Roy Lichtenstein

Roy Lichtenstein, né le à Manhattan (New York), où il est mort le , est un des artistes les plus importants du mouvement pop art américain. Ses œuvres s'inspirent fortement de la publicité et de l'imagerie populaire de son époque, ainsi que des bandes dessinées comics »). Il décrit lui-même son style comme étant « aussi artificiel que possible ».

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Roy Lichtenstein
Roy Lichtenstein en 1967 devant son tableau Whaam!
Naissance
Décès

New York, NY
Nom de naissance
Roy Fox Lichtenstein
Pseudonyme
Lichtenstein, Roy Fox
Nationalité
Activité
Formation
Maîtres
Lieux de travail
Mouvement
Conjoints
Isabel Sarisky (d) (de à )
Dorothy Lichtenstein (d) (depuis )
Enfant
Distinctions
Œuvres principales

Biographie

Les débuts

Roy Lichtenstein est né le au Flower Hospital de Manhattan[1] d'une famille juive de la classe moyenne supérieure. Sa mère, Beatrice Werner, une pianiste accomplie, née à la Nouvelle-Orléans, est femme au foyer. Son père Milton Lichtenstein, né en 1893 à Brooklyn, est agent immobilier[1].

Il fréquente l'école publique jusqu'à l'âge de douze ans, puis entre à la Franklin School for Boys de Manhattan pour y suivre des études secondaires. Son école ne propose pas de cours d'art et c'est pendant ses loisirs qu'il commence à s'intéresser à l'art et au design. Fan inconditionnel de jazz, il assiste souvent aux concerts donnés à l'Apollo Theater de Harlem, où il fait le portrait des musiciens pendant leurs performances. En 1939, à l'issue de sa dernière année de lycée, il s'inscrit aux cours d'été de la Art Students League of New York, dirigés par le professeur Reginald Marsh. En , Lichtenstein quitte New York pour s'inscrire à l'université d'État de l'Ohio (OSU), qui propose des cours en atelier et un diplôme de beaux-arts. Il doit interrompre ses études pendant trois ans pour servir dans l'armée pendant et après la Seconde Guerre mondiale, de 1943 à 1946. Envoyé en Angleterre en , il en profite pour voir des expositions à Londres. Il arrive en France en janvier 1945 et passera avec son unité par la Belgique, l'Allemagne et le Luxembourg. Il continue à peindre et à dessiner durant cette période.

En il vient à Paris et étudie le français. En décembre, il est rapatrié aux États-Unis où son père est gravement malade. Celui-ci meurt début et Roy est alors libéré de ses obligations militaires et bénéficie de la G.I. Bill, qui finance ses études universitaires. Il reprend ses études et enseigne le dessin à l'université de l'Ohio. Il est généralement admis que l'un de ses professeurs de l'époque, Hoyt L. Sherman, a exercé une grande influence sur son œuvre future (ainsi, Lichtenstein a baptisé « Hoyt L. Sherman Studio Art Center » un atelier qu'il a fondé au sein de l'OSU en 1995).

Le il se marie avec Isabel Wilson. La même année, après avoir obtenu son diplôme, Lichtenstein est engagé comme professeur, poste qu'il occupera épisodiquement pendant dix ans. La première exposition à lui être exclusivement consacrée a lieu au Canada en 1951.

Il déménage à Cleveland en 1951, où il habite pendant six ans, mais il se rend encore fréquemment à New York[1]. Entre deux périodes de production artistique, il exerce alors des métiers variés, de dessinateur à décorateur de vitrines. À cette époque, son travail oscille entre cubisme et expressionnisme. En 1954 naît son premier fils, David Hoyt Lichtenstein, puis son deuxième, Mitchell Lichtenstein, en 1956.

En 1957, il déménage dans le nord de l'État de New York où il recommence à enseigner à l'université d'État de New York à Oswego[1]. C'est à cette époque qu'il s'intéresse à l'expressionnisme abstrait, style qu'il a mis du temps à apprécier.

Carrière

Brushstroke (1996), sculpture de Roy Lichtenstein, au musée Reina Sofía de Madrid.
Barcelona Head, (1991-1992), sculpture, Barcelone.

En 1960, il commence à enseigner à l'université Rutgers, dans le New Jersey où il s'installe. Il y est très influencé par Allan Kaprow, qui y enseigne lui aussi. C'est dans cet environnement qu'il s'intéresse à nouveau à l'imagerie proto-pop, au contact de Kaprow, Claes Oldenburg, Lucas Samaras et George Segal. En 1961, il fait ses premiers tableaux pop en reprenant des images de dessins animés et avec des techniques inspirées par l'aspect qu'ont les publicités commerciales. Cette phase, pendant laquelle il réutilise l'imagerie commerciale suggérant le consumérisme et le fait-maison dure jusqu'en 1965.

Sa première œuvre de grande taille représentant un personnage aux contours soulignés et utilisant les points de trame est Look Mickey (1961, National Gallery of Art, Washington, D.C.), qui résulte d'un défi lancé par un de ses fils qui feuilletait un album de Mickey et qui aurait dit : « Je parie que tu n'es pas capable de peindre aussi bien que ça, hein, papa ? » La même année, il réalise six autres tableaux mettant en scène des personnages d'emballages de chewing gums et de BD[2]. En 1961, Leo Castelli commence à exposer ses œuvres dans sa galerie à New York, et Lichtenstein réalise sa première exposition individuelle en 1962. Tous les tableaux sont achetés par des collectionneurs influents avant même qu'elle ne soit inaugurée[3], alors que Léo Castelli refuse par ailleurs le travail d'Andy Warhol. Cette même année, Roy Lichtenstein commence à utiliser une peinture acrylique qui se dilue à la térébenthine (Magna), et continue à utiliser l'huile pour les points de trame de style Benday. Ses toiles s'inspirent, entre autres, du travail de Matisse[4].

En 1963, Lichtenstein demande un congé de son poste au Douglass College de Rutgers. Lui et sa femme Isabel se séparent (ils divorceront en 1965) et il s'installe de nouveau à New York pour être au cœur de la scène artistique. Ces œuvres font l'objet de nombreuses expositions et il commence à être très connu, non seulement aux États-Unis mais dans le monde entier. Il commence une série de toiles inspirée de bandes dessinées de DC Comics comme Girls' Romances et Secret Hearts (dont fait partie une de ses toiles les plus célèbres, Drowning Girl, inspirée de Run for Love! - MoMA, New York[5]). Plusieurs fois il s'inspire de séries dessinées par Mike Sekowsky comme le tableau It Is... With Me!, peint en 1963, Mad Scientist, peint en 1963, et Eccentric Mad Scientist, de 1965, tous deux inspirés par le douzième numéro de Justice League of America[6]. Les traits sont épais, les couleurs franches et Roy met au point une technique de masque pour produire les points de trame (une de ses spécificités) de façon presque mécanique et engage un assistant pour ce faire.

Modeste, il déclare : « Je pense que mon travail est différent de la bande dessinée, mais je n'appellerais pas ça une « transformation » ; quoi qu'il signifie, je ne pense pas que ce soit important pour l'art »[7]. Quand ses premières œuvres sont présentées, nombreux sont les critiques d'art qui contestent leur originalité. À cela, Lichtenstein répond : « Plus mon travail est fidèle à l'original, plus il est critique et lourd de sens ».

Sa toile la plus célèbre est Whaam! (1963, Tate Modern, Londres), inspirée d'une BD de DC Comics, All-American Men of War. La peinture de grande taille (1,7 m × m) présente un avion de combat tirant une roquette sur un avion ennemi, dans une explosion jaune et rouge marquée par l'onomatopée « Whaam! ». En 1965, il aborde sa série Coup de pinceau, toujours selon la même technique, représentation de traits peints au pinceau et clin d’œil à l'expressionnisme abstrait.

En 1968, il peint Châssis, qui représente l'arrière du tableau lui-même, début d'une série. La même année, Roy Lichtenstein se marie avec Dorothy Herzka, avec qui il restera jusqu'à sa mort. En 1971, il entreprend sa série Entablements où il peint des frises et des moulures ornementales. L'année suivante ce sont les Natures mortes pour lesquelles il recourt pour la première fois à des bandes diagonales au lieu des trames de points. En 1973, Lichtenstein commence une série de natures mortes en trompe-l'œil de style cubiste, puis à l'automne, il commence la série Artist's Studio, des compositions dans lesquelles il incorpore des éléments de son travail passé des années 1960. Artist's Studio—Look Mickey (en) (1973, Walker Art Center, Minneapolis)[8] en est l'exemple le plus notable, avec un rappel de cinq de ses œuvres.

En 1979, Roy Lichtenstein est élu membre de l'American Academy of Arts and Sciences.

BMW Art car Lichtenstein 1977 (BMW 320i des 24 Heures du Mans 1977 pour le pilote Hervé Poulain).

Roy Lichtenstein a aussi créé des sculptures, en métal et en plastique, dont quelques-unes sont installées sur la voie publique comme Lamp (1978, St. Marys, Géorgie)[9] ou Barcelona Head, une sculpture inspirée par Gaudí[10], réalisée pour les Jeux olympiques d'été de 1992 de Barcelone.

En 1989, sa toile Torpedo...Los! est vendue par Christie's pour 5,5 millions de dollars, un record à l'époque pour un artiste vivant.

En 1994, il décore le Young America, un voilier monocoque candidat aux sélections de l'America's Cup 1995 (jauge Class America, de 23,62 mètres de long)[11]. La coque arbore une sirène ainsi que le spinnaker de petit temps (qui sera déchiré en mille morceaux par une rafale au cours d'une régate très disputée).

En 1996, Lichtenstein crée le logo de DreamWorks Records et un logo pour Pro-Choice[1].

Lichtenstein affichiste

Les premières affiches de Roy Lichtenstein datent des années 1960[12]. À cette époque, il débute en parallèle de la peinture une activité de gravure[13]. Dès le milieu de cette décennie, le peintre conçoit certaines œuvres spécifiquement pour des affiches[14], textes et image, reprenant les thèmes de ses tableaux. Lors de la décennie suivante, l'artiste américain est moins concerné par la création sur ce support et ne fait que fournir une création picturale (originale ou reproduction) sans se soucier de l'affiche en elle-même[15]. Il faut attendre la fin des années 1980 pour que Lichtenstein redevienne prolifique dans ce domaine[16].

Les affiches de Roy Lichtenstein, œuvres conçues à l'origine pour ce support, sont intégrées dans le catalogue raisonné établi par Mary Lee Corlett[17]. Certaines, telles celles pour les expositions chez le galeriste Leo Castelli ou Tintin Reading[n 1] resteront significatives du style de l'artiste.

Décès

Il meurt à la suite d'une pneumonie en 1997 au New York University Medical Center. On estime qu'il laisse au total 4 500 œuvres en circulation dans le monde.

En 1999, la Roy Lichtenstein Foundation ouvre ses portes dans le studio de l'artiste dans Greenwich Village[22].

Œuvres

Expositions

Roy Lichtenstein - Evolution : la première exposition consacrée à l'artiste en France a été organisée à l'occasion de l'inauguration de la Pinacothèque de Paris, du au [24].

L'exposition qui lui a été consacrée au Centre Georges-Pompidou à Paris du au [25] a été nommée aux Globes de cristal 2014 dans la catégorie « Meilleure exposition ».

Notes et références

Notes

  1. Tintin Reading est une œuvre créée par Roy Lichtenstein au début des années 1990, à l'origine pour illustrer la couverture de Tintin in the New World. A Romance, un roman de Frederic Tuten (en)[18]. Ce livre comportera également un frontispice du peintre[19]. C'est la seconde fois que Lichtenstein illustre une couverture de cet auteur, après celle de 1971 pour la nouvelle The Adventures of Mao on the Long March[20]. Le peintre utilise la technique caractéristique des points ben-day qu'il affectionne depuis 1961 pour représenter Tintin assis dans une pièce lisant son journal avec son chien Milou proche, le tableau de Matisse, La Danse en décor de fond[21] et un couteau passant derrière le personnage de bande dessinée. L'onomatopée « CRAC » y est dessiné venant de derrière la porte, rappelant le tableau Crak! de 1963. L'affiche Tintin Reading, en Gravure offset, est publiée la première fois à Bruxelles pour une rétrospective Tintin au Palais des beaux-arts de Bruxelles.

Références

  1. (en) Roy Lichtenstein Chronology - The Roy Lichtenstein Foundation
  2. Lobel, Michael (2002). Image Duplicator, p. 33.
  3. Clare Bell. The Roy Lichtenstein Foundation - Chronology.
  4. (en) A Pop‐Art Star Finds New Inspiration in Matisse - Jame Mellow, The New York Times, 10 novembre 1974.
  5. (en) Roy Lichtenstein. Drowning Girl. 1963 - MoMA.
  6. (en) « Mike Sekowsky », Lambiek.net, .
  7. John Coplans, Roy Lichtenstein, , p. 54.
  8. (en) Artist's Studio No. 1 (Look Mickey) - Walker Art Center.
  9. Sculpture Lamp - The Roy Lichtenstein Foundation.
  10. (en) Barcelona Head by Roy Lichtenstein - Mary Ann Sullivan, Bluffton University.
  11. (en) The Mermaid Finds A Home - Scuttlebutt.
  12. Döring - Osten 2013, p. 8.
  13. Morineau 2013, Lichtenstein pop, postmoderne et classique, p. 21.
  14. Döring - Osten 2013, p. 28.
  15. Döring - Osten 2013, p. 42.
  16. Döring - Osten 2013, p. 460.
  17. Döring - Osten 2013, p. 81.
  18. Döring - Osten 2013, p. 94.
  19. Morineau 2013, Chronologie, p. 257.
  20. Morineau 2013, p. 220.
  21. Morineau 2013, Peindre l'histoire de l'art par Roy lichtenstein, p. 95.
  22. (en) « Mission », Roy Lichtenstein Foundation.
  23. .Galerie : Une sélection d'œuvres de notre collection - Musée d'Art classique de Mougins.
  24. Roy Lichtenstein - Evolution, à la Pinacothèque de Paris.
  25. Roy Lichtenstein - Centre Georges-Pompidou.

Annexes

Bibliographie

  • Jürgen Döring et Claus von der Osten, Roy Lichtenstein : Affiches Lichtenstein Posters »], Prisma, (1re éd. 2008 (Prestel Verlag)), 127 p. (ISBN 978-2-8104-0454-4)
  • Camille Morineau (dir.), Alain Cueff, Émilie Bouvard, Annabelle Ténèze et al. (préf. Alfred Pacquement, Catalogue de l'exposition Roy Lichtenstein au Centre Pompidou, 3 juillet - 4 novembre 2013), Roy Lichtenstein, Paris, Centre Pompidou, , 264 p. (ISBN 978-2-8442-6600-2). 
  • Fondation Juan March, préface de Marc Restellini, Roy Lichtenstein - Évolution, Éd. Pinacothèque de Paris, Fundación Juan March, 2007.
  • (en) Diane Waldman, Roy Lichtenstein, Guggenheim Museum, 1993 (ISBN 0-89207-108-7)
  • Livret de l'exposition La grande rétrospective Roy Lichtenstein du au au Musée des beaux-arts de Montréal.
  • Pierre Guénégan, préface de Susan L. Ball, Le Purisme & son influence internationale - annuaire de 50 artistes emblématiques, 335 pages illustrées, Editions Lanwell & Leeds Ltd, St Alban, Hertfordshire, England, 2019, (ISBN 978-2-9700494-8-7)

Liens externes

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