Léon Bonnat
Léon Joseph Florentin Bonnat, né le à Bayonne et mort le à Monchy-Saint-Éloi, est un peintre, graveur et collectionneur d'art français.
Pour les articles homonymes, voir Bonnat.
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Léon Joseph Florentin Bonnat |
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École des beaux-arts (en) |
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Distinctions |
Prix de Rome Ordre Pour le Mérite pour les sciences et arts (d) Grand-croix de l'ordre d'Alphonse XII () |
Archives conservées par |
Archives départementales des Yvelines (166J, Ms 1097-1099, 3 pièces, -)[1] |
Biographie
Les débuts
Originaire de Bayonne, Léon Bonnat vit entre 1846 et 1853 à Madrid, où son père Joseph Bonnat est libraire et où il étudie la peinture auprès de José de Madrazo y Agudo et de Federico de Madrazo y Küntz. Il arrive à Paris en 1854, et devient l'élève de Léon Cogniet à l'École des beaux-arts. Sa Résurrection de Lazare lui vaut un deuxième prix au prix de Rome en 1857.
L’étude des maîtres espagnols au musée du Prado a fait que sa peinture soit à l’avant-garde de la peinture française dans les années 1850, opposant le néo-classicisme et utilisant une palette de tons terreux et de fonds neutres, ainsi qu’un coup de pinceau lâche et déterminé.
Il fait un long séjour un voyage en Italie au début des années 1860, où il fait partie du groupe des Caldarrosti avec Henner et Degas[2]. Il visite l'Orient et voyage en Grèce et au Moyen-Orient à la fin des années 1870.
Le portraitiste
À son retour, il se consacre aux scènes de genre et plus particulièrement au portrait.
On lui doit ainsi environ deux cents portraits de personnalités de son temps, parmi lesquels ceux de Louis Pasteur, Alexandre Dumas (fils), Henri Germain, Victor Hugo, Dominique Ingres, Joseph-Nicolas Robert-Fleury, Hippolyte Taine, Sosthènes II de La Rochefoucauld duc de Doudeauville et son épouse Marie princesse de Ligne, de leur fils Armand de La Rochefoucauld, Pierre Puvis de Chavannes[3], et parmi les personnalités politiques, ceux de Léon Gambetta, Jules Ferry, Armand Fallières, Adolphe Thiers, Jules Grévy, Émile Loubet, le duc d'Aumale[4] ou Ernest Renan.
Dans son Autoportrait du musée du Prado, on peut voir comment sa peinture a évolué vers des formes plus audacieuses, en grattant le pinceau et en utilisant la spatule, avec un colorisme étendu, ce qui lui valut d'être considéré comme un peintre académique.
Portraitiste à succès, il est comblé d'honneur et devient membre de l'Académie en 1881[2].
Les sujets religieux
La peinture religieuse de l'époque n'était pas toujours d'une dévotion suffisamment canonique aux yeux de l'Église ou de l'administration qui pourvoyait aux ornements du culte. Bonnat fait partie des rares élus qui parviennent à concilier le Salon et l'autel. Son Saint Vincent de Paul prenant la place d'un galérien , grand succès au Salon de 1866, se voit toujours à l'Église Saint-Nicolas-des-Champs. Ce tableau à sensation, aux effets anatomiques musclés rappelle l'Espagne[5].
Il est l'auteur du Martyre de Saint-Denis, fresque murale de 1880 au Panthéon de Paris.
Le professeur
Nommé chef d'atelier de peinture de 1888 à 1905, à l'École des beaux-arts de Paris, où il forme de nombreux élèves dont Toulouse-Lautrec, Dufy et Friez[2].
Selon les élèves qui ont traversé ses salles de classe, c'est un excellent professeur. Comme tous les professeurs de l'École, il est chargé d'instiller la liberté d'interprétation et la liberté d'exécution. Il leur fait connaître la peinture espagnole et recommande le voyage à Madrid pour visiter le musée du Prado. Il introduit ainsi "la manière de peindre à l'espagnole", ce qui influencera l'évolution de la peinture française.
Il est nommé Grand-croix de la Légion d'honneur le [6].
Entre 1900 et 1922, il dirige les Musées nationaux.
Directeur de l'École des beaux-arts en 1905 en remplacement de Paul Dubois décédé, il le restera jusqu'à sa mort.
Il meurt à Monchy-Saint-Éloi en 1922[7], léguant une importante collection de peintures, de dessins et de sculptures au musée Bonnat-Helleu à Bayonne. Il est inhumé au cimetière Saint-Étienne de Bayonne.
- Autoportrait (1855), Paris, musée d'Orsay.
- Portrait de l'artiste (1916) huile sur toile, Paris, musée d'Orsay.
Réception critique
Théophile Gautier rédige une dizaine de critiques sur les tableaux de Bonnat dans Le Moniteur universel. Il dira de ses Paysans napolitains qu'ils sont une « petite merveille[9] ». Il figure ainsi parmi les premiers exposant de la Société nationale des beaux-arts en 1863.
La critique cependant n'a pas toujours épargné Bonnat, qui se plaint dans une lettre à Théophile Gautier du : « on me maltraite fort cette année[10] ». Il fait allusion à la réception d’Antigone conduisant Œdipe aveugle, dont le réalisme semble vulgaire aux critiques habitués aux représentations d'une Grèce classique idéalisée.
Mais il a ses défenseurs, comme Théodore Véron qui voit paradoxalement en lui une des « têtes du mouvement réaliste », et loue à propos d'un Christ « cette dramatique interprétation du Sauveur […] [qui] troubla la plupart des esprits bornés aux sempiternels clichés. Ce fut une révolte générale contre cette insurrection de la pensée libre[11] ».
La dominante brune des toiles de Bonnat a fait l'objet de nombreuses plaisanteries scatologiques chez ses détracteurs, notamment de la part d'Alphonse Allais dans ses chroniques[12].
Collections publiques
- Aux États-Unis
- New York, Metropolitan Museum of Art
- Aigle liant un lièvre, dit aussi An Eagle catching an Hare, 1898, gravure[13]
- Jeune fille romaine à la fontaine, dit aussi Roman Girl at a Fountain, 1875, huile sur toile[14]
- La lutte de Jacob, dit aussi Jacob Fighting with the Angel, 1876, gravure[15]
- Pays basque, Saint-Jean-de-Luz, dit aussi Basque Country, Saint Jean de Luz, 1898-99, gravure[16]
- Paysanne égyptienne et son enfant, dit aussi An Egyptian Peasant Woman and Her Child, 1869-70, huile sur toile[17]
- Portrait de John Taylor Johnston (1820-1893), 1880, huile sur toile[18]
- En France
- Bayonne, musée Bonnat-Helleu :
- Autoportrait à dix-sept ans, 1850, huile sur toile, 44 × 34 cm[19]
- Job, 1880, huile sur toile, 162 × 130 cm[5]
- Idylle
- Portrait d'Ignacy Paderewski, huile sur toile, 78 × 58 cm[2]
- Chantilly, musée Condé.
- Creil, musée Gallé-Juillet : Portrait de Marie-Charlotte Trélat enfant[20], dépôt du musée d'Orsay[21].
- Dijon, musée des beaux-arts :
- Paysage de Jéricho, 1868, huile sur toile, 24,8 × 32,9 cm ;
- Le Sinaï, 1868, huile sur papier marouflé sur toile, 15 × 33 cm ;
- Arabe enlevant une épine de son pied, vers 1868-1869, huile sur toile, 43,5 × 60,5 cm ;
- Portrait de Henri Delaborde, 1886, huile sur toile, 70 × 60 cm.
- Paris :
- hôtel de ville: Le Triomphe de l'Art.
- musée d'Orsay :
- Portrait de l'artiste, 1855, huile sur toile marouflée sur bois, 46 × 37 cm[22]
- Madame Pasca, 1874, huile sur toile, 222 × 132 cm[23]
- Intérieur de la chapelle Sixtine, 1875-1880, huile sur toile, 46 × 59 cm[24]
- Jules Grévy, 1880, huile sur toile, 111 × 147 cm[25]
- Autoportrait, 1916.
- Versailles, musée de l'Histoire de France.
- En Grèce
- Athènes, Pinacothèque nationale : Portrait d'Aimilia Salvagou, 1894[26].
- En Italie
- Florence, Corridor de Vasari : Autoportrait, 1905.
Galerie
- La Résurrection de Lazare (1857), Bayonne, musée Bonnat-Helleu.
- Jeune femme faisant la charité à l'entrée de la chapelle de l'hôpital San Sebastian à Cordoue (1863), Castres, musée Goya.
- Jeune fille romaine à la fontaine (1875), New York, Metropolitan Museum of Art.
- Portrait de Jean Gigoux (1880), musée des beaux-arts et d'archéologie de Besançon.
- Le Triomphe de l'Art (1894), salon des Arts de l'hôtel de ville de Paris.
- Le Combat de Jacob avec l'Ange, 1876.
- Crucifixion, 1880.
Élèves
- Raymond Allègre.
- Jules-Charles Aviat.
- Marius Avy.
- Léon Barillot[27].
- Árpád Basch.
- Henri Beau.
- Jean Béraud.
- Louis Béroud.
- Abel Bertram, en 1890.
- Georges Lucien Boichard.
- Camille Bourget[28].
- Georges Braque.
- Anna Cabibel.
- Gustave Caillebotte.
- Léon Carré, en 1896.
- Achille Cesbron.
- Paul Charavel.
- Vittorio Corcos.
- André Eugène Costilhes.
- Eugène Cottin.
- Henri Dabadie.
- Emmanuel Damoye.
- Georges Delfosse[29].
- Jules-Adolphe Delmotte.
- Gabriel Deluc.
- Auguste Desch.
- Charles Descoust.
- Georges de Dramard.
- Raoul Dufy.
- Julien-Adolphe Duvocelle[30].
- Thomas Eakins.
- Hubert-Denis Etcheverry.
- Julie Delance-Feurgard.
- Léo Fontan, vers 1906.
- Stanhope Forbes.
- Othon Friesz.
- Walter Gay.
- Henri Jules Jean Geoffroy.
- Camille Godet, de 1898 à 1900.
- Paul Graf.
- Paul Antoine Hallez.
- Robert Harris[31].
- Georges Hébert.
- Alphonse Hirsch.
- Gaston Hoffmann.
- Marguerite Jacquelin.
- Laurent Jacquot-Defrance.
- Charles-Boris de Jankowski.
- William Julian-Damazy.
- Peder Severin Krøyer, entre 1877 et 1881.
- Paul de La Boulaye.
- Charles Laval.
- Raimond Lecourt.
- Adolphe-Frédéric Lejeune.
- Alexis Lemaistre.
- Jean-Julien Lemordant.
- Auguste Leroux.
- Georges Paul Leroux.
- Jean Marchand.
- Anatole Marquet de Vasselot.
- Charles Martin-Sauvaigo.
- Caroline de Maupéou.
- Joseph Paul Meslé, vers 1875.
- André Louis Mestrallet.
- Edvard Munch.
- Louis Muraton.
- Alphonse Osbert.
- Henri Pailler.
- Lucien Pénat.
- Georges Joseph Rasetti.
- Charles Francisque Raub.
- Stanislaw Rejchan
- Perico Ribera.
- Pierre-Gaston Rigaud.
- Arsène-Hippolyte Rivey.
- Gabriel Roby.
- Alfred Roll.
- Maurice Ruffin, en 1900.
- Joseph Saint-Germier.
- John Singer Sargent.
- Michel Simonidy.
- Henry Siddons Mowbray.
- Georges Souillet.
- Marc-Aurèle de Foy Suzor-Coté[32].
- Salomon Taib
- Henri de Toulouse-Lautrec.
- Marius Vasselon.
- Fortuné Viguier.
- Charles-Albert Walhain.
- Émile Georges Weiss.
- Gustav Wentzel.
- Henri-Achille Zo.
- Gustaf Cederström.
- Eugène de Suède
Hommage
Notes et références
- « https://archives.yvelines.fr/rechercher/archives-en-ligne/correspondances-du-musee-departemental-maurice-denis/correspondances-du-musee-maurice-denis », sous le nom BONNAT Léon (consulté le )
- Marianne Delafond, De Le Brun à Vuillard Catalogue d’exposition, Institut de France, , 205 p., p. 134-135
- Tableau présenté au Salon des artistes français de 1882, classé au titre des Monuments historiques le . Source : notice de Michaël Vottero consacrée au Portrait de M. Puvis de Chavannes (conservé à Champagnat, collection privée) publiée dans Du calice à la locomotive : objets de Saône-et-Loire, Éditions Lieux Dits, Lyon, 2021 (ISBN 9782362191862).
- 1890, Chantilly, musée Condé.
- Stéphane Guégan, « L'Espagne au Salon du Romantisme à Manet », Connaissances des arts HS n° 182 De Manet à Velasquez, , p. 51
- « Dossier de l'ordre de la Légion d'honneur de Joseph Florentin Léon Bonnat », base Léonore, ministère français de la Culture
- Louis Vauxcelles, « La mort de Léon Bonnat », L'Amour de l'art, , p. 288
- Collection d'autoportraits du Musée des Offices, (it) Wolfram Prinz (et aut.), « La collezione di autoritratti : Catalogo generale », dans Gallerie degli Uffizi, Gli Uffizi, Florence, Centro Di, (1re éd. 1979), 1211 p. (ISBN 88-7038-021-1), p. 816.
- Le Moniteur universel, 12 juin 1866.
- Théophile Gautier, Claudine Lacoste-Veysseyre, Pierre Laubriet, Correspondance générale, Genève/Paris, Librairie Droz, , 606 p. (ISBN 2-600-00075-5), lettre 3405, p. 71.
- Théodore Véron, Le salon de 1876 : mémorial de l'art et des artistes de mon temps, Poitiers, .
- Alphonse Allais, L’Arroseur, Paris, Juven et Cie, (lire sur Wikisource), « Véritable Révolution dans la Mousqueterie française », p. 98-100.
- (en) « Collection. An Eagle Catching a Hare », sur The Met (consulté le )
- (en) « Collection. Roman Girl at a Fountain », sur The Met (consulté le )
- (en) « Collection. Jacob Fighting with the Angel », sur The Met (consulté le )
- (en) « Collection. Basque Country, Saint Jean de Luz », sur The Met (consulté le )
- (en) « Collection. An Egyptian Peasant Woman and Her Child », sur The Met (consulté le )
- (en) « Collection. John Taylor Johnston (1820–1893) », sur The Met (consulté le )
- Alain Bonnet, Face à Face, , 262 p. (ISBN 2-85056-332-3), p. 45
- « peinture,tableau,(D.701) », sur webmuseo.com (consulté le )
- « Musée d'Orsay: Notice d'Oeuvre », sur www.musee-orsay.fr (consulté le ).
- « Autoportrait 1855 », sur Musée d'Orsay (consulté le )
- « Mme Pasca », sur Musée d'Orsay (consulté le )
- « Chapelle Sixtine », sur Musée d'Orsay (consulté le )
- « Jules Grévy », sur Musée d'Orsay (consulté le )
- (en) Pinacothèque nationale d'Athènes, « Collections | Portrait of Aimilia Salvagou », sur www.nationalgallery.gr (consulté le ).
- Catalogue de la 28e exposition des beaux-arts d'Amiens.
- Camille Bourget.
- Dagenais, Jean-Guy (coll.), Delfosse, Georges dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003, consulté le 2 février 2019.
- Notice du musée d'Orsay : Crâne aux yeux exorbités de Julien-Adolphe Duvocelle.
- Williamson, Moncrieff, Harris, Robert dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003–, consulté le 2 février 2019.
- Lacroix, Laurier, Suzor-Coté, Marc-Aurèle de Foy dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003, consulté le 2 février 2019.
Annexes
Bibliographie
- Dictionnaire Bénézit
- (en) « Bonnat, Léon Joseph Florentin (1834-1922), Painter, watercolourist, draughtsman », entrée du Dictionnaire Bénézit référencée dans la base Oxford Index.
- Vincent Ducourau et Arlette Sérullaz, Dessins français du XIXe siècle du musée Bonnat à Bayonne, Réunion des musées nationaux, Paris, 1979. Catalogue de l'exposition au musée Bonnat.
- Marcel Pays, « Léon Bonnat, peintre et collectionneur », L'Art et les Artistes, tome IV, 1921-1922, pp. 129-143 (lire en ligne).
- Les dessins de la collection Léon Bonnat au musée de Bayonne, Paris, Presses universitaires de France, 1925-1926, 90 p. (lire en ligne).
- Guy Saigne, Léon Bonnat, le portraitiste de la IIIe République, Paris, Mare et Martin, 2017, 704 p. (ISBN 979-10-92054-75-0).
Iconographie
- Ricardo de Los-Rios, Léon Bonnat dans son cabinet de travail, vers 1896, huile sur toile, Bayonne, musée Bonnat-Helleu.Notice du catalogue, musée Bonnat-Helleu.
- Paul Boyer, Léon Bonnat, vers 1899, photographie, Collection Félix Potin.
Liens externes
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- (en) « Léon Bonat » sur Artcyclopedia.
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