Roger Hanin

Roger Hanin est un acteur, réalisateur, producteur et écrivain français né le à Alger et mort le à Paris[1].

Pour les articles homonymes, voir Lévy et Hanin.

Roger Hanin
Roger Hanin au festival de Cannes 1997.
Nom de naissance Roger Paul Jacob Lévy
Surnom Antoine Flachot
Le nouveau Gorille
Naissance
Alger, Algérie
Nationalité Française
Décès (à 89 ans)
Paris 15e, France
Profession Acteur
Réalisateur
Producteur
Écrivain
Films notables Le Coup de sirocco
Le Grand Pardon
Le Grand Carnaval
Trilogie marseillaise
Séries notables Navarro
Maître Da Costa

Biographie

Famille et enfance

Né Roger-Paul Levy[2], il est le quatrième des cinq enfants de Joseph Lévy (1894-1960), fils de Salomon Lévy et Messaouda Guedj, et de Victorine Hanin (1891-1988), fille de Meyer Hanin et Rachael Azoulay[3],[4], famille juive modeste dans la basse casbah d'Alger[5] où il grandit au 25 de la rue Marengo avant que sa famille s'installe à Bab El Oued[6], rue Mizon.

Son arrière-grand-père Joseph Lévy était marchand d’étoffes, son grand-père Salomon Lévy était rabbin et employé de mairie, et son père fonctionnaire des PTT qui épousa une de ses collègues de travail, Victorine Hanin[7].

Converti au catholicisme à l’occasion de son mariage avec la productrice Christine Gouze-Rénal[8], l'acteur se définit lui-même ainsi : « Mon vrai nom, c'est Lévy. Mon père s'appelle Joseph Lévy. Ma mère Victorine Hanin. À l'origine, c'était Ben Hanine. C'est une fille Azoulay. Je suis 100 % kasher sur le plan génétique. Je suis fils de communiste et petit-fils de rabbin. Je me sens très juif[9],[10]. »

Il raconte que son père était un militant « nudiste » et qu'il emmenait ses filles nues à la plage, ce qui provoquait un scandale à l'époque[11]. À la suite d'une maladie infantile, il doit pratiquer des disciplines sportives et deviendra première série de ping-pong et champion de France de basket-ball militaire interarmes[12].

Formation et débuts

Renvoyé du lycée Bugeaud à cause des lois antisémites de Vichy qui imposent un numerus clausus en Algérie pour les élèves juifs dès 1941[13], Roger Hanin est finalement réintégré car son père, ancien combattant, est mutilé et invalide de guerre à 60 %[14]. Il entame ensuite des études de pharmacie à la faculté mixte de médecine et de pharmacie d'Alger[7].

Après l'obtention d'une bourse pour ses bons résultats, il poursuit ses études de pharmacie à Paris en [15]. En fin d'année, alors qu'il se rend à la faculté de pharmacie, un ami décorateur lui propose de faire de la figuration théâtrale dans une pièce pour laquelle il a conçu les décors[16]. Enthousiasmé par cette expérience, il s'inscrit aux cours d'art dramatique de René Simon et Michel Vitold, prend des cours de diction pour perdre son accent pied-noir[16] et se tourne vers le métier d'acteur. Il tient des petits rôles au théâtre et, à partir de 1952, au cinéma, prenant pour nom de scène celui de sa mère, Hanin[17]. Il adoptera officiellement ce patronyme le 14 octobre 1965[réf. nécessaire].

Carrière

Avec sa carrure massive du joueur de basket qu'il fut dans sa jeunesse, Roger Hanin est d'abord cantonné dans des rôles de durs. Il obtient une certaine notoriété grâce au film La Valse du Gorille en 1959 mais se lasse de ces rôles stéréotypés.

C'est grâce à Alexandre Arcady, réalisateur du film Le Coup de sirocco à la fin des années 1970, qu'il devient un acteur populaire. Avec Le Grand Pardon et Le Grand Carnaval, du même réalisateur, au début des années 1980, il peut donner toute la mesure de son « identité pied-noir » et entrer en bonne place dans le box-office[18].

Ensuite, il réalise deux films notables, Train d'enfer et La Rumba, puis il connaît la consécration à la télévision avec son rôle du commissaire Navarro créé par Tito Topin. Ce sera son rôle le plus célèbre. Il percevait trois millions de francs pour chaque épisode, record jamais égalé pour la télévision française[19]. Le premier épisode de cette série télévisée, diffusé sur TF1, date d'. Le dernier tournage de Brigade Navarro a lieu le .

Le , il annonce sur l'antenne de RTL qu'il met un terme à sa carrière d'acteur[20] : « Je ne tournerai plus, je ne veux plus être acteur. » Il ajoute :

« Il n'y a ni amertume ni nostalgie. J'ai fait mon tour, comme on dit. J'ai terminé. J'ai eu une carrière mirifique au sens littéral du terme. J'ai joué Othello, Macbeth, tous les grands auteurs, Pirandello, Beckett, Claudel, j'ai joué des grands rôles, je ne vais pas me mettre à bégayer. J'ai un grand projet : je vais vivre ! Sortir dans les grands restaurants, faire des voyages, lire, écrire, profiter du pognon que j'ai amassé sans avoir le temps de le dépenser jusqu'à maintenant. J'entre dans l'antichambre du paradis[20]. »

En , il est victime d'un accident vasculaire cérébral en pleine rue à Saint-Tropez[21]. En raison de la dégradation de son état de santé, il est, à sa demande, placé sous curatelle de sa fille en 2011[22].

Mort

Hospitalisé depuis le à l'hôpital Georges-Pompidou à Paris, Roger Hanin y meurt trois jours plus tard à l'âge de 89 ans, à la suite d’une insuffisance respiratoire[23].

Le , une cérémonie religieuse a lieu à la synagogue Buffault (le lieu même où ont été tournées plusieurs scènes du film Le Grand Pardon en 1981) dans le 9e arrondissement de Paris, en présence de nombreuses personnalités du cinéma et de la télévision[24].

Il est inhumé le dans le carré juif du cimetière israélite de Saint-Eugène (Bologhine), à Alger, où repose déjà son père[25],[26],[27], selon le souhait de sa famille, un retour sur sa terre natale.

Vie privée et engagements politiques

De son premier mariage avec Lisette Barucq, Roger Hanin a une fille, Isabelle Hanin[28].

Le , il devient beau-frère par alliance de François Mitterrand par son mariage en secondes noces[7] avec Christine Gouze-Rénal, sœur de Danielle Mitterrand. Il est l'un des intimes de François Mitterrand qui fut témoin à son mariage[29].

En , à la demande de François Mitterrand, Roger Hanin se présente à Asnières aux élections législatives au nom de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste et parvient à mettre en ballottage un ministre du gouvernement, Albin Chalandon[30].

En 1990, il est attaqué en justice par Jean-Marie Le Pen, après avoir traité le président du Front national de « véritable nazi ». Mis en examen pour diffamation, l'acteur est finalement relaxé[31].

Après la mort de François Mitterrand, il s'oppose aux nouveaux dirigeants du Parti socialiste et adhère au Parti communiste français, au service duquel il met sa notoriété. En 2007, il déclare vouloir voter pour le PCF à l'élection présidentielle. Le , il déclare qu'il votera au second tour pour Nicolas Sarkozy, qu'il estime être « un homme de gauche ». De plus, il est selon lui révolutionnaire « d'élire un président de la République, petit-fils d'immigré hongrois »[32]. Son engagement en faveur de Nicolas Sarkozy déçoit de nombreux militants de gauche, dont certains de sa génération.

Après la mort de Christine Gouze-Rénal en 2002, il retrouve l'amour de 2004 à 2011 auprès de la pianiste Agnès Berdugo, rencontrée lors d’un récital à Quiberon dont il est un hôte régulier du Centre de thalassothérapie[33].

Membre du comité d'honneur de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD)[34], il cosigne en 2009 un texte réclamant la dépénalisation de l'euthanasie[35]. À la même époque, il reconnaît un enfant adultérin, David Greenwald (né en 1989)[36].

Alors qu'il est sous curatelle, fin 2013, l'acteur demande en justice aux fils de l'ancien président de la république, Gilbert et Jean-Christophe Mitterrand, le remboursement de 300 000 euros qu'il a prêtés à Danielle Mitterrand pour payer la caution de son fils Jean-Christophe dans l'affaire de l'Angolagate[37]. Il est débouté de sa demande en 2014[38]. Reclus dans son appartement du 16e arrondissement de Paris dans les derniers mois de sa vie, il est victime de fréquents troubles de la mémoire, incapable de marcher et presque sourd[36].

Théâtre

Filmographie

Cinéma

Téléfilms
Séries télévisées

Cinéma

Télévision

En tant que producteur

  • 1978-1979 : Il était un musicien : 7 épisodes

Écrits

Romans

  • L'Ours en lambeaux, éd. Encre, 1983
  • Le Voyage d'Arsène, éd. Grasset, 1985
  • Les Gants blancs d'Alexandre, éd. Grasset 1994
  • Les Sanglots de la fête, éd. Grasset 1996
  • L'Hôtel de la Vieille Lune, éd. Grasset 1998
  • Dentelles, éd. Grasset, 2000
  • Lettre à un ami mystérieux, éd. Grasset, 2001
  • Gustav, éd. Grasset, 2003
  • L'Horizon, éd. Grasset, 2005
  • Loin de Kharkov, éd. Grasset, 2007
  • Carnet de survie, éd. Balland 2009

Théâtre

  • Une femme parfaite, éd. L'Avant-scène théâtre, 2004

Distinctions

En 2000, lors du festival du film français d'Alger, Roger Hanin est honoré par le président de la République algérien Abdelaziz Bouteflika qui lui décerne la médaille Athir, la plus haute distinction algérienne[41].

Récompenses

Notes et références

  1. L'acteur français Roger Hanin, interprète de Navarro, est mort à l'âge de 89 ans sur France Télévisions, 11 février 2015.
  2. Fiche de Roger Hanin, Who's Who.
  3. Luc Antonini, Généalogie de Roger Hanin, Généalogie Magazine No 302, 19 novembre 2010, p. 15.
  4. Corinne Krebs, Roger Hanin. Quelle vie !, Chêne, , p. 6.
  5. Eric Fottorino, Mille et un soleils, éd. Stock, 1995, p. 204.
  6. Le Divan d'Henry Chapier, FR3, 28 octobre 1998, extrait en ligne sur le site de l'INA.
  7. Jacques Lafitte et Stephen Taylor, Qui est qui en France, J. Lafitte, , p. 814.
  8. « Roger Hanin est de retour à Alger, sa ville natale...pour l'éternité », Joel Chatreau, Euronews.com, 11 février 2015.
  9. Actualité juive, 4 décembre 1987.
  10. Corinne Krebs, Roger Hanin. Quelle vie !, Chêne, , p. 15.
  11. Roger Hanin, L'Ours en lambeaux, Encre, , p. 38.
  12. Roger Hanin, L'Ours en lambeaux, Encre, , p. 25
  13. cf. Jacques Cantier, Algérie sous le régime de Vichy, éd. Odile Jacob, 2013, p. 133 ; Claude Singer, Vichy, l’Université et le juifs, éd. Belles Lettres, 1992, p. 167-168 ; Roger Hanin, L'Ours en lambeaux, éd. Encre, 1983, p. 12-13.
  14. Roger Hanin, L'Ours en lambeaux, Encre, , p. 15.
  15. René Mayer, Français d'Afrique du Nord, René Mayer, , p. 32
  16. Corinne Krebs, Roger Hanin. Quelle vie !, Chêne, , p. 21.
  17. Thomas Sotinel, « L'acteur Roger Hanin est mort », sur Le Monde.fr, .
  18. Corinne Krebs, Roger Hanin. Quelle vie !, Chêne, , p. 82-86.
  19. Hermance Murgue, « Navarro plus riche que Julie Lescaut », L'Express.fr, 15 avril 2013.
  20. laliberte.ch
  21. « Roger Hanin : hospitalisé une semaine pour son AVC » Voici.fr, 15 novembre 2009.
  22. « Roger Hanin est mort », Le Journal du dimanche', 11 février 2015.
  23. « Mort de Roger Hanin, à l'âge de 89 ans », BFM TV.com.
  24. Marie-France Chatrier, « L'Hommage religieux à Roger Hanin », sur parismatch.com, .
  25. « Roger Hanin a été enterré dans un cimetière juif d’Alger », sur Le Figaro.fr, .
  26. « Roger Hanin inhumé à Alger », La Dépêche du Midi.fr, 13 février 2015.
  27. Roger Hanin est inhumé le , près de son père, dans le carré 12.
  28. Corinne Krebs, Roger Hanin. Quelle vie !, Chêne, , p. 23
  29. « Mort de l'acteur français Roger Hanin à l'âge de 89 ans », sur 20 Minutes, .
  30. Corinne Krebs, Roger Hanin. Quelle vie !, Chêne, , p. 188.
  31. « Mort de Roger Hanin, le "beau-frère" et le commissaire », Le Monde.fr, 11 février 2015.
  32. « Roger Hanin votera pour Nicolas Sarkozy », Le Nouvel Observateur, 6 février 2007.
  33. François Labrouillère, « Hanin présente l'addition », sur Paris Match.com, .
  34. « Comité d'honneur » sur le site de l'ADMD.
  35. « Un médecin plaide pour la liberté de choisir sa mort dans un livre » Le Nouvel Observateur.com, 18 février 2009.
  36. « Roger Hanin, le commissaire Navarro a passé l'arme à gauche », sur Le Point.fr, .
  37. « Roger Hanin réclame 300 000 euros aux Mitterrand », sur Le Parisien, .
  38. « Hanin contre Mitterrand : l'acteur débouté de sa demande de remboursement », sur Le Parisien,
  39. Jack Roffey sur data.bnf.fr
  40. Gordon Harbord sur data.bnf.fr
  41. Florence Aubenas, « Abdelaziz Bouteflika fait son cinéma à Alger », sur liberation.fr, .
  42. « 14th Moscow International Film Festival (1985) » [archive du ], MIFF (consulté le )
  43. Biographie.

Voir aussi

Bibliographie

  • Christian Berger, « Nécrologie des personnalités disparues en 2015 : Roger Hanin », L'Annuel du Cinéma 2016, éd. Les Fiches du cinéma, Paris, 2016, 780 p., p. 757, (ISBN 978-2-902-51627-8)

Documentaire

Liens externes

  • Portail du cinéma français
  • Portail des séries télévisées
  • Portail du théâtre
  • Portail de la réalisation audiovisuelle
  • Portail de la politique française
  • Portail de l’écriture
  • Portail de la culture juive et du judaïsme
  • Portail de l’Algérie
  • Portail de la télévision française
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.