Christianisme en Inde

Le christianisme est, statistiquement, la troisième religion de l'Inde, avec approximativement 31 millions de fidèles, selon le recensement de 2011, qui constituent 2,3 % de la population totale du pays. Le christianisme est une religion minoritaire en Inde.

Histoire

L'Église de Malabar

Les premières communautés chrétiennes auraient été fondées il y a près de 2 000 ans et auraient donné naissance à l'Église de Malabar (première Église chrétienne). Selon une ancienne et solide tradition, la première évangélisation fut l'œuvre de Thomas l'incrédule, l'un des douze apôtres du Christ. Son tombeau, non formellement identifié, se trouve dans la basilique Saint-Thomas de Mylapore, à Chennai[1].

L'Église malankare Mar Thoma compterait un million d'adeptes.

Influence portugaise

L'histoire de l'Église latine catholique commence avec l'arrivée de Vasco de Gama. Une des premières églises encore debout, de style roman, se trouve à Cochin dans le Kerala. Dans l'ancienne colonie portugaise de Goa, des monastères en ruine sont encore visités. On retrouve de nombreux Indiens chrétiens catholiques avec des patronymes ou noms d'origine Portugaise en Inde, en dehors des anciennes colonies portugaises, comme à Bombay, ou à Cochin, mais ils ne parlent plus le portugais, mais le plus souvent les langues locales, avec souvent l'anglais. Au Bengale-Occidental, les prêtres des églises catholiques ont souvent des noms portugais.

Missionnaires protestants

Les premiers missionnaires protestants en Inde sont deux luthériens allemands, Bartholomäus Ziegenbalg et Heinrich Plütschau. Ils arrivent en 1705 au comptoir danois de Tranquebar, et traduisent la bible en Tamoul et en Hindoustani, langues parlées localement. Leur mission s'étend à Madras, Cuddalore et Tanjore[2].

Baptisme

Le Conseil de l'église baptiste du Nagaland, une dénomination chrétienne évangélique baptiste, a été fondé en 1937[3]. En 2016, il compterait 1,615 églises et 610,825 membres [4].

Pentecôtisme

Le Conseil général des Assemblées de Dieu de l'Inde, une dénomination chrétienne évangélique pentecôtiste, a été fondé en 1995[5], comptait 5,200 églises en 2016[6].

Population

Proportion de chrétiens par répartition géographique selon le recensement de 2011.

Le recensement de 2011 a trouvé 31 850 000 chrétiens en Inde, soit 2,4 % de la population, la majorité étant des catholiques de l'Église latine[7].

L'église catholique romaine regrouperait environ 70 % des chrétiens d'Inde, répartis en 29 archidiocèses et 128 diocèses. En 1991, l'Église catholique syro-malabare comptait 3,5 millions de membres et l'Église catholique syro-malankare, 300 000. Environ 30 % de la population de Goa serait également de confession catholique romaine. Il y avait 14 000 prêtres diocésains catholiques en 2003 ainsi que 704 hôpitaux. Une étude de l'Église catholique publiée en 2005 comptait 17 300 000 baptisés catholiques, sans qu'on sache le taux de pratique religieuse[8]. On dénombrait 310 000 fidèles de l'Église catholique syro-malankare[9][Quand ?] et 3 000 000 de l'Église catholique syro-malabare. En janvier 1993, et en février 2005, le statut d'Archevêque majeur a été accordé respectivement aux Églises syro-malabare et syro-malankare par le pape Jean-Paul II.

Le protestantisme s'est établi au XIXe siècle. L'Église de l'Inde du Sud est la plus importante dénomination protestante dans le pays. Elle a été créée à partir des dénominations presbytérienne, réformée, congrégationiste, méthodiste et anglicane en 1947. Elle comptait environ 2 200 000 membres en 1995. La Church of North India revendiquait un million de membres. En Inde, vivaient environ 1 300 000 luthériens, 473 000 méthodistes et 425 000 baptistes en 1995. La plus grande église pentecôtiste autochtone est l'India Pentecostal Church of God. La plupart des dénominations protestantes sont présentes en Inde, résultant de l'activité de missionnaires dans le pays. Presbytériens, méthodistes et anglicans sont parmi les églises ayant le plus de fidèles[10]. Les mouvements pentecôtistes et évangélistes connaissent une forte croissance[11],[12],[13].

En ce qui concerne l'orthodoxie, l'Église malankare orthodoxe comporte 2 500 000 membres, l'Église syro-malankare orthodoxe 1 200 000, l'Église malankare Mar Thoma 900 000 et l'Église malabare indépendante 10 000[14],[15].

Castes

Une large majorité de la population chrétienne est d'origine intouchable ou Dalit, ceux-ci se convertissant principalement pour échapper au système des castes. Cependant, il reste présent parmi les chrétiens, y compris au sein du clergé et particulièrement dans les zones rurales, et provoque des discriminations[16],[17],[18].

La théologie dalit (en) a émergé dans les années 1980 en partageant des thèmes de la théologie de la libération, constatant la persistance des discriminations au sein du christianisme.

Population par confession chrétienne

Basilique Saint-Thomas à Chennai abritant le tombeau de saint Thomas, l'un des douze apôtres de Jésus.
Églises en Inde
Nom de l'Église Population Forme
Église catholique romaine 11 800 000 Rite latin
Église syro-malabare (unie à Rome) 3 000 000[19] Rite syriaque oriental
Église syro-malankare (unie à Rome) 310 000[20] Rite syriaque occidental
Église orthodoxe malankare et
Église syriaque orthodoxe jacobine
4 700 000[14] Rite syriaque occidental
Église indépendante syro-malabare 10 000 Rite syriaque occidental
Église syrienne chaldéenne 35 000 Rite syriaque occidental
Malankara Mar Thoma 900 000[15] Rite syriaque occidental
Église évangélique de Saint Thomas 35 000 Protestant (épiscopalien)
Église d'Inde du Sud 5 000 000 Protestant (épiscopalien)
Église d'Inde du Nord 1 250 000 Protestant (épiscopalien)
Église méthodiste 648 000 Protestant
Église baptiste 2 991 276 Protestant
Assemblées de Jéhovah Sannah 310 000[21] Protestant
Luthérien 1 267 786[22] Protestant (luthérien)
Brethren 449 550[21] à 1 000 000 Protestant (évangélique)
Église presbytérienne d'Inde 1 347 683 Protestant (réformé)
Église presbytérienne d'Inde du Nord-Est 15 000 Protestant (réformé)
Église presbytérienne réformée d'Inde 10 000 Protestant (réformé)
Église évangélique de Maraland 30 000 Protestant (réformé)
Église congrégationaliste d'Inde 5 500 Protestant (réformé)
Église Covenant de l'Hindoustan 16 600 Protestant
Worldwide Faith Missions 12 000[citation nécessaire] Protestant
Église évangélique 250 000 Protestant
Nouvelle Église apostolique 1 448 209 Protestant
Église de Dieu pentecôtiste d'Inde 600 000 Protestant
Église pentecôtiste de l'Évangile Maranatah Protestant
New Life Fellowship Association 480 000 Protestant
Sharon Fellowship Church 50 000 Protestant
Manna Full Gospel Churches 275 000 Protestant (évangélique)
Philadelphia Fellowship Church of India 200 000 Protestant
Adventistes du septième jour 1 560 000[23] Protestant (évangélique)
Unitarian Union of Northeast India 10 000 Protestant (unitarisme)
Témoins de Jéhovah 42 566[24] Témoins de Jéhovah
Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours 1 289[25] Mormons
Gift of God Ministries 1 000 Protestant (évangélique)
Christian Revival Church 21 447[26] Protestant (évangélique)
Mennonite Brethren Church 103 000[27] Protestant (évangélique)

Population chrétienne par état

Proportion de chrétiens par état selon le recensement de 2001[28].
Pourcentage de chrétiens par état d'après le recensement de 2011[29]
État Population Pourcentage de chrétiens Nombre de chrétiens
Union indienne (totalité)1 210 854 9772,3031 850 000
Nagaland 1 978 502 87,93 1 739 651
Mizoram 1 097 206 87,16 956 331
Meghalaya 2 966 889 74,59 2 213 027
Manipur 2 855 794 41,29 1 179 043
Arunachal Pradesh 1 383 727 30,26 418 732
Goa 1 458 545 25,10 366 130
Îles Andaman-et-Nicobar 380 581 21,28 80 984
Kerala 33 406 061 18,38 6 141 269
Sikkim 610 577 9,91 60 522
Pondichéry 1 247 953 6,29 78 550
Tamil Nadu 72 147 030 6,12 4 418 331
Tripura 3 673 917 4,35 159 882
Jharkhand 32 988 134 4,30 1 418 608
Assam 31 205 576 3,74 1 165 867
Odisha 41 974 218 2,77 1 161 708
Chhattisgarh 25 545 198 1,92 490 542
Karnataka 61 095 297 1,87 1 142 647
Dadra et Nagar Haveli 343 709 1,49 5 113
Andhra Pradesh 84 580 777 1,34 1 129 784
Pendjab 27 743 338 1,26 348 230
Daman and Diu 243 247 1,16 2 820
Maharashtra 112 374 333 0,96 1 080 073
Delhi 16 787 941 0,87 146 093
Chandigarh 1 055 450 0,83 8 720
West Bengal 91 276 115 0,72 658 618
Gujarat 60 439 692 0,52 316 178
Lakshadweep 64 473 0,49 317
Uttarakhand 10 086 292 0,37 37 781
Madhya Pradesh 72 626 809 0,29 213 282
Jammu and Kashmir 12 541 302 0,28 35 631
Haryana 25 351 462 0,20 50 353
Uttar Pradesh 199 812 341 0,18 356 448
Himachal Pradesh 6 864 602 0,18 12 646
Rajasthan 68 548 437 0,14 96 430
Bihar 104 099 452 0,12 129 247

Relations avec les autres religions

Relations avec l'hindouisme

Les premiers convertis au christianisme furent les Juifs indiens dont les communautés marchandes habitaient déjà les ports du Sud de l'Inde. Les communautés juives ou chrétiennes étant alors étrangères à l'Inde ou à l'hindouisme, elles furent intégrées dans la société en tant que castes commerçantes. Les « chrétiens de Saint Thomas »  connus en Inde sous le nom de nazrani (nom que les Juifs de la première génération chrétienne donnaient à ceux d'entre eux qui se convertissaient au christianisme, du fait que Jésus était nazaréen)  étaient ainsi tolérés[30].

L'inquisition fut mise en place lors du contrôle de Goa par les Portugais. Elle visait principalement les apostats, mais permettait également de contrôler la population hindoue ou musulmane. Près de 300 temples hindous ont ainsi été détruits[31].

Après la mort de Swami Lakshmanananda, un moine hindou tué par un maoïste en 2008, des chrétiens ont été tués et des églises attaquées[32],[33],[34].

Le christianisme est accusé de remettre en question le système des castes, et la montée en puissance des partis nationalistes hindous comme le BJP ou le RSS (se réclamant de l'Hindutva) a concordé avec des vagues de violence, comme des attaques contre des chrétiens ou des lieux de culte[35],[36]. Certains États ont mis en place des lois anti-conversion et l'AED signale des violences policières et des agressions contre les nouveaux convertis[37],[38].

Selon l'ONG Persecution Relief, 736 attaques antichrétiennes, visant les églises ou les chrétiens, ont eu lieu en 2017, contre 348 en 2016. Les États gérés par le BJP sont particulièrement le lieu de violences, car le gouvernement soutient les groupes hindous fondamentalistes. Ceux qui portent plainte sont parfois accusés de sédition contre l'intégrité nationale, risquant la prison à vie[39].

En 2021, le Madhya Pradesh met en place une loi anti-conversion sous la pression des nationalistes hindous. Les minorités religieuses, particulièrement les chrétiens, redoutent une hausse des violences. Celles-ci sont déjà courantes envers les convertis[40]. En décembre de la même année, c'est au tour du Karnataka d'adopter une législation similaire[41].

Différents rites

On retrouve principalement le rite latin, le rite syro-malabar et le rite syro-malankare. Des adaptations de la liturgie ont été permises aux catholiques par le pape, notamment l'utilisation de pétales de fleur, ou le remplacement de la génuflexion par le salut les mains jointes devant le nez[42].

Art et architecture

L'art et l'architecture prennent une part importante dans la vie des chrétiens indiens[43],[44]. Selon l'architecture, on peut voir les influences françaises ou danoises.

Notes et références

  1. Vivez le Jeudi Saint avec les chrétiens orientaux indiens.
  2. Robert Kolb, "The Three- Hundredth Anniversary of Lutheran Mission in India," Lutheran Quarterly 21 (Spring 2007): 95-101.
  3. Telegraph India, Church platinum jubilee begins, telegraphindia.com, India, 19 avril 2012
  4. Baptist World Alliance, Statistics, bwanet.org, États-Unis, consulté le 3 décembre 2018
  5. Michael Bergunder, The South Indian Pentecostal Movement in the Twentieth Century, Wm. B. Eerdmans Publishing, USA, 2008, p. 46
  6. Kristin Wileman, ASSEMBLIES OF GOD IN INDIA CELEBRATES CENTENNIAL, news.ag.org, USA, 22 juin 2016
  7. « Census of India, 2001 », Census Bureau, Government of India., .
  8. (en) « Factfile: Roman Catholics around the world », BBC News, (lire en ligne, consulté le ).
  9. (en) « Recapitulation of Statistics » [archive du ], The Syro-Malankara Catholic Major Archiepiscopal Church.
  10. (en) « CSI SYNOD » (consulté le ).
  11. [PDF] Critique Of Pentecostal Mission By A Friendly Evangelical.
  12. [PDF] The witness of new christian movements in India, Roger E. Hedlund 7 Aug 2004.
  13. Pentecostalism in India: an overview, Stanley M. Burgess 2001.
  14. Fahlbusch 2008, p. 285.
  15. (en) « Overview - Mar Thoma syrian church of Malabar » (consulté le ).
  16. (en) Swaminathan Natarajan, « Indian Dalits find no refuge from caste in Christianity », sur BBC, (consulté le )
  17. (en) « Dalit Christians face discrimination and untouchability, admits Indian Catholic Church », sur first post, (consulté le )
  18. CLAIRE LESEGRETAIN, « Les chrétiens en Inde veulent dépasser le système des castes », sur La Croix, (consulté le )
  19. (en) « Population Statistics and Demography of Saint Thomas Christians, Churches with historical references », Nasranis (consulté le ).
  20. (en) « Population Statistics ».
  21. Jason Mandryk, Operation World, Biblica Publishing, , p. 408.
  22. (en) « Adherents.com » (consulté le ).
  23. (en) « Top Ten Countries with the Most Latter-day Saints, Seventh Day Adventists, and Jehovah's Witnesses ».
  24. 2016 Yearbook of Jehovah's Witnesses, p.182.
  25. LDS Church Almanac, 2011 Edition, p. 505.
  26. Christian Revival Church Arunachal Pradesh, Annual Report as on 31.12.2015.
  27. (en) Abe J Dueck, The Mennonite Brethren Church Around the World: Celebrating 150 Years, Kitchener, Pandora Press, (ISBN 978-1926599113).
  28. (en) « Population by religious communities » (consulté le ).
  29. (en) « Census of India – Religious Composition », Government of India, Ministry of Home Affairs (consulté le ).
  30. Le modèle indou, Guy Deleury, éditions Kailash, (ISBN 2-909052-33-8), page 100.
  31. Goa and Portugal: Their Cultural Links, p. 35, by Charles J. Borges, Helmut Feldmann, year = 1997.
  32. « Violence in India Is Fueled by Religious and Economic Divide », New York Times, Tiangia, India, (lire en ligne).
  33. « BJP MLA convicted in Kandhamal riots case », The Hindu, Chennai, India, (lire en ligne).
  34. (en) Anto Akkara, « Indian Supreme Court: State Response to Anti-Christian Mob Violence ‘Inadequate’ », Gleanings | ChristianityToday.com, (lire en ligne, consulté le ).
  35. « Inde », sur Portesouvertes.fr (consulté le ).
  36. Jean-Marie Guénois, « Flambée de violence entre hindous et chrétiens en Inde », Le Figaro, (consulté le ).
  37. https://www.aed-france.org/inde-arrestations-pour-soupcon-de-conversion-au-christianisme/.
  38. Antoine Terrel (avec Ucanews), « En Inde, 13 personnes arrêtées pour conversion au christianisme », La Croix, (consulté le ).
  39. Claire Lesegretain, « En Inde, les violences contre les chrétiens ont doublé en un an », sur La Croix, (consulté le )
  40. (en) Harshita Rathore, « Violence Follows New ‘Anti-Conversion’ Law in India’s Madhya Pradesh », sur thediplomat.com, (consulté le ).
  41. Lina Sankari, « En Inde, un mantra et des appels au meurtre », sur L'Humanité,
  42. Claire Lesegretain, « Le christianisme en Inde se veut davantage romain », La Croix, (consulté le ).
  43. (en) « Art Architecture India Christian Kerala Syrian Christianity » (consulté le ).
  44. (en) « Monuments in Chennai, Monuments of Chennai India, Monuments Tour in Chennai, Chennai Monuments Tours, Travel to Chennai Monuments, Chennai Monuments Holidays ».

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Shourie, A. (1994). Missionaries in India: Continuities, changes, dilemmas. New Delhi: ASA Publications.
  • Madhya Pradesh (India)., Goel, S. R., Niyogi, M. B., & Voice of India. (1998). Vindicated by time: The Niyogi Committee report on Christian missionary activities. New Delhi: Voice of India.
  • Panikkar, K. M. (1969). Asia and Western dominance. New York: Collier Books.
  • Goel, S. R. (1996). History of Hindu-Christian encounters, AD 304 to 1996. New Delhi: Voice of India. (ISBN 81-85990-35-2)
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