Jean Starcky

Jean, Charles Georges Starcky (3 février 1909 - 9 octobre 1988) est un aumônier militaire, compagnon de la Libération et directeur adjoint de l'Institut français d'Archéologie. Il participe au déchiffrement et à l'interprétation des manuscrits de la mer Morte.

Origines de Jean Starcky

Jean Starcky naît le à Mulhouse (où une rue porte son nom), dans le Haut-Rhin. Il est le fils de Gabriel Starcky et de Berthe Thérèse Gutknecht. Il meurt à Paris, à l'hôpital du Val-de-Grâce, le .

Jeunesse

La jeunesse de Jean Starcky se passe à Mulhouse en France, puis en Suisse à Territet, près de Vevey, où sa famille réside pendant la première guerre mondiale, à Mayence et à Prague. Son père travaille pour la société DMC (Dollfus-Mieg et Cie) dont il devient fondé de pouvoir en Pologne et en Tchécoslovaquie.

Formation religieuse

Il affirme très tôt sa vocation religieuse malgré les réticences paternelles et débute des études supérieures au séminaire de l’Oratoire en 1928 puis à l’Institut Catholique de Paris où il obtient une licence en théologie. Il se lance dans des études orientalistes à l’Institut Catholique de Paris et à l’École Pratique des Hautes Etudes de Paris.

Vocation Religieuse de Jean Starcky

Il quitte l’Oratoire en 1935 avec trois autres prêtres avec lesquels il reste très lié : Daniel Pézeril, Maurice Morel et Francis Connan.

Rencontres

  • Ordonné prêtre en 1937, Daniel Pézeril (1911-1998) devient un résistant discret et très actif, sauvant plusieurs centaines de personnes et notamment de nombreux juifs. Il est déclaré « Juste parmi les nations ». Lui-même écrivain, il est proche d’hommes et de femmes de lettres, en particulier de Georges Bernanos dont il est l’ultime confesseur. Il est aussi lié à d’autres personnalités comme Ernst Jünger, Julien Green ou Florence Delay. Il deviendra évêque auxiliaire de Paris.
  • L’abbé Francis Connan assiste le père Daniel Pézeril lors de la création de la communauté sacerdotale de Saint Séverin, il devient curé de l’église Saint Roch à Paris (1970-1979).

Spécialiste de Palmyre

Jean Starcky est ordonné prêtre du diocèse de Paris le 21 avril 1935. Il part la même année pour l’Institut Pontifical de Rome où il étudie en 1935-36 à 1937-38, il se spécialise dans l'étude de l’araméen.

En 1936-1937, il est boursier de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres à l’Ecole Biblique et Archéologique française de Jérusalem, et rédige son mémoire pour l’Académie sur la poterie néolithique de Jéricho.

C’est à cette époque qu’il entre en contact avec les grands sites archéologiques du Proche-Orient comme Palmyre. Outre la Palestine, il s’intéresse à des sites du Liban, de Syrie et d’Egypte. Il reviendra un an après à Beyrouth, où il enseigne l’hébreu et l’Ancien Testament à l’Université Saint-Joseph (1938-1941).

Il est curé de Palmyre au moment où les troupes françaises de Vichy stationnent dans l’oasis. C’est à cette époque qu’il rencontre deux autres intellectuels et archéologues alsaciens : Henri Seyrig et Daniel Schlumberger.

L'engagement dans les Forces Françaises Libres

L’armée de Vichy au Liban et en Syrie ayant été défaite par l’armée anglaise et les troupes de la France libre en juin 1941, Beyrouth étant prise en juillet, Jean Starcky s’engage le 7 août, comme aumônier dans les Forces Françaises Libres.

La guerre

Intégré au 1er Bataillon d’Infanterie de Marine, il devient aumônier militaire de la garnison de Beyrouth et est ensuite rattaché au Bataillon de Marche 11 (BM 11) composé majoritairement de tirailleurs africains. Le 14 avril 1942, il quitte la Palestine pour la Libye. Le bataillon participe à la bataille d’El Alamein (octobre-novembre 1942).

En 1943, la 1ère division française libre (DFL), à laquelle appartient le BM 11, traverse la Cyrénaïque et la Tripolitaine pour rejoindre le sud tunisien. Le 27 novembre 1943, Jean Starcky devient aumônier du BIMP, (le Bataillon d’Infanterie de marine et du Pacifique) comprenant notamment des Tahitiens, des Calédoniens et des Canaques.

Le 19 avril 1944, il débarque en Italie, à Tarente près de Naples, avec la 1ère DFL. Il participe à la bataille du Garigliano (10-26 mai 1944) puis entre à Rome en juin. Le 11 juin la division prend Montefiascone, sur le lac de Bolsène et poursuit l’ennemi en direction de Sienne et Florence. Le 30 juin 1944, sur le terrain d’aviation de Marcianise (près de Naples), le général de Gaulle le décore de l’ordre de la Libération.

La libération de la France

Avec le BIMP Jean Starcky débarque en Provence, à Cavalaire, le 17 août 1944.

Il participe aux combats devant Hyères et Toulon. La division remonte vers Lyon, gagne ensuite la Bourgogne, arrive à Dijon le 16 septembre, puis part pour l’Alsace en passant par Ronchamp. La bataille de Belfort et de Mulhouse s’engage le 14 novembre.

En décembre 1944 la division participe victorieusement à la défense de Strasbourg, libérée par la 2ème DB et que les Allemands tentaient de reprendre. Une fois Strasbourg sauvée, la division prend part à la libération de Colmar en janvier 1945.

Après ces combats en Alsace la 1ère DFL ne peut pas poursuivre les combats en Allemagne mais est envoyée, le 3 mars 1945, dans le sud des Alpes, au Nord de Nice, dans le massif de l’Authion, pour réduire des poches de résistance ennemies.

Le 11 avril 1945, Jean Starcky est blessé au visage. Il est démobilisé le 6 septembre 1945. Tout au long de la guerre il se distingue en allant apporter les derniers sacrements à de nombreux blessés, même à ceux restant entre les lignes.

Décorations

Sous-lieutenant puis capitaine, toujours aumônier, il reçoit la Légion d’honneur (officier), la Croix de guerre avec palme et étoile d’argent, la médaille coloniale avec agrafe « Libye » et « Tunisie », la Silver Star (USA).

La citation du 20 novembre 1944, lorsqu’il devient Compagnon de la Libération, évoque un « Aumônier militaire de grande classe, unissant sur un plan très supérieur la sérénité de sa foi évangélique à un courage tranquille et à une abnégation sans bornes qui ont fait, au cours des combats des 11, 12 et 16 mai 1944, l’admiration du BIMP auprès duquel il est détaché ».

Le général Garbay, qui commanda la 1 ère DFL, évoque dans une citation : « un aumônier du BIMP, légendaire par sa bravoure, son dévouement infatigable et sa bonté ».

Carrière

Tout au long de sa vie, il occupe différents postes d'enseignement et de recherche :

Archéologue et épigraphiste après 1945

Après 1945, il enseigne au Grand Séminaire de Meaux puis, à partir de 1948, à l’Institut Catholique de Paris où il est professeur d’exégèse néo-testamentaire.

Il repart au Proche-Orient où il devient l’un des premiers pensionnaires de l’Institut Français d’Archéologie de Beyrouth, fondé en 1946 par Henri Seyrig. Ce dernier lui confie en 1946 l’édition des inscriptions qui venaient d’être découvertes à l’Agora de Palmyre et l’associe à la préparation du Recueil de tessères de Palmyre (1955). Jean Starcky entre au CNRS en 1949.

En octobre 1952 il rejoint l’équipe internationale chargée de déchiffrer les manuscrits de la mer Morte ou manuscrits de Qumrân. Cette équipe française dirigée par le père Roland de Vaux se trouvait hébergée par l’Ecole Biblique et Archéologique française de Jérusalem et le Palestine Archaeological Museum.

En septembre 1952 est découverte la grotte 4 de Qumrân : Jean Starcky se voir confier le déchiffrement et la publication des papyrus écrits en nabatéen, langue proche de l’araméen palmyrénien provenant de cette grotte. Il étudie aussi Pétra, Palmyre et la Nabatène sur lesquelles il publie des articles. Il devient directeur de recherche au CNRS de 1966 à 1977, date à laquelle il reçoit la médaille d’argent de l’institution. Lorsqu’il prend sa retraite en 1977, il confie la publication des manuscrits de la mer Morte, qu’il n’a pas encore déchiffrés, aux abbés Maurice Baillet et Emile Puech.

Travail à l’Institut français d’archéologie de Beyrouth

Epigraphiste, archéologue, spécialiste de l’araméen, exégète, maitrisant de nombreuses langues, Jean Starcky est directeur adjoint de l’Institut Français d’Archéologie de Beyrouth, de 1968 à 1971.

A cette époque, Daniel Schlumberger, le directeur en titre, étant souffrant, il l'aide à publier son ouvrage : L’Orient hellénisé (1969 et 1970) et lance les fouilles de Tell Arqa au Liban.

Entre 1969 et 1971, il soutient les campagnes de relevés photogrammétriques de Pétra avec l’IGN (l’Institut Géographique National).

Travail sur la Bible

Jean Starcky participe à des traductions de la Bible : à celle dite du Cardinal Liénart (1955) puis à celle de Jérusalem, pour le Livre des Macchabées (1961). Il aurait été l’un des initiateurs de la Bible œcuménique, la TOB (Traduction Oecuménique de la Bible) parue en 1975. Il participe très tôt à la revue Bible et Terre Sainte, aujourd'hui devenue Le Monde de la Bible.

Avec le chanoine Lecomte ils fondent le Musée Bible et Terre Sainte auquel ils font don de leurs collections. Il installe ce musée à Paris, dans les locaux de l’église Saint-Jacques-du-Haut-Pas, puis à l’Institut Catholique de Paris.

Il meurt au Val-de-Grâce le dimanche .

Publications

  • Guide de Palmyre, 1941
  • «Recueil de tessères de Palmyre», Harald Ingholt, Henri Seyrig et Jean Starcky, suivi de Remarques linguistiques par André Caquot, dans la Revue de l'histoire des religions, Paris, 1955
  • Jean Starcky participe à l’édition de la Bible dite du Cardinal Liénart, 1955
  • « Palmyre », Supplément au Dictionnaire de la Bible, 1960, Jean Starcky
  • Jean Starcky collabore à la Bible de Jérusalem (pour le livre des Macchabées) et à l’édition en un volume, 1961
  • Jean Starcky « Les quatre étapes du Messianisme à Qumrân » dans la Revue Biblique, 1963
  • Jean Starcky «Petra et la Nabatène», dans le Supplément au Dictionnaire de la Bible, 1964
  • Participe à la réalisation de la Bible œcuménique , la TOB , 1975
  • et Michel Gawlikowski, Palmyre, Paris, 1985.
  • Jean Starcky , « Les inscriptions nabatéennes et l’histoire de la Syrie méridionale et du Nord de la Jordanie » dans Hauran I, Recherches archéologiques sur la Syrie du Sud à l’époque hellénistique et romaine, ed. par J.M. Dentzer, vol. 1, Paris, 1985
  • Palmyre, Coll. « L'Orient ancien illustré » no 7, A. Maisonneuve, Paris, 1952 ; édition revue et augmentée des nouvelles découvertes avec la collaboration de Michel Gawlikowski, Paris 1985.

Notes et références

    Sources

    • « Jean Starcky », sur ordredelaliberation.fr, Ordre de la Libération (consulté le ).
    • « Jean Starcky », par Marc Lang, dans Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, n° 47, p. 4956-4957.
    • Émile Puech, « In Memoriam. L'Abbé Jean Starcky » (1909-1988) dans la Revue de Qumrân, Tome 14, vol.53, 1989. p. 3-6.
    • Notice biographique dans François Laplanche, La crise de l'origine - La science des Évangiles et l'histoire au XXe siècle, Albin Michel, 2006, p. 647-648, notice qui résume elle-même la Revue de Qumran no 15, 1991, p. 11-20.
    • « Jean Starcky (1909-1988) », nécrologie par Ernest Will, dans Revue Syria, 1989, pages 353-354, sur Persée.
    • Eloge funèbre prononcé par Mgr Daniel Pezeil, dans Revue de la France libre, n° 265 (bibliothèque MISHA à Strasbourg / 7T PEZ 21 - fonds Jacqueline Pirenne).
    • Journal La Croix, du 14 oct. 1988, p. 8 et p. 23.
    • « Jean Starcky » sur The Network for the Study of Dispersed Qumran Cave Artefacts and Archival Sources (DQCAAS)
    • Page du P. Starcky de l'Amicale de la 1re Division Française Libre.
    • Etat civil de la Ville de Mulhouse. Naissances 1909.

    Liens externes

    • Portail du catholicisme
    • Portail de la Bible
    • Portail de la Seconde Guerre mondiale
    Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.