Rue Jean-Jacques-Rousseau (Paris)
La rue Jean-Jacques-Rousseau est une voie du 1er arrondissement de Paris.
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1er arrt Rue Jean-Jacques-Rousseau
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Situation | |||
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Arrondissement | 1er | ||
Quartier | Les Halles | ||
Début | 158-164, rue Saint-Honoré | ||
Fin | 43, rue Étienne-Marcel 21, rue Montmartre |
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Morphologie | |||
Longueur | 380 m | ||
Largeur | 14 à 15 m | ||
Historique | |||
Création | XIIIe siècle | ||
Dénomination | 1791 et 1868 | ||
Ancien nom | rue Plâtrière rue de Grenelle-Saint-Honoré |
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Géocodification | |||
Ville de Paris | 4808 | ||
DGI | 4901 | ||
Géolocalisation sur la carte : Paris
Géolocalisation sur la carte : 1er arrondissement de Paris
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Situation et accès
Ce site est desservi par la station de métro Les Halles.
La rue Jean-Jacques-Rousseau commence aux nos 158-164 de la rue Saint-Honoré et finit au no 43, rue Étienne-Marcel et au no 21 de la rue Montmartre. Elle est séparée en deux par la rue du Louvre.
Vers la rue du Louvre. - No 14
Vers la rue Saint-Honoré.
Origine du nom et dénominations antérieurs
Le nom de Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), écrivain, philosophe et musicien du siècle des Lumières a d'abord été attribuée, en 1791, à la partie septentrionale de cette voie, précédemment nommée « rue Plâtrière », avant d'être étendu, en 1868, à sa partie méridionale, auparavant nommée « rue de Grenelle-Saint-Honoré ». Rousseau a été successivement riverain des deux parties de cette rue.
Historique
L'origine de la rue remonte au début du XIIIe siècle. Elle menait à la plâtrière de Maverse.
Habitée dès 1283, la partie de la voie qui se situe au nord de la rue Coquillière prend le nom de « Maverse », puis « rue Plâtrière »[1].
La partie au sud est nommée successivement « rue de Guernelles », « Guarnelle », « Guarnales », « Garnelles », de « Guernelle Saint-Honoré » et de « Grenelle-Saint-Honoré »[2].
Elle est citée sous le nom de « rue Plastrière » dans un manuscrit de 1636.
La rue Plâtrière change de dénomination en 1791 sous l'Assemblée constituante, pour devenir la « rue Jean-Jacques-Rousseau », en l'honneur du célèbre écrivain et philosophe qui loge rue Plâtrière, de 1770 à 1778[1]. La rue de Grenelle-Saint-Honoré lui est adjointe en 1868[2].
En 1888, le prolongement du percement de la rue du Louvre au-delà de la rue Saint-Honoré et jusqu'à la rue Coquillière, exécuté en vertu d'un décret pris sous le Second Empire[3],[2] bouleverse profondément la physionomie des alentours de la section centrale de la rue Jean-Jacques-Rousseau. En prévision de la réalisation de ces travaux, plusieurs propriétés qui la bordent disparaissent.
Ainsi, l'hôtel de Bullion, édifié entre 1630 et 1635 sur les plans de l'architecte Louis Le Vau, est en grande partie détruit dès 1880 ; le reste de son terrain sera absorbé par l'extension de l'hôtel des Postes[4].
Le dernier domicile de Jean de La Fontaine se trouvait également rue Plâtrière, dans l'hôtel Derval (il était logé chez monsieur d'Hervart). Il y mourut le . À la place de cet hôtel se trouve aujourd'hui la Poste centrale du Louvre.
Bâtiments remarquables et lieux de mémoire
- Le Journal de Paris fut édité dans cette rue à partir de 1785.
Partie méridionale de la rue, anciennement rue de Grenelle-Saint-Honoré
- No 3 : du printemps 1750 jusqu'en 1756, Jean-Jacques Rousseau et Marie-Thérèse Le Vasseur habitent au 4e étage de l'hôtel du Languedoc, situé dans la rue de Grenelle-Saint-Honoré[5].
- Les fonds du XIXe siècle des Archives de Paris[6], certifient que l'hôtel du Languedoc habité par Rousseau est l'actuel no 21 de la rue, contigu à la galerie Véro-Dodat, comme l'indiquent les registres du Sommier foncier (cartons DQ18/206-207) et les Calepins des propriétés bâties (cartons D1P4/565-566). Cette situation au no 21 est confirmée par les sources du XVIIIe siècle des Archives nationales, formellement indépendantes des Archives de Paris. Ainsi, le Minutier central des notaires conserve onze contrats de vente et de location de l'hôtel du Languedoc pour le XVIIIe siècle. Tous les propriétaires (Moreau, Plisson, Girauld, Gambier…) et les « maîtres d'hôtels garnis » de l'immeuble no 21 y sont recensés. Entre autres baux de location de cet hôtel garni, on notera l'acte notarié XLVII/184 du , du notaire Me Le Cousturier[7], qui mentionne que Rousseau qualifie de « bonnes gens » dans Les Confessions. En 1840, les propriétaires, des Normands, changent le nom de l'hôtel de Languedoc pour « hôtel de Rouen » (Minutier central, minutes du notaire Me Fremyn, et ), pour lequel le Sommier foncier mentionne encore qu'il est mitoyen à la galerie Véro-Dodat.
- L'importance de ces documents est que cet immeuble au no 21, célèbre grâce aux Confessions et à la correspondance de Rousseau (il y décrit ses repas sur le bord de la fenêtre, son beau-père logé dans un réduit au-dessus du 5e étage, etc.), est intact (seule la façade fut refaite, ayant subi un retranchement pour cause d'alignement), contrairement au no 3 qui fut détruit puis rebâti à neuf. Les amoureux de Rousseau, ou les simples piétons et touristes, peuvent constater que l'immeuble est fidèle à ce que l'on connaissait par la littérature : cinq étages à trois fenêtres chacun.
- Nos 11 et 13 : embranchement de la rue du Pélican qui s'achève rue Croix-des-Petits-Champs.
- No 19 : entrée de la galerie Véro-Dodat (1826) qui se termine au 2, rue du Bouloi. Elle est créée par le charcutier Benoît Véro et le financier Dodat. Longue de quatre-vingt mètres, cette galerie est consacrée à des boutiques variées, telles que des antiquaires, ameublement, décoration, collections, galeries d'art, éditions, lutherie, restaurant. Alfred de Musset fréquente ce lieu en compagnie de la comédienne Rachel, qui habite dans un appartement au deuxième étage du no 23 de la galerie de 1836 à 1842.
- No 20 et 20 bis : ancien hôtel particulier (XVIIIe siècle) attenant, en fond de parcelle, à des vestiges de l'enceinte de Philippe Auguste, classés au titre des monuments[8] qui sont visibles aux actuelles nos 11 et 13, rue du Louvre.
Ancien hôtel Clérambault, au XVIIIe siècle[9], ultérieurement transformé en hôtel meublé connu sous le nom d' « hôtel de l'Empereur » en 1858[10]. - No 22 (et no 3 place des Deux-Écus) : immeuble d'angle (XVIIIe siècle), l'une des deux seules maisons sauvegardées de l'ancienne rue des Deux-Écus (absorbée par la rue Berger à partir de 1853), qui débouchait ici sur la rue de Grenelle-Saint-Honoré.
- No 19 :
galerie Véro-Dodat, entrée. - No 19 :
intérieur de la galerie, perspective. - No 19 :
élévation intérieure, vitrines.
Partie disparue de la rue, anciennement rue de Grenelle-Saint-Honoré
La rue Jean-Jacques-Rousseau a la particularité d'avoir perdu sa partie centrale, avec une interruption de sa numérotation entre les nos impairs 29 et 51 et les nos pairs 22 et 50, à l'exception du no 39 où un immeuble (XXe siècle) forme l'angle avec la rue du Colonel-Driant (no 2). Hormis l'extrémité orientale de cette dernière voie (ouverte vers 1915-1928), ce sont la rue du Louvre (1880-1888), la place des Deux-Écus et les immeubles (1889) de la rue de Viarmes (1762) qui recouvrent l'emplacement des propriétés de la rue de Grenelle-Saint-Honoré qui existaient auparavant entre l'ancienne rue des Deux-Écus (absorbée par la rue Berger) et la rue Coquillière.
Partie septentrionale de la rue, anciennement rue Plâtrière
- No 52 : demeure de Jean-Jacques Rousseau jusqu'à sa mort. Son installation est datée avant le , où il déménage au deuxième étage de l'immeuble au no 2, rue Plâtrière[11] (à l'angle de la rue Jean-Jacques-Rousseau et la rue Coquillière). Démolie en [12]. Une plaque commémorative est apposée : « Ici, dans cette rue jadis nommée rue Plâtrière, s'élevait la maison qui fut le dernier domicile parisien de Jean-Jacques Rousseau, de 1774 à 1778. »
- No 56 : le mercredi , Jean-Jacques Rousseau emménage à l'hôtel du Saint-Esprit, rue Plâtrière[13].
- No 60 : avant le , nouvel emménagement de Jean-Jacques Rousseau, au cinquième étage de cet immeuble[13].
- No 62 : vestiges de l'enceinte de Philippe Auguste, au titre des monuments classés[14].
- No 68 (anciennement 2, rue Plâtrière) : emplacement successif des anciens hôtels particuliers qui suivent.
- L'hôtel de Vins. Il appartient à Jean de Garde d'Agoult (1642-1732), chevalier puis marquis de Vins dont l'épouse Charlotte-Renée Ladvocat (1650-1737) est la belle-sœur du ministre Simon Arnauld de Pomponne (1618-1699), la cousine de Marie-Madeleine de Castille (1635?-1716), seconde épouse du surintendant Nicolas Fouquet, et une amie très proche de Madame de Sévigné (1626-1696). Veuve en 1732, elle vend l'hôtel de Vins à Marc Antoine Bouret, receveur général des finances, qui le met en location.
- L'hôtel Dupin. Lorsque Claude Dupin, secrétaire du Roi et fermier général, et son épouse Louise, née de Fontaine, qui sont déjà propriétaires du château de Chenonceau, du marquisat du Blanc et de l'hôtel Lambert achètent, le , l'ancien hôtel de Vins à Bouret pour un montant de 190 000 livres[15], ils y sont installés comme locataires depuis 1741 et avaient auparavant fait effectuer des travaux pendant deux ans. Madame Dupin tient dans cet hôtel un salon littéraire et scientifique des plus brillants[16].
C'est dans cette maison prestigieuse que Jean-Jacques Rousseau se présente à madame Dupin, au mois de par une lettre de recommandation, afin de proposer une comédie intitulée Narcisse et une notation musicale. Il sera le précepteur de ses enfants, et son secrétaire de 1745 à 1751. Il éprouve d'emblée une vive passion envers la propriétaire des lieux[17] : « Madame Dupin était encore, quand je la vis pour la première fois, une des plus belles femmes de Paris. Elle me reçut à sa toilette. Elle avait les bras nus, les cheveux épars, son peignoir mal arrangé. Cet abord m'était très nouveau. Ma pauvre tête n'y tint pas. Je me trouble. Je m'égare. Et bref, me voilà épris de Madame Dupin. Mon trouble ne parut pas me nuire auprès d'elle, elle ne s'en aperçut point. Elle accueillit le livre et l'auteur, me parla de mon projet en personne instruite, chanta, s'accompagna au clavecin, me retint à dîner, me fit mettre à table à côté d'elle. Il n'en fallait pas tant pour me rendre fou. Je le devins. »
Claude Dupin meurt dans son hôtel particulier, le [18]. L'hôtel de Vins devait revenir à son fils aîné, Louis Claude Dupin de Francueil à la mort de madame Louise Dupin, mais il meurt avant sa belle-mère, le . La propriété revient donc à sa fille, Suzanne Madeleine Dupin de Francueil, lors de la succession de madame Dupin en 1799.
Porche d'entrée de l'hôtel Dupin. Cadran que Jean-Jacques Rousseau a connu, en se rendant chez madame Dupin. Cour intérieure.
Madame Dupin reçoit Jean-Jacques Rousseau dans son hôtel de la rue Plâtrière.
- No 70 : vestiges de l'enceinte de Philippe Auguste, au titre des monuments classés[19].
Porche d'entrée. Détail du porche d'entrée. Façade. Détail de la façade.
La rue Jean-Jacques-Rousseau et les arts
En 1818, le goguettier Émile Debraux écrit la chanson La Colonne, en hommage à la colonne Vendôme et à la gloire de l'empereur Napoléon Ier. Il la crée la même année à la goguette des Gais Lurons réunie à l'estaminet Sainte-Agnès, rue Jean-Jacques-Rousseau[20]. Elle obtient rapidement un immense succès et assure la célébrité de son auteur comme chansonnier.
La chanson Le Visiteur des Enfants de la Goguette du goguettier Jean-Baptiste Grange, publiée en 1824, indique que la goguette des Enfants de la Goguette tient à l'époque ses séances chaque jour de la semaine dans divers quartiers de Paris, et sous différents noms. Chaque couplet de la chanson indique un des noms que prend la goguette, et un des lieux où elle se réunit chaque jour. Le vendredi, elle s'appelle « les Lurons » et se réunit 20, rue Jean-Jacques-Rousseau[21].
Les Lurons et les Gais Lurons, sont des noms bien proches. Il est possible que la goguette dont parle Jean-Baptiste Grange en 1824 soit la même goguette que celle où, en 1818, le goguettier Émile Debraux acquit la célébrité.
Parmi les Lettres de mon moulin dues à Alphonse Daudet, le début de la nouvelle Les Vieux mentionne une « Parisienne de la rue Jean-Jacques. » Comme il n'y a avec ce prénom à Paris que la rue Jean-Jacques Rousseau, cette parisienne, soit imaginaire soit « masquée » soit réelle, doit y résider.
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Félix Lazare et Louis Lazare, Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, Paris, Éditions Félix Lazare, 1844-1849, 732 p. (lire en ligne), « Rue Jean-Jacques-Rousseau », p. 600.
Liens externes
- Ville de Paris, direction des Affaires culturelles, Apposition d’une plaque commémorative en hommage à Jean-Jacques Rousseau au no 68 (hôtel Dupin), a06.apps.paris.fr.
- Site du ministère de l'Économie, historique de l'hôtel de Bullion, www.economie.gouv.fr.
Notes et références
- Félix Lazare et Louis Lazare, Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, Paris, Éditions Félix Lazare, 1844-1849, 732 p. (lire en ligne), « Rue Jean-Jacques-Rousseau », p. 600.
- Mairie de Paris, « Rue Jean-Jacques-Rousseau ».
- Décret du 9 juin 1860.
- Consulter le site du ministère de l'Économie : « Hôtel de Bullion », www.economie.gouv.fr.
- « Chronologie Jean-Jacques Rousseau, 1750 ».
- Archives de Paris, Recherches topographiques.
- Archives nationales, Actes notariés de Me Le Cousturier.
- Notice no PA00085801, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- Jacques Hillairet, Pascal Payen-Appenzeller, Dictionnaire historique des rues de Paris : Supplément, éd. de Minuit, p. 77.
- Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, t. 1, éd. de Minuit, p. 675.
- « Chronologie Jean-Jacques Rousseau, 1774 ».
- Voyez le Journal de Genève du 20, p. 3, col. 2.
- « Chronologie Jean-Jacques Rousseau, 1770 ».
- Notice no PA00085799, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- Minutier central des notaires de Paris, étude LXXXVIII, liasse 646.
- Mme Dupin reçoit notamment Voltaire, l'abbé de Saint-Pierre, Fontenelle, Marivaux, Montesquieu, Buffon, Marmontel, Mably, Condillac, Grimm, Bernis, Rousseau, mais aussi les grands noms de la noblesse : la princesse de Rohan, la comtesse de Forcalquier, la maréchale de Mirepoix, la baronne d'Hervey et madame de Brignole
- Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions, vol. 1er (2e partie), Paris, xviiie siècle, 182 p. (présentation en ligne, lire en ligne), chap. VII (« Madame Dupin »), p. 151 à 152 (Paris) et 177 à 178 (Chenonceau).
- Archives de Paris, paroisse de Saint-Eustache. État civil, acte de décès reconstitué. Cote du document : V3E/D508. Archives de Paris, 18, boulevard Sérurier, 75019 Paris.
- Notice no PA00085800, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- Paul de Kock, Balzac, Dumas, etc., La Grande Ville. Nouveau tableau de Paris, comique, critique et philosophique, illustrations de Gavarni, Victor Adam, Daumier, etc., Paris, Marescq éditeur, 1844, p. 248.
- J.-B. Gougé, Le Troubadour, recueil de chansons inédites, Paris, édité par l'auteur, 1824, p. 65-68.
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