Sites mégalithiques de l'Essonne

Les sites mégalithiques de l'Essonne sont assez peu nombreux. Bien qu'ils soient concentrés près des rivières, cette implantation des mégalithes est une conséquence plus géologique que culturelle, au même titre que l'usage quasi-exclusif du grès. La grande originalité du patrimoine mégalithique du département tient à l'abondance des polissoirs alors que les dolmens y sont très rares.

Ces monuments sont généralement datés du Néolithique moyen et assimilés à la culture Seine-Oise-Marne.

Répartition géographique

Répartition géographique des mégalithes

La répartition géographique des mégalithes en Essonne se confond avec le réseau hydrographique[1]. Ainsi, des concentrations mégalithiques sont observables dans la vallée de l'Yerres (menhirs), de l'Essonne (menhirs, sépultures collectives et polissoirs) et de la Renarde (polissoirs). Si tous ces édifices sont situés en bordure de rivières (point le plus bas) ou à une faible distance (points les plus hauts)[2], il ne s'agit pas pour autant d'une implantation délibérée mais d'une conséquence hydrogéologique : le travail d'érosion des rivières en mettant à nu des affleurements de bancs de grès a facilité leur extraction[3]. Ces critères de répartition doivent cependant être relativisés compte tenu des nombreuses destructions intervenues dans le nord du département beaucoup plus urbanisé.

Architecture

La plupart des mégalithes sont en grès du Stampien[4], dit grès de Fontainebleau, roche abondante et facile d'extraction, bien adaptée aux constructions mégalithiques et à la confection de polissoirs. Cette roche affleure en bancs rocheux disséminés dans tout le département[2]. Malheureusement, l'utilisation de cette roche, a aussi bien souvent été la cause de leur destruction car elle fut très appréciée des carriers pour fabriquer des pavés[5]. L'utilisation de la pierre calcaire s'est limitée à la construction de murets pour la confection des parois ou comme éléments de dallage dans les hypogées et sépultures en fosses[4], quant à l'usage de la pierre meulière, il n'est connu que pour l'allée couverte des Champs-Dolents[4].

Les sépultures collectives sont très majoritairement des sépultures en fosse ou des hypogées ; les dolmens proprement dits sont rares[6] et se limitent à un type simple ou angevin.

Gravures et représentations

L'art mégalithique en Essonne est assez original et diversifié dans ses représentations. Il ne se manifeste que sur les menhirs sous forme de cupules, parfois très nombreuses (Alignement des Pierres Frittes), et de piquetages divers (croix, « cloche », tracé ovalaire, représentation de visage) comme sur le menhir des Buttes Noires, la Pierre Droite ou la Pierre ornée des Coudray.

Datation

L'existence des polissoirs est nécessaire pour la fabrication des haches polies. Or cet outillage n'apparaît couramment en Île-de-France qu'au Néolithique moyen (culture de Cerny), les haches polies du Néolithique ancien étant principalement d'origine extérieure. Pour les menhirs, l'absence de tout contexte archéologique ne permet pas d'être très précis et ils sont donc globalement datés du Néolithique, par analogie avec les édifices des autres départements[7]. Les sépultures collectives découvertes n'ont livré que peu de matériel funéraire et bien souvent il n'a pas été décrit très précisément, voire conservé. Les quelques datations au C14 qui ont pu être réalisées (hypogées de Buno-Bonnevaux) correspondent à la deuxième moitié du IIIe millénaire av. J.-C., confirmant une appartenance des sépultures à la culture Seine-Oise-Marne.

Folklore

Peu de légendes et traditions sont attribuées aux mégalithes de l'Essonne. De même, la christianisation des menhirs n'y est pas une pratique répandue.

Inventaire non exhaustif

Le patrimoine mégalithique du département s'est considérablement appauvri depuis les premiers recensements opérés. Le nombre de sépultures collectives, déjà peu élevé s'est beaucoup réduit depuis leur découverte. On ne recense plus que deux dolmens encore en place, la Pierre Levée et le Grès de Linas, alors que onze sépultures collectives, l'unique allée couverte certaine et le seul coffre mégalithique précédemment attestés sont désormais détruits. Quatorze menhirs sont toujours visibles mais dix-neuf ont été détruits depuis leur signalement[1]. Les polissoirs toujours très abondants (on en recense encore environ cinquante) ont eux-aussi subi leur lot de destruction ou de disparition.

MonumentCommuneRemarqueProtectionCoordonnéesIllustration
Polissoir de Tourneville[8] Abbéville-la-Rivière 48° 20′ 24″ N, 2° 10′ 09″ E
Menhir Arpajon détruit[9]
Pierre Percée Athis-Mons mégalithe incertain détruit[9]
Polissoir du Puy Sauvage Baulne  Inscrit MH (1984)[10] 48° 28′ 52″ N, 2° 24′ 21″ E
Polissoir de la Butte de Châtillon Boigneville disparu[11]
Sépulture en fosse du Dessus du Bois de Saint-Val Boigneville détruite[12]
Polissoir de la Pièce d'Artondu Boissy-la-Rivière disparu[13]
Sépulture mégalithique de la Justice Boissy-le-Cutté détruite[14]
Pierre-Fitte Boussy-Saint-Antoine menhir  Classé MH (1921)[15] 48° 41′ 36″ N, 2° 31′ 35″ E
Polissoir du Rocher Clairon Bouville détruit[16]
Alignement des Pierres Frittes Brunoy alignement mégalithique  Classé MH (1977)[17] 48° 41′ 51″ N, 2° 30′ 49″ E
Alignement des Pierres Frittes Brunoy autres noms Menhirs de la propriété Talma, Femme et fille de Loth  Classé MH (1889)[18] 48° 41′ 45″ N, 2° 30′ 14″ E
Cave Gigoust Brunoy dolmen incertain détruit[2]
Menhir des Maillettes Brunoy détruit[2]
Pierre Beaumirault Bruyères-le-Châtel menhir  Inscrit MH (1978)[19] 48° 34′ 51″ N, 2° 11′ 54″ E
Pierre Saint-Nicolas Bruyères-le-Châtel menhir 48° 36′ 04″ N, 2° 11′ 17″ E
Hypogée de la Fontaine Saint-Léger Buno-Bonnevaux  Classé MH (1976)[20] 48° 21′ 40″ N, 2° 24′ 10″ E
Hypogée du Champtier des Bureaux Buno-Bonnevaux  Inscrit MH (1975)[21] 48° 21′ 34″ N, 2° 23′ 28″ E
Polissoir de Grimery Buno-Bonnevaux  Inscrit MH (1980)[22] 48° 21′ 13″ N, 2° 24′ 40″ E
Polissoir des Sept coups d'épée Buno-Bonnevaux  Classé MH (1928)[23] 48° 21′ 36″ N, 2° 23′ 19″ E
Polissoirs des Rochettes Cerny 4 polissoirs[24]
Hypogée des Bois Blancs Champcueil détruit[25]
Menhir des Buttes Noires Champcueil 48° 30′ 15″ N, 2° 28′ 04″ E
Polissoir de la Butte Chaumont Champlan disparu[26]
Dolmen de la Grosse Pierre Congerville-Thionville détruit[27]
Grès de Linas Congerville-Thionville dolmen  Classé MH (1970)[28] 48° 22′ 10″ N, 1° 59′ 13″ E
Hypogée des Bas-Vignons Corbeil-Essonnes détruite[29]
Pierre-du-Rompu Crosne menhir détruit[30]
Polissoir de la Longuerie[30] Dourdan
La Roche Draveil menhir détruit[31]
Pas de Sainte-Geneviève Épinay-sous-Sénart menhir détruit[32],[33]
Pierrefitte Étampes menhir  Classé MH (1964)[34] 48° 25′ 44″ N, 2° 06′ 21″ E
Pierre ornée des Coudray Étiolles menhir probable disparue[35]
Polissoir de la Roche Saint-Nicolas[36] La Forêt-le-Roi
Roche à Gentil Itteville menhir incertain 48° 30′ 45″ N, 2° 19′ 29″ E
Pierre Levée Janville-sur-Juine dolmen  Classé MH (1949)[37] 48° 30′ 33″ N, 2° 15′ 45″ E
Polissoir du Bois Rond Janville-sur-Juine autre nom Polissoir des Plaquières[38] 48° 30′ 27″ N, 2° 15′ 25″ E
Polissoir du Bois de Saint-Médard[39] Maisse
Tombe mégalithique de l'Ouche de Beauce Maisse détruite[40]
Polissoir du Bois du Déluge[41] Marcoussis 48° 38′ 12″ N, 2° 11′ 58″ E
Pierre Droite Milly-la-Forêt autre nom Menhir de Milly  Classé MH (1974)[42] 48° 22′ 46″ N, 2° 24′ 44″ E
Polissoirs de la Chapelle Sainte-Anne Moigny-sur-École 2 polissoirs[43]
Roche Grénolée Moigny-sur-École polissoir  Classé MH (1973)[44] 48° 26′ 21″ N, 2° 26′ 38″ E
Pierre-au-Lard Montgeron menhir incertain détruit[45]
Polissoir de la Petite-Garenne Morigny-Champigny autre nom Polissoir de Villemartin  Classé MH (1902)[46] 48° 27′ 27″ N, 2° 11′ 19″ E
Roches de Brunehaut Morigny-Champigny cromlech probable disparues[47]
Pierre Droite Prunay-sur-Essonne menhir 48° 21′ 37″ N, 2° 22′ 14″ E
Polissoir des Parignons[48] Saint-Chéron
Polissoir du Bois de la Butte de Moret[49] Saint-Chéron
Polissoir de la Mare aux Trois Peupliers[48] Saint-Cyr-sous-Dourdan
Allée couverte des Champs-Dolents Saint-Germain-lès-Corbeil détruite
Hypogée dit des Boutards Saint-Hilaire détruite
Polissoirs de la Croix Boissée Souzy-la-Briche 48° 31′ 32″ N, 2° 09′ 05″ E
Polissoirs du Bois de la Briche Souzy-la-Briche Faux polissoir[Note 1]  Classé MH (1899)[50] 48° 32′ 07″ N, 2° 10′ 00″ E
Polissoirs du Bois de la Guigneraie Souzy-la-Briche  Classé MH (1899)[51] 48° 31′ 03″ N, 2° 08′ 51″ E
Pierre à Mousseau Vigneux-sur-Seine menhir  Classé MH (1889)[52] 48° 42′ 01″ N, 2° 24′ 18″ E
Polissoir du Bois de la Grange Villeconin autre nom Polissoir de la Renarde[53]
Polissoir du Bois de la Charmille Villeconin  Classé MH (1899)[54] 48° 31′ 04″ N, 2° 08′ 49″ E
Polissoirs du Bois de Val Salmon Villeconin 13 polissoirs 48° 31′ 09″ N, 2° 08′ 28″ E
Polissoir de la Butte Blanche[55] Villeneuve-sur-Auvers
Polissoir du Dévaloir[56] Villeneuve-sur-Auvers

Notes et références

Notes

  1. La pierre classée sous le nom de Polissoir n'en est pas un.

Références

  1. Bénard 2012, p. 97
  2. Savary 1957
  3. Bénard 2012, p. 98
  4. Bénard 2012, p. 100
  5. Eliane Basse de Menorval, « Le menhir zoomorphe de Pierrefitte, commune d'Étampes, S.-et-O », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 62, no 3, , p. 111–117 (DOI 10.3406/bspf.1965.8838)
  6. Bénard 2012, p. 102-103
  7. Bénard 2012, p. 105
  8. Bénard 2012, p. 9-10
  9. Bénard 2012, p. 11
  10. « Abri orné et polissoir », notice no PA00087812, base Mérimée, ministère français de la Culture
  11. Bénard 2012, p. 14
  12. Bénard 2012, p. 14-15
  13. Peek 1975, p. 306-307
  14. Bénard 2012, p. 17-18
  15. « Menhir de Pierre-Fritte », notice no PA00087827, base Mérimée, ministère français de la Culture
  16. Bénard 2012, p. 20
  17. « Menhirs de la Haute-Borne », notice no PA00087838, base Mérimée, ministère français de la Culture
  18. « Menhirs de la propriété Talma, dits la femme et la fille de Loth », notice no PA00087837, base Mérimée, ministère français de la Culture
  19. « Menhir », notice no PA00087843, base Mérimée, ministère français de la Culture
  20. « Sépulture néolithique », notice no PA00087847, base Mérimée, ministère français de la Culture
  21. « Sépulture collective néolithique », notice no PA00087848, base Mérimée, ministère français de la Culture
  22. « Polissoir », notice no PA00087845, base Mérimée, ministère français de la Culture
  23. « Polissoir », notice no PA00087846, base Mérimée, ministère français de la Culture
  24. Bénard 2012, p. 36-38
  25. Bénard 2012, p. 39
  26. Bénard 2012, p. 41
  27. Bénard 2012, p. 42
  28. « Dolmen », notice no PA00088023, base Mérimée, ministère français de la Culture
  29. Bénard 2012, p. 43
  30. Bénard 2012, p. 44
  31. Peek 1975, p. 255
  32. Peek 1975, p. 257
  33. Bénard 2012, p. 45-46
  34. « Menhir dit Pierrefitte ou Pierre Fritte », notice no PA00087902, base Mérimée, ministère français de la Culture
  35. Bénard 2012, p. 48
  36. Bénard 2012, p. 51
  37. « Dolmen dit la Pierre-Levée », notice no PA00087925, base Mérimée, ministère français de la Culture
  38. Bénard 2012, p. 57-58
  39. Bénard 2012, p. 59-60
  40. Bénard 2012, p. 61
  41. Bénard 2012, p. 64
  42. « Menhir », notice no PA00087961, base Mérimée, ministère français de la Culture
  43. Bénard 2012, p. 66-67
  44. « Polissoir dit Roche Grénolée », notice no PA00087964, base Mérimée, ministère français de la Culture
  45. Bénard 2012, p. 65
  46. « Polissoir de la Petite-Garenne », notice no PA00087977, base Mérimée, ministère français de la Culture
  47. Peek 1975, p. 304-305
  48. Bénard 2012, p. 76
  49. Bénard 2012, p. 75
  50. « Polissoir », notice no PA00088021, base Mérimée, ministère français de la Culture
  51. « Polissoir », notice no PA00088022, base Mérimée, ministère français de la Culture
  52. « Menhir dit La Pierre à Mousseaux », notice no PA00088033, base Mérimée, ministère français de la Culture
  53. Bénard 2012, p. 90-91
  54. « Polissoir du Bois de la Charmille », notice no PA00088038, base Mérimée, ministère français de la Culture
  55. Bénard 2012, p. 92-93
  56. Bénard 2012, p. 93

Annexes

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • John Peek, Inventaire des mégalithes de France, vol. 4 : Région parisienne, Paris, CNRS, , 408 p. (ISBN 2-222-01772-6). 
  • Alain Bénard, Les mégalithes de l'Essonne, t. XXI, Paris, Société historique et archéologique de l'Essonne et du Hurepoix, , 120 p. (ISSN 1157-0261). 
  • Jean-Pierre Savary, « Mégalithes du bassin de l'Yerres (S.-et-O., S.-et-M.) », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 54, nos 11-12, , p. 750–756 (DOI 10.3406/bspf.1957.8084). 

Liens externes

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