Roger-Edgar Gillet

Roger-Edgar Gillet, né à Paris le et mort le à Saint-Suliac (Ille-et-Vilaine), est un peintre et graveur français.

Pour les articles homonymes, voir Gillet.

Roger-Edgar Gillet
Roger-Edgar Gillet en 1995.
Naissance
Décès
Nationalité
Activités
Représenté par
Galerie Ariel (d), Galerie Guigon (d)
Site web

Biographie

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Né en 1924 à Paris, Roger-Edgar Gillet suit les cours de gravure en médaille de l'École Boulle de 1939 à 1943, fréquentant également, afin d'éviter le Service du travail obligatoire, les cours de Maurice Brianchon à l'École nationale supérieure des arts décoratifs[1]. Puis il enseigne à l'Académie Julian[2] de 1946 à 1948, où il rencontre Thérèse qui deviendra son épouse.

Il œuvre dans un premier temps dans une esthétique abstraite. Il participe à plusieurs expositions organisées par les critiques Michel Tapié et Charles Estienne. Il est alors associé à l'abstraction lyrique européenne, aussi dénommée art informel ou Nouvelle École de Paris avec des peintres comme Georges Mathieu, Pierre Alechinsky, Jean Messagier, Serge Poliakoff, Jean-Paul Riopelle, Jean Fautrier, Hans Hartung ou Zao Wou-Ki

Il présente sa première exposition personnelle en 1953 à la galerie Craven, à Paris. En 1954, il reçoit le prix Fénéon, puis à la suite d'une exposition à la galerie de France, il obtient le prix Catherwood et part aux États-Unis. À son retour, il expose à la galerie Ariel. En 1957, il rejoint la Galerie de France avec d’autres jeunes peintres (Alechinsky, Levée, Maryan) et y a trois expositions personnelles en 1959, 1961 et 1963. S’éloignant de l'abstraction il quitte la Galerie de France et retrouve la galerie Ariel de son ami Jean Pollack. Celui-ci affirme clairement la ligne de sa galerie, notamment avec l'exposition « 15 peintres de ma génération » en 1964. Ces peintres sont des amis de Gillet, surtout Albert Bitran, Jacques Doucet, André Marfaing, Maryan, Jean Messagier, Paul Rebeyrolle

Au milieu des années 1960, Roger-Edgar Gillet se tourne vers la figuration, et l'humanité devient le sujet central de son œuvre. Sa production se présente clairement sous forme de séries : Les Poux, Les Juges, Les Bigotes, Marilyn, Les Musiciens, Les Mutants… Par ailleurs, il n'hésite pas à citer des thèmes de la peinture religieuse tels que La Cène ou la Crucifixion. Il traite également le paysage, par ses Villes et ses Marines.

Esthétiquement, Gillet a des affinités avec Goya et le flamand James Ensor. Il peut être rattaché à la nouvelle figuration et au courant expressionniste.

Il fait partie du comité de sélection du Salon de mai avec lequel il se rend à Cuba en 1967 et participe à la réalisation d'une fresque collective à La Havane.

Dans les années 1970, il vit près de Sens dans l'Yonne, avec sa femme et ses quatre enfants. Il partagera ensuite sa vie entre Paris et Saint-Suliac, près de Saint-Malo. Il est membre du comité d'honneur de la Maison internationale des poètes et des écrivains de Saint-Malo[3].

Gillet cesse de peindre en 1998. Il meurt d'un cancer en 2004 à Saint-Suliac[4]. Ses cendres sont dispersées à Paris dans le jardin du souvenir du cimetière du Père-Lachaise[4].

Réception critique

  • « Une peinture lyrique sachant se maintenir dans une gamme chromatique limitée. Projection tourbillonnaire avec des effets puissants des rouges, des noirs, des blancs dans l'ensemble des ocres. » - Michel Seuphor[5]
  • « Gillet est un des meilleurs représentants d'une tendance qui apparaît dans la peinture abstraite avec une certaine netteté depuis quelques années et que l'on peut qualifier d'anthropomorphique… Dans la peinture de Gillet, les formes sont généralement groupées autour d'un axe parfois situé au milieu du tableau et qui constitue l'équivalent d'une colonne vertébrale. Des cercles mêlés à de grosses barres reconstituent ce mélange de courbes et de droites dont est fait le corps humain. Certaines barres ressemblent à des pattes ou à des bras et des jambes. "Je voudrais, dit Gillet, que ma morphologie picturale fonctionnât aussi bien que le corps humain". Mais il n'a pas l'intention de reproduire celui-ci. Il pense, au contraire, que ses personnages sont aussi différents de l'homme actuel que le seront peut-être les hommes futurs dont il se peut qu'ils soient une préfiguration. » - Revue Connaissance des arts[6]
  • « On assure qu'une figuration véhémente et dénonciatrice se lisait en filigrane dans les toiles de Roger-Edgar Gillet au temps de son abstraction lyrique. Bien qu'il y eût excellé, et il ne renie rien de cette époque, il s'en est dégagé. Il en dégage plutôt un message qu'il veut transmettre en clair, en jetant à la face de ses victimes, spécimens choisis de notre pauvre humanité, leur propre image, mais si expressive en son abjection, qu'elles de refusent à la voir. Il n'en laisse rien au bénéfice du doute, y compris les titres ou étiquettes de ses tableaux. Identifications cette fois peut-être superflues : bonnes sœurs, curé, pape, bigotes. Anticléricalisme vulgaire, dira-t-on. Il le serait s'il n'était sublimé en quelque sorte par la furia du peintre et la richesse de la peinture. Toute la vilenie des âmes haineuses éclate en pleine pâte dans Témoin de moralité : une vieille fille déposant à la barre. La vraie nature de Bernadette risque de scandaliser les bien-pensants et même les incroyants - moins sans doute qu'un pape emmitouflé de crème fouettée ou encore un Pape en fuite juché sur sa monture, mitre blanche en tête, au cœur d'une toile immense toute grouillante d'une foule de spectateurs et d'une interminable procession de suiveurs. » - Jean-Marie Dunoyer[7]
  • « Un ton singulier caractérise l'œuvre de Roger-Edgar Gillet. Passée d'une abstraction matiériste à une figuration suggestive, non loin en certaines occasions du fantastique d'Ensor, elle dévide une agressivité rentrée, hantée par des démons familiers : personnages tragicomiques, à la fois insolents et timides, qui sous leurs défroques dérisoires habitent des lieux animés d'une subtile turbulence. Les couleurs sont fines, choisies, l'œuvre a de l'allure, sans exaspération. » - Gérard Xuriguera[8]
  • « en 1987, on a pu voir au Centre national des arts plastiques à Paris le cheminement de Gillet, de l'abstraction lyrique, au début des années 1960, jusqu'aux dernières créations, les Mutants, les Tempêtes et les Bateaux ivres, traitées dans une figuration véhémente, en passant par les prelières Figures voilées (vers 1962) et les architectures imaginaires des années 1970. Par la qualité de sa touche et l'harmonie crépusculaire de ses tons sable et terre de Sienne, l'œuvre de Roger-Edgar Gillet mérite l'attention des amoureux de la peinture. » - Gérald Schurr[9]
  • « Le paradoxe tient à ce que ce colosse blessé, plutôt débonnaire et toujours amical, n'imagine le monde que peuplé de mutants et de nains sans visages, voit dans la fille allongée sous le soleil le cadavre en sursis et dans le cadavre avéré un objet comme un autre, tous aptes à capter avec grâce les effets de la lumière, parce qu'il peut à la fin transmuter son dégoût blasé en gemmes dorées. » - Jacques Busse[10]
  • « Ses compositions rigoureuses et austères cèdent sous la pression d'un univers balbutiant. De l'informe naît la forme. Un étrande théâtre naît. Les Nains, les Bigotes et les Juges, les Musiciens, les Gens d'église, les Prisons et les Villes précèdent la Marche des oubliés et les Tempêtes. Indépendant, il construit son œuvre. Sa vision est lucide. La peinture est la plus forte face à l'hypocrisie. Il a décillé les yeux de ses contemporains en étant profondément peintre. » - Lydia Harambourg[11]

Récompenses

Œuvres

Collections publiques

Belgique
Brésil
France
Norvège
République de Macédoine

Collections privées

Contributions bibliophiliques

  • Emmanuel Looten, Meurtre sacral, quatre compositions et une lithographie originale de Roger-Edgar Gillet, 150 exemplaires numérotés, Éditions Michel Tapié, 1953.
  • Salah Stétié, La nymphe des rats, poèmes enrichis de 12 gravures de Roger-Edgar Gillet, Saint-Malo, 1964.
  • Lydia Harambourg, Les Oubliés de l'Arche, 21 gravures de Roger-Edgar Gillet, 1999[21].

Expositions et salons

Roger-Edgar Gillet a eu environ une centaine d'expositions personnelles et a participé à quelque 200 expositions collectives.

Salons

Postérité et hommages

  • L'association Le fond Roger-Edgar Gillet se charge d'établir le catalogue raisonné de l'œuvre du peintre et présente son art sur un site Internet[44].
  • Une rue de la ville de Sens porte le nom de Roger-Edgar Gillet.
  • La commune de Saint-Suliac a donné le nom de Roger Edgar Gillet a la salle des associations en .

Notes et références

  1. Bernard Dorival, Les peintres du XXe siècle du cubisme à l'abstraction, 1914-1957, Éditions Pierre Tismé, 1957, p. 157.
  2. (en) « Roger-Edgar Gillet », extrait de la notice dans le dictionnaire Bénézit , sur Oxford Art Online, (ISBN 9780199773787).
  3. Dodik Jégou et Christophe Penot, La Maison internationale des poètes et des écrivains, Saint-Malo, Éditions Cristel, 2002, 57 p. (ISBN 2-84421-023-6).
  4. « Roger-Edgar Gillet, une peinture charnue, sarcastique, ample », sur Le Monde.fr (consulté le ).
  5. Michel Seuphor, Dictionnaaire de la peinture abstraite, Hazan, 1957.
  6. « Au corant des arts : les recherches de Gillet pour fixer les images du monde futur », Connaissance des arts, no 84, , p. 19.
  7. Pierre Mazars, Jean-Marie Dunoyer, Jean Selz, L'année de la peinture, Calmann-Lévy, 1980, p. 220.
  8. Gérard Xuriguera, Regard sur la peinture contemporaine, Arted, 1983, p. 129.
  9. Gérald Schurr, Le guidargus de la peinture, Les Éditions de l'Amateur, 1996, pp. 361-362.
  10. Jacques Busse, « Roger-Edgar Gillet », Dictionnaire Bénézit, Gründ, 1999, vol.6, pp. 121-122.
  11. Lydia Harambourg, « Disparition de Roger-Edgar Gillet », La Gazette de l'Hôtel Drouot, .
  12. Musées royaux des beaux-arts de Belgique, Roger-Edgar Gillet dans les collections.
  13. Halle Saint-Pierre, L'esprit sigulier - Collection de l'abbaye d'Auberive, 2006.
  14. Palais des beaux-arts de Lille, Roger-Edgar Gillet dans les collections.
  15. Musée d'art moderne de la ville de Paris, "Un tas de gens" de Roger-Edgar Gillet dans les collections.
  16. Musée d'art moderne de la ville de Paris, "Composition" de Roger-Edgar Gillet dans les collections.
  17. Voir sur le site du MNAM.
  18. Musée des beaux-arts de Rennes, Roger-Edgar Gillet dans les collections.
  19. Nasjonalmuseet, Roger-Edgar Gillet dans les collections.
  20. Sylvain Lecombre, La collection française du Musée d'art contemporain de Skopje, Skopje, Éditions Magor, 2015.
  21. Site internet R.E. Gillet.
  22. Waldemar George (préface), La Marseillaise de la Libération - Catalogue, éditions de la Galerie Roux-Hentschel, 1945.
  23. « Inaugurada la exposicion de Saura y Gillet en Bilbao », La Tribuna Vasca, 1983.
  24. Francis Parent, Enbtendre l'écrit - Recueil de textes critiques, E.C. Éditions, 1999, pp. 163-164.
  25. Site internet R.E. Gillet.
  26. « Dans son art, Gillet chez lui », Expo Revue, 1999.
  27. « Roger-Edgar Gillet : Tempêtes à la Galerie Guigon », Artsixmic, octobre 2012.
  28. Jean-Marc Lebeaupin, « Roger-Edgar Gillet, les années abstraites, 1951-1962 », ArtsixMic, 15 février 2017.
  29. Marie Maertens, « Redécouvrir Roger-Edgar Gillet à la Galerie Guigon », Connaissance des arts, 9 mars 2017.
  30. Site du Sénat, L'envolée lyrique - Paris, 1945-1956, présentation de l'exposition, 2006.
  31. Un regard.
  32. Le Bellevue, L'océan, présentation de l'exposition, 2010
  33. Henri Nicolai, « Un été avec quatre maîtres de la peinture expressionniste du XXe siècle », Corse-Matin, 27 juin 2011.
  34. Conseil général d'Aix-en-Provence, À la découverte du musée Estrine de Gleizes à Baselitz, présentation de l'exposition, 2012.
  35. Fondation Taylor, Genèse, présentation de l'exposition, 2014.
  36. Patrice Gagnant, « Gillet sous le feu des regards », Le Progrès, 13 juillet 2014.
  37. Let's motive magazine, Every Body, présentation de l'exposition, 2016.
  38. « Roger-Edgar Gillet (1924-2004) - Exercices de survie », Sortir - Hauts-de-France, 6 juin 2017.
  39. Rouen Tourisme, Exposition Galerie Duchoze, 2017
  40. Galerie Marie-Robin, Dessins de nus, des abstractions de 1930 à 1950, présentation de l'exposition, 2018.
  41. Galerie Ories, Roger-Edgar Gillet - Vagues à l'âme, présentation de l'exposition, 2018.
  42. « Événement - Maison des jeunes et de la culture Lillebonne Saint-Epvre : Dessin, libertés », Nancy curieux, mai 2019
  43. « Dessin, libertés », L'Est républicain, .
  44. Site internet R.E. Gillet.

Annexes

Monographies et entretiens

  • Jean Grenier, Gillet, Paris, Éditions Galerie de France/Imprimerie du Compagnonnage, 1960.
  • Jean-Jacques Lévêque, Roger-Edgar Gillet ou le surgissement du réel, Éditions Galerie des Arts, 1968.
  • Jean Grenier, Lucien Curzi, Charles Estienne, Max-Pol Fouchet, Georges Boudaille, Guy Marester, Roger-Edgar Gillet, Paris, édition J-F Guyot, 1980.
  • P. Cayez et Stéphane Janssen, Roger-Edgar Gillet - La marche des oubliés, Paris, Éditions Galerie Ariel, 1981.
  • Lucien Curzi, R.-E. Gillet, Paris, Éditions Galerie Ariel, 1988.
  • Philippe Curval, Gillet, Les Éditions de l'Amateur, 1994.
  • Roger-Edgar Gillet, Journal, Éditions Henry Bussière Art's, 1995.
  • Georges Boudaille, Roger-Edgar Gillet, Jean-Claude Lethiais et René Robinet, Roger-Edgar Gillet, Éditions de la ville de Bonneval, 2002.
  • Frédéric Hallier, Robert Rocca et Jean-Claude Vollot, Humanités - Roger-Edgar Gillet, Stani Nitkowski, Paul Rebeyrolle, Paris, Centre d'art contemporain de l'abbaye d'Auberive, .
  • La Matière et le geste, interview d'Alexis Pelletier en 1998, galerie Guigon, 2006.
  • Jean Pollac, Roger-Edgar Gillet, Paris, Éditions Galerie 53, 2010.
  • Sylvain Lecombre, La collection française du Musée d'art contemporain de Skopje, Skopje, Éditions Magor, 2015.
  • « Redécouvrir Roger-Edgar Gillet », Connaissance des arts, no 757, .
  • Patrick Descamps, Roger-Edgar Gillet (1924-2004) - Exercices de survie, Bergues, Éditions du Musée du Mont-de-Piété, 2017.

Articles et préfaces

De nombreux critiques, écrivains ou peintres ont écrit sur Gillet[réf. nécessaire] : Michel Tapié, Denys Chevalier, Pierre Alechinsky, Yvon Taillandier, Jean-Jacques Levêque, Michel Nuridsany, Gaston Diehl, Harry Bellet, Henri-François Debailleux, Patrick-Gilles Persin.

Varia

Filmographie

  • On lui permet de faire ça ?, de Gérard Sanas, FR3, 1981.

Liens externes

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