Collégiale Saint-Aignan d'Orléans
La collégiale Saint-Aignan d'Orléans[note 1] est une église, anciennement collégiale, située dans le centre de la ville d'Orléans (quartier Bourgogne), sur la rive nord de la Loire, dans le département du Loiret en région Centre-Val de Loire.
Collégiale Saint-Aignan d’Orléans | |
Présentation | |
---|---|
Culte | Catholique romain |
Dédicataire | Saint Aignan d'Orléans |
Type | Église (collégiale) |
Rattachement | Diocèse d'Orléans |
Protection | Classé MH (1840, 1910)[1] |
Site web | Paroisse du Cœur de ville - Orléans |
Géographie | |
Pays | France |
Région | Centre-Val de Loire |
Département | Loiret |
Ville | Orléans |
Coordonnées | 47° 53′ 56,94″ nord, 1° 54′ 55,52″ est |
Elle est dédiée à saint Aignan, évêque d’Orléans[note 2].
Histoire
Antiquité
La tradition, mêlant histoire et faits légendaires, rapporte que les Huns ont été stoppés sous les murs de l’église Saint-Pierre-aux-Bœufs (bâtie sur les ruines d’un temple romain)[2] grâce aux prières du vieil évêque, Aignan, qui transforma miraculeusement une poignée de sable de Loire en un essaim de guêpes. Ce serait elles qui mirent en déroute l'armée des Huns. Aignan fut ensuite relayé par les troupes du général romain Flavius Aetius (arrivées très tardivement, du fait de la faiblesse et quasi absence du pouvoir impérial, à cette époque de délitement de l'Empire romain). Il est clair qu'à tout le moins, l'action de l'évêque d'Orléans (alors seul capable de relayer le pouvoir civil) permit d'éviter le massacre généralisé et d'attendre les secours, qu'il avait préalablement fait appeler. L'arrivée de l'armée romaine - quand tout semblait perdu - put apparaître comme miraculeuse.
Aignan meurt vers le et est inhumé dans cette église. Il est plus tard canonisé et désigné comme saint patron de la ville et du diocèse d'Orléans.
La première abbaye et la collégiale
Jusqu’au VIIe siècle, Saint-Aignan s'agrandit, devient un monastère puis une abbaye régie par les règles de saint Benoît et de Saint Colomban.
Au IXe siècle, les moines qui la composent prennent le statut de chanoines et ne sont plus soumis à la règle de saint Benoît. La vie autour de la collégiale se développe jusqu'à ce que celle-ci acquière une complète autonomie, en partie grâce à Théodulfe, évêque d’Orléans et conseiller de Charlemagne.
Selon les règles, tous les membres de la communauté sont tenus de participer aux assemblées plénières et ont « voix au chapitre », y compris les enfants de chœur (ces derniers ne doivent pas être confondus avec les servants d'autel d'aujourd'hui, la fonction principale des enfants de chœur d'Ancien régime était de chanter dans le chœur professionnel de l'église ; l'expression est donc à prendre au sens propre : « enfants chantant dans le chœur »). L'avis des personnes ainsi réunies en chapitre général était consultatif et il revenait au doyen du chapitre de prendre les décisions[3].
Après la disparition de l'Empire carolingien de Charlemagne, la collégiale subit les pillages des Vikings, elle est notamment saccagée en l’an 865, et disparaît dans le grand incendie de 999 qui détruit la ville. Il ne reste de l'édifice que la crypte actuelle qui permit de protéger les reliques de saint Aignan.
Première reconstruction
Une basilique romane est reconstruite plus en hauteur par le roi de France Robert II dit Robert le Pieux, en 1029, après douze ans de travaux.
La Guerre de Cent Ans
Durant la Guerre de Cent Ans, en 1358, Orléans est assiégé par les Anglais. La population, par crainte que l’armée anglaise ne se serve des églises situées hors la ville comme lieux de retranchement, détruit Saint-Pierre Ensentelée (actuellement Saint-Pierre du Martroi), Saint-Euverte et Saint-Aignan. Ils mettront huit jours à raser le quartier.
L’église est de nouveau reconstruite en 1420. Cependant, huit ans plus tard, la ville étant à nouveau assiégée par les Anglais, toutes les églises du faubourg sont détruites sur ordre du bailli Raoul de Gaucourt.
À partir de 1439, l’église est réédifiée sous les règnes de Charles VII, puis Louis XI ordonne que la collégiale soit incluse dans la future enceinte, agrandie, de la ville. En 1509, en partie grâce au financement de Louis XI, la nouvelle collégiale est consacrée par Martin de Dreux, doyen du chapitre.
Époque moderne
En 1562, durant les guerres de religion, la collégiale Saint-Aignan est pillée par les Huguenots, partisans du réformateur Jean Calvin, qui s'emparent d’une châsse en or pour en faire de la monnaie. Cinq ans plus tard, ils démantèlent une grande partie de la collégiale.
En 1563, les reliques de saint Aignan sont jetées sur un bûcher par les huguenots alors maîtres de la ville, plus qu'à moitié acquise à leur cause ; l'édifice est incendié et brûle en partie. Quelques ossements du saint, calcinés, sont sauvés par un choriste du chapitre, Jehan Minereau, de Gien. Sans reliques d'un saint protecteur, l'église perd une grande partie de sa force et de sa crédibilité, et le musicien se serait donc trouvé dans une situation professionnelle précarisée[4].
Une fois la paix rétablie en 1570, les chanoines érigent un mur à l'ouest des transepts, pour isoler la nef, trop endommagée et inutilisable. Puis, en 1619, Louis XIII finance la restauration du retable actuel.
Époque contemporaine
Le chapitre de chanoines disparaît à la Révolution française, en . Pendant des siècles, il a constitué, en importance, le second chapitre canonial de la ville, après celui de la cathédrale Sainte-Croix.
L'architecte orléanais Benoît Lebrun bénéficie de la vente des biens nationaux et achète l'église en 1791[5].
De 1792 à 1802, l’église Saint-Aignan perd sa destination religieuse et sert successivement d’atelier de fabrication de tentes militaires, de local pour un groupe révolutionnaire puis en 1798, elle devient un « Temple de la Reconnaissance et de la Victoire ».
Ce n’est qu’en 1802, après le Concordat entre Bonaparte et la papauté, qu'elle est rendue au culte et devient une simple paroisse, avec toutefois un nouveau chapitre de chanoines[note 3].
La crypte est classée au titre des monuments historiques sur la liste des monuments historiques de 1840, classement confirmé par arrêté du [1].
L'église est classée au titre des Monuments historiques par arrêté du [1].
Architecture
L'église
Actuellement, il ne reste de la collégiale que le chœur de quatre travées, le pan coupé de l'abside (avec son déambulatoire desservant cinq chapelles absidiales) et les transepts. L'édifice comprenait autrefois une nef de trois travées, dont les ruines, restées à ciel ouvert depuis les Guerres de Religion jusqu'à la Révolution de 1789, furent détruites en 1804, par l'architecte Benoît Lebrun. Avant cette destruction, les collatéraux se prolongeaient jusqu'au fond de la nef. À l'ouest, la tour, qui n'avait jamais été ruinée, fut rasée la même année, par Lebrun.
Dans la première chapelle absidiale sud, on remarque la pierre tombale d'un maître de musique du chapitre, Liphard Benoît, mort en 1644.
D'importants travaux de rénovation, entrepris dans les dernières années du XXe siècle, ont été effectués sur la partie extérieure de l'édifice.
Conséquence des fuites qui avaient affecté la toiture, avant ces travaux, une fresque du XIXe siècle, dans la chapelle du chevet, continue à s'effriter un peu plus chaque jour ().
La crypte
La crypte de la collégiale Saint-Aignan d'Orléans est le seul vestige de l'église construite par le roi Robert le Pieux. Elle est consacrée en 1029 avec un chevet bâti à l'image de celui de la cathédrale de Clermont. Sa datation est controversée depuis le milieu du XIXe siècle. Le pourtour de la crypte serait du premier tiers du XIe et édifié à l'Est de la confession préromane de saint Aignan. Des travaux de consolidation sont réalisés en particulier lors de la reconstruction de l'église supérieure au XVe siècle.
Le sol actuel étant surélevé de deux mètres, la crypte était semi-enterrée et bien éclairée par des ouvertures ébrasées en plein cintre. On y accède par deux couloirs Nord et Sud, une entrée dans le collatéral Sud est percée au XVe. Ses dimensions sont importantes avec une longueur de 22 m, une largeur de 17 m et une hauteur de 4,50 m. L'abside contournée par un déambulatoire avec cinq absidioles est bâtie à l'Est de la confession de saint Aignan. Celle-ci d'époque préromane est peut-être un vestige d'un édifice antérieur. Le niveau de son sol est soixante centimètres au dessus de celui de la crypte. Sa longueur est de huit mètres, deux mètres de largeur et 2,90 m de hauteur. Elle est voûtée en berceau, on y accède par une petite porte et de petites fenêtres permettent de voir les reliques. Ses murs et les deux colonnes engagées dont une porte un chapiteau historié sont maçonnés dans un appareil de pierre d'une dizaine de centimètres de hauteur par une cinquantaine de centimètres de longueur, peut-être en matériaux de réemploi. L'utilisation de cet appareil marque l'antériorité de cette construction car on retrouve ces caractéristiques à l'Eglise de Saint-Généroux, Cravant-les-Coteaux, à Tournus et au Baptistère Saint-Jean de Poitiers.
La partie Est de la crypte est entièrement voûtée d'arêtes avec des absidioles en cul de four. L'abside centrale à trois nefs avait à l'origine deux files de six colonnes dont deux engagées mais des travaux de confortement les ont transformées en piliers. Des sondages ont permis la mise au jour des chapiteaux et colonnes d'origine. Le déambulatoire également voûté d'arêtes a été renforcé par des arcs doubleaux reposant sur des piliers. Le mur du collatéral Nord est orné d'une arcature de six arcades reposant alternativement sur des colonnes et des piliers. Ce même décor existait au Sud mais l'ouverture du passage au XVe siècle l'a détruit en partie. Une des chapelle possède deux petites arcades cintrées.
Le chapiteau historié de la façade de la confession est célèbre dans l'histoire de la sculpture romane. Sa face principale est occupée par un personnage nu avec une barbe triangulaire accosté de deux monstres, probablement des lions dont la tête crache du feu. Sur les côtés, deux hommes nus dont l'un tenant un glaive semble attaqué l'un des monstres pendant que l'autre personnage s'enfuit. Parmi les autres chapiteaux, certains sont simplement épannelés, d'autres avec des palmettes, rosaces, motifs en arêtes de poissons ou de minces volutes d'un art rudimentaire. Les chapiteaux encastrés dans les murailles sont sculptés sur les quatre faces. Un est polychrome avec sur un fond noir, des touches d'ocres jaune et rouge qui renforcent l'expression. Certaines sculptures évoquent plutôt la deuxième moitié du XIe siècle ce qui fait croire que des aménagements de la crypte sont postérieurs aux constructions robertiennes[6],[7],[8],[9],[10].
- Mur nord du déambulatoire
- Mur Est de la confession
- Petites fenêtres de la confession
- Chapiteau historié
- Vue dans l'axe vers l'est
- Détail polychrome
Musique
Jusqu'à la Révolution française, le chapitre collégial entretient un chœur professionnel permanent[note 4], qu'on peut estimer approximativement à une douzaine de chanteurs hommes et six sopranos-garçons[note 5]. Sa destination était avant tout de chanter, dans les offices, le plain-chant (ou chant grégorien) et des compositions musicales d'esprit voisin (elles aussi de nature monodique, comme les séquences (ou proses) rattachées à la liturgie). La fonction du chœur était également de chanter des motets polyphoniques (forme musicale savante très répandue, née au XIIIe siècle et qui n'a jamais cessé d'évoluer). L'ensemble chantait aussi d'autres types de partitions polyphoniques, un peu moins élaborées. Comme pour les motets, la plupart étaient composées par le maître du chœur, appelé « maître de musique »[note 6]. La partie aiguë était assurée par six « enfants de chœur » (le mot est à prendre au sens propre : jeunes garçons chantant dans le chœur), formés sur le cloître situé à l'extérieur de l'église, dans la maison de la psallette, par ce même maître de musique. Leur éducation musicale était complète et durait en principe douze ans. Un orgue avec qui l'on dialoguait (dès 1446 ou avant), et quelques instruments graves de soutien de la voix « soulageaient » ces chanteurs (à partir de la fin du XVIe siècle, un serpent, un basson, auxquels vinrent s'adjoindre, à partir du XVIIe siècle, pour les deux grandes fêtes annuelles de la collégiale, une ou deux basses de viole, remplacées ensuite par le violoncelle). Comme ailleurs, l'orgue ne soutenait pas le chœur, ce rôle étant dévolu aux instruments monodiques cités. Ce type d'interprètes, tous issus de l'école musicale du chapitre ou des autres maîtrises créées partout dans le royaume, ont été à l'origine de la musique savante française et européenne.
Compositeurs
Les maîtres composaient (de même que certains choristes ou les grands enfants de chœur). Comme partout ailleurs, cela était partie intégrante de leurs activités. On a malheureusement conservé très peu de partitions de ces compositeurs qui passèrent par la collégiale. C'est tout de même le cas pour Eloy d'Amerval, également poète, maître de Saint-Aignan au commencement du troisième tiers du XVe siècle[note 7]. Il subsiste de lui une Messe polyphonique à cinq voix[11]. Il est d'autre part l'auteur d'un long poème en français, Le livre de la diablerie, écrit et imprimé vers la fin de sa vie (commencé vers 1497, il sera publié en 1508).
On a aussi conservé de la musique des cinq compositeurs qui suivent :
- Jean-Baptiste Morin, né à Orléans en 1677 et mort à Paris en 1745, qui fut formé dans cette église[note 8].
- Auguste Vignot, jeune maître de musique formé à la cathédrale Notre-Dame de Paris, qui exerça quelque temps à Saint-Aignan, jusqu'en août 1743[note 9].
- Charles Hérissé (Orléans, 1737-1817), formé à la collégiale, fut maître de musique de la cathédrale de Meaux, puis de celle d'Orléans, jusqu'à la fermeture des églises en 1793. Il fut rappelé à la cathédrale en 1802, après le Concordat de 1801. On a de lui un grand motet de type versaillais (un Dies iræ, 1788), une romance pour une voix et pianoforte (forme nouvelle, en faveur dès cette fin du XVIIIe siècle), et deux traités de composition musicale (1797 et début du XIXe siècle). Douze recueils manuscrits de ses compositions ont été vendus en 1873. Ils ne sont pas réapparus depuis. Ses maîtres à Saint-Aignan avaient été Louis Le Maître, jusqu'en 1755, puis Antoine Faguer (ou Faguet), auparavant maître de musique de l'abbaye Notre-Dame de Garaison, dans les Hautes-Pyrénées.
- Entre la fin de 1783 et , pendant dix mois, Philippe Lejay, compositeur orléanais (né le ) dirigea le chœur de la collégiale tout en formant lui aussi les enfants de la maîtrise. À partir de septembre 1787 puis au XIXe siècle, il exerça à la cathédrale Saint-Gatien de Tours, qu'il désigna ensuite comme légataire de ses partitions (1851)[12].
- De 1785 à 1788, Jacques-Marin Dauvilliers, né en 1755, formé à la maîtrise de Notre-Dame de Chartres, assura la charge de maître de musique à Saint-Aignan[note 10].
En 1587, Abraham Fourdy, qui fut maître de Saint-Aignan de 1588 à 1633, avait remporté un prix au « Puy de musique » d'Évreux, concours de composition créé par l'organiste du roi Guillaume Costeley. Le motet primé, Dum Aurora, à cinq voix, est malheureusement perdu. Son successeur, Liphard Benoît, est enterré dans l'église (1644)[13].
Le compositeur Nicolas Formé, chanoine de Saint-Aignan
De 1616 à 1624, Nicolas Formé, maître de musique et compositeur de la Chapelle royale, à Paris, bénéficia des revenus d'une prébende canoniale à la collégiale Saint-Aignan d'Orléans. Il est connu pour avoir été un personnage haut en couleur, de caractère difficile, fort jaloux, libertin et avide d'honneurs. Du fait des obligations de sa charge parisienne, il ne pouvait sans doute pas être présent fréquemment. Cela incommoda-t-il le chapitre, comme celui de la cathédrale l'avait été lorsque son prédécesseur à la Cour, Eustache du Caurroy, pourvu lui aussi d'une chanoinie, s'était montré très peu présent ? Quoi qu'il en soit, Formé fut confirmé à Saint-Aignan, en 1618[14].
Une grande partie de sa musique est perdue. Ce qui subsiste comprend des pièces à double chœur, procédé de composition qui eut un grand succès à l'époque, en Europe. Il prétendait en être l'introducteur en France : il est en fait le premier à l'avoir introduit dans la messe polyphonique. Cette manière de répartir les voix avait déjà été utilisée par son prédécesseur Eustache Du Caurroy, mais seulement pour les motets. Selon cette technique de composition, deux ou plusieurs chœurs se répondent d'une tribune à l’autre et peuvent aussi se mêler : ce sont donc des chœurs répartis dans l’espace (l'exemple le plus célèbre est ce que l'on pratiquait à la basilique Saint-Marc de Venise).
Les orgues
Le premier orgue fut peut-être construit dans les années 1440, à l'époque de la reconstruction commencée sous Charles VII, vers la fin de la guerre de Cent Ans. Ce qui est sûr, c'est qu'on en trouve la trace à la date du . Le (jour de la fête de la Sainte-Croix), le roi Louis XI fit son entrée solennelle à Orléans, par la Porte Bannier (à l'entrée nord de la rue Bannier) pour rejoindre la Place du Martroi : « Les enfants de chœur de Saint-Aignan avaient apporté un buffet d'orgue, ils en touchèrent et chantèrent à l'entrée du roy »[15]. Le , ordre est donné de construire de nouvelles orgues[16].
On sait aussi qu'en 1661 (bien après la fin des Guerres de religion du XVIe siècle), le chapitre acquit un orgue portatif. Une vingtaine d'années après, le chapitre canonial put le remplacer par un instrument plus important : de 1677 à 1683, le facteur Pierre Bridard construisit un orgue de tribune (on installa celle-ci à l'entrée de ce qui fait fonction de nef, côté sud). Ruiné pendant la Révolution française, l'instrument disparaîtra en 1852. L'orgue actuel a été construit en 1872 par Charles Baurain, élève du célèbre facteur Aristide Cavaillé-Coll.
Le plus connu des organistes de Saint-Aignan est Christophe Moyreau (1700-1774), en poste de 1719 à 1737. Il publia six livres de Pièces de clavecin (1753). Trois d'entre elles peuvent se jouer sur l'orgue.
Les deux Proses de Saint-Aignan
La plus ancienne des deux proses (incipit : Magni laudes Aniani) reprend la musique de la séquence médiévale Lauda Sion salvatorem. Le texte est de Michel-Gabriel Perdoulx de la Perrière (1728). La seconde (Hac die præclara) reprend la musique de la Prose pour l'Invention de la sainte Croix (Ad aras nos vocat, in : « Graduale aurelianense... », 1773), composée par Jean-François Foucard, choriste et maître de la cathédrale d'Orléans à la fin du règne de Louis XV.
Maîtres de musique de la collégiale (XVe-XVIIIe siècles)
- Jean Tauri, installé chanoine de résidence sur la stalle 31 en 1430 et mort en 1457[17]. La libération de la ville par Jeanne d'Arc avait eu lieu le .
- Foquet, en place au , à l'arrivée du roi Louis XI dans la ville. Ce jour de la Sainte-Croix, « les enfans de cueur [chœur] de Saint-Aignan avaient apporté un buffet d’orgue, ils en touchèrent et chantèrent [en alternance et en chant alterné] à l'entrée du roy ». Le , Louis XI fait sa première Entrée dans l’église de Saint-Aignan d’Orléans, où il est reçu en qualité d’abbé et de chanoine[18]. Le maître était peut-être déjà Eloy d'Amerval, qui suit :
- Eloy d'Amerval, attesté en 1468 et 1471, au moins : de 1464 à 1465 il avait chanté en tant que chantre (choriste et soliste professionnel), tenant la partie de ténor, à la chapelle du château de Blois, au service du prince et poète Charles d'Orléans (mort à Amboise le ). Il est donc très possible qu'il ait été installé maître de Saint-Aignan peu après cet épisode. Vers 1474-1475 il a peut-être travaillé pour la cour des Sforza, à Milan.
- ?
- Esprit d'Orléans, en place en 1534-1536 (et peut-être avant) jusqu'à sa mort en 1551[19].
- Jean Ponchet, en place en 1553. Dès 1554 il était en poste à la cathédrale de Bourges[20].
- [Maître inconnu]. 1555. . M[aîtr]e Pierre Sandrin [Paris, vers 1490-Rome, vers 1561], chantre ord[inai]re de la chapelle du roi [et compositeur], vient, avec lettres du roi, choisir un enfant de chœur pour lad.[ite] chapelle et l’emmène. ».
- ?
- Abraham Fourdy, orléanais, maître vraisemblablement de 1588 à 1633. En 1594 il occupa provisoirement le poste de maître de Sainte-Croix, qui était vacant[21].
- Liphard Benoist, maître à la suite et mort le . Comme Fourdy, il pouvait être originaire d'Orléans ou de sa région.
- Philippe Bouët. En place en 1646. À sa mort, le , il est toujours membre du chœur : on le qualifie alors de choriste (chorista, en latin).
- Christophe Morchoisne, maître de 1646 jusqu'à la fin de l'année 1652. Mort le [22].
- Jean Poissolat, maître de 1652 à 1679 (chanoine semi-prébendé depuis le ; mort le ).
- Olivier Trembloit (ou Tremblais, Tremblay) (orléanais, qui avait été formé à la maîtrise) en devient maître à partir de 1679 (après la mort de Poissolat) jusqu’au probablement. Mort le . Il a été le maître du futur compositeur Jean-Baptiste Morin (qui entra au service du régent Philippe d'Orléans et exerça également comme maître de musique au service de sa fille Louise-Adélaïde d'Orléans, à l'abbaye royale de Chelles).
- Jacques-Philippe Maurage (wallon du Hainaut ?), en place au .
- François d'Hardivilliers, originaire du diocèse de Beauvais (le Vexin ?). En place au .
- Edme Bailly (orléanais ?), en place au , jusqu'à l'année de sa mort (survenue en ).
- Pierre-Auguste-César-Ezéchiel Le Vasseur de Roches, né à Orléans le . Était en place à Saint-Aignan au . Il finit maître de musique de l'abbaye royale Notre-Dame de Chelles et grand chapelain de la cathédrale de Meaux. Mort le .
- Auguste Vignot, parisien. Ce jeune maître quitta définitivement Orléans en pour aller exercer à la cathédrale de Clermont-Ferrand.
- Louis Le Maître (ou Louis Maître), formé à la cathédrale de Troyes, attesté à Saint-Aignan en 1751-1753. Peut-être en place avant et après cette période (entre 1748 et la fin de 1755 environ ?).
- Antoine Faguer (ou Faguet), auparavant maître de musique à l'abbaye Notre-Dame de Garaison dans les Pyrénées, lui succéda, probablement à partir de la fin de 1755. Louis Le Maître et Antoine Faguer eurent comme élève le futur maître de la cathédrale et compositeur Charles Hérissé.
- Julien-Élie Leroy, blésois, succède à Faguer au début d' jusqu'en .
- Sulpice-Philippe Lejay, orléanais, est maître de musique de au .
- Jacques-Marin Dauvilliers, formé à la cathédrale Notre-Dame de Chartres, lui succède, jusqu'en 1788.
- Léonard Cabart (ou Cabaret), formé dans la même maîtrise, lui succède jusqu'à la dispersion du chapitre par le Comité ecclésiastique révolutionnaire en .
Notes et références
Notes
- Saint-Aignan est prononcé traditionnellement « Saint-Agnan », même si une autre prononciation est apparue récemment et coexiste de fait avec elle.
- La légende de saint Aignan, basée sur des faits en grande partie historiques, indique qu'en l'an 451, son action permit, avant l'arrivée des légions romaines d'Aetius, de dissuader Attila, commandant de l'armée des Huns, d'investir la cité de Cenabum et de la ravager.
- Ce chapitre n'existe plus actuellement.
- Une collégiale servait souvent de tremplin à de jeunes musiciens (appelés chantres ou plus simplement choristes) effectuant leur « tour de France »
- Les chanteurs adultes étaient apparemment moitié moins nombreux, au moment de la dispersion du chapitre, en 1790. Mais cela n'est pas certain.
- On dirait aujourd'hui le maître de chapelle
- Peut-être arrivé dès 1465, il est attesté à Saint-Aignan en 1468 et 1471.
- À Paris, Jean-Baptiste Morin entra au service du duc Philippe d'Orléans, futur régent du royaume, et créa, au début du XVIIIe siècle, la « cantate française » (forme musicale essentiellement profane en Italie et en France).
- Quatre grands motets de Vignot sont conservés à la Bibliothèque nationale de France, ainsi qu'une chanson publiée dans le Mercure de France en juillet 1745, pour célébrer la victoire de Fontenoy. Ses quatre grands motets ont été chantés à la Chapelle royale du Château de Versailles, de 1757 au moins, jusqu'en 1792. L'auteur, qui n'exerça jamais à la cour, mourut prématurément.
- On a conservé de Jacques-Marin Dauvilliers un Recueil de Romances Mises en Musique et Arrangés [sic] pour la Harpe, qui fut publié à Paris, en pleine Terreur révolutionnaire (janvier 1794), alors qu'il avait été dans l'obligation de se « laïciser » pour pouvoir continuer à vivre de son art (cotes BnF : Vm7 47078 ; Vm7 7685). Son traité d'harmonie (Traité de composition élémentaire des accords) parut cinq ans avant sa mort, en 1834 (cotes BnF : Vm8 228 ; Vm8 229 ; également à la Médiathèque Hector Berlioz du CNSMDP, cote : 8C2 128 ; et collection privée). Son Nouveau Solfège élémentaire, ou Méthode d’enseignement (Paris, Momigny, vers 1795) est conservé à la BnF (L-7357 et L-944). La réédition orléanaise, augmentée (Berthevin, 1807, 200 p.) n'est pas localisée actuellement
Références
- Notice no PA00098843, base Mérimée, ministère français de la Culture
- L'abbé Louis Gaillard précise qu'en réalité cette église n'a jamais existé. Cf. Bulletin de la Société Archéologique et Historique de l'Orléanais (BSAHO), T. VII, n° 49, 1978, p. 79-82 (Dom Jean-Marie Berland, L'église Saint-Pierre-aux-Bœufs, une église orléanaise fantôme. L'auteur écrit que l'erreur a été commise au milieu du XVIIe siècle par l'historien d'Orléans François Le Maire, dans Histoire et Antiquitez de la Ville et Duché d’Orléans).
- Cf. Daniel-Odon Hurel.
- Denis Lottin, Recherches historiques sur la ville d’Orléans, Orléans, 1836-1845, T. II, pp. 278-279 (procès-verbal du 16 novembre 1730).
- Jacques-Henri Pelletier, « L'ancien théâtre d'Orléans et l'architecte Benoît Lebrun », Mémoires de la Société d'agriculture, sciences, belles-lettres et arts d'Orléans, Académie d'Orléans, 6e série, t. 1, , p. 127-140 (ISSN 0994-6357, lire en ligne, consulté le )
- C. Arnaud, P. Martin, « Crypte de Saint-Aignan d’Orléans », Bulletin du Centre d’études médiévales, Auxerre, no 8, , p. 33-36 (lire en ligne)
- F. Lesueur, « Saint-Aignan d'Orléans - L'église de Robert le Pieux », Bulletin monumental, vol. 115, no 3, , p. 169-206 (lire en ligne).
- Alfred Ramé, « Dissertation sur quelques édifices d'Orléans présumés carolingiens - Crypte de Saint-Aignan », Bulletin monumental, vol. 26, , p. 50-86 (lire en ligne).
- Pierre Martin, « Loiret, Orléans, Opération d'archéologie du bâti à la crypte e Saint-Aignan », Bulletin monumental, vol. 160, no 4, , p. 394-396 (lire en ligne).
- Jules Banchereau, « Église Saint-Aignan d'Orléans », Congrès archéologique de France -Orléans, 1930, , p. 52 (lire en ligne)
- Manuscrit de la Bibliothèque vaticane publié par le Centre d'études supérieures de la Renaissance de Tours (UMR 6576 du Centre national de la recherche scientifique), 1998.
- Archives nationales. D XIX 90, dossier 756. Tours. Cathédrale Saint-Gatien. 4 novembre 1790. Document « Quatorzième » (20 mars 1785) ; Michel Le Moël, "La situation des musiciens d’église en France à la veille de la Révolution", in : Recherches sur la musique française classique, XV, 1975, pp. 191-243 (p. 211) ; Journal d’Indre et Loire du 30 octobre 1851 : "M. LEJAY" ; Centre d'Histoire « Espaces et Cultures » (CHEC), "Les musiciens d’église en 1790. Premier état d’une enquête sur un groupe professionnel", in : Annales historiques de la Révolution française, N°2, Université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand, 2005, pp. 57-82 ; Christophe Maillard, « Musique et musiciens d'Église à Tours à la fin de l'Ancien Régime », dans : Bulletin de la Société archéologique de Touraine. Histoire et patrimoine, Tome LXI, Tours, éditions La Simarre, 2015, p. 207-216 (Lejay, p. 216).
- Marlène Britta, François Turellier, Philippe Vendrix, La vie musicale à Orléans de la fin de la Guerre de Cent ans à la Saint-Barthélemy, p. 131.
- Robert Hubert, Antiquitez historiques de l’Église Royale Saint-Aignan d’Orléans, Orléans, Hotot, 1661, 215-148 p. (Preuves, p. 131)
- Henri Poullain, Orléans, 1461-1483, règne de Louis le onzième, faits historiques se rattachant à cette période, Orléans, Houzé, 1888, p. 11.
- Archives départementales du Loiret. 2 J 2497. Orléans, église Saint-Aignan : administratrion, délibérations, biens du chapitre du XIIIe au XVIe siècle, Saint-Aignan. G 1411 : « 1482. 31 oct.[obre]. Fiant organa nova et decorem ecetera. » (« Ordre de construire de nouvelles orgues avec leur décoration, etc. »).
- Charles Cuissard, Dignitaires et chanoines de Saint-Aignan, Bulletin de la Société Archéologique et Historique de l'Orléanais, T. XI, n° 156, 1895, pp. 100-124.
- Henri Herluison et Paul Leroy, Notes artistiques sur les auteurs dramatiques, les acteurs, les musiciens dans l’Orléanais, Paris, Réunion des Sociétés des Beaux-Arts des départements, 1897, p. 787 (BnF : Lc18-301 ; photocopie aux Archives départementales du Loiret) ; Denis Lottin, Recherches historiques sur la ville d’Orléans, Orléans, A. Jacob, 1837, 8 vol., T. I, p. 317 (Comptes de ville : 30 septembre 1461), p. 319 (20 février 1466).
- Collection des inventaires sommaires des archives communales d’Orléans, Orléans, 1907, T. I, p. 154. CC 685. Années 1534-1536. « Impositions et charges diverses de la commune » ; Charles Cuissard, Dignitaires..., p. 115 ; Archives départementales du Loiret. G 155. Martyrologium ecclesiæ Regalis Sancti Aniani Aurelianensis, [Orléans], 27 octobre 1765, 1 f° de titre-256 p.-7 p. non numérotées, p. 230 ; Id., 2 J 2497. Orléans, église Saint-Aignan : administration, délibérations, biens du chapitre du XIIIe au XVIe siècle (Saint-Aignan. G 1412 : « 1552. 10 mars. Fixation le jeudi du compte de vente des biens de feu M[aîtr]e Esprit d’Orléans, chan.[oine] semiprébendé » de 1541 à 1551).
- Selon François Lesure, Dictionnaire musical des villes de province, Paris, Klincksieck, 1999, 367 p., p. 243 ; Marie-Reine Renon, La maîtrise de la cathédrale Saint-Etienne de Bourges, du XVIe siècle à la Révolution, Saint-Amand, Bussière, 1982, 304 p., p. 95 : Jean Pouchet, maître de musique de la cathédrale en 1564 (en réalité 1554). Il s’agit certainement du même. Cf. Émile Droz, « Guillaume Boni, de Saint-Flour en Auvergne, musicien de Ronsard », p. 273 (in Mélanges offerts à Abel Lefranc, Paris, 1936).
- François Turellier, Un musicien dans la ville. Abraham Fourdy, maître de musique de la collégiale Saint-Aignan d'Orléans (XVIe-XVIIe s.). / Un interprète compositeur, entre plain-chant, polyphonie et divertissements pour voix et luth en usage dans la "Nation germanique" de l'université (d'Orléans), Bulletin de la Société Archéologique et Historique de l'Orléanais, T. XXII, N° 173, 1er trimestre 2015, pp. 51-66.
- Cf. Archives départementales du Loiret. G 155. Martyrologium..., pp. 163 (15 novembre), 230 (chanoine semi-prébendé a parte dextra, depuis 1646, sur la stalle n° 32). Puis a parte sinistra, stalle 31, le 24 décembre 1652 (pp. 230, 228).
Pour approfondir
Bibliographie
- Marlène Britta, François Turellier, Philippe Vendrix, La vie musicale à Orléans de la fin de la Guerre de Cent ans à la Saint-Barthélemy, in : Orléans, une ville de la Renaissance, Ville d'Orléans, Centre d'études supérieures de la Renaissance (CESR) de Tours, université François-Rabelais de Tours, 2009, p. 120–131.
- Jules Brosset, Église royale et collégiale de Saint-Aignan d’Orléans. Les orgues et les organistes, Blois, dactylographié, 1910, 11 p. (Archives départementales du Loiret).
- Jules Brosset, Jacques Dauvilliers Maître de Musique de la Cathédrale Sainte-Croix d’Orléans (1755-1739), Blois, C. Migault, 1908, 32 p.
- Centre d’histoire « Espaces et cultures » (CHEC), Les musiciens d’église en 1790. Premier état d’une enquête sur un groupe professionnel, in : « Annales historiques de la Révolution française », n°2, Université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand, 2005, p. 57–82.
- Orléans. Bibliothèque du CERC. Recueil de proses notées, au nombre de 85, par Mr Malon ancien frère des Écoles chrétiennes, Manuscrit, début du XIXe siècle (avant 1822), 307 P. p. 59–63 (prose n° 17), 64-68 (prose n° 18), 235-239 (prose n° 65).
- Gérard Héau, Christophe Moyreau musicien d’Orléans (1700-1774) et sa famille, Dactylographié, [Donnery], 1984, 12 p.
- Pierre Martin, Les premiers chevets à déambulatoire et chapelles rayonnantes de la Loire moyenne (Xe-XIe siècles).Saint-Aignan d’Orléans, Saint-Martin de Tours, Notre-Dame de Mehun-sur-Yèvre, La Madeleine de Châteaudun, Sciences de l’Homme et Société. Université de Poitiers, 2010 (lire en ligne)
- Michel Le Moël, La situation des musiciens d’église en France à la veille de la Révolution, in : « Recherches », XV, 1975, p. 191–243.
- Jean Mongrédien (dir.), Catalogue thématique des sources du grand motet français (1663-1792), Université de Paris-Sorbonne-Bibliothèque nationale de France, Munich, New York, K.G. Saur, 1984, 234 p.,p. 208–209 (réf. 1777-1783) : « Vignot ».
- François Turellier, Le compositeur orléanais Jean-Baptiste Morin (1677-1745), ordinaire de la musique du régent, créateur de la cantate française, et surintendant de la musique à l’abbaye royale de Chelles, BSAHO, Nouvelle série, n°115, , Le XVIIIe siècle à Orléans, pp. 3–16. Nouvelle version, inédite (2020).
- Id., Morin, Jean-Baptiste, in : www.oxfordmusiconline.com, 2009.
- Id., Les orgues et les organistes de la cathédrale Sainte-Croix d’Orléans. Leur place à l’église et dans la ville, des origines jusqu’aux travaux d’Aristide Cavaillé-Coll, in : "L’Orgue", Revue trimestrielle publiée par l’Association des amis de l’orgue en coédition avec Symétrie, N° 291, Versailles, Lyon, 2010-III, p. 3–33.
- Id., Christophe Moyreau (1700-1774) : organiste, claveciniste et compositeur orléanais, Bulletin de la Société archéologique et historique de l'Orléanais (BSAHO), nouvelle série, T. XIX, n° 161, , p. 5–39 (Errata dans : BSAHO, Nouvelle série, T. XX, N° 163, 1er semestre 2010, p. 134).
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