Ferdinand VII
Ferdinand VII (en espagnol : Fernando VII), né le à Madrid et mort le dans la même ville, fut roi d'Espagne entre mars et , et de 1814 à 1833. Il était le fils du roi d'Espagne Charles IV et de Marie-Louise de Bourbon-Parme.
Ferdinand VII Fernando VII | ||
Portrait de Ferdinand VII d'Espagne par William Collins (1814). | ||
Titre | ||
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Roi d'Espagne | ||
– (19 ans, 9 mois et 18 jours) |
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Couronnement | ||
Chef du gouvernement | José Miguel de Carvajal-Vargas Pedro Cevallos José García de León y Pizarro Carlos Martínez de Irujo y Tacón Manuel González Salmón Joaquín José de Melgarejo y Saurín Evaristo Pérez de Castro Eusebio Bardají y Azara Francisco Martínez de la Rosa Carlos Martínez de Irujo y Tacón Narciso Heredia y Begines de los Ríos Francisco Cea Bermúdez Pedro de Alcántara Álvarez de Toledo Manuel González Salmón Francisco Tadeo Calomarde Francisco Cea Bermúdez |
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Prédécesseur | Joseph-Napoléon Ier | |
Successeur | Isabelle II (isabelliste) Charles V (carliste) |
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– (1 mois et 17 jours) |
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Chef du gouvernement | Pedro Cevallos | |
Prédécesseur | Charles IV | |
Successeur | Joseph-Napoléon Ier | |
Prince des Asturies | ||
– (19 ans, 3 mois et 5 jours) |
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Prédécesseur | Charles de Bourbon | |
Successeur | Charles de Bourbon (héritier présomptif) | |
Biographie | ||
Dynastie | Maison de Bourbon-Anjou | |
Nom de naissance | Fernando María Francisco de Paula Domingo Vicente Ferrer Antonio José Joaquín Pascual Diego Juan Nepomuceno Genaro Francisco Francisco Xavier Rafael Miguel Gabriel Calixto Cayetano Fausto Luis Ramón Gregorio Lorenzo Jerónimo de Borbón y Borbón-Parma | |
Date de naissance | ||
Lieu de naissance | Madrid (Espagne) | |
Date de décès | ||
Lieu de décès | Madrid (Espagne) | |
Sépulture | Escurial | |
Père | Charles IV | |
Mère | Marie-Louise de Bourbon-Parme | |
Conjoint | Marie-Antoinette de Bourbon-Naples (1802-1806) Marie-Isabelle de Portugal (1816-1818) Marie-Josèphe de Saxe (1819-1829) Marie Christine de Bourbon-Siciles (1829-1833) |
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Enfants | Isabelle II Louise de Bourbon |
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Monarques d'Espagne | ||
Il détrôna son père lors du soulèvement d'Aranjuez en , puis régna pendant deux mois avant d'être à son tour contraint à l'abdication en mai 1808 lors de l'entrevue de Bayonne. Il passa toute la guerre d'indépendance prisonnier à Valençay, tout en restant reconnu par diverses juntes, le conseil de régence et les Cortes de Cadix, comme roi légitime d'Espagne. Napoléon Ier lui rendit le trône d'Espagne en par le traité de Valençay après la déroute des armées napoléoniennes et l'expulsion de Joseph Bonaparte en juin 1813 (bataille de Vitoria).
À son retour sur le trône en 1814, il jouit d'une confiance et d'une popularité inégalée auprès des Espagnols. Cependant, le Désiré se révéla très vite être un souverain absolutiste et fut considéré par ses sujets comme peu scrupuleux, revanchard et traître. Entourée d'une cour d'adulateurs, sa politique eut comme principal objectif sa propre survie.
Entre 1814 et 1820, il rétablit l'absolutisme, déclara illégale la Constitution de Cadix, et poursuivit les libéraux. Après six années de guerre, le pays et son économie étaient dévastés, et les différents gouvernements de Ferdinand ne parvinrent pas à redresser la situation.
En 1820, un coup d'État militaire déboucha sur le Triennat libéral. Pendant cette période de trois ans, on rétablit la constitution et les décrets de Cadix et on mena le troisième désamortissement. Tandis que les libéraux modérés étaient peu à peu débordés par de plus extrémistes, le roi, qui feignait de respecter le régime constitutionnel, conspirait pour rétablir l'absolutisme, ce à quoi il parvint après l'expédition d'Espagne de 1823 menée par la France de Louis XVIII. C’est également durant cette période qu’en 1822, après le refus de Ferdinand d'occuper le trône mexicain nouvellement établi, l'Empire mexicain est proclamé, avec le général Iturbide comme empereur constitutionnel sous le nom d’Augustin Ier.
La dernière période de son règne se caractérisa par une répression féroce, accompagnée d'une politique absolutiste modérée (la reine Marie-Christine, épousée en quatrièmes noces en 1829 et mère de ses deux filles Isabelle et Louise-Fernande, étant quelque peu libérale), qui provoqua un profond mécontentement dans les cercles absolutistes regroupés autour de l'infant Charles de Bourbon, frère de Ferdinand. À la mort de Ferdinand en 1833, sa fille aînée âgée de deux ans, Isabelle II, monta sur le trône sans être reconnue par son oncle l'infant Charles, ce qui déclencha la crise de succession d'Espagne.
Premières années
Ferdinand de Bourbon vint au monde sous le règne de son grand-père Charles III. Il fut le neuvième des quatorze enfants du prince Charles, futur Charles IV, et de Marie-Louise de Bourbon-Parme. De ses treize frères et sœurs, huit moururent avant 1800. Après l'avénement sur le trône de son père en 1788, Ferdinand fut reconnu comme prince des Asturies par les Cortes lors d'une cérémonie célébrée au monastère San Jeronimo el Real de Madrid le [1].
Très tôt, son éducation fut confiée au père Felipe Scio de San Miguel, religieux de l'ordre des Escolapios, homme modeste, cultivé et intelligent. En 1795, ce dernier fut nommé évêque de Sigüenza et fut remplacé successivement par l'évêque d'Orihuela, Francisco Javier Cabrera, et par le chanoine Juan Escóiquiz. Sous l'influence de ce dernier, s'accrut sa haine pour sa mère et le favori de cette dernière, Manuel Godoy.
Très jeune, Ferdinand commença à conspirer contre ses parents et contre Manuel Godoy. Autour du jeune prince des Asturies, s'était rassemblé un petit noyau d'opposants, membres de la haute noblesse, appelés par la suite la camarilla, et qui avaient pour objectif la chute de Godoy. En 1807, une première conspiration fut découverte à cause d'une dénonciation. Ferdinand fut jugé, dénonça tous ses partisans et implora le pardon de ses parents. Le tribunal, aux mains des partisans de la conspiration, absout toutes les personnes impliquées.
Abdication de Bayonne
Peu après, en , face à l'arrivée de troupes françaises en Espagne (intervention qui s'appuyait sur le traité de Fontainebleau), la famille royale partit pour Aranjuez. Godoy avait le projet de transférer la famille royale en Amérique si la présence française le nécessitait. Le 17 mars, le peuple, poussé par les partisans de Ferdinand, donna l'assaut au palais du prince de la Paix. Bien que Charles IV parvînt à sauver la vie de son favori, il fut forcé d'abdiquer en faveur de son fils le [2]. Ces événements sont connus sous le nom de soulèvement d'Aranjuez. Ce fut la seconde fois dans l'histoire de l'Espagne qu'un roi fut détrôné par son fils : la première fois Sanche IV détrôna Alphonse X.
Ferdinand retourna à la cour où il fut acclamé par la population de Madrid. Toutefois, les troupes françaises sous les ordres du maréchal Murat occupaient Madrid depuis la veille (23 mars).
Sous l'Espagne napoléonienne
Le roi déposé et son épouse se mirent sous la protection de Napoléon et furent placés sous la garde des troupes de Murat. Dans le même temps, Napoléon proposa au roi Ferdinand de le rencontrer. Le nouveau roi accepta car il espérait ainsi que l'empereur le reconnaisse et l'appuie comme roi d'Espagne. La réunion devait avoir lieu à Madrid mais Napoléon fut retenu par des événements imprévus ; la rencontre fut fixée plus au nord (Burgos, Saint-Sébastien…) pour finalement avoir lieu à Bayonne. Le , Ferdinand passa la frontière. Bien qu'il ne le sache pas encore, il venait d'être fait prisonnier : ce fut le début d'un exil de six ans. Charles IV avait abdiqué en faveur de Ferdinand VII en échange de la libération du favori Godoy. Napoléon invita également ce dernier à Bayonne dans un premier temps. Godoy avait, lui, l'espoir d'obtenir de Ferdinand l'autorisation de retourner en Espagne et de récupérer sa fortune. Charles et son épouse Marie-Louise demandèrent également de pouvoir assister à la réunion. Sous escorte des troupes françaises, ils arrivèrent à Bayonne le 30 avril. Deux jours plus tard, le peuple de Madrid se souleva contre les Français. Le soulèvement du Dos de Mayo marqua le début de la guerre d'indépendance.
Entre-temps, à Bayonne, la situation était devenue grotesque. Napoléon empêcha l'arrivée de Godoy de manière qu'il ne puisse pas conseiller la famille royale qui, abandonnée à elle-même, révéla toute sa maladresse. Napoléon dit à Ferdinand que l'abdication de son père, obtenue sous la contrainte, était nulle et exigea qu'il rende le trône. Sa mère, Marie-Louise, demanda à Napoléon de fusiller Ferdinand pour ce qu'il leur avait fait, à Godoy, son mari et elle-même. Napoléon obligea Charles à lui céder ses droits au trône, en échange d'un asile en France pour le trio et d'une pension annuelle de 3 millions de reales (ou réaux). Comme Charles avait déjà abdiqué en mars, il estima n'avoir rien perdu. Quand les nouvelles du soulèvement et de la répression de Madrid arrivèrent à Bayonne, Napoléon et Charles firent pression sur Ferdinand VII pour qu'il reconnaisse son père comme roi légitime. En échange, il recevrait un château et une pension annuelle de 4 millions de reales. Il accepta le [3], ignorant que son père avait déjà renoncé à ses droits en faveur de Bonaparte. Ce dernier transmit ses droits à son frère Joseph. Tous ces transferts furent rassemblés sous le nom d'abdication de Bayonne en , et Joseph fut roi à son arrivée en Espagne en juin.
Cette abdication n'impliqua pas seulement un changement dynastique. Dans la proclamation aux Espagnols du 25 mai, Napoléon déclara que l'Espagne se trouvait face à un changement de régime et pourrait bénéficier d'une constitution sans avoir besoin d'une révolution pour l'obtenir. Napoléon convoqua à Bayonne une assemblée de notables espagnols. Cette assemblée fut un demi-échec, seuls soixante-quinze des cent cinquante notables prévus y assistant. Néanmoins, elle débattit et amenda un projet de constitution qui fut adopté en juillet 1808 : la Constitution de Bayonne fut la première d'Espagne[4].
Entre-temps, l'empereur assigna à résidence l'ancien souverain, avec son frère l'infant Charles de Bourbon et leur oncle Antoine-Pascal de Bourbon dans le château de Valençay, propriété de Talleyrand, alors ministre des Affaires étrangères de Napoléon. Valençay était une propriété rustique mais princière, isolée au centre de la France (Indre) à près de 300 km de Paris. Ferdinand y resta jusqu'à la fin de la guerre d'indépendance. Ses conditions d'emprisonnement ne furent pas sévères : le roi et son frère purent suivre des cours de danse et de musique, monter à cheval, pêcher, organiser des bals et des soupers. Ils avaient à leur disposition une bonne bibliothèque même si Antoine-Pascal prit garde de ne pas leur fournir des livres français qui pourraient avoir une mauvaise influence sur eux. À partir du 1er septembre, le départ de Talleyrand et la mauvaise volonté de Bonaparte à remplir ses obligations pécuniaires rendirent leur train de vie plus austère.
Persuadé que rien ne pouvait arrêter la puissance de la France, Ferdinand essaya d'unir ses intérêts à ceux de Bonaparte et entretint une correspondance servile envers le Corse. Sa bassesse le poussa à organiser une fête fastueuse avec banquet, concert, illuminations et Te Deum à l'occasion du mariage de l'Empereur avec Marie-Louise d'Autriche. Quand Napoléon reproduisit cette correspondance dans le Moniteur afin que tout le monde connût l'état d'esprit de Ferdinand, ce dernier s'empressa de remercier l'empereur d'avoir rendu public l'amour qu'il lui portait.
Cependant, sa condition de prisonnier transforma Ferdinand en « désiré », victime innocente de la tyrannie napoléonienne. Le , le Conseil de Castille invalida l'abdication de Bayonne et le 24 août, à Madrid, on proclama Ferdinand roi in absentia[5], le roi Joseph n'étant pas reconnu dans les territoires non soumis à Napoléon. Les territoires ibériques libres furent réduits en peau de chagrin (Cadix se maintenant jusqu'au bout) ; mais un Conseil de Régence, à partir de septembre 1808, ainsi que des Cortes, s'y constituèrent, perpétuant la souveraineté de Ferdinand VII. Loyalistes, les Cortes de Cadix qui rédigèrent en 1810-1812 et approuvèrent la Constitution de 1812 ne mirent en question à aucun moment la personne du roi, le déclarant unique et légitime « rey » de la nation espagnole. Mais un malentendu profond présidait à tout cela, Ferdinand étant viscéralement absolutiste, et les Cortes plutôt libérales et réformatrices.
Suivant l'exemple des Cortes de Cadix, des juntes provisoires s'organisèrent dans la plupart des villes des territoires américains. Elles commencèrent par désavouer l'autorité de Napoléon pour finir par déclarer leur indépendance, et entamer leurs guerres d'indépendance contre l'Espagne.
Le retour sur le trône
En , le duc de Wellington, à la tête d'une armée anglo-hispanique et opérant depuis le Portugal, vainquit les Français à la bataille des Arapiles, les expulsa d'Andalousie et menaça Madrid. Les Français contre-attaquèrent mais leurs effectifs furent réduits début 1813, après la désastreuse campagne de Russie de 1812. Les troupes alliées purent définitivement expulser Joseph Bonaparte de Madrid et battre les Français lors des batailles de Vitoria et de San Marcial (juin et ). Joseph Bonaparte quitta le pays et Napoléon s'apprêta à défendre sa frontière sud au nord des Pyrénées.
Ferdinand, voyant que l'étoile de Napoléon faiblissait enfin, refusa avec arrogance de traiter avec le gouvernement français sans l'accord de la nation espagnole et de la régence. Toutefois, craignant un réveil révolutionnaire en Espagne, il accepta finalement de négocier. Par le traité de Valençay du , Napoléon reconnut Ferdinand VII comme roi. Ferdinand récupéra ainsi son trône et tous les territoires, propriétés et sujets de la Couronne d'avant 1808, tant sur le sol national qu'à l'étranger. En échange, il conclut la paix avec la France, promit l'expulsion des Britanniques et sa neutralité pour le reste de la guerre. Il accorda son pardon aux partisans de Joseph Ier, les afrancesados.
Bien que le traité ne soit pas ratifié par la Régence, Ferdinand VII fut libéré et rentra en Espagne le . Selon les décrets des Cortes, on ne reconnaîtrait le roi que s'il prêtait le serment prévu par l'article 173 de la Constitution. Ferdinand refusa de suivre l'itinéraire proposé par la Régence et entra à Valence le 16 avril. Là, l'attendaient un représentant de la Régence avec le texte de la Constitution de 1812, et un député absolutiste avec un manifeste signé par 69 députés : le manifeste des Perses. Le 17 avril, le général Francisco Javier de Elío invita le monarque à récupérer tous ses droits et mit ses troupes à sa disposition. Ce fut probablement le premier coup d'État de l'histoire de l'Espagne.
Le , Ferdinand VII promulgua un décret rétablissant la monarchie absolue et déclara nul et sans effet tout le travail des Cortes de Cadix. Le 5 mai, il quitta Valence pour entamer une marche triomphale vers Madrid. L'enthousiasme populaire fut immense. Sur le passage du cortège royal, les populations criaient « vive le roi absolument absolu ! vive les chaînes »… Ce qui conforta « le Désiré » dans le rétablissement d'une monarchie absolue, selon lui seul régime digne de la grandeur du pays. Le régime constitutionnel ne put opposer la moindre résistance et les Cortes furent dissoutes le 10 mai.
Début du règne
Durant la première partie du règne, entre 1814 et 1820, le roi rétablit l'absolutisme, suivant en cela l'exemple de la Première Restauration de 1814 en France. La tâche qui attendait Ferdinand était extrêmement complexe. Il aurait dû pouvoir s'appuyer sur des ministres très capables pour remettre en ordre le pays mais ne put compter que sur quelques hommes d'État. L'instabilité du gouvernement fut constante et les échecs poussèrent à de nombreux remaniements ministériels.
Ce fut une période de persécution des libéraux qui, soutenus par l'armée, la bourgeoisie et les organisations secrètes comme la franc-maçonnerie, tentèrent plusieurs fois de se soulever pour rétablir la Constitution de 1812. D'autre part, malgré sa promesse de respecter les afrancesados, Ferdinand, dès son arrivée, exila tous ceux qui avaient occupé une quelconque charge sous le roi Joseph.
Le , il interdit pour toujours en Espagne et dans les Indes, les sociétés de francs-maçons ou toute autre organisation secrète[6].
Durant cette période, la presse libre, les députations et les conseils constitutionnels disparurent. Des universités furent fermées. Les propriétés confisquées à l'Église furent rendues. L'Inquisition fut rétablie en (Napoléon et Joseph l'avaient supprimée en 1808, et les Cortes de Cadix en 1813).
Toutefois, en , les forces expéditionnaires en partance pour l'Amérique afin de garantir le maintien des colonies dans les mains de l'Espagne se soulevèrent. Ce soulèvement, dirigé par Rafael del Riego, n'obtint pas le résultat escompté, mais le gouvernement ne réussit pas à l'étouffer et d'autres soulèvements éclatèrent en Galice et dans toute l'Espagne. Ferdinand VII se vit contraint de prêter serment sur la Constitution à Madrid le .
Libéralisme et expédition d'Espagne
Une nouvelle période s'ouvrit alors, période de trois ans appelée Triennat libéral. Des mesures furent prises contre l'absolutisme, les seigneuries furent abolies, l'Inquisition de nouveau supprimée. Bien que le roi parût épauler le régime constitutionnel, il conspirait en secret pour rétablir l'absolutisme.
L'affrontement des royalistes est l'un des problèmes auquel fait face le gouvernement libéral, mais ce n’est pas le seul. Néanmoins, une partie des objectifs initiaux sont atteints. Dans le domaine juridique, les libéraux imposent trois grandes réformes : le premier code pénal moderne est établi, la première esquisse de division territoriale de l'Espagne est réalisée et un service militaire obligatoire est instauré. Sur le plan économique, les douanes intérieures sont supprimées afin de faciliter le commerce, et les privilèges des nobles abolis. Enfin, dans le domaine social, le gouvernement s'efforce de limiter l'Inquisition relancée par Ferdinand VII et une éducation publique gratuite est mise en place jusqu'à l'université.
La garde royale se souleva en juillet 1822 mais le mouvement fut réprimé par la milice urbaine de Madrid. Ce fut l'intervention de l'armée française envoyée par Louis XVIII (expédition d'Espagne) avec la bataille de Trocadéro (), qui permit le rétablissement de la monarchie absolue en Espagne en . Toutes les avancées du Triennat libéral furent annulées, à l'exception de la suppression formelle de l'Inquisition.
Dernières années du règne
La dernière partie du règne de Ferdinand, appelée Décennie abominable (en espagnol : Década Ominosa) (1823-1833), débuta par une répression féroce des éléments libéraux, la fermeture des journaux et des universités. Des soulèvements absolutistes éclatèrent à l'instigation du clergé et des partisans de l'infant réactionnaire Charles de Bourbon, frère de Ferdinand, qui se profilait comme héritier. Sans être formellement rétablie, l'Inquisition revint de fait sous le nom d'Assemblées de la Foi (« Junta de Fe ») et de Tribunaux de la Foi (« Tribunal de la Fe ») ; à leur « actif », l'exécution d'un instituteur déiste, Cayetano Ripoll (es), garroté en ; elle ne disparut réellement et définitivement qu'en juillet 1834 sous la régence de Marie-Christine, mère d'Isabelle II.
La plupart des territoires américains (à l'exception de Cuba et de Puerto Rico), déclarèrent leur indépendance et entamèrent leur route vers la démocratie libérale (Saint-Domingue fut occupée par Haïti). Les îles des Caraïbes, les Philippines, les Mariannes, les Carolines et les Palaos restèrent sous contrôle espagnol.
En 1829, une expédition partit de Cuba sous le commandement de l'amiral Isidro Barrada Valdés (es) afin de reconquérir le Mexique : mais les troupes furent défaites par les armées mexicaines.
Succession de Ferdinand VII
Le , Ferdinand promulgua la Pragmatique Sanction, qui avait été approuvée le sous Charles IV. Elle n'avait jamais été rendue effective pour des raisons de politique extérieure. Elle établissait que si le roi n'avait pas d'héritier mâle, la fille aînée hériterait. Cela excluait, en pratique, l'infant Charles de Bourbon de la succession : car quel que soit le sexe de l'enfant à naître de la reine, il ou elle succèderait directement au roi. La fille de Ferdinand, Isabelle, fut donc reconnue héritière de la Couronne au grand mécontentement des partisans de son oncle Charles de Bourbon, le frère du roi.
En 1832, les partisans de Charles parvinrent à faire signer à Ferdinand, malade, un décret dérogeant à la Pragmatique Sanction, prétendant qu'elle ne pouvait s'appliquer à l'infant Charles, né en 1788, puisqu'elle remontait seulement à 1789. Mais après le rétablissement du roi, le gouvernement de Francisco Cea Bermúdez remit la Sanction en vigueur. Après cela, Charles partit au Portugal. Entre-temps, la reine Marie Christine de Bourbon-Siciles fut nommée régente en raison de la grave maladie du roi et de la minorité d'Isabelle (âgée de moins de trois ans à son avènement en 1833). Marie-Christine commença d'adoucir la politique menée envers les libéraux et amnistia ceux d'entre eux qui se trouvaient en exil. Cela préfigurait le virage politique vers le libéralisme qui suivrait la mort du roi. Ferdinand mourut le 29 septembre 1833 sans héritier mâle. L'infant Charles de Bourbon et d'autres considéraient que l'héritier légitime était le frère du roi défunt et non sa fille aînée Isabelle, née en . Ils se soulevèrent et la crise de succession d'Espagne débuta (début des trois guerres carlistes qui devaient se succéder jusqu'en 1876 ; du nom de l'infant Charles, Carlos en espagnol).
Ascendance
Mariage et descendance
Il épouse :
- en 1802, sa cousine Marie-Antoinette de Bourbon des Deux-Siciles, fille de Ferdinand Ier des Deux-Siciles et Marie-Caroline d'Autriche. Marie-Antoinette fit deux fausses couches et n'eut pas d'enfant ;
- en 1816, sa nièce Marie-Isabelle de Portugal (1797-1818), fille de sa sœur aînée Charlotte et de Jean VI de Portugal. Elle mourut des suites d'une césarienne ;
- en 1819, Marie-Josèphe de Saxe (1803-1829), fille de Maximilien de Saxe et de Caroline de Bourbon-Parme. Ils n'eurent pas de descendance ;
- en 1829, sa nièce Marie-Christine de Bourbon-Siciles (1806-1878), fille de sa sœur cadette Marie-Isabelle d'Espagne et François Ier des Deux-Siciles, donc aussi nièce de sa première femme. Ils eurent deux filles :
- Isabelle ( - ) ;
- Louise-Ferdinande ( - ), duchesse de Montpensier et de Galliera.
Notes et références
- Acto de la jura del príncipe de Asturias, don Fernando, en la Colección de documentos inéditos para la historia de España, vol. XVII, págs. 67-95.
- Gazeta de Madrid de 25 de marzo, páginas 297 y 298.
- Gazeta de Madrid de 13 de mayo, páginas 458 y 459.
- Laquelle fut une charte octroyée, en n'émanant pas de la nation espagnole.
- Gazeta de Madrid de 6 de septiembre, página 1119.
- Cronología antimasónica hasta 1962.
Annexes
Bibliographie
- Astolphe de Custine, L'Espagne sous Ferdinand VII, Paris, (lire en ligne).
- Michael J. Quin, Mémoires historiques sur Ferdinand VII, roi des Espagnes et sur les événemens de son règne, Paris, (lire en ligne).
Articles connexes
- Restauration de l'absolutisme en Espagne
- Expédition d'Espagne (1823)
- Francisco de Goya qui a réalisé six portraits de Ferdinand VII
Liens externes
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