Frères d'Italie (parti politique)

Frères d'Italie (en italien : Fratelli d'Italia, abrégé en FdI) est un parti politique italien d’extrême-droite, dirigé par Giorgia Meloni depuis 2014.

Cet article concerne le parti politique. Pour le film, voir Frères d'Italie. Pour l'hymne, voir Fratelli d'Italia.

Frères d'Italie
(it) Fratelli d'Italia

Logotype officiel.
Présentation
Présidente Giorgia Meloni
Fondation [1]
Scission de Le Peuple de la liberté
Siège Via della Scrofa 39
00186 Rome
Journal Gazzetta Tricolore (2012-2015)
La Voce del Patriota (2018-)
Organisation de jeunesse Gioventù nazionale (it)
Positionnement Droite[2],[3],[4],[5],[6]
à extrême droite[7],[8],[9]
Idéologie Nationalisme[10],[11]
National-conservatisme[12],[13]
Euroscepticisme[14],[15]
Populisme de droite[16],[17]
Conservatisme social[18]
Opposition à l'immigration[19]

Factions :
Néofascisme[20],[21],[22],[23]

Affiliation nationale Coalition de centre droit
Affiliation européenne Parti des conservateurs et réformistes européens
Groupe au Parlement européen Conservateurs et réformistes européens
Adhérents 130 000 (2021)[24]
Couleurs Bleu
Site web fratelli-italia.it
Représentation
Députés
37  /  630
Sénateurs
21  /  315
Députés européens
8  /  76
Présidents régionaux
2  /  20
Conseillers régionaux
70  /  897

La formation est créée en , à la suite d'une scission entre le Peuple de la liberté et le courant national-conservateur de l'ancien parti Alliance nationale. Son premier président est Ignazio La Russa. Il est membre de la coalition de centre droit, avec la Ligue du Nord et Forza Italia.

Se présentant comme un mouvement de droite, le parti milite pour un souverainisme, une lutte contre l'immigration, ainsi que pour la préservation des traditions nationales. Tout en étant bien intégré dans les institutions italiennes, il est généralement considéré par les médias et les politologues comme étant d'extrême droite et post-fasciste en raison des sympathies affichées de plusieurs de ses membres et de ses sympathisants envers l'héritage du fascisme, ce que conteste la direction du parti[25].

Histoire

Le parti est fondé en par plusieurs cadres de l'Alliance nationale, qui avait été absorbée en 2009 dans Peuple de la liberté (PdL) de Silvio Berlusconi, alors Président du conseil. Cependant, la fusion se déroule mal : Gianfranco Fini, assumant désormais une position libérale et europhile, rompt avec Berlusconi en 2010 et soutient le gouvernement Monti en 2011, laissant esseulée la faction national-conservatrice de l'ancien parti, nommée Droite protagoniste (Destra Protagonista), représentée par Ignazio La Russa et Maurizio Gasparri.

La Russa et Gasparri soutenaient la candidature d'Angelino Alfano à la primaire qui devait se dérouler au sein de la coalition berlusconienne en vue des élections de février 2013. À la suite de l'annulation de la primaire, ils décident de constituer un nouveau parti d'abord nommé Frères d'Italie - Centre droit national (FdI-CN), afin de peser au sein de la coalition de Silvio Berlusconi.

Lors de sa création, le parti compte onze députés, onze sénateurs, constitués en un groupe parlementaire sénatorial, et deux députés européens. Son président est Ignazio La Russa, secondé de Giorgia Meloni et de Guido Crosetto.

À l'issue des élections générales italiennes de 2013, qui ont lieu deux mois après sa création, le parti obtient 667 000 voix (2,0 %) et neuf députés à la Chambre des députés, mais aucun sénateur. Ces neuf députés obtiennent une dérogation pour former un groupe parlementaire avec pour nom « Frères d'Italie » et se placent dans l'opposition au gouvernement Letta puis au gouvernement Renzi.

En 2014, FdI-CN devient Frères d'Italie - Alliance nationale (FdI-AN), en référence à l'appellation de l'ancien parti Alliance nationale. Giorgia Meloni est élue présidente du parti, et affiche alors sa proximité avec le Front national en France[26].

Lors des élections européennes de 2014, les listes de Frères d'Italie remportent 1 007 000 voix, mais restent, avec 3,66 %, en dessous du seuil de 4 % lui permettant d'envoyer des députés.

Depuis 2015, il a pour organe officiel Secolo d'Italia, qui était par le passé l'organe du MSI et de l'AN.

Fin 2017, le parti est renommé « Frères d'Italie » (Fratelli d'Italia, abrégé en FdI), ce qui était l'appellation couramment utilisée depuis sa création. Ce nom renvoie à l’incipit de l’hymne italien[27].

Aux élections de 2018, le parti atteint 4,4 % des voix, plus du double qu'en 2013, et envoie 32 députés et 18 sénateurs au Parlement. Il obtient ses meilleurs résultats dans le Latium. Le parti concourait avec Forza Italia et la Lega dans la coalition de centre droit arrivée en tête (37 %), mais cette dernière fut incapable de trouver une majorité.

Deux mois après les élections, le Mouvement 5 étoiles (32 %) fait un pacte de gouvernement avec la Lega de Matteo Salvini (17 %). Frères d'Italie ne vote pas la confiance au Gouvernement Conte, jugeant le Mouvement 5 étoiles « structurellement de gauche »[28], mais votant les décrets et les lois qui lui paraissent favorables.[réf. nécessaire]

En , comme Direzione Italia, Frères d’Italie adhère au Parti des conservateurs et réformistes européens en vue des élections européennes de mai 2019.

Seul parti de droite ou d’extrême droite à ne pas participer au gouvernement de Mario Draghi, Frères d’Italie réalise une percée dans les sondages à partir de 2021, bénéficiant du rejet du gouvernement dans l'opinion publique. D'après la politologue Sofia Ventura, « les décisions adoptées par les deux gouvernements qui se sont succédé depuis le début de la pandémie ont alimenté le mécontentement des catégories les plus touchées par la crise, qui rejettent aujourd’hui les autres partis politiques de droite et le Mouvement 5 étoiles [M5S] et se tournent désormais vers Fratelli d’Italia ». La communication et la personnalité de Giorgia Meloni semblent également contribuer à ce succès alors que les électeurs potentiels paraissent méconnaitre le programme du parti[29].

Idéologie

Héritage et positionnement général

Ses références politiques se rattachent au nationalisme italien, au national-conservatisme et à la droite sociale[30].

D'après ses statuts, Frères d'Italie se définit comme « un mouvement qui vise à mettre en œuvre un programme politique qui, sur la base des principes de souveraineté populaire, de liberté, de démocratie, de justice, de solidarité sociale, de mérite et de justice fiscale, s'inspire de la vision spirituelle de la vie, des valeurs des traditions nationales libérales et populaires, et participe à la construction de l'Europe des peuples »[31],[32].

Le parti se veut le successeur de la formation d'extrême droite d’inspiration néofasciste Mouvement social italien (MSI) de Gianfranco Fini et de son Alliance nationale (AN), ainsi qu'en témoigne le logo choisi en 2014 par les militants, composé d'une mise en abyme des logos des deux anciens partis[33],[34]. Selon le chercheur Pietro Castelli Gattinara, « la flamme tricolore que l’on voit sur leur logo reprend le symbole originaire du MSI, qui représentait la résurgence de l’esprit fasciste des vétérans de la République sociale italienne »[27]. Le logo est simplifié en 2017.

Des cadres de FdI sont issus des formations de jeunesse du MSI et restent à des degrés divers nostalgiques de la dictature fasciste[35]. En , le parti organise un dîner à l’occasion de l'anniversaire de la marche sur Rome, avec notamment Francesco Acquaroli, devenu ensuite président des Marches. En , le maire d'Ascoli Piceno fait distribuer à des écoles des bandes dessinées fascistes[précision nécessaire], tandis que le délégué chargé de l'éducation des Marches envoie une lettre aux élèves dans laquelle il indique que « nous devons nous souvenir des morts de la [Seconde] Guerre [mondiale] sans distinction de leur camp »[36].

Giorgia Meloni propose d'abolir la fête nationale du (Libération lors de la Seconde Guerre mondiale) et celle du (Festa della Repubblica), qui selon elle « sèment la division », pour les remplacer par une date jugée plus neutre et unificatrice : le 4 novembre (armistice de la Première Guerre mondiale)[37].

Union européenne et international

Longtemps eurosceptique, Fratelli d’Italie a finalement renoncé à militer pour la sortie de l’euro et l’Union européenne.

Le parti est favorable à l'OTAN et défend une posture atlantiste[29].

Lutte contre l’immigration

Le parti est hostile à l'introduction du droit du sol, à l'abrogation du délit d'immigration clandestine et à l’immigration en général[38]. Il souhaite également interdire l'accès aux ports pour les navires des ONG ayant repêchés des migrants en mer, multiplier les centres de surveillance et expulser les migrants clandestins[29].

Économie et fiscalité

Frères d'Italie défend une vision protectionniste[39] et néolibérale, à rebours du programme traditionnel fasciste d’un État fort[27].

Il appelle à l'abrogation du pacte budgétaire européen[40]. En 2014, Giorgia Meloni affirme qu’il « ne convient pas au pays de rester dans la monnaie unique »[41]. En 2021, elle précise qu’elle n’a « jamais proposé la sortie unilatérale de l'Italie de la zone euro » mais qu’elle « pense que les monnaies sont un outil, pas un dieu » et que « l'euro a pénalisé certaines économies », notamment celle de l’Italie[42].

Il souhaite la suppression du revenu de citoyenneté destiné aux plus défavorisés et introduire la préférence nationale dans l'accès à l’emploi et au logement[29].

Famille, droit des femmes et LGBT

La vision défendue par le parti est celle d'une famille « traditionnelle »[43],[27]. Frères d'Italie s'oppose ainsi à la mise en place d'une union civile pour les couples homosexuels[44], au mariage homosexuel[45] et à l'adoption par de tels couples, une revendication que Giorgia Meloni a qualifiée de « caprice » car en opposition au « droit naturel d'avoir un père et une mère »[46]. En 2022, Frères d'Italie dépose une proposition de loi faisant de la gestation pour autrui un crime passible de prison[27]. Le parti s'est par ailleurs opposé au vote de lois pénalisant des actes discriminatoires « fondés sur le sexe, l'orientation sexuelle ou l'identité de genre »[47].

Frères d'Italie souhaite l'introduction du quotient familial, des crèches gratuites, des allocations familiales de 400 euros par mois et des congés parentaux à hauteur de 80 %, les deux pendant les six premières années, l'application d'un taux de TVA réduit à 4 % sur les produits pour enfants et la déduction fiscale par reçus[48].

Frères d'Italie est opposé au droit à l'avortement[27],[49].

Dirigeants

Dénomination

  •  : Frères d'Italie - Centre droit national (FdI-CN)
  •  : Frères d'Italie - Alliance nationale (FdI-AN)
  • depuis le  : Frères d'Italie (FdI)

Résultats électoraux

Élections parlementaires

Année Chambre des députés Sénat Coalition Position
Voix  % Rang Sièges Voix  % Rang Sièges
2013 666 035 2,0 8e
9  /  630
590 083 1,9 7e
0  /  315
Centre droit Opposition
2018 1 429 550 4,4 5e
32  /  630
1 286 606 4,3 5e
18  /  315

Élections européennes

Année Chef de file Voix  % Rang Sièges Groupe
2014 Giorgia Meloni 1 006 513 3,66 7e
0  /  73
2019 1 726 162 6,45 5e
6  /  76
CRE

Notes et références

  1. (it) « Pdl, la destra in fermento La Russa se ne va e fonda "Centrodestra nazionale" », Corriere della Sera, (lire en ligne, consulté le ).
  2. (en) « Italians vote for Five Star Movement in general election », sur The Independent, (consulté le ).
  3. (en) « An introduction to Italy's small political parties », sur www.thelocal.it, (consulté le ).
  4. (en) Jason Horowitz, « Sicily’s Political Theater Has Colorful Cast and Big Implications », sur The New York Times, (ISSN 0362-4331, consulté le ).
  5. (en) « Italy's 5-Star, League talks progress, PM may be in sight », sur Reuters, (consulté le ).
  6. « Giorgia Meloni: «Une femme, une mère, une Italienne, une chrétienne» », sur lesoir.be, (consulté le ).
  7. James Politi & Davide Ghiglione, Meloni takes Italian far-right back to 1930s roots, Financial Times (10 February 2018).
  8. Jacopo Barigazzo, Far-right leader rejects idea of Emma Bonino as Italy's PM, Politico (26 February 2018).
  9. Eric Sylvers, Italy's Far Right Flexes Campaign Muscle, Wall Street Journal (15 November 2017).
  10. "Giorgia Meloni emerges as challenger to Salvini on Italian right". Financial Times. 5 June 2020.
  11. « Italy's Salvini calls for elections, raises possibility of far-right rule », sur NBC News, (consulté le ).
  12. (en) Wolfram Nordsieck, « Parties and Elections in Europe », sur parties-and-elections.eu (consulté le ).
  13. Friedel Taube, « Women increasingly drawn to right-wing populist parties, study shows », Deutsche Welle (DW), (lire en ligne, consulté le ) :
    « Co-founder and leader of the national conservative Brothers of Italy party, Giorgia Meloni has a long history in far-right politics. »
    .
  14. (en) « Brexit, si teme effetto domino. Ecco gli euroscettici d'Europa », sur Rai News24, .
  15. (en) « Giorgia Meloni batte moneta: "Ad Atreju niente euro" », .
  16. (en) « Berlusconi im Wahlkampf », ZDF, .
  17. Mattia Zulianello, « Varieties of Populist Parties and Party Systems in Europe: From State-of-the-Art to the Application of a Novel Classification Scheme to 66 Parties in 33 Countries », Government and Opposition, (lire en ligne).
  18. « European Election Watch: Italy », sur Center for Strategic and International Studies, .
  19. Quentin Raverdy, « Giorgia Meloni, la Marion Maréchal italienne ? », sur Le Point, (consulté le )
  20. https://www.ilpost.it/2020/04/30/giorgia-meloni-democrazia/amp/
  21. Così Fratelli d’Italia va a caccia di voti su Facebook sfruttando il fascismo, La Stampa
  22. Il dirigente di Fratelli d'Italia: "Dobbiamo essere liberi di poterci definire fascisti", Globalist
  23. Elezioni, quanti nostalgici del Duce nelle liste di Fratelli d'Italia, L'Espresso.
  24. (it) « Sondaggi a picco? Adesso per la Lega anche i tesserati sono al palo. Invece Fratelli d’Italia cresce e rischia di mangiarsi Salvini a breve », sur lanotiziagiornale.it, (consulté le ).
  25. Lou Roméo, « Fratelli d’Italia, parti post-fasciste aux portes du pouvoir », sur france24.com, (consulté le )
  26. « Européennes : vers une alliance Marine Le Pen – Gianni Alemanno ? », sur Droite(s) extrême(s) (consulté le ).
  27. Ludovic Lamant, « En Italie, la post-fasciste Giorgia Meloni cherche à faire oublier ses racines », sur mediapart.fr, (consulté le ).
  28. (it) « Sicurezza bis, Meloni: FdI vota no alla fiducia ma sì al decreto », sur fratelli-italia.it, .
  29. Ariel F. Dumont, « Qui sont les Italiens prêts à porter l'extrême droite au pouvoir ? », sur www.marianne.net,
  30. « Italie  : la droite menée par Salvini bien partie pour s'emparer de l'Ombrie », sur lepoint.fr, (consulté le ).
  31. « Chi Siamo », sur fratelli-italia.it (consulté le ).
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  35. (it) «Pensate come state messi se vi devo dare io lezioni di democrazia»
  36. (en) Angela Giuffrida, « Success of far-right Brothers of Italy raises fears of fascist revival », sur theguardian.com, (consulté le ).
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  38. (it) Raffaello Binelli, « Sea Watch, Meloni: "Affondiamo la nave" », sur ilgiornale.it (consulté le ).
  39. (it) Fabrizio De Feo, « Fratelli d'Italia attacca: "Ci vuole il coraggio di dire addio all'euro" », sur il Giornale, 9 marzo 2014.
  40. (it) Giorgia Meloni, « Interview de Giorgia Meloni, par Enrico Paoli », .
  41. (it) « Fratelli d'Italia attacca: "Ci vuole il coraggio di dire addio all'euro" », sur il Giornale, .
  42. « Giorgia Meloni: "L'Euro non è irreversibile, è una moneta e non un dio, che cos'è irreversibile a parte la morte?" », sur la7.it, (consulté le ).
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  44. di F. Q, « Unioni civili sono legge: M5s si astiene. Lega e Fdi contro. Renzi: "E' un giorno di festa". Le destre: "Referendum" » (consulté le )
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  48. (it) « Giorgia Meloni: Nidi, latte, pannolini e sconti per aiutare gli italiani », sur secoloditalia.it, .
  49. Ariel F. Dumont, « Italie : Giorgia Meloni, l'espoir du populisme qui rattrape Matteo Salvini sur sa droite », sur marianne.net, (consulté le ).

Voir aussi

Liens externes

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