Trois-Évêchés
En France, sous l'Ancien Régime, les Trois-Évêchés étaient une province du royaume créée, à la suite de la paix de Westphalie, à partir de territoires qui relevaient de jure, jusqu'au traité de Münster (1648), du Saint-Empire romain germanique : les trois villes libres de Metz, Toul et Verdun, occupées en vertu du traité de Chambord (1552), et les biens temporels des évêques de Metz, Toul et Verdun, occupés en 1631-1632. Ils s'agrandirent ensuite du Luxembourg français, partie du duché de Luxembourg cédée à la France par le traité des Pyrénées (1659), puis d'un corridor, cédé à la France par le traité de Vincennes (1661). Ces territoires et les duchés de Bar et de Lorraine formaient jusqu'alors une mosaïque territoriale complexe, objet de conflits récurrents.
Pour les articles homonymes, voir Trois-Évêchés (sommet) et Place des Trois-Évêchés.
(de) Drei Bistümer
Statut | province (gouvernement et généralité) : pays d'élections, pays de salines, province à l'instar de l'étranger effectif |
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Capitale | Metz |
Langue(s) | Français, francique lorrain, lorrain roman, allemand |
Religion | Catholicisme |
1552 | Protectorat de Metz, Toul et Verdun et de leurs évêchés par Henri II |
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1648 | Annexion par la France ratifiée par les traités de Westphalie |
1790 | Division de la France en départements |
1727 – 1761 | Charles Louis Auguste Fouquet de Belle-Isle |
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1770(?) – 1790 | Victor-François de Broglie |
1778 – 1790 | Jean Samuel de Pont de Monderoux |
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Entités précédentes :
Contexte historique
En 1551, les princes protestants allemands, en lutte contre Charles Quint, recherchent le soutien du roi de France. À Lochau, près de Torgau, est signé un accord qui prévoit la participation financière et militaire de la France à leur action. À Chambord, le , est signé un traité qui prévoit que le roi Henri II occupera, pour des raisons stratégiques, en qualité de vicaire du Saint-Empire romain germanique, les villes de Metz, Toul et Verdun, « et autres villes de l’Empire ne parlant pas allemand ».
Conquête militaire
Le « Voyage d’Allemagne » est conduit par le roi Henri II, « défenseur des libertés germaniques », soutenu par François de Guise et le cardinal Charles de Lorraine. Le jour des Rameaux 1552, les troupes françaises, sous les ordres du connétable Anne de Montmorency, arrivent sous les murs de Metz, et occupent par surprise les portes de la ville. Le , le roi se rend en armes à Toul, où il est reçu par l'évêque Toussaint de Hocédy, le maître échevin ayant, en signe de protestation, quitté sa ville pour Pont-Saint-Vincent[1]. Le roi passe ensuite à Nancy, où il destitue arbitrairement la duchesse-régente et emmène le petit duc Charles III, encore mineur, pour le faire élever à la cour de France. Henri II fait ensuite « sa joyeuse entrée » à Metz, le . La ville est en fait soumise de force, sous le ferme contrôle des hommes de Montmorency. Le , Henri II reprend sa route vers le Rhin, laissant à Metz 3 400 hommes. Vers le , ne pouvant s'emparer de Strasbourg, il rebrousse chemin, occupe Verdun, où il fait son entrée le , avant de rentrer en France.
Pour laver l’affront des princes luthériens et du roi de France, Charles Quint marche sur les trois cités épiscopales, le . Il commence par faire le siège de la cité messine, proche de ses possessions luxembourgeoises. Fortifiée et défendue par le duc de Guise, Metz reste aux mains des troupes françaises après un siège mémorable[2]. La mort dans l'âme, Charles Quint lève le siège le renonçant à reprendre les autres évêchés. L’occupation française commence de facto dans les Trois-Évêchés.
Intégration au royaume de France
Dès 1552, les villes reçoivent une garnison française permanente, mais l’empereur garde officiellement sa souveraineté sur les cités. Dans les trois villes de Metz, Toul et Verdun réunies ainsi par un artifice diplomatique, s'installe alors un régime original, celui de la protection, où les anciens pouvoirs des villes issues du Saint-Empire sont peu à peu absorbés par les organismes mis en place par l’administration royale. Malgré les prières répétées des Messins à la Diète d'Empire, la question des Trois-Évêchés ne figura plus à l'ordre du jour des assemblées impériales après 1582[3]. Sous l'impulsion de Richelieu, le parlement de Metz, créé en , est l’artisan le plus actif des progrès de l’autorité royale, dépossédant de leurs pouvoirs les maîtres échevins des cités épiscopales et neutralisant les paraiges de Metz.
L’édit de supprime le sceau de la cité, l’aigle impérial aux ailes déployées, que Metz, Toul et Verdun, en qualité de villes impériales, avaient le droit de porter sur leurs armes. En même temps, la gabelle, impôt sur le sel, est introduite au grand dam de la population. Devant la grogne des Messins, le Parlement est transféré à Toul entre 1637 et 1658[4]. Il est remplacé à Metz par un intendant royal, aux pouvoirs étendus.
En 1648, les traités de Westphalie entérinent la cession des Trois-Évêchés par l'Empire. Mais, dès son avènement, Louis XIV confirme les privilèges des bourgeois des trois cités, les regroupant sous le nom de « ses bons et fidèles sujets ».
L’évêché de Saint-Dié, créé en 1777, est parfois appelé le Quatrième Évêché lorrain, mais n’est pas concerné par la notion historique des « Trois-Évêchés ». Aujourd'hui, seul l'évêché de Metz, dont l'évêque est nommé par le président de la République française[5], est concerné par le régime concordataire d'Alsace-Moselle.
Géographie
Les Trois-Évêchés étaient enclavés presque de toutes parts dans la Lorraine et ne touchaient que par quelques points à la Champagne et au Luxembourg français[6].
Les Trois-Évêchés n’étaient pas séparés de la Lorraine par une ligne de démarcation continue et facile à suivre. Quant on observe sur une carte détaillée la figure de ces deux provinces, il est presque impossible de décrire leurs limites respectives autrement que par un travail graphique. Les évêchés de Metz, de Toul et de Verdun étaient séparés chacun des deux autres, par les terres des duchés de Lorraine et de Bar. Ils affectaient la forme la plus tourmentée[7].
Il y avait dans chacun des évêchés, des enclaves appartenant à la Lorraine et au Barrois ; dans le même temps, il y avait dans le Barrois et la Lorraine, des enclaves dépendant des évêchés. De plus, dans la Lorraine et le Barrois, il y avait des enclaves allemandes, de sorte que, très souvent, les routes les plus directes passaient plusieurs fois d'une des deux provinces dans l‘autre, sur un parcours de quelques lieues, et comme le régime fiscal des douanes et des péages était très sévère, les marchandises pouvaient être soumises à diverses reprises le même jour, a des visites et à des taxes[7].
Formation territoriale
Les Trois-Évêchés comprenaient les trois villes de Metz, Toul et Verdun et leurs dépendances respectives, ainsi que le temporel des évêques de ces trois villes et le temporel des chapitres cathédraux.
Les Trois-Évêchés étaient divisés en quatre bailliages.
La principauté épiscopale de Metz
- Le bailliage de Metz comprenait la ville de Metz et ses dépendances :
- le val de Metz : le nombre des communautés, villages et hameaux du val de Metz au XVIIe siècle, donné dans l’Histoire bénédictine de Metz (t. IV, 343), s’élève à trente-neuf.
- l’Isle : représente une partie des anciens cantons de Metz (3e), de Gorze et de Verny. Comprenait 35 communautés, tant villages que hameaux ;
- le Saulnoy : comprenant la plus grande partie des cantons de Verny, de Pange et une partie de celui de Vigy, Il comptait 77 communautés, tant villages que hameaux ;
- les Francs-Alleux, subdivisés en :
- ban de Saint-Pierre (réuni au Franc-Alleu en 1718) ;
- ban de La Rotte (à partir du ) ;
- ban de Bazaille ;
- la terre de Gorze (cédée en 1661) ;
- le bailliage seigneurial de Vic, composé des huit châtellenies d’Albestroff, Baccarat, Rambervillers, Fribourg, Haboudange, Lagarde, Moyen et Vic, dépendantes de la principauté épiscopale de Metz.
La principauté épiscopale de Toul
La principauté épiscopale de Verdun
Coutumes
Les Évêchés ressortissaient au parlement de Metz et étaient régis par les cinq coutumes suivantes[6] :
- Les coutumes générales de la ville et cité de Metz et pays Messin.
- Les coutumes du bailliage de la principauté épiscopale de Metz, avec les municipales ou locales de Remberviller, Baccarat et Moyen.
- Les coutumes générales de la terre, abbaye et seigneurie de Gorze.
- Les usages locaux de la ville et du bailliage de l'évêché de Toul et du pays Toulois.
- Les coutumes générales de la ville, cité et bailliage de l'évêché et compté de Verdun et du pays verdunois.
Personnalités
- Nicolas Psaume, comte-évêque de Verdun, prince du Saint-Empire romain .
- Henri Grégoire, dit l'Abbé Grégoire, député aux états généraux puis à la Convention, évêque constitutionnel de Blois, y est né en 1750.
- François de Rosières, archidiacre de Toul, historien.
Notes et références
- Guy Cabourdin, Les temps modernes, de la Renaissance à la guerre de Trente ans, Encyclopédie illustrée de la Lorraine, Histoire de la Lorraine, Presses universitaires de Nancy, Nancy, 1991, p. 67-73.
- « [Le] plus beau siège qui fut jamais » selon l'écrivain Brantôme.
- René Bour, Histoire illustrée de Metz, Paul Even, Metz, 1950, p. 125-129.
- Emmanuel Michel, Histoire du Parlement de Metz, Paris, Techner, 1845, p. 69-138.
- Église catholique, Le Concordat de 1801 et les articles organiques du culte catholique, avec toutes les modifications jusqu'à nos jours. Textes officiels annotés, avec les protestations du pape Pie VII contre les articles organiques, par un agent de contentieux administratif. (1er décembre 1893.), Marseille, Librairie de l’œuvre de don Bosco, , 117 p. (lire en ligne), Articles IV et V - pp 15-16
- Revue de législation et de jurisprudence, volume 6, publiée sous la direction de M. L. Wolowski, p. 212-213, 1837.
- Chastellux, Le territoire du département de la Moselle : histoire et statistique, Metz, 1860.
Voir aussi
Bibliographie
- Augustin Calmet, Notice de la Lorraine : qui comprend les duchés de Bar et de Luxembourg, l'électorat de Trèves, les trois évechés (Metz, Toul, et Verdun) ; l'histoire par ordre alphabétique des villes, etc., 2e édition, Lunéville, Mme George, 1840 (1re éd. 1756).
- est évoqué dans le 13e des 480 souvenirs cités par Georges Perec dans Je me souviens.
Articles connexes
Liens externes
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