hanter
Français
Étymologie
- (XIIe siècle) Du vieux norrois heimta (« conduire à la maison »), de heim « à la maison ». Bien attesté en Normandie, il a gagné le reste du domaine d’oïl. Le sens fantomatique apparait au dix-neuvième siècle, apparition concomitante avec l’anglomanie et les débuts du roman fantastique, probable croisement avec l’anglais to haunt, « fréquenter, hanter (en parlant des spectres ou des fantômes) », lequel est issu de l’ancien français hanter. Mais le normand aussi a hanté, « fréquenté, visité par des spectres », et hant « fantôme, revenant ».
Verbe
hanter (h aspiré)\ɑ̃.te\ transitif ou pronominal 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se hanter)
- Fréquenter quelqu’un que l’on suppose de mauvaise influence ou sur laquelle on exerce une mauvaise influence. — Note : On dit aussi intransitivement.
- Autrefois, quand j’étais « cavé », comme dit Tacherot, je hantais de bons bougres qui rêvaient de reprise individuelle. Ça leur coûtait cher. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 187)
- Fréquenter quelque lieu mal famé ou sur lequel on exerce une mauvaise influence.
- À dater de ce jour, Cacaine ne travailla plus et […] hanta fort régulièrement les divers bouchons de la commune […] — (Louis Pergaud, « Un petit logement », dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
- Hanter le barreau, le Palais. — Hanter les foires. — Hanter les mauvais lieux.
- (En particulier) Revenir de l’autre monde, en parlant des esprits.
- Longtemps encore, la jeune génération du village de Werst croira que les esprits de l’autre monde hantent les ruines du château des Carpathes. — (Jules Verne, Le Château des Carpathes, J. Hetzel et Compagnie, 1892, p. 195-199)
- (Figuré) Remplir, occuper de manière tenace la mémoire ou la pensée de quelqu’un.
- La crainte de voir se rapprocher un jour les Slovaques et les Tchèques a toujours hanté les Magyars ; à l’exemple des Allemands, ils ne dédaignent pas de faire appel à la science […] — (Ernest Denis, La Question d’Autriche ; Les Slovaques, Delagrave, Paris, 1917, p. 121)
- Maintenant, n’allait-elle pas être hantée par ces mots, qu’elle pouvait interpréter de dix manières ? — (Georges Simenon, Le Blanc à lunettes, ch. VIII, Gallimard, 1937)
Apparentés étymologiques
Proverbes et phrases toutes faites
- dis-moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es (on juge aisément les gens par les personnes qu’ils fréquentent)
Traductions
- Allemand : hantieren (de), frequentieren (de), umgehen (de), spuken (de)
- Anglais : haunt (en)
- Danois : hjemsøge (da), plage (da)
- Espagnol : perturbar (es)
- Espéranto : vizitadi (eo), fantomi (eo) (3)
- Ido : frequentar (io)
- Indonésien : menghantui (id)
- Italien : turbare (it), ossessionare (it)
- Néerlandais : bezoeken (nl), over de vloer komen (nl)
- Polonais : odwiedzać (pl), zwiedzać (pl), nawiedzać (pl)
- Portugais : assombrar (pt)
- Same du Nord : gopmohallat (*)
- Tchèque : posednout (cs)
- Turc : dadanmak (tr), musallat olmak (tr)
Homophones
Références
- Tout ou partie de cet article a été extrait du Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, 1932-1935 (hanter), mais l’article a pu être modifié depuis.
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