Tibère II Constantin

Tibère II Constantin (latin : Flavius Tiberius Constantinus Augustus, grec ancien : Τιβέριος Β′ Κωνσταντίνος) (vers 520/535-) est un empereur byzantin de 578 à 582. Thrace d'origine, il appartient à la dynastie justinienne. Il gravit plusieurs échelons de la hiérarchie impériale jusqu'à servir dans le prestigieux corps des Excubites. Repéré par l'empereur Justin II, il en devient le régent quand il sombre peu à peu dans l'inaction, entre 574 et 578, avec le titre de césar. À la mort de Justin, c'est donc logiquement que Tibère lui succède comme empereur, jusqu'en 582. Lors de ses années de gouvernement, il essaie tant bien que mal de préserver les défenses de l'Empire, assaillies de toutes parts, oscillant entre guerres et actions diplomatiques parfois coûteuses. Contre les Sassanides, il se repose de plus en plus sur Maurice, alors que les Balkans semblent céder sous la pression des Avars et des Slaves et que l'Italie cède peu à peu sous la pression des Lombards.

Tibère II Constantin
Empereur byzantin

Solidus d'or de Tibère II.
Règne
-
(3 ans, 10 mois et 9 jours)
Période Dynastie justinienne
Précédé par Justin II
Suivi de Maurice
Biographie
Nom de naissance Flavius Tiberius Constantinus Augustus
Naissance vers 520-535
Décès
Constantinople (Empire byzantin)
Épouse Ino Anastasia
Descendance Constantina (impératrice)

En tant que successeur de la politique de Justinien, il subit, tout comme Justin II, les difficultés d'un Empire certes étendu mais surtout confronté à des défis militaires, économiques et démographiques de grande ampleur. Dépensier, Tibère II a laissé le souvenir d'un empereur généreux mais trop prompt à des prodigalités qui fragilisent un trésor qui se vide année après année. Relativement tolérant dans sa politique intérieure, il préserve les minorités religieuses et poursuit une politique de constructions plutôt ambitieuse, quoique coûteuse. Préparant sa succession, il s'appuie surtout sur Maurice, qui devient césar en août 582 quand Tibère tombe brutalement malade avant de s'éteindre le 14 août, juste après avoir consacré Maurice comme son héritier.

Origine et ascension

Tibère est né en Thrace au milieu du VIe siècle et plusieurs sources syriaques en font le premier empereur de langue grecque[1]. Les débuts de sa vie sont méconnus jusqu'à ce qu'il soit nommé notarius. C'est à ce poste qu'il rencontre le futur empereur Justin II, par l'entremise du patriarche Eutychius de Constantinople après 552[2]. Les deux hommes deviennent rapidement amis[3] et, grâce à l'aide de Justin, Tibère devient comte des Excubites de 565 à 574, après avoir été l'adjoint du général Marinus jusqu'à sa mort. Il devient donc le chef de la garde impériale, ce qui lui assure une grande proximité avec le pouvoir. Il est notamment présent lors de l'intronisation de Justin II sur le trône en 565 et constitue un de ses soutiens dans la rivalité qui oppose Justin à Germanus, le cousin de Justinien et qui convoite un temps le pouvoir suprême[4].

Dès son arrivée sur le trône, Justin est en butte à la menace des Avars qui viennent de s'installer en Pannonie. Il refuse de poursuivre le paiement du tribut annuel et nomme Tibère comme magister utriusque militiae pour poursuivre les négociations. Tibère finit par accorder aux Avars de s'installer dans les Balkans, à la condition que plusieurs de leurs chefs viennent à Constantinople comme otages[2]. Néanmoins, Justin refuse cet accord. Il veut que les otages viennent de la famille même du khan, ce que celui-ci rejette. Tibère passe alors de la négociation à la guerre. En 570, il bat les Avars en Thrace et repart pour Constantinople, avant de revenir exploiter son succès. Cette fois, il est vaincu et n'échappe que de justesse à la mort. Les Byzantins et les Avars décident alors d'une trêve et Tibère fournit une escorte aux plénipotentiaires avars pour discuter les termes de la paix. À leur retour, les ambassadeurs sont attaqués et volés par des populations locales. Quand il en a connaissance, Tibère réagit et fait rechercher les coupables, avant de rétrocéder les biens volés[5].

En 574, Justin perd peu à peu ses facultés mentales. L'impératrice Sophie se tourne alors vers Tibère pour assurer une forme de régence[4], alors que l'Empire combat les Perses en Orient et que la situation interne est fragilisée par une vague de peste. Tibère et Sophie se mettent d'accord pour une trêve d'un an avec les Sassanides, au prix de 45 000 nomismata. Le , Justin, dans un rare moment de lucidité, fait proclamer Tibère comme césar et l'adopte comme son fils. Tibère ajoute alors Constantin à son nom[5]. Néanmoins, méfiante, Sophie s'assure que Tibère ne se proclame pas empereur avant la mort de Justin en 578[6]. Dans l'ensemble, l'impératrice semble surtout soucieuse de préserver sa position. Selon Jean d'Éphèse, hostile à son égard, elle aurait même envisagé de se remarier avec Tibère. D'autres sources mentionnent son projet de promotion de Justinien, cousin de Justin, comme candidat au trône[7].

Tibère II césar (574-578)

Carte de la frontière byzantino-perse.

Pendant quatre ans, Tibère II agit comme empereur de fait, même s'il n'a que le titre de césar. Il profite d'une accalmie dans l'épidémie de peste pour reprendre le contrôle de l'Empire. Surtout, il se montre rapidement dépensier alors que Justin a préservé des sommes d'argent importantes pour assurer la défense des frontières. Tibère s'en sert surtout pour le distribuer et accroître sa popularité. Selon Paul Diacre, il met la main sur deux trésors, rapidement dépensés, au grand dam de Sophie. Il s'illustre aussi par des baisses d'impôts sur le vin et le pain et négocie une trêve avec les Avars en payant un tribut annuel de 80 000 nomismata. Dès lors, il peut transférer des troupes contre les Sassanides mais négocie aussi une trêve de trois ans contre un tribut de 30 000 nomismata, le temps de déployer ces effectifs. Parmi ces soldats figurent des hommes issus de peuples barbares, incorporés dans l'armée au sein d'une unité nommée Tiberiani, forte de 15 000 hommes[8]. Seule l'Arménie reste le théâtre de combats entre Byzantins et Sassanides[9].

Tibère envoie aussi des troupes en Italie, sous le commandement de Baduaire, pour lutter contre l'invasion des Lombards. Baduaire s'illustre d'abord en défendant Rome puis s'allie avec Childebert II, le roi des Francs, pour repousser les Lombards. Néanmoins, il est vaincu et tué en 576 et les Byzantins perdent à nouveau du terrain.

Tibère II empereur (578-582)

La politique de Tibère II contraste avec celle de son prédécesseur et, par la suite, avec celle de son successeur. Dans le contexte d'un Empire assailli de toutes parts et en difficultés depuis la mort de Justinien, il prend le parti d'une activité militaire moindre. Sans renoncer à la défense des frontières, notamment contre les Sassanides, il essaie surtout de renforcer son pouvoir intérieur et d'assurer la paix par une politique dépensière, probablement à l'excès, même s'il a parfois été décrit comme généreux par les chroniqueurs de l'époque[10].

Contre les Sassanides : la poursuite de la guerre

Il ne tarde pas à se débarrasser de Sophie afin de diriger sans contrainte comme empereur suprême et légitime, alors que l'impératrice douairière a peut-être eu pour ambition d'en faire son second époux[11].

En Orient, Tibère II est confronté aux suites de la politique belliqueuse de Justin à l'égard des Sassanides. Sur ce front, qui regroupe l'essentiel des forces militaires byzantines, son objectif semble surtout consister à préserver la frontière existante et à obtenir la paix. C'est surtout Maurice qui agit de manière opérationnelle, menant plusieurs campagnes, d'autant que Khosro s'éteint en 479, laissant la place à Hormizd IV, partisan de la guerre. Quand Tibère est césar, il est sur la défensive face aux troupes de Khosro, qui mettent à sac Mélitène et Sébastée en 576[12]. Finalement, le général Justinien rassemble une force suffisante pour rejeter les Sassanides au-delà de l'Euphrate avec de lourdes pertes[13] puis pénétrer dans l'Atropatène, avant d'être vaincu en 577 en Persarménie par Tamkhosrau, tandis que Adarmahan s'avance dans l'Osroène avant de se retirer face à l'arrivée d'une armée byzantine. Tibère décide alors de remplacer Justinien par le futur empereur Maurice et conclut une nouvelle trêve[9],[14].

Après la mort de Justin II en 578 puis de Khosro en 579, le conflit reprend avec une offensive de Maurice en 580 le long du Tigre, tandis que le général et futur empereur Khosro II intervient en Arménie. En 581, les Romains d'Orient décident de viser Ctésiphon, la capitale des Sassanides, avec l'aide des Ghassanides. Seulement, des dissensions apparaissent entre Maurice et al-Mundhir III alors que le général iranien Adarmahan est envoyé sur les arrières des Byzantins pour ravager l'Osroène et pousser Maurice à se retirer[15]. Si Adarmahan finit par être chassé des terres impériales, le conflit entre les Byzantins et leurs alliés arabes que sont les Ghassanides fragilise la position de Tibère. Celui-ci tente de jouer les conciliateurs mais Maurice accuse al-Mundhir de trahison et va jusqu'à se rendre à Constantinople pour persuader l'empereur de son bon droit. Tibère cède, peut-être convaincu et fait arrêter al-Mundhir, ce qui rompt l'alliance entre Byzantins et Ghassanides[16]. Ces derniers lancent même plusieurs raids contre les provinces byzantines et vont jusqu'à battre une armée byzantine et à tuer son général lors d'une bataille à Bosra[17]. Cet événement joue un rôle notable dans la détérioration des relations byzantino-arabes et affaiblit durablement la puissance des Ghassanides. Néanmoins, cela n'empêche pas Maurice de remporter une importante victoire contre Adarmahan près de Constantia en 582, peu avant la mort de Tibère.

Dans les Balkans : entre guerre et trêves coûteuses

Dans les Balkans, la présence byzantine est aussi menacée par la pression continuelle de peuples au-delà du Danube, en particulier les Slaves et les Avars, qui viennent de s'installer en Pannonie en 567-568. Or, les empereurs délaissent régulièrement cette région pour consacrer l'essentiel de leurs forces à la guerre contre les Sassanides, ce qui encourage les incursions au sud du Danube. Dès 574, Tibère II subit les offensives des Avars du khan Bayan qui s'attaque surtout à Sirmium, position stratégique sur le Danube. Chargé d'abord par Justin de négocier une trêve, les Avars se montrent très tôt demandeurs d'un important tribut. Il tient des pourparlers avec Atsikh, le représntant du khan, et aurait notamment proposé de céder des terres aux Avars, probablement en Pannonie, en échange d'otages retenus à la cour romaine. En outre, un tribut annuel de 80 000 solidi est aussi conclu. Cependant, l'ambassade des Avars est rançonnée sur le trajet du retour, démontrant l'état d'insécurité dans les Balkans mais Tibère fait châtier les coupables et rétrocède les biens volés, ce qui sauve la trêve[18]. Pendant quelque temps, des intérêts communs apparaissent entre Byzantins et Avars car ces derniers sont menacés par des peuples turcs venus de la steppe eurasiatique et par les peuples slaves, très présents dans la région et qui n'obéissent que partiellement à l'autorité du khan. Cette situation explique en partie que les Avars stoppent leurs incursions mais, en 578, il semble que les Slaves lancent une grande expédition en Thrace, peut-être jusqu'aux longs murs d'Anastase[19].

En 579, Tibère met fin au tribut payé aux Avars, alors de 80 000 solidi, mais ceux-ci réagissent immédiatement et assiègent Sirmium entre 580 et 582. Tibère ne peut y déployer des troupes, en-dehors de quelques rares renforts et de l'envoi d'officiers pour organiser la défense, plutot efficace. Tibère aurait aussi sollicité des alliances avec les Lombards ou avec les Turcs pour prendre à revers les Avars, sans succès[20]. La ville finit par tomber, quand Tibère conclut une trêve assurant un sauf-conduit à la population et à la garnison mais aussi le paiement d'une somme totale de 240 000 solidi, cumulant plusieurs années de tributs non honorés. En parallèle, les Slaves poursuivent leurs raids[4]. Plus encore, c'est peut-être sous le règne de Tibère que semblent se constituer les premières sklavinies, des principautés structurées autour des différentes tribus ou peuplades slaves qui s'installent durablement dans les Balkans. La perte de Sirmium, verrou défensif de la région, l'expose dangereusement aux pénétrations ennemies[21].

En Occident, une mobilisation plus modeste

Tibère II se voit aussi en butte à l'avancée des Lombards en Italie durant le conflit perse. Entre 572 et 574, le roi Cleph mène une politique très agressive envers les Byzantins, lesquels reculent progressivement autour de Ravenne et du sud de l'Italie, en particulier la Sicile, préservée. Pour Tibère, le défi est d'être en capacité d'intervenir alors qu'il est déjà mobilisé fortement sur d'autres fronts. Le général Baduaire tente de s'opposer aux Lombards entre 573 et 576 mais il court au cours d'une bataille. Tibère finance des armées franques pour livrer combat aux Lombards car ces derniers menacent aussi les Mérovingiens en Provence. Durant l'an 579, Tibère achète une conciliation avec les Lombards afin de contenir leur avance en Italie. La perte territoriale est importante, l'Empire byzantin n'a plus que Ravenne et une partie de la Sicile comme territoire en Italie. L'achat de la conciliation et le financement des armées franques nuisent au trésor de l'Empire déjà en situation précaire[22].

Dans l'Espagne byzantine, fragile tête de pont impériale dans la péninsule ibérique, Tibère II s'efforce de la préserver des visées expansionnistes de Léovigild. Sans soutenir fermement le prétendant au trône Herménégilde, qui contrôle Séville, il mène une politique d'équilibre, sachant que moins encore qu'en Italie, l'Empire est en mesure d'envoyer des renforts dans une province aussi distante.

En Afrique, la situation est plus calme et Gennadios, maître des milices, poursuit la politique de pacification de la province face aux Maures.

Politique intérieure

Tibère II Constantin est reconnu pour avoir été un empereur réaliste, comprenant les problèmes majeurs de la frontière qui était menacée par les Perses de Khosro Ier et de Hormizd IV[22]. Critiqué pour ses politiques irréfléchies à certains égards, il est tout de même vu comme un sauveur de la décadence byzantine et de la folie de Justin II : « The savior who died too soon » (« le sauveur qui mourut trop tôt »)[4]. Il est aussi critiqué par l'aristocratie byzantine pour avoir conféré trop de pouvoir à la faction populaire de la capitale aux dépens des aristocrates. Les nombreuses campagnes militaires pour défendre les acquis territoriaux de l'Empire et les paiements de tributs aux Avars rongent les finances de l'Empire et affaiblissent durablement sa prospérité[22]. Surtout, Tibère II se distingue par ses prodigalités, souvent excessives. Il continue le programme de constructions déjà entamé par Justinien. Il poursuit l'aménagement du quartier des Blachernes en faisant bâtir des thermes et entame les travaux de l'église des Quarante Martyrs. Il est aussi à l'initiative de palais, comme celui de Bryas ou de Damatrys sur la côte asiatique du Bosphore[23].

Sa politique religieuse semble avoir été tolérante, alors que l'Empire est régulièrement agité par des querelles théologiques entre les différentes branches du christianisme, notamment les Chalcédoniens, tenants du concile de Chalcédoine et les monophysites, parfois rejetés par le pouvoir impérial. S'ils continuent d'être périodiquement oppressés, il semble que ce soit surtout le patriarche, Eutychius, qui soit à l'origine de ces pratiques. Mort en 582, Tibère le remplace par Jean IV le Jeûneur, plus tolérant. Tibère, lui, invite notamment le roi des Ghassanides Al-Mundhir III ibn al-Harith, partisan du monophysisme et le reçoit fastueusement à Constantinople en 580, l'autorisant à tenir un concile du monophysisme[24]. Au-delà, il semble même relativement passif en matière religieuse, ce que lui reproche Jean d'Ephèse, puisqu'il n'intervient pas dans les protestations des habitants de la capitale contre les soldats barbares de l'armée, parfois partisans de l'arianisme. De même, il ne prend pas de décision à la suite d'un scandale qui implique plusieurs autorités de l'Empire, dont le patriarche d'Antioche, dans une affaire de paganisme[25].

Tibère II Constantin n'est que très peu mentionné dans les sources de l'époque. Il est mentionné brièvement par Agathias comme étant l'empereur des Romains ayant nommé Maurice à la tête des armées d'Orient pour faire des incursions dans la région d'Aghdzenik, pillant et incendiant toute la région jusqu'au fleuve Zirma[26]. L'historien égyptien Jean de Nikiou a mentionné ceci sur Tibère : « It was owing to the sins of men that his days were so few; for they were not worthy of such Godloving emperor, and so they lost this gracious and good man » (c'est à cause des péchés des hommes que ses jours furent si courts ; car ils n'étaient pas dignes d'un empereur si aimé de Dieu, et ils perdirent cet homme gracieux et bon)[27].

Succession

En , Tibère tombe subitement malade, apparemment après avoir mangé un plat de champignons et il décède le . Deux candidats sont alors pressentis pour prendre sa succession. Tout d'abord, Maurice, dont les succès contre les Sassanides ont renforcé la légitimité et qui peut se prévaloir de sa proximité avec Tibère. Il est par ailleurs fiancé à une de ses filles, Constantina. Ensuite, Germanus, lui aussi fiancé à une autre fille de Tibère, Charito et cousin de l'empereur Justinien. Maurice et Germanus sont nommés césars le mais, la veille de la mort de Tibère, c'est Maurice qui est nommé par Tibère seul Auguste dans le palais de l'Hebdomon. Selon Théophylacte Simocatta, il aurait délivré un dernier discours, par l'entremise de son questeur du palais sacré car il aurait été trop faible pour s'exprimer. Il y exprime un propos aux accents de conseil en direction de Maurice. Il s'éteint le 14 août et sa dépouille est quelques jours plus tard inhumée dans l'église des Saints-Apôtres[28]. Selon plusieurs sources, dont Michel le Syrien ou encore Théophylacte Simocatta, sa mort aurait causé une grande peine au sein de la capitale, bien que Évagre ne mentionne pas cette atmosphère[29].

Historiographie

Parmi les chroniqueurs de l'époque, Jean de Nikiou en a laissé une image très flatteuse, celle d'un « empereur beau, aimant le bien, généreux, d'un cœur ferme ». Ce biais favorable s'explique par la tolérance religieuse dont Tibère fait preuve, sachant que Jean de Nikiou est de confession copte orthodoxe.

Tibère II a laissé un souvenir contrasté mais qui lui reste relativement favorable, à l'égard des jugements souvent positifs de ses contemporains ou des chroniqueurs ultérieurs. Sa générosité, quand elle n'est pas vue comme dispendieuse, est louée. Edouard Gibbon lui tresse des lauriers dans son Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, écrivant : « Après avoir raconté les vices ou les extravagances d’un si grand nombre d’empereurs, il est doux de s’arrêter un moment sur un prince distingué par son humanité, sa justice, sa tempérance et la force de son âme ; de contempler un souverain affable dans son palais, religieux au pied des autels, impartial dans ses fonctions de juge, et vainqueur, du moins par ses généraux, dans la guerre de Perse »[30]. D'autres historiens sont plus critiques, comme Louis Bréhier, qui rappelle qu'il a « laissé une réputation de prince libéral et généreux qui parvint jusqu'en Occident », contrastant avec la sagesse de Justin II et de Maurice[31]. Walter Emil Kaegi souligne sa générosité mais estime qu'il n'a aucun plan d'envergure face aux défis de l'Empire d'alors[32]. Warren Treadgold va dans le même sens, affirmant qu'il laisse certes l'Empire un peu plus fort qu'à son avènement mais surtout plus pauvre[33].

Notes et références

  1. Whitby 2008, p. 95.
  2. Martindale, Jones et Morris 1992, p. 1324.
  3. Treadgold 1997, p. 223.
  4. (en) J.W Barker, Justinian and the later Roman Empire, Minnesota, The University of Wisconsin Press, , 255 p., p. 203-224.
  5. Martindale, Jones et Morris 1992, p. 1325.
  6. Kazhdan 1991, p. 2083-2084.
  7. Whitby 2008, p. 94-95.
  8. Whitby 1988, p. 95.
  9. Treadgold 1997, p. 224.
  10. Louth 2008, p. 125.
  11. Jean-Claude Cheynet, Histoire de Byzance, Paris, Presses Universitaires de France, , p. 42.
  12. Martindale, Jones et Morris 1992, p. 746.
  13. Kazhdan 1991, p. 1083.
  14. Dodgeon, Greatrex et Lieu 2002, p. 160.
  15. Dodgeon, Greatrex et Lieu 2002, p. 165.
  16. Dodgeon, Greatrex et Lieu 2002, p. 163-166.
  17. (en) Clive Foss, « Syria in Transition, A. D. 550-750: An Archaeological Approach. », Dumbarton Oaks Papers,, vol. 51, no 64, , p.238.
  18. Pohl 2018, p. 77-78.
  19. Pohl 2018, p. 80.
  20. Pohl 2018, p. 87.
  21. Pohl 2018, p. 88-89.
  22. Bosko Bojovic, Le millénaire byzantin 324-1453, Paris, Ellipses, , 272 p., p. 35-37.
  23. Whitby 1988, p. 19-20.
  24. Kazhdan 1991, p. 51.
  25. Whitby 2008, p. 99.
  26. Agathias, Histoires, Guerres et Malheurs Du Temps Sous Justinien, Paris, Les Belles Lettres, , Livre IV, 29, 8.
  27. (en) R.H. Charles, The Chronicles of John, Bishop of Nikiu, Londres, , p. 151.
  28. Whitby 1988, p. 99.
  29. Whitby 1988, p. 8-9.
  30. Edward Gibbon, Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain, tome 8, Lefèvre, (lire en ligne), p. 343.
  31. Bréhier 2006, p. 38.
  32. Kazhdan 1991, p. 2084.
  33. Treadgold 1997, p. 226-227.

Bibliographie

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  • (en) Alexander Kazhdan (dir.), Oxford Dictionary of Byzantium, New York et Oxford, Oxford University Press, , 1re éd., 3 tom. (ISBN 978-0-19-504652-6 et 0-19-504652-8, LCCN 90023208)
  • (en) Andrew Louth, « Justinian and his legacy (500-600) », dans The Cambridge History of the Byzantine Empire, Cambridge University Press, , 99-129 p. (ISBN 978-0-521-83231-1)
  • (en) John R. Martindale, A. H. M. Jones et John Morris, The Prosopography of the Later Roman Empire : Volume III, AD 527–641, Cambridge (GB), Cambridge University Press, , 1575 p. (ISBN 0-521-20160-8)
  • (en) Warren Treadgold, A History of the Byzantine State and Society, University of Stanford Press, , 1019 p. (ISBN 978-0-8047-2630-6, lire en ligne)
  • (en) Michael Whitby, The Emperor Maurice and his historian : Theophylact Simocatta on Persian and Balkan warfare, Oxford, Oxford University Press, , 388 p. (ISBN 0-19-822945-3)
  • (en) Michael Whitby, « The successors of Justinian », dans A. Cameron, B.Ward-Perkins et M. Whitby, The Cambridge Ancient History, Volume XIV. Late Antiquity: Empire and Successors, A.D. 425–600, Cambridge University Press, (ISBN 978-0-521-32591-2), p. 86–111

Liens externes

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