Jacqueline du Pré

Jacqueline du Pré est une violoncelliste britannique d'origine jersiaise, née le à Oxford et morte le à Londres. Elle fut également l'épouse et la partenaire musicale du pianiste et chef d’orchestre israélo-argentin Daniel Barenboim.

Pour les articles homonymes, voir Pré (homonymie).

Jacqueline du Pré
Gros plan sur une sculpture de Jacqueline du Pré par Drago Marin Cherina, installée depuis 2018 dans un parc de Kensington, Nouvelle-Galles du Sud (en), près de Sydney, Australie.
Nom de naissance Jacqueline Mary du Pré
Naissance
Oxford, Royaume-Uni
Décès (à 42 ans)
Londres, Royaume-Uni
Activité principale violoncelliste
Formation Guildhall School of Music and Drama à Londres
Maîtres William Pleeth (en), Paul Tortelier, Mstislav Rostropovitch, Pablo Casals
Ascendants Iris du Pré (en), Derek du Pré
Conjoint Daniel Barenboim

En 1976, elle est faite officier de l'ordre de l'Empire britannique.

Biographie

Née dans une famille aisée et cultivée originaire de Jersey (îles Anglo-Normandes), Jacqueline du Pré est le deuxième des trois enfants de Derek et Iris du Pré (en)[1] ; sa mère est pianiste. Elle a 4 ans lorsqu'elle entend pour la première fois un violoncelle à la radio[2],[3]. À partir de cet instant, le son de l'instrument ne la quittera jamais. Elle commence à prendre des leçons auprès de sa mère puis, deux ans plus tard, à la London Violoncello School. Très jeune, elle participe à des concours avec sa sœur, Hilary (en). À 10 ans, elle gagne un prix lors d'une compétition internationale et, à 12 ans, elle joue dans un concert pour la BBC à Londres[3]. Elle étudie avec William Pleeth (en) à la Guildhall School of Music and Drama à Londres, avec Paul Tortelier à Paris, avec Mstislav Rostropovitch en Russie et avec Pablo Casals en Suisse[3].

Sa carrière débute en 1961 au Wigmore Hall de Londres où elle joue sur un Stradivarius de 1673 « qu’un admirateur anonyme lui a offert trois semaines auparavant »[4]. Tout au long de sa carrière, Jacqueline du Pré joue avec des orchestres et des solistes prestigieux, en particulier son enregistrement du concerto d'Elgar avec l'Orchestre symphonique de Londres, sous la direction de John Barbirolli en 1965, lui donne une reconnaissance internationale. Pour cet enregistrement, elle utilise un Stradivarius, le Davidov de 1712, que lui a offert en 1964 sa marraine Ismena Holland[3],[5].

Jacqueline du Pré joue le concerto d'Elgar lors de son premier concert aux États-Unis, le au Carnegie Hall[3].

Tombe de Jacqueline du Pré dans le cimetière de Golders Green, à Londres. La mention « épouse bienaimée de Daniel Barenboim » y figure, ainsi que des inscriptions en hébreu.

Son amitié avec les musiciens Itzhak Perlman, Zubin Mehta et Pinchas Zukerman, son mariage avec Daniel Barenboim, ont inspiré le film de Christopher Nupen (en) sur leur quintette de Schubert La Truite : La truite (1969). Les cinq se nommaient eux-mêmes « la mafia musicale juive ». Jacqueline du Pré rencontre le pianiste Daniel Barenboim le jour de Noël 1966. Leur mariage, l'année suivante, a été une des unions les plus fructueuses de l'histoire de la musique, que certains comparent à celle qui liait Clara et Robert Schumann. On peut le constater dans les nombreux concerts qu'ils donnèrent, Barenboim au piano ou à la direction d'orchestre.

Jacqueline du Pré se convertit au judaïsme à l'occasion de son mariage[réf. nécessaire].

La sœur de Jacqueline, Hilary du Pré (en), est mariée au chef d'orchestre Christopher « Kiffer » Finzi (en), avec qui Jacqueline eut une liaison. Selon Hilary et son frère Piers du Pré, dans leur livre Un génie dans la famille[6], cette relation s'est faite avec le consentement d'Hilary afin d'aider Jacqueline, alors déprimée avec des comportements suicidaires. Le film d'Anand Tucker (Hilary et Jackie, 1998) présente une version voisine de ce livre (en), mais n'en est pas issu, son scénario ayant été écrit en même temps que le livre, selon son auteur Frank Cottrell-Boyce. En 1999, les enfants de Kiffer et Hilary, neveux de Jacqueline du Pré, contredisent les déclarations de leur mère et présentent une version différente des événements : leur père, un coureur de jupons, aurait séduit leur tante alors dans un moment de vulnérabilité, dans le seul but de flatter son propre ego[réf. nécessaire].

En 1971, les capacités de jeu de Jacqueline du Pré — atteinte de sclérose en plaques — entament un déclin irréversible lorsque l'artiste commence à perdre la sensibilité et la mobilité de ses doigts. Elle doit alors arrêter sa carrière pour se consacrer à l'enseignement, donnant également plusieurs classes de maîtres, enregistrées pour la télévision et largement diffusées[7]. C'est cette maladie qui, par ses complications, cause sa mort à Londres le , à l'âge de 42 ans[2] ; son mari, Daniel Barenboïm, qui entre-temps avait délaissé son épouse et refait sa vie à Paris, s'est retrouvé à ses côtés pour ses derniers moments.

Ses instruments

En 1964, Jacqueline du Pré a reçu en cadeau de sa marraine, Ismena Holland, le Stradivarius Davidov (de 1712). Celle-ci venait de l'acheter pour 90 000 dollars. Du Pré a principalement utilisé cet instrument entre 1968 et 1970, avec lequel la quasi-totalité de ses enregistrements ont été faits. En 1988, l'année suivant sa mort, la fondation Vuitton a racheté l'instrument pour un peu plus d'un million de livres, et l'a depuis prêté à Yo-Yo Ma ; ce dernier l'utilisait d'ailleurs depuis 1983.

Le Stradivarius de 1673 (en), après avoir été la propriété du violoncelliste norvégien Øyvind Gimse, a été baptisé le Du Pré Stradivarius (ou en français le « Stradivarius du Pré ») par le violoncelliste américain Lynn Harrell, ceci en hommage à Jacqueline du Pré[8]. Harrell est mort en 2020. L'instrument est maintenant prêté sur une longue durée au violoncelliste hongrois István Várdai[9].

Le violoncelle Peresson de 1970 qui a également appartenu à Jacqueline du Pré est actuellement prêté à Kyril Zlotnikov du Jerusalem Quartet (en)[10].

Jacqueline du Pré a aussi possédé un Goffriller.

Discographie partielle

Honneurs et distinctions

Jacqueline du Pré a été gratifiée de nombreux titres ou diplômes honorifiques de la part d'académies de musique ou d'universités pour sa contribution éminente à la musique en général et à son instrument en particulier.

En 1956, à l'âge de 11 ans, elle a été la seconde récipiendaire (après Rohan de Saram en 1955) du prestigieux prix Guilhermina Suggia[11] et elle est encore à ce jour la plus jeune musicienne à l'avoir reçu.

En 1960, elle a gagné la médaille d'or de la Guildhall School of Music à Londres ainsi que le prix de la Reine des musiciens britanniques.

Elle a été faite officier de l'ordre de l'Empire britannique, dans le cadre de la promotion du Nouvel An de 1976 (en)[12].

En 1977 à l'occasion de la remise des Brit Awards, elle a reçu le prix du « meilleur album de soliste classique des vingt-cinq dernières années » pour son interprétation du concerto pour violoncelle d'Edward Elgar[réf. nécessaire].

Hommages

Une rose porte son nom (croisement de 'Radox Bouquet' et de 'Maigold', obtenteur Harkness), ainsi qu'une clématite (Clematis alpina 'Jacqueline Du Pré').

Après sa mort, le cultivar de rose portant son nom a reçu le Award of Garden Merit de la Royal Horticultural Society[13].

Elle a été faite Honorary Fellow du collège St Hilda, Oxford, dont le bâtiment de musique porte son nom.

En 2012, elle a été élue au Gramophone Hall of Fame[14].

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Jacqueline du Pré » (voir la liste des auteurs).
  1. (en) Carol Easton, Jacqueline du Pré : a biography, Coronet, (1re éd. 1989) (ISBN 0-340-52030-2 et 978-0-340-52030-7, OCLC 20998127, lire en ligne), p. 28.
  2. « Jacqueline du Pré 1/2 », sur francemusique.fr (consulté le ).
  3. Collectif, Antoinette Fouque, Mireille Calle-Gruber et Béatrice Didier, Le Dictionnaire universel des créatrices, Éditions des femmes, (ISBN 978-2-7210-0651-6, lire en ligne).
  4. « Jacqueline Du Pré : biographie, actualités et musique à écouter », sur France Musique (consulté le )
  5. « Jacqueline Du Pré : biographie, actualités et musique à écouter », sur France Musique (consulté le ) — Elle prêtera cet instrument au violoncelliste Yo-Yo Ma.
  6. Piers du Pré et Hilary du Pré 1999.
  7. (en) Daniel Meyer-Dinkgräfe, Biographical Plays about Famous Artists, Cambridge Scholars Press, , 126 p. (ISBN 978-1-904303-47-3, lire en ligne), p. 50.
  8. (en) Andy McSmith, « Why do Stradivarius violins fetch so much, and are they worth it? », The Independent, (lire en ligne [archive du ], consulté le ).
  9. (en) « István Várdai receives 'Du Pré-Harrell' Stradivarius cello on extended loan », The Strad, (consulté le ).
  10. « Kyril Zlotnikov », Cellist.nl (consulté le ).
  11. Easton 2000, p. 50.
  12. (en) The Gazette (official public record), « Supplement 4677, 1st January 1976 », sur thegazette.co.uk, (consulté le ).
  13. (en) « Rosa Jacqueline du Pré (Harwanna) AGM » [archive du ], sur rhs.org.uk, The Royal Horticultural Society, (consulté le ).
  14. « Jacqueline du Pré (cellist) », sur gramophone.co.uk, Gramophone (consulté le ).

Annexes

Bibliographie

  • (de) Christine Lemke-Matwey, Jacqueline du Pré, Metzler, , 63 p. (ISBN 978-3-476-02214-1)
  • (en) Carol Easton, Jacqueline du Pré : A Biography, Cambridge, Da Capo Press, , 224 p. (ISBN 978-0-306-80976-7 et 0-306-80976-1)
  • (en) Elizabeth Wilson, Jacqueline du Pré: Her Life, Her Music, Her Legend, Arcade Publishing, (ISBN 978-0306809767)
  • (en) Piers du Pré et Hilary du Pré, A Genius in the Family : An Intimate Memoir of Jacqueline du Pré Un génie dans la famille : mémoires intimes de Jacqueline du Pré »], Vintage Books, , 426 p. (ISBN 978-0-09-928926-5)
  • (en) William Wordsworth, Jacqueline du Pré: impressions, Granada, (lire en ligne)

Liens externes

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