ces écosystèmes est l'archosauriforme de la famille des protérosuchidés (en), Archosaurus (en)[1].

Notes et références

Notes

    Références

    1. (en) Ivakhnenko, M.F., « The first Whaitsiid (Therocephalia, Theromorpha) from the Terminal Permian of Eastern Europe », Paleontological Journal, vol. 42, no 4, , p. 409–413 (DOI 10.1134/S0031030108040102, S2CID 140547244)
    2. (en) A.K. Huttenlocker et R.M.H. Smith, « New whaitsioids (Therapsida: Therocephalia) from the Teekloof Formation of South Africa and therocephalian diversity during the end-Guadalupian extinction », PeerJ, vol. 5, , e3868 (PMID 29018609, PMCID 5632541, DOI 10.7717/peerj.3868 )
    3. (en) « Whaits, Reverend John Henry (fossil collection) », sur www.S2A3.com,
    4. (en) J. Benoit, L.A. Norton, P.R. Manger et B.S. Rubidge, « Reappraisal of the envenoming capacity of Euchambersia mirabilis (Therapsida, Therocephalia) using μCT-scanning techniques », PLOS ONE, vol. 12, no 2, , e0172047 (PMID 28187210, PMCID 5302418, DOI 10.1371/journal.pone.0172047 , Bibcode 2017PLoSO..1272047B).
    5. (en) A. Huttenlocker, « An investigation into the cladistic relationships and monophyly of therocephalian therapsids (Amniota: Synapsida) », Zoological Journal of the Linnean Society, vol. 157, no 4, , p. 865-891 (DOI 10.1111/j.1096-3642.2009.00538.x , S2CID 84603632).
    6. (en) A.K. Huttenlocker et C.A. Sidor, « The first karenitid (Therapsida, Therocephalia) from the upper Permian of Gondwana and the biogeography of Permo-Triassic therocephalians », Journal of Vertebrate Paleontology, vol. 36, no 4, , e1111897 (DOI 10.1080/02724634.2016.1111897, S2CID 130994874).
    7. (en) Piotr Bajdek, Krzysztof Owocki, Andrey G. Sennikov, Valeriy K. Golubev et Grzegorz Niedźwiedzki, « Residues from the Upper Permian carnivore coprolites from Vyazniki in Russia - key questions in reconstruction of feeding habits », Palaeogeography, Palaeoclimatology, Palaeoecology, vol. 482, , p. 70–82 (DOI 10.1016/j.palaeo.2017.05.033, Bibcode 2017PPP...482...70B, S2CID 90047265)

    Voir aussi

    Articles connexes

    Références taxonomiques

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