Préhistoire de Malte

La préhistoire de Malte débute au Néolithique. L'île est, en effet, l'une des dernières régions d'Europe à être habitée, avec peu de preuves de présence humaine avant l'arrivée des communautés néolithiques, qui se sont établies dans l'archipel vers 5500 av. J.-C..

Les connaissances concernant la préhistoire de l'île sont assez développées car l’archipel maltais a livré d'abondants vestiges de la présence humaine durant cette période et notamment parmi les plus anciennes constructions monumentales au monde, classées au patrimoine mondial de l'UNESCO.

Le reste du temple maltais le plus ancien serait un mur de grosses pierres sèches érigé au Néolithique sur le site de Skorba. Datant de 5 200 ans av. J.-C. A, il serait donc antérieur de plusieurs siècles (environ sept siècles) à la première construction mégalithique continentale, le Cairn de Barnenez dans le Finistère (4500 à 3500 av. J.-C.), de 1 200 ans aux alignements de Carnac (4000 av. J.-C.), de 2 400 ans au cercle de Stonehenge (2800 à 1100 av. J.-C.) et 2 600 ans aux pyramides d'Égypte (2600 à 2400 av. J.-C.) B.

Historiographie de la Préhistoire de Malte

Avant le XVIe siècle, l’histoire de l’humanité était consignée dans les textes religieux et dans quelques textes classiques. On considérait alors qu'un âge des métaux avait précédé un âge classique, dont étaient issues les civilisations. Ces origines mythiques avaient encore cours dans le royaume de France à la Renaissance, où, d’après Lemaire de Belges[1] ou Ronsard[2],[3], la royauté française avait comme origine Hector de Troie. Les pierres taillées n’étaient encore que des « céraunies », des pierres dues aux impacts de la foudre.

Michel Mercati (1541-1593), directeur du jardin botanique pontifical sous Sixte Quint, est le premier à envisager dans sa Metallotheca une origine humaine aux pierres taillées : « Les plus anciens hommes eurent pour couteaux des éclats de silex[4] ».

Au XVIIIe siècle, dans l’esprit des Lumières, le père Bernard de Montfaucon et le comte de Caylus révolutionnèrent « les antiquités ». Le premier, dans L’Antiquité expliquée et représentée en figure en latin et en français, après un voyage en Italie de 1698 à 1701, prône le voyage d’étude sur le terrain et dans les cabinets de curiosités en complément de l’étude des textes. Le second, dans Recueil d’antiquités égyptiennes, étrusques, grecques, romaines et gauloises, clarifie la distinction entre historien et antiquaire. L’antiquaire ne devait pas illustrer son texte de vestiges mais devait faire des vestiges les objets même de ses études. Ainsi Montfaucon, en publiant la sépulture mégalithique découverte en 1685, près d’Évreux, fit des recherches pour retrouver tout ce qui avait été écrit sur des sépultures de ce genre. C’est l’occasion de réformer la chronologie admise en introduisant un âge du cuivre entre l'âge de la pierre et l'âge du fer à la suite des anciens comme Pausanias ou Homère. Le comte de Caylus affirme l’antériorité des mégalithes par rapport à l’époque romaine et parle pour la première fois de « l’immensité des générations qui se sont succédé depuis l’invention du feu et de la roue[5] ».

Ħaġar Qim
Gravure de Jean-Pierre Houël de 1776.

À la fin du XVIIIe siècle, à la suite de la jeunesse aristocratique anglaise, le « Grand Tour » conduit le « savant » sur les routes de Grèce, d’Italie et de Sicile. Le tour allait quelquefois jusqu’à Malte, l’île des Chevaliers, conservatoire de la noblesse européenne. Jean-Pierre Houël est le premier à s’y rendre, par deux fois en 1770 et en 1776. Il en rapporte dix-huit estampes dont quatre représentent les vestiges mégalithiques sur un total de 264 estampes en partie achetées par Catherine II de Russie et conservées au Musée de l'Ermitage[6]. Il est suivi de peu, en 1778, par Louis Ducros, jeune artiste suisse, accompagné de Ten Hove, Willem Carel Dierkens, Willem Hendrik van Nieuwerkerke (trois Hollandais) et l’Anglais Nathaniel Thornbury. Il illustre le rapport de ses compagnons de route, Voyage en Italie, en Sicile et à Malte – 1778, de quatre aquarelles du temple Ġgantija « monument phénicien ou carthaginois, appelé vulgairement Tour des Géants » aujourd’hui au Rijksmuseum d’Amsterdam[7].

En 1833, George Grondet, adjudant-ingénieur du génie, finit sa vie à Malte et rédige un ouvrage, L’Atlantide di Giorgio Grognet di Vassé, dans lequel il soutient que les monuments de Malte sont les vestiges de l’Atlantide. Il établit le relevé du mur de Melita et le transmet à l’abbé Petit-Radel, auteur de la « théorie des monuments pélagiques ». Petit-Radel est conservateur de la bibliothèque Mazarine où il collectionne des modèles en plâtre de monuments mégalithiques réalisés par Étienne Poulin. Dès 1792, il émet l’hypothèse que Pélagos, mentionné par Pausanias comme étant celui qui apprit aux hommes à se nourrir, à se vêtir et l’art de bâtir, appartenait à une époque antérieure à l’Antiquité classique. Selon lui l’humanité avait connu avant l’Histoire, une période de vie nomade et pastorale et son passage à la vie civile et politique avait été marqué, bien avant l’Antiquité, par les premières constructions mégalithiques, les monuments pélagiques[8].

Cercle de Brochtorff
Aquarelle de Charles de Brochtorff de 1825.

Sous la colonisation britannique, les premières fouilles de l’archipel maltais sont réalisées par le colonel Gouverneur de Gozo, Otto Bayer sur le site de Xagħra sous le regard de l'artiste maltais Charles de Brochtorff qui lui laissera son nom. En 1827, quand il dégage le temple de Ġgantija, le dessinateur Louis Mazzara montre le dégagement du temple, publié sous le titre de Temple ante-diluvien dit des Géants, découvert dans l’île de Calypso, aujourd’hui Gozo, près de Malte. En 1839, Ambroise Firmin-Didot lève le plan du temple que publie Frédéric Lacroix dans le chapitre Malte et Gozo du tome IV de la collection L’Univers pittoresque paru en 1848. C’est le premier guide français décrivant en détail les îles de Malte et Gozo ainsi que les monuments « préhistoriques ». En 1841, dans Histoire de Malte, Miège, ancien consul de France à Malte, attribue encore les temples mégalithiques aux Phéniciens[9].

Il faut attendre la découverte de l’hypogée de Ħal Saflieni en 1902 pour que l’archéologie maltaise prenne un vrai départ sous l’impulsion de Themistocles Zammit qui sera le premier directeur du Museum. De formation médicale, T. Zammit introduit les méthodes scientifiques dans les fouilles maltaises ; de Ħaġar Qim en 1909, de Mnajdra en 1910, de Tarxien en 1914, de Ta’ Hagrat en 1923. Il faut attendre 1952, pour que John Davies Evans relance les études archéologiques maltaises. Il fonde en 1954, la Société d’archéologie dont il devient le premier président. En 1958, comme président du musée d’archéologie, il inaugure les nouveaux locaux du musée à l’Auberge de Provence à La Valette et en 1960 le musée d’archéologie de Gozo à la Casa Bondì. Depuis 1989, l’archéologie maltaise est sous la responsabilité d'Anthony Bonanno, chercheur à l’Université de Malte et vice-président de la Société d’archéologie.

Cadre chronoculturel de la Préhistoire maltaise

Échelle des temps préhistoriques

La terminologie et surtout le classement chronologique des données ont posé quelques difficultés aux archéologues. Certains, comme Jan Lichardus en 1985, proposent une échelle de temps unique pour la période du Néolithique et mélangent le Chalcolithique proche-oriental avec le Néolithique européen[10]. Dans les années 2000, les échelles régionales sont privilégiées même si des problèmes de terminologie se posent pour désigner les différentes cultures selon ces échelles[11].

Themistocles Zammit est l’un des premiers archéologues et historiens maltais à fouiller les sites mégalithiques de Tarxien, Ħaġar Qim et Mnajdra ou l’hypogée de Ħal Saflieni et à proposer une chronologie[12]. John Davies Evans est à l’origine de la première échelle chronologique de la Préhistoire maltaise[13]. Cette chronologie est recalée par des datations par le carbone 14 réalisées par David H. Trump[14]. Depuis, cette échelle chronologique des temps préhistoriques maltais est communément acceptée par les milieux scientifiques qui l'ont abondamment documentée.

  • 5200 – 4100 av. J.-C. période néolithique
    • 5200 – 4500 av. J.-C. phase Għar Dalam
    • 4500 – 4400 av. J.-C. phase Skorba grise
    • 4400 – 4100 av. J.-C. phase Skorba rouge
  • 4100 – 2500 av. J.-C. période des Temples C
    • 4100 – 3800 av. J.-C. phase Żebbuġ
    • 3800 – 3600 av. J.-C. phase Mġarr
    • 3600 – 3000 av. J.-C. phase Ġgantija
    • 3000 – 2900 av. J.-C. phase Saflieni
    • 2900 – 2500 av. J.-C. phase Tarxien
  • 2500 – 700 av. J.-C. âge du bronze
    • 2500 – 1500 av. J.-C. phase des cimetières de Tarxien
    • 1500 – 725 av. J.-C. phase Borġ in-Nadur
    • 900 – 700 av. J.-C. phase Baħrija

La période historique commence avec l’arrivée des Phéniciens qui ouvre l'Antiquité de Malte en 725 av. J.-C.

L'échelle des temps préhistoriques maltais est à mettre en parallèle avec le tableau ci-contre de la succession des Âges préhistoriques (disposition antéchronologique) généralement admis pour le bassin méditerranéen ou la péninsule euro-asiatique.

Le cadre chrono-culturel fourni par la céramique maltaise

Dans la première moitié du XXe siècle, l’archéologie repose sur le présupposé qui veut que l’association récurrente, sur une aire géographique et à une période donnée, de vestiges divers permet de définir des « cultures archéologiques » correspondant à des groupes ethniques et à des styles ornementaux de poterie. C’était l’approche historico-culturelle. En 1958, apparaît une approche de reconstruction culturelle hypothético-déductive qui, comme son nom l’indique, cherche à vérifier des hypothèses culturelles par le matériel archéologique. En 1962, Lewis Binford lance l’« archéologie processuelle » qui permet de redécouvrir l’humain derrière les vestiges archéologiques, grâce à des méthodes calquées sur le modèle des sciences expérimentales et qui découple la culture matérielle du groupe ethnique.

La fin du XXe siècle voit naître des théories relevant du « post-processualisme » autour de l’université de Cambridge. Les tenants de ces théories ont toutefois produit plus de discours théoriques sur l’archéologie que d’analyses des données archéologiques factuelles. Enfin, en ce début de XXIe siècle, les chercheurs, plus pragmatiques, continuent préférentiellement d’affiner les méthodes de terrain pour s’assurer de la qualité des reconstructions culturelles en s’appuyant sur des méthodes pluridisciplinaires[15].

L’identification et la description de la céramique maltaise a permis de distinguer des périodes de temps permettant ainsi d’uniformiser les constatations stratigraphiques, confirmées ensuite par des datations absolues au carbone 14. L’identification des céramiques maltaises est à la base de la construction de l’échelle préhistorique maltaise. Sa description, l’identification de la composition de la terre cuite, de sa température de cuisson, de sa couleur, de son engobe, de sa forme, de son décor et d'une façon générale de ses techniques de fabrication et de ses techniques de réalisation et de représentation artistiques, a aussi permis des rapprochements avec d’autres céramiques siciliennes ou continentales. Par contre, l'étude des vestiges archéologiques et des temples est principalement à l'origine de la reconstitution de la culture maltaise pendant la Préhistoire.

Céramiques de Għar Dalam

La poterie de Għar Dalam, généralement retrouvée très fragmentée sous forme de tessons, est abondamment décorée de figures géométriques gravées. Ces figures géométriques sont ordinairement faites de bandes horizontales, de chevrons, de zigzags ou de guirlandes. Les vases comportent des anses surmontées de têtes animales de bovins. Cette céramique maltaise représente une variante régionale de la céramique sicilienne et du sud-ouest de l'Italie[16] et est mise en relation avec la céramique sicilienne de Stentinello[17],[18].

Céramique de Skorba

La poterie de Skorba est soit grise, soit rouge. Ce sont des datations par le carbone 14 qui ont permis l’attribution de la céramique de Skorba rouge et de Skorba grise à des époques différentes.

La poterie de Skorba grise a une surface polie très peu décorée. La pâte est plutôt fine et de couleur grise pouvant tirer sur le noir. La principale caractéristique de ces céramiques consiste en des anses aux formes variées et assez sophistiquées, dites anses en trompette.

La poterie de Skorba rouge se différencie uniquement de la précédente par une couleur d’engobe rouge ou brun et une poterie aux formes en cuillère très particulières. Ces céramiques maltaises sont à rapprocher de la céramique sicilienne de Serra d’Alto pour la Skorba grise et de la céramique sicilienne de Diana pour la Skorba rouge[19],[20].

Céramique de Żebbuġ

La poterie de Żebbuġ renoue avec un décor incisé ou à engobe crème à décor peint en rouge, à représentation humaine très stylisée. La surface est partagée en compartiments remplis d’arcatures avec à l’intérieur une figuration humaine dans une grotte, une niche ou une hutte. Cette céramique maltaise est similaire à la céramique sicilienne de San Cono-Piano-Notaro[21].

Céramique de Mġarr

La poterie de Mġarr simplifie ses formes toutes en lignes courbes avec une décoration de larges bandes taillées en courbes. Les anses élancées prennent des formes animalières (bélier…). C'est sur ce site que sir Themistocles Zammit a remarqué une modification autochtone du style des céramiques de Żebbuġ[22].

Céramique de Ġgantija

La poterie de Ġgantija est faite de pots aux formes très modernes avec des boutons et des anses en boucle. La décoration curviligne est gravée après la cuisson avec un motif très proche de celui dit « comète[23],[24] ».

Céramique de Ħal Saflieni

La poterie de Ħal Saflieni, bien finie et bien polie, est de forme carénée avec une décoration abstraite piquetée. Il existe un modèle très répandu à cette époque, c’est la coupe bi-conique. Cette poterie est propre à l’archipel maltais[25],[26].

Céramique de Tarxien

La poterie de Tarxien, uniquement maltaise, est remarquable par la variété des formes jamais atteinte avant cette période. Le décor est toujours une variation infinie sur le thème géométrique de la spirale. Ses dessins sont souvent gravés à la surface polie des poteries mais aussi quelquefois rapportés sur des petits disques appliqués sur un fond pointillé ou encore de petits boutons collés sur une pâte de couverture blanche. La surface des grands récipients est plus souvent rustique, comme écaillée[27],[28].

Céramique du cimetière de Tarxien

Hormis les urnes cinéraires et les petits tessons qu’elles contenaient, la poterie de cette période est surtout de la vaisselle en forme de tasses et de bols décorés de dessins géométriques gravés rappelant la céramique de Capo Graziano aux îles Lipari[29].

Céramique de Borġ in-Nadur

La poterie de Borġ in-Nadur se caractérise par une simplification des formes souvent angulaires avec des anses à peine formées, la forme de calice à deux anses posé sur un pied conique ou la forme de bol avec une seule anse en forme de hache. Elle est revêtue d’un engobe rouge qui a une forte tendance à s’écailler. Le décor est gravé en zigzags suffisamment profondément pour pouvoir être rempli d’une pâte blanche. Il existe une poterie similaire en Sicile à Ognina[30],[31].

Céramique de Baħrija

La poterie de Baħrija est d'une couleur entre le gris foncé et le noir, avec un engobe noir aux dessins géométriques quelquefois complexes (zigzags, méandres…). Ce décor est profondément gravé de cannelures de section carré et comblés de pâte blanche. Cette poterie maltaise peut être rapprochée de celle de Calabre de la culture des « tombes à fosses »[32],[33].

Malte au Paléolithique

En archéologie, la période du Paléolithique correspond à l'époque géologique du Pléistocène, c'est-à-dire une période marquée cycliquement par des glaciations. Elle débute il y a 1,8 million d'annéesD, pour se terminer autour de 10000 av. J.-C. Pendant cette période, le climat se caractérise par des cycles de glaciations au cours desquels les calottes glaciaires s'étendent du pôle jusqu’aux environs du 40e parallèle nord. Près du tiers de la surface de la terre est recouvert d’inlandsis. Ceux-ci mobilisent une telle quantité d’eau que le niveau des mers baisse de 100 à 120 m, découvrant les plateaux océaniques, exondant ainsi des isthmes entre les îles et les continents. La Méditerranée orientale ne communique avec la Méditerranée occidentale que par un mince détroit qui sépare la Tunisie de la péninsule sicilo-maltaise[34],[35].

Malte ignoré par Cro-Magnon

Présence de l'Homo sapiens en dehors de Malte.

Les recherches archéologiques modernes concernent aujourd’hui la Préhistoire de l’ensemble des territoires peuplés par les humains. Longtemps, l’étendue de ces territoires a freiné la découverte de gisements archéologiques ; il fallait compter avec le hasard pour découvrir une trace des premières industries humaines. Aujourd’hui, la somme de connaissances et les moyens de prospection ont évolué de telle sorte que beaucoup de cultures et de civilisations sont sorties de l’ombre.

Pourtant, la Préhistoire maltaise reste mal connue pour les périodes précédant le VIe millénaire av. J.-C.. Un petit territoire de 316 km2, particulièrement densément peuplé (au 4e rang mondial avec plus de 1 300 habitants au km²), n’a révélé aucun témoignage préhistorique humain antérieur au Néolithique. La Sicile voisine, à laquelle elle est physiquement rattachée pendant toute la dernière glaciation[36], est 80 fois plus vaste et a pourtant livré un abondant mobilier avec notamment le gisement de l’abri de Fontana Nuova di Ragusa qui remonte à l’Aurignacien (38 000 à 26 000 av. J.-C.)[37].

Il faut donc, en l’état des connaissances, reconnaître que ce qui est alors l’extrême sud de la péninsule sicilienne est vierge de présence humaine, et ce, malgré l'existence d’une faune susceptible d'être chassée. Les vagues successives de peuplement de la péninsule européenne, par Homo heidelbergensis d'abord et par Homo sapiens ensuite, ont ignoré l’archipel maltais[38].

Aujourd'hui encore, les archéologues ne peuvent expliquer l'absence de l'Homme de Cro-Magnon à Malte. La présence de chasseurs-cueilleurs paléolithiques est établie sur la péninsule italienne jusqu'en Sicile, comme il est établi qu'à cette époque l'archipel maltais était rattaché à la Sicile et que la faune chassée en Sicile était présente à Malte. Malgré cette identité de biotope, les indices de présence humaine au Paléolithique demeurent inconnus dans l'archipel maltais ; il est peu probable que cela traduise une absence effective mais le manque de preuve oblige les scientifiques à la réserve. Un espoir se fit jour dans les années 1980 quand des peintures rupestres furent découvertes à Gar Hassan, dans les falaises sud-est de l'île de Malte, ainsi que des outils trop rapidement attribués au Paléolithique. En fait, aucune preuve scientifique véritable ne permet d'attester de la présence de l'homme paléolithique dans l'archipel, même si sa présence est plus que probable pour certains archéologues[39]. Beaucoup pensent que la réutilisation rapide des principales grottes maltaises en hypogée a nettoyé celles-ci de toute trace antérieure[38].

La faune maltaise au Pléistocène

Éléphant nain trouvé dans le sol de Għar Dalam, musée de Għar Dalam.

Pendant les périodes glaciaires, l’archipel maltais est rattaché à la Sicile, elle-même rattachée à la péninsule italienne. La faune continentale du Pléistocène peut ainsi accéder à l’archipel. Le climat de celui-ci s’est fortement rafraîchi, les pluies sont abondantes, la végétation est dense, les îles se couvrent de forêts, les wieds (rivières en maltais) drainent une eau abondante qui sculpte le paysage et crée les reliefs karstiques que l’on connaît aujourd’hui. Cette couverture végétale attire tous les herbivores du Pléistocène, éléphants, hippopotames et cervidés que le froid rejette au sud[40].

Les périodes de glaciation sont séparées par des périodes interglaciaires qui font remonter le niveau des mers et isolent la faune dans les îles. On voit ainsi apparaître une faune spécifiquement insulaire caractérisée par une tendance au nanisme chez les herbivores et au gigantisme chez les carnassiers et les rongeurs[40]. La disparition de cette faune avant le Néolithique, à Chypre, en Crète, à Malte, en Sardaigne et en Corse, a souvent été imputée à la chasse intensive de la fin du Pléistocène. Mais l’absence de plus en plus vraisemblable de peuplement antérieur au Néolithique, à Malte comme en Crète, semble infirmer cette thèse. Les scientifiques cherchent maintenant à prouver qu'un changement climatique trop rapide aurait empêché la faune de s’adapter à un nouvel environnement[41].

Għar Dalam

Le professeur Arturo Issel (1842-1922), géologue génois, à la recherche de la présence d’une colonisation par l’homme paléolithique de Malte, découvre en 1865 le gisement de Għar Dalam la grotte obscure » en maltais). Située au sud-est de l'île, près de la ville de Birżebbuġa, elle fait 140 m de long par 10 m de large en moyenne.

Cette grotte contient une quantité importante d’ossements[42]. Une trentaine de squelettes d’animaux sont identifiés pendant les campagnes de fouilles de 1885 à 1892, de 1914 à 1917 et de 1934 à 1936 mais aucun os ou partie de squelette humain n’est mis au jour. En 1917, deux molaires humaines sont découvertes au plus profond de Għar Dalam. Rapidement, elles sont attribuées à des hommes préhistoriques du Tertiaire, puis à l’homme de Néandertal, mais des datations plus récentes les attribuent à un homme moderne[43].

Les premières estimations font remonter les couches inférieures à plus de 500 000 ans mais les dernières estimations du docteur George Zammit Maempel, conservateur du site, ne font plus état que d’une ancienneté de 125 à 130 000 ans pour la couche inférieure de l’hippopotame, de 18000 av. J.-C. pour la couche intermédiaire du cerf et de 5400 av. J.-C. pour la plus ancienne des couches supérieures[44].

Coupe stratigraphique de la grotte de Għar Dalam.

Plus de m de dépôts sont répartis en 6 couches maintenant parfaitement identifiées[45] :

La « révolution néolithique »

Les groupes néolithiques qui ont laissé des traces de leur présence vers 5400 av. J.-C. dans le sol de Għar Dalam sont les héritiers de la « révolution néolithique » F qui a transformé les hommes prédateurs (chasseurs-cueilleurs) en hommes producteurs (éleveurs-cultivateurs). Cette transformation a eu lieu environ 3 500 ans plus tôt, quand des populations du Proche-Orient sont passées de la cueillette de céréales sauvages à leur production. Il faudra 35 siècles aux groupes néolithiques pour rejoindre Għar Dalam, par terre et par mer.

Émergence du Néolithique

Premier peuplement maltais lors de l'expansion néolithique de la culture cardiale.

Le passage de la prédation (chasse et cueillette) à la production (élevage et culture) apparaît aux environs de 9000 av. J.-C. dans la partie occidentale du croissant fertile (Syrie et Liban actuels) avec l'apparition des premières légumineuses cultivées. Vers 8500 av. J.-C. (Néolithique précéramique A - 10000-8200 av. J.-C.), une véritable économie agraire se met en place[46].

La domestication du bœuf s'est produite dans la région du Moyen-Euphrate, entre 8600 et 8200 av. J.-C., celle de la chèvre en Irak actuel vers 8000 av. J.-C. et celle du mouton au Moyen-Euphrate, du porc en Anatolie et sur le littoral méditerranéen vers 7900 av. J.-C. (Néolithique précéramique B - 8200-7200 av. J.-C.)[46].

Les habitations légères sont hors-sol et de forme ovale ou circulaire. Le plan rectangulaire apparaît vers 8 200 av. J.-C. au sud du Levant. Dans cette même région, au VIIIe millénaire av. J.-C., les habitations sont constituées de pierres assemblées avec de la boue sur des surfaces qui peuvent atteindre 10 ha et regrouper plus de 300 maisons, soit environ 2 000 personnes (site d'Ain Ghazal près d'Amman)[47].

La poterie se généralise dans tout le Levant aux alentours de 7000 av. J.-C. Actuellement les archéologues ne peuvent pas situer précisément la région d'origine de la poterie[48].

Les morts sont souvent enterrés sous les maisons d'habitation ; les crânes prélevés sont généralement disposés à l'intérieur des habitations ou sur le seuil. Des représentations féminines, en calcaire puis en terre cuite, apparaissent de l'Euphrate à la mer Morte dès le début du Néolithique. D'abord schématique, un modèle de figurines aux formes opulentes connaîtra plus de 4 millénaires de succès[47].

À la fin du VIIIe millénaire av. J.-C., l'élevage des chèvres et des moutons se répand à partir du Levant. Les archéologues constatent vers 7000 av. J.-C. un dépeuplement du Levant sans pouvoir en donner une explication[48].

Le VIIe millénaire av. J.-C. voit la colonisation de proche en proche de territoires toujours plus vastes par les cultivateurs néolithiques. Sa première apparition en Europe se situe dans les plaines de Thessalie, de Béotie et d'Argolide. C'est le Néolithique à céramique peinte (6500-6000 av. J.-C.). Elle se répand dans les Balkans jusqu'au Danube (6100-5800 av. J.-C.)[49] avant de s'étendre à l'ensemble du bassin méditerranéen.

La culture de la céramique cardiale

Céramique cardiale.

L'expansion du Néolithique en Méditerranée centrale donne naissance à un type de céramique imprimée à laquelle on a donné le nom de céramique cardiale. En Dalmatie, il existe une céramique simple de forme et de décor souvent imprimé à l'ongle, courant du VIIe millénaire av. J.-C., avant de voir les premiers décors à la coquille de Cardium[50]. Le Cardium est un coquillage à cannelures et bords dentelés de la famille des coques. Ce coquillage a été utilisé pour imprimer une ornementation dans la terre à cuire. D'abord simple, elle couvre l'ensemble de la céramique sans révéler de motifs autres que des rangées circulaires, verticales ou obliques. C'est la céramique de Danilo (5500-4500 av. J.-C.) de la côte adriatique qui présente les décors les plus étudiés, tels que des figures géométriques souvent en forme de spirales, de croissants ou de triangles[51].

Le même schéma se rencontre sur l'autre rive de l'Adriatique, depuis les Pouilles jusqu'à la Calabre et ensuite au centre de la péninsule, à la fin du VIIe millénaire av. J.-C.. Il s'agit d'une céramique imprimée simple. C'est en Sicile qu'il faut chercher la céramique de Stentinello (début du VIe millénaire av. J.-C.). Dans la culture de Stentinello le mode de vie, pourtant importé, est plus complexe. La culture se pratique dans les plaines avec des maisons rectangulaires. Les chasseurs et les pasteurs s'abritent dans un habitat sous roche. La poterie est plus élaborée, avec des dessins géométriques et parfois des anses en forme de têtes animales. Les chèvres, comme les moutons ou les céréales, sont allochtones, mais l'importance de la chasse donne à penser que la colonisation est faible avec des apports extérieurs relativement limités[52]. Cette culture va faire son apparition dans l'archipel maltais.

La colonisation de Malte

Outils lithiques et osseux de la phase Għar Dalam (5400-4500 av. J.-C.)
Musée national d'archéologie de La Valette à Malte.

Les premiers habitants de l'archipel maltais arrivent par mer depuis la Sicile, l'île voisine. Ce sont des porteurs de la culture de la céramique de Stentinello. Ils implantent l'économie néolithique dans les îles en important bêtes et végétaux. Ils ont les habitudes des pasteurs siciliens et ils colonisent les abris-sous-roche.

Les plus anciennes traces de civilisation sont retrouvées principalement dans la grotte de Għar Dalam, dans la couche 1 dite des animaux domestiques (cf. supra). Leur présence est datée de 5200 av. J.-C[53], dernièrement recalibrée à 5400 av. J.-C.[54].

Le silex qui sert à confectionner l'outillage lithique provient de Sicile, notamment des gisements des Monts Hybléens dans le sud-est de l'île. Des lamelles et des outils en obsidienne révèlent une importation de matériaux depuis les îles de Pantelleria et de Lipari, au large de la Sicile[54].

La céramique, très fragmentaire, montre une riche ornementation comprenant des figures géométriques (lignes circulaires, guirlandes, chevrons, zigzags, etc.) caractéristiques de la culture de Stentinello. Quelques expressions artistiques, têtes animales (dont une de bovin) sur le rebord des vases, documentent la phase dite de Għar Dalam (5400-4500 av. J.-C.)[54]. Des céramiques de la phase Għar Dalam ont été trouvées aussi sur le site de Skorba ainsi que dans la grotte Il-Mixta sur l'île de Gozo[18].

Le site de Santa Verna sur l'île de Gozo, fouillé dès 1908 par T.E. Peet et en 1911 par T. Ashby et R.N. Bradley, a livré deux squelettes complets et des éléments isolés appartenant à d'autres individus dont un enfant. Les plus anciennes sépultures maltaises sont datées d'environ 5000 av. J.-C.

Site de Skorba

Le site de Skorba est situé à Żebbieħ au nord-ouest de l'île de Malte. Découvert au début des années 1960, il est resté à l'écart des campagnes de fouilles du XIXe siècle. Il est fouillé par David H. Trump entre 1961 et 1963. Ce site est particulièrement important pour documenter la Préhistoire maltaise puisqu'il a été occupé sur deux millénaires, du début de la phase Għar Dalam (5400 av. J.-C.) à la fin de la phase Tarxien (2500 av. J.-C.)[55].

Phase de Għar Dalam

Les plus anciens vestiges archéologiques maltais se trouvent sur le site de Skorba : ce sont des traces d'habitat domestique de la phase Għar Dalam (5400-4500 av. J.-C.). Ces traces sont celles de huttes en briques crues, faites de marne bleue des vallées environnantes avec un pilier central pour soutenir le toit.

David H. Trump a surtout révélé un mur de grosses pierres sèches de 11 m de longueur de la même période. Cette construction, considérée comme la plus ancienne construction européenne, est diversement interprétée : il pourrait s'agir soit d'une enceinte, ce qui paraît peu justifié pour cette période, soit du mur d'une grande construction sans rapport avec une habitation (peut être un proto-temple compte tenu de l'utilisation ultérieure du site). Deux squelettes d'enfants y ont aussi été mis au jour[55].

Phase de Skorba grise

« Déesse mère » ou « déesse de la fécondité » découverte sur le site de Skorba (4400-4100 av. J.-C.).

Alors qu'en Sicile la culture de Stentinello cède la place à la culture de céramique de Serra d’Alto, la phase de Għar Dalam fait place à la phase de Skorba grise (4500-4400 av. J.-C.). Peu décorée, la céramique de couleur grise comporte une décoration plus simple que celle de Serra d'Alto[54].

Phase de Skorba rouge

Pratiquement au moment où la céramique de Serra d'Alto est remplacée par celle de la culture de céramique de Diana en Sicile, la céramique Skorba grise est remplacée par celle de Skorba rouge à Malte (4400-4100 av. J.-C.). Cette céramique, grise puis rouge, documente bien les deux phases de Skorba[54].

Un autre mur de pierres sèches de m de long date de la phase Skorba rouge. Deux constructions de forme ovale, en pierre pour le soubassement et en torchis pour les élévations et deux cours, l'une revêtue de cailloux, l'autre pavée de dalles, datent de la même phase. La fouille des chambres a révélé des os de bovidés sculptés par frottement en forme de phallus, des crânes de chèvres fracturés et surtout des figurines de pierre et de terre cuite. Ces figurines, les plus anciennes à Malte, représentent des torses féminins avec une poitrine stylisée et un triangle pubien bien marqué. David H. Trump associe cet ensemble de statuettes féminines au culte d'une « déesse mère » ou d'une « déesse de la fécondité » qui favoriserait la productivité de la terre. Il se base sur la seule présence de ces statuettes pour conclure que les bâtiments avaient une fonction religieuse[54],[20].

Les fouilles ont aussi révélé onze meules à grains et des pièces de vaisselle, majoritairement intactes et plus tardives.

La décoration retrouvée n'est plus inspirée par les bovins. Les spécialistes envisagent un changement dans l'économie néolithique. Le défrichement d'un sol peu profond, l'extension des pâturages des moutons et des chèvres rejettent en arrière-plan l'élevage bovin[54].

Population

L'étude génétique d'individus trouvés sur le site du cercle Xagħra indique que ceux-ci portent la signature génomique d'une population exceptionnellement petite et restreinte, un signal qui est distribué sur une période d'au moins 400 ans. Ces estimations suggèrent un isolement, avec des réseaux d'accouplement largement confinés sur les côtes de l'île. Les échantillons étudiés montrent une aggravation marquée du régime alimentaire et de l'état nutritionnel durant le Néolithique. Des observations en accord avec la tendance à long terme à l'augmentation de l'aridité et à l'amincissement des sols qui a commencé dès 5500 av. J.-C. et qui semble être à l'origine de ces changements[16].

Le profil d'âge des sépultures de Xagħra en adéquation avec les taux de mortalité d'une communauté agricole précoce, à savoir une mortalité infantile et adolescente élevée et un équilibre relativement égal entre les hommes et les femmes adultes. L'analyse spatiale des restes mortuaires suggère un traitement riche et élaboré des sépultures dans le cadre d'une communauté unique[16].

Le mégalithisme

Timidement apparu sur le site de Skorba vers 5200 av. J.-C. lors de la phase Għar Dalam, le mégalithisme maltais précède de plusieurs siècles le plus vieux site mégalithique continental, le Cairn de Barnenez qui daterait de 4500 av. J.-C.[56] tandis que les alignements de Carnac ne dateraient que de 4000 av. J.-C[57].

Le mégalithisme maltais prend toute son ampleur et son originalité dans l'archipel au cours des phases ultérieures. Pour l'archéologie maltaise, ce n'est pas la maîtrise de la pierre ou des métaux qui rythme la Préhistoire mais l'évolution des temples mégalithiques. La période qui s'ouvre se nomme la période des temples (4100-2500 av. J.-C.), elle dure 1 600 ans et se subdivise en cinq phases. Les mastabas (2700 av. J.-C.) et les pyramides d'Égypte (2500 av. J.-C.) sont contemporains des derniers temples maltais comme le double fer à cheval de pierres bleues (2600 av. J.-C.), les trilithes (2400 av. J.-C.) et le cercle de sarsen de Stonehenge (remanié jusqu'en 1600 av. J.-C.). La grande période mégalithique maltaise est terminée depuis environ 700 ans lors de la construction du vieux temple de Cnossos (1900-1800 av. J.-C.).

La succession temporelle de ces différents courants mégalithiques ne sous-entend d'aucune façon un lien de filiation entre eux. Chaque région a son originalité : les alignements atlantiques, nordiques ou encore africains, les cercles anglais, écossais ou des Orcades, les tombes des géants et les Nuraghes sardes ou les torres corses, les Taulas baléares, les Cromlechs gallois, les Menhirs, les Dolmens sous tumulus ou sous cairn, les Chen-pin coréens ou les Kofun japonais, les autels olmèques, les anthropomorphes colombiens ou les Moaïs pascuans, etc.[58].

La civilisation mégalithique n'a pas complètement disparu dans le vent de l'histoire, si les Bantous de la province d'Ogoja, au sud-est du Nigéria, n'élèvent plus les Akwanshi phalliques depuis une centaine d'années comme les Kelabit du Sarawak, par contre les Malgaches du plateau d'Imerina, le peuple konso d'Éthiopie et les austronésiens des îles de Sulawesi ou de Sumba dressent encore aujourd'hui des mégalithes pour honorer leurs morts et valoriser le rang de la famille ou du clan. Cela réclame, comme il y a plusieurs millénaires, d'énormes dépenses physiques et économiques mais aussi un esprit de solidarité qui renforce l'unité des groupes ethniques qui pratiquent encore le mégalithisme[58],[59].

Les temples mégalithiques maltais

Implantation des principaux sites préhistoriques maltais.

Un aussi petit archipel concentre un nombre important de temples mégalithiques : actuellement dix-sept sites inventoriés regroupent trente-trois temples. Il faut ajouter une quinzaine d'autres sites qui représentaient au moins autant de temples supplémentaires, aujourd'hui disparus sous les bombes de la Seconde Guerre mondiale ou le pic des démolisseurs.

En 1980, l'Unesco classe le temple de Ġgantija sur l'île de Gozo au patrimoine mondial de l'humanité. En 1992, par une extension G, elle classe également les temples d'Ħaġar Qim, de Mnajdra, de Tarxien, de Ta'Hagrat et de Skorba[60].

Bien que n'étant pas à proprement parler des monuments mégalithiques, les hypogées sont généralement classés parmi les temples mégalithiques ; trois sites d'hypogée existent encore dans l'archipel maltais.

La même année que le temple de Ġgantija, en 1980, l'Unesco classe également l'hypogée de Ħal Saflieni au patrimoine mondial de l'humanité[61].

On trouve associés aux monuments mégalithiques des vestiges préhistoriques typiques de l'archipel maltais, les « Cart Ruts ». Il s'agit de sillons, plus ou moins parallèles, creusés dans la pierre à la surface de l'île. Leur fonction reste une énigme.

Hypogée de Żebbuġ

Tête anthropomorphe stylisée de l'hypogée de Żebbuġ (4100-3800 av. J.-C.)
Musée national d'archéologie de La Valette à Malte.

La fin du Ve millénaire av. J.-C. est marquée par l'arrivée en provenance de Sicile d'une nouvelle vague de cultivateurs possédant la culture de la céramique de San Cono-Piano-Notaro. Ces nouveaux arrivants vont vivifier la culture existante de l'archipel. La statuaire est constituée de représentations anthropomorphes stylisées rappelant les menhirs de Sardaigne et de France méridionale. Ce rapprochement est particulièrement énigmatique car aucune autre relation n'est établie avec ces cultures[62]. La culture sud-sicilienne de San Cono-Piano Notaro est marquée par un nouveau rite funéraire : les corps sont disposés en hypogée, tombes en four, d'abord destinées à un seul individu avant d'être étendues à plusieurs corps. Les plus anciennes sépultures en hypogée remontent aux VIe / Ve millénaires av. J.-C. et se situent dans les Pouilles[63].

Le site de Żebbuġ au centre de l'île de Malte est le premier à révéler des tombes en puits creusées dans le calcaire ; il a donné son nom à la première phase (4100-3800 av. J.-C.) de la période des temples (4100-2500 av. J.-C.). L'archipel maltais comporte plusieurs hypogées à l'image de celui de Żebbuġ ; à Xemxija, au nord-est de l'île de Malte, à Xagħra, au centre de l'île de Gozo et à Hal Salfieni où sir Themistocles Zammit a reconnu au premier niveau une chambre funéraire de la période Żebbuġ (voir infra).

À Xemxija, le caveau est de forme polylobée avec parfois des logettes périphériques. À Xagħra, au sein du Cercle Bochtorff G, un puits de la période Żebbuġ donne accès à deux chambres funéraires. Cette nécropole sera développée plus tardivement (voir infra). C'est de la tombe 5 de Żebbuġ que provient la tête anthropomorphe stylisée la plus caractéristique. Une autre tête plus petite a été trouvée dans une des chambres Żebbuġ du Cercle Bochtorff[64].

Hypogée de Xagħra et cercle de Brochtorff

Idoles jumelles mise au jour dans l'hypogée de Xagħra
Musée national d'archéologie de La Valette à Malte.

Cet hypogée est connu depuis longtemps sous la forme d'un cercle de pierres que Jean-Pierre Houël avait déjà dessiné en 1776. Il éveille la curiosité des chercheurs lorsqu'un effondrement de terrain révèle des salles souterraines. En 1825, le colonel Gouverneur de Gozo, Otto Bayer y entreprend les premières fouilles sous le regard de l'artiste maltais Charles de Brochtorff qui lui laissera son nom H. Le site est comblé en 1830 et laissé à l'abandon. Le cercle de pierres mégalithiques a un diamètre de 120 m et l'entrée de certaines salles est mise en évidence par des trilithes. Le site est fouillé activement entre 1987 et 1994, beaucoup moins activement depuis, par des archéologues de l'université de Malte (Anthony Bonanno), de Cambridge (Simon Stoddart et Caroline Malone) et finalement de l'université de Bristol, révélant des dépôts funéraires, plus de 20 000 restes d'environ 850 squelettes, s'étalant sur la période de 4100 à 2500 av. J.-C. associés à un riche matériel diversifié allant du collier de coquillage à la hache polie[65]. Ce matériel est toujours à l'étude, en ce début de XXIe siècle, et n'a pas révélé encore tout son potentiel[66]. Au sud-est du complexe, un puits sert d'accès à deux chambres funéraire (no 269 et 270) de la période Zubbug (4100 à 3800 av. J.-C.) comportant les restes de 65 squelettes[21]. Elles ont révélé une tête anthropomorphe, comparable à celle de l'hypogée de Żebbuġ (voir ci-dessus) et des haches de pierre polie en roche verte. La roche a pour origines la Sicile, la Calabre, l'Italie du sud et peut-être aussi le nord de l'Italie[67].

Durant les phases ultérieures des grottes naturelles souvent réaménagées agrandissent l'hypogée. Les rites funéraires changent aussi probablement ; les inhumations primaires dans des tombes familiales font place à un rite de dépositions secondaires dans des hypogées collectifs. Les squelettes (plusieurs milliers) retrouvés sont tous désarticulés après écharnage - apparemment naturel - du corps. Les os, subdivisés par groupes (crânes, tibias, fémurs, etc.), frottés à l'ocre rouge, indiquent l'existence d'un rituel funéraire. La découverte de neuf statuettes stylisées en pierre calcaire dites « bâtonnets du chaman » et d'un statuette aux « divinités jumelles » confirmerait ces rituels[68].

Temple Ta' Ħaġrat de Mġarr

Plan du temple de Ta' Ħaġrat.

La ville de Mġarr, sur l'île de Malte, est très proche de Skorba. C'est le site de référence de la phase Mġarr (3800-3600 av. J.-C.)[69].

Les deux temples sont dégagés en 1923 par T. Zammit et en 1925/26 sous la responsabilité de G.G. Sinclair. Ayant été partiellement dépierré, l'extérieur des temples est difficilement lisible. L'ensemble du site est restauré en 1937 mais il n'est véritablement fouillé qu'en 1953 et 1961[70]. En 1992, l'Unesco rajoute les temples de Ta' Hagrat au patrimoine mondial de l'humanité[60].

Le premier temple tri-lobé, orienté sud-est/nord-ouest, fait 18 × 16 m ; il est daté de 3600-3000 av. J.-C. Le deuxième, à quatre absides, orienté sud/nord, est plus petit ; il fait 10 × m et est daté de 3300-3000 av. J.-C. Son entrée n'est pas extérieure, elle donne dans l'abside est du premier.

Ils sont tous les deux construits de grosses pierres sèches. Le premier temple comporte une entrée mégalithique s'évasant à l'intérieur sur l'espace central. Les fouilles ont révélé que ces deux temples ont été construits sur un site plus ancien datant de 4100-3800 av. J.-C.

Découverte pendant les fouilles, une miniature (6 × 4 × 5 cm) en calcaire représente un temple de forme ovale. Il est possible de reconnaître le portail trilithe, les murs en gros appareil et un toit constitué de grandes dalles. Il faut donc imaginer ces temples, aujourd'hui à ciel ouvert, comme ayant comporté une couverture lithique[22].

Temple de Skorba

Plan du site de Skorba.

Sur l'emplacement d'un village néolithique de la phase Għar Dalam (voir supra), David H. Trump a identifié deux temples, un premier temple méridional de la phase de Ġgantija (3600-3000 av. J.-C.) et un temple septentrional de la phase de Tarxien (2900-2500 av. J.-C.). En 1992, l'Unesco rajoute les temples de Skorba au patrimoine mondial de l'humanité[60].

Le temple méridional est de forme tréflée à trois absides orienté suivant un axe sud-est / nord-ouest d'environ 20 × 12 m dans une enceinte de 25 × 15 m.

Un détail important est le pavage en pierre à l'entrée du temple. Ces dalles, au nombre de six, comportent cinq trous sur trois d'entre elles. Ces trous sont interprétés par D. H. Trump comme étant destinés à recevoir des libations[55].

Un bloc de 3,90 m de haut, utilisé pour la construction de l'embrasure intérieure, semble être lié à un réaménagement ultérieur de la phase Tarxien. Ce bloc a la particularité d'être en calcaire à globigérine, absent de l'environnement géologique proche du temple. La carrière la plus proche se trouve à plus de 1 500 mètres et le transport d'un bloc de plusieurs tonnes dans un paysage accidenté est en soi une sorte d'exploit[55].

Le temple septentrional multi-tréflé, pourtant plus récent est mal conservé. D'environ 15 × 15 m, il est accolé au premier suivant un axe sud nord.

L'ensemble du site, temples compris, perd tout caractère cultuel au milieu du Ier millénaire av. J.-C. Les temples sont alors réaménagés pour être transformés en habitations par une nouvelle vague d'arrivants rendant ainsi leurs plans difficilement lisibles[71].

Temple de Ġgantija

Plan du temple de Ġgantija.

Le temple de Ġgantija (« tour des géants » en maltais) est situé au centre de l'île de Gozo près de la ville de Xagħra. Ce site est connu de très longue date. Il est désigné comme site antique dès 1770 lors du premier voyage de Jean-Pierre Houël à Malte. « Cette tour des géants n'est que le reste d'un édifice que je crois de la plus haute antiquité. Il est certainement antérieur aux édifices que les grecs construisirent dans cette isle[6]. »

C'est ce temple qui est à l'origine de la troisième phase (3600-3000 av. J.-C.) de la période des Temples (4100-2500 av. J.-C.). Les premières fouilles sont menées en 1827 et le site n'est enclos qu'en 1956. En 1980, l'Unesco classe le temple de Ġgantija au patrimoine mondial de l'humanité[60].

Le site est imposant par sa superficie (50 × 35 m) et la taille de certaines pierres de clôture (la plus grande mesure 5,70 × 3,80 m pour un poids estimé à 50 tonnes) à disposition alternée, dalle de face - dalle debout, pour une meilleure solidité de la paroi. Un même mur de clôture enserre deux temples orientés sud-est / nord-ouest aux façades distinctes.

Le temple méridional (28 × 24 m) est de forme tréflée (peut-être 4 100 av. J.-C. dans une forme primitive) précédé d'une salle à double abside (3600 av. J.-C.). Le temple septentrional (20 × 18 m) est une succession de deux salles à double abside (postérieur à 3600 av. J.-C.). La salle du fond comporte une niche à la place de la traditionnelle abside frontale. Le site est utilisé entre 4100 et 3000 av. J.-C[72].

Dans le temple méridional, l'abside de droite en entrant semble avoir une importance particulière pour le culte. Un écran de pierre, précédé d'un foyer, délimite le fond de l'abside. S'y trouvent deux autels bas sculptés de spirales, disposés sur des marches formant estrade. Au-dessus se situe une niche qui devait recevoir la pierre conique (m de haut), parfaitement polie, qui est exposée aujourd'hui au musée national d'archéologie. L'abside de gauche a révélé lors des fouilles un enduit d'argile revêtu de plâtre décoré à l'ocre rouge. Le couloir permettant le passage dans les absides du fond est constitué de pierres dressées décorées de petites concavités. L'abside de gauche comporte trois niches constituées de blocs parfaitement équarris montrant encore des traces d'outils peut être métallique[73].

Le temple septentrional, aujourd'hui en assez mauvais état, comportait lors des fouilles des niches assez bien conservées. Dans l'abside du fond à droite, les fouilles mirent au jour une très grande quantité d'os d'animaux et de débris de poterie sous une couche de cendres[74].

Temple de Ħaġar Qim

Plan du temple de Ħaġar Qim.

Le site de Ħaġar Qim est situé près de la ville de Qrendi, au-dessus des falaises au sud de l'île de Malte. Connu depuis le XVIIe siècle, il est dégagé en 1839 par J. G. Vance et fouillé en 1885 par Caruana. En 1909, T. Zammit et T. E. Peet le fouillent à nouveau comme T. Ashby en 1910. Il est restauré entre 1947 et 1950[75]. En 1992, l'Unesco rajoute les temples de Ħaġar Qim au patrimoine mondial de l'humanité[60].

Les ruines de quatre temples, échelonnés peut être sur une période de mille ans (3600-2500 av. J.-C.), démontrent l'importance du lieu. Les restes de la plus vieille construction sont aujourd'hui peu identifiables. Au sud du site, des ruines, maintenant difficilement lisibles (environ 18 × 12 m), remontent au moins à la phase Mġarr (3800-3600 av. J.-C.). Au nord du site, le temple septentrional (25 × 20 m) montre clairement un plan polylobé de la phase Ġgantija (3600-3000 av. J.-C.)[76].

Au centre du site, le mur d'enceinte méridional (environ 35 × 28 m) englobe un temple et une succession d'agrandissement/ aménagement remarquable sur une période d'au moins cinq siècles. Le temple d'origine (3000-2500 av. J.-C.) à quatre absides et abside distale remplacée par une niche est d'abord agrandi d'une salle communiquant avec la deuxième abside ouest. Les trois agrandissements ultérieurs ont en commun une originalité par rapport au plan canonique, ils s'ouvrent directement à l'extérieur et n'ont pas de communication interne entre eux. L'ensemble d'Ħaġar Qim, construit entièrement en pierre taillée dans du calcaire à globigérine, marque le point culminant de l'esthétisme architectural de la « culture des temples » qui s'étend de 3000-2500 av. J.-C.[77],[78]

La façade nord-est comporte, juste à côté du couloir donnant accès au trou de l'oracle, un sanctuaire abritant deux bétyles ; un élancé, supposé représenter le sexe masculin, et un beaucoup plus bas, de forme trapézoïdale, supposé représenter le sexe féminin. Sur la gauche des bétyles, la plus importante pierre d'enceinte utilisée dans un temple maltais fait 6,4 m de long par 5,2 m de haut pour un poids estimé de vingt tonnes. Les fouilles mirent au jour dans la première abside ouest la « Venus de Malte », une statuette de nu féminin très naturaliste malheureusement retrouvée sans tête[79].

Temple de Mnajdra

Plan du temple de Mnajdra.

À 500 m du site d'Ħaġar Qim, en direction de la mer, ayant pour horizon l'îlot de Filfla, se trouvent les temples de Mnajdra. Ils ont été dégagés en 1840 par C. Lenormant et fouillés en 1910 par T. Ashby et en 1954 par J. D. Evans[80]. En 1992, l'Unesco rajoute les temples de Mnajdra au patrimoine mondial de l'UNESCO[60].

Le temple primitif, d'environ 25 × 13 m est situé au nord du site. Certainement de la phase Mġarr, antérieur à 3600 av. J.-C., il est peu lisible ; au milieu des ruines de murs se dessine un petit temple trilobé. Le temple central, d'environ 20 × 20 m, datant de la phase Ġgantija (3600-3000 av. J.-C.), s'ouvre sur un terre-plein surélevé de 2 à m par rapport au temple inférieur. Le plan est typique de cette période, une succession de quatre absides latérales avec le remplacement de l'abside distale par une niche. Il faut remarquer le mur intérieur de grande qualité, les dalles de parement sont parfaitement taillées et surmontées, comme à Ħaġar Qim, de deux, et par endroits, trois lits de pierres dessinant un début d'encorbellement. Sur le pilier gauche du trilithe intérieur, le dessin d'un temple gravé dans la pierre (voir illustration) est très semblable aux modèles trouvés ailleurs. La dernière abside gauche abrite un autel orné[81].

Le temple inférieur, 20 × 16 m, est de la fin de la période des temples (3000-2500 av. J.-C.). De la même époque que le temple d'Ħaġar Qim, la façade faite de six gros blocs irréguliers et d'une banquette, apparaît beaucoup plus archaïque d'aspect. Le plan est identique, à quelques détails près, au temple central. La première abside de gauche comporte une niche ornée, en forme de fenêtre, faisant communiquer, de façon très élaborée, les deux absides. L'abside de droite communique avec un couloir extérieur, dit couloir de l'oracle, par un trou percé dans la pierre. C'est dans l'abside du fond à droite qu'ont été mises au jour, au milieu d'ossements brûlés (interprétés comme des offrandes), de curieuses statuettes féminines avec une tête, à la peau squamée ou pustuleuse, aux joues gonflées, aux yeux exorbités et avec un dos écorché mettant à nu le squelette. Ces statuettes sont interprétées comme des représentations pathologiques laissant supposer un culte curatif ou miraculeux[81].

Hypogée de Ħal Saflieni

Premier plan réalisé lors du déblaiement de l'hypogée entre 1902 et 1907.

En 1902, en creusant une citerne à Paola près de MarsaI, des ouvriers découvrent une cavité qu'ils s'empressent de consolider pour éviter tout effondrement (ces travaux sont encore visibles aujourd'hui). Mais cette cavité n'a pas les apparences d'une grotte ordinaire. Rapidement, le comité directeur du Museum mandate le père jésuite Manwel P. Magri qui décide d'excaver le deuxième niveau (le niveau supérieur étant à ce moment-là une propriété privée). Les équipes d'ouvriers, qui déblayèrent le site, ont malheureusement dispersé les ossements rendant impossible toute interprétation des rituels d'inhumation[27]. Les travaux duraient toujours quand en 1907 M. P. Magri est envoyé en mission à Sfax où il décède sans avoir rédigé le rapport de ses fouilles[82]. C'est un professeur en médecine Themistocles Zammit, qui travaillait avec M. P. Magri depuis 1905, qui prend sa succession et continue les fouilles jusqu'en 1911. La décision d'ouvrir le site au public est prise en 1908. En 1952, les fouilles sont reprises par John Davies Evans. En 1980, l'Unesco classe l'hypogée de Ħal Saflieni au patrimoine mondial de l'humanité[61].En 1990, Anthony Pace, Nathaniel Cutajar et Reuben Grima constatent une dégradation du site et en 1991, le site est fermé au public jusqu'en 2000, période pendant laquelle il est complètement réaménagé et placé sous atmosphère contrôlée[83].

Le site comporte une cinquantaine de salles sur environ 2 500 m2 réparties sur quatre niveaux[84]. Le niveau du sol initial, avec la restauration de l'entrée de l'hypogée, le premier niveau, environ à - m, comprend les premières chambres datées de la phase Żebbuġ (4100-3800 av. J.-C.) et les agrandissements de la phase Ġgantija (3600-3000 av. J.-C.). Le deuxième niveau, à environ - m, avec les plus belles salles puis le troisième niveau, à un peu plus de - 10 m, datent de la phase Tarxien (3000-2500 av. J.-C.)[85].

La restauration du site à la fin du XXe siècle a permis la mise en valeur du niveau initial. Maintenant l'entrée du site se fait par ce niveau et non plus directement au deuxième niveau. De plus il est maintenant possible de voir les portails trilithes qui marquent l'entrée de l'hypogée ainsi qu'un premier puits à offrandes, lieu de découverte d'une statuette de femme stéatopyge sans tête et deux têtes sans corps[86].

Plan de l'hypogée de Ħal Saflieni (4100-2500 av. J.-C.).

Le premier niveau comporte directement sur la droite mais aussi dans la première salle à gauche, les lieux où fut découverte la très grande majorité des ossements. T. Zammit a estimé à environ 7 000 le nombre total de squelettes que l'hypogée a certainement renfermés. Au bout de la salle de gauche un grand espace relativement profond est interprété par les spécialistes comme pouvant être une citerne datant de 4000 av. J.-C. Toujours sur la gauche un trilithe laisse supposer une partition de cet espace[87].

Le deuxième niveau est le plus vaste, au plan le plus complexe mais aussi le plus remarquable. Tout de suite sur la gauche se trouve une salle qui semble être inachevée (la superficie des parois ne comporte pas partout le même aspect de finition) mais qui est pourtant décorée. Son plafond comporte 14 disques d'ocre rouge. Les petites alcôves de cette salle ont fait dire aux archéologues que cet endroit était réservé à des inhumations plus ou moins individuelles. En avançant dans l'hypogée, sur la droite se situe une salle dite chambre de l'oracle au plafond décoré de spirales ocre dans l'esprit des bas-reliefs découverts au temple de Tarxien[88]. Une petite ouverture à hauteur dans le mur donne sur une niche, elle-même décorée, dite niche de l'oracle en raison de l'écho qui résonne dans le temple si l'on parle dans l'ouverture. Aujourd'hui les spécialistes pensent plutôt à l'emplacement d'une statue ou d'un objet cultuel. En avançant toujours vers le fond de l'hypogée se trouve une nouvelle salle au plafond décoré de volutes inscrites dans des pentagones[88]. C'est là que se trouve le deuxième puits à offrandes dans lequel les archéologues ont découvert des amulettes, des bijoux et la maintenant célèbre « Sleeping Lady » (voir illustration)[89].

Derrière le puits à offrandes se trouvent les trois plus remarquables pièces de l'hypogée, la chambre principale (supposée lieu de culte), le « Saint des saints » (supposé lieu réservé aux officiants) et le « Trésor » (supposé lieu d'inhumation)[82]. Ces salles ont la particularité, jamais retrouvée dans aucun autre hypogée, d'avoir des parois qui représentent, sculptées dans le calcaire à globigérine, toutes les apparences extérieures et intérieures des temples de surface avec leurs entrées trilithes, leurs orthostates, leurs autels, leurs voûtes en encorbellement, leurs banquettes etc. Le traitement de la pierre est particulièrement soigné donnant à l'ensemble un véritable aspect monumental[90],[91].

Un escalier, en partie tournant, composé de sept marches dont la dernière sur deux pierres dressées est assez haute par rapport au sol, donne accès au troisième niveau. Les salles de ce niveau, situées en grande partie sous celles du niveau supérieur, sont disposées de telle façon qu'elles laissent subsister des pilastres permettant de supporter la charge du niveau supérieur. Des traces d'ocre rouge laissent supposer une riche décoration. La fonction de ces dernières salles est sujet de discussion, certains voudraient y voir des réserves protégées par un escalier dangereux dans l'obscurité[82].

Temple de Tarxien

Plan du temple de Tarxien.

En 1914, dans la campagne de Tarxien au sud du Grand Port de La Valette, des paysans se plaignaient d'achopper continuellement sur de trop grosses pierres en labourant leurs champs. Sir Themistocles Zammit, alors premier directeur du musée d'archéologie de La Valette décide d'entreprendre des fouilles qui dureront de 1915 à 1919. Il met au jour un site préhistorique bien protégé jusqu'alors sous quelque épaisseur de terre. Le site est restauré en 1956 et toutes les pierres sculptées sont retirées pour être exposées au musée national d'archéologie. Elles sont alors remplacées par des moulages. En 1992, l'Unesco rajoute les temples de Tarxien au patrimoine mondial de l'humanité[60].

Le site de Tarxien est composé de quatre temples. Le temple primitif, à l'est, est daté de 3250 av. J.-C. pendant la phase Ġgantija (3600-3000 av. J.-C.). Orienté sud / nord, d'environ 15 × 10 m, les vestiges sont difficilement déchiffrables même si la restauration laisse imaginer un petit temple à cinq absides.

Les temples oriental et occidental sont datés de 3000 av. J.-C. pendant la phase Saflieni (3000-2900 av. J.-C.), ils sont tous les deux orientés sud-ouest / nord-est. Le temple oriental, le plus simple mais peut-être le mieux travaillé, fait environ 20 × 20 m. Les deux absides du fond, dont celle de droite dite abside de l'oracle, sont constituées de grandes dalles parfaitement ajustées, légèrement inclinées vers l'intérieur et encastrées dans la roche mère[92].

Le temple occidental à cinq absides fait environ 25 × 25 m. Il présente une traditionnelle façade concave comportant, au niveau du sol, à chacune de ses extrémités (aujourd'hui uniquement à l'extrémité sud) une pierre parfaitement taillée et encadrée, percée de plusieurs trous. Les archéologues, à la suite de T. Zammit, pensent à la pierre divinatoire d'un petit sanctuaire. Une fois passé l'entrée monumentale, reconstruite en 1956, la première abside de droite abrite la partie inférieure d'une statue colossale qui devait faire près de m de haut. La taille de cette statue ne peut faire penser qu'à une idole et non à une représentation humaine. Sa ressemblance avec les autres statuettes découvertes sur plusieurs sites confirme le statut d'idole de toutes ces statuettes. Ce qui est le plus remarquable dans ce temple est le nombre de pierres sculptées en bas relief de motifs géométriques (volutes, spirales…) ou animaliers (bouc, chèvre, cochon…). Une de ces pierres décorées comporte une ouverture en demi-lune, bouchée par une pierre parfaitement ajustée et décorée. Les fouilles ont révélé que cette pierre donnait ouverture à un espace où étaient déposés des offrandes et le couteau rituel de pierre[93].

Le temple central vient s'immiscer entre les deux temples précédents, il est daté de la phase Tarxien (2900-2500 av. J.-C.). C'est un temple à six absides et niche distale orienté aussi sud-ouest / nord-est d'environ 28 × 20 m. Il ne communique avec l'extérieur que par une entrée située dans la première abside nord mais son entrée principale est accessible par la deuxième abside sud du temple occidental.

Clapham Junction et Cart Ruts

Cart Ruts dans la campagne maltaise.

Les Cart Ruts sont une véritable énigme archéologique pour les chercheurs qui se sont intéressés à ces traces qui sillonnent la campagne maltaise et gozitaine sur plusieurs kilomètres au total. Le site le plus important, Misrah Għar il-Kbir, appelé aussi Clapham Junction J, se trouve sur la côte sud-ouest de l'île de Malte entre le Buskett Woodland et Dingli Cliffs.

Ce sont de profondes entailles, dans la pierre, à la surface des sols. Les profondeurs, les largeurs, les écartements sont variables. Ces traces, toujours par deux, mais pas toujours parallèles, se croisent, s'entrecoupent, sans origine et sans destination bien définies. Elles sont interprétées de deux façons, un système d'irrigation (aujourd'hui interprétation peu partagée) ou un système de transport (peut-être en relation avec des carrières)[94].

Certaines disparaissent au bord d'une falaise (peut-être à la suite d'un effondrement), d'autres dans la mer (à la suite d'un mouvement de terrain ou d'une variation du niveau de l'eau mais sans certitude), ce qui témoignerait d'une certaine ancienneté. Pendant un temps, il était considéré qu'une tombe punique coupait deux Cart Ruts, mais des études plus récentes infirment cette première analyse. Longtemps classés comme étant contemporains des temples ou de l'âge du bronze, leur datation est aujourd'hui incertaine[95]. Le professeur Anthony Bonanno fait le constat que les Cart Ruts sont souvent à proximité des carrières de pierre exploitées à la période phénicienne et romaine (peut-être déjà exploitées aux époques précédentes) lui laissant à penser que les Cart Ruts dateraient de ces époques plus tardives, mais sans certitude aucune[96].

Si les spécialistes sont tous plus ou moins d'accord pour associer les Cart Ruts à un moyen de transport, ils s'accordent aussi pour convenir qu'ils ont été intentionnellement creusés dans la roche de surface et ne seraient donc pas le résultat unique de l'usure due au passage répété d'un véhicule. Le type même de véhicule pose aussi problème ; le char sur roues ou sur patins paraît impossible du fait de l'écartement irrégulier des deux sillons des Cart Ruts. Les sillons pouvaient par contre servir de gouttière à des pierres rondes (retrouvées en quantité en de multiples endroits) sur lesquelles un charroi pouvait rouler. Reste que le moyen de traction ou de propulsion est aussi une énigme ; aucune trace d'usure n'a été mise en évidence au centre des Cart Ruts comme à l'extérieur de ceux-ci[95].

Une architecture mégalithique

D'abord construits de soubassement en grosses pierres les murs devaient être en matériaux plus légers comme la brique crue. Tels devaient être les premiers temples de Skorba ou Ta' Ħaġrat. Puis les murs prennent de l'importance et deviennent plus massifs à Mnajdra avant de devenir cyclopéens comme à Ġgantija et Ħaġar Qim. L'évolution des murs intérieurs suit un chemin similaire : de brique crue à la pierre calcaire taillée en passant par le moellon.

La seule pierre utilisée sur l'île est la pierre calcaire : le calcaire à globigérine, relativement tendre et facile à travailler, et le calcaire corallien, plus dur, plus résistant mais plus difficile à travailler. Aucune carrière préhistorique n'a été retrouvée, tous les sites possibles ont été utilisés au cours des âges jusqu'au XXIe siècle.

Une typologie des temples

David H. Trump a étudié l'évolution du plan des temples pour faire une typologie qui pourrait être utile à la datation de ceux-ci (voir le tableau)[97].

La forme la plus simple est évidemment celle, ovale, des huttes domestiques du site de Skorba datant de 4400-4100 av. J.-C. L'hypothèse suivant laquelle le plan des temples provient des tombes souterraines est aussi évoquée avec le plan caractéristique de la tombe no 5 de Xemxija datant de 4100-3800 av. J.-C. S'il est difficile, pour ne pas dire impossible de connaître l'inspiration originelle, à partir du premier temple de Ta' Ħaġrat 3600-3000 av. J.-C. composé d'un plan simple à quatre lobes, il est possible de suivre un développement du plan des temples du plus simple au plus sophistiqué.

Évolution du plan des temples.

Une première évolution consiste à l'organisation des lobes pour donner le plan tri-lobé visible dans le deuxième temple de Ta' Ħaġrat (3300-3000 av. J.-C.) parfaitement dessiné dans le premier temple de Skorba datant de 3600-3000 av. J.-C. L'étape suivante consiste en adjonction de deux absides devant le plan tri-lobé pour donner un plan à cinq absides comme ce fut le cas pour le temple méridional de Ġgantija 4100-3000 av. J.-C. agrandi après 3600 av. J.-C.

Le plan à cinq absides est modifié pendant la phase de Ġgantija 3600-3000 av. J.-C. par le remplacement de l'abside distale par une niche qui ferme la perspective visuelle du temple. Cette évolution est visible pour le temple septentrional de Ġgantija et pour les deux temples de Mnajdra, principalement le temple central plus pur ; tous sont datés de 3600-3000 av. J.-C. C'est pendant la période 3000-2500 av. J.-C. que survient la dernière évolution du plan des temples avec l'adjonction de deux nouvelles absides devant le plan à quatre absides. Cette évolution est clairement visible pour les temples de Tarxien, surtout pour le temple central.

Rompant avec le plan canonique, le temple d'Ħaġar Qim est différent de tous les autres. Le temple méridional 3000-2500 av. J.-C. est à l'origine un temple sur le modèle du temple de Mnajdra à quatre absides et une niche. Il est d'abord agrandi par une salle venant se greffer sur une abside et non pas par devant les salles existantes. Enfin, les agrandissements successifs se font par adjonction de salles sans communication directe avec le temple. Ħaġar Qim possède aussi la particularité d'inclure un sanctuaire extérieur dans le mur de ceinture.

Les techniques de construction

Il est toujours possible d’imaginer que le concept mégalithique maltais a une origine allochtone, mais les archéologues considèrent qu’il existe suffisamment de preuves pour appuyer une origine et un développement indigènes. Les constructions mégalithiques maltaises se distinguent par leur taille, la symétrie et la complexité de leur plan et par un certain dessin et une certaine recherche architecturale. Ces temples sont généralement regroupés par deux ou trois, voire quelquefois par quatre. Même s’ils sont d’époques différentes, il a été montré qu’ils ont été utilisés simultanément, ce qui devrait leur donner le nom de sanctuaire plutôt que de temple[98].

Les murs périphériques des temples
Carrière de pierres de construction, beaucoup de ces carrières caractéristiques sont encore en exploitation aujourd'hui.
Boulets de pierre permettant le transport des pierres mégalithiques des carrières au site de construction.
Mur d'enceinte en pierres « cyclopéennes »
Temple de Ġgantija.

Ces sanctuaires regroupent plusieurs temples soit derrière un mur périphérique unique, soit derrière une façade unique, soit derrière les deux à la fois. Ce mur est généralement constitué de pierres « cyclopéennes K » leur permettant de résister au poids des superstructures et à la poussée des terres et des pierres de blocages qui remplissent l’espace entre le mur extérieur et les murs intérieurs. La base du mur est renforcée par une banquette de pierre qui court tout le long du mur d’enceinte pour consolider l’assise des pierres de clôture. L’effet général recherché est atteint puisque les temples ont résisté jusqu’à nous[99].

La façade des temples
Similitude de la façade principale de temple avec la maquette de Tarxien
Temple de Ħaġar Qim.
Maquette d'une façade de temple découverte à Tarxien
Musée national d'archéologie de La Valette.
Gravure d'un temple mégalithique très semblable à la maquette de Ta' Ħaġrat
Temple de Mnajdra.
Maquette de temple mégalithique découverte à Ta' Ħaġrat
Musée national d'archéologie de La Valette

L’entrée principale, généralement unique, est située au centre d’une façade concave, remarquable de symétrie et d'organisation, comme pour concentrer l’attention. L’architecture de cette ouverture est toujours constituée de deux ou plusieurs pierres debout formant chambranle et d’une dalle horizontale faisant office de linteau ; c’est cet ensemble qui prend le nom de trilithe (trois pierres)[99]. Pour la façade du temple d’Ħaġar Qim, la plus caractéristique, le portail trilithe est encadré de chaque côté par deux pierres de face, surmontées de deux rangs de pierres sur lit, le rang supérieur venant parfaitement s'encastrer dans les pierres de face suivantes (voir illustration). Cette disposition est exactement représentée sur une maquette de temple retrouvée sous forme de tessons sur le site de Tarxien et reconstituée au musée national d'archéologie de La Valette. D'après cette maquette, le temple, aujourd'hui d'une hauteur d'environ 5 mètres, devait faire presque 15 mètres quand il comportait sa couverture lithique. La présence de trous hauts et bas, de lumières latérales laisse supposer que cette ouverture recevait une porte[100].

La couverture des temples
Fond d'une abside montrant les lits de pierres en encorbellement
Temple de Ħaġar Qim.
Tentative de restitution de la technique de construction des couvertures lithiques des temples maltais.
Couverture terrasse traditionnelle d'une ferme maltaise du XIXe siècle, très similaire à la couverture supposée des temples.

Les murs intérieurs sont constitués, dans leurs parties basses, de pierres de face soigneusement ajustées et légèrement inclinées vers l’intérieur. Il a été retrouvé des traces de revêtement qui laissent supposer la présence d’un enduit d'argile revêtu de plâtre et décoré à l'ocre rouge. Ces pierres de face étaient surmontées de plusieurs lits de pierres qui avancent l’un sur l’autre de façon à réduire l’espace. Les archéologues sont d'accord pour concéder aux constructeurs de la phase Ġgantija la maîtrise de l'encorbellement (voir illustration)[79] et peut-être même de l'arche et de la structure en dôme dans une abside semi-circulaire de Tarxien[28]. Si les spécialistes s’accordent sur le fait que les absides étaient destinées à recevoir une couverture, leurs avis divergent sur l’espace central. Pour beaucoup, la présence de foyers retrouvés à cet endroit, nécessitant l’existence d’un système d’évacuation des fumées, laisse à penser l’absence de toiture. Le type de toiture est aussi un sujet de désaccord. La maquette de temple retrouvée dans le temple de Ta’ Hagrat à Mġarr comme la gravure du temple de Mnajdra laisse penser à une couverture lithique faite de grandes dalles de pierre[101]. Certains archéologues refusent cette solution pour trois raisons principales, le manque de résistance de ce type de dalles L, la poussée trop importante sur les murs extérieurs ou l’absence de vestiges de ce type de toiture[102],[79].

Une organisation sociale

Fat Lady of Malta (statuette de déesse de la fertilité)
Musée national d'archéologie de La Valette à Malte.

On peut imaginer que la fréquentation des temples et leurs fréquents réaménagements furent étroitement liés à une organisation sociale centrée sur ces temples, qui étaient probablement les seules constructions publiques de l'archipel à l'époque néolithique. Lord Colin Renfrew voit dans ces temples « l'expression de communautés différenciées, à la façon des chefferies polynésiennes, chacune maîtresse d'un territoire géographique déterminé[103] ».

La dimension des temples, la taille et le poids des pierres ayant servi à les construire et quelquefois l'éloignement des carrières et des sites d'érection, obligent à penser une organisation sociale. Compte tenu de la superficie de l'archipel maltais, du nombre des temples et de leur regroupement sur une période finie, les spécialistes s'accordent à imaginer au moins six groupes sociaux distincts, regroupant entre 1 500 et 2 000 personnes chacun, soit environ une population de 10 000 habitants, ce qui représente une densité de 30 hab./km2, certainement déjà un record pour cette époque[104].

L'archéologue sarde Giovanni Lilliu a posé la question, compte tenu de la faible superficie de l'archipel et de l'importance du temple de Tarxien, de savoir si la société préhistorique maltaise n'avait pas franchi le pas d'une forme d'unité politique. Il pense que le pouvoir politique et religieux pouvait en partie être confondu, le « grand prêtre » pouvait être un « prince » à la mode des dynasties qui règnent à la même époque à AlacaHöyük. Le temple étant aussi un lieu de marché, de négociations matérielles, en fait, de redistribution de richesses dans un contexte de type proto-palatial[105],[106].

Sleeping Lady of Malta (statuette du dieu/déesse de la fertilité)
Musée national d'archéologie de La Valette à Malte.

La civilisation néolithique maltaise présente un intérêt particulier dans la symbiose évidente entre une entité féminine adipeuse et le culte des ancêtres à la différence du mégalithisme atlantique. Sur l'archipel maltais, le mégalithisme n'est pas destiné à valoriser les morts mais à la vénération d'une « divinité » féminine, en cela les constructions mégalithiques sont de véritables temples. Le culte des ancêtres est réservé aux hypogées. Dès la phase Żebbuġ, le lieu des ancêtres est sous terre dans des tombes sculptées à l'image des temples. La « religion » maltaise comporte les deux aspects du monde néolithique : un culte rendu à une entité féminine « déesse-mère » ou « déesse de la fécondité » et un culte des morts comportant des rites chthoniens[107].

D'une façon générale, les spécialistes de la préhistoire sont partagés sur l'interprétation à donner aux « idoles » néolithiques entre une représentation de divinités ou des figurines magiques. Malte apporte peut-être une réponse. Le fait que les statues découvertes représentent des personnages particulièrement adipeux, sont très semblables entre elles et de dimensions variées (de grande taille jusqu'à environ m à Tarxien, comme de petite taille) suggère une représentation de divinités, rarement observée en dehors de l'archipel. Du fait de la petite superficie de l'archipel et des possibilités alimentaires particulièrement limitées, la population relativement importante devait vivre sous la crainte permanente d'un manque de ressources. L'embonpoint des statues et statuettes fait penser à des « déesse de la fertilité » sans que cela interdise d'autres notions divines[107].

Des calendriers de pierre

Éclairement par le soleil à l'intérieur du temple de Mnajdra permettant le calcul des saisons d'après Paul Micaleff.

À l’image du site de Stonehenge[108] et de bien d’autres sites mégalithiques de par le monde[109], les temples maltais, principalement le temple de Mnajdra, ont fait l’objet de toutes sortes de théories pour expliquer leur érection.

Un fragment de pierre gravée, trouvé sur le site de Tal-Qadi, représentant un ciel étoilé[110], a permis toutes les suppositions souvent attachées aux monuments mégalithiques. Le temple inférieur de Mnajdra est l'un des rares temples maltais à être orienté est / ouest vers le soleil levant. Il n'en fallait pas plus pour permettre à certains d'élaborer des théories parfois très imaginatives faisant des temples des calendriers de pierre. Le principal sectateur de ces théories est Paul Micallef[111]. Son neveu, Chris Micallef, a repris le flambeau depuis le décès de son oncle[112].

Les calculs réalisés par P. Micallef dans le temple inférieur font ressortir un angle de 24 degrés 9 minutes et 4 secondes pour que le soleil au solstice soit dans le bon alignement. Si aujourd'hui l'angle est de 23 degrés et 27 minutes, Micaleff calcule que le bon angle correspond aux années 10205 et 3700 av. J.-C. Si pour les archéologues ces deux dates ne sont pas compatibles avec l'ancienneté du temple, P. Micallef est certain d'avoir calculé la date réelle (3700 av. J.-C.) d'érection des pierres composant les trilithes du temple de Mnajdra[113]. Dans les années 2000, malgré de nombreuses tentatives, aucun alignement solaire ou lunaire n'a été mis en évidence sur le site des autres temples maltais.

Si de nombreuses personnes se retrouvent sur le site à chaque solstice pour constater approximativement la réalité du phénomène, les opposants à ces interprétations posent la seule question qui vaille d'être posée : si ces temples avaient une telle importance astronomique, pourquoi les autres temples de la même période ne sont-ils pas construits sur les mêmes alignements ? Par ailleurs, le monde savant doute très sérieusement des capacités des hommes de cette époque de pouvoir déterminer de façon empirique le lever du soleil à l'équinoxe[79].

Les temples mégalithiques comme symbole national

Malte est membre de l’Union européenne depuis le 1er mai 2004. Elle a intégré la zone euro le 1er janvier 2008.

À cette occasion Malte a fait frapper par la Monnaie de Paris une série de pièces de monnaie conforme aux prescriptions européennes. Si la croix de Malte s'impose facilement pour les pièces de 1 et 2 euros et les armes maltaises pour les pièces de 10, 20 et 50 cents, restait à choisir le motif des pièces de 1, 2 et 5 cents. C'est une représentation stylisée d'un autel constitué d'un bloc à hublot encastré dans un trilithe du temple central de Mnajdra qui fut choisie[114].

Ainsi les temples mégalithiques maltais, les plus vieilles constructions monumentales humaines, sont élevées au rang de symbole national.

Malte à l'âge de bronze

La période des temples (4100–2500 av. J.-C.) prend fin avec la disparition des populations de bâtisseurs mégalithiques vers les années 2500 av. J.-C. Les témoignages archéologiques sont pour les spécialistes sans équivoque. L'explication communément acceptée veut qu'une surexploitation des terres et une diminution des ressources naturelles forcèrent la population à abandonner l'archipel maltais[115].

Une nouvelle population, émigrée de Sicile, porteuse d'une culture totalement différente revivifie la civilisation maltaise en repeuplant petit à petit l'archipel. Ces nouveaux arrivants incinèrent leurs morts et utilisent des outils, mais aussi des armes, en bronze. Le matériel archéologique permet de rapprocher ces nouveaux habitants des peuples guerriers de Sicile et d'Italie du sud de la même époque et de caractériser la première phase de l'âge du bronze maltais, la phase du cimetière de Tarxien 2500–1500 av. J.-C[115].

Vers le milieu du IIe millénaire av. J.-C., la Méditerranée devient de moins en moins sûre. La nécessité de se défendre, de protéger quelques richesses, devient une préoccupation prégnante. Les premières fortifications apparaissent dans l'archipel sur les collines à sommet plat de Nuffara à Gozo ou de Fawwara et Wardija ta' San Ġorġ ou sur le promontoire de Borġ in-Nadur à Malte. C'est ce dernier site qui donne son nom à la deuxième phase de l'âge de bronze maltais, la phase de Borġ in-Nadur 1500–725 av. J.-C.[33].

Deux siècles avant les Phéniciens qui vont propulser l'archipel maltais dans l'histoire, un nouveau groupe ethnique débarque sur les îles. Cette nouvelle population semble parfaitement cohabiter avec les arrivants de la vague précédente. Sa céramique indique qu'elle a pour origine la culture de la « tombe à fosse » en Calabre. C'est le village de Baħrija sur le promontoire de Qlejgħa qui donne son nom à la dernière phase de l'âge du bronze maltais, la phase de Baħrija 900–725 av. J.-C.[33].

Cimetière de Tarxien

Un seul site d'incinération a été retrouvé par les archéologues. Il est situé sur le site du temple de Tarxien (d'où le nom de cette phase) au milieu des ruines et fouillé par Themistocles Zammit. Au-dessus d'une couche d'abandon et au sein d'une couche de terre mélangée de cendres, fut découverte une centaine d'urnes cinéraires, souvent cassées, contenant des restes de squelettes humains incinérés. Ces urnes contenaient aussi des petits tessons de poterie ainsi que des grains d'orge et des plantes carbonisées. Il y avait aussi des haches et des poignards de bronze ainsi qu'une grande quantité de petites perles plates. Ces ornements et des étoffes de lin de couleur jaune rougeâtre (peut-être des linceuls) devaient accompagner les morts dans leur dernière demeure. T. Zammit a mis au jour lors de ses fouilles des statuettes de terre cuite en position assise, anthropomorphiques et très stylisées ainsi que des objets en argent constituant le premier témoin de ce métal sur l'île. Une vaisselle importante constituée majoritairement de tasses et de bols rappelle la céramique de Capo Graziano des îles Lipari[29].

Aucune construction n'a été mise en relation avec le peuple de cette phase. Les spécialistes s'accordent à leur attribuer l-imsaqqfa (celle avec un toit en maltais) en fait des dolmens. Le dolmen maltais est à une seule chambre avec une table irrégulière posée sur trois de ses côtés sur des pierres dressées. Ces dolmens devaient avoir une fonction funéraire. Ils sont répandus dans tout l'archipel et sont similaires à ceux de la région d'Otrante[115].

Site de Borġ in-Nadur

Il est situé sur un éperon rocheux entre le Wied (« vallée » en maltais) Zembaq et le wied Dalam près de Birżebbuġa et de Għar Dalam au sud-est de l'île de Malte. Le site de Borġ in-Nadur (« Amas de l’attention ou Amas du regard  ») comprend les ruines d'un temple mégalithique et les restes d'un village fortifié de l'âge du bronze.

Le temple mégalithique a été daté de 2000–1600 av. J.-C. Cette datation semble en contradiction avec la disparition du peuple des temples un demi-siècle plus tôt, mais elle est rendue aléatoire par les dommages importants subis par le monument. Le site fut en effet largement réaménagé à la fin du XIXe siècle pour faire place à des champs cultivables. Il demeure de plus, même au début du XXIe siècle, dégradé par des installations de chasse M. Il est néanmoins toujours possible de reconnaître le plan tréflé (28 × 16 m) traditionnel malgré la présence de dépôts plus récents de pierres parasites. Le trilithe d'entrée était probablement de grandes dimensions. La « Grande Orthostate » fait 4,50 m de hauteur. Elle comporte rainure et lumière qui font penser à un portail de fermeture. Sur la droite du site se trouve le « dolmen » : une suite de dalles supportait une énorme table de plus de m de long, aujourd'hui brisée en trois parties. Abandonné vers 1600 av. J.-C., le site est réutilisé, pour des usages domestiques, deux siècles plus tard à l'époque du village fortifié[116].

Les restes du village se trouvent à une centaine de mètres du temple. Aujourd'hui, seul reste visible un mur d'enceinte qui barre la pointe de l'éperon rocheux. Cette fortification abritait un ensemble de huttes mises en évidence par les fouilles mais dont les vestiges sont à présent invisibles. Le mur d'enceinte fait m de haut pour une épaisseur de 1,50 m. Il est constitué de blocs de pierre sans mortier mais renforcés ici ou là par des boutisses et des fiches en pierre. Deux redoutes semi-circulaires de 60 m et 18 m de périmètre restent visibles[116].

Les vestiges caractéristiques de cette phase sont des trous peu profonds creusés dans le sol, en forme de flacon. L'usage de ces trous reste un sujet d'interrogation. Ils semblent avoir été utilisés pour stocker du grain ou de l'eau. Ils sont visibles à Warija ta' San Ġorġ, à Mtarfa et à Nuffara. Ceux retrouvés près de Borġ in-Nadur en bord de mer, sont submergés, ce qui démontre un affaissement de terrain important dans cette région dans ces trois derniers millénaires[115].

Village de Baħrija

Situé sur le promontoire de Qlejgħa, entre le wied de Baħrija et la côte ouest de Malte, près du village de Baħrija, c’est le seul site connu des derniers arrivants avant les Phéniciens. Bien que retranchés derrière une muraille, les occupants de Baħrija devaient vivre en bonne intelligence avec leurs contemporains de Borġ in-Nadur car de la poterie typique de Baħrija a été retrouvée sur d’autres sites comme Għar Dalam, Borġ in-Nadur et Tas-Silġ[32].

Les archéologues y ont discerné les murs de fondation d’une vaste construction en forme d’esplanade avec des salles ordonnées autour d’une cour centrale, où un trou dans le sol révèle la présence d'une ancienne citerne. À quelque distance du site se trouve un temple daté de 2000–1500 av. J.-C. Le site a été réutilisé aux époques punique et romaine jusqu’au IVe siècle de notre ère[117].

Site de Tas-Silġ

Le site de Tas-Silġ averse de neige » en maltais N) est proche de la ville de Marsaxlokk, au sud-est de l'île de Malte, près de l'église Notre-Dame des Neiges qui lui a donné son nom. Il surprend par sa longue période d'utilisation et par son plan, original compte tenu de sa période de construction. Il s'agit d'un temple à une seule section d'absides avec une entrée à chaque extrémité de l'axe principal[79]. Les équipes d'archéologues italiens qui ont fouillé le site en 1963 et 1972 ont montré sa réutilisation sur plus de quatre millénaires, depuis le premier temple mégalithique daté de 3300–3000 av. J.-C. de la phase Ġgantija jusqu'aux Arabes vers l'an 1000 de notre ère, en passant par un temple punique à Astarté, un temple romain dédié à Héra et une basilique paléochrétienne[118].

Mais à partir de là, la préhistoire cède la place à l'histoire.

Notes et références

Notes

  • A. En archéologie, pour le Paléolithique le temps est décompté en années avant le présent ou AP, le présent étant arbitrairement fixé aux débuts de la datation par le carbone 14 en 1950. Pour les périodes récentes de la Préhistoire, les dates sont exprimées en années calendaires avant J.-C. (ou « avant notre ère ») lorsqu'elles sont calibrées pour tenir compte des variations du taux de 14C dans l'atmosphère au cours du temps[119].
    Dans cet article toutes les dates sont calibrées et indiquées en années avant J.-C.
  • B. La majorité des archéologues spécialistes du mégalithisme, comme Jean Guilaine[120] ou Roger Joussaume[58], considèrent que l'origine du mégalithisme est à rechercher en Europe atlantique à la différence des « théories diffusionistes » de P. Laviosa-Zambotti qui percevait Malte comme l'un de ces « tremplins de civilisations » ou Luigi Bernabò Brea (1910-1999) qui n'hésitait pas à voir dans Malte « l'incontournable courroie de transmission des techniques du mégalithisme, supposées nées en Orient, et qui, véhiculées par d'audacieux navigateurs, auraient gagné le bassin occidental pour s'épanouir largement dans toute l'Europe atlantique[121] ».
  • C. Il faut noter, qu'en l'état actuel des connaissances, il n'y a pas eu de période Chalcolithique à Malte. Les métaux étaient apparemment inconnus des bâtisseurs des temples mégalithiques. Des chercheurs ont voulu voir dans les traces de creusement de certaines salles de l'Hypogée de Ħal Saflieni l'utilisation d'outils métalliques mais aucune preuve n'est encore venue appuyer cette thèse. L'apparition des métaux à Malte date d'environ 2500 av. J.-C. avec l'arrivée des peuples guerriers venant de Sicile et d'Italie du sud.
  • E. Certains historiens pensent que c'est la découverte des squelettes d'éléphants nains qui serait à l'origine du mythe des cyclopes. En effet, le crâne des éléphants comporte à la base du front une seule et unique cavité nasale qui aurait été confondue avec une cavité oculaire. Compte tenu de la taille de ces crânes, seuls des géants cyclopes pouvaient être à l'origine de ces squelettes.
  • F. L'archéologue Vere Gordon Childe est à l'origine de cette expression. Fortement influencé par les théories marxistes, il imaginait un passage rapide à l'économie de production qui aurait constitué un tournant crucial dans l'histoire de l'humanité. Cette « révolution néolithique » avait toutes les apparences du déclencheur d'un développement économique décisif technique et pré-industriel[122],[123].
  • G. Le Comité de sélection de l'Unesco a décidé d'étendre les limites du bien déjà inscrit sous le nom de « Temple de Ġgantija », pour y inclure les cinq temples préhistoriques situés dans l'île de Malte et de renommer le site « Temples mégalithiques de Malte ».
  • H. Le nom de Brochtorff du cercle de pierre de Xagħra provient de l'artiste maltais Charles de Brochtorff qui en 1825 dessine le site de Xagħra, quand le colonel Gouverneur de Gozo, Otto Bayer entreprend les premières fouilles du site. Il arrive souvent que le nom de Brochtorff soit orthographié Brokdorff par confusion avec le nom d'une famille noble maltaise.
  • I. À la fin du XIXe siècle, le développement des chantiers navals militaires attire dans la région de Paola nombre de cultivateurs qui veulent devenir ouvriers. Les constructions se multiplient dans une zone appelée alors Tal-Għerien (les grottes en maltais), ce qui laisse supposer une connaissance populaire ancienne. La découverte fortuite de l'hypogée est le véritable coup d'envoi de l'archéologie dans l'archipel, grâce à un professeur de médecine, Themistocles Zammit, qui deviendra le père de l'archéologie maltaise[124].
  • J. Le nom de Clapham Junction vient d'un important centre de triage de la banlieue londonienne. Les traces de Cart Ruts sont si importantes et s'entrecroisent de telle façon qu'elles font penser à une gare de triage.
  • K. la plus longue pierre utilisée dans la construction d'un temple maltais mesure 6,40 m de long sur 5,20 m de haut pour un poids d'environ 20 tonnes. Elle fait partie du mur de clôture du temple d'Ħaġar Qim. La pierre estimée la plus lourde est incluse dans le mur d'enceinte du temple de Ġgantija, elle pèse environ 50 tonnes et ses dimensions sont de 5,70 m en hauteur sur 3,80 m en largeur. Ces chiffres ne concernent que des pierres encore en place dans un temple.
  • L. En 1999, une séance d'archéologie expérimentale fut menée par la faculté d'architecture de l'université de Malte. Il s'agissait d'extraire des dalles calcaires de m de long et de procéder à un essai de résistance à la flexion sous charge concentrée. La rupture des dalles fut obtenue avec une charge au centre de 3 tonnes. Ce résultat rend plausible l'hypothèse selon laquelle la couverture des absides était assurée par des dalles de calcaire[102]. C'est d'ailleurs ce système de toiture en terrasse qui est utilisé pour les constructions traditionnelles maltaises (voir illustration).
  • M. La chasse aux oiseaux migrateurs est depuis longtemps pratiquée à grande échelle par les Maltais[125], ce qui suscite les critiques des écologistes. La technique de cette chasse consiste à dégager une aire de terrain la plus plate possible, d'installer sur le sol, de part et d'autre de cette aire, des filets tendus sur une armature et capables de se refermer, à la commande du chasseur, sur les oiseaux attirés au sol par des appeaux. Toute la côte maltaise est parsemée de ce type de pièges y compris certains sites préhistoriques.
  • N. Le maltais n'a pas de mot précis pour désigner la neige qui est assimilée à la glace. Ainsi, l'expression « chute de neige » sera rendue par « chute de glace ». Des chutes de neige peuvent survenir exceptionnellement à Malte, comme au cours de l'hiver 1998. Certains y ont vu une conséquence des dérèglements climatiques[126].

Références

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Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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