Notre-Dame des Douleurs

Notre-Dame des Douleurs (ou plus souvent : Notre-Dame des sept Douleurs), et invoquée en latin comme Beata Maria Virgo Perdolens, ou Mater Dolorosa, est l'un des nombreux titres par lesquels l'Église catholique vénère la Vierge Marie, mère de Jésus. Elle est parfois aussi appelée « Notre-Dame des sept Langueurs », comme à Boutissaint (Yonne)[1].

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Notre-Dame des Douleurs

La Mater Dolorosa, avec les 7 glaives de douleur dans le cœur, église San-Salvador, Getaria, Guipuscoa, Pays basque.

Observé par Catholiques
Célébrations 15 septembre

Le titre souligne l’association de la Mère à la souffrance de son Fils. Les « sept Douleurs » font référence aux événements, relatés dans les évangiles, qui angoissèrent et firent souffrir la Vierge Marie dans la mesure où elle accompagnait, pas à pas, son Fils dans sa mission de Rédemption. Toutefois, elle vécut totalement et indiciblement ces souffrances, mais d'une manière pour ainsi dire temporaire, restant en elle-même toujours bienheureuse car sans aucun péché, et conçue sans péché dès son Immaculée conception. Le mois de septembre est dédié à Notre-Dame des Douleurs[2] qui est liturgiquement commémorée le .

Les sept Douleurs, dans l'ordre chronologique :

1. Elle entend la prophétie du saint vieillard Siméon, dans le Temple.

2. Elle vit la fuite en Égypte.

3. Elle recherche avec S. Joseph, durant trois jours, l'enfant Jésus et le trouve dans le Temple.

4. Elle rencontre Jésus portant sa croix et échange un regard avec lui alors qu'il monte au Calvaire.

5. Elle est debout, silencieuse, au pied de la croix. Elle regarde Jésus crucifié et suit son agonie.

6. Elle reçoit dans ses bras Jésus mort, descendu de la croix.

7. Elle assiste à l'ensevelissement de Jésus et à sa mise au tombeau.

Histoire de la dévotion

La dévotion aux souffrances de la Vierge trouve une origine très ancienne, puisqu'au milieu du IIIe siècle, une première chapelle aurait été érigée sous le vocable de Notre-Dame de Pitié à Clermont-Ferrand[3]. Mais le culte de la Mater Dolorosa apparaît officiellement en 1221, au monastère de Schönau, en Allemagne. En 1239, dans le diocèse de Florence en Italie, l'Ordre des Servites de Marie (Ordo Servita), dont la spiritualité est très attachée à la Sainte Vierge, fixe la fête de Notre-Dame des douleurs au .

Ce titre doit son nom aux sept Douleurs éprouvées par la Vierge Marie :

Dévotions aux sept Douleurs de Marie

Notre-Dame des Douleurs, ermitage de Notre-Dame de la Solitude, Tocina, province de Séville, Espagne.

L'Ordre des Servites de Marie, fondé à Florence en 1233, développe les formes populaires de cette dévotion au cours des siècles dont le chapelet des sept Douleurs de Marie et le scapulaire noir des sept Douleurs de Marie[5]. À partir du XVe siècle, la méditation sur les Douleurs de Marie, éclos dans divers Ordres monastiques.

Le , la Congrégation des rites autorise l'Ordre des Servites à célébrer la messe votive des sept Douleurs de la Sainte Vierge. Le décret mentionne que « les Frères des Servites portent la robe noire en souvenir du veuvage de Marie et de la souffrance qu'elle a subie durant la Passion de son Fils ». Le , le pape Innocent XII autorise la célébration de la fête des « sept Douleurs de la Sainte Vierge » le troisième dimanche de septembre. Ce culte ce répandant, le , la Congrégation des rites approuve la célébration des sept Douleurs de Marie, le vendredi avant le dimanche des Rameaux. Puis le , le pape Pie VII ordonne l'extension de la fête liturgique (fixée le troisième dimanche de septembre) à toute l'Église, et l'inscrit dans le Calendrier romain. Enfin, le pape Pie X, au début du XXe siècle, la fixe au 15 septembre, soit le lendemain de la célébration de l'Exaltation de la Croix (le 14 septembre), avec l'appellation de « Notre-Dame des Douleurs »[6], l'élevant au rang de fête de seconde classe[7].

Son histoire

Le chapelet aux sept Douleurs (quelquefois appelé le Rosaire aux sept Douleurs ou le Rosaire des Servites) a donc été développé par l'Ordre des Servites de Marie et son nom est issu du fait qu'il se réfère aux sept évènements particulièrement tristes ou douloureux précédemment cités.
C'est un chapelet formant un collier de sept septaines de grains, séparées chacune par une petite médaille illustrant une des Douleurs de Marie, ces médailles pouvant être remplacées par des grains plus gros que les quarante-neuf autres. Une « queue », composée de trois grains et d'une médaille, est fixée au collier principal (avant la première « Douleur ») ; positionnée en début de chapelet elle sert à dédier ses prières aux Larmes de Marie. Traditionnellement, les grains sont en bois noir (ou matériau noir) de manière à symboliser la tristesse la plus profonde.
Il est parfois appelé le chapelet aux sept Épées en référence à la prophétie de Syméon :

« Voici, cet enfant est destiné à amener la chute et le relèvement de plusieurs en Israël, et à devenir un signe qui provoquera la contradiction, et à toi-même une épée te transpercera l'âme, afin que les pensées de beaucoup de cœurs soient dévoilées. » (Lc 2,34-35).

Scapulaire des sept Douleurs.

Par sa lettre Redemptoris du , le pape Benoît XII enrichit la pratique, grâce à des indulgences. Le pape Clément XII confirma et augmenta celles-ci par sa bulle Unigeniti du . Toutes ces indulgences furent de nouveau confirmées par un décret de la Congrégation Sacrée des Indulgences, émis selon la volonté du pape Clément XIII, du .

Les modalités de le prier peuvent varier. Certains débutent par la première Douleur, donc au premier grain du collier, et finissent par la « queue » ; d'autres commencent par la médaille et les trois grains de « queue » puis font le tour du chapelet.

Scapulaire de Notre-Dame des sept Douleurs

Le scapulaire de Notre-Dame des sept Douleurs est un scapulaire catholique associé aux Servites de Marie parfois nommé scapulaire noir, il ne doit cependant pas être confondu avec le scapulaire noir de la Passion.

Fêtes

Fête patronale

La Mater Dolorosa vue par Jésus du haut de la Croix (tableau de Tissot).

Sous ce vocable (Notre-Dame des Douleurs), la Sainte Vierge est la patronne de la Congrégation de la Sainte-Croix, de la Slovaquie, de la région italienne du Molise, de l'État du Mississippi, de plusieurs villes des Philippines et des communes italiennes d'Accumoli, Mola di Bari, Paroldo et Villanova Mondovì. Au Québec, un petit village, Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, porte aussi son nom. De plus, au Portugal où son culte est particulièrement répandu, un grand nombre de paroisses sont consacrées au vocable latin de la mère des douleurs (exemple : Poço do Canto).

Fête liturgique

Notre Dame des Douleurs est vénérée le 15 septembre, avec rang de mémoire obligatoire sur le calendrier liturgique[8].

Pour l'Église catholique, « c'est pour avoir communié intimement à la Passion du Christ que Marie a été associée d'une manière unique à la gloire de sa Résurrection. [...] Marie n'a jamais été plus mère qu'au pied de la croix : c'est là que son cœur a été "transpercé comme par une épée" à la vue des souffrances de Jésus ». Marie est la figure de l’Église qui souffre au long des âges sur toute la surface de la Terre. L’Église, comme Marie, est appelée à partager la gloire de la Résurrection du Christ[8],[9].

Galerie

Notes et références

  1. « Prieuré Saint-Lazare de Boutissaint », sur terres-et-seigneurs-en-donziais.fr (consulté le ), p. 2.
  2. Désiré Germain Hallez, Le mois de septembre consacré à la Très-Sainte Vierge des douleurs, Casterman, , 216 p. (lire en ligne).
  3. Ambroise Tardieu, Histoire de la ville de Clermont-Ferrand, Editions de la Tour Gile, (lire en ligne), p. 332-333
  4. « Notre-Dame des sept Douleurs », sur Nominis, nominis.cef.fr (consulté le ).
  5. (it) Antonio Borrelli, « Beata Vergine Maria Addolorata », sur Santi e Beati, santiebeati.it, (consulté le ).
  6. La mémoire de « Notre-Dame des Douleurs » est fixée à la date au 15 par le pape Pie X, diocèse de Saint-Claude
  7. « Notre-Dame des Douleurs » élevée au rang de fête de seconde classe en 1908, site Actualités
  8. « La messe, Notre-Dame des Douleurs », Magnificat, no 238, , p. 207.
  9. (it) Padre Liborio Siniscalchi, « Beata Vergine Maria Addolorata », sur Santi e Beati, santiebeati.it, (consulté le ).

Annexes

Articles connexes


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