Valery Gergiev
Valery Gergiev, ou parfois Valeri Abissalovitch Guerguiev (en russe : Валерий Абисалович Гергиев ; en ossète : Гергиты Абисалы фырт Валери, Gergity Abisaly Fyrt Valeri), est un chef d'orchestre russe d'origine ossète, né le à Moscou. Il est récompensée par le titre d'artiste du peuple de la Fédération de Russie en 1996.
Nom de naissance | Валерий Абисалович Гергиев |
---|---|
Naissance |
Moscou, Union soviétique |
Activité principale | Chef d'orchestre |
Collaborations |
Théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg Orchestre symphonique de Londres Orchestre philharmonique de Rotterdam |
Formation | Conservatoire Rimski-Korsakov |
Distinctions honorifiques | Héros du travail de la Fédération de Russie (2013) |
Sa carrière est compromise en Occident par sa proximité et son soutien au régime de Vladimir Poutine, spécialement depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022.
Biographie
Né dans une famille d'origine ossète, il est élevé à Ordjonikidzé (redevenue depuis 1991 Vladikavkaz) entre ses 3 ans et ses 19 ans. À 14 ans, la mort de son père précipite sa vocation d'artiste[1]. Il est étudiant à Léningrad (redevenue Saint-Pétersbourg en 1991) au conservatoire Rimski-Korsakov et entre en 1977 au théâtre Kirov (devenu en 1992 le théâtre Mariinsky) en tant que chef d'orchestre stagiaire avant d'en être le chef d'orchestre principal à partir de 1988, succédant à Iouri Temirkanov. Il n'avait pas sa carte au Parti communiste, ce qui était alors rédhibitoire pour occuper une fonction publique, mais un vote du personnel lui permit finalement d'y accéder. À partir de 1994, il en devient également le directeur artistique et, en 1998, est nommé directeur général. Décidé à lui redonner sa splendeur passé, il y investit à perte ses propres cachets[1].
À partir des années 1990, il peut compter sur le soutien du maire de Saint-Pétersbourg Anatoli Sobtchak et de son premier adjoint Vladimir Poutine pour créer une nouvelle salle de concert (inaugurée en 2006) et d'un opéra ultra-moderne (le Mariinsky II, inauguré en 2013)[1].
Parallèlement, il est, de 1995 à 2008, le directeur musical de l'Orchestre philharmonique de Rotterdam et, depuis 1998, premier chef invité du Metropolitan Opera à New York.
Au début de 2007, il succède à Colin Davis à la tête de l'Orchestre symphonique de Londres et commence à enregistrer un nouveau cycle Berlioz.
Il dirige le un concert symphonique dans l'amphithéâtre de la cité antique syrienne de Palmyre avec l'orchestre symphonique du théâtre Mariinsky[2], après que la ville a été reprise à l'État islamique. À cette occasion, Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, déclare : « Le concert à Palmyre témoigne de la solidarité des personnalités de la culture avec ceux qui luttent contre les terroristes »[3].
En 2015, il succède à Lorin Maazel à la tête de l'Orchestre philharmonique de Munich (le poste était resté vacant après le départ de Maazel en 2014, pour des raisons de santé). Il en est congédié le mardi , à la suite de son refus de condamner l'invasion russe de l'Ukraine[4].
Il est également déprogrammé de plusieurs salles de concerts prestigieuses, la Philharmonie de Paris, le Carnegie Hall de New York et la Scala de Milan pour ce soutien implicite à la guerre menée par le président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, dont il est réputé proche[5].
Style musical
Sa direction d'orchestre est très particulière, décrite comme passionnée, magistrale, voire possédée[6]. En général, il n'emploie pas de baguette ou se contente d'une de petite taille, voire d'un cure-dents, ses mains semblant vibrer plus que guider les instrumentistes. Il excelle dans l'exécution des compositeurs russes[7].
Nominations et décorations
Il est artiste du peuple de Russie (1996), artiste du peuple d'Ukraine (2003), artiste du peuple d'Ossétie du Nord-Alanie, citoyen d'honneur de Saint-Pétersbourg (2007), de Lyon, de Toulouse, etc.
Officier de la Légion d'honneur, il est aussi titulaire de nombreuses décorations de son pays et de l'étranger (Allemagne, Arménie, Espagne, Finlande, Japon, Kirghizistan, Pays-Bas, etc.) Il reçoit le Prix Polar Music en 2006.
Il est récipiendaire de la médaille du Mérite culturel polonais Gloria Artis.
En 2013, il reçoit la médaille de héros du travail de la Fédération de Russie.
Il fait partie des huit porteurs du drapeau olympique à la Cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques d'hiver de 2014, le à Sotchi.
Il est membre de la commission d'État pour la culture[1].
Polémiques
En dépit de sa reconnaissance internationale, il est l'objet de critiques du fait de sa proximité avec le président russe Vladimir Poutine, notamment pour le concert de Palmyre (la Russie soutenant le régime de Bachar el-Assad) ou celui organisé une décennie plus tôt à Tskhinvali (Ossétie du Sud), alors en ruines après la guerre. On lui reproche également d'avoir justifié l'annexion de la Crimée par la Russie[8]. Il est membre honoraire du Slekdom, le comité d'enquête de la Fédération de Russie, qui instruit des procès pour tout crime relevant de l'ordre public ou de la sécurité de l'État, et est soupçonné de violations des droits de l'homme. Le 14 juillet 2017, il dirige le traditionnel concert qui se déroule sur le Champ-de-Mars, le Huffington Post jugeant « délicat » le choix de ce chef « pour représenter la démocratie française », ajoutant qu'il a « déjà affiché son soutien aux lois homophobes adoptées par la Douma ». À ces critiques, Valery Gergiev répond : « Tout d'abord, Vladimir Poutine n’est pas mon meilleur ami. Je le vois deux ou trois fois par an, parce que c'est le président et que je représente une institution culturelle importante. En ce qui concerne ces lois homophobes, je n'ai jamais déclaré que je les soutenais. J'ai toujours été pour l’égalité des droits et contre tout type de discrimination. Quant au concert à Tskhinvali après l'attaque de l’Ossétie du Sud par la Géorgie, c'était un geste de solidarité humanitaire, comme lorsqu'on a joué à Tokyo en 2012 au profit des victimes de Fukushima[1]. »
Des soupçons circulent aussi sur le fait que des grands industriels (de groupes comme Total ou BP) auraient fait des dons pour son centre de musique et d'opéra en échange de rencontres avec Vladimir Poutine. Valery Gergiev répond : « Total et BP ont décidé il y a des années d'investir en Russie et font partie des cinq ou six sociétés qui nous ont apporté un soutien financier. On ne peut pas venir exploiter les ressources en gaz ou en pétrole d'un pays et ne rien offrir en contrepartie, par exemple pour l'éducation. Mais imaginer que j'exercerais un chantage ou que je monnaierais des rencontres avec Poutine aboutissant à l'attribution de marchés relève, là encore, du fantasme »[1].
Le , le maire de Milan, Giuseppe Sala, et le directeur de la Scala, Dominique Meyer, appellent le chef d'orchestre, proche de Vladimir Poutine, à clarifier sa position à propos de l'invasion de l'Ukraine par la Russie en lui demandant de faire une déclaration plaidant pour une solution pacifique du conflit ; à défaut la présence de Valery Gergiev à Milan pourrait être compromise[9].
De même, le maire de Munich, Dieter Reiter, et l'Orchestre philharmonique lui demandent « un signe clair de distanciation vis-à-vis des attaques contre l’Ukraine, contraires au droit international » avant le , faute de quoi il sera mis fin à la relation contractuelle entre le chef russe et l'orchestre munichois[10]. Le , il est congédié, ne s'étant toujours pas prononcé malgré les demandes[11].
L'Orchestre philharmonique de Rotterdam lui demande également de « prendre ouvertement ses distances avec les actions du président Poutine en Ukraine » ; à défaut, ses prochains concerts avec l’orchestre et le festival Gergiev de septembre seraient annulés[12].
Le lendemain, la direction du Carnegie Hall décide de se séparer du chef, remplacé ipso facto par Yannick Nézet-Séguin[13]. L'Orchestre philharmonique de Vienne édicte la même décision concomitamment.
Le , le Verbier Festival a demandé et accepté[14] la démission de Valery Gergiev en tant que directeur musical du Verbier Festival Orchestra.
Vie privée
Il est père de trois enfants[1].
Bibliographie
- Bertrand Dermoncourt, Rencontre avec Valery Gergiev, Actes Sud, .
Documentaire
- You cannot start without me de Allan Miller (2009)
Notes et références
- Éric Dahan, « La symphonie diplomatique », Vanity Fair, no 55, , p. 90-97.
- « Valéri Guerguiev dirige un concert à Palmyre », sur francetvinfo.fr, (consulté le )
- Alice Develey, « Palmyre: la Russie organise un concert pour célébrer la victoire », sur lefigaro.fr, (consulté le )
- « Le chef d'orchestre pro-Poutine Valery Gergiev mis au ban de la scène culturelle », sur France 24, (consulté le )
- « Après la Philharmonie de Paris et le Carnegie Hall, la Scala de Milan évince le chef d'orchestre pro-Poutine Valery Gergiev », sur Franceinfo, (consulté le )
- Sylvie Bonier, « Valery Gergiev, démiurge possédé », Le Temps, (lire en ligne, consulté le ).
- « Valery Gergiev, le maestro sans baguette », La Presse, (lire en ligne, consulté le ).
- Olivier Bellamy, « Pourquoi la Russie de laissera pas tomber la Crimée », sur huffingtonpost.fr, (consulté le ).
- « La Scala prie le chef d'orchestre Valery Gergiev de clarifier sa position sur l'Ukraine », Le Figaro, (lire en ligne)
- « L’Orchestre Philharmonique de Munich attend un signe clair de Valery Gergiev », sur resmusica.com,
- « L’orchestre philharmonique de Munich congédie le chef pro-Poutine Valery Gergiev », (consulté le )
- « L’Orchestre philharmonique de Rotterdam met la pression sur Valery Gergiev », sur resmusica.com,
- « Le chef d'orchestre Valery Gergiev, pro-Poutine, remplacé au Carnegie Hall de New York », sur france24.com, (consulté le )
- Communiqué de presse.
Liens externes
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- WorldCat
- (ru) Site officiel
- (de) Site officiel
- (en) « Valery Gergiev », sur tch16.medici.tv, site du Concours Tchaïkovski 2019 (consulté le ).
- « Valery Gergiev », sur medici.tv (consulté le ).
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