Filles de la charité de Saint Vincent de Paul

Les Filles de la charité de Saint Vincent de Paul sont une congrégation religieuse féminine catholique fondée au XVIIe siècle à Paris par Vincent de Paul et Louise de Marillac. Elles sont aujourd'hui une société de vie apostolique de droit pontifical membre de la fédération des Sœurs de la charité. Fin 2016, les 15 057 sœurs de la congrégation se répartissent entre 1 806 maisons. Elles sont présentes dans 91 pays.

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Filles de la Charité
de Saint Vincent de Paul

La charité de Jésus crucifié nous presse.
Ordre de droit pontifical
Approbation diocésaine 18 janvier 1655
par Paul de Gondi, dit le « cardinal de Retz »
Approbation pontificale 8 juin 1668
par Clément IX
Institut société de vie apostolique
Type apostolique
Spiritualité École française de spiritualité
But aide aux malades et aux pauvres, enseignement
Structure et histoire
Fondation 29 novembre 1633
Paris
Fondateur Vincent de Paul et Louise de Marillac
Abréviation F.d.l.C.
Autres noms Sœurs de Saint-Vincent-de-Paul
Site web site officiel
Liste des ordres religieux
Les Filles de la charité, Henriette Browne (1859).

Leur maison généralice et son lieu de culte, la chapelle Notre-Dame-de-la-Médaille-miraculeuse, sont implantés à Paris, au 140 rue du Bac (7e arrondissement).

Histoire

Ayant institué les Filles de la charité en 1633, Vincent de Paul (1581-1660) confie leur formation à Louise de Marillac (1591-1660). Les jeunes femmes qui la rejoignent se destinent à soigner des malades et à assurer le service corporel et spirituel des pauvres. La première sœur, Marguerite Naseau (1594-1633), est une ancienne vachère qui s'adonne depuis sa jeunesse à l'alphabétisation des petites filles.

Elles constituent la première congrégation féminine à obtenir d'échapper à la règle de la clôture. Pour leurs fondateurs, Vincent de Paul et Louise de Marillac, leur monastère serait les cellules des malades, et leur cloître les rues de la ville ou les salles des hôpitaux[réf. nécessaire].

De 1633 à la Révolution

Louise de Marillac regroupe, de 1633 à 1636, les cinq premières « servantes des pauvres » à Paris, dans sa propre maison, située dans l'ancienne « rue des Fossés-Saint-Victor » (actuel emplacement du 43, rue du Cardinal-Lemoine), paroisse Saint-Nicolas-du-Chardonnet. De 1636 à 1641, elles sont établies dans une maison isolée du village de La Chapelle (2, rue Marx-Dormoy et 20, place de la Chapelle[1]), dépendant alors de la paroisse Saint-Denys de la Chapelle. En 1641 les Filles de la charité fixent leur maison-mère de Paris durablement dans la « grande rue du Faubourg-Saint-Denis » (94 à 114, rue du Faubourg-Saint-Denis), paroisse Saint-Laurent, en face de la maison Saint-Lazare de la congrégation de la Mission, autre fondation de Vincent de Paul. Elles en sont chassées à la Révolution, en 1790[2].

La césure de la Révolution

Rue du Fbg Saint-Denis avec l'emplacement des maisons Saint-Lazare et des Filles de la Charité de Saint-Vincent-de-Paul, plan de 1705.

Dans le cadre des mesures de déchristianisation, les « sœurs grises » doivent quitter leur habit. Leur congrégation est interdite pendant une dizaine d'années (1792-1802), mais elles sont — toute proportions gardées — relativement peu inquiétées, étant donné que l'on ne peut se passer des services qu'elles continuent à assurer dans les hôpitaux et hospices. Toutes n'échappent pas, sous la Terreur, à la fureur et au jugement des révolutionnaires les plus radicaux[3] :

Marie-Anne Vaillot et Odile Baumgarten, filles de la charité à Angers, sont exécutées le au cours des fusillades d'Avrillé[4] ;
Marguerite Rutan, supérieure de l'hôpital de Dax est guillotinée dans cette ville le [5] pour avoir « par son incivisme, cherché à corrompre et à ralentir l'esprit révolutionnaire et républicain » ;
les sœurs Madeleine Fontaine, Françoise Lanel, Jeanne Gérard et Thérèse Fantou sont guillotinées à Cambrai le pour refus de prêter serment à la constitution[6].

Le XIXe siècle

Au lendemain de la Révolution, les Filles de la charité sont les premières congréganistes à se reconstituer légalement[7] ().

En 1837, elles coopèrent avec les Lazaristes. Ensemble, ils fondent l'association des Enfants de Marie Immaculée, destinée à rassembler des adolescentes des milieux populaires pour former une élite de piété[8].

Durant tout le XIXe siècle, et jusqu'aux années 1960, les sœurs de Saint-Vincent-de-Paul accomplissent leur service d'auxiliaires de santé dans les hospices et les asiles, où elles sont présentes en grand nombre, avant d'être peu à peu remplacées, à partir de 1920, par des infirmières, par des infirmiers psychiatriques et par des aides soignantes laïques.

Activités et diffusion

Vincent de Paul et Louise de Marillac avec les premières Filles de la Charité, église San Carlo al Corso, Milan.

Les Filles de la charité forment le groupe de religieuses numériquement le plus important dans l'Église catholique (15 057 sœurs en 2016). Les sœurs se dédient au service des malades, à domicile ou dans les hôpitaux, aux soins aux personnes handicapées, aux personnes âgées dans des maisons de retraite, aux orphelins, aux foyers pour femmes et enfants en difficulté, et à l'enseignement.

Elles sont présentes, avec un total de 1 806 maisons, dans 91 pays :

Une Fille de la Charité assistant à une opération dans le service obstétrique du professeur Ernst Wertheim (en) à Vienne (1907).

Personnalités

De nombreuses filles de la charité sont reconnues saintes, bienheureuses ou vénérables par l'Église catholique :

  • Sainte Louise de Marillac (1591-1660), fondatrice avec saint Vincent de Paul, canonisée en 1934, proclamée sainte patronne des œuvres sociales en 1960 ;
  • Bienheureuse Marie-Anne Vaillot (v. 1735 - 1794), martyre, béatifiée en 1984 ;
  • Bienheureuse Marguerite Rutan (1736-1794), martyre, béatifiée en 2011 ;
  • Bienheureuse Odile Baumgarten (1750-1794), martyre, béatifiée en 1984 ;
  • Bienheureuse Thérèse Fantou (1747-1794), martyre, béatifiée en 1920 ;
  • Sainte Elizabeth Ann Seton (1774-1821), fondatrice des filles de la charité aux États-Unis, canonisée en 1975 ;
  • Bienheureuse Rosalie Rendu (1786-1856), dans le quartier Mouffetard à Paris, béatifiée en 2003 ;
  • Sainte Catherine Labouré (1806-1876), religieuse rue du Bac, ayant déclaré des apparitions mariales en 1830, à l'origine de la « médaille miraculeuse », canonisée en 1947 ;
  • Bienheureuse Marta Wiecka (1874-1904), fille de la charité polonaise, béatifiée en 2008 ;
  • Bienheureuse Joséphine Nicoli (1863-1924), fille de la charité italienne, béatifiée en 2008 ;
  • Vingt-sept filles de la charité en Espagne, martyres en 1936 et 1937, sont béatifiées le 13 octobre 2013 au sein du groupe des martyrs de la guerre d'Espagne ;
  • Vénérable Gabriella Borgarino (1880-1949), en Italie, ayant déclaré plusieurs apparitions du Sacré-Cœur de Jésus, reconnue vénérable en 2022 ;
  • Bienheureuse Lindalva Justo de Oliveira (1953-1993), au Brésil, martyre, béatifiée en 2007 ;
  • Servante de Dieu Marguerite Naseau (1594-1633), la « première fille de la charité ».

Depuis le , la doyenne de l'humanité est la Française, sœur André.

Notes et références

Notes

    Références

    1. Une plaque apposée sur la façade coté place de la Chapelle rappelle la présence de Louise de Marillac en ce lieu.
    2. Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, t. 2, 1963, p. 502.
    3. Matthieu Brejon de Lavergnée, Histoire des Filles de la Charité (XVIIe – XVIIIe siècles), Fayard, 2011.
    4. Elles sont parmi les 99 fusillés catholiques d'Angers et d'Avrillé proclamés ensemble martyrs d'Angers le par le pape Jean-Paul II
    5. Elle est déclarée martyre le par le pape Benoît XVI.
    6. . Le pape Benoît XV les a béatifiées le . Les quatre bienheureuses sont honorées le 26 juin.
    7. « Charité, Filles de la », Encyclopédie Universalis (en ligne).
    8. « Jeunesse mariale », sur europe.2004.free.fr. Hélène Roman-Galéazzi, « Les Enfants de Marie Immaculée », sur rives.revues.org, 2005.

    Annexes

    Bibliographie

    Articles connexes

    Liens externes

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