Couma guianensis
Couma guianensis est une espèce d'arbres néotropical de la famille des Apocynaceae. C'est l'espèce type du genre Couma Aubl..
Règne | Plantae |
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Sous-règne | Tracheobionta |
Division | Magnoliophyta |
Classe | Magnoliopsida |
Sous-classe | Asteridae |
Ordre | Gentianales |
Famille | Apocynaceae |
Genre | Couma |
- Cerbera triphylla Rudge [2]
Il est connu en Guyane sous les noms de Bois vache, Mapa, Coumé (Créole), Yuwa (Wayãpi, Teko), Ukum (Palikur), Sorva (Portugais)[3], Miliki udu, Bad wud (Aluku, Taki-taki)[4], Gan Mapa (nenge tongo), ou Coumier de la Guyane, Poirier de la Guyane[5], Poirier des Créoles (Exposition Coloniale[6])[7].
Au Suriname, on l'appelle Péra (Sranan tongo, Arawak), Amaapa*, Amaa-parjan, Akoema (Kali'na), Mappa* (Nenge tongo), Dokalli* (Aluku) (*= noms partagés avec Ambelania sagotii et Parahancornia amapa)[8].
Le monde anglophone le désigne comme Dukaballi (Démérara). Dans le monde hispanophone, il est nommé Gaimaro macho, Nicuyé, Vacahosea (Venezuela). Au Brésil, on l'appelle Sorveira, Sowa (Portugais)[5].
Description
Couma guianensis est un grand arbre atteignant 20-25 m de haut (environ 7 m de haut dans les forêts de savanes). Son tronc cylindrique atteint 40 à 70 cm de DHP. La cime est peu importante et irrégulière. L'écorce, les tiges et toutes les parties contiennent un latex très abondant, épais, non vénéneux, se coagulant très vite. Le bois est doux, fibreux. L'écorce noire et écailleuse, régulièrement fissuré, verruqueuse, verdâtre, est fibreuse à l'état frais, devenant granuleuse en vieillissant, rugueuse et fendillée, formant un réticule régulier. Le flachis rouge, exsude un latex blanc abondant. Les jeunes rameaux sont bruns, trigones, devenant très rugueux et noirs. Il tend à produire une branche à l'aisselle de chaque feuille.
Les feuilles sont simples, entières, opposées au stade du semis, devenant rapidement verticillée par 3. Le limbe mesure environ 8,5-18(20) x (5)6-10,5(13) cm, est glabre, coriace, pendant, caduque, de forme elliptique à largement elliptique, à base aiguë à arrondie rétrécie et à l'apex courtement acuminé, vert foncé sur le dessus (face adaxiale), et vert pâle sur la face abaxiale. Les 10-13 paires de nervures secondaires sont imprimées sur le dessus, saillantes abaxialement, et se rejoignent et s'anastomosent à 0,2 à 0,3 cm de la marge. Les nervures tertiaires sont principalement transversale, s'étendant au-delà des nervures secondaires. Le pétiole long de 7-10(12) mm, est doté d'une glande intrapétiolaire. Les stipules sont presque toujours absents ou réduits à une côte unissant les pétioles.
L'inflorescence est organisée en groupes de 3 corymbes axillaires, situés vers le sommet des rameaux, d'environ 5 cm de diamètre, alternant avec des jeunes feuilles rose pâle, légèrement poisseuses. Ses ramifications et les calices sont de couleur brun-violet avec des lenticelles brun clair. Les bractées et bractéoles sont minuscules. Les pédicelles sont longs d'environ 5 mm.
Le calice est long de 2 mm. Les lobes des 5 sépales brun-violet, sont longs de 2 mm, pubescents sur les deux faces. La corolle légèrement parfumée, comporte un tube glabre à l'extérieur, parsemé de longs poils à l'intérieur et dans la gorge, long de 7 mm pour 1 mm de large. Les lobes des 5 pétales sont roses en-dessous, acuminés, pubescents sur les deux faces, mesurant 8 × 1,5 mm. Il existe un wikt:indument infrastaminal, violet foncé. Les anthères sont obtuses, longues de 1 mm. L'ovaire est glabre, avec l’extrémité du style dépassant à peine le calice.
Le fruit est une baie globuleuse, portée par un pédoncule long de 4 à 5 cm, mesurant environ 4 × 4 cm. Sa peau est fine, jaune, devenant rouge-roussâtre à maturité, est striée longitudinalement La pulpe comestible est douce.
Il contient 4 à 5 graines ovales, aplaties, longues d'1 cm, dans une pulpe de même couleur que la peau[5],[7],[8],[9],[10].
Répartition
Couma guianensis est présent au Suriname, en Guyane et au nord du Brésil[7] jusqu'à l'est du Pérou[8].
Écologie
Couma guianensis est un grand arbre à feuillage caduque, commun des forêts anciennes et des vieilles forêts secondaires[3] de terre ferme (non inondées)[9].
En Guyane, Couma guianensis fleurit avant de feuiller en août-septembre, et fructifie en (juillet-)[9]septembre-octobre[7] ou d'octobre à février[10].
La chute des feuilles et la feuillaison de Couma guianensis ont été étudiées[11] : ces arbres défeuillent au moins une fois par an (avec 2 intervalles de 5 à 18 mois), et cela peut se produire à n'importe que mois de l'année.
Le pollen de Couma guianensis a été décrit[12].
On observe des inclusions minérales microscopiques dans le xylème de Couma guianensis[13]
Couma guianensis aurait des propriétés allélopathiques et antifongiques[14].
Couma guianensis est pollinisé par des Apidae[15], et disséminé notamment par les singes Tamarin à face nue de Martins[16].
Couma guianensis produit une litière de composition variable[17].
Couma guianensis est une des plantes hôtes de la larve de l'Arlequin de Cayenne Acrocinus longimanus (Linnaeus, 1758) (Cerambycidae)[18], de Hylettus coenobita (Erichson, 1847) (Cerambycidae)[19], de nématodes gallogènes Meloidogyne spp.[20], et de la mouche des fruits Anastrepha obliqua (Macquart, 1835)[21].
Culture
On multiplie Couma guianensis par graines[5]. Il rejette facilement de souche.
Utilisation
Couma guianensis est surtout réputé pour ses excellents fruits[22] : avant maturité, le fruit contient un latex âpre. Bien mûre, la pulpe est un peu pâteuse mais douce et de goût agréable, et peut être consommée crue[5].
Les Créoles de Guyane considèrent son abondant latex blanc comme buvable et nourrissant[3]. Il peut être ajouté au thé ou au café à la place du lait[7].
Le bois de Couma guianensis est “tendre” (comparativement aux essences guyanaises habituelles), de couleur claire, léger, homogène en couleur et en grain, avec des propriétés proches des résineux utilisés en Europe, et est peu exploité[23].
Chez les Wayãpi, le latex blanc et doux est léché sur le tronc incisé pour soigner la diarrhée. Ils consomment le fruit après l'avoir battu (pour coaguler son abondant latex) : sa chair est également considérée comme antidiarrhéique (l'usage est similaire pour Ambelania acida)[3].
Au Brésil, le latex de Couma guanensis était une marchandise prisée chez les Caboclos à l'époque du boom du marché du caoutchouc, mais elle n'a plus aucune valeur aujourd'hui[24].
Ce latex, mélangé à l'huile de ricin, est utilisé comme anthelminthique et anti-dysentérique[7].
Il serait par ailleurs dangereux pour les yeux, car il peut coller à la cornée[10].
Il peut aussi entrer dans la composition de peinture à la chaux[25].
Dans le genre Couma, plusieurs espèces sont employées sous le nom commercial de Cow tree dans l'industrie du chewing-gum[26].
Chimie
De la gomme tirée du latex de Couma guianensis, appelée « Goma de Mascar »[7], a été rapportée par Aublet au XVIIIe et analysée par le Dr Rouelle :
« 1° Cette réſine eſt d'un gris blanchâtre, un peu plus colorée à l'extérieur, que dans l'intérieur. Elle eſt aſſez légère, peu compacte, s'écraſe facilement, nage ſur l'eau, & ne reſſemble à aucune de nos réſines connues, ſoit intérieurement, ſoit extérieurement.
2° Quoiqu'elle ne ſoit pas abſolument dépourvue d'odeur, on ne peut cependant pas la regarder comme aromatique.
3° La ſeule ſubſtance à laquelle on peut la comparer, c'eſt l'ambre gris, dont elle diffère toutefois par ſon odeur, par ſa couleur, qui eſt un peu plus blanchâtre, & par un peu plus de légèreté.
4° Un morceau de cette réſine, préſenté à l'action d'une bougie allumée, ſe liquéfie & s'enflamme un peu. La portion, qui ſe fond, eſt d'un brun fonce & tranſparent. Cette même portion ainſi fondue ſe ramollit par la maſtication, comme fait le maſtic.
5° L'ambre gris ſe liquéfie & s'enflamme un peu plus facilement à la bougie, prend un corps réſineux, & eſt un peu moins liant que la nouvelle réſine par la maſtication.
6° Cette réſine étant réduite en poudre, & traitée avec de l'eau diſtillée par la digeſtion & l’ébullition dans un petit matras, il s'eſt manifeſté, dans cette ébullition, une légère odeur qui n'étoit point déſagréable. L'eau s'eſt légèrement colorée, & eſt devenue un peu amère. La réſine s'eſt ramollie, s'eſt réunie en petites maſſes, qui ſe ſont précipitées au fond de l'eau. Maniée entre les doigts, elle s'eſt un peu ramollie & a pris un peu de corps. Par la maſtication, elle a produit le même effet que le maſtic. L'eau ſéparée de la réſine & filtrée, avoir un léger goût d'amertume ; évaporée, elle a terni à peine le verre.
7° L'ambre gris traité de même avec l’eau diſtillée, l'a légèrement colorée, comme la nouvelle Réſine. Il s'eſt plus ramolli qu'elle par l’ébullition & a toujours nagé ſur l'eau, qui, ſéparée de l'ambre, filtrée & miſe à évaporer, n'a preſque point terni la capſule.
8° La nouvelle réſine n'eſt pas totalement ſoluble dans l’eſprit-de-vin. La partie, qui s'y diſſout, demande une grande quantité de ce diſſolvant. Les premières diſſolutions ou teintures ſont légèrement ambrées, les ſuivantes ſont à peine colorées. L'eſprit-de-vin à la fin ne paroit point changer de couleur : cependant il tient un peu de réſine en diſſolution, puiſqu'il blanchit avec l'eau.
Toutes ces teintures, qui ont été filtrées chaque fois qu'elles ont été faites, ont dépoſé peu à peu, par le refroidiſſement & le repos, une matière blanche réſineuſe qui a pris un arrangement ſalin. Cette matière, qui eſt très-blanche, eſt en même temps très-légère & très-volumineuſe.
Si on la fait chauffer un peu dans une petite capſule de verre, elle, ſe liquéfie & devient tranſparente. Miſe ſur les charbons, elle répand une odeur légèrement aromatique. Elle eſt très-caſſante & ſe réduit en poudre, quand on la frotte entre les doigts.
J'ai dit que la nouvelle réſine n'étoit pas totalement ſoluble dans l'eſprit-de-vin. La portion, qui reſte eſt aſſez griſe & un peu ſalie par les ordures. Cette portion, qui paroit inſoluble dans l'eſprit-de-vin, s'y diſſout tant qu'il eſt bouillant : mais l’eſprit-de-vin étant refroidi, elle ſe depoſe totalement ſous la forme de cette matière blanchâtre dont il eſt parlé ci-deſſus ; ce qui démontre que cette réſine eſt compoſée de deux ſubſtances réſineuſes : celle qui eſt blanche eſt en moindre quantité, que celle qui reſte diſſoute dans l'eſprit-de-vin.
Les teintures ci-deſſus laiſſent, après l'évaporation, une réſine qui ſe ramollit facilement par la maſtication, comme fait le maſtic.
9° La teinture de l'ambre gris, lorſqu'elle eſt bien chargée, dépoſe une matière blanche, comme la nouvelle réſine.
10° L'eſpèce de depôt que fait la teinture ou diſſolution de cette réſine, ne lui eſt pas plus particulier qu'à l'ambre gris. Pluſieurs autres réſines préſentent la même choſe. C'eſt une cryſtalliſation qui ſe voit bien dans les teintures compoſées ou vernis, ou il ſe forme des cryſtaux très-grands & très-beaux. La plupart des réſines ont en eſſet des rapports différens avec l'eſprit-de-vin, en raiſon de leur ſolubitlité, ſuivant toute apparence. Mais, outre ces rapports du plus au moins, des différentes réſines avec l'eſprit-de-vin, il y a encore pluſieurs Réſines qui contiennent deux fortes de ſubſtances réſineuſes (D. II. A. I. Obſ. 171. 405. ), dont l'une eſt a peine ſoluble dans l'eſprit-de-vin ; & celle qui l'eſt moins que l'autre, ſe ſéparé ſouvent par la cryſtalliſation ou ſe précipite aux parois ou au fond des vaiſſeaux.
11° La nouvelle réſine, ayant été ſoumiſe a la diſtillation, a donné d'abord un phlegme inſipide, enſuite un eſprit acide, une huile peſante, jaune & d'une odeur aſſez agréable. Le réſidu, qui a reſté dans la cornue, eſt une matière charbonneuſe, en tout ſemblable au Caput mortuum des ſubſtances réſineuſes : en un mot, elle fournit les mêmes produits exactement que l'ambre gris a donnés a M. Geoffroy, ainſi qu’a M. Hermann & Grimm, dans les Ephémérides des Curieux de la Nature, excepte un ſel volatil concret, aſſez ſemblable à celui du ſuccin que ces deux Auteurs ont également tiré de l'ambre gris, & que nous n'avons pas pu obtenir de la trop petite quantité de notre réſine que nous avons pu analyſer.
Quoique la nouvelle réſine n'ait pas exactement tous les rapports poſſibles avec l'ambre gris, & ne préſente pas préciſement les mêmes phénomènes, elle paroit néanmoins lui être analogue à beaucoup d'égards ; 1° par les deux matières très diſtinctes qui la compoſent, 2° par la manière de ſe diſſoudre & de ſe précipiter dans l'eſprit-de-vin ; 3° par ſon odeur qui approche beaucoup de celle de l'ambre gris ; & si cette odeur eſt moins forte, on ſait auſſi qu'on trouve fréquemment de l'ambre qui n'en a point du tout. Il eſt même à préſumer que celui qui en eſt chargé l'a reçue artificiellement, & la tient de quelque préparation particulière.
On trouvé encore un quatrième rapport entre la nouvelle réſine & l'ambre gris, dans l'égale facilité qu'ils ont l’un & l'autre à prendre l'odeur du muſc, & dans l'identité de celle que cette ſubſtance animale développe dans ces deux matières réſineuſes.
Il y a des Auteurs, & Geoffroy entre autres, qui ont prétendu, que l'ambre gris étoit un bitume minéral, qui, coulant du ſein de la terre dans la mer, s'y condenſoit peu à peu, & formoit ces pains & ces maſſes plus ou moins ſolides, plus ou moins conſidérables que nous lui voyons. On ſait pourtant, & Geoffroy nous le repète, qu'on y trouvé ſouvent enfermés, non-ſeulement de petits coquillages & des pierres, mais encore des os d'animaux, des becs & des ongles d'oiſeaux, bien plus, des rayons de cire d'abeilles encore chargés de leur miel, & enfin d'autres ſubſtances qui indiquent viſiblement que l'état de fluidité ou de moleſſe étoit l'état primitif de l'ambre gris. Mais ſi l'ambre gris ſortoit fluide du ſein de la terre, & qu'il fut tranſporté de-la, comme on le dit, dans la mer, comment, trouveroit-on enfermés des rayons d'abeilles, & comment les eaux de la mer n'en auroient-elles pas diſſous le miel ? Il nous ſemble dont que tous ces corps étrangers que l'ambre-gris entraîne avec lui ; tout, en un mot, juſqu'à la forme de ſes pains plus ou moins arrondis, annoncent une matière d'origine végétale, & qui, lorſqu'elle étoit encore fluide ou molle, a découlé à terre & au pied de l'arbre qui l'a produite.
De ce que l'ambre gris, trouvé dans la mer, ou celui que les flots ont jetté ſur la côte, ne reſſemble pas parfaitement à la nouvelle réſine dont Il eſt ici queſtion, on n'en doit pas cependant conclure que celle-ci n'eſt point ſa congénère. Il eſt à preſumer que les eaux de la mer, ou l'ambre gris a ſéjourné ſouvent très-long-temps, & les tranſports conſidérables qu'il a ſoufferts ſur les flots, puiſqu'on en a trouvé ſur les côtes d'Angleterre, d'Écoſſe & même de la Norwège, ont pu, opérer quelque changement, & être la ſeule cauſe de cette différence.
Rumphius, dans ſon Herbier d'Amboine, fait mention d'un genre d'arbres connus ſous le nom générique de Canarium ou Canari, dont il donne une deſcription très-détaillée, & dont il fait pluſieurs eſpèces. Ces arbres, dit il, donnent deux réſines, l'une blanchâtre, qui découle du haut du tronc & des groſſes branches, ou on la trouvé ſous la forme d'une matière ſèche & aride comme de la chaux ou du camphre en grains, & l'autre qui fort du bas du tronc & du pied de l’arbre ; celle-ci eſt plus ou moins glutineuſe & graſſe, plus ou moins griſe, noire & colorée. Lorſque cette matière réſineuſe a coulé & s'eſt imbibée dans la terre, elle, prend une odeur d'ambre gris, ſouvent très-caractériſée.
Cet Auteur fait mention, entr'autres, de deux eſpèces de ces arbres, qu'il appelle Nanarium minimum five oleoſum, en langue Malaiſe ou du pays, Nanari minjac ; & Canarium odoriferum, en Malais Camacoan. Ce ſont ces deux arbres qui, non-ſeulement donnent une réſine dont l'odeur approche beaucoup de celle de l'ambre gris, mais qui eſt telle, qu'on a cru ſouvent que c’étoit-là véritablement la ſource & l'origine de cette réſine.
Cet arbre, dit-il, en parlant du Nanari, s'élève droit & fort haut. Il n'eſt pas commun, même dans les lieux ou on le trouve. Il aime les terreins pierreux, élevés, & le voiſinage de la mer. Il croît à Amboine, mais ſur-tout à Manipa, Kelanga & à Bonoa : l'huile & la réſine qui en découlent dans ces derniers endroits, ſont plus abondantes & plus odorantes qu'à Amboine.
Cette réſine prend ſur-tout l'odeur & la reſſemblance de l'ambre, lorſquelle a découle à terre, qu’elle s'y eſt imbibée ou quelle en a été recouverte. On découvrit, en 1681, un petit terrein à Manipa, auprès d'un lieu appellé Luhu, qui avoit ſingulièrement cette odeur. On le nomma Terre d'Ambre. Les habitans ont cru long-tems que c’étoit l'odeur propre de cette terre, & cela d'autant plus, qu'ils ne voyoient point d'arbres autour qui euſſent pu lui communiquer cette propriété & que le terrein qui répandoit une telle odeur, étoit d'un très-petit efpace. Le Propriétaire s'étoit perſuadé qu'il poſſedoit-là une ſource d'ambre ; mais on s'eſt apperçu dans la ſuite, à force de recherches & en creufant, que cette odeur étoit ſuperficielle & étrangère au ſol, & que la terre la contractoit du voiſinage & auprès du Canari odoriférant, & ſur-tout du Nanari, dont on trouva pluſieurs arbres dans cette Iſle.
Rumphius (Rumphius . p. 164 & 165) préſume auſſi, qu'il croît à l'Iſle Maurice des arbres qui donnent une réſine ſemblable, ayant l'odeur de l'ambre gris. « Ces arbres, écrivoit un jour le Facteur Hollandois à ſes Supérieurs, ſont très-conſidérables. Ils viennent ſur le rivage & pouſſent leurs racines principalement du côté de la mer. Il en tranſude une gomme odorante, qui, découlant dans la mer & s'y mêlant avec le cailloutage, les coquillages, &c. forme de l'ambre ». En un mot, ce Facteur prétendoit avoir trouvé la véritable origine de l'ambre. Cela n'empèche pas cependant Rumphius de croire, que l'ambre gris naturel, c'eft-à-dire, celui qu'on pêche & qu'on trouve ſur les bords de la mer, eſt une production ou comme un excrément (projectum) de cet élément.
Toutes les eſpèces de ce genre d'arbres donnent deux ſortes de réſines, mais elles n'ont pas toutes la même odeur, ni les mêmes propriétés. Il y en a qui ont l'odeur, la tenacité & le gluten de la gomme Elemi, & qui forment comme des pains ou ſtalactites pendues aux branches & au tronc des arbres d'où elles ont découlé. Telle eſt une eſpèce ſemblable, qu'on trouvé à l'Iſle de France.
M. Aublet a trouvé, en effet, à l'Iſle de France & à l'Iſle de Bourbon, deux eſpèces d'arbres du même genre, & qu'il dit être l’Amyris de Linnaeus. Ces arbres viennent en haute futaie & ont juſqu'à trois pieds & plus de diamètre : ils donnent l’un, une réſine qui, dans la première eſpèce, a l'odeur du citron & plus agréable encore ; odeur quelle conſerve même dans la terre ou elle s'imbibe à meſure quelle, découle de l'arbre : l'autre donne une réſine, dont l'odeur approche de celle de l'Elemi. Ces réſines qui ſont, en perçant l'écorce, d'une conſiſtance molle, bitumineuſe & de couleur blanchâtre, ſe deſſèchent enſuite, forment de groſſes maſſes ſèches, friables, & ſe diſſolvent entièrement dans l'eſprit-de-vin. Dans les ouragans, ces réſines ſont entrainées par les eaux dans les ravines, les rivières & dans la mer, ou elles deviennent encore plus compactes, plus ſèches, plus friables, jaunes comme de la poix-réſine, & d'un parfum plus radouci. On prend celle que la mer rejette à la côte, pour la brûler dans les égliſes.
Feu M. de la Bourdonnaye en faiſoit amaſſer à Madagaſcar, à Bourbon & à l'Iſle de France. Il en fit entrer dans le goudron qu'il compoſa pour calfater & radouber l'Eſcadre avec laquelle il fut prendre Madras.
II, a des eſpèces dont la réſine a une odeur très-vive, très-pénétrante, qui porte à la tête & qui incommode, tandis que dans d'autres, au contraire, l'odeur eſt douce & très-fuave : en un mot, il y a a cet égard beaucoup de variétés, ainſi que pour la couleur qui eſt plus ou moins blanche, plus ou moins griſe, enfin plus ou moins noire, ſuivant l’âge & l'eſpèce différente des individus ; en ſorte que ſi l’ambre gris doit véritablement ſon origine à quelqu'une des eſpèces de ce genre d'arbres, il ne fera pas des-lors difficile de trouver la ſource de l'ambre noir qui eſt plus mauvais, & que Geoffroy prétend n'être tel, qu’à cauſe de la vaſe dont il eſt imprègné, ou avec laquelle il a été allongé.
Geoffroy nous a donné une analyſe de l'ambre gris. Il a trouvé qu'en le traitant par l'eſprit- de-yin, il y avoit une matière noire & tenace comme de la poix, qui étoit infoluble dans ce menſtrue. Il a obſervé le depôt blanc qui ſe précipite par le refroidiſſement & le repos, & qui, en ſe deſſéchant, prend une apparence de terre foliée brillante, aſſez ſemblable au blanc de Baleine.
Par la diſtillation, l'ambre gris lui a donné d'abord un phlegme inſipide, un eſprit acide, une huile jaune très odorante, avec une petite portion de ſel acide volatil aſſez ſemblable à celui du ſuccin. Ce qui reſte dans la cornue eſt, dit-il, une matière noire luiſante & bitumineuſe ; mais il paroit qu'à cet égard M. Geoffroy n'a pas pouſſé la diſtillation juſqu'à la fin. »
— M. ROUELLE (1703-1770), 1775[1].
Protologue
En 1775, le botaniste Aublet propose le protologue suivant[1] :
« Couma Guianenſis. (Tabula 392.)
Ficus folio citrei auctiore, viridi. Bar. Franc, Equinox, p. 5 2,;
Arbor triginta-pedalis, & ampliùs. Cortex craſſus, cinereus, ſucco lacteo turgens. Rami plures, recti & undique ſparſi, in ſummitate trunci prodeunt. Ramusculi trigoni, nodoſi. Folia ad nodos terna, verticillata, rigida, glabra, integerrima, ovato-acuminata, ſupernè obſcurè viridia, infernè pallidiora, petiolata, petiolo brevi, deſuper canaliculato, ſubtùs convexo ; ſinguli ramuli tribus foliis terminantur, è quorum ſinu novi fiirculi innafcuntur, bini, terni aut quaterni.
Fructus è nodis ramorum tres, quatuor aut quinque ; ſinguli pedunculo longo inixi. Hi fructus ſunt baccæ ferrugineæ, variæ magnitudinis. Maturi guſtu ſunt ſuaviſſimi, & ab incolis inter optimos numerantur ; antè maturitatem lacteum ſuccum fundunt acrem.
Cortex trunci vulneratus, lac copioſum effundit, quod brevi in maſſam candidiſſimam quaſi ex plurimis minutis granis connatam coaleſcit, & in hoc ſtatu ambar griſeum æmulatur ſuâ contexturâ. Calore molleſcit, & igni expoſita flammam concipit, & odorem non ingratum ſpargit.
Fructum ferebat Septembri.
Habitat in ſylvis Caïenenæ & Guianæ.
Nomen Caribæum COUMA, ab incolis Poirier nominatur.
LE COUMIER de la Guiane. (Planche 392.)C'eſt un arbre dont le tronc s'élève à plus de trente pieds dans les forêts, il a environ deux pieds de diamètre. Son écorce eſt griſe, épaiſſe, & rend abondamment, par inciſion, un ſuc laiteux qui ſe fige, ſe durcit en peu de temps.
Sa tête eſt branchue, fort rameuſe. Les rameaux ſont triangulaires, & portent à chaque nœud trois feuilles, du centre deſquelles ſortent deux, trois ou quatre bourgeons; & à meſure qu'ils ſe multiplient & s'allongent, les feuilles inférieures tombent ; ce qui forme des nœuds à l'endroit ou elles étoient attachées.
Ces feuilles ſont ovales, pointues, d'un beau vert en deſſus, un peu moins vertes en deſſous, & liſſes : elles ont un court pédicule creuſé en gouttiere en deſſus, & convexe en deſſous. lorſqu'on les déchire, elles rendent un ſuc laiteux.
Les fruits ſortent de l'aiſſelle des feuilles qui tombent; ils naiſſent pluſieurs enſemble, portés chacun ſur un long pédoncule ; ils ſont arrondis, comprimés à leur ſommet, & de la groſſeur d'une noix garnie de ſon brou. Leur peau eſt fine & rouſſâtre. La chair eſt de la même couleur, fondante, & un peu pâteuſe, d'un goût fort agréable. Avant ſa maturité il eſt rempli d'un ſuc âcre & laiteux; il contient trois, quatre ou cinq pépins ronds & un peu applatis.
Les Nègres portent le fruit de cet arbre dans les marchés de Caïenne, & les Créoles en ornent leurs deſſerts, les mettant au nombre des bons fruits du pays.
II y a de ces arbres dans l'île de Caïenne, & dans la terre ferme.
On les trouvé à Aroura, & dans les forêts qui s'étendent de la crique des Galibis juſqu'à Sinémari.
II y eſt nommé COUMA par les Galibis, & POIRIER par les Francais.
Je n ai jamais vu cet arbre en fleur.
Le ſuc laiteux du Coumier m'ayant paru, lorſqu'il eſt figé, être une réſine qui a beaucoup de rapport à l'ambre gris, je priai M. Rouelle de vouloir bien en faire l'analyſe, & de la comparer à celle de l'ambre. Voici Cette analyſe comparée. [voir Chimie ci-dessus] »
— Fusée-Aublet, 1775.
Références
- Jean Baptiste Christian Fusée-Aublet, HISTOIRE DES PLANTES DE LA GUIANE FRANÇOISE, rangées suivant la méthode sexuelle, avec plusieurs mémoires sur les différents objets intéreſſants, relatifs à la culture & au commerce de la Guiane françoiſe, & une Notice des plantes de l'Iſle de France. volume II, Londres et Paris, P.-F. Didot jeune, Librairie de la Faculté de Médecine, quai des Augustins, (lire en ligne), p. 39
- (fr+en) Référence GBIF : Couma guianensis
- Pierre Grenand, Christian Moretti, Henri Jacquemin et Marie-Françoise Prévost, Pharmacopées traditionnelles en Guyane : Créoles. Wayãpi, Palikur, Paris, IRD Editions, , 663 p. (ISBN 978-2-7099-1545-8, lire en ligne), p. 626
- Marie Fleury, "BUSI-NENGE" - LES HOMMES-FORÊT : Essai d'etnobotanique chez les Alukus (Boni) en Guyane Française, université de Paris 6, coll. « thèse de doctorat », (lire en ligne)
- Alain Fouqué, Espèces fruitières d'Amérique tropicale, Paris, IFAC, , 320 p.
- Herbarium de l'Exposition Coloniale, 1870
- (en) Lucile ALLORGE-BOITEAU, Flora of the Guianas : 140. APOCYNACEAE, ile rouge, 319 p. (lire en ligne), p. 129-131
- (en) A. A. Pulle, Flora of Suriname : Apocynaceae - Convolvulaceae - Loganiaceae - Pedaliaceae, vol. IV, PART 1, Amsterdam, KON. VER. KOLONIAAL INSTITUUT TE AMSTERDAM. - MEDEDEELINO No. XXX. - AFD. HANDELSMUSEUM No. 11., , 1-112 p., p. 12-13
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- « Couma guianensis », sur FLORE DE GUYANE, (consulté le )
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