Candaule

Candaule (en grec ancien Κανδαύλης / Kandaúlês), aussi connu sous le nom de Sadyatte (Σαδυατης / Saduatês)[1] ou encore Myrsile (Μυρσίλος / Mursílos)[2], est un roi semi-légendaire de Lydie, ayant régné vers le VIIIe siècle av. J.-C. Il est le dernier souverain de la dynastie des Héraclides qui prétendaient descendre d'Héraclès. Il est assassiné par Gygès qui lui succède et fonde la dynastie des Mermnades. Selon Hérodote, il est fils de Myrsos.

Cet article possède un paronyme, voir Candolle.

Candaule
Fonction
Roi
Biographie
Nom dans la langue maternelle
Κανδαύλης
Activité
Père
Conjoint
Nyssia (d)

Sa légende a donné naissance au terme de candaulisme, pratique sexuelle dans laquelle l'homme ressent une excitation sexuelle en exposant ou partageant sa compagne avec d'autres hommes.

Traditions littéraires

Candaule roi de Lydie montrant sa femme à Gygès, par William Etty.

Si toutes les traditions racontent son assassinat et sa succession par Gygès, il existe de nombreuses versions de cet événement.

Hérodote d'après Archiloque de Paros

Le Roi Candaule de Lydie montrant sa femme à Gygès, par Jacob Jordaens.

C'est la version qui a le plus inspiré les artistes en raison de son fort pouvoir érotique, Hérodote la raconte d'après une poésie perdue d'Archiloque de Paros.

Le roi Candaule trouvait sa femme plus belle que toutes les autres. Sans cesse, il vantait à Gygès, officier de sa garde du corps, les charmes de son épouse et un jour, il l'invita à se convaincre, de visu, de la beauté de celle-ci. Gygès refusa l'offre sacrilège mais le roi insista. Dissimulé derrière la porte de la chambre nuptiale, Gygès assista au coucher de la reine. Mais, au moment où il s'esquivait, la souveraine l'aperçut. Feignant de n'avoir rien remarqué et persuadée que son mari avait voulu l'humilier, elle jura de se venger. Le lendemain matin, elle convoqua Gygès et lui offrit l'alternative d'être exécuté ou de tuer Candaule, de s'emparer du trône et de l'épouser. Gygès refusa d'abord l'offre de la reine, puis, devant son insistance, il se résolut à tuer Candaule. La reine le cacha à l'endroit où il s'était dissimulé la veille ; Candaule mourut, poignardé par Gygès durant son sommeil. Quand il fut installé sur le trône, Gygès se heurta à des adversaires. Ceux-ci acceptèrent de soumettre le cas à l'oracle de Delphes. L'oracle confirma Gygès dans sa royauté[2].

C'est cette version qui a donné naissance au terme de candaulisme.

Platon

C'est Platon qui donne la version la plus surnaturelle : Gygès était un berger qui trouve un jour une bague magique au doigt du cadavre d'un géant. Cette bague (l'anneau de Gygès) donnait le pouvoir d'invisibilité à celui qui la portait. Gygès s'en sert pour commettre l’adultère avec la femme du roi, puis complote avec elle pour tuer le roi et s’empare ainsi du pouvoir[3].

Plutarque

Plutarque cite deux fois l'histoire de Candaule :

« L'amour ressemble à l'ivresse […] Persuadés comme ils le sont, ils veulent persuader à tous, que c'est une perfection que l'objet de leur tendresse. Ce fut ce qui détermina le Lydien Candaule à introduire Gygès dans son appartement, pour lui faire voir sa femme. On veut avoir le témoignage des autres. C'est pour cela que quand les amoureux entreprennent la louange de la beauté qui les a séduits, ils la rehaussent par de la poésie au langage cadencé, par le chant, comme on dore les statues pour les embellir[4]. »

« Hercule, après avoir tué Hippolyte, lui enleva, avec le reste de son armure, une hache dont il fit présent à Omphale. Les rois de Lydie successeurs d'Omphale la portèrent depuis comme un ornement sacré, jusqu'à Candaule, qui, se souciant peu de cette marque de dignité, la fit porter par un de ses courtisans. Lorsque Gygès se révolta contre ce prince et lui déclara la guerre, Arsélis, roi des Myléens, vint avec des troupes au secours du rebelle, tua Candaule et l'officier qui portait la hache[5]. »

Nyssia, l'épouse de Candaule

Le nom de la femme de Candaule n'est pas donné par les auteurs précédents. Ptolémée Chennos la nomme Nyssia, nom que Théophile Gautier utilisera dans son conte et qui sera repris par les écrivains suivants[6]. Si Nyssia est le nom habituellement attaché au mythe aujourd'hui, Pierre-Henri Larcher en cite cependant d'autres : « Quelques-uns disent qu'elle s'appelait Tudous, quelques autres Clytia, et Abas la nomme Abro[7]. »

Larcher raconte pourquoi Hérodote ne donne pas son nom : « Ils racontent qu'Hérodote cacha son nom, parce que Plésirrhoüs, qu'il aimait, était amoureux d'une personne d'Halicarnasse de ce nom. Ce jeune homme, désespéré de n'avoir pu toucher sa maîtresse, se pendit. Hérodote regarda le nom de Nyssia comme un nom odieux, et s'abstint par cette raison de le prononcer[7]. ».

Évocations artistiques

En raison de son fort pouvoir érotique, la scène de voyeurisme a très souvent inspiré les artistes, en particulier au XIXe siècle.

Littérature

La Femme de Candaule, par Edgar Degas.
Plat avec le roi Candaule montrant sa femme Nyssia à Gygès, plat de Majolique d'un céramiste italien anonyme (entre 1540 et 1550).

Opéra

  • Der König Kandaules, en trois actes, op. 26, du compositeur Alexander von Zemlinsky, livret du compositeur d'après André Gide (1935/36, orchestration complétée par Antony Beaumont en 1992–96, première à Hambourg en 1996)

Sculpture

Céramique

  • Plat avec le roi Candaule montrant sa femme Nyssia à Gygès (entre 1540 et 1550) : Majolique d'un céramiste italien anonyme

Gravure et dessin

Peinture

La Femme de Candaule et Gygès, par Eglon van der Neer.
Le Roi Candaule, par Jean-Léon Gérôme.
La Mort du roi Candaule, vers 1720
Giambattista Pittoni
Musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg

Cinéma et télévision

Le mythe a beaucoup moins inspiré les cinéastes que les peintres, signalons toutefois :

Politique

L'homme politique Henry de Lesquen propose, à partir de , de rendre en français par « candaule » le terme « cuck (en) » de l'alt-right américaine[12].

Notes et références

  1. Georges Radet, La Lydie et le monde grec au temps des Mermnades, Bibliothèque des écoles françaises d'Athènes et de Rome, , p. 112-119.
  2. Hérodote, Histoires [détail des éditions] [lire en ligne], I, 7, 14.
  3. Platon, La République [détail des éditions] [lire en ligne], II, 359
  4. Plutarque, Œuvres morales [détail des éditions] [lire en ligne], livre I, question V, trad. Ricard, Hachette, Paris, 1870.
  5. Plutarque, Questions grecques, tome II, 45, trad. Ricard, Lefèvre, Paris, 1844.
  6. Timothy Peter Wiseman, Talking to Virgil, University of Exeter Press, 1992, p66
  7. Pierre-Henri Larcher, commentaires de l'Histoire d'Hérodote, Paris : Charpentier, 1850, notes 06 et 07
  8. Théophile Gautier, Romans, contes et nouvelles, tome 1, bibliothèque de la Pléiade, Gallimard 2002 (ISBN 2-07-011394-9).
  9. « Le roi Candaule - André Gide (1869-1951) - Œuvre - Ressources de la Bibliothèque nationale de France » [livre], sur data.bnf.fr, (consulté le ).
  10. Musée de l'Ermitage
  11. Peter Whyte, Théophile Gautier et les stratégies du récit poétique in Mythe et récit poétique, Presses Université Blaise Pascal, 1998 p162
  12. Marie-Perrine Tanguy, « Réponse », sur liberation.checknews.fr, .

Liens externes

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