Donatello
Donato di Niccolò di Betto Bardi, dit Donatello (Florence, v. 1386 - Florence, ), est un sculpteur florentin. Il est, selon Leon Battista Alberti, un des cinq rénovateurs de l'art de son époque avec Masaccio, Brunelleschi, Ghiberti et Luca Della Robbia.
Pour les articles homonymes, voir Donatello (homonymie).
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Donato di Niccolò di Betto Bardi |
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David (Bargello) Cantoria (musée de l'Œuvre du Duomo)Saint Jean-Baptiste (Duomo de Sienne). |
Biographie courte
Dans sa première jeunesse, il étudie, dit-on, sous le peintre Bicci di Lorenzo qui, d'après des documents découverts au XIXe siècle, est aussi sculpteur. Ensuite, durant son adolescence, il entre dans l'atelier de Lorenzo Ghiberti, où il fait connaissance de Brunelleschi. Les deux amis collaborent souvent, Donatello tirant parti des innovations architecturales de l'autre, comme la découverte de la perspective. Avec ce dernier, il se rend à Rome pour étudier les modèles antiques. Très rapidement, Donatello acquiert une grande notoriété, et obtient plusieurs commandes pour la décoration du Dôme de Florence. En 1428, il ouvre un grand atelier à Florence et il a comme assistants Bertoldo di Giovanni, Bartolomeo Bellano et influencera par ses productions Desiderio da Settignano.
En 1434, Cosme de Médicis (dit « Cosme l'Ancien ») le prend sous sa protection, ce qui permet à l'artiste de ne pas se soucier de l'argent. En effet, le sculpteur avait du mal à tenir ses comptes, et sa fortune périclitait du fait de sa mauvaise gestion. Lorsque Cosme meurt en 1464, il demande par testament que Donatello reste entretenu par les Médicis. Donatello se voit donc attribuer une petite propriété, qu'il rend un an plus tard, sa gestion le distrayant trop de son art. Le fils de Cosme, Pierre le Goutteux, lui assure alors une rente viagère.
Donatello continue à sculpter jusqu'à ses derniers jours. Il est, certainement, le plus grand des sculpteurs toscans qui précèdent Michel-Ange, et s'il est loin d'égaler la vigueur et la puissance de conception de ce dernier, il lui est de beaucoup supérieur au point de vue de la délicatesse du travail, de la vérité des détails, de l'expression du caractère et de l'habileté d'exécution, que ce soit dans le maniement du bronze ou dans celui du marbre.
Quand il meurt le , Florence lui fait des funérailles en grande pompe, qui ne seront égalées que par celles de Michel-Ange. Ne voulant pas plus, après sa mort que pendant sa vie, s'éloigner de Cosme de Médicis, il avait demandé à être enterré dans la basilique San Lorenzo de Florence, où ses funérailles eurent lieu, en présence de tous les artistes de la ville et d'une foule immense de ses concitoyens. Le sculpteur Raffaello Romanelli (1858 - 1926) fit son cénotaphe au XIXe siècle.
Biographie complète
La Renaissance
La Renaissance a été un temps d’exceptionnelle vitalité dans les arts. À partir de 1400 environ et pendant deux siècles, l’Europe a été bouleversée par un afflux d’idées novatrices : de nouvelles façons de construire, un nouveau style artistique et de nouveaux modes de vie. Les arts furent transformés par le désir de représenter le monde tel qu’il était et non plus simplement en termes symboliques. Peintures et sculptures illustrèrent des personnages réels dans des lieux réels – pour la première fois depuis l’Antiquité. On y produisit un nombre extraordinaire de chefs-d’œuvre. Certains des plus grands artistes de tous les temps sont contemporains de cette période : Brunelleschi, Masaccio, Michel-Ange, Léonard de Vinci, Raphaël et Titien (pour l’Italie). L’atmosphère inédite de liberté spirituelle encouragea les artistes à explorer de nouvelles techniques. Dans ce contexte nouveau, les hommes se conçurent davantage comme des individus et prirent conscience de leur propre valeur. L’Europe se remettait de la Grande Peste, qui avait tué près du tiers de sa population au XIVe siècle. La croissance économique était forte ; le commerce et les échanges en tous genres connurent un véritable essor. Le soudain enrichissement poussa les nobles, les marchands et les autorités municipales à dépenser de l’argent pour des œuvres d’art. À partir des travaux de plusieurs artistes du XIVe siècle, les peintres inventèrent la représentation de la perspective. Les sculpteurs étudièrent les statues de l’Antiquité grecque et romaine, apprenant à travailler la pierre pour exprimer mouvement et action. Les bronziers rivalisèrent d’audace et développèrent une méthode pour mouler de grandes statues, jusqu’à dix mètres de haut. D’Italie, ces techniques se répandirent dans toute l’Europe. Tous les artistes travaillèrent bientôt dans le nouveau style, produisant à leur tour davantage d’idées et de procédés. Vers 1600, toutefois, les nobles et les marchands n’avaient plus tant d’argent à dépenser pour l’art et les autorités municipales préférèrent utiliser l’argent des impôts pour se payer de solides murailles et des armées, afin de se protéger.
La vie de Donatello
Donato di Niccolò di Betto Bardi, dit Donatello, fils d’un cardeur de laine, nait à Florence, en 1386. Il travaille entre 1404 et 1407, comme compagnon dans l’atelier du célèbre Ghiberti qui se consacre alors à sa première porte du baptistère. Il y rencontre Brunelleschi, qu’il accompagne à Rome en 1402-1404 pour y étudier les modèles antiques. Sur le chantier du Museo dell'opera del Duomo, Ghiberti lui communique sa technique de fusion du bronze et son goût pour le bas-relief. La première œuvre certaine de Donatello est le David de marbre (1408-1409) destiné aux arcs-boutants de la cathédrale. Au cours des années suivantes, il réalise de nombreuses statues en marbre, terre cuite, bronze et bois pour des clients résidant avant tout à Florence, mais aussi à Pise, Sienne ou Prato. De 1411 à 1423, les œuvres du jeune artiste déjà fort connu dans les milieux artistiques se succèdent sans interruption : en particulier les statues pour les niches d’Orsanmichele. En 1425, Donatello s’associe pour former, pendant plus de dix ans, une « compagnie » avec Michelozzo (un architecte), et produit des œuvres capitales à la cathédrale de Prato, à Sienne et à Naples. De 1430 à 1433, le sculpteur séjourne à Rome où il effectue le tabernacle du Saint-Sacrement. Dans les années 1430, Donatello puise son inspiration aux sources les plus variées : le David en bronze (tradition classique) et le tabernacle de l’Annonciation (simplicité expressive et exubérance du décor). De retour à Florence, pour la cathédrale, il conçoit les bas-reliefs de la Cantoria.
En 1434-1437, Donatello exécute un carton de vitrail qui représente le Couronnement de la Vierge. En 1437, il reçoit une commande très prestigieuse, la réalisation des chambranles des portes de la cathédrale de Florence. Donatello doit également répondre à des commandes venant des autres cités italiennes ; à Venise, il réalise la statue de saint Jean-Baptiste en 1438. À partir de la fin de l’année 1435 et jusqu’à 1443 environ, Donatello travaille à la décoration de la vieille sacristie de Saint-Laurent. De 1444 à 1453, Donatello travaille surtout à Padoue[1] où il s’installe en 1446-1447. Sa principale œuvre padouane est une statue équestre : l’Erasmo da Narni, dit le Gattamelata. C'est une réplique moderne de la statue équestre de Marc-Aurèle qui révèle un guerrier au visage dur et fier. Cette dernière est commandée par la ville de Venise. Et, toujours à Padoue, il exécute l’autel dans la basilique Saint-Antoine. On suppose qu’en 1453, il retourne à Florence où les commandes se raréfient, apparemment, de plus en plus. Car quatre ans plus tard, alors qu’il a déjà plus de soixante-dix ans, il essaie d’obtenir la commande des portes de bronze de la cathédrale ; celles-ci ne dépasseront pas le stade de projet. Il crée aussi ses œuvres les plus personnelles et les plus déroutantes : Judith et Holopherne ainsi que Marie-Madeleine. Donatello se retrouve ensuite à Sienne en 1457, modelant les plaques de cire pour les portes de bronze de la cathédrale, qui ne seront d’ailleurs jamais coulées. Il se peut qu’il soit retourné à Florence en 1459, après que Cosme de Médicis lui a commandé les chaires de bronze de San Lorenzo. Donatello, atteint d’une paralysie progressive, meurt le , alors qu’il était en train de travailler à cette œuvre.
Présentation générale de son œuvre
Donatello, en cinquante ans de progrès continuels stimulés par une autocritique constante, réussit à bouleverser l’art de la sculpture de la pré-Renaissance. Son art entraîna l’une des plus décisives évolutions du style dans l’histoire de la sculpture en Occident. Donatello est un sculpteur, et même dans ce domaine se limite-t-il aux statues de marbre ou de bronze et aux bas-reliefs principalement en bronze aussi. Il ne travaille que peu le bois pour réaliser des statues, matériau habituellement utilisé dans le milieu religieux. Il réalise peu de tombeaux et de petites statuettes qui sont très courantes à l'époque. Cependant, même avec un champ d'investigation limité, les œuvres de Donatello s'imposent tant par leur occupation de l'espace, que par le rendu des attitudes et des expressions. Donatello s'adonne à l'art des statues et du bas-relief de façon concomitante. Le travail des statues lui permet de perfectionner le rendu des attitudes et des expressions du visage. Le bas-relief lui permet de traiter des problèmes de l'espace et de la perspective. Il commence à travailler sur du marbre, mais peu à peu il utilise le bronze qui lui permet d'intégrer des innovations techniques. Dans ses premières œuvres comme les Prophètes du campanile de Florence, il tient compte de la hauteur du socle des statues par rapport au public. Pour rapprocher ses statues du public, il incline le visage, afin de transmettre à ceux qui les regardent toutes ses expressions. Peu à peu les statues vont acquérir une existence propre, Donatello marquant par son réalisme qui ne sert pas uniquement à traduire un élément extérieur mais à dégager une attitude intérieure, une conscience individuelle. Par exemple, on ne dira pas « la statue sourit » mais bien « la statue a l’air heureux ». Cela se retrouve dans le Gattamelata de Padoue et la Judith.
Dans son œuvre tardive (après son long séjour à Padoue et son retour en Toscane en 1453), Donatello s'est inspiré de l'expressionnisme dramatique de l'art classique, particulièrement présent sur les sarcophages (Achille et Penthésilée[2], marbre. Fin du IIe siècle - début du IIIe siècle). Ses dernières œuvres comme les reliefs des chaires de San Lorenzo à Florence, furent considérées comme des modèles exemplaires par les artistes de la nouvelle génération, marqués par l'attention à ces modèles classique capables d'exprimer toutes les émotions humaines, à travers le langage et la gestuelle du corps, et la redécouverte du nu, par lui-même évocateur de l'Antiquité[3].
- L'Art sacré
Ce spectaculaire relief expose avec rigueur, dans un espace en perspective, la scène de la mort du Christ. La calme gravité de la moitié supérieur, où la concentration des personnages pris dans un enchevêtrement de boucliers, de lances et d'armures rappelle certaines scènes de bataille antiques. La douleurs et les émotions sont traduites par des attitudes allant des hurlements déchirants, soulignés par des gestes des bras, à la prière résignée, en passant par les pleurs dissimulés par les mains. Les incrustations d'argent et de cuivre doré, témoignages des expérimentations incessantes menées par Donatello, contribuent au caractère exceptionnel de ce relief[4].
Dans sa « Les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes », Giorgio Vasari fait remarquer que :
« ses œuvres sont si remarquables par leur grâce, leur dessin et leur beauté, qu'elles furent jugées plus proches des plus excellentes productions de l'antiquité que celles de n'importe quel autre artiste. Aussi est-il considéré, à juste titre, comme le premier qui ait su bien employer les sujets traités en bas-reliefs. À voir le jugement et la facilité dont il fit preuve, on reconnaît qu'il les maîtrisait parfaitement ; aucun artiste ne l'a surpassé, et de nos jours encore personne ne s'est montré son égal. »
L’époque de la jeunesse, jusqu’au voyage à Rome (1406-1432)
Les statues de la cathédrale et d’Orsanmichele ; le crucifix de bois ; les monuments funéraires, les fonts baptismaux de Sienne ; les deux statues de la Casa Martelli, le portrait de Nicolas Uzzano.
- David (1408) marbre, hauteur : 191 cm - Musée national du Bargello, Florence[5]
- Saint Jean l’évangéliste (1410-1411), marbre, hauteur : 210 cm - Museo dell'Opera del Duomo (Florence)[6]
- Saint Marc (1411), marbre, hauteur : 236 cm - Orsanmichele, Florence[7]
- Saint Louis (1413), bronze doré, hauteur : 266 cm - Santa Croce, Florence[8]
- Saint Georges (1416), marbre, hauteur : 214 cm, commandité par l'Arte dei Corazzai e Spadai (corporation des armuriers) - original conservé au Musée national du Bargello, Florence[9]
- Le Prophète Habacuc (Lo Zuccone) (1427-1436), marbre, hauteur : 196 cm - Museo dell'Opera del Duomo, Florence[10]
- Crucifix (1412-1413), bois, 168 x 173 cm - Santa Croce, Florence[11]
- Banquet d’Hérode (1427), bronze, 60 x 60 cm - Sienne, Baptistère, fonts baptismaux[12]
- Buste de Nicolas Uzzano (1430,) terre cuite polychrome, hauteur : 46 cm - Musée national du Bargello, Florence[13]
- Monument Funéraire pour Jean XXIII (1435), pietra serena[14] dorée, hauteur : 419 cm - Baptistère Saint-Jean (Florence)[15]
- Saint Jean l'Évangéliste.
- Saint Marc (1411) marbre de 236 cm, Orsanmichele, Florence.
- Prophète Habacuc.
L’époque de la maturité (1433-1443)
Le Tabernacle de Saint-Pierre, l’Annonciation de Santa Croce, les deux dernières Statues de la cathédrale ; la Cantoria ; la Chaire extérieure de Prato ; l’Ancienne Sacristie de San Lorenzo, le David de bronze.
- Annonciation (1435) en pietra serena dorée, 218 x 168 cm - Santa Croce, Florence[16]
- Cantoria (1439) marbre, 348 x 570 cm - Museo dell'Opera del Duomo (Florence)[17]
- David (1430) bronze, hauteur : 185 cm - Musée national du Bargello, Florence. Dans son livre Le Voyage du condottière, André Suarès décrit ainsi le jeune David représenté : « son pied ailé sur la tête de Goliath, son torse de fleur, sa grâce heureuse, tout en lui sourit aux plus beaux sourires de Léonard...Il sourit, il est heureux et vif comme le plaisir naissant. Son chapeau, d'une élégance incomparable, est garni de fleurs ; coiffé de ce pétase ailé de marguerites, la jeune lumière aux lèvres, il est bien fait pour donner la main à la Primevère de Botticelli »[18].
- Chaire extérieure (1438) marbre, 73,5 x 79 cm - Cathédrale de Prato[19]
- Ancienne Sacristie (1428-1443) - Basilique San Lorenzo de Florence[20]
- Cantoria - Museo dell'Opera del Duomo, Florence.
- David de 1430 (Bargello).
David, détail.
L’époque de Padoue (1443-1453)
- Le maître-autel de la Basilique Saint-Antoine de Padoue ;
- le Monument équestre à Gattamelata.
- Statue équestre du Gattamelata (1447-1450), bronze de 340 × 390 cm, Piazza del Santo, Padoue.
La dernière époque (1454-1466)
- Saint Jean-Baptiste (1438), bois, hauteur : 141 cm - Basilique Santa Maria Gloriosa dei Frari, Venise[21]
- Crucifixion, (1450-1455), bronze, damasquinage d'argent et de cuivre doré, 93 × 70 cm, Musée national du Bargello, Florence.
- Judith et Holopherne (1455-1460), bronze, hauteur : 236 cm - Palazzo Vecchio, Florence[22]
- Madeleine repentante (1457), bois, hauteur : 188 cm - Museo dell'Opera del Duomo (Florence)[23]
- Saint Jean Baptiste (1457), bronze, hauteur : 185 cm - Cathédrale Santa Maria Assunta de Sienne
- Chaire (à droite) (1465), marbre et bronze, 123 x 292 cm - Basilique San Lorenzo de Florence[24]
- Madeleine pénitente, (1453-1455), bois polychrome, 188 cm - Museo dell'Opera del Duomo (Florence).
- Saint Jean-Baptiste, bronze (1457), 185 cm - Cathédrale Santa Maria Assunta de Sienne.
Caractéristiques générales
Les premières œuvres de Donatello montrent un passage assez rapide d’une manière proche du gothique tardif à un style ayant assimilé les idéaux humanistes de retour à l’antique et de réalisme. Depuis son voyage à Rome avec Brunelleschi, Donatello s’est beaucoup inspiré de l’antiquité. On remarque que les personnages sont souvent représentés en contrapposto, le personnage intrigue par les directions opposées des jambes et de la tête. On constate, par l’étude des différentes techniques utilisées, que l’emplacement de la sculpture a pour Donatello beaucoup d’importance car il fait toujours en sorte que le spectateur voie la statue fort imposante et bien proportionnée.
Caractéristiques des œuvres
L’allongement inhabituel du buste et de la tête ainsi que la légère inclinaison des cuisses sont relativement étonnantes chez le David de marbre. Mais ces disproportions apparentes se régularisent quand on considère la figure par-dessous. Le Banquet d’Hérode pousse à leurs extrêmes limites la dilatation de l’espace et les jeux de perspective, mis au service d’une intense dramatisation de l’épisode représenté. Le Gattamelata renouvelle la tradition romaine du monument équestre ; les statues et les bas-reliefs forment une sorte de « conversation sacrée » sculptée où les figures, les espaces architecturaux et les paysages naturels se fondent en un ensemble à la fois prodigieusement cohérent et infiniment varié. Judith et Holopherne, par son hiératisme et sa rigueur géométrique, le raffinement dans le rendu des surfaces, la richesse de ses allusions symboliques, la subtilité de sa conception et la virtuosité de son exécution, réaffirment l’attachement de l’artiste aux principes formels de la première Renaissance. Avec l’extraordinaire Marie-Madeleine, la désagrégation des formes exprime, avec une puissance dont on n’avait jusque-là connu aucun exemple, l’ardeur de la prière et l’angoisse de la mort. Son David de bronze et son Saint Jean l'Évangéliste montrent, vu de près, des visages déformés. Ils n'atteignent leurs justes proportions que vus d'une certaine distance et d'une certaine hauteur. Donatello excella également à rendre les plis des vêtements ou les motifs architecturaux, par exemple la Cantoria du Dôme. Il était également reconnu pour sa représentation des sentiments humains, du courage de la jeunesse pour le David ou le Saint Georges à la contrition de la Madeleine pénitente.
Le stiacciato
Les innovations de Donatello dans le domaine du relief ouvrirent de nouvelles voies et furent déterminantes pour le développement de l’art européen. Le point de départ est le relief du socle de sa statue de saint Georges pour Orsanmichele. Par rapport au relief du socle des Quattro Santi Coronati de Nanni di Banco, créé environ un an plus tôt, il rompt radicalement avec les habituelles conceptions du bas-relief. Alors que Nanni aligne ses quatre tailleurs de pierre et leurs œuvres en un haut-relief sans distinction de plans différents dans l’espace, Donatello parvient pour la première fois à introduire la profondeur dans son relief. Des deux côtés, le théâtre de l’action, la lutte de saint Georges contre le dragon, est apparemment rétréci par des raccourcis perspectifs, mais, dans la mesure où ces limitations spatiales latérales se résolvent dans une vue de paysage, qui se trouve dans le fond, l’espace de la scène s’élargit en profondeur. La nouvelle technique de relief, qui produit cet effet d’optique, est ce qu’on appelle le Stiacciato ou schiacciato, c’est-à-dire le relief « écrasé » ou « plat ». Une dramatisation du mode narratif vient s’ajouter à cette technique : le moment principal de l’action est judicieusement choisi, la Madonna Pazzi sculptée entre 1425 et 1430, marbre, de 74,5 x 69,5 cm, et conservée aux Musées nationaux de Berlin en est un bon exemple.
Un autre exemple est visible au palais des beaux-arts de Lille : Salomé ou le festin d'Hérode (vers 1435). Sur ce panneau de marbre de 50 x 71,5 cm, Donatello nous présente différents moments de la tragédie biblique : le festin, la danse de Salomé, l'arrestation de saint Jean... Pas moins de 9 plans sont visibles, de la jeune femme assise sur le banc au premier jusqu'au dernier plan qui représente une architecture. Cette sculpture montre la précision du travail de Donatello, qui a su donner une grande profondeur à son œuvre en utilisant les théories contemporaines de son ami Brunelleschi. Il fait ainsi la jonction entre le monde antique (profil de médaille des personnages) et la perspective.
Œuvres
- David, marbre (1408-1409)
- Pulpito della Passione (1465) - San Lorenzo (Florence)
Donatello s'est distingué comme le premier, peut-être, grand sculpteur de la Renaissance, l'inspirateur de Michel-Ange et des autres grands sculpteurs qui lui succédèrent. Il a travaillé une grande variété de matériaux avec une égale virtuosité. Il a appliqué à la sculpture des techniques nouvelles, issues de l'architecture.
Ainsi, par sa technique du schiacciato (« écrasé »), il a tiré parti de la découverte des lois de la perspective par Brunelleschi. Cette nouveauté lui a permis de travailler en fonction du regard du futur spectateur. Ainsi, son David (entre 1430 et 1440) de bronze et son Saint Jean l'Évangéliste (1408) montrent, vu de près, des visages déformés. Ils n'atteignent leurs justes proportions que vus d'une certaine distance et d'une certaine hauteur. Donatello excella également à rendre les plis des vêtements ou les motifs architecturaux, par exemple la Cantoria (balcon pour orgue) du Dôme.
Il était également reconnu pour sa représentation des sentiments humains, du courage de la jeunesse pour le David ou le Saint Georges (1416) à la contrition de la Madeleine pénitente (1454).
Exposition de ses œuvres
Florence
La plupart des œuvres de Donatello se trouvent à Florence. Parmi les plus connues, on peut citer :
- Museo dell'Opera del Duomo :
- Habacuc (surnommé lo Zuccone, « la grosse courge », à cause de la calvitie du personnage représenté)
- Madeleine pénitente, (1453-1455)
- Prophète, statue, (1406-1409)
- Saint Jean l’évangéliste, marbre, (1410-1411)
- Cantoria de Donatello, (1433-1439)
- Le Sacrifice d'Isaac, groupe, (1408-1421)
- L'Homme pensif, statue, (1408-1421)
- Prophète imberbe, statue, (1408-1421)
- Christ Rédempteur encadrés de deux prophètes, groupe, Simone di Francesco Talenti et Donatello, (1410-1431 )
- Musée de l'Œuvre de Santa Croce :
- Saint Louis de Toulouse, 1422-1425, bronze doré, argent, émaux et cristaux de roche, 285 x 101 x 78 cm[25].
- Église de Santa Croce :
- L'Annonciation Cavalcanti.
- Église d'Orsanmichele :
- Niche du parti guelfe
- Saint Georges (1416) commandité par l'Arte dei Corazzai e Spadai (Corporation des Armuriers)
- Musée national du Bargello :
- Saint Georges et le dragon, vers 1417, marbre, 50 × 172 × 21,5 cm[25].
- David en marbre,
- David en bronze (compositions très différentes)
- Buste de Niccolò da Uzzano, en terre cuite peinte, vers 1432 ;
- Crucifixion, 1450-1455, bronze, 93 x 70 cm.
Pise
- Buste-reliquaire de saint Rossore, vers 1424-1427, bronze fondu ciselé, doré et argenté, 56 × 60,5 × 37 cm, Musée national San Matteo[25].
Naples
- Tête de cheval dite Protomé Carafa, vers 1455, bronze, 176 × 182 × 140 cm, Musée archéologique national de Naples.
Citerna
- Madonna di Citerna, église San Francesco, Citerna.
France
- Salomé ou le festin d'Hérode, vers 1435, marbre, 50 × 71,5 cm, palais des beaux-arts de Lille.
- Spiritello de la cantoria du Duomo de Florence, 1439, bronze avec traces de dorure, base en marbre, 60,5 × 41 × 24 cm, Collection Institut de France, musée Jacquemart-André, Paris[25].
- Vierge et l'enfant, vers 1445, haut-relief, terre cuite polychrome, 102 × 74 cm, musée du Louvre, Paris.
Attribué : Madonne Piot, vers 1440 ou vers 1460, terre cuite polychrome, Paris, musée du Louvre.
Allemagne
- Vierge et l'enfant (Madone Pazzi), vers 1420-1425, marbre, 74,5 × 73 × 6,5 cm, Musée de Bode, Berlin[25].
- Vierge au Manteau, vers 1415, terre cuite, Bode-Museum, Berlin.
- Vierge aux Chérubins, vers 1440, terre cuite, Bode-Museum, Berlin.
- Crucifixion, vers 1450, stuc, Bode-Museum, Berlin.
- Putto (provenant des Fonts baptismaux de la cathédrale de Sienne), 1427-29, Bode-Museum, Berlin.
- Vierge à l'Enfant, terre cuite, Bode-Museum, Berlin.
- Vierge à l'Enfant (bozzetto), terre cuite, Bode-Museum, Berlin.
- David, vers 1460, bronze, Bode-Museum, Berlin.
- Baptême du Christ, vers 1430, marbre, Bode-Museum, Berlin.
Angleterre
- La Vierge et l'enfant et quatre anges (en) ou La Madone Chellini, vers 1450 (1456), bronze partiellement doré, Victoria and Albert Museum, Londres[26].
- Le Christ mort porté par deux anges, vers 1440, marbre, Victoria and Albert Museum, Londres.
- Vierge et l'Enfant (Dudley Madonna), vers 1435, marbre, Victoria and Albert Museum, Londres.
- Lamentation sur le Christ mort, v. 1455-1460, bronze, Victoria and Albert Museum, Londres.
Russie
- La Flagellation, marbre, vers 1425-30, Musée Pouchkine, Moscou, anciennement à Berlin, Kaiser-Friedrich-Museum.
- Saint Jean-Baptiste, bronze, vers 1430, Musée Pouchkine, Moscou, anciennement à Berlin, Kaiser-Friedrich-Museum.
États-Unis
- Œuvres exposées à la National Gallery of Art, Washington D.C., sculptures :
- Bacchante, bronze
- Christ mort tenu par des anges
- Angelot jouant, bronze
- Saint Jérôme, bronze
- Satyre, bronze
Exposition muséographique
Liste non exhaustive :
- Musée du Louvre - Le Corps et l'Âme. De Donatello à Michel-Ange. Sculptures italiennes de la Renaissance - – [27].
- Château des Sforza#Les collections, Milan. Exposition (Donatello - sculptures italiennes de la Renaissance) organisée par le Musée du Louvre et la Ville de Milan - Surintendance du Castello Sforzesco où elle sera présentée du au .
Notes et références
- Neville Rowley, Donatello, la renaissance de la sculpture, Garches, À Propos, , 64 p. (ISBN 978-2915398106), p.38
- Penthésilée est reine des Amazones. Lors de la guerre de Troie, elle accourt à l'aide de Priam et elle rencontre Achille....
- Exposition Le Corps et l'Âme , sculptures italiennes de la Renaissance. Le Louvre (L'Album de l'exposition), p. 6.
- Exposition Le Corps et l'Âme, sculptures italiennes de la Renaissance, Le Louvre, p. 18.
- Détail: Image
- pietra serena : une roche gris foncé, un micaschiste, dont la dureté relative permet la réalisation de colonnes monolithiques, a contrario de la pietra forte, pierre détritique, de grès micacé pour les églises et les palais comme les bossages du Palais Pitti.
- André Suarès, Le Voyage du condottière, granit, coll. « Le livre de poche », , 575 p. (ISBN 2-253-93259-0), p. 255
- Wga.hu
- Marc Bormand, Florence, la ville où les sculpteurs inventèrent la Renaissance, in Grande Galerie - Le Journal du Louvre, sept./oct./nov. 2013, n° 25.
- Les Vierges à l’Enfant.
- Espace presse du musée du Louve (Donatello - sculptures italiennes de la Renaissance).
Bibliographie
- John Pope-Hennessy (trad. Jeanne Bouniort), Donatello [« Donatello sculptor »], Editions Abbeville, (1re éd. 1985), 376 p., 34 cm (ISBN 978-2-8794-6032-1)
- Rolf C. Wirtz, Donatello, Könemann, , 140 p. (ISBN 978-3-8290-0704-7)
- Neville Rowley, Donatello, la renaissance de la sculpture, À Propos, , 64 p. (ISBN 978-2-9153-9810-6)
- Eliane Reynold de Seresin, Donatello ou l'art d'animer la matière : Un sculpteur avant-gardiste à l’aube de la Renaissance, 50Minutes, , 40 p. (ISBN 978-2-8062-6194-6)
- (en) Shannon Blake, Donatello, Independently published, , 230 p. (ISBN 979-8-6765-7537-3)
- Marc Bormand et Beatrice Paolozzi Strozzi, Le Corps et l'Âme, Officina Libraria S.R.L., , 512 p. (ISBN 978-8-8336-7091-1)
- BD
- (it) Guglielmo Favilla et Alessandro Balluchi, Donatello, 64 p. (ISBN 978-8-8984-3914-0)
Articles connexes
- Œuvres de Donatello
- Les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes de Giorgio Vasari
- Renaissance padouane
- Renaissance italienne
- Renaissance florentine
- Renaissance ferraraise
- Renaissance lombarde
- Renaissance mantouane
- Renaissance napolitaine
- Renaissance parmesane
- Renaissance vénitienne
- Renaissance romaine
- Renaissance à Urbino
- Renaissance bergamasque et bressane
- École siennoise
- Lecture historique pour l'Italie : Trecento • Quattrocento • Cinquecento
- Musée national du Bargello#Salle de Donatello et de la sculpture du Quattrocento
Liens externes
Vasari le cite dans le Vol III du Vite.
P 126-127. |
Giorgio Vasari |
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