Guerre du Darfour
La guerre du Darfour est un conflit armé qui a débuté le par la prise de Golo (en) par le Front de libération du Darfour, dans la région du Darfour, située dans l’Ouest du Soudan[11],[12],[13]. Les origines du conflit sont anciennes et liées aux tensions ethniques qui débouchent sur le premier conflit du Darfour de 1987[14]. Bien que le gouvernement soudanais affirme que le nombre de morts se situe aux environs de 10 000, les États-Unis, Israël et le Canada soupçonnent que ce conflit couvre un génocide ayant fait environ 300 000 morts et 2,7 millions de déplacés dont 230 000 réfugiés au Tchad[15],[16],[17]. La Commission d’enquête de l’Organisation des Nations unies sur les violations des droits de l’Homme perpétrées au Soudan parle de crimes contre l’humanité[18]. Constatant que la justice soudanaise ne peut ou ne veut rien faire pour y remédier, elle transmet le dossier à la Cour pénale internationale (CPI)[18].
Date |
– en cours (19 ans, 6 mois et 9 jours) |
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Lieu | Darfour |
Issue | En cours |
SRF (jusqu'à 2020) [source insuffisante] Conseil révolutionnaire d'éveil soudanais (from 2014)
Supporté par: | Nations unies | Soudan
|
Khalil Ibrahim † Ahmed Diraige (en) Abdul Wahid Al-Nour Minni Minnawi John Garang | Martin Ihoeghian Uhomoibhi (en)[6] Frank Mushyo Kamanzi (en)[7] | Omar el-Béchir Moussa Hilal Ali Kosheib Ahmed Haroun Mahamat Nour Abdelkerim |
inconnues | 15 845 soldats et 3 403 policiers (selon l'ONU, en octobre 2016)[8] | inconnues |
inconnues | 235 morts (selon l'ONU, en septembre 2016)[9] | inconnues |
Batailles
Contexte
Le premier conflit du Darfour (1987-1989) a eu lieu en raison des tensions ethniques entre les Fours et les Arabes. Dans cette guerre, le gouvernement central n'intervient presque pas.
Le deuxième conflit eut lieu entre 1996 et 1998. Cette fois, ce sont les Masalits qui se soulèvent contre les empiétements des Arabes.
Causes
Les raisons du conflit sont multiples et liées entre elles :
- Une origine climatique et environnementale[19] : un phénomène de sécheresse dans tout le Sahel, qui s'amplifie et de désertification qui a commencé depuis les années 1970[20],[21],[22] ;
- Une explosion démographique : la population a doublé en 20 ans[23] ;
- Une compétition pour l'espace géographique ;
- Des ethnies différentes, aux répartitions imbriquées. La guerre de 2003 opposait au départ les Zaghawas aux Arabes pro-gouvernementaux pour ensuite s'étendre aux autres ethnies ;
- Les guerres du Tchad (1960-1990) et qui impliquaient les Zaghawas[réf. nécessaire] (ethnie étendue du Tchad au Soudan) ont une conséquence directe sur le conflit ;
- La découverte de ressources pétrolières qui suscitent les convoitises de grandes puissances, en particulier de la Chine ;
- Un pays vaste et mal unifié : le Soudan. Le pouvoir central néglige les peuples de la périphérie qui se révoltent. Il contrôle les conflits locaux afin de satisfaire certains de leurs intérêts[22].
Le Darfour est une région du Sahel qui se trouve à l'ouest du Soudan : 7 millions de personnes y vivent ; la région a un très faible niveau de développement : seulement un tiers des filles et 44,5 % des garçons vont à l'école primaire.
La découverte du pétrole dans cette région a suscité les convoitises. Si le conflit a largement été décrit en termes ethniques et politiques, il s'agit aussi d'une lutte pour les ressources pétrolières situées au sud et à l'ouest.
Quatre peuples principaux sont installés au Darfour : les Fours, qui ont donné leur nom au Darfour, qui signifie en arabe la maison de Four, les Masalits, les Zaghawas et les Arabes[24]. Jusqu'à présent, le passage de chameliers arabes dans le Sud était demeuré sans incidents.
Pendant l'hiver 2002-2003, l’opposition au président soudanais Omar el-Béchir fait entendre sa voix. Au Darfour, des attaques antigouvernementales ont lieu en janvier et sont revendiquées par la SLA. En représailles, Khartoum laisse agir les milices arabes (les Janjawids dirigés par Choukratalla, ancien officier de l'armée soudanaise) dans tout le Darfour. Les armées soudanaises bombardent les villages du Darfour. Les populations sont victimes de bandes armées. Des observateurs humanitaires et diplomatiques accusent le gouvernement d'avoir armé et payé les Janjawids[25].
Aspects ethnique et économique
Le conflit est présenté comme opposant[23] :
- les tribus arabes dont sont issus les Janjawids ;
- les tribus noires non-arabophones[26].
Un spécialiste du Soudan au CNRS, Marc Lavergne, considère que le conflit ne serait pas racial[27] mais que le problème majeur de ce pays vient de gouvernements médiocres qui se sont succédé depuis l’indépendance. Ceux-là mêmes qui ont ignoré les provinces périphériques de la capitale, dont le Darfour, et qui instrumentalisent aujourd’hui des miliciens à des fins économiques[28]. Au contraire, pour l'universitaire Bernard Lugan, le conflit est ancien et serait éminemment ethnique. Les raisons économiques ne sont qu'un facteur aggravant et non déclencheur[29].
Par ailleurs, selon Gérard Prunier, chercheur au CNRS et spécialiste de l'Afrique de l'Est, interrogé par le Monde diplomatique, la cause du conflit au Darfour est « racioculturelle ». Selon cet auteur, « les Arabes sont minoritaires au Soudan. Et les islamistes ne sont que l’ultime incarnation historique de leur domination ethnorégionale. Or la paix entre le Nord et le Sud est en train de se déliter rapidement. […] Il faut donc manipuler le tracé frontalier Nord-Sud qui place la plus grande part du pétrole au Sud (c’est en cours), se préparer à la reprise éventuelle des hostilités (on achète des armes), ancrer de solides alliances internationales (la Chine est acquise et l’Iran en cours de séduction) et conserver la maîtrise du territoire en créant un cordon sanitaire ethnorégional : les monts Nouba au Kordofan et le Darfour en feraient partie. Or si les tribus noubas ont été écrasées militairement entre 1992 et 2002, le Darfour paraît beaucoup plus menaçant. Les hiérarques arabes de Khartoum veulent éviter à tout prix une brèche par laquelle les Noirs de l’Ouest s’allieraient demain avec un Sud négro-africain indépendant… et pétrolier ! »[30].
Forces en présence au début du conflit
Les forces en présence sont :
- Les Janjawids, des milices désignées comme arabes recrutées parmi les tribus abbalas. Le gouvernement soudanais nie fournir une aide aux miliciens. Néanmoins Moussa Hilal, l'un des chefs des miliciens janjawids, a été nommé en janvier 2008 conseiller du ministère des Affaires fédérales soudanaises[31]. Selon Amnesty International, la Chine[32] et la Russie fourniraient au gouvernement soudanais des armes et des appareils militaires, malgré un embargo de l'ONU[33] ;
- Les forces de sécurité soudanaises ;
- Les forces « rebelles » : Armée de libération du Soudan (SLA) et le Mouvement pour la justice et l'égalité (MJE). Le SLA aurait le soutien de l'Armée populaire de libération du Soudan (appelée SPLM et soutenue par les États-Unis). Basé au sud du Soudan, ce mouvement s'oppose au gouvernement central basé au nord ;
- Les forces d'interposition : environ 7 000 soldats de l'Union africaine (UA) ont été déployés dans la région dans le cadre de la mission AMIS pour protéger les civils. Leurs actions ont été considérées comme inefficaces[34]. La création de la mission conjointe des Nations unies et de l'Union africaine au Darfour (MINUAD, UNAMID en anglais) a été décidée en pour renforcer les effectifs des forces d'interposition. Le gouvernement de Khartoum a autorisé les Casques bleus envoyés par l'ONU à entrer sur son territoire pour renforcer la mission de l'Union africaine[35], des Casques bleus de la mission MINUS sont déjà présents au Soudan du Sud. Des tirs de l'armée soudanaise contre un convoi de la MINUAD en ont engendré des tensions. Les forces soudanaises ont été accusées par les États-Unis et la Grande-Bretagne de chercher à bloquer la MINUAD[36].
Chronologie des événements
- En 1972, le Sud-Soudan obtient un statut d'autonomie à l'issue d'une première guerre qui aurait fait environ cinq cent mille morts en dix-sept ans ;
- En 1983, le Sud-Soudan se révolte à nouveau à la suite de la suppression du statut d'autonomie. En fait, l'enjeu est dans les importants gisements de pétrole qui viennent d'être découverts. Cette seconde guerre cause près de 2 millions de morts ;
- En 1989, une junte militaire dirigée par le général Omar el-Béchir s'empare du pouvoir à Khartoum, alors que celle-ci n'avaient recueilli que 10 % des voix aux élections.
2003
Le , les rebelles du ASL/MSL et du MJE attaquent et occupent Golo, ville du Nord-Darfour, et revendiquent une meilleure répartition des ressources et des richesses. C'est le début de la nouvelle guerre civile avec massacres et destructions de villages. Le gouvernement de Khartoum arme les nomades arabisés contre les cultivateurs noirs en exploitant les dissensions sur le contrôle des terres mais également le racisme antinoir.
Le , les rebelles attaquent l'aéroport d'El Fasher et tuent 70 soldats de l'armée régulière[37],[38].
En , un premier bilan des massacres fait état de plusieurs dizaines de milliers de morts.
2004
Le , un cessez-le-feu de 45 jours est signé à N'Djaména, sous l'impulsion du Tchad entre les groupes rebelles et le gouvernement soudanais[39]. Il prévoit un accès humanitaire aux populations, le désarmement des milices et de favoriser la libération de prisonniers politiques[39]. Cependant, le cessez-le-feu n'est pas respecté et les violences se poursuivent[40].
En , selon le journal allemand Die Welt, la Syrie aurait testé des armes chimiques au Darfour ; des officiers syriens ont rencontré des représentants du gouvernement soudanais dans la banlieue de Khartoum. La délégation syrienne aurait notamment « offert une coopération étroite dans le domaine de la guerre chimique ». De son côté, Khartoum aurait « conseillé de tester des armes chimiques sur la population » du Darfour. Le Conseil de sécurité de l'ONU s'inquiète de la situation.
Le , lors de la venue à Khartoum du secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, les autorités soudanaises se sont engagées à désarmer les milices janjawids (milices arabes) qui sont accusées de viols, de meurtres et de pillages dans les villages du Darfour. Les Nations unies estiment depuis que peu de progrès avaient été enregistrés. « Je regrette de devoir dire que des attaques de milices djandjaouids continuent d'avoir lieu », déplorait Kofi Annan le .
Le , l'ONU estime à 30 000 le nombre de personnes tuées en quinze mois et plus d'un million ont été déplacées par les combats. Près de 200 000 d'entre elles se sont massées dans des camps aux conditions de vie précaires de l’autre côté de la frontière tchadienne.
Le , la résolution 1556[41] du Conseil de sécurité de l'ONU décide un embargo sur le matériel militaire, mais à destination des milices non gouvernementales seulement.
À partir du , des discussions avec les milices ont été engagées. Organisées par l’Union africaine, elles ont pour but de désarmer les milices et de garantir la sécurité des populations locales.
En , le gouvernement américain dénonce un génocide. Le , le Conseil de sécurité de l'ONU adopte une résolution sur le Darfour[42]. Le texte menace le Soudan de sanctions pétrolières s'il ne remplit pas l'engagement de restaurer la sécurité au Darfour et ne coopère pas dans ce but avec l'Union africaine. Le ministre des Affaires étrangères soudanais, Moustafa Osman Ismaïl, fait savoir qu'il rejette ce nouveau projet de résolution.
Le , l'Union africaine envoie 3 500 soldats et 800 policiers au Darfour[43].
En , les combats s'intensifient.
2005
À la fin du mois de , un bombardement fait une centaine de morts et de blessés à Changil Tobaya au nord du Darfour. L'ONU rend l'Armée de l'air soudanaise responsable de ce massacre.
Le , la commission d'enquête internationale sur le Soudan de l'ONU publie un rapport qui conclut que les exactions perpétrées au Darfour constituent bien « des crimes contre l'humanité », mais pas un génocide.
La résolution 1591[44] étend l'embargo au matériel militaire à destination de tout « belligérant » au Darfour. C'est cette résolution qui est violée par la Chine et la Russie.[réf. nécessaire]
Le , le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté la résolution no 1593[45] sur la question du Darfour. Elle renvoie la situation à la Cour pénale internationale pour que celle-ci engage des poursuites à l'encontre des responsables des crimes commis.
En , les effectifs de la force de l'Union africaine passent à 7 000 soldats.
Le , l'arrivée du dirigeant sudiste John Garang au poste de vice-Premier ministre, en application des accords de paix, est saluée par d'importantes acclamations dans les rues de Khartoum. Il meurt dans un accident d'hélicoptère le .
En , des rebelles tchadiens attaquent Adré. Le Tchad se déclare en « état de belligérance » avec le Soudan.
2006
Le , le représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU au Soudan, Jan Pronk, déclare que la situation au Darfour « est sombre alors que des combats ont lieu tous les jours ». Selon lui, « des miliciens montés sur des chameaux lancent des attaques contre les villages dans le sud du Darfour, ce qui a provoqué la mort de quelque 400 personnes depuis février ».
Le , le Mouvement/Armée de libération du Soudan (MLS), principal groupe rebelle au Darfour, appelle les dirigeants présents au sommet de la Ligue arabe, qui s'ouvre ce même jour à Khartoum au Soudan, à « adopter une position claire concernant la crise au Darfour, en conformité avec le droit international » et à faire pression sur le gouvernement soudanais pour qu’il accepte le déploiement d’une force internationale de maintien de la paix au Darfour.
Le , l'Armée de libération du Soudan, principal mouvement de la rébellion, annonce accepter l'accord de paix proposé par l'Union africaine. L'accord de paix est signé mais les combats continuent.
Le , le Conseil de sécurité adopte la résolution 1706[46] pour prendre la relève de l'Union africaine. Le gouvernement soudanais rejette la proposition (même si en pratique son application ne nécessite pas l'accord du gouvernement). À la faveur de cette résolution, le contingent des Casques bleus au Darfour sera rehaussé pour atteindre un effectif global de quelque 17 300 hommes, décision contestée par le Soudan[47].
En , l'ONU vote le déploiement de 20 600 Casques bleus sur le territoire même du Darfour, mais le gouvernement soudanais refuse. En France, l'organisation « Sauver Le Darfour » interpelle par voie d'affiches les candidats à l'élection présidentielle française de 2007 et en particulier Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal sur ce qu'ils comptent faire pour le Darfour s'ils sont élus.
Le , la journée mondiale pour le Darfour a vu s'organiser en divers points du globe des manifestations en faveur des populations de la région ouest soudanaise. Cette mobilisation d'envergure internationale avait pour objectif celui de la sensibilisation de l'opinion publique mondiale.
D'octobre 2006 à novembre 2006, la crise du Darfour s'étend au Tchad voisin et à la République centrafricaine. Des cas d'attaques récurrentes dans les camps de réfugiés au Tchad sont rapportés. Les mêmes modes opératoires que ceux observés au Darfour sont employés par les milices armées. Viols de femmes et exactions commises sans distinction, notamment sur des enfants, sont à déplorer chaque semaine.
Le , le Soudan ordonne l'expulsion de Jan Pronk, le représentant de Kofi Annan.
Le , la République centrafricaine accuse le Soudan d'agression.
En , au moment de son départ des Nations unies, Kofi Annan déclara : « Soixante ans après la libération des camps de la mort nazis, trente ans après le Cambodge, la promesse du « jamais plus » sonne creux. Ils pourront avoir à répondre collectivement et individuellement pour ce qui est en train de se passer au Darfour. »[48] Selon l'organisation « Sauver Le Darfour », cette guerre aurait provoqué une épuration ethnique qui a causé plus de trois cent mille morts et plus de trois millions de personnes déplacées.
2007
En : un rapport de l'ONU[49], provisoire et non officiel, qui a été publié par le site du New York Times[50] et par celui du Sudantribune, dit que l'armée gouvernementale viole l'embargo (résolution 1591), et camoufle des avions en blanc avec le sigle de l’ONU « UN ».
La Chine concède avoir participé à l'effort de paix par une aide technique.
Amnesty International publie un rapport accusant la Chine et la Russie de fournir du matériel au gouvernement soudanais malgré l'embargo. L'ONG publie des photos d'aéronefs soudanais de fabrication chinoise au Darfour.
Le , le gouvernement français a décidé de mettre en place un pont aérien humanitaire entre Abéché et l'Est du Tchad, afin de porter assistance aux réfugiés et déplacés du Darfour[51].
Le , le Conseil de sécurité des Nations unies a unanimement adopté la résolution 1769 (en) autorisant le déploiement au Darfour d'une force militaire pour assurer la sécurité des populations et garantir les accords de paix[52]. Cette mission conjointe des Nations unies et de l'Union africaine au Darfour (MINUAD) augmentera ses effectifs à 30 600 environ (militaires essentiellement).
Le , des négociations organisées par l'ONU s'ouvrent à Syrte, en Libye, entre les protagonistes du conflit[53].
2008
Le , un rapport de l'ONU déplore des attaques menées par l'armée soudanaise et des milices qui ont fait en janvier et février « 115 victimes et provoqué le déplacement d'environ 30 000 personnes. »[54]
Le , les rebelles du MJE lancent une attaque qui est stoppée par l'armée soudanaise à Omdourman aux portes de Khartoum[55].
Le , un Casque bleu ougandais est abattu à proximité de Zam Zam, dans l'État du Darfour du Nord[56].
Le , cinq Casques bleus rwandais, un Casque bleu ghanéen et un Casque bleu ougandais sont tués lors d'une attaque dans l'État du Darfour du Nord[57].
Le , un Casque bleu est pris pour cible et décède à Forobaranga, dans l'Ouest du Darfour[57].
Le , le Conseil de sécurité de l'ONU prolonge le mandat de la MINUAD jusqu'au [58].
Le , un convoi de la MINUAD est pris pour cible par un groupe de quarante à soixante hommes entre Nyala et Khor Abeche, dans l'État du Darfour du Sud[59]. Un Casque bleu nigérian est tué lors de cette embuscade[59].
Le , un Casque bleu sud-africain est tué et un autre est blessé par des hommes armés, à proximité du camp de déplacés de Kassab, non loin de Kutum, dans l'État du Darfour du Nord[60].
À la fin de l'année 2008, la MINUAD a perdu 21 membres de son personnel pendant cette première année d'opération. Selon Alain Le Roy[61], secrétaire général adjoint des Nations unies aux opérations de maintien de la paix, la situation ne s'est pas améliorée : plusieurs millions de personnes survivaient encore dans des camps et étaient dépendantes de l'aide humanitaire, et rien que ces derniers mois, 100 000 personnes supplémentaires ont été déplacés. De plus, les bombardements aériens par l'aviation gouvernementale se poursuivent, malgré un cessez-le-feu.
Un an après le début de la mise en place de la MINUAD, 63 % du personnel est déployé soit 12 374 soldats sur 19 555[15].
2009
Le gouvernement du Soudan a confirmé qu'un appareil des Forces armées soudanaises a frappé, le mardi , des positions du MJE dans la région de Muhajeria. Des affrontements ont opposé, le jeudi , dans cette même région, des membres du MJE à l'Armée de libération du Soudan[62].
Le , un hélicoptère de la MINUAD est la cible de tirs à 70 km au sud-ouest d’El Fasher[63].
Le , quatre Casques bleus de la MINUAD sont blessés lors d'une attaque à Al-Genaïna[64]. Le même jour, un véhicule de la MINUAD est volé par trois hommes armés à El Fasher[64]. Le lendemain, un observateur militaire de la MINUAD est visé par des tirs à Ed Daein[64].
Le , une patrouille de la MINUAD est visée par un groupe de huit hommes armés à Nyala, dans l'État du Darfour du Sud. Un Casque bleu décède de ses blessures lors de cette attaque[65].
Le , un Casque bleu de la MINUAD est abattu près de son domicile à Nyala[66].
Le , le Conseil de sécurité de l'ONU proroge le mandat de la MINUAD pour douze mois, jusqu'au [67].
Le , deux employés de la MINUAD, un Nigérian et une Tanzanienne sont kidnappés à proximité du lieu de leur résidence, à Zalingei, dans l'État du Darfour-Central[68]. Ils sont libérés le [69].
Le , un convoi de la MINUAD escorte un bus véhiculant des membres civils de l'ONU et de l'UA à Al-Genaïna, dans l'État du Darfour-Occidental[70]. Le convoi tombe dans un guet-apens, tendu par un groupe de six à huit hommes armés qui cause la mort d'un Casque bleu et en blesse deux autres[70].
Le , trois Casques bleus rwandais sont tués dans une attaque à Saraf Omra, dans l'Ouest du Soudan[71]. Le lendemain, deux Casques bleus rwandais sont abattus et un autre est blessé, à proximité du camp de déplacés et de la base de la MINUAD, à Shangil Tobaya, dans l'État du Darfour du Nord[71].
2010
Le , les autorités soudanaises signent à Doha au Qatar une trêve avec le JEM[72].
Le , une patrouille d'évaluation et de vérification de la MINUAD (cinquante-six soldats, deux observateurs militaires, quatre conseillers de la police et un assistant linguistique) qui part de Kas pour se rendre à Deribat, est prise en otage par un groupe armé dans l'État du Darfour du Sud[73]. Deux Casques bleus vont réussir à s'échapper le jour même[74]. L'ensemble de la patrouille est libérée le lendemain[74].
Le , quatre conseillers sud-africains de la MINUAD sont enlevés à proximité de Nyala, dans l'État du Darfour du Sud[74]. Ils sont libérés le , grâce à la médiation du gouvernement soudanais et des autorités locales[74].
Le , deux Casques bleus égyptiens de la MINUAD sont tués et trois autres sont blessés lors d'un guet-apens, à proximité du village de Katila, dans l'État du Darfour du Sud[75].
Le , trois Casques bleus rwandais trouvent la mort et un autre est blessé dans une attaque, dans le village de Nertiti, dans l'Ouest du Darfour[76].
Le , un pilote russe de la MINUAD est capturé à Aborjo. Son équipage est libéré le lendemain à Nyala et le pilote est délivré le [74].
Le , le Conseil de sécurité de l'ONU renouvelle le mandat de la MINUAD jusqu'au [77].
Le , le gouvernement soudanais refuse que des humanitaires puissent accéder au camp de déplacés à Kalma et au village de Bilal[78].
Le , un membre du personnel hongrois de la MINUAD et deux Casques bleus sont kidnappés à El Fasher, dans l'État du Darfour du Nord[74]. Les deux Casques bleus réussissent à s'enfuir le jour même[74].
2011
Le , le membre hongrois du personnel de la MINUAD enlevé le est libéré[74].
Le , trois pilotes bulgares du PAM sont kidnappés à Um Shalaya, dans l'État du Darfour-Occidental[79].
Le , les autorités soudanaises interviennent dans le camp géré par Médecins du monde, à Nyala et immobilisent les bénévoles[80].
Le , le pouvoir soudanais expulse une partie de l'ONG Médecins du monde qui est accusée d'espionnage et de soutien à la faction armée d'Abdul Wahid Al-Nour[80].
Le , des combats entre l'armée soudanaise et la faction d'Abdul Wahid Al-Nour font dix-sept morts à Djebel Marra : quinze morts parmi les rebelles et deux morts pour l'armée[81].
Le , le président soudanais, Omar el-Béchir, décide unilatéralement de mettre en place un référendum le concernant le statut du Darfour[82],[83]. Ce référendum prévoit soit le retour à une unification du Darfour ou soit le découpage de ce dernier en cinq régions[82],[83]. Les mouvements rebelles contestent cette prise de décision sans leur consentement et craignent que le référendum soit truqué en raison du fort contrôle exercé par les autorités soudanaises[82],[83].
Le , trois Casques bleus sont confrontés à des hommes armés, à proximité de Kutum, qui les capturent avec le véhicule de la MINUAD[84]. Deux d'entre eux sont finalement libérés le jour même et le troisième est retrouvé mort[84].
Le , le Mouvement pour la justice et l'égalité rejette le projet d'accord de paix de l'ONU car il estime qu'il est moins avantageux que l'accord d'Abuja, signé en 2006 par Minni Minnawi[85]. Le porte-parole du mouvement, Gibril Adam, juge que les solutions concernant le « problème des réfugiés, la compensation aux habitants du Darfour affectés par huit ans de conflit, le partage du pouvoir et des richesses sont insuffisantes »[85].
Le , le Conseil de sécurité de l'ONU renouvelle d'un an le mandat de la MINUAD au Darfour[86].
Le , les autorités soudanaises menacent de mettre un terme au mandat de la MINUAD si celle-ci se voit octroyer de nouveaux objectifs[87]. Dans le même temps, la résolution de l'ONU est perçue comme préjudiciable à la souveraineté du Soudan par le ministre soudanais des Affaires étrangères[87].
Le , le chef du JEM, Khalil Ibrahim , est tué par l'armée soudanaise[88]. Deux versions de sa mort circulent. L'armée affirme qu'il est mort dans des combats au sol à Wadbanda, au Kordofan du Nord alors que le mouvement rebelle soutient qu'il a été tué par une frappe aérienne soudanaise[88].
Les Sud-Soudanais se prononcent en faveur de la sécession de la région à l'issue d'un référendum se tenant entre le 9 et le . L'indépendance est formellement déclarée le .
2012
Le , un Casque bleu nigérian est tué et trois autres Casques bleus sont blessés dans une embuscade, à proximité de Saleah, dans l'Est du Darfour[89].
Le , quarante-neuf soldats de la MINUAD sont capturés par les rebelles du Mouvement pour la justice et l'égalité dans le Nord-Ouest du Darfour[90]. Le lendemain, ils sont relâchés par les rebelles. Néanmoins, l'ONU nie toute prise d'otage des soldats de la MINUAD et parle de blocage[90].
Le , deux Casques bleus de la MINUAD sont blessés dans l'Est du Darfour[91].
Le , un Casque bleu de la MINUAD est tué et trois autres sont blessés, durant leur patrouille, à proximité de la ville de Shearia, dans le Darfour du Sud[91],[92].
Le , quatre Casques bleus togolais sont blessés, près du camp de déplacés de Sisi, dans l'État du Darfour Occidental[89]. Le lendemain, un des Casques bleus togolais succombe à ses blessures[93].
Le , l'armée soudanaise prétend avoir tué quarante-cinq rebelles du MJE et neutralisé seize de leur véhicule à Fataha, dans l'État du Darfour du Nord[94].
Le , le Conseil de sécurité de l'ONU renouvelle le mandat de la MINUAD jusqu'au [95].
Le , Abdelrahmane Mohammed Eissa, chef du district d'Al-Waha dans le Darfour du Nord, est tué dans une embuscade, dans la ville de Kutum (en)[96],[97],[98],[99].
Le , deux membres de la délégation du gouvernement soudanais sont blessés par des tirs alors qu'ils doivent s'entretenir avec le gouverneur du Darfour du Nord[98],[99].
Le , à la suite de nouvelles violences dans l'État du Darfour du Nord, 25 000 personnes fuient le camp de déplacés de Kassab[97],[98],[99].
Le , un Casque bleu bangladais est tué dans le camp de déplacés d'Otash, à Nyala, dans l'État du Darfour du Sud[89],[100].
Le , une patrouille de la MINUAD est attaquée. Quatre soldats nigérians sont tués et huit autres sont blessés à proximité d'Al-Genaïna, au Darfour-Occidental[101]. Le lendemain, le secrétaire général de l'ONU demande au gouvernement soudanais que les auteurs de l'attaque soient présentés devant la justice[101].
Le , une embuscade a lieu contre un convoi de la MINUAD, à proximité de Kutum, dans le Darfour du Nord. Celle-ci provoque la mort d'un casque bleu et blesse trois autres[102].
Le , le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme appelle le gouvernement soudanais à mener une enquête dans le but de rechercher les auteurs de l'embuscade du [102].
Le , des rebelles de l'Armée de libération du Soudan prennent possession d'une base de l'armée à proximité de Kebkabiya, dans l'Ouest du Soudan[103]. Dans le même temps, trois soldats de l'armée soudanaise sont libérés par la faction commandée par Minni Minnawi, selon le Comité international de la Croix-Rouge[103].
2013
Le , une trêve est conclue à Doha entre le gouvernement soudanais et le Mouvement pour la justice et l'égalité sous l'égide du Qatar[104]. Cette trêve est bien accueillie par Aïchatou Mindaoudou, représentante spéciale par intérim de la MINUAD[104].
Le , l'armée soudanaise affirme avoir repris le contrôle de Muhagiriya et Labado. Ces villes étaient depuis 10 jours aux mains de la faction rebelle dirigée par Minni Minnawi[105].
Le , un Casque bleu nigérian de la MINUAD est tué et deux autres sont blessés, non loin de la base de Muhagiriya, dans l'État du Darfour du Sud[105].
Le , trois Casques bleus de la MINUAD sont blessés par une attaque à Lavado[106].
Le , sept Casques bleus tanzaniens et un policier sierra-léonais sont tués, à proximité de la base de la MINUAD, à Manawashi. De plus, seize autres Casques bleus sont blessés[106],[107].
Le , le Conseil de sécurité de l'ONU proroge le mandat de la MINUAD jusqu'au [108].
Le , une patrouille de la MINUAD est tombée dans un guet-apens à Ed Daein[109]. À la suite de cette attaque, un Casque bleu est blessé[110].
Le , trois Casques bleus de la MINUAD sont blessés par balles dans l'Est du Darfour[111].
Le , les soldats de la MINUAD sont pris pour cible à proximité de Misterei, dans l'État du Darfour Occidental alors qu'ils effectuent des recherches. Cette attaque ne fait pas de victimes[109].
Le , l'équipage d'un hélicoptère de la MINUAD, un Soudanais et deux Ukrainiens sont libérés par leurs ravisseurs. Ils avaient été capturés le dernier[112].
Le , un observateur militaire zambien est tué à El-Fasher[107].
Le , trois Casques bleus sénégalais sont pris dans une embuscade, près d'Al-Genaïna et décèdent[107].
Le , un Casque bleu rwandais est tué à proximité de Kabkabiya, dans l'État du Darfour du Nord[113].
Le , un Casque bleu jordanien et un Casque bleu sénégalais sont abattus lors d'une attaque, près de Gereida, dans l'État du Darfour du Sud[114].
2014
Le , un membre indien de la MINUAD est enlevé à El Fasher par des hommes armés et est finalement libéré le à Kakbabiya[115].
Le , un Casque bleu rwandais est abattu et trois autres sont blessés à Kabkabiya, dans l'État du Darfour du Nord[116].
Le , le Conseil de sécurité renouvelle le mandat de la MINUAD jusqu'au [117].
Le , trois Casques bleus éthiopiens sont tués par un groupe armé à Korma, dans l'État du Darfour du Nord[118].
2015
Le , quarante hommes armés attaquent des Casques bleus nigérians à Kass, dans l'État du Darfour du Sud. Deux Casques bleus sont blessés et quatre hommes armés sont tués[119]. Le lendemain, une patrouille de la MINUAD est attaquée à proximité de Kass et quatre Casques bleus sont blessés[119].
Le , le Conseil de sécurité de l'ONU renouvelle d'un an le mandat de la MINUAD jusqu'au [120].
Le , un Casque bleu sud-africain est tué et quatre autres sont blessés à proximité de Mellit, dans l'État du Darfour du Nord[121].
2016
En , l'armée soudanaise lance une offensive à Djebel Marra contre les rebelles de l'Armée de libération du Soudan/Abdul Wahid. Selon Amnesty International, au moins 367 civils, dont 95 mineurs, sont tués par les forces gouvernementales au cours des six premiers mois de l'année. Au moins 171 villages ont également été détruits lors des huit premiers mois de l'année. Enfin, les forces de Khartoum ont commis au moins 30 attaques chimiques entre janvier et , ayant provoqué la mort de 200 à 250 personnes, en majorité des enfants, et fait des centaines de blessés[122].
Le , le Conseil de sécurité de l'ONU décide de prolonger le mandat de la MINUAD jusqu'au [123].
2017
Le , le Conseil de sécurité de l'ONU décide de proroger le mandat de la MINUAD jusqu'au [124].
Conséquences de la guerre
Les populations civiles, enfants y compris, subissent les attaques de janjawids. L'ONU parle de crime contre l'humanité, les États-Unis parlent de génocide.
Décompte des victimes
Au mois de , le Congrès des États-Unis vote à l’unanimité une résolution pour qualifier de génocide la guerre civile au Darfour. Se référant à une enquête faite pendant l’été 2004 dans dix-neuf camps de réfugiés soudanais au Tchad, le secrétaire d’État américain Colin Powell qualifie les événements du Darfour de génocide en . Satisfaits de cette reconnaissance, les rebelles réclament une intervention directe de la communauté internationale.
Selon le ministère des Affaires étrangères français : « probablement plus de 300 000 morts » ()[127]. L'ONU estime « que quelque 300 000 personnes sont mortes lors de ces combats, mais aussi en raison des attaques contre des villages et des politiques de terre brûlée »[15] (2008). Médecins sans frontières estime qu'il y a eu 131 000 décès entre 2003 et , dont les trois quarts de maladies et famine[128]. Le conflit aurait « baissé d'intensité », avec actuellement 200 par mois[129].
Tous ces décomptes comptabilisent les morts indirectes dues aux maladies, malnutrition et autres problèmes causés par les déplacements de population.
L'ambassadeur du Soudan à l'ONU, Abdalmahmood Abdalhaleem Mohamad, a qualifié l'estimation de l'ONU de « non objective et non professionnelle ». Selon leurs propres calculs, le nombre des morts n'excèderait pas 10 000. Ce chiffre n'inclut que les décès dus aux violences et pas ceux résultant de malnutrition ou de famine. Il affirme qu'il n'y a eu ni épidémie ni famine au Darfour, assurant ainsi que le nombre additionnel de morts au-delà de 10 000 serait « très minimal »[130].
Le , un rapport du Bureau de la coordination des affaires humanitaires dresse le bilan humain pour l'année 2010. 2 300 personnes ont perdu la vie au cours des violences au Darfour[131].
En 2012, Jérôme Lacroix Leclair et Pierre Pahlavi estiment que la guerre au Darfour a fait « entre 180 000 et 400 000 morts »[132].
Populations déplacées
Les destructions, les villages rasés, la politique de terre brûlée (attaque et vol du bétail, champs incendiés) forcent les populations à partir[133].
- 12 camps de réfugiés au Tchad, dont Amboko, Gaga, Tine,
- 2 camps au Kenya : Kakuma et Dadaab,
- Des dizaines de camps de déplacés,
À Riyad (20 000 déplacés), les réfugiés sont essentiellement des femmes et des enfants. Les ONG, le Programme alimentaire mondial et le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés se plaignent du manque de sécurité qui gêne leur travail. Plusieurs travailleurs humanitaires soudanais auraient été enlevés.
Rien que pour 2008, l'ONU a compté 315 000 nouveaux déplacés au Darfour ou dans l'Est du Tchad[15].
Le , l'ONU annonce que pour l'année 2013 au moins 460 000 personnes ont fui les combats entre l'armée soudanaise, les rebelles et les tribus[136].
Violences sexuelles
La guerre civile est le théâtre de violences sexuelles de grande ampleur. Le 19 octobre 2004, un article de l'UN News Centre indique que les milices armées poursuivent dans l'impunité leurs crimes de viols envers les femmes et les enfants[137].
Des auteurs dénoncent une campagne de viols systématiques en tant qu'arme de guerre et de nettoyage ethnique contre les populations africaines noires de la région[138],[139],[140]. La majorité de ces viols sont perpétrés par l'armée du gouvernement soudanais et par les Janjawid[141],[142],[143]. Pour certains auteurs, les actes des Janjawid sont qualifiés de viols en tant qu'arme de génocide car ils frappent non seulement les femmes mais aussi les enfants ; des bébés sont battus à mort ; la mutilation sexuelle des victimes est récurrente[144],[140][144],[140]. Ces actes visant les Fours, les Masalit et les Zaghawa ont conduit à l'émission de mandats contre plusieurs individus accusés de crime contre l'humanité, viol, transfert forcé de population et torture. Eric Reeves estime que plus d'un million d'enfants ont été « tués, violés, blessés, déplacés, traumatisés ou ont subi la perte de leurs parents et de leurs familles »[145].
Les chercheurs n'ont pas pu mener des enquêtes auprès de la population et il n'existe pas encore d'estimation sur le nombre de victimes de violences sexuelles[146]. Certains auteurs pensent que ces agressions sont très courantes et que les victimes se comptent en dizaines de milliers[147]. Une ONG a recensé 9 300 viols mais d'autres observateurs sur place déclarent que le nombre de victimes représentent plutôt le double[148].
Des rapports signalent que les viols frappent des jeunes filles de moins de dix ans et des femmes de plus de soixante-dix ans ; la majorité des victimes a subi des viols collectifs[149]. D'autres montrent que les viols ont touché des filles de cinq ans et un tiers des victimes sont des enfants. En 2009, les rapports et les témoignages parviennent à la conclusion que la campagne de viols systématiques dure depuis cinq ans[150]. Kofi Annan déclare : « Au Darfour, nous voyons le déplacement forcé de populations entières, leurs maisons détruites et le viol constitue une stratégie délibérée »[151].
Poursuites judiciaires
Plusieurs miliciens janjawids ont été condamnés par la justice locale à la peine de mort[152].
Le , la Cour pénale internationale (CPI) émet deux mandats d’arrêts internationaux contre deux Soudanais accusés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité : Ahmed Haroun, ancien ministre de l'Intérieur, et Ali Kosheib, l’un des principaux chefs des milices janjawids[153].
En , le procureur de la Cour pénale internationale dénonce le manque de coopération du Soudan et demande au Conseil de sécurité d'adresser un message ferme et unanime aux autorités soudanaises pour leur demander d'exécuter les mandats d'arrêt[154]. Luis Moreno-Ocampo a déclaré qu'il faut « briser le système criminel » mis en place au Soudan, car « les vies des 2,5 millions de personnes [déplacées] sont à la clef ».
En effet, malgré son inculpation, Ahmed Haroun conserve son poste de ministre d’État chargé des affaires humanitaires. De plus, il est nommé membre du Groupe national chargé du mécanisme de surveillance de la force hybride ONU-Union africaine pour le Darfour (MINUAD). Le procureur de la CPI a dit : « Le Gouvernement du Soudan défie de manière répétée l’autorité du Conseil de sécurité »[155].
Le , le procureur de la Cour pénale internationale demande aux juges de la CPI d'émettre un mandat d'arrêt à charge d'Omar el-Béchir parce qu'il aurait commis des crimes de génocide, des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre au Darfour[156].
Le , la CPI émet un mandat d'arrêt contre le président soudanais, Omar el-Béchir. Ce dernier est accusé de crime de guerre et crime contre l'humanité dans le cadre de [157]la guerre civile au Darfour[158].
Le , Omar el-Béchir fait l'objet d'un deuxième mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale, qui ajoute la qualification de génocide au premier mandat émis à son encontre.
Le , la CPI émet un mandat d'arrêt international contre le ministre de la défense soudanaise, Abdel Rahim Mohammed Hussein[159]. Celui-ci est accusé de crime de guerre et de crime contre l'humanité, pour des faits commis entre 2003 et 2004, sur des populations civiles, appartenant essentiellement aux ethnies four, masalit et zaghawa dans les villes de Kodoom, Bindisi, Mukjar et Arawala (en)[159]. Cependant, le ministre des Affaires étrangères estime que la décision de la CPI n'a « aucune importance »[160].
Attitude internationale
L'ancien chef de la guérilla du Sud du Soudan John Garang trouvait que l’attitude de la communauté internationale manquait de volonté et était parfois ambiguë.[réf. nécessaire]
L’Europe
Longtemps soupçonnée de complaisance envers le Soudan, la France est aujourd'hui en conflit larvé avec le gouvernement de Khartoum, en raison de l'aide militaire qu'elle apporte aux gouvernements du Tchad et de la République centrafricaine, en butte aux incursions de forces rebelles dont des bases de repli se situent en territoire soudanais.
Tony Blair a déclaré être contre toute intervention militaire au Darfour. Mais il soutient l'embargo commercial mis en place par les États-Unis[161].
Le , le président de la République française Nicolas Sarkozy organise à Paris une conférence internationale sur le Darfour réunissant les grandes puissances et les organisations internationales concernées[162],[163].
Les États-Unis
Les États-Unis ont décrété un embargo sur la vente d'armes au Soudan et contre certaines compagnies pétrolières est-africaines. George W. Bush désire faire passer au Conseil de sécurité des Nations unies une résolution pour obtenir des mesures multilatérales[164],[161].
Courant 2005, l'acteur américain George Clooney s'est mobilisé pour le Darfour. Sous son impulsion, un épisode spécial de la série Urgences a été diffusé le par NBC pour sensibiliser l'opinion américaine au conflit. La diffusion de cet épisode de quarante minutes a quadruplé en un soir le temps d'antenne consacré au Darfour en 2006 par les trois grands journaux du soir des chaînes nationales américaines NBC, ABC et CBS. L'acteur américain a, de plus, produit le documentaire Le sable et la douleur, qui suivait des activistes des droits de l'homme dans les camps de réfugiés à la frontière du Soudan et du Tchad. Pour tout cela, il a été nommé par l'ONU Messager de la paix le [165].
Il a, pour finir, créé une association (Not On Our Watch) avec les acteurs américains Brad Pitt, Matt Damon, Don Cheadle et Jerry Weintraub, dans le but d'attirer l'attention sur la guerre civile du Darfour et de faire réagir l'opinion pour aider les populations dévastées.
La Chine
Dans les affaires internationales, la Chine applique au Soudan les principes de sa politique étrangère générale[166],[167] à savoir ne pas s'ingérer dans les prises de décision d'un gouvernement étranger souverain. Pour elle, la crise du Darfour doit être réglée par les Soudanais eux-mêmes et non sous pression étrangère. Elle est accusée par Amnesty International[164] de faire partie des vendeurs d'armes au Soudan depuis quelques années, ce qu'elle nie[168] et achète 65 % de la production pétrolière soudanaise. Selon le député canadien Maurice Vellacott, « la plupart des armes utilisées pour tuer, violer, piller et le reste sont fabriquées au Soudan dans des usines chinoises ». Vellacott critique aussi les utilisations répétées du droit de veto dont la République populaire de Chine et la Russie ont fait usage concernant des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies contraignant le Soudan à arrêter les exactions des milices djandjawids au Darfour[169]. Un rapport d'Amnesty International accuse Pékin d'avoir envoyé plus de deux cents camions de transports militaires chinois au Soudan en [164]. La Chine s’oppose aux sanctions commerciales. Ainsi, lors de la conférence de Paris du , le vice-ministre des Affaires étrangères chinois Liu Guijin déclare : « La communauté internationale doit s’efforcer d’envoyer un signal positif et équilibré : il ne faut pas, pour un oui ou pour un non, menacer et faire pression sur le gouvernement du Soudan »[170].
Les pays africains
L'Union africaine s'engage activement dans la résolution du conflit du Darfour. Elle bénéficie notamment de l'appui de l'OTAN, de l'Union européenne, des États-Unis et du Canada. À ce jour près de 7 000 soldats africains ont été déployés sur le terrain. C'est la première mission de maintien de la paix gérée par une institution africaine. En dépit de tous les efforts fournis, la mission manque de ressources financières. Si l'insuffisance n'est pas comblée, la réussite de ce véritable exploit africain pourrait en être mise à mal.
Les ONG
Certaines ONG présentes au Darfour critiquent le manque d'intérêt de l’ONU et de l’Union européenne. Les diplomates internationaux se succèdent pour demander à Omar el-Béchir d’aider les réfugiés. Des collectifs de citoyens se sont créés dans plusieurs pays occidentaux pour alerter l'opinion sur l'urgence de cette situation, dont ils rappellent les analogies avec la démission internationale pendant le génocide au Rwanda.
Soixante dix neuf ONG[171] opèrent encore dans cette région[32]. La Croix-Rouge française demande l'ouverture de corridors humanitaires au Darfour car l'accès aux victimes est le principal problème rencontré par les ONG.
Gabriel Trujillo, responsable adjoint des programmes de Médecins sans frontières dans l'Ouest Darfour, a dénoncé en les risques d'une intervention militaire au Soudan et craint que « la cause du Darfour ne soit finalement qu'un faire-valoir dans la campagne présidentielle »[172]. Le président de MSF a aussi pris position dans une tribune parue dans le journal Libération[173].
Médecins du monde a également critiqué la démarche du Collectif urgence Darfour[174].
La pression des ONG françaises, dont beaucoup sont rassemblées par le CRID dans sa campagne « État d'urgence planétaire », ont amené plusieurs candidats aux présidentielles françaises de 2007 à évoquer ce problème.
Opinions et analyse des intérêts géopolitiques
Sur le plan international, les États-Unis qualifient l'action des Janjawids de génocide[175] et exigent des sanctions commerciales internationales contre le Soudan et parlent même d’une intervention militaire alors que l'Europe cherche une solution diplomatique. La France juge très préoccupante l’extension du conflit soudanais aux pays voisins où elle maintient une assistance militaire, principalement au Tchad et en République centrafricaine. La Chine, principal exploitant industriel du pétrole soudanais, menace d'user de son droit de veto au Conseil de sécurité des Nations unies, pour bloquer des sanctions[25].
Selon Jan Pronk, la raison qui pousse le gouvernement soudanais à ne pas céder aux pressions de l'ONU, et donc à entretenir la crise est assez simple : empêcher la « montée en puissance de l’opposition intérieure », et éviter « le danger de perdre le pouvoir »[30].
Notes et références
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Annexes
Articles connexes
Sources
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Cinéma
- Darfour, du sable et des larmes, documentaire, 2008.
- Au loin des villages, documentaire réalisé par Olivier Zuchuat, sorti en 2009.
Liens externes
- Portail judiciaire de La Haye : Situation au Darfour, sur le site haguejusticeportal.net.
- Archives du Monde diplomatique sur la crise au Soudan, sur le site monde-diplomatique.fr.
- Dossier complet sur la crise au Darfour du site du ministère des Affaires étrangères, sur le site diplomatie.gouv.fr.
- Darfour, la chronique d'un « génocide ambigu », par Gérard Prunier, sur le site monde-diplomatique.fr.
- « Chronologie - La tragédie du Darfour », du quotidien Le Monde.
- Infographie De l'UNHCR sur les camps au Tchad (2004), sur le site unhcr.fr.
- Articles récents sur les événements du Soudan, sur afrik.com.
- 1 an de processus de négociation depuis mai 2006, sur le site de RFI, sur le site rfi.fr.
- « Le conflit au Darfour n'est pas racial », par Marc Lavergne, sur le site afrik.com.
- « le Darfour en question », un vidéo-reportage sur la Darfour tourné en mai-juin 2007 en partenariat avec l'INA, sur le site blogtrotters.fr.
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