Robert Coulondre
Robert Coulondre, né le à Nîmes et mort le à Paris est un diplomate français. Il est ambassadeur de France en Union soviétique d’octobre 1936 à octobre 1938 et, de ce fait, l’un des rares témoins occidentaux des grands procès staliniens de 1937-1938. En octobre 1938, il est nommé ambassadeur de France en Allemagne. Il y reste jusqu’en septembre 1939 et c’est lui qui remet la « déclaration de guerre » à Joachim von Ribbentrop.
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Ambassadeur de France en Suisse | |
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Charles Alphand (d) | |
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(à 73 ans) Paris |
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Archives diplomatiques (51PAAP)[1] |
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Biographie
Les années de jeunesse
D’une famille de la bourgeoisie protestante languedocienne, Robert Coulondre est le fils de l'homme politique Gaston Coulondre,
Il est titulaire d’une licence de droit, d’un diplôme de langue chinoise à l’Institut des Langues Orientales et diplômé de l’Institut des Sciences Politiques.
Carrière diplomatique
Il intègre le Quai d'Orsay comme stagiaire en 1909 : d’abord élève-consul à Londres, il est recruté formellement par le ministère des Affaires Etrangères comme attaché en 1911. Début 1912 il est nommé consul suppléant à Beyrouth, peu avant l’arrivée de François Georges-Picot, lui-même nommé Consul général dans cette ville dans le courant de la même année. Coulondre devient alors l’un des proches collaborateurs de ce diplomate dont il accompagne l’action au Moyen-Orient jusqu’à la fin de la Première guerre mondiale[2].
Au déclenchement de la guerre, Coulondre est incorporé comme lieutenant au 117e régiment d’infanterie où il bénéficie d’une citation de son régiment pour un acte de bravoure le 13 septembre 1914, acte qui lui vaut la croix de guerre, puis la légion d’honneur à titre militaire[3]. En novembre 1915 il est muté dans l’armée d’Orient en partance pour Salonique. Mais en réalité c’est François Georges-Picot qui l’a fait revenir vers lui pour prendre en charge diverses missions non officielles : Coulondre est successivement agent de liaison auprès de l’Arab’s bureau du Caire en 1916, puis il participe à la création de la Légion d’Orient, et il fait enfin partie avec Louis Massignon et Charles Maugras de la mission Sykes-Picot en 1917-1918. Cette mission met en place sur le terrain les bases de l’accord secret franco-britannique Sykes-Picot, signé à Londres en mai 1916 et délimitant le partage des zones d’influence au Moyen-Orient. Dans les télégrammes de Coulondre datant de cette époque figure un certain colonel Lawrence – Laurence d’Arabie – que Coulondre considère comme un dangereux trublion mettant en péril la mise en œuvre de l’accord franco-britannique[4],[5].
Après son mariage avec Pauline Meyer en mai 1919, Robert Coulondre est nommé consul à Rabat au Maroc sous l’autorité du maréchal Lyautey. Il revient à Paris fin 1920, à la Sous-Direction des Relations Commerciales du Quai d’Orsay dont il prend la direction en juillet 1927.
De 1927 à fin février 1933 Coulondre est le chef cette Sous-Direction des Relations Commerciales, puis Directeur adjoint des Affaires Politiques et Commerciales au Ministère des Affaires étrangères. Il est nommé commandeur de la Légion d’Honneur en février 1935. Il fait alors partie de ce que l’historien Jean-Baptiste Duroselle appelle le groupe protestant du Quai d’Orsay, dont les autres figures éminentes sont Paul Bargeton, René Massigli, Albert Kammerer, Victor de Lacroix, et précédemment Jacques Seydoux de Clausonne[6]. Ce groupe défend fortement les valeurs républicaines ainsi qu’un ordre international basé sur le droit, la SDN et la résolution négociée des conflits. Dès 1933, et surtout à partir de 1936, ce groupe est critique vis-à-vis de la politique d’apaisement envers l’Allemagne hitlérienne[7].
Au Quai d’Orsay Coulondre a notamment étudié les dossiers soviétiques et allemands. Il accompagne ainsi Pierre Laval, alors président du Conseil, lors de sa visite à Berlin en 1931 sur fond de crise économique due à l’effondrement des banques d’Europe centrale[8].
Ambassadeur à Moscou
Robert Coulondre est nommé ambassadeur de France à Moscou début octobre 1936 sous le premier gouvernement du Front populaire dirigé par Léon Blum.
Il est le premier ambassadeur à être nommé à Moscou par la France depuis la révolution russe : seul un chargé d’affaires y représentait la France jusque-là. Être ambassadeur est à l’époque une position de prestige réservée à un petit nombre de représentants de la France[9].
Mais cette nomination est aussi le reflet des ambiguïtés du gouvernement français vis-à-vis de la Russie soviétique :
- La France et l’URSS ont signé en 1935 un pacte d’assistance mutuelle : les deux pays s’engagent à se prêter immédiatement aide et assistance en cas d’agression non provoquée (sous réserve de conformité avec le pacte de la SDN). Mais ce traité, signé côté français par Pierre Laval ministre des affaires étrangères, puis ratifié par la chambre des députés fin février 1936, est un chef-d’œuvre de galimatias[10]. Le nouveau ministre des. Affaires étrangères, Yvan Delbos, auprès de qui Coulondre prend ses premières directives, exprime le plus grand pessimisme envers ce pacte : si la guerre éclatait, quelle aide les russes fourniraient-ils à la France ? Par quels itinéraires une aide militaire pourrait-elle être obtenue[11]? Coulondre part donc pour Moscou avec la mission de voir s’il est possible de donner un sens à cet accord. Cet objectif correspond d’ailleurs à deux idées auxquelles Robert Coulondre croit fermement : d’abord que l’Allemagne nazi doit être stoppée, ensuite que seule une alliance étroite entre les puissances occidentales et l’URSS permettrait cet endiguement[11].
- Moscou est accusé d’ingérence dans les affaires intérieures françaises via l’influence du Komintern sur le Parti Communiste Français. Pour de larges secteurs de l’opinion de droite et du centre, l’Union Soviétique est considérée comme responsable à la fois des tensions sociales internes françaises et de la guerre civile « rouge » en Espagne. L’Espagne républicaine est communément perçue comme une tête de pont pour l’invasion révolutionnaire de la France. Au cours de l’été 1936, le congrès du Parti Radical Socialiste [membre important du Front populaire] adopte une résolution très ferme contre l’intervention soviétique dans les affaires intérieures françaises[11].
En 1936, dès son premier entretien avec Maxime Litvinov, le Commissaire aux Affaires Etrangères soviétique, Coulondre joue carte sur table : « Je suis venu ici sans aucune prévention contre la Russie des Soviets, mais sans préjugé favorable non plus. Je suis, par contre, un partisan convaincu du pacte d’assistance parce que je le crois un des éléments nécessaires à la sauvegarde d’une paix à laquelle nos deux pays sont également attachés. Eh bien, je viens vous dire que si les choses continuent à aller à ce train, il n’y aura plus de pacte d’assistance. L’opinion publique française est excédée de l’ingérence du Kominterm dans les affaires intérieures de la France »[12]. Les soviétiques se défendent en prétendant n’avoir aucune influence sur le Kominterm, et rétorquent que la France ne joue pas le jeu du pacte en bloquant toute livraison de matériel militaire[12]. Le travail de Coulondre à Moscou bute pendant les deux ans de sa mission à Moscou sur la fracture exposée ci-dessus.
Contrairement à la majorité de la classe politique française, Robert Coulondre analyse les procès staliniens de 1937-38 comme une crise croissance de l’URSS et non comme un affaiblissement[13], même s’il pointe qu’à court terme l’état-major de l’Armée rouge est décapité[14]. Dans son livre de souvenirs « De Staline à Hitler », Coulondre raconte avoir assisté en personne aux procès de janvier 1937 et de mars 1938: les accusés "font leurs aveux sur un ton monocorde (..) animés par une sorte d'automatisme (..) tous ont un repentir immense (..) Il résulte pour moi jusqu'à l'évidence qu'ils récitent une leçon apprise (.. ) Il est probable qu'on n'a fait figurer dans les procès que ceux que l'on a pu amener à signer et à accepter de refaire en public une déclaration satisfaisante"[15] !
À partir de l’Anschluss en février 1938, tous les regards se tournent vers la Tchécoslovaquie. Or des obstacles géopolitiques et logistiques empêchent l’Armée rouge d’intervenir en soutien à la Tchécoslovaquie : une telle intervention nécessiterait un transit via la Pologne ou via la Roumanie. En avril 1938, Coulondre pousse à la négociation d’un droit de passage de l’Armée rouge par la Roumanie en échange d’une reconnaissance par l’URSS de la souveraineté roumaine sur la Bessarabie. Mais cette option n’aboutit pas[16].
Dans les jours qui suivent le résultat désastreux de la crise de Munich, Robert Coulondre et son attaché militaire le colonel Auguste Antoine Palasse, essaient de faire passer le message qu'un rapprochement entre l'Allemagne et l'Union soviétique est fort possible en cas de poursuite d'une " politique d'apaisement "[17], au détriment d’une alliance franco-soviétique. Coulondre cite le commissaire aux affaires étrangères Potemkine qui lui dit le 4 octobre 1938 « Mon pauvre ami, qu’avez-vous fait ? Pour nous je ne vois plus d’autre issue qu’un quatrième partage de la Pologne »[18]. Coulondre réitère cette hypothèse d’un futur accord germano-soviétique pour se partager la Pologne dans le compte-rendu qu’il fait après sa visite d’adieu à Litvinov le 18 octobre 1938[19].
La vision prémonitoire de Robert Coulondre quant à l’anéantissement de la Tchécoslovaquie et au quatrième partage de la Pologne a été saluée par certains historiens français qui le créditent d’un « solide bon sens »[20]. Certains auteurs américains vont plus loin en le qualifiant de « diplomate déterminé et lucide », contrastant avec « le monde des faiseurs de politique étrangère myopes et abasourdis des dernières années d’avant-guerre »[11].
De façon plus anecdotique, c’est Robert Coulondre qui a obtenu du gouvernement soviétique la mise à disposition du palais Igoumnov et des terrains attenants pour l’ambassade de France à Moscou, qu’elle occupe encore à ce jour[21].
Ambassadeur à Berlin
Robert Coulondre est nommé ambassadeur à Berlin en octobre 1938, après les Accords de Munich, en remplacement d'André François-Poncet, nommé à Rome pour perturber l'alliance germano-italienne. Remplacer André François-Poncet, l’ambassadeur de France à Berlin en place depuis 1931, par Robert Coulondre, un diplomate connu pour son opposition ferme aux accommodements avec l’Allemagne nazi, est pour le chef du gouvernement Edouard Daladier, une façon d’équilibrer la position de son ministre des affaires étrangères Georges Bonnet, trop favorable à l'apaisement avec l’Allemagne nazie[22].
Les instructions que Coulondre a reçues conjointement de Daladier et de Bonnet consistent à tirer parti du climat de détente qui doit résulter de la signature des accords de Munich pour tenter une réconciliation. Il a aussi pour mission d’obtenir plus de garantie de la part de l’Allemagne vis-à-vis du renoncement à toute nouvelle revendication territoriale, notamment sur le territoire français [Alsace-Lorraine][15]. Dans la foulée de son prédécesseur François-Poncet, Coulondre s’y attache consciencieusement. Cet effort aboutit à la déclaration commune Ribbentrop-Bonnet signée le 6 décembre 1938 qui exprime une volonté de collaboration pacifique. Ce texte stipule que : « Les deux gouvernements constatent qu’entre leur pays aucune question d’ordre territorial ne reste en suspens et ils reconnaissent solennellement comme définitive la frontière entre leurs deux pays telle qu’elle est tracée. [Ils] sont résolus, sous réserve de leurs relations particulières avec des Puissances tierces, à demeurer en contact sur toutes les questions intéressant leurs deux pays »[23].
Mais dès la dépêche suivante, adressée à son ministre de tutelle le 15 décembre, Coulondre alerte sur les intentions réelles des nazis : « Le peuple allemand, pacifique dans son ensemble, voit dans le rapprochement des deux pays un gage de paix (…). Quant au ‘Parti’, il est clair qu’il a voulu l’accord avec la France pour se couvrir à l’Ouest en prévision d’entreprises dans d’autres directions. La volonté d’expansion à l’Est me parait en effet tout aussi certaine de la part du 3e Reich que sa renonciation, au moins actuelle, à toute conquête à l’ouest. La première partie du programme de M. Hitler – intégration du Deutschtum dans le Reich – est exécutée dans son ensemble ; c’est maintenant l’heure du Lebensraum qui sonne ». Coulondre détaille ensuite les objectifs probables des nazis pays par pays : Tchécoslovaquie, Pologne, Hongrie, Ukraine[24].
Le sort des populations juives n’a pas échappé non plus à l’œil de Robert Coulondre, qui a rejoint son poste à Berlin juste après la Nuit de Cristal du 9 novembre 1938. Il écrit à ce propos : « Le traitement infligé en Allemagne aux juifs que les nazis entendent extirper complètement comme des bêtes malveillantes éclaire toute la distance qui sépare la conception hitlérienne du monde du patrimoine spirituel des nations démocratiques »[25].
Le sort de ce qu’il reste de la Tchécoslovaquie ne tarde pas à dépasser les prévisions pourtant alarmistes de Coulondre. En réponse à une réitération par la France de la question de la garantie donnée à la Tchécoslovaquie au titre des accords de Munich, Coulondre reçoit une note allemande le 2 mars 1939 qui dit en substance que « les Puissances occidentales [France et Angleterre] n’ont plus aucun droit de regard en Europe Centrale »[26]. Coulondre ne peut qu’assister impuissant à la disparition pure et simple de l’Etat tchèque quand ses dirigeants sont convoqués à Berlin et signent sous la menace, le 15 mars 1939 au petit matin, un acte de soumission totale. Le lendemain Coulondre écrit à son ministre de tutelle une analyse lucide de la méthode hitlérienne qui marie « cynisme et perfidie dans la conception, secret dans la préparation et brutalité dans l’exécution ». « L’Allemagne [..] a déchiré les accords de Munich prouvant à nouveau que sa politique ne connaissait qu’un principe directeur : épier l’occasion favorable et saisir tout butin à portée de sa main. C’est, à peu de chose près, la morale commune aux gangsters et aux habitants de la jungle ». Coulondre poursuit et conclut ainsi : « La sécurité nationale aussi bien que la paix mondiale exigent donc du peuple français un immense effort de discipline et d’organisation de toutes les énergies du pays, qui, seul, permettra à la France appuyée par ses amis, de défendre ses intérêts en face d’un adversaire aussi redoutable que l’Allemagne d’Adolf Hitler, désormais lancé à la conquête de l’Europe »[27].
Dans son livre de souvenirs « De Staline à Hitler », Coulondre considère qu’à partir de cette date sa mission d’ambassadeur a perdu la valeur positive qu’on lui avait attribué lors de sa nomination et qu’il reste à Berlin simplement comme un guetteur dans un poste avancé[15].
Lorsque s’ouvre la crise de Dantzig, Coulondre après avoir décrit la tournée incendiaire de Goebbels, envoie le 22 juin 1939 à son gouvernement un compte-rendu où il recommande la fermeté : « La plupart des diplomates accrédités à Berlin recherchent quelle pourrait être la solution de compromis et s’inquiètent de ne pas l’apercevoir. Ils s’enferment dans une sorte de contradiction car, du moment où l’on admet, et ils l’admettent, le caractère illimité des exigences de l’Allemagne nationale-socialiste, il n’y a pour le moment aucun espoir d’en finir en réglant la question de Dantzig, et par conséquent aucun avantage à se compromettre sur ce sujet (..) M. Hitler s’est engagé dans l’affaire de Dantzig mais il n’a pas encore personnellement coupé les ponts (..) C’est pourquoi je demeure convaincu qu’il importe, aujourd’hui plus encore qu’hier, de s’abstenir de toute initiative, de toute attitude qui puisse être interprétée ici comme un mollissement de la volonté des Alliés d’opposer la force à la force »[28].
Le pacte germano-soviétique est signé le 23 août. Hitler convoque Coulondre le 25 août pour lui remettre un message à Daladier visant à dissuader la France d’intervenir si l’Allemagne « devait répondre par la force à de nouvelles provocations polonaises »[29]. Coulondre répond « Si vous attaquez la Pologne, la France, avec toutes ses forces, se battra aux côtés de ses alliés ». La réponse de Daladier, réaffirmant la position française et cherchant à ménager une ultime porte de sortie avec des arguments sentimentaux évoquant les sangs français et allemands qui couleront en cas de guerre, est transmise par Coulondre le 27 août[30]. En vain car la réponse de Hitler est une fin de non-recevoir, affirmant son exigence que « Dantzig et le corridor doivent revenir à l’Allemagne »[31].
Une ultime proposition britannique le 28 aout cherche à ménager des discussions germano-polonaises directes. L’Allemagne décline mais Coulondre envoie une lettre par porteur directement à Daladier pour l’encourager à la fermeté, à charge pour lui de communiquer cette note au ministre des affaires étrangères [Georges Bonnet] et au secrétaire général du Quai d’Orsay [Alexis Léger] : « Depuis cinq jours, M. Hitler se montre hésitant (..) Il n’est que de continuer à tenir, tenir, tenir »[32]. A l’appui de cette affirmation, Coulondre se fait l’écho de rumeurs sur des divergences au sein du parti nazi, sur de la grogne au sein de la population et sur la volte-face de l’armée allemande après une première incursion en Pologne le 26 aout[33]. Cette lettre sera remise le 31 aout à Daladier qui la lira en conseil des ministres pour convaincre son cabinet de tenir bon. Hélas cet optimisme fait long feu. L’initiative d’avoir écrit cette lettre sera ultérieurement reprochée par certains au diplomate Coulondre[34].
Le 1er septembre l’armée allemande envahi la Pologne. La France et la Grande Bretagne mobilisent et adressent un ultimatum à l’Allemagne pour qu’elle retire immédiatement ses troupes. Lors de son ultime entrevue avec Ribbentrop, qui lui confirme que l’Allemagne rejette l’ultimatum franco-anglais, Coulondre annonce « qu’à partir d’aujourd’hui, 3 septembre à 17 heures, le gouvernement français se trouvera dans l’obligation de remplir ses engagements [vis-à-vis de la Pologne] »[35].
Ribbentrop rétorque : « Eh bien cette fois ce sera la France qui sera l’agresseur ». Coulondre répond : « l’Histoire en jugera »[35].
Vie publique après la déclaration de guerre
Robert Coulondre est chef de cabinet du président du Conseil Edouard Daladier du 10 janvier au 23 mars 1940. En avril 1940 il participe à une mission diplomatique à Stockholm visant à stopper les livraisons de fer de la Suède à l’Allemagne[36]. Il est ensuite nommé ambassadeur de France à Berne en mai 1940.
C’est depuis la Suisse qu’il assiste avec angoisse à la débâcle de l’armée française. Le 21 juin il note dans son Carnet 1940 : « Depuis 15 jours je me réveille chaque matin pour rentrer dans le cauchemar. Nous sommes vaincus. C’est certain. Mais sauvons l’honneur ! Pourquoi aller chercher les conditions d’armistice ? Nous serons surement occupés. Alors ! Pour la France la situation est la même que si on continue la lutte, mais partons aux côtés des anglo-saxons avec notre flotte, les débris de notre armée qui peut aller en Afrique du Nord ou en Angleterre, notre aviation. Il n’y a que des inconvénients à capituler. Aucun avantage »[2].
A Berne, Coulondre s’occupe principalement de l’aide aux réfugiés français en Suisse. Le 29 septembre 1940 il reçoit un télégramme de son ministre de tutelle qui lui annonce qu’il est mis fin à sa mission et qui le prie de demander l’agrément de la Suisse pour son remplaçant, M. de la Baume. Il rentre en France et peu après il est mis en disponibilité d’office par le gouvernement de Vichy.
Le 2 mai 1941, Coulondre est appelé à témoigner dans le cadre de la préparation du procès de Riom, le magistrat souhaitant instruire la responsabilité de Daladier dans la déclaration de guerre. Mais son témoignage n’est pas retenu. Du coup il n’est pas cité lors du procès de 1942[37].
En 1945, il est approché par l’entourage du général De Gaulle et nommé à la Commission des réparations avec l’Allemagne, poste qu’il accepte mais qu’il n’occupe pas, pour raisons médicales. Il ne reprend aucune autre fonction publique après-guerre.
En 1950, il publie ses mémoires : De Staline à Hitler : souvenirs de deux ambassades : 1936-1939.
Il est enterré au cimetière du Rayol-Canadel-sur-Mer (Var).
Notes et références
- « https://www.diplomatie.gouv.fr/IMG/pdf/51paap_cle4e84a8__papiers_robert_coulondre.pdf » (consulté le )
- Archives familiales Coulondre
- Archives départementales de la Seine, Recrutement militaire classe 1902
- Gérard Khoury, La France et l'Orient arabe: naissance du Liban moderne 1914-1920, Armand Colin, , p 133
- Pierre Fournié et Jean-Louis Riccoli, La France et le Proche-Orient 1916-1946, Casterman, , p 57
- Jean-Baptiste Duroselle, La Décadence 1932-1939, Paris, Imprimerie Nationale, , p. 274
- Jean-Baptiste Duroselle, La Décadence 1932-1939, Paris, Imprimerie Nationale, , p. 175-176
- André François-Poncet, Souvenirs d'une ambassade à Berlin, 1931-1938, Paris, Perrin, 1946, réédition 2016, p. 26
- Jean-Baptiste Duroselle, La Décadence 1932-1939, Paris, Imprimerie Nationale, , p. 276
- Jean-Baptiste Duroselle, La Décadence 1932-1939, Paris, Imprimerie Nationale, , p. 141-142
- (en) Franklin L. Ford & Carl E. Schorske, The voice in the wilderness: Robert Coulondre, Princeton (USA), in Gordon Craig & Felix Gilbert, "The Diplomats 1919-1939", Princeton University Press, 1953, réédition 1994, p. 555-556
- (en) Franklin L. Ford & Carl E. Schorske, The voice in the wilderness: Robert Coulondre, Princeton (USA), in Gordon Craig & Felix Gilbert, "The Diplomats, 1919-1939", Princeton University Press, 1953, réédition 1994, p. 557-558
- (en) Franklin L. Ford & Carl E. Schorske, The voice in the wilderness: Robert Coulondre, Princeton (USA), in Gordon Craig & Felix Gilbert, "The Diplomats 1919-1939", Princeton University Press, 1953, réédition 1994, p.559
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- Robert Coulondre, De Staline à Hitler, souvenirs de deux ambassades: 1936-1939, Paris, Perrin, 1950, réédition 2021
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- Ministère des Affaires Etrangères, Le Livre jaune français, Documents dipliomatiques 1938-1939, Paris, Imprimerie Nationale, , p. 194
- Ministère des Affaires Etrangères, Le Livre jaune français, Documents diplomatiques 1938-1939, Paris, Imprimerie Nationale, , p. 312-314
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- Ministère des Affaires Etrangères, Le Livre jaune français, Documents diplomatiques 1938-1939, Paris, Imprimerie Nationale, , p. 413
- François Kersaudy, Churchill contre Hitler: Norvège 1940, la victoire fatale, Paris, Tallandier,
- (en) James Herbst, The Politics of Apoliticism : Political trials in Vichy France 1940-1942, Berlin, De Gruyter, , p. 46
Annexes
Bibliographie
- Patrick Cabanel, « Auguste Jean Robert Coulondre », in Patrick Cabanel et André Encrevé (dir.), Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours, tome 1 : A-C, Les Éditions de Paris Max Chaleil, Paris, 2015, p. 761-762 (ISBN 978-2846211901)
- (en) Franklin L. Ford et Carl E. Schorske, « The Voice in the Wilderness: Robert Coulondre », in Gordon A. Craig und Felix Gilbert (dir.), The Diplomats, 1919-1939., Princeton University Press, Princeton, rééd. 1994, p. 555-578 (ISBN 0-69103-660-8)
- Robert Coulondre, De Staline à Hitler, souvenirs de deux ambassades, 1936-1939, Perrin, Paris, 1950, rééd. 2021, 378 p. (ISBN 978-2-262-09487-4)
Articles connexes
Liens externes
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