Hesbaye

La Hesbaye [ɛsbɛ] (néerlandais: Haspengouw) est une région naturelle de Belgique s'étendant sur les provinces du Brabant flamand, du Brabant wallon, de Liège, de Limbourg et de Namur.

Hesbaye

Prairie humide à Lens-Saint-Servais (Hesbaye liégeoise).

Pays Belgique
Provinces Brabant flamand
Limbourg
Brabant wallon
Namur
Liège
Villes principales Tirlemont
Saint-Trond
Tongres
Hannut
Waremme
Coordonnées 50° 45′ 00″ nord, 5° 18′ 00″ est
Géologie calcaire, lœss
Régions naturelles
voisines
Campine
Sillon Sambre-et-Meuse


La Hesbaye (en rose) sur la carte des régions naturelles de Belgique.

L'adjectif relatif à la Hesbaye est hesbignon / hesbignonne.

Étymologie

Le nom Hesbaye (en néerlandais Haspengouw) désignait à l'origine un pagus carolingien (pagus Hasbania). Ce nom est attesté sous les formes suivantes : Hasbannium (1064), Hasbano (1216), Hasbaing (1265). On peut supposer que *Haspanium signifie « terre des prairies » (moyen néerlandais hasp « terre dans un méandre, prairie »)[1].

Géographie

Situation

Les limites de la Hesbaye sont conventionnelles. Plusieurs auteurs considèrent que celles-ci sont constituées par le Démer au nord, puis par la ligne Hasselt - Lanaken, puis par la Meuse à l'est, et au sud par la Gette et la Grande Gette. Ainsi définie, la Hesbaye a une superficie d'environ 2400 kilomètres carrés, ce qui représente un douzième de la surface de la Belgique.

La région s'étend sur les provinces de Liège, du Limbourg, du Brabant flamand, du Brabant wallon et de Namur. Elle couvre approximativement une surface allant de Tirlemont à la Meuse et de Tongres à Sombreffe. Elle est limitée au sud par le Condroz. On distingue à l'ouest la Hesbaye humide et à l'est la Hesbaye sèche. Celle-ci doit son nom à la rareté de ses cours d'eau, due à son sous-sol de craie, si ce n'est le Geer et ses quelques affluents.

Quelques localités comme Waremme, Hannut, Jodoigne, Éghezée, Tirlemont, Perwez et Tongres appartiennent à cette région.

Topographie

Champ d'essai de betteraves et ancienne sucrerie (démolie en 2013) à Hollogne-sur-Geer.

La Hesbaye est une région naturelle de la Moyenne Belgique, située au nord de la Meuse en région limoneuse (carte des régions agricoles). Cette région est caractérisée par l'ampleur des horizons découverts, par l'absence de massif forestier, par la concentration de l'habitat et surtout par l'importance de la couverture limoneuse qui fait la richesse des cultures pratiquées (principalement betteraves sucrières et céréales. On y a récemment introduit la culture du lin), et lui vaut son surnom poétique de "grenier à blé de la Belgique".

De vastes campagnes ouvertes, mollement ondulées par une succession de vallons secs, et parsemés de villages, assurent à la Hesbaye liégeoise le plus bel exemple d' openfield du pays (paysage découvert composé de parcelles non clôturées).

Géologie

La région repose sur une roche essentiellement calcaire, recouverte d'une importante couche de lœss, un limon éolien d'origine glaciaire. La Hesbaye sèche, à l'est, se distingue de la Hesbaye humide par son sous-sol de craie.

Hydrographie

La région ne compte que peu de cours d'eau. D'ailleurs, la Hesbaye sèche doit son nom à la rareté de ceux-ci, due à son sous-sol de craie, si ce n'est le Geer et ses quelques affluents comme l'Yerne ou encore la Mehaigne ou la Burdinale. Au nord de la Mehaigne, de nombreux cours d'eau ravinants entaillent le bord du plateau hesbignon[2], tels le Ruisseau des Awirs, la Légia ou le Rida.

Climat

Le village de Kerniel et ses vergers.

La Hesbaye bénéficie d'un climat tempéré, caractérisé par une température moyenne annuelle de 9,5 °C, et des moyennes mensuelles variant de 3 °C à 18 °C selon les saisons. Les précipitations, bien réparties sur l'année, atteignent un total annuel d'environ 850 mm[3]. La région connait en moyenne 20 jours de neige par an[4].

Communes hesbignonnes

En province du Brabant flamand

En province du Brabant wallon

En province de Hainaut

En province de Liège

En province de Limbourg

En province de Namur

Préhistoire

Cette terre de prairie, au riche potentiel agricole par son sol à base de lœss, est notamment adaptée à la culture céréalière. Elle est précocement mise en valeur dès l'époque néolithique qui débute il y a plus de sept mille ans La mise en valeur intensive ne commence toutefois que deux mille ans plus tard, avec la présence de nombreuses implantations villageoises maîtrisant l'écoulement des eaux (Civilisation omalienne). Ces lieux de sédentarité se densifient encore à l'âge du bronze et génèrent probablement différentes petites principautés politiques qui sont pérennisées au-delà de leurs temps malgré les divisions plastiques de l'époque celtique (Éburons), belgo-romaine, mérovingienne ou carolingienne.

Histoire

Le pagus de Hesbaye comprend tout le plateau entre la Dyle et la Meuse ; il est borné au nord par le Démer et une ligne qui remonte vers Maaseik ; au sud-ouest ses limites coïncide avec celles des doyennés de Hanret et de Jodoigne : Marche-les-Dames et Marchovelette sont ses points extrêmes au voisinage de Namur[5].

Mais dès le IXe siècle, deux comtés, qui ont pour noyaux des pagi de la rive droite de la Meuse, empiéent sur la rive gauche : le Maasgau et le Luihgau. Liège, qui appartient au comté de Luihgau, est cité parfois en Hesbaye ; Maastricht, qui se trouve initialement dans le pagus de Hesbaye, appartient au IXe siècle au comté de Maasgau[6].

À l'époque du traité de Meerssen (870), le pagus de Hesbaye est divisé en quatre comtés. De bonne heure ces circonscriptions sont morcelées et profondément transformées, de sorte qu'on ne peut avec certitude indiquer le nom qu'elles portaient[7].

Au Xe siècle, les Régnier sont maîtres d'une grande partie de la Hesbaye. Régnier Ier et Rodolphe, fils de Régnier II y sont successivement mentionnés. Le comté de Rodolphe semble se situer dans l'est de la Hesbaye. Il s'agit probablement du comté d'Avernas (voir ci-dessous). Rodolphe est dépouillé de ses possessions en 958, en même temps que son frère Régnier III perd le Hainaut[8].

Aux Xe et XIe siècles, quatre comtés sont mentionnés en Hesbaye :

  1. Le comté d'Avernas, qui prit par la suite le nom de comté de Looz ; Avernas (à l'ouest de Waremme) était sans doute le séjour des premiers comtes de cette région ; une autre famille vers le début du XIe siècle a pris pour résidence Looz ;
  2. Le Brunengeruz ou comté de Hoegaarden ;
  3. Le comté de Louvain, qui embrassait sans doute le pagus de Diest ;
  4. Le comté de Haspinga, qui est donné en 1040 par Henri III à l'église Saint-Lambert de Liège[9].

Des influences dissolvantes se sont exercées rapidement sur cet ensemble de comtés ; la plus puissante a été l'action pénétrante et assimilatrice de l'église de Liège qui, désireuse de s'agrandir, a agi de proche en proche et a réussi à se faire octroyer de nombreuses donations, les unes composées de simples alleux qu'elle rattachait à ses immunités ordinaires, les autres embrassant tous les droits régaliens que l'on qualifiait de comitatus ; telles furent les acquisitions du Brunengeruz et du Haspinga[10].

De petits comtés se sont détachés au cours du XIe et du XIIe siècle. Il s'agit de Duras, Grez, Aarschot[11].

Économie

Deux fermes typiques de Hesbaye au village de Limont.

Personnalités hesbignonnes

Notes et références

  1. Jean-Jacques Jespers, Dictionnaire des noms de lieux en Wallonie et à Bruxelles, Lannoo, 2005, p. 325.
  2. P. Bourguignon, Texte explicatif de la carte des sols de la Belgique. Texte explicatif de la planchette de Liège 121E, édité sous les auspices de l'Institut pour l'encouragement de la Recherche Scientifique dans l'Industrie et l'Agriculture (I. R. S. I. A.), 1957
  3. Présentation de la commune de Remicourt
  4. MétéoBelgique
  5. Léon Vanderkindere, La Formation territoriale des principautés belges au Moyen Âge, vol. I, Bruxelles, H. Lamertin, (réimpr. 1981) (lire en ligne), p. 128
  6. Léon Vanderkindere, op. cit., p. 128-129.
  7. Léon Vanderkindere, op. cit., p. 129.
  8. Léon Vanderkindere, op. cit., p. 133-137.
  9. Léon Vanderkindere, op. cit., p. 130-131.
  10. Léon Vanderkindere, op. cit., p. 131-132.
  11. Léon Vanderkindere, op. cit., p. 132.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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