Noblesse corse
La noblesse corse se distingue de celles du continent par les nombreuses évolutions de sa définition, liées aux particularités de la culture et de l'histoire insulaire. À l'époque contemporaine, elle n'a pas exercé de rôle prépondérant en lien avec son statut et son acceptation est sujette à des variations selon les époques, les régions et les personnes.
Traits généraux
À l'instar de ce qui se fit sur le continent, la première apparition de la noblesse en Corse peut être datée du temps de Charlemagne. Ainsi, de nombreuses familles se réclament du mythique Ugo Colonna, comte de Corse, envoyé par l'Empereur pour délivrer l'île du joug des Maures. Une noblesse féodale se mit en place au XIIe siècle, comme relais entre la république de Pise et les populations insulaires. Au XIVe siècle, se produisit une grande jacquerie, menée par un moine semi-mythique, Sambucucciu d'Alando, qui chassa les seigneurs de l'en deçà-des-monts (Haute-Corse) et fit appel aux génois. La "terre du commun" (Terra del comune : Gênes) naquit alors, dominée néanmoins par une pseudo-noblesse féodale, celle des caporali, ou caporaux, ancêtres des chefs de clan. Plus tard, ces familles dites caporalices, revendiqueront leur filiation avec un "Caporal" (capurale), notable villageois ou régional, élu au Moyen Âge pour jouer un rôle d'intercession et de protection.
Divers fiefs perdurèrent cependant, dans le Cap corse et dans l'au-delà-des monts (Corse-du-Sud ou Terre des Seigneurs). À cette époque du Moyen Âge, divers féodaux corses tentèrent en vain d'établir leur pouvoir sur toute l'île en profitant des conflits répétés entre Gênes, puissance alors souveraine de l'île et ses différents voisins, notamment le royaume d'Aragon[1].
La victoire définitive de Gênes, contre les seigneurs insulaires mais surtout contre les nations rivales, en 1565, sonne le glas des prétentions des féodaux et caporaux. Durant la période de domination directe de l'île par Gênes, la superbe république va progressivement éliminer cette classe sociale. Les fiefs, bien que respectés, diminuent en nombre. Dans le même temps, Gênes ne reconnait comme nobles que les membres de son propre patriciat, sans pour autant y inscrire de familles insulaires mais elle distribue largement les récompenses, dites benemerenza qui peuvent, d'une certaine manière être assimilées à une marque de noblesse, étant donné que leurs receveurs reçoivent les privilèges du port d'arme et d'exemption de la taille, faveurs caractéristiques de la noblesse partout ailleurs en Europe. Néanmoins, le très grand nombre de receveurs, un tiers des familles de la notabilité insulaire limite ce sentiment aristocratique. L'institution des Nobles XII et Nobles VI, réservées aux insulaires semblent un critère plus satisfaisant pour définir la noblesse corse à l'époque génoise, bien qu'aucune preuve de noblesse ne soit demandée pour être membre de ces institutions. À cela, il faut encore rajouter que certaines familles corses sont alors anoblies par des puissances étrangères, à Venise, à Parme, en Espagne (les Gaspari et les Campocasso), en France (les Ornano, les Lenche de Moissac, les Franceschi, des Cipriani d'Ortinola...)[2].
À Gênes, succède, dans la majeure partie de l'île, un gouvernement autonome corse. Si l'on excepte l'épisode éphémère du roi Théodore, qui distribue titres de comte et de marquis, cette période de quarante ans est surtout portée par l'esprit des Lumières et la redécouverte de l'âme citoyenne, profondément égalitaire, notamment durant le généralat de Pasquale Paoli. Durant ces années, la maison du riche est ouverte au pauvre mais néanmoins, les quelques familles féodales persistantes et la notabilité des présides restent, globalement, favorables à Gênes ou à la France.
La conquête de l'île (1768-1769) change la donne. Il est de première importance de recréer en Corse le deuxième ordre et de façonner la société insulaire sur le modèle français, projet que la monarchie réclamait à Gênes depuis de très nombreuses années déjà, comme sauvegarde de ses différentes missions de pacification.
Durant les quelques années qui s'écoulèrent entre la conquête de l'île et la Révolution française, vont être reconnues comme nobles, plus de quatre-vingts familles. Dans un premier temps, tout noble est invité à se faire connaître auprès du gouvernement royal de l'île, en apportant la preuve de ses quatre quartiers de noblesse. Or la noblesse n'existant pas, ou limitée à un tout petit nombre de familles d'extraction féodale, ces preuves, comme la vérification française ne sont pas de la plus extrême rigueur. Les familles qui se présentent sont ainsi les maisons d'extraction patricienne génoise, issues des présides ou place-fortes du littoral et par conséquent demeurées fidèles à Gênes, les maisons féodales et surtout un certain nombre de maisons prétendument nobles, commerçantes, militaires, propriétaires terriens, considérées comme seigneurs en leurs domaines. Sont évidemment récompensées les familles du parti français, officiers du régiment Royal-Corse comme les Abbatucci de Zicavo, les Fabiani de Santa-Reparata-di-Balagna dont trois officiers combattent du côté de la France à Pontenuovo, les Zerbi ou les Boccheciampe d'Oletta, mais aussi des ralliées de la dernière heure, comme les Bonaparte. D'autres familles sont sèchement refusées, parce que leurs justifications sont plus ou moins valables, mais aussi parce qu'elles ont servi le mouvement national et parfois même fourni des officiers corses dans la lutte contre la France. D'autres familles encore ne se présentent même pas.
Ainsi, la noblesse française d'Ancien Régime en Corse, au sens strict, ne comprend que ces quelque quatre-vingts familles auxquelles ils convient d'ajouter les familles anoblies sous l'Empire et la Restauration.
Familles féodales corses
- les Peretti (Sud du Cap Corse), seigneurs de Canari (Haute-Corse) et de Brando (Haute-Corse) ;
- De Bagnaia, riches commerçants promus seigneurs en 1130. Grâce à Pise, ils obtiennent l'administration d'Orto, de Marana et Costiera. Au XIIIe siècle ils seront en conflit avec les seigneurs voisins ;
- Bozzi (Cinarca), la seigneurie de Taravo disparaît progressivement à partir de 1615 ; comte ;
- Cortinchi, principaux seigneurs en Castagniccia, seigneurs de Petrellerata, de Lumito et de Verde
- Da Furiani, seigneur de Furiani seulement. Mais en 1072, avec l'aide du marquis de Massa (lignée des Obertenghi), ils chassent d'Orto et du Lota les Delle Suere ;
- Istria (Cinarca) ;
- Famille De Lasso, dits « Laschesi » ou « Aschesi », seigneurs en Balagne, possesseurs du Castello Sant'Angelo et de Furiani ;
- De Leca (vaincue par Gênes au XVe siècle) ;
- Loreto de Nebbio, seigneurs de Nebbio, de la seconde moitié du XIIe siècle ou du tout début du XIIIe siècle, à 1268 ;
- Da Mare (Nord du Cap Corse), seigneur de Rogliano de 1249 à 1523[2] comte de Corse de 1434 à 1439 et Seigneur de Capraia ;
- Marquis de Massa, de la lignée des Obertinghi, premiers marquis de Corse ;
- Negroni (Cap Corse), succède par mariage à la famille Da Mare à la tête du fief de Rogliano, annexé en 1592 par les génois d'Augustin Doria, gouverneur de Corse ; devient les De Mari par la suite ;
- D'Ornano (En Cinarca, une branche passe en France, avec Alphonse d'Ornano, 1548-1610, marêchal de France) ;
- de Peretti, Levie, issue de Peretto, lui-même descendant des Cinarchesi et cousin de Rinuccio Della Rocca ;
- Peverelli, seigneurs d'Olcani à La Chiappella (Cap Corse) jusqu'en 1082. Ravagé par Pise en 1167, leur fief est pris par les Avogari de Gentile en 1197. En 1246, Agostino Peverelli vend ses droits sur le Cap Corse à Ansaldo da Mare ;
- Da Pietrabugno, seigneurs de Ville seulement ;
- De Pino, originaire de la pieve de Pino au centre de la Balagne. Les « Pinaschi », vassaux des marquis de Massa, étaient seigneurs du XIe siècle au XIIIe siècle, possesseurs de plusieurs castra[Note 1] ;
- Della Rocca (vaincue par Gênes au XVe siècle) ;
- Delle Suere (ou Delle Suare), seigneurs de Cagnano, dépouillés de leurs terres par les Da Furiani et les Peverelli au XIe siècle, puis passant aux mains des Avogari en 1197 ;
Familles de noblesse florentine
- Berenger, olim Berengeri[3];
- Buonaparte (originaire de Sarzane, en Ligurie. Il n'y a pas de preuve d'une liaison généalogique entre les Buonaparte de Sarzane et ceux de Florence) ;
- Cipriani ;
- Guelfucci (cortenais - voir site du nom), de Guelf de Florence, 1300 à 1400, Tralonca, Sermanu, Alandu, etc. Bonfiglio Guelfucci, prêtre, secrétaire de Pascal Paoli et professeur de théologie à la création de l'Université de Corse à Corte en 1765 ;
- Lentchio (olim Lenzo)[4] ;
- Rossi ;
Familles corses de noblesse pisane
La République de Pise conquiert la Corse en 1051. En 1077, le pape Grégoire VII confie l'administration de l'île à l'évêque de Pise, c'est une période très prospère dont témoignent les églises romanes. En 1092, le Pape Urbain II reconnaît à Pise la suzeraineté sur l’île. En 1284, les Pisans sont battus à la bataille navale de La Meloria et doivent leur abandonner l'île.
- Avogari[5] ;
- Peverelli[6] ;
- Lanfranchi[7],[8]
Familles corses de noblesse génoise
- Arrighi (Speloncato / Spiluncatu), attestation de noblesse du [9] ;
- Buonaparte (originaire de Sarzane). Gênes n'a jamais reconnu la noblesse des Buonaparte. L'acte de reconnaissance de noblesse a été donné par le roi Louis XVI, le , avec l'appui du comte de Marbeuf qui obtint ensuite les introductions de Napoléon et de Lucien au Collège militaire et d'Élisa et Pauline à Saint-Cyr;
- Casale (Olmeta Di Tuda) précisé dans le registre des familles Corses anoblies de Gênes ;
- Cuneo : Arrêt du Conseil Supérieur de la Corse du , établissant la filiation depuis Francesco Cuneo, noble Génois, né à Ajaccio en 1585. Il existe aussi des armoiries: deux lions dressés sur leurs pattes de derrière: entre eux une longue flèche et en dessous marqué 1515. Il semble qu'en 1515 un ou plusieurs enfants des seigneurs de la ville italienne de Cuneo soient partis en Corse (Cuneo et la Corse étant partie intégrante de la République de Gênes qui portent la date de 1515, et des chevalières, mais datant vraisemblablement de plusieurs siècles plus tard. L'un des derniers représentants est le Dr Pierre Bouygue (1923-2015) dont la mère s'appelait Cuneo. Né et ayant grandi dans la maison du gouverneur de Corse. On trouve aussi des armoiries dans des ouvrages spécialisés.
- Defranchi ou de Franchi, cette famille est avec les Doria une des vingt-huit familles patriciennes de Gênes, elle a donné plusieurs Doges à la République ligurienne[10] dont :
- Gerolamo de Franchi Toso : - ;
- Pietro (Sacco) de Franchi : - ;
- Giacomo (Toso) de Franchi : - ;
- Gerolamo de Franchi : - ;
- Federico de Franchi : -
- Cesare de Franchi : - [11]
- Doria devenue d'Oria[12] (présente à Bonifacio[13]);
- Galliano[12] (à Bonifacio);
- Galvani (Santa-Lucia-di-Mercurio), Ottobrino Galvani, Noble-Douze. Certificat original du gouverneur génois du 28 mars 1605 attestant de l'ancienne noblesse ; Federico Galvani, Légiste (XVIème siècle) ; Giovanni Benedetto Galvani, auteur d'un ouvrage de jurisprudence (1642) ; Matteo Galvani, patriote corse, Commissaire des guerres du Royaume de Naples et des Deux Siciles (1812), Secrétaire intime de Joachim Murat.
- De Montera (Corte), attestation de noblesse du 8 mai 1453. Par décret du Gouverneur général de Corse le 20 février 1588, celle-ci fut reconnue comme "une famille des plus nobles et des plus considérées de l'Ile de Corse"[14] ;
- Lanfranchi; bien que la tradition fait descendre les Lanfranchi corses de la maison noble Lanfranchi de Pise[8],[7], la famille obtient le 15.02.1585 et le 25.05.1592 un arrêt de reconnaisse de noblesse de Gênes[7] et un quitus du Sénat de Gênes le 15.10.1592.
- Morgana (Piedicroce)[2] ;
- Pallavicini ;
- Pieraggi[15];
- Salineri[16] (à Bonifacio) ;
- Suzzarelli[17] (à Bonifacio) ;
- Suzzoni (de)[18] (à Bastia) ;
Familles corses de noblesse aragonaise, catalane et majorquaise
En 1296, le pape Boniface VIII donne l'investiture de l'île au roi d'Aragon qui possède aussi la Sardaigne.
- Cattacciolo, comte[19] ;
Familles caporalices
Ce phénomène mérite sans doute d'être mieux cerné, puisqu'aux caporaux "historiques", s'ajouteraient toutes les familles, très nombreuses, qui ont occupé le poste de "caporal" dans leur village, jusqu'à la Révolution française. Les caporaux ne furent probablement pas tous des paysans qui se sont enrichis et ils étaient peut-être eux-mêmes de souche féodale car leur puissance n'a pas commencé avec les révoltes de 1357. Ainsi, selon Giovanni Della Grossa, les Da Casta sont déjà connus au temps d'Arrigo Bel Messere et les Da Campocasso sont déjà puissants en 1350 avant les révoltes populaires. Ces familles caporalices ont comme principale caractéristique d'avoir su s'adapter en permanence au contexte politico-social bien souvent instable insulaire ce qui leur a permis de persister plusieurs siècles et bien longtemps après les différents seigneurs corses, états ou gouvernements qu'ils ont servi. Cherchant à conserver avant tout leurs privilèges, ils ont une part importante dans l'instabilité et la violence insulaire à l'époque médiévale. La puissance de ces familles, déjà mise à mal par leur nombreuse progéniture et les rapports ambigus de la république de Gênes à leur égard, déclinera avec l'arrivée de l'administration française, la disparition des nombreux mariages endogamaux, la fin de l'institution des Nobili Dodeci mais aussi et surtout par l'absence d'engagement de leur part dans des activités commerciales en plein développement. Le morcelage de leur important patrimoine terrien au profit de leur nombreuse progéniture au fil des générations a abouti à leur disparition progressive.
Plusieurs ouvrages présentent une liste des grandes familles caporalices, notamment :
- l'armorial de Colonna de Cesari Rocca, p XIV (préface) qui ne mentionne que "les plus illustres", sous-entendant qu'il omet "les moins illustres" (parmi lesquelles, étrangement, les Casabianca ou della Casabianca !), et précisant qu'elles prenaient généralement le nom de leur village d'origine, sans toutefois en être toujours seigneurs : dalla Campana, da Campocasso, da Casta, da Chiatra, dalla Corbaja (coquille : sans doute "Corbara"), dalla Crocicchia, del Lobio, da Matra, dal Olmo, d'Omessa, d'Ortale, de Pancheraccia, dalla Pastoreccia, de Petricaggio, da Piobetta, da Prune, da Sant'Antonino ;
- Fernand Ettori, dans La Maison de la Rocca, esquisse une liste presque identique, parmi les familles corses non cinarchese, non génoises (p. 166–168) : caporaux de Campocasso, de la Casabianca, de Casta, de Chiatra, de Corbara, de Gaggio, de Matra, d'Omessa, de Pancheraccia, de Pastoreccia de Rostino, de Sant'Antonino, de la Venzolasca.
- Famille de Casta (da Casta): Famille établie dans le Nebbio à Casta à proximité de San Pietro di tienda; il s'agit certainement de la plus importante et puissante famille caporalice de l'histoire corse. Giovanni della Grossa, dans sa chronique corse, cite leur existence au temps du comte Arrigo bel Messere et lui attribue une origine seigneuriale ancienne. Comme les familles caporalices, elle s'est unie par mariage avec les grandes familles seigneuriales et les autres familles caporalices en particulier les de Chiatra et les de Campocasso. L'historien Damien Broc annonce que alliés aux de Campocasso, le lignage de Vincentello da Casta de Casta a combattu violemment le lignage de Teramo da Casta ainsi que la troisième famille caporalice du Nebbio, les de la Pruneta ce qui a probablement entraîné la disparition de cette dernière. Il n'est pas connu actuellement de descendants de cette famille bien que les corses ayant comme patronyme "Casta" en sont probablement les descendants actuels.
- Famille Giacobbi ;
- Famille de Casabianca.
- Famille de Campocasso (da Campocasso): Famille de notables d'extraction populaire établie initialement dans le Nebbio à Campocasso (Campocassu) sur le flanc ouest du mont Asto (Monte Astu), à 3km à l'ouest- sud-ouest de Sorio le long d'un ruisseau qui porte encore aujourd'hui le nom de Campocassu et qui s'installa par la suite vers 1390 selon Giovanni della Grossa au village fortifié de Petra a Loreta (ancienne résidence de ghjuvannninellu Cortinchi de Laretta détruite en 1357-1358 comme presque tous les châteaux du deçà des monts) alors désertée, ruinée et située sur l’actuelle commune de Murato au dessus de l'église Saint Michel (selon Agostino Giustiniani): Cet ancien vilage prendra alors le nom de Campocasso (Campocassu). Le nom de cet habitat est lié aux anciens seigneurs du Nebbio, la famille de Loreta alors disparue récemment . Par la suite cette famille s'installera dans la pieve de Rosolo au lieu-dit "La pruneta" puis par la suite des autres branches à "Olmeta Di Rosolo" (aujourd'hui Olmeta Di Tuda), Oletta et Vallecale (à l'époque Vallecalde). Allié à la Famille caporalice Da Casta de San Pietro (branche de Vincentello), ils prirent l'ascendant sur la troisième famille caporalice du Nebbio de "de la Pruneta": Ainsi le Nebbio était sous l'influence de Da Casta à l'est et des Da Campocasso à l'ouest. Les révoltes populaires de 1357-1358 mirent à bas la plupart des seigneuries féodales en Corse du Nord (en deçà des monts) avec l'aide des notables d'alors qui formèrent ainsi les familles caporalices. Dans le Nebbio deux grandes familles caporalices émergèrent: Les Da Campocasso et les Da Casta qui s'unirent entre elles par de nombreux mariages (Raffe Da Campocasso était le demi-frère de Vincentello Da Casta par leur mère issue d'une autre grande famille caporalice les Da Chiatra). Il est possible que les Campocasso furent eux-mêmes des seigneurs qui prirent la cause du peuple. En 1347, Guglielmo da Campocasso, allié à Guglielmo della Rocca, dénonça au vicaire de Gênes (Gottifredo de Zoagli) le brutal, violent et ambitieux Orlando Cortinchi de Patrimonio qui l'avait humilié et qui voulait s'emparer de toute la seigneurie de Corse. Gottifredo fit pendre Orlando aux murs de son propre château de Patrimonio. En 1366, Vanucollo Da Campocasso refusa de participer à un attentat sur la route côtière entre Nonza et Patrimonio contre le gouverneur de Gênes, attentat ayant pour but pour de restaurer les seigneuries dans le deçà des monts et permettre le retour de Guglielmo Cortinco en Corse (Il annonça qu'il était d'ancêtres corses nobles et respectables et n'avait qu'un rôle de conciliateur comme l'avait toujours fait les caporaux). Guglielmo Cortinco était seigneur de Petra a Loreta et à proximité des Campocasso ce qui rend probablement compte de liens entre eux. En 1352 et 1353, Dominico Da Campocasso fut évêque de Mariana (et premier évêque d'origine corse nommé en Corse) ce qui suggère, du fait de l'importance de ce poste, que les Campocasso était déjà puissants depuis plusieurs générations et formaient semble-t-il une famille de gens d'armes et d'ecclésiastiques. Polino de Campocasso (le deuxième du nom: environ 1390- 1465), reste quant à lui dans l'histoire Corse comme partisan du Comte Vincentello d'Istria et de la domination aragonaise sur la Corse. En effet, dans les années 1420-1435, le comte Vincentello d'Istria fut chargé d'élire les Caporaux ayant soutenu la domination aragonaise, parmi les treize desquels on cite la famille da Campocasso : il s'agit des treize caporaux « historiques ». Polino de Campocasso et son père Guglielmo seront "anoblis" ou plutôt remerciés par le roi Alphonse V d'Aragon le 14/07/1451. Achille de Campocasso sera quant à lui le compagnon bien connu de Sampiero Corso (ce dernier avait une mère issue de la famille seigneuriale Da Bozzi) puis Nobili Dodeci. La maison d'Achille existe toujours au sommet de Murato et appartient toujours à des branches descendantes. Les registres de taglie semblent montrer que l'installation de la branche d'Olmeta di Rosolo s'est faite au début du XVe siècle. La famille des Da Campocasso (qui deviendra Campocasso au début du XVIe siècle) est ainsi une famille dont les membres apparaissent régulièrement dans l'histoire corse, d'abord comme famille caporalice historique du Nebbio, puis comme membres des Nobili Dodeci mais aussi comme Capitaines, ecclésiastiques du Nebbio (au moins trois piévans du Nebbio et un recteur de l'église d'Oletta) et Podestats puis enfin comme Magistrats à Bastia. Cette famille s'est unie au cours de son histoire aux autres grandes familles historiques médiévales des Da Cinarca, Da Bozzi, Della Rocca, De Gentile, De Rocca serra, De Casabianca, Da Casta, D'Istria, Da Chiatra (mère de Raffe et de Vincentello) essentiellement et pour les branches les plus récentes aux De Montera de Corte, Moroni (baron d'Empire) d'Ortiporio et Flach de Calvi. Cette famille est étroitement liée à une autre grande famille d'Olmeta di Tuda anoblie par Gênes, la famille Casale (dont est issue l'aviateur Jean Casale qui a donc des ascendants "Campocasso") et dont les nombreux mariages endogamaux font que ces deux familles n'en font en fait qu'une seule. Cette famille est aussi à l'origine de Vendette (Après l'assassinat de Tommasino Da Campocasso en 1502) et plus récemment d'une célèbre vendetta intrafamiliale qui a fait l'objet de diverses parutions. Actuellement, cette famille persiste encore et une branche directe entretient la mémoire historique. Retirés de la vie politique, les membres de cette branche restante occupent actuellement des postes importants dans le privé et l'administration publique.
- Famille Emmanuelli (Orezza, Monticello, Montemaggiore).
La noblesse théodorienne
Longtemps négligés, les titres conférés en 1736 par l'éphémère roi Théodore de Neuhoff (1694-1756) sont désormais considérés de manière plus sérieuse, en partant du principe que le baron westphalien fut un monarque acclamé par les principaux notables de l'Île et, de la sorte, légitime.
Divers ouvrages recensent les titres conférés à ses compagnons et dignitaires du régime: marquis, comtes, chevaliers. Là encore, Colonna de Cesari Rocca avait posé les bases tout en reconnaissant que les documents authentiques font souvent défaut et que le souvenir des titres reçus s'est même perdu dans certaines des familles qui en ont bénéficié :
- marquis : d'Ornano, Giafferi, Matra, Paoli, Rafaelli, Silva ;
- comtes : Ambrosi (Castineta), Arrighi, Casabianca, Colonna-Bozzi, Costa, Durazzo, Fabiani, Fernandi, Gaffori, Giappiconi, Giuliani, Lancelloti, Lucioni-Casacolli, Mari, Natali, Paoli, Peraldi, Puillicio, Quilici, Susini, Taglio, Tomasini, Tortora ;
- chevaliers : Cuttoli, Guagno, Petralba, Seravalle.
F. Demartini, dans son Armorial corse (avec une "Introduction" de Michel Vergé-Franceschi), s'est avancé plus loin en prenant réellement au sérieux cet épisode du point de vue du droit nobiliaire. François Antoine Mariani, dans Les Malaspina de Speloncato, affirme qu'Antoine Marc Malaspina aurait lui aussi bénéficié d'un titre de comte[20].
Dans son ouvrage Paoli un Corse des Lumières (2005), Michel Vergé-Franceschi dresse en annexe une liste des personnalités théodoriennes, où il mentionne de nombreux titres concédés par Théodore qui allongent un peu la liste ci-dessus.
Liste des familles reconnues nobles ou anoblies par la couronne de France
Familles reconnues nobles par le Conseil Supérieur de la Corse (« RNF »)[21]. (NB : nombre de ces familles adoptèrent très vite la pratique française de la particule qui est indiquée ci-dessous entre parenthèses ; placée devant le patronyme, elle est alors bien une « particule nobiliaire » ; si son utilisation semble n'avoir pas fait l'objet d'abus, notamment dans les branches restées hors de la RNF, son absence n'est quant à elle pas nécessairement un signe d'exclusion).
- Abbatucci (Zevaco / Zicavu), le [22].
- Albertini (U Pedipartinu d'Orezza), le .
- Angelis (de) (Bastia), le .
- Antoni (Ersa), le .
- Arrighi de Casanova, (Corte / Corti), les , et .
- Avogari de Gentile (Capicorsu), le .
- Bacciochi (Adorno de) (Ajaccio / Aiacciu), les , et .
- Belgodere di Bagnaja (Belgudé), le .
- Benedetti (Vicu), noblesse de grâce.
- Benielli (Ajaccio / Aiacciu), le .
- Bianconi (Calvi/Calenzana/Montegrosso), le . Noblesse de grâce
- Biguglia (Bastia), noblesse avouée, .
- Boccheciampe (de) (Oletta), noblesse reconnue, les et le (également titre de baron avec érection de terre, par décret du de la couronne de Naples).
- Boerio (de) (Bastia), le .
- Buonaparte (Ajaccio / Aiacciu), le [22].
- Bustoro (Bastia), le .
- Buttafuoco (U Viscuvatu), les et .
- Caraccioli (Morsiglia / Mursiglia), le [23].
- Caraffa (de) (Bastia), le .
- Cardi (Olmeta, Olcani, Ogliastru), le .
- Casabianca (de) (A Casabianca), les , et .
- Casalta (A Casalta), le .
- Castelli (de) (Bastia), le .
- Cattaneo (Calvi), le .
- Colonna d'Anfriani (Montemaggiore / Montemaio), le .
- Colonna di Bozzi (Grussetu), les et .
- Colonna Ceccaldi (Evisa), le .
- Colonna de Cesari Rocca (Quenza, Porto Vecchio / Porti Vechju), les , et .
- Colonna d'Istria (Suddacarù, Bicchisgià), le [22].
- Colonna d'Ornano (Santa Maria Sicchè), les et .
- Corsi (de) (Talasani), le .
- Costa (Castellana di Moriani), le .
- Costa (?), le .
- Cuneo (Ajaccio / Aiacciu) le , établissant la filiation depuis Francesco Cuneo, noble Génois venant p, né à Ajaccio en 1585. Il pourrait être un descendant des Cuneo venus de la ville italienne Cuneo.
- Cuneo d'Ornano (Ajaccio / Aiacciu), le .
- le capitaine Cueno d'Ornano, mentionné par Alexandre Dumas père dans Impressions de voyage: Le véloce, ou Tanger[24].
- Cuttoli de Coti (de)(Curtichjatu), le .
- Dangelo (Bastia), le .
- Filette (de) (Ambruzio), le (et titre de comte attribué par Theodore de Neuhoff au chevalier Pierre de Filette de Ambruzio)
- Doria (Bonifacio, Bastia), le .
- Ettori (Tavagna), le .
- Fabiani (de) (Santa-Reparata-di-Balagna / Santa Riparata di Balagna), le (et titre de comte attribué en 1736 par Théodore de Neuhoff au général Simon Fabiani).
- Farinole (Bastia), le .
- Ficarella (Brandu), le .
- Follacci (Bastergà), le .
- Fozzani (Fuzzà), le
- Fozzani Bernardini (Fuzzà), le .
- Fozzani Durazzo (Fuzzà, Campumoru), le (et titre de comte attribué en 1736 par Théodore de Neuhoff au général Michele Angelo Durazzo della Rocca)[22].
- Fozzani Tomasi Carabelli (Fuzzà), le .
- Fratani de Vezzani (Vezzani), maintenue en 1773.
- Fraticelli (?), le .
- Frediani (A Penta di Casinca), le .
- Gaffori (de) (Corte), comte en 1736 par Théodore de Neuhoff, noblesse annoncée.
- Galloni d'Istria (Ulmetu), le .
- Gautier d'Urbino (Aleria). Originaire de Normandie. elle reçoit inféodation perpétuelle du territoire de l'étang d'Urbinu, dans la juridiction d'Aleria, par arrêt du Conseil d'État et lettres-patentes du , enregistrées au Conseil Supérieur de la Corse le .
- Gentile (de) (Ajaccio / Aiacciu), le .
- Gentile (de) (Nonza), le .
- Gentile (de)(Rogliano / Ruglianu), le .
- Gentile (Calcatoghju), le .
- Giacomoni (de) (Sainte Lucie de Tallano / Santa Lucia di Tallà), le .
- Giafferi (don Luiggi), marquis en 1736 par Théodore de Neuhoff ainsi que toute sa descendance garçon fille pendant 1 000 ans
- Giubega (de) (Calvi), le .
- Giudicelli (Montemaggiore,Occi,Olmi-Capella), issue d'après la tradition d'un comte Giudicello de Calvi. Qualification de nobilissimi dans les actes paroissiaux.
- Luiggi (Crucien Joseph) le comte d'Avignon marié à Marie Louise de Maisonblanche, dont quatre fils et une fille (arrière arrière petite fille non légitime de Louis XIV)[réf. nécessaire].
- Marengo (Bastia, originaire de Gênes), le ("comte d'Algo" dans certains actes).
- Mari (de) (Tagliu di Tavagna), le .
- Massei (Sisco / Siscu), le .
- Matra (de) (Matra), le .
- Mattei (Centuri), le .
- Monti Rossi (de) (Palasca), le .
- Morelli (Bastia), le .
- Morlas (de) (Bastia), le .
- Morati (de) (Murato / Muratu), le .
- Murato: voir Sistrières.
- Negroni (de)(Ruglianu), le .
- Ornano (Santa Maria Sicchè), le .
- Ortoli (d') (Sartène / Sartè), le .
- Peretti (de) (Livia), le [22].
- Pernice (A Penta du Casinca), le .
- Petriconi (de) (Soriu), le .
- Pianelli (Olmeto / Ulmetu), le [22].
- Pieraggi (corte originaire de Gênes), baron de Pieraggi autour de 1789.
- Pietri (Prunu), le .
- Pietri (Sartène / Sartè), le .
- Poggi (San Martinu di Lota), le .
- Poli (Cervioni), le .
- Ponte (Ajaccio / Aiacciu), le .
- Pozzo di Borgo (Aiacciu), le [22].
- Pozzo di Borgo (de) (Alata), le .
- Pruno (Ampugnani), le .
- Questa (de)(Calvi), le .
- Ristori (?), noblesse avouée, le .
- Rocca Serra (Porto Vecchio/Portivechju), le .
- Rocca Serra (Sartène / Sartè) le , (Cargiaca/Carghjaca) le , (Levie/Livia) le [22].
- Rossi (Bastia), les et .
- Rossi (Ajaccio / Aiacciu), le .
- Salineri (Bonifacio), le .
- Sansonetti (de)(Lugu di Venacu, Bastia), le .
- Santini (Bastia), le .
- Sistrières-Murato, vicomte de Murato le .
- Susini (de)(Sartène / Sartè), le .
- Susini (Ajaccio / Aiacciu), les et .
- Suzzarelli (Bonifacio), le .
- Tomei (Luri), le .
- Varese (Bastia), le .
- Zerbi (de) (Saint Florent / San Fiurenzu), le [25].
Premier Empire
- Arrighi de Casanova, (Corte / Corti), baron d'Empire.
- Arrighi de Casanova, (Corte / Corti), duc de Padoue et de l'Empire.
- Campi (Aiacciu): lettres patentes enregistrées au Sénat le , conférant le titre de baron au général Toussaint Campi.
- Ferri-Pisani (Bocognano / Bucugnà): comte de Saint Anastase (Royaume de Naples); comte de l'Empire.
- Mariani (Corte) : baron de l'Empire selon les uns (Demartini); fait baron par le roi de Westphalie selon d'autres (Orticoni).
- Moroni Pierre-Ange (Ortiporio), baron d'empire.
- Orsatelli (Cassano): famille du général-baron Eugène.
- Sebastiani, de la Porta. famille du Maréchal Horace Sebastiani
Second Empire
Les Sgiò
Son acception est variée : au sens large, il désigne certains hommes la classe des propriétaires terriens qui emploient les paysans sur leurs terres, qui sont collectivement des signori.
Au sud, terre des seigneurs, ce mot se teinte d'une connotation quasi féodale, dans l'esprit du clan et les sgiò sont très peu nombreux. Les Sgio notables du sud sont entre autres les familles : Abbatucci, Colonna d’Istria, Lorenzi de Bradi, Durazzo, de Peretti della Rocca, Pianelli, Giustiniani, Lanfranchi, Benetti, Bidali, Pietri, Istria, de Rocca Serra, Rotily-Forcioli, Chiaroni, Paoli de Fozzano, Carabelli, de Giacomoni, Ortoli, Zevaco, Ornano, Rocca, Ceccaldi, Quilichini de Sartène, de Susini, Galloni d'Istria.
Au nord, terre du commun, il désigne une bonnee partie des adultes hommes de la première classe sociale. Ce terme est ainsi attribué automatiquement aux magistrats, médecins "U sgio duttore", aux hommes politiques locaux ou régionaux (les maires notamment), à certains prêtres " U sgio piuvanu" et enfin, aux personnes envers qui on est profondément redevables. Néanmoins le titre était, dans les faits, quasi héréditaire et était alors suivi du prénom, " U sgio Michele". Seuls quelques hommes, vieillards ou serviteurs particulièrement appréciés, pouvaient tutoyer et substituer au vocatif "O sgio Matteu" un "O cumpa", presque démocratique. L'épouse et la mère d'un sgio avaient le titre correspondant de signora : "A signora Paulina".
C'est le caractère informel et presque spontané de cette appellation qui fait qu'on ne peut le définir comme un titre de noblesse au sens juridique. Toutefois, on peut soulever qu'à l'instar de la noblesse ailleurs, les familles de Sgiò, qu'elles soient d'origine noble, simplement des notables ou de grands propriétaires, adoptent les mêmes usages que la noblesse, en particulier pour les alliances: les Sgiò se marient entre eux et les alliances au sein d'une même famille sont fréquentes pour maintenir les patrimoines et la "race".
Le XIXe siècle est le temps d'un renouvellement des élites insulaires. On peut les nommer les noblesses, car bien des anciennes familles en font évidemment partie et les nouvelles imitent leur comportement. En fait il s'agit désormais d'une notabilité liée à la puissance électorale et toujours foncière. L'hérédité sur quelques générations des charges politiques reste la règle. Les membres de cette catégorie sont appelés "sgio", appellation dérivé de l'italien "signor" signifiant à l'origine "seigneur", il s'agit plutôt d'un "Monsieur" très déférent, traduction que donnent la plupart des linguistes actuels mais qui n'est pas satisfaisante. Monsieur en effet est banalisé dans l'usage actuel alors qu'en présence d'un Sgio, le villageois, berger ou tenancier, utilisait le vocatif (O sgio Natale...), mettait bas la coiffure et, bien sûr, vouvoyait. On pourrait le traduire par l'anglais Sir ou un "Maître" particulièrement déférent. Dans une conversation l'usage était de laisser tre passi (3 pas) entre le supérieur et l'inférieur. Certains sgiò avaient de gros chiens dressés à faire respecter la distance.
L'appellation de Sgio n'est plus donnée aux notables depuis le début des années 1960, phénomène lié aux évolutions de la société rurale insulaire mais aussi à la régression de la langue corse.
De nos jours, cette notabilité presque aristocratique sans titulature perdure dans les diverses lignées d'hommes politiques corses qui dominent la politique insulaire, parfois depuis le Second Empire ou la 3e République[1].
Familles n'ayant pas fait de demande de reconnaissance auprès de la couronne de France[21]
Un grand nombre d'autres familles corses peuvent s'enorgueillir de noblesse. Cette liste contient les noms de quelques familles de caporaux et de gentilshommes corses n'ayant pas effectué de demande ou n'ayant pas été reconnues nobles par la monarchie française entre 1769 et 1789. Le phénomène de demande de reconnaissance commence à partir de 1770: certaines familles font des demandes et obtiennent des reconnaissances (Peretti, Pietri, Durazzo, Roccaserra, Ortoli, Pianelli), d'autres, "toutes aussi titrées que les précédentes comme les Lanfranchi, les Pandolfi, les Giudicelli ou les Ettori, ne le firent pas (…) ceux qui négligèrent de postuler semblent avoir fait un faux calcul, persuadés que, comme les fois précédentes, le roi de France, après avoir pacifié la Corse, la restituerait à la République de Gênes"[26]. Ceux qui ne le firent pas se souvenaient que les Génois avaient vu d'un mauvais œil la tentative faite par Cursay en 1750 de constituer dans l'île une noblesse sous les auspices de la France. Ces derniers "s'accrochant à leurs titres traditionnels". En 1739 déjà, un groupe s'intitulant antichi privilegiati dénonçait à la Camera les prétentions de certains imposteurs qui tentaient de se faire reconnaître comme nobles. L'adresse fut signée à Lévie par Rocco Peretti, son fils Don Giacomo et Giovan Battista Lanfranchi (...). L'absence des Rocca Serra, Durazzo et des Ortoli parmi les signataires laisse deviner les contours de deux partis qui s'affrontent, l'un plus attaché à Gênes, l'autre ouvert à la France[26]. Certaines familles illustres, qui avaient lutté pour la liberté, contre le roi de France et aux côtés de Pasquale Paoli, ne daignèrent pas même se présenter aux recensements des nobles par l'administration française. D'autres ne se présentèrent pas croyant que le statut de l'île allait encore évoluer (il existait en Corse à côté des partis "nationaux" et "pro-français", un parti "impérial", un parti "papal" ou encore un parti "espagnol"). Enfin, certaines se présentèrent et furent refusées. Cette question de la reconnaissance de la noblesse est une question complexe dans une île où les origines nobiliaires des familles sont multiples.
- Agostini (branche de Scata). Famille issue des Cortinchi de Lumito[27].
- Baccielieri (ou Baccialieri) (Ville di Parasu). Issue du seigneur Ghjuseppu Maria Baccialieri, de Ville di Balagna, qui aurait été reconnu noble par un acte des Protecteurs de l'Office de Saint Georges, du .
- Baldacci (Corti), Originaire de Toscane, présente à Corté en 1589, avec Marchione, Noble XII en 1606, Lieutenant de la ville en 1607, 1621 et 1624.
- Battistini (Bastia). Acte de reconnaissance de noblesse par les magistrats de Bastia du .
- Biadelli (Bastia), mention est faite de cette famille depuis la fondation de la ville.
- Bonavita (Bastia).
- de Brunelli (Calvi).
- Carbuccia (de) (Bastia), Originaire de Carbuccia, prés d'Aiacciu. Fixée à Bastia depuis 1500 environ, avec Oraziu Carbuccia.
- Carli (Spiluncatu). Originaire de Lucques. Etablie en Corse au XVIe siècle. Décret de 1684 créant Caporaux Ambrughju Carli et ses descendants.
- Casanova de Pioghjula (ou Pioggiola), famille d'origine romaine dont la reconnaissance de noblesse est datée du .
- Casanova d'Arraciani (Pruprià).
- Colonna de Giovellina, lettres patentes de la République de Gênes du
- Chiaroni (Aullène)[22].
- Defendini (Prunelli), le 20 janvier 1707. (Titre de Noblesse Princière)[réf. nécessaire].
- Ettori (Quenza), descendants de Giacomo, principali de Gênes à Quenza[28].
- Filippi, (Quenza), Porti Vechju. Issue de Filippo di Quenza, exécuteur testamentaire de Rinucciu della Rocca (1510). Actes de reconnaissance de noblesse datant de 1561.
- Filippini (Corti), originaire de Sardaigne.
- Flach et Flach-Malaspina (Calvi).
- Forcioli-Conti (Ajaccio) Issue de la Maison Bozzi. Actes notariés de 1604 à 1614. Elle tire son nom de la tour et du village de Furciolu.
- Giudicelli (Zonza), descendants de Prosperin, principali de Gênes à Zonza[28].
- Giustiniani (Arbellara).
- Lanfranchi, le Capitano Lanfranco delle Vie (Livia) bénéficie d'une reconnaissance de noblesse le 25/05/1592 et est exempté de taille tout comme son fils Orazio est Principali De Gênes à Lévie[28] Orazio est Noble Six en 1585, élu orateur du Delà des Monts. Il obtient confirmation de la benemerenza familiale (pour lui et ses fils Lanfranco, Cesare et Aurelio et pour son frère Pietro) le quitus pour son action comme orateur du Delà des Monts, du Sénat de Gènes le 12.9.1592. Son fils, Simon Francesco, époux de Constanza Musso, obtient le brevet de chevalier du Saint-Sépulcre délivré à Jérusalem le 24.10.1630[29]. Les Lanfranchi sont inscrits sur le " Registri feudi e famiglie nobili"[30]. Une partie de la descendance de Lanfranco Lanfranchi, s'établit par la suite à Aullène, puis à Viggianello sur la Rocca et à Monacia d'Aullène[7].
- Malaspina (Belgodere, Speloncato, Monticello, etc), maison considérée comme issue de l'illustre famille Malaspina appartenant aux Obertenghi qui régna sur la Toscane puis sur la Lunégiane[31].
- Orticoni (Monticello, Santa-Reparata-di-Balagna).
- Padovani (Santa-Reparata-di-Balagna)[32].
- Paganelli (Cervioni e Mucchiettu), du puissant clan des Cottoni, originaire de Florence, elle joua un rôle important dans les premières années de la révolution corse. Elle était membre du parti pro-génois.
- Paganelli-Zicavo (Zicavo).
- Pandolfi (Serra), descendants de Giovan Paolo, principali de Gênes à Serra[28].
- Sebastiani (La Porta) serait issue des Cortinchi[33].
- Susini (Serra), descendants de Giovan Paolo, principali de Gênes à Serra[28].
- Tardi (Bastia, Tallone, Venzolasca).
- Vincenti (de) (Santa-Reparata-di-Balagna), agrégée à la noblesse de Lucques par lettres patentes du .
- Vincentelli (Serra), descendants de Giovan Paolo, principali de Gênes à Serra[28].
Notes et références
Notes
- . Le terme castrum est utilisé dans le sens que lui donnent les textes médiévaux relatifs à la Corse, c'est-à-dire à la fois de fortification isolée et/ou d'habitat fortifié associé à un château, dont Ortifusci et Mutula - Daniel Istria
Références
- La tragique histoire des corses, Dom Jean-Baptiste Gaï, Ed. S.A.P.R.A.
- La corse génoise, Économie, Société, culture, Antoine-Marie Graziani, Ed. Alain Piazzola
- François Berengeri, gonfalonier à Florence en 1477, père de Charles Berengeri, exilé par les Medicis en Corse où il épouse Marguerite Gonfille, dont il eut Antoine-Orso Berengieri Ier, dont le petit-fils Antoine-Beranger II quitte la Corse pour s'établir à Marseille. Il est le père de Jean-François Berenger, seigneurs de Granbois et de La Baume, premier consul de Marseille.
- Borel d'Hauterive, "Sur la maison de Linche, in Revue historique de la noblesse
- Cette famille s'établit en seigneur sur la contrée de Cap-Corse et s'éleva sur la côte occidentale le fort de Nanza. Cependant elle dût rétrocéder une partie de leurs possessions à Ansaldo del Mare.
- Selon Heinrich-Leo Dauchez, dans son Histoire de l'Italie depuis les premiers temps jusqu'à nos jours, 1856, les familles Avogari et Peverelli s'établirent en seigneurs sur la contrée de Cap-Corse et s'élevèrent sur la côte occidentale le fort de Nanza. Cependant elle durent rétrocéder une partie de ses possessions à Ansaldo del Mare.
- Colonna de Cesari Rocca, Armorial Corse, Paris, Henri Jouve, , 79 p., pp 45-46,La tradition fait descendre les Lanfranchi corses de Viggianello, Lévie, Aullène, Guitera et Muro de la famille noble Lanfranchi de Pise (...) arrêt de reconnaissance de noblesse de Gênes du 15.05.1592 (...)
- (it) Vittorio Spreti, Enciclopedia storico nobiliare italiana, Milano, Enciclopedia storico nobiliare italiana, mcmxxxi-anno ic, Nel 1053 è rammentato nelle storie di Pisa un Raimondo di Giovanni … Ubaldo Lanfranco Lanfranchi, cardinale, 1152…(vol IV)
- Suivant François Antoine Mariani, "Speloncato de A à Z", p. 12, 3e édition, septembre 2006 - travail accessible en ligne
- En 1528, Andrea Doria établit la liste des vingt-huit familles nobles génoises capables d'occuper des charges de gouvernement et de parvenir à la dignité de Doge: Calvi, Cattanei, Centurioni, Cibo, Cigola, Doria, Fieschi, Fornari, Franchi, Gentili, Giustiniani, Grilli, Grimaldi, Imperiali, Interiani, Lercari, Lomellini, Marini, Negri, Negroni, Pallavicini, Pinelli, Promontorj, Salvaghi, Sauli, Spinola, Vivaldi, Vesodimari.
- Les branches cadettes, encore représentées aujourd'hui dans plusieurs villages de l'île, sont issues des nombreux officiers et administrateurs ayant fait souche sur place (dont on retrouve notamment la trace au travers du "guide des sources de l'histoire de la Corse dans les archives génoises" d'Antoine-Marie Graziani)
- Selon l'intendant Chardon, "Il n'y a que deux familles nobles à Bonifacio : la Maison Doria et la Maison de Galiano (toutes deux d'origine génoise) formant en tout huit gentilshommes" (en 1769)
- Selon l'intendant Chardon, « Il n'y a (en 1769) que deux familles nobles à Bonifacio : la Maison Doria et la Maison de Galiano (toutes deux d'origine génoise) formant en tout huit gentilshommes »
- « Jugement du Tribunal de Corté concernant la rectification du nom de famille Montera, page 165 », sur www2.cg2b.fr, (consulté le )
- Armorial de la corse, Bibliothèque Fesh, Ajaccio, page 132
- Originaire de Savone, reconnue noble en France en 1782.
- Famille de corsaires génois, reconnue noble en France en 1788. Antoine Marie Suzzarelli fut député à la Convention en 1793.
- Blasons de la famille de Suzzoni à Bastia, corsicatheque.com, 2013.
- En 1460, l'archevêque de Sassari écrit à Giovanni Cattacciolo, notable de Bonifacio, pour l'informer de tous les privilèges que le Roi de Sicile Ferdinand 1er est prêt à accorder aux Corses si ces derniers chassent l’Ufficio di San Giorgio de l’Ile. Son descendant Filippo Cattacciolo reçoit et loge en 1541 Charles Quint, empereur d'Allemagne et roi d'Aragon, dans sa maison à Bonifacio.
- Ouvrage en ligne, p. 12, qui cite notamment une lettre du roi Théodore adressée au "Très cher comte Malaspina" . Cette distinction n'est pas surprenante, d'autant plus que ce personnage était cousin germain du général-comte Simon Fabiani
- Armorial Corse de François Demartini; Nouvel Armorial de Corse de Jean-Christophe Orticoni, Armorial de Corse de Colonna de Cesari Rocca
- Pierre-Paul Raoul Colonna de Cesari Rocca, Armorial corse, Paris, Jouve,
- Acte de RNF publié in Jacques Meurgey: Les barons Mariani et leurs alliances, Imprimerie Daupeley-Gouverneur, Nogent-le-Rotrou, 1933. Rattachement invoqué aux princes napolitains du même nom
- Alexandre Dumas père, le Véloce ou Tanger, Alger et Tunis, 1848-1851, chapitre 17
- Ours-Jean Caporossi, d'après l'armorial de Corse
- Fernand Ettori, La maison de la Rocca, un lignage seigneurial en Corse au Moyen-âge, Ajaccio, Piazolla, , p.151-153
- Jean Tiburce de Mesmay, Horace Sebastiani, page 316
- Jean Rocca Serra, « Serra di Scopamène, commune mère de Sotta, commune fille (p.9) », sur cities.reseaudesvilles.fr, (consulté le )
- "Armorial de la Corse", Tome 1, p. 374-375, De François Demartini Préface de Michel Vergé-Franceschi, Ed Alain Piazzola
- (A.S.G Liasse 1313. 1561-1662)
- Cf. ouvrages de référence in bibliographie : François Demartini, Colonna de Cesari Rocca, Orticoni. Voir aussi, en ligne : http://www.tonton-pixel.org/fm/Les-Malaspina-de-Speloncato-eBook.pdf
- Colonna de Cesari Rocca : Armorial corse, pp 60-61, qui mentionne une origine lombarde et la possession d'un château féodal à Santa Reparata.
- Jean Tiburce de Mesmay, Horace Sebastiani
Voir aussi
Liens externes
- Régis Valette, Catalogue de la noblesse française : Catalogue provincial. De Louis XVI à la fin du XXe siècle, Paris, Robert Laffont, , 4e éd., 409 p. (ISBN 2-221-05925-5, lire en ligne)
Sources
Ouvrages généraux sur l'histoire de la Corse où il est fait état de questions relatives à la noblesse et aux familles notables ou influentes:
- Michel Vergé-Francesci (préface d'E. Le Roy Ladurie), Histoire de Corse, 2 tomes, édition Le Félin / Kiron, 2007
- La Réunion définitive de la Corse aux États de la Commune de Gênes, Gênes, 1900.
- Recherches sur la Corse au Moyen Âge. Les origines de la rivalité des Pisans et des Génois, Gênes, 1901.
- Histoire de la Corse écrite pour la première fois d’après les sources originales, éd. Jouve, Paris 1908.
- Histoire de Corse, en collaboration avec Louis Villat, Paris, 1916.
- Mémoires du Sébastien Costa, grand chancelier du roi Théodore
- Correspondance de Pascal Paoli (5 tomes parus à ce jour)
- Evelyne Luciani, Louis Belgodere, Dominique Taddei : Trois prêtres balanins au cœur de la révolution corse - Erasmo Orticoni, Gregorio Salvini, Bonfigliuolo Guelfucci, éd. Alain Piazzola, 2006.
NB : les références bibliographiques complètes seront introduites sous peu
Ouvrages consacrés à la noblesse corse
- Pierre-Paul Raoul Colonna de Cesari Rocca : Armorial corse, éd. Jouve, Paris, 1892; rééd. Jeanne Laffitte, Marseille, 1987 (le premier ouvrage sur les sujets, écrit sur la base de contributions des familles; marqué par son époque, très succinct mais généralement fiable); une autre réédition en 2017 a été effectuée, Cressé, Editions des régionalismes, 2017, 148 p. ; cette dernière est réorganisée de manière plus lisible dans le rapport rubriques familiales/blasons.
- François Demartini : "Armorial de la Corse", éd Piazzola, Ajaccio 2003 (est devenu l'ouvrage de référence, son auteur ayant sillonné toute la Corse durant des années et ayant non seulement relevé le plus grand nombre possible de blasons, mais aussi consulté un grand nombre d'archives privées et publiques; il a aussi recueilli les traditions familiales et témoignages divers; la magistrale introduction de Michel Vergé-Franceschi constitue sans doute désormais "la" référence à toute présentation du sujet).
- Jean-Christophe Orticoni : "Nouvel Armorial corse" (plus précis sur certaines familles mais nécessite parfois de revenir aux sources primaires car des familles ont disparu au profit d'autres qui ne figuraient pas dans l'armorial historique de référence de Colonna de Cesari Rocca; les illustrations des blasons en couleurs sont appréciables).
- Michel Vergé-Franceschi : Le Cap corse, généalogies et destins, éd Alain Piazzola, 2006 (une mine de renseignements sur la plupart des familles nobles et notables du Cap).
- Daniel Istria : Pouvoirs et fortifications dans le nord de la Corse : du XIe siècle au XIVe siècle, Éditions Alain Piazzola, Ajaccio 2005.
- Jacques Meurgey: Les barons Mariani et leurs alliances, Imprimerie Daupeley-Gouverneur, Nogent-le-Rotrou, 1933 (un grand classique et même l'un des ouvrages fondateurs en dépit de ses insuffisances liées à l'époque où il a été élaboré) (consacré aux Mariani, mais aussi aux Arrighi de Casanova, Boerio, Caraccioli dont l'acte de RNF est publié, etc)
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