Alphonse XIII
Alphonse XIII, né le à Madrid et mort le à Rome, est roi d'Espagne de 1886 à 1931.
Fils posthume du roi Alphonse XII, Alphonse XIII règne dès sa naissance. La régence est confiée à sa mère Marie-Christine d'Autriche jusqu'à sa majorité, en 1902. Son règne est marqué par la perte des dernières possessions espagnoles d'outre-mer et une très forte instabilité politique. Après la proclamation de la République, en 1931, la famille royale est contrainte à l'exil, d'abord à Paris, puis à Rome.
Biographie
Fils posthume d’Alphonse XII et de Marie-Christine d’Autriche, il est baptisé Alfonso León Fernando María Jaime Isidro Pascual Antonio de Borbón y Austria.
Roi d'Espagne
La régence est confiée à sa mère, femme respectée pour son comportement et sa dignité. Cependant, la guerre de 1898 contre les États-Unis fait perdre à l'Espagne ses dernières colonies dans le Pacifique et l'Atlantique : Cuba, Porto Rico et les Philippines.
Les débuts du règne personnel
Le , Alphonse XIII, âgé de 16 ans, est déclaré majeur et assume les fonctions constitutionnelles de chef de l’État ; il visite l'ensemble des provinces espagnoles et voyage à l'étranger, notamment dans l'Empire allemand, au Royaume-Uni et en France.
Un premier complot contre sa personne est déjoué et plusieurs autres tentatives d’assassinat suivront. Le , il essuie un coup de feu en voiture. Le , on trouve une bombe dans ses appartements au palais de Madrid. Le , un pétard explose à Barcelone sous le portique d'une maison où le roi allait passer, et l'on acquit la certitude que les anarchistes avaient conspiré pour tuer le souverain pendant sa visite dans cette ville[1]. Lors de sa visite en France à Paris, dans la nuit du au , le président Émile Loubet et lui-même sont victimes d'un attentat à la bombe organisé par un anarchiste espagnol (portant le nom d'Alexandre Farras) à l'angle des rues de Rohan et de Rivoli. L'auteur de l'attaque, dont ils sortent indemnes, ne sera jamais arrêté[2].
Le mariage du jeune roi intrigue les cours d'Europe. Chaque gouvernement souhaite donner au jeune monarque une épouse qui l'attirerait dans son camp en cas de conflit. Le Kaiser propose une de ses parentes catholiques, la très belle princesse Marie-Antoinette de Mecklembourg-Schwerin tandis que l'Angleterre protestante forme des vœux pour que la très belle princesse Patricia, fille du duc de Connaught et nièce du roi Édouard VII devienne la prochaine reine très catholique.
Le choix du souverain se porte sur une princesse de plus humble origine : la princesse Victoria de Battenberg. Nièce du roi Édouard VII du Royaume-Uni, la princesse qui, comme nombre de ses cousines, porte le prénom de sa grand-mère la feue reine Victoria du Royaume-Uni, n'en est pas moins issue d'une branche morganatique de la maison de Hesse ce qui, selon les critères du temps, ne lui permet pas de ceindre une couronne. Amoureux, le roi passe outre. La princesse se convertit au catholicisme. Par courtoisie, elle reçoit comme marraine l'ex-impératrice des Français d'origine espagnole en exil en Angleterre Eugénie de Montijo. La future reine accole le prénom de sa marraine au sien. On cache au roi la possibilité qu'a la jeune femme de transmettre une maladie héréditaire, l'hémophilie, dont sont déjà victimes le tsarévitch de Russie et certains princes de la maison royale de Prusse.
Le , Alphonse XIII épouse à Madrid la princesse Victoire-Eugénie de Battenberg (1887-1969), fille du prince Henri de Battenberg (1858-1896) et de Béatrice du Royaume-Uni.
Alors qu’Alphonse XIII et son épouse retournent au palais royal de Madrid après la célébration du mariage, un anarchiste, Mateo Morral, lance une bombe dissimulée dans un bouquet de fleurs face au numéro 88 de la Calle Mayor. Les jeunes époux sortent indemnes de l'attentat qui tue néanmoins 23 personnes dans le public et la suite royale[3].
Le dimanche , alors que le roi rentre à cheval d'une revue militaire à Madrid, un anarchiste de 25 ans, nommé Rafael Sánchez Alegre, tire sur lui deux coups de revolver qui ne l'atteignent pas mais blessent son cheval, à l'angle de la promenade de Recoletos dans la rue d'Alcalá. Le tireur est assommé par un agent de police, mais tire encore un troisième coup de revolver qui blesse cet agent à la cuisse. Après son arrestation, il déclarera avoir agi seul[4].
Première Guerre mondiale
Pendant la Première Guerre mondiale, en tant que monarque d'un pays neutre, Alphonse XIII lance ce qui peut être considéré comme la première action humanitaire gouvernementale de l'histoire : le bureau des prisonniers de guerre (Oficina pro-cautivos). Ce bureau entend fournir des réponses aux familles qui ignorent le sort de militaires ou de civils qui se trouvent dans les zones de combat.
Le roi fonde cet organisme séparément du gouvernement afin de ne pas compromettre sa neutralité. Sur fonds propres, il installe au palais royal un secrétariat où parviennent les demandes d'information ou d'intervention en faveur des prisonniers des deux bords. Son action est facilitée par les bonnes relations que le roi entretient avec les pays belligérants. Il utilise les ambassades pour obtenir des informations sur les prisonniers et met en contact des prisonniers des deux camps avec leurs familles. Il sauve environ 70 000 civils et 21 000 soldats et intervient en faveur de 136 000 prisonniers de guerre en organisant 4 000 inspections de camps de prisonniers. Il plaide également pour que les sous-marins n'attaquent pas les navires-hôpitaux et propose d'instaurer une inspection neutre de ces navires par des militaires espagnols à la sortie et l'entrée des ports. Il obtient des deux parties l'engagement de ne plus torpiller de bateaux arborant un drapeau d'hôpital. Le bureau traitait un tel volume de demandes que les jours fériés étaient travaillés.
Il faut également noter ses tentatives, en 1917, pour libérer et amener en Espagne la famille impériale russe. La suite de la révolution d'Octobre ruinera ses plans.
Il soutient les démarches de paix entreprises par l'empereur Charles Ier d'Autriche par l'intermédiaire des princes François-Xavier de Bourbon-Parme et Sixte de Bourbon-Parme.
Après la guerre et la mort prématurée de l'empereur Charles en exil, Alphonse XIII accorde l'hospitalité à l'impératrice sa cousine Zita de Bourbon-Parme et à ses enfants.
Une monarchie en crise
L’Espagne connut de nombreuses révoltes sociales dans la plupart des grandes villes au cours des deux premières décennies du XXe siècle. La plus violente eut lieu à Barcelone en 1909. Un des facteurs déclencheurs fut le mécontentement de la population face à la guerre du Maroc.
L'agitation dans le Nord du Maroc, dans les protectorats espagnol et français, conduit d'ailleurs à la sanglante guerre du Rif. En 1921, l'Espagne subit une défaite désastreuse à Anoual. Le desastre de Annual fit naître dans l'opinion publique un sentiment très critique envers la politique au Maroc, mais également envers le système politique en général. Une enquête fut menée sur les responsabilités mais aucun rapport ne fut publié. Certaines voix attribuèrent le désastre d'Anoual au monarque, ardent partisan de la politique coloniale. Il avait de plus lui-même nommé les artisans du désastre avec qui il entretenait des relations d'amitié, comme Dámaso Berenguer ou le général en chef Manuel Fernández Silvestre.
Dans ce contexte de crise politique et sociale, le capitaine général de Catalogne Miguel Primo de Rivera organisa un coup d'État le . Ce coup d'État fut avalisé par Alphonse XIII qui chargea Primo de Rivera de la formation d'un gouvernement. Certains justifient ce coup par la volonté de ne pas voir sortir les résultats de la commission d'enquête sur Anoual, ce qui aurait pu embarrasser gravement la monarchie.
Le « directoire » Primo de Rivera
Miguel Primo de Rivera forme un gouvernement, qu'il baptise « directoire », exclusivement composé de militaires (directeurs militaires). Un directoire civil est ajouté plus tard en 1925.
Durant la dictature, on met un point final à la guerre du Maroc par le débarquement d'Al Hoceima en 1925 qui permet la conquête définitive du Rif en 1927. En 1929, sont inaugurées l'exposition universelle de Barcelone et l'exposition ibéro-américaine de Séville.
Cependant, l'opposition croît contre le dictateur, spécialement parmi les étudiants, les intellectuels et les artilleurs (ces derniers, opposés à la réforme du système de nomination). Alphonse XIII, inquiet pour l'avenir de la monarchie, démet Primo de Rivera du gouvernement le , nomme président du Conseil des ministres le général Dámaso Berenguer et affiche son intention de retourner vers un régime constitutionnel.
Cette période est appelée « Dictablanda », dictature douce par rapport à la dictature dure antérieure.
La « Dictablanda » : une monarchie contestée
Après la chute du dictateur et sa mort quelques semaines plus tard à Paris, les manifestations antimonarchiques se multiplient. On accuse le roi d'avoir protégé la dictature de Primo de Rivera et d'être en partie responsable du désastre d'Anoual.
Les partis de gauche et de droite s'agitent : les partis républicains font front contre la monarchie en signant l'accord de Saint-Sébastien tandis que des coups d'État militaires sont déjoués, notamment à la base aérienne des Cuatro Vientos à Madrid et à Jaca. Ce dernier est dirigé par les capitaines Fermín Galán et Ángel García Hernández, qui sont fusillés après être passés en conseil de guerre.
Le départ et l'exil
Succession
Prétendant aux trônes de France et de Navarre
–
(4 ans, 4 mois et 30 jours)
Nom revendiqué | Alphonse Ier |
---|---|
Prédécesseur | Alphonse-Charles de Bourbon |
Successeur | Jacques-Henri de Bourbon |
En , l'amiral Juan Bautista Aznar-Cabañas est désigné président du Conseil par Alphonse XIII. Son gouvernement convoque les élections municipales qui se déroulent le suivant. Elles sont interprétées comme une défaite du régime monarchiste, même si, avec 40 %, la coalition antimonarchiste n'obtient pas la majorité sur l'ensemble du territoire mais seulement dans les grandes villes. Les zones rurales, où se concentre la grande majorité de la population, sous l'influence des caciques, votent davantage pour la monarchie.
Les socialistes et les républicains pensaient que le moment était venu. Le , ils décrètent le renversement de la monarchie et le lendemain, la Seconde République espagnole est proclamée. Ils sont maintenant les responsables du gouvernement du pays et forment aussitôt un Gouvernement provisoire, présidé par Niceto Alcalá-Zamora.
Les élections municipales n'avaient pas pour vocation de changer la forme politique de l'État. La Constitution de 1876, alors en vigueur, ne prévoyait évidemment pas qu'une telle consultation pût entraîner la chute de la monarchie. C'est la raison pour laquelle un certain nombre d'analystes politiques, généralement hostiles à la République, ont considéré que sa proclamation dès le , qui plus est sous la pression de la rue madrilène, fut une forme de « coup d'État » et une « subversion de l'ordre constitutionnel ».
Le roi renonce à rester à la tête de l'État mais n'abdique pas formellement. La nuit du 14 au , il quitte le pays afin, selon ses propres dires, d'éviter la guerre civile. Parti de Madrid au volant de sa voiture Duesenberg pour Carthagène, il embarque sur un bateau de la marine espagnole vers Marseille et se rend ensuite à Paris. Sa famille quitte l'Espagne en train le lendemain.
À Paris, le roi s’installe à l’hôtel Meurice, puis à Avon (Seine-et-Marne) à l’hôtel Savoy, le gouvernement de la République française lui ayant demandé de rester à au moins 60 km de la capitale. Il adopte le titre de courtoisie de « duc de Tolède ». En 1934, l’ex-roi et sa famille quittent la France et s’installent définitivement à Rome au Grand Hôtel. La reine vit séparément d'abord dans sa patrie d'origine, le Royaume-Uni puis en Suisse, ne retrouvant son mari que lors des fêtes familiales.
Par la loi du , les Cortes accusent Alphonse XIII de haute trahison et le déclarent déchu :
- « […] Don Alfonso de Borbón será degradado de todas sus dignidades, derechos y títulos, que no podrá ostentar ni dentro ni fuera de España, de los cuales el pueblo español, por boca de sus representantes elegidos para votar las nuevas normas del Estado español, le declara decaído, sin que se pueda reivindicarlos jamás ni para él ni para sus sucesores. »
- « […] Don Alfonso de Borbón sera privé de toutes ses dignités, droits et titres, qu'il ne pourra utiliser ni en Espagne ni hors d'Espagne, et dont le peuple espagnol, par la voix de ses représentants élus pour voter les nouvelles normes de l'État espagnol, le déclare déchu, sans possibilité de les revendiquer à l'avenir, pour lui comme pour ses successeurs. »
Cette loi est annulée le par Francisco Franco.
La guerre civile
Au début de la guerre civile, le roi appuya avec ferveur les nationalistes, affirmant être « un phalangiste de la première heure[5] ».
Les relations du roi Alphonse XIII avec le futur dictateur Francisco Franco sont bien documentées[6]. De par ses succès au Maroc, Franco était connu du roi et peu à peu devint une sorte de favori royal. En , le roi lui attribua la médaille militaire et la charge honorifique de « Gentilhombre de cámara ». Franco s'entretint personnellement avec le roi de la retraite du Maroc. En , en visite au Maroc, le général Primo de Rivera remit une lettre à Franco ainsi qu'une médaille religieuse en or. Par décret royal du , il le nomma directeur de l'Académie générale militaire récemment créée. Franco vota pour la candidature monarchique à Saragosse[7].
Le , Franco écrivit une lettre à Alphonse XIII : le roi, qui venait de donner un million de pesetas à la cause franquiste, lui avait écrit sa préoccupation sur la faible priorité accordée à la restauration de la monarchie ; Franco laissa clairement entendre que le roi ne pourrait pas jouer un rôle dans le futur au vu de ses erreurs passées. À la fin de la guerre, le roi déclara : « J'ai choisi Franco quand il n'était personne. Il m'a trahi et trompé tout le temps[8]. »
Questions dynastiques
Au décès de son cousin Alphonse-Charles de Bourbon, duc de San Jaime, à Vienne le , Alphonse XIII devint l'aîné des Capétiens et des Bourbons. Les légitimistes français le reconnurent alors comme roi de France et de Navarre de jure, sous le nom d'Alphonse Ier, et certains carlistes espagnols le reconnurent de leur côté comme roi des Espagnes et des Indes de jure, sous le nom d'Alphonse XII.
Armoiries à partir de 1936
Devenu le le chef de la maison de Bourbon — jefe de la Casa de Borbón, en sus dos ramas principales, comme il se déclarait lui-même[9],[10],[11],[12],[13] —, Alphonse XIII se départit de ce fait de la brisure d'Anjou (la bordure de gueules autour des armes de France, sur le tout des armes d'Espagne), comme le lui suggéra[14],[15] l'héraldiste et historien suisse[16] Heinrich-Karl Zeininger von Borja, qui s'était mis à son service[17],[N 1].
Prétention au trône de France
À la mort en 1883 d'Henri d'Artois, comte de Chambord (petit-fils de Charles X), la branche carliste (issue de l'infant Charles, frère puîné de Ferdinand VII) était devenue la nouvelle branche aînée des Bourbons. Celle-ci s'éteignant à son tour en 1936 avec la mort du duc de San Jaime, l'ancien roi Alphonse XIII lui succède comme aîné des Bourbons et des Capétiens, par primogéniture et collatéralité masculines (son arrière-grand-père était l'infant François de Paule, plus jeune frère de Ferdinand VII). En 1931, il avait été fait chevalier de l'ordre du Saint-Esprit[20] par Jacques de Bourbon (1870-1931), duc d'Anjou et de Madrid, qui lui avait déclaré : « Petit fils aîné de Louis XIV, petit-fils aîné de Philippe V je suis chef de la Maison de France, chef de la Maison d'Espagne. Après moi, mes droits saisissent mon oncle D. Alphonse qui n'a pas d'héritier direct ; après lui, qui est vieux, c'est toi qui es jeune. (…) Tu seras un jour chef de la Maison de France ; après toi ce sera ton fils aîné »[21]. Discutant en 1940 avec un ambassadeur de France du régime de Vichy, et évoquant une hypothétique restauration de la monarchie en France, Alphonse XIII se désigne en disant : « Restauration, oui ; mais la bonne, la légitime »[N 2].
Prétention au trône d'Espagne
En 1933, Alphonse XIII fait renoncer ses deux fils aînés à leurs droits au trône constitutionnel d'Espagne, sous prétexte de leur état de santé. Le premier, Alphonse (1907-1938), est hémophile et donc d'une faible espérance de vie à l'époque[réf. nécessaire]. Indépendamment, il signe une lettre à l'attention de son père — rédigée à l'avance par le secrétariat de ce dernier — par laquelle il renonce à ses droits (le motif invoqué est le choix par le prince des Asturies d'une épouse « n'appartenant pas à la condition que les anciennes lois espagnoles et les convenances de la cause monarchique, qui importent tant pour le bien de l'Espagne, requerraient » : allusion à la Pragmatique sanction de 1776 sur les unions dites inégales) quelques jours avant d'épouser Edelmira Sampedro Robato, une roturière (il récusera cette renonciation quelques années plus tard[23]). Le puîné, Jacques (1908-1975), est sourd depuis l'enfance à la suite d'une opération des oreilles (consécutive à une otite mal soignée), ce qui lui donne une diction particulière. Le roi déchu désigne alors comme son « successeur » leur frère cadet Jean (1913-1993), futur comte de Barcelone, en faveur duquel il « abdique » le , prétendant laisser à ce fils le rôle de « chef de la maison royale ». L'infant Jacques, duc d'Anjou et de Ségovie, récuse en 1949 sa renonciation de 1933, faite sous la pression paternelle et les circonstances de l'époque[C'est-à-dire ?].
Alphonse XIII meurt le au Grand Hôtel de Rome d'une angine de poitrine. Il est enterré dans l'église Sainte-Marie de Montserrat des Espagnols.
Pour sa part, son fils Jean, comte de Barcelone, renoncera à ses prétentions au trône en 1977, deux ans après l'instauration de la monarchie en faveur de son fils Juan Carlos à la mort du général Franco, en vertu de la loi de succession de 1947 et de sa nomination comme prince d'Espagne en 1969. Par la renonciation du comte de Barcelone à ses prétentions, certains monarchistes considérèrent que Juan Carlos Ier « récupéra la légitimité dynastique de la monarchie historique », ce qui est inscrit dans l'article 57 de la Constitution espagnole de 1978 (« S. M. Juan Carlos Ier de Bourbon, légitime héritier de la dynastie historique »[24]).
En 1980, le roi Juan Carlos, petit-fils d'Alphonse XIII, ordonne le transfert de ses restes vers la nécropole royale de l'Escurial.
La famille royale
Mariage et enfants
Alphonse XIII avait épousé en 1906 la princesse Victoire-Eugénie, dite « Ena » de Battenberg. Petite-fille de la reine Victoria du Royaume-Uni, elle transmit, à l'instar de sa cousine l'impératrice Alexandra de Russie, le gène de l'hémophilie à certains de ses fils.
S'estimant trahi, le roi s'éloigna peu à peu de la reine, connaissant de nombreuses liaisons adultérines, courtisant même en 1912 une femme de sang royal, la princesse Béatrice de Saxe-Cobourg et Gotha, une autre petite-fille de la reine Victoria, sœur cadette de la reine de Roumanie et cousine de sa femme, qui avait épousé l'infant Alphonse d'Orléans, duc de Galliera, un de ses cousins. Le scandale fut si grand que la reine mère Marie-Christine intervint et obligea son fils à ordonner au duc et la duchesse de Galliera de quitter l'Espagne, puis à nommer le duc à diverses fonctions diplomatiques afin de tenir le couple éloigné du territoire espagnol.
De son mariage avec la princesse Victoire-Eugénie de Battenberg, le roi eut sept enfants :
- Alphonse (1907-1938), prince des Asturies (1907-1931), comte de Covadonga (1933-1938), « dauphin de France » (1936-1938). Il renonce à ses droits au trône en 1933 sous la pression paternelle, et épouse Edelmira Sampedro y Robato, Cubaine d’origine espagnole qui n’était pas de sang royal. Il prend le titre de courtoisie de comte de Covadonga. Il divorce en 1936, se remarie civilement puis divorce en 1938, et meurt en Floride sans descendance des suites d'un accident de la circulation ;
- Jacques-Henri (1908-1975), infant d'Espagne, devint sourd à l'âge de quatre ans à la suite d'une opération des oreilles consécutive à une otite mal soignée. Il dut renoncer à ses droits au trône en 1933 sous la pression paternelle et reçoit en 1935 de titre de courtoisie de duc de Ségovie, auquel il ajoute en 1946 celui de duc d'Anjou. En France, il se fait appeler « prince Jacques-Henri de Bourbon » et se présente comme prétendant au trône de France sous le nom d'« Henri VI » (1941-1975). Il épouse en premières noces Emmanuelle de Dampierre (fille de Roger de Dampierre, vicomte de Dampierre, duc pontifical de San Lorenzo Nuovo et noble de Viterbe, et de sa première épouse, la princesse italienne Vittoria Ruspoli des princes Poggio Suasa). Le couple a des enfants, mais fait annuler civilement son mariage en 1947. Jacques se remarie civilement avec la cantatrice Charlotte Tiedemann qui l'aide à améliorer sa diction, mais n'a pas de descendance de ce second mariage ;
- Béatrice (1909-2002), infante d'Espagne, princesse Torlonia et de Civitella Cesi (1935) par son mariage avec Alessandro Torlonia ;
- Ferdinand (1910-1910), infant d'Espagne ;
- Marie-Christine (1911-1996), infante d'Espagne, « fille de France » (1936) épouse en 1940 Enrico Eugenio, comte Marone-Cinzano ;
- Juan (1913-1993), infant d'Espagne puis « prince des Asturies ». Il est prétendant alphonsiste au trône d'Espagne (1941-1977) avec le titre de courtoisie de « comte de Barcelone » (1941), titre reconnu officiellement en 1977. Il renonce à ses prétentions au trône en 1977 en faveur de son fils Juan Carlos (qui est déjà roi depuis 1975). Il est considéré comme « fils de France » (1936-1993) par les légitimistes français. Il épouse en 1935 María de las Mercedes de Borbón y Orleans ;
- Gonzalve (1914-1934), infant d'Espagne. Né hémophile, il meurt sans descendance.
Enfants naturels
Alphonse XIII a laissé plusieurs enfants naturels :
- Roger Levêque de Vilmorin (1905-1980), né de sa liaison avec Mélanie de Gaufridy de Dortan[25],[26], épouse de Philippe Levêque de Vilmorin qui acceptera de donner son nom à l'enfant. Roger est donc le frère utérin de Louise de Vilmorin, écrivain et compagne d'André Malraux ;
- Juana Milán y Quiñones de León (-2005), née de sa relation avec Beatrice Noon, nourrice irlandaise envoyée par la belle-mère d'Alphonse XIII en Espagne. Le nom de Milán provient du titre de duc de Milan, appartenant historiquement au roi d'Espagne, et le nom de Quiñones de León de l'ambassadeur d'Espagne en France, dépositaire des secrets d'Alphonse XIII ;
- María Teresa Ruiz Moragas (-1965), née de sa relation avec l'actrice María del Carmen Ruiz Moragas (1898-1936) ;
- Leandro de Borbón Ruiz, né Leandro Alfonso Ruiz Moragas (-), également né de María del Carmen Ruiz Moragas. Il fut autorisé le par la justice espagnole à utiliser le nom de Borbón.
Arbre généalogique
Alphonse XIII est un rare exemple d'endogamie. À la onzième génération, il n'a que 111 ancêtres différents, alors que dans une situation standard on s'attend à en identifier 1024. On se trouve là avec une situation d'implexe de 89 %[27]
Galerie
- Alphonse XIII enfant sur un timbre-poste de 1896.
- Alphonse XIII d'Espagne en costume de hussard, par Joaquín Sorolla (1902).
- Alphonse XIII en .
- Alphonse XIII en 1932.
Le promoteur de l'aviation
Alors que le roi envisage de fonder une école de pilotage à Madrid, il va lors d'un voyage en France rencontrer les pionniers de l'air américains Orville et Wilbur Wright qui vont lui faire une démonstration de vol à Pau.[28]
Bibliographie
- Jacques Bernot, Les princes cachés : ou histoire des prétendants légitimistes (1883-1989), Paris, Éditions Lanore ; François-Xavier Sorlot, éditeur, coll. « Lanore histoire », , 318 p. (ISBN 978-2-85157-745-0, OCLC 905715018, lire en ligne).
- Branthôme, Alphonse XIII, cœur de l'Espagne, Grasset, 1932 (BNF 31866117).
- (es) Julián Cortés Cavanillas (es) (préf. Winston S. Churchill), Alfonso XIII : vida, confesiones y muerte, Barcelone, Editorial Juventud, , 368 p. (BNF 32969246).
- (es) Ramón de Franch [y Capdevila (1884-1965)] (introduction à la présente édition : María [de la Concepción] Mendiluce [y Rosich] (veuve de l'auteur)), Genio y figura de Alfonso XIII, Bilbao, (1re éd. 1947), 306 p. (ISBN 84-400-7686-X, OCLC 431704432).
Notes et références
Notes
- Tout en soignant sa tuberculose osseuse par l'héliothérapie dans une clinique suisse près du lac Léman[18], Zeininger de Borja (qu'« Alphonse XIII avait, fort volontairement, attaché à son secrétariat dès 1938 »[19]) préparait la publication d'un Annuaire de la Maison de Bourbon (projet qui ne put voir le jour du fait de la mort d'Alphonse XIII), dont il légua les archives à Hervé Pinoteau, qui en reprit l'idée et la soumit au prince Jacques-Henri de Bourbon, duc d'Anjou et de Ségovie (fils aîné d'Alphonse XIII), ce qui aboutit à la parution de l’État présent de la Maison de Bourbon (cinq éditions de 1975 à 2012).
- Conversation[12],[22] devant témoins (dont l'épouse du ministre secrétaire d’État à la Guerre du régime de Vichy) avec l'ambassadeur français Georges Scapini (chef du S.D.P.G., le Service diplomatique des prisonniers de guerre), le à Genève.
Références
- Ernest Laut, « Attentat contre le roi d'Espagne », sur Le Petit Journal, (consulté le ).
- Carte du théâtre de l'attentat Le Petit Parisien, Paris, 2 juin 1905, quotidien (ISSN 0999-2707) [lire en ligne]
- « Monument pour les victimes de l'attentat de 1906 », sur Mon nuage (consulté le ).
- J. Causse, « L'attentat contre le roi d'Espagne », L'Illustration, no 3660, (lire en ligne)
- (es) José María Zavala, « Entregados a Franco. Los Borbones ante la Guerra Civil », La Aventura de la Historia núm. 97 (noviembre de 2006), p. 48-53 (ISSN 1579-427X)
- (es) Paul Preston, El gran manipulador. La mentira cotidiana de Franco, Ediciones B, 2008 (ISBN 978-84-666-3829-6)
- (es) Francisco Franco Salgado-Araújo, Mi vida junto a Franco, Planeta, Barcelona 1977, p. 93.
- (en) John T. Whitaker, We cannot escape History, MacMillan, New York, 1943, p. 106
- Patrick Van Kerrebrouck et avec la collaboration de Christophe Brun (préf. Hervé Pinoteau), Nouvelle histoire généalogique de l'auguste maison de France, t. IV : La maison de Bourbon - 1256-2004, vol. 1, Villeneuve-d'Ascq, Patrick Van Kerrebrouck (auto-édition), , 2e éd. (1re éd. 1987), 491 p. (ISBN 2-9501509-5-0), partie 2, chap. I (« Rois de France et de Navarre, Chefs de la maison de Bourbon »), p. 264, note 4.
- (es) Juan Balansó, Los Borbones incómodos, Barcelone, DeBols!llo, coll. « Ensayo · Historia » (no 114), (1re éd. 2000), 250 p. (ISBN 84-9793-448-2), p. 111.
- Hervé Pinoteau, Nouvelles précisions dynastiques, Paris, Sicre Éditions, 2001, (ISBN 2914352387) (BNF 38869528), p. 53.
- Hervé Pinoteau, L'héraldique capétienne en 1976, Paris, Nouvelles Éditions Latines, coll. « Autour des dynasties françaises » (no I), , 80 p. (ISBN 2-7233-0001-3, lire en ligne), p. 14-16.
- Cortés Cavanillas 1966, p. 418 et 434.
- « C'est alors qu'il [Alphonse XIII] daigna, à notre suggestion, supprimer la bordure de gueules, brisure de ses armes, et encore peu de mois avant sa mort prématurée, il insista devant nous sur sa qualité de chef de la Maison de France » : Conde Enrique Carlos Zeininger de Borja, « L'Ordre de Saint-Lazare », Hidalguía, no 3, , p. 528 (ISSN 0018-1285, BNF 34466739, lire en ligne).
- « Le roi Alphonse XIII, devenu chef de toute la Maison en 1936, a, suivant ma suggestion, supprimé la bordure de gueules » : Comte Zeininger de Borja, C et C : Chercheurs et curieux, vol. 4, no 38, mai 1954, p. 242 (ISSN 0996-2824) (BNF 34413982).
- « La session ordinaire du Grand Conseil », Feuille d'avis de Neuchâtel, no 114, , p. 14 (OCLC 718183855, BNF 32774508, lire en ligne) : Heinrich-Karl Zeininger von Borja, né à Hanovre le 23 janvier 1903 et décédé à Sorengo le 4 juillet 1965, qui était né allemand, fut naturalisé suisse en 1955 ; il avait épousé une Suissesse. Il était le fils unique d'Elisabeth Groß et de Heinrich Zeininger (de) (1867-1939), qui fut le dernier directeur des jardins de la cour royale de Prusse (et dont une rue de Potsdam porte le nom).
- Franch 1974, p. 244-245.
- Franch 1974, p. 245.
- Michel Josseaume, « Genèse de la renaissance légitimiste : 1941-1957 », Le lien légitimiste, no spécial hors série I, , p. 1 ; synthétisé et adapté par Franz de Burgos, 12 et 13 juillet 2016 : lire en ligne, 1re partie, 2e partie.
- Franch 1974, p. 171.
- Lettre de Jean de Mayol de Lupé à Jacques de Francqueville d'Abancourt, citée par : Hervé Pinoteau, État de l’ordre du Saint-Esprit en 1830 et la survivance des ordres du roi, Paris, Nouvelles Éditions Latines, coll. « Autour des dynasties françaises » (no II), , 165 p. (ISBN 2-7233-0213-X, lire en ligne), p. 144.
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- XII. Roger de Vilmorin, sur Dynastie capétienne, consulté le 09/09/2013
- Jean-Fred Tourtchine (préf. Juan Balansó), Les manuscrits du C.E.D.R.E. - dictionnaire historique et généalogique, no 6 : Le royaume d'Espagne, vol. 3, Cercle d'Études des Dynasties Royales Européennes, Paris, 1996, 213 p. (ISSN 0993-3964)
- Jean-Louis Beaucarnot, Quoi de neuf dans la Famille, Buchet-Chastel, 2021, page 97.
- LE 20 FÉVRIER 1909 DANS LE CIEL : ORVILLE ET WILBUR WRIGHT RENCONTRENT LE ROI D’ESPAGNE
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