Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis

L'université de Paris VIII[1], autrefois connue aussi sous le nom d’« université de Vincennes », et actuellement sous celui d'« Université Paris 8 Vincennes – Saint-Denis »[2], est une université française créée en 1971.

Université de Paris VIII Vincennes–Saint-Denis
Histoire
Fondation
Statut
Type
Forme juridique
Établissement public national à caractère scientifique culturel et professionnel (d)
Nom officiel
Université Paris-VIII
Président
Annick Allaigre (d) (depuis )
Membre de
Site web
Chiffres-clés
Étudiants
22 023 ()
Enseignants
1 058 (en 2021-2022)
Budget
121 142 278 euros ()
Localisation
Pays
Campus
Localisation

Elle est l'héritière du Centre universitaire expérimental de Vincennes, créé dans la foulée du mouvement de 1968 pour être un foyer d'innovation ouvert au monde contemporain, où se sont investis de nombreuses personnalités intellectuelles de l'époque, parmi lesquelles de nombreux représentants de la French Theory.

Elle a été déménagée, contre la volonté d'une partie de ses responsables et de ses usagers, à Saint-Denis en 1980[3].

Université spécialisée dans les sciences humaines et sociales, elle accueille 21 190 étudiants, 1058 enseignants-chercheurs, et 677 membres du personnel administratif[4].

Y trouvent également résidence 33 unités de recherche dont 8 associées au CNRS, 4 écoles doctorales, 1 Idefi (CreaTIC) en 2012, 1 EUR (EUR ArTeC) en 2018, un centre d'excellences d'excellence relations internationales et stratégie du ministère des Armées (GEODE) en 2021[5].

Elle est l'initiatrice du projet du Campus Condorcet lancé en 2008 et qui ouvre ses portes en 2019.

Depuis 2014, elle est membre de la communauté d'universités et établissements Université Paris Lumières.

Depuis 2020, elle fait partie d'une université européenne, l'European Reform Universities Alliance[6].

Histoire de l'université

Vincennes (1969-1980)

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L'histoire de « Paris 8 » commence au Centre universitaire expérimental de Vincennes créé à l'automne 1968, dans l'après mai 68[7]. Des intellectuels comme Hélène Cixous, Gilles Deleuze, Jean-François Lyotard, André Miquel, Jean Douchet s'y impliquent.

Le général de Gaulle, à la fois pour éloigner les étudiants les plus violemment contestataires de Paris, et pour les mettre au défi de réaliser leurs aspirations, a l'idée de leur offrir une faculté dotée d'une très large autonomie pédagogique et financière. Son ministre de l'éducation Edgar Faure est, de son côté, intéressé par la proposition d'un Centre universitaire expérimental que lui fait un collectif de professeurs de l'université de Paris animé par Raymond Las Vergnas, doyen de la Sorbonne.

Le décret de création du Centre est signé en et le Centre universitaire expérimental de Vincennes, ouvert aux non-bacheliers, accueille ses premiers étudiants en , sur un terrain appartenant à la ville de Paris.

Tout d'abord Centre universitaire expérimental, l'université de Vincennes ré-envisage les rapports traditionnels entre professeurs et étudiants (professeurs et élèves s'envisagent comme des camarades) mais aussi entre l'université et le monde extérieur : l'université est ouverte aux non-bacheliers et elle est aussi largement ouverte aux étrangers.

Ses enseignements sont souvent inédits à l'université et Paris 8 étrenne des départements encore jamais vus dans l'université française tels que par exemple le cinéma, la psychanalyse, les arts plastiques, le théâtre, l'urbanisme, l'hypermédia, l'intelligence artificielle, etc.).

Ses choix pédagogiques sont innovants : instauration des UV, ancêtres des UE, (semestriels et capitalisables, très en avance sur leur temps), stricte égalité des services entre enseignants quel que soit le statut (les maîtres assistants en font autant que les professeurs), très peu de cours en amphithéâtre, pas de distinction entre cours magistraux et travaux dirigés. Certains départements et enseignants suppriment les traditionnels contrôles sur table et les échelles courantes d'évaluation. Une de ses innovations pédagogiques fut la pluridisciplinarité, qui permit notamment des collaborations entre des enseignants et chercheurs de disciplines aussi diverses que la philosophie, la sociologie, les mathématiques, la littérature et l'histoire.

Au début des années 1970, le département d'anglo-américain passe pour le plus structuré, ayant calqué le modèle universitaire américain. La notion d'unités de valeurs, introduite dès le début à Vincennes, conçue sur le modèle des crédits universitaires américains, se substitue aux cursus prédéfinis, est par la suite adoptée dans un grand nombre d'universités françaises. Les diplômes ainsi délivrés sont reconnus par l'Éducation nationale (licence et maîtrise d'enseignement, doctorat).

Un des traits souvent signalés comme étant caractéristiques de l'université de Vincennes était sa forte politisation. communistes, maoïstes et d'autres courants de la gauche (mais aussi hors de la gauche) se trouvaient plus ou moins mélangés dans les différents départements, ce qui ne fut pas sans conséquences sur les relations pédagogiques (enseignants-étudiants), les relations intra-département (enseignants-enseignants), les relations université-ministère et même sur les contenus des enseignements (en particulier en philosophie et sciences humaines). La gestion de l'université est caractérisée par l'affrontement entre les mouvements gauchistes maoïstes, trotskistes, etc., qui refusent de participer à cette gestion, et les communistes et leurs alliés (socialistes et non engagés) qui l'estiment nécessaire à la survie de l'université.

En 1979, les « non participationnistes » présentent des listes de candidats aux élections universitaires, mettant fin de fait à cette coupure.

Jusqu'en 1980, l'université de Vincennes voit peu à peu son état matériel et pédagogique se dégrader : des éléments du mobilier sont dévastés ou volés, la saleté confine à l'insalubrité, des rumeurs d'inscriptions factices, des problèmes d'évaluation des étudiants conduisent au refus d'homologation des diplômes de l'université.

Saint-Denis (depuis 1980)

Sur le site de Saint-Denis, entrée de l'université entre 1981 et 1998.

En 1980, à l'initiative de Jacques Chirac, maire de Paris, et sur instruction d'Alice Saunier-Seïté, ministre des Universités dans le troisième gouvernement Barre[8], l'université est expulsée du Bois de Vincennes, et les bâtiments sont rasés pourtant ils étaient prévus « pour durer cinquante ans »[9] selon les dires de Pierre Merlin, président de l'université de 1976 à 1989.

Le Canard enchaîné titre : « Alice a perdu ses facultés ». La ministre commente : « De quoi se plaignent-ils ? Leurs nouveaux bâtiments seront situés entre la rue de la Liberté, l'avenue Lénine et l'avenue Stalingrad, et ils sont chez les communistes[10]. »

L'université est transférée à Saint-Denis. Le déménagement se fait contre la volonté des enseignants et des étudiants de Paris 8[11] qui parlent à l'époque de « démantèlement » et se battent quatre ans contre le projet. Selon Bernard Charlot, du département des sciences de l'éducation, personne n'était content : « La fac ne voulait pas y aller, et la ville ne voulait pas de la fac : une fac gauchiste dans une ville communiste, vous pensez ! »[12].

La destruction des 40 000 m2 des locaux du bois de Vincennes, sous la protection de centaines de policiers, est aussi une très mauvaise opération financière : les bâtiments avaient été bâtis en dur et pouvaient résister au temps.

Les premiers locaux dionysiens, placés le long d'une voie à forte circulation, sont toujours en place aujourd'hui, mais le site s'est agrandi et de nouveaux locaux y sont ajoutés régulièrement afin d'assurer un accès viable à la population estudiantine croissante.

Développements récents

De nouveaux développements d'infrastructures continuent de modifier l'université.

En 1990 est créée une filière d'enseignement à distance, en association avec le CNED, qui prend la forme en 1997 d'un institut appelé l'Institut d'enseignement à distance. Il propose des formations en psychologie principalement, mais aussi en sciences de l'éducation, en droit et en informatique.

En 1992 et 1998 sont créés deux Instituts universitaire de technologie (IUT), à Tremblay-en-France et à Montreuil.

Sur le site de Saint-Denis, entrée de l'université depuis 1998.

En 1998, les deux rives de la voie rapide qui traverse le campus de Saint-Denis sont reliées par un pont qui abrite la nouvelle bibliothèque de Paris 8 qui dépasse en superficie la bibliothèque du Centre Pompidou[13].

Simultanément, une station de métro Saint-Denis - Université est inaugurée, modifiant quelque peu le rapport que l'université entretient avec la ville : les étudiants ne traversent plus Saint-Denis puisque leur station de métro débouche sur le parvis en face de l'université.

En 2006, le Bâtiment D sort de terre, remarquable par ses courbes et sa vêture de panneaux de verre translucide ; il abrite les UFR d'AÉS-ÉG, TES, l'IED, l'IFG ainsi que des laboratoires de recherche.

En 2008, un nouvel immeuble, de couleur rouge brique abritant le restaurant universitaire est mis en service ; ainsi qu'un petit nombre de logements pour les étudiants étrangers et un logement de fonction[14].

En 2008, l'université ainsi que sept autres établissements des sciences humaines et sociales lancent un projet de campus afin de rassembler sur le même lieu un lieu de recherche commun en sciences humaines et sociales. Ce lieu deviendra en 2009 le Campus Condorcet qui ouvrira ses portes en 2019[15].

En 2009, un espace est arborisé au milieu de l'ensemble des nouveaux bâtiments.

En 2010, une Maison des étudiants, d'une surface de 730 m2, ronde et recouverte d'un treillis de métal argenté, est construite sur le campus[16]. Elle regroupe les services liés à la vie étudiante, à la médecine préventive, au CROUS (Centre régional des œuvres universitaires et scolaires), ainsi qu'aux organisations étudiantes.

En 2019, une Maison de la recherche, d'une surface de 3 616 m2, recouverte d'un treillis de métal argenté et conçue en « zéro énergie », est construite le long de la rue de la Liberté pour regrouper les activités de recherche de l'université. Elle propose un espace de séminaire, une salle de conférence sur deux niveaux descendants avec un comptoir-bar, un espace d’exposition, des locaux techniques, des espaces de réserves, un local vélo ainsi que le logement du gardien[17].

En 2020 est créé l’incubateur I-Engage, en partenariat avec l'université Paris-Nanterre. Cet incubateur lancé au sein du Centre numérique d’innovation sociale (CNIS) de l'université de Paris VIII Vincennes-Saint-Denis a pour but d'accompagner les porteurs de projets dans le secteur de l'économie solidaire dans le territoire de la Seine-Saint-Denis[18].

En 2020, l'université est labellisée par la Commission européenne pour devenir une université européenne à travers le projet ERUA (European Reform Universities Alliance[19]). Celle-ci est formée des universités de Roskilde au Danemark, de Constance en Allemagne, de la mer Egée en Grèce et de la Nouvelle Université Bulgare en Bulgarie[20],[21].

En 2025, le bâtiment H devrait sortir de terre pour une surface d’environ 4700 m². À l'instar de la Maison de recherche, dont il sera voisin, il s'inscrit dans une perspective durable. Ce bâtiment est construit pour regrouper l'ensemble des activités de l'UFR Arts de l'établissement. Il proposera ainsi un ensemble d'équipements adaptés aux enseignements et aux pratiques artistiques. Entre autres, il comprendra une salle de spectacle, une salle de danse, une salle d’exposition, des studios de captation de son, de photographie et de tournage, diverses salles de cours et de réunion[22].

Campus Condorcet (depuis 2009)

Si l'université a dû déménager de manière contrainte en 1980 du bois de Vincennes à Saint-Denis, le Campus Condorcet s'inscrit dans une autre dynamique. Ainsi l'université Paris-8 tout comme 9 autres structures de recherche ou d'enseignement français (l'École pratique des hautes études, École des hautes études en sciences sociales, École nationale des chartes l'université Panthéon-Sorbonne, l'université Sorbonne Nouvelle, l'université Sorbonne Paris Nord, le CNRS, l'Institut national d'études démographiques et la Fondation Maison des sciences de l'homme) se sont réunis autour de ce projet ayant comme vocation de développer des relations entre eux pour pouvoir valoriser l'enseignement et la recherche en sciences humaines et sociales afin d'être l'un des principaux campus dans ses disciplines à l'échelle européenne voire mondiale[23].

L'objectif n'est pas de remplacer le campus actuel de Saint-Denis au Campus Condorcet mais d'abriter une partie des masters recherche au doctorat ainsi qu'une partie des unités de recherches. En 2021, sur les 33 unités de recherche, 21 s'y trouvent implantés[24].

Unités de recherche de l'Université hébergées sur le Campus Condorcet
Archéologies et sciences de l'antiquité - ARSCAN - UMR7041
ArTec - EUR
Arts des images et art contemporain - EA4010
Centre de recherches sociologiques et politiques de Paris - CRESPPA - UMR 7217
Centre interdiciplinaire de recherche culture, éducation, formation, travail (CIRCEFT) - EA4384
Cognitions humaine et artificielle - Chart - EA 4004
Esthétique, musicologie, danse et créations musicales - EA1572
Fablitt Fabrique du littéraire - EA 7332
IFG-LAB - EA 353
Géopolitique de la datasphère - GEODE
Institut d'histoire du temps présent - IHTP - UMR 8244
Institutions et dynamiques historiques de l'économie et de la société - IDHES - UMR 8533
L'Université coopérative internationale - LUCI
LABEX Arts - H2H - LABEX H2H
Laboratoire d'études - EA4385
Laboratoire d'informatique avancée de Saint-Denis (LIASD)
Laboratoire de psychopathologie et de neuropsychologie - EA2027
Laboratoire Dynamiques sociales et recomposition des espaces - LADYSS - UMR 7533
Laboratoire Paragraphe - EA 349
LAVUE Laboratoire architecture, ville, urbanisme, environnement - UMR 7218
TransCrit - EA1569

Composantes

L'université compte 11 unités de formation et de recherche (UFR), 3 instituts et 2 IUT[25].

Unités de formation et de recherche

Les enseignements et les départements qui deviendront plus tard des UFR ont été sources d'innovation, partagés entre renouvellement épistémologique ou entrée de nouvelles disciplines dans l'université française. En 2022, même si les nouveautés issus du Centre universitaire expérimental de Vincennes s'est institutionnalisé, la vocation critique et d'innovation des enseignements et de la recherche perdure : Création littéraire[26], Enjeux stratégiques et géopolitiques de la révolution numérique[27], Études transnationales et transculturelles[28], Transitions écologiques, économiques et sociales[29], etc en sont des exemples des 10 dernières années.

Ainsi nous retrouvons en 2022[30],[31],[32] :

  • UFR AÉS (Administration, économie et gestion).
  • UFR Arts — Le département comporte des départements en Arts Plastiques, Arts et Technologie de l'Image, Cinéma, Danse, Musicologie, Photographie et multimédia, Théâtre et philosophie. L'université Paris 8, autrefois Vincennes, vit les premiers départements universitaires français en matière d'art dès 1969. Le département de philosophie vit le jour la même année grâce à Michel Foucault ; c'est un bastion de la French Theory.
  • UFR Culture et communication créé en 1984 offrant des formations du premier au troisième cycle en la matière.
  • UFR Droit — Le département comporte entre autres un Institut d’Études Judiciaires afin de préparer les étudiants de l'université pour passer les concours et examens aux carrières juridiques et judiciaires.
  • UFR ériTES (Études, recherche et ingénierie en territoire & environnements). Il est par échange multidisciplinaire comportant des formations en géographie, en mathématique et informatiques appliqués aux sciences humaines et sociales et sur l'espace euro-méditerranéen. Ce dernier créé entre 1991 et 1992 suit un objectif d'enseignement et de recherche interdisciplinaire sur l'espace Europe-Maghreb à travers un diplôme de Master 1 et 2.
  • UFR LLCÉR-LÉA (Langues, langues appliquées). L'étude des langues au sein du centre universitaire de Vincennes puis l'université Paris 8 a vu coupler des langues étudiés traditionnellement (allemand, anglais, espagnol, italien, portugais) avec des langues dites "orientales" dont l'étude était jusqu'à alors réservés hors universités mais par les grande écoles comme l'INALCO: l'arabe, l'hébreu, le russe, le chinois, le coréen et le japonais en font ainsi partis. De plus des langues à statut régional sont étudiés et enseignés pour la première fois dans le système universitaire française. Ce fut le cas du berbère ou encore du catalan par exemple.
  • UFR STN (Sciences et technologies du numérique). Dès la création en 1969 du département par Yves Lecerf, Hervé Huitric entre autres ont la volonté d'associer les sciences exactes, l'art et les sciences humaines. Cette interdisciplinarité eut pour conséquence notable d'enseigner et d'effectuer de la recherche en informatique pour la première fois dans l'enseignement supérieur en France.
  • UFR Psychologie.
  • UFR SEPF (Sciences de l’éducation, psychanalyse et com/français langue étrangère). Elle permit d'introduire un département de psychanalyse dans l'enseignement supérieur et la recherche en France dès 1968, une première. Sans pour autant y enseigner, l'influence des travaux de Lacan et de ses successeurs y est très preignant.
  • UFR SDL (Sciences du langage) dont le début est initié dès la décennie des années 1970 en ayant une réflexion "expérimentale" sur la linguistique formelle (syntaxe, phonologie, sémantique, morphologie et métrique), sur l'exploitation constructive de la richesse linguistique de la population étudiante, une réflexion sur la grammaire française et l'articulation entre linguistique, didactique et acquisition. Elle s'appuie également sur les travaux de John Lyons, Noam Chomsky, Julia Kristeva, entre autres, qui bousculent les théories du langage établies jusqu'alors. Des personnalités tels que Jean-Claude Chevalier, Jean Dubois, Maurice Gross, Nicolas Ruwet sont à l'origine de cet enseignement et recherche. Ce qui eu pour conséquence d'introduire l'une des premières formations universitaires française en langue des signes dès 1998 portée par Christian Cuxac par le biais d'une approche à la fois théorique et pratique de la linguistique.
  • UFR Textes et Sociétés où s'associe des formations en littérature, l'histoire, la sociologie s'inscrit dès ses débuts en 1969 de les analyser sous un postulat épistémologique de la théorie critique. La réflexion en littérature a pu entraîner la création en 1974 du premier centre d'études féminines en France par Hélène Cixous et qui permettra la venue des études de genre dans l'université française. Pour ce qui s'agit de l'Histoire, la réflexion a mené à porter l'Histoire du temps présent en France dont l'Institut d'histoire du temps présent marqua son institutionnalisation dans la pensée universitaire française. La sociologie tant qu'à elle fut rapidement à l'anthropologie où les deux ont permit de trouver ses lettres de noblesses pour une institution universitaire française encore retissante encore à ses disciplines de sciences humaines et sociales perçu comme récent[33]. Aujourd'hui la science politique fait partie de ce département où la discipline a vu le fait de s'intéresser aux questions du fait politique non pas sous l'angle juridique habituellement traitée jusqu'à alors mais sous un angle pluridisciplinaire via l'Histoire, la philosophie ou encore la sociologie. Le deuxième point est de coupler l'approche théorique mais également à des approches pratiques actuels.

Instituts universitaires de technologie

Autres composantes

  • L'École universitaire de recherche ArTeC (EUR ArTeC)[36]. Fondée en 2018 dans le cadre de la ComUE Université Paris Lumières, propose un Master transdisciplinaire, à la croisée des sciences humaines et sociales, des arts, de la communication, du numérique et de l’informatique mais également un diplôme universitaire préparant le doctorat ainsi qu'un certain nombre de masters d'universités tels l'Université Paris 8 ou celle de l'Université Nanterre voir même d'écoles ou d'organismes publics tels l'ENS Louis-Lumière, l'INA, l'ENS Cachan, l'Ecole des Chartes.
  • Le Nouveau Collège d'études politiques (NCEP)[37] . Fondé en 2016 dans le cadre de la ComUE Université Paris Lumières. Elle se veut une formation d'études critique au fait politiques et pluridisciplinaire. Une mobilité internationale et deux expériences professionnels s'inscrivent ainsi au cœur du cursus. NCEP propose une entrée en L2 après une L1 en sciences humaines et sociales. 4 parcours thématiques sera proposés ("Pratiques de la justice sociale", "Violences et guerres", "Les mots de la politique", "Ethiques et politiques") et d'un master avec 2 parcours ("Violence et politique" et "Discours et techniques du politiques)
  • L'Institut français de géopolitique (IFG)[38]. Fondé en 2002 mais connaît la création d'un DEA dès 1989. L'IFG permit le retour en grâce de la géopolitique en France après une nouvelle réflexion épistémologique sur celle-ci mené le géographe français Yves Lacoste et du projet intellectuel de la revue géographique et géopolitique Hérodote. L'Institut universitaire propose un Doctorat, un Master avec 4 spécialités (« Gestion des risques géopolitique », « Cyberstratégie et terrain numérique », « Les nouveaux territoires de la compétition stratégique », « Géopolitique locale et gouvernance territoriale »), et un Diplôme d'université (« Révolution numérique : enjeux stratégiques et géopolitiques »).
  • L'Institut d'enseignement à distance (IED). Fondé en 1997, l'IED propose 15 formations relevant de quatre champs disciplinaires (psychologie, sciences de l’éducation, droit, informatique). Il accueille 5 200 étudiants de 54 pays du monde, et dispose de son budget propre (1,8 M€)[39]
  • L'Institut d’études européennes (IÉE). Fondé en 1992 d'inscrire les étudiants dans une dimension européenne et multilingue. L'IEE connaît des relations importantes avec de grandes écoles tels l'Institut national du service public, le Collège d'Europe. L'IÉE propose un doctorat, un master avec quatre spécialités[40] ("Commerce international et marketing export", "Politiques et gestion de la culture en Europe", "Union européenne et mondialisation" et "Villes européennes : Urbanisme, aménagement et dynamiques sociales"), une Licence professionnelle ("Métiers du commerce international"), et un diplôme d'université ("Etudes européennes et internationales)[41].
  • Les Presses universitaires de Vincennes (PUV). Service commun de l’université les PUV existent depuis 1982 et produisent environ 20-25 volumes par an et deux revues bilingues. Les PUV possède un fonds de plus de 500 titres, répartis entre dix huit collections et huit revues[42].
  • Le Service universitaire de formation initiale et continue pour l’enseignement (SUFICE). Service commun de l’université, le SUFICE prépare aux concours nationaux de l'enseignement (CAPES et agrégation) et met en œuvre des stages de formation continue destinés notamment aux professionnels de l’éducation nationale.
  • La formation permanente (FP). Structure lucrative au sein de l'université, la FP propose l'ensemble des licences et masters de l'université en validation des acquis et des formations regroupées autour de huit pôles allant de niveau Bac+2 au Bac+5 : administration-management des ressources humaines, communication et digital, culture, droit, droit et santé, formation et enseignement, langue des signes française, psychologie et travail[43].

Ancien département

  • Le département qui deviendra rapidement un Institut universitaire d'urbanisme a été créé dès 1968. Il a pour vocation d'enseigner et de faire de la recherche sur l'aménagement urbain. Jusqu'à alors l'urbanisme était étudié auprès d'écoles spécialisés tels des écoles d'architectures. Ce n'est qu'en 1976 qu'il connaît une autonomie au sein de l'université pour devenir l'Institut Français d'Urbanisme avant de fusionner avec l'Institut d'urbanisme de Paris pour devenir l'École d'urbanisme de Paris. Le nouveau organisme sera rattaché sous décision de l'Etat à l'Université Gustave Eiffel sur la Cité Descartes.

Formation et recherche

Les enseignements

Façade d'entrée de l'université.

L'Université de Paris VIII propose de nombreux diplômes, organisés selon le schéma LMD : 7 DUT, 26 licences, 10 licences professionnelles, 45 masters, 43 doctorats.[44]

L'Université de Paris VIII est avant tout consacrée aux Sciences humaines et sociales, aux lettres et aux langues.

En 2022 encore, les enseignements à l'université Paris 8 sont marqués par les innovations pédagogiques héritées du Centre universitaire expérimental de Vincennes qui sont entre autres, par exemple :

  • la différence habituelle entre cours magistraux et travaux dirigés n'est pas marquée : tous les enseignants dispensent des cours à la fois théoriques et pratiques, quels que soient la matière et le statut de l'enseignant ;
  • les cours ne se donnent jamais en amphithéâtre (ou très peu: il n'y a que 5 amphis pour toute l'université) ;
  • le contrôle continu est la règle.

D'autres innovations faisant exception dans le monde universitaire français continuent à émerger, telles que des pratiques de classes inversées par exemple, qu'on retrouve au sein du bâtiment B du campus.

Relations internationales

Les relations internationales de l'Université de Paris VIII ont toujours été une priorité[45].

Créé en 1987, le Service des relations et de la coopération internationale (SERCI) fut le premier service des relations internationales mis en place au sein d’une université française[39].

En 2020, l'université européenne a pour vocation à terme que chaque étudiant inscrit à l'université devra suivre une partie de leurs études dans au moins une des universités partenaires de l'alliance européenne et aura au moins un double diplôme de l'université d'origine et l'université hôte[46].

Les structures de recherche

Les enseignants-chercheurs de l'université exercent leur métier de chercheur dans de nombreuses équipes reconnues par le Ministère : 33 unités de recherches d'accueil (ÉA), dont 9 unités mixtes de recherche (UMR)[24].

Centres de recherche et laboratoires (2017)[47]
Numéro Structures
ÉA4010Arts des images et art contemporain (AIAC)
ÉA3388Centre d’études sur les médias, les technologies et l’internationalisation (CEMTI)
ÉA1581Centre de recherche en Droit privé et Droit de la santé (CRDPDS)
ÉA3971Centre de recherche interuniversitaire, expérience, ressources culturelles, éducation (EXPERICE)
ÉA353Centre de recherches et d’analyses géopolitique (IFG Lab)
ÉA1571Centre de recherches historiques - histoire des pouvoirs, savoirs et sociétés (HISPOSS)
ÉA4384Centre interdisciplinaire de recherche, culture, éducation, formation, travail (CIRCEFT)
ÉA4004Cognitions humaine et artificielle (CHArt)
ÉA1572Esthétique, musicologie, danse et création musicale (MUSIDANSE)
ÉA2302Esthétiques, sciences et technologies du cinéma et de l’audiovisuel (ESTCA)
ÉA2303Études juives et hébraïques (EJH)
ÉA4387Forces du droit - paradoxes, comparaisons et expérimentations (FDPCE)
ÉA4007La section clinique
ÉA3391Laboratoire d’économie dionysien (LED)
ÉA4008Laboratoire d’études et de recherches sur les logiques contemporaines de la philosophie (LLCP)
ÉA4385Laboratoire d’études romanes (LER)
ÉA4383Laboratoire d’informatique avancée de Saint-Denis (LIASD)
ÉA2027Laboratoire de psychopathologie et de neuropsychologie (LPN)
ÉA349Laboratoire Paragraphe
ÉA4386Laboratoire parisien de psychologie sociale (LAPPS)
ÉA1577Les mondes allemands - histoire des idées et des représentations
ÉA7322Littérature, histoires, esthétique (LHE)
ÉA2336QUARTZ
ÉA1573Scènes du monde, création, savoirs critiques
ÉA1569Transferts critiques anglophones (TransCrit)
UMR7217Centre de recherches sociologiques et politiques de Paris (CRESPPA)
UMR8533Institutions et dynamiques historiques de l’économie et de la société (IDHES)
UMR8244Institut d’Histoire du Temps Présent (IHTP)
UMR7218Laboratoire Architecture Ville Urbanisme Environnement (LAVUE)
UMR7539Laboratoire d’analyse, géométrie et application (LAGA)
UMR7533Laboratoire dynamiques sociales et recomposition des espaces (LADYSS)
UMR7023Structures formelles du langage (SFL)
UMR8238Laboratoire d’études de genre et de sexualité (LEGS)

Les doctorants constituent une spécificité de l’université Paris 8 par leur nombre très important : 1 082 pour l'année 2021-2022 au sein de 4 écoles doctorales.

Centres de recherches d'excellence

Si de nombreux enseignements et de recherches établit par nombres de départements et laboratoires de l'université sont reconnus encore aujourd'hui internationalement, 3 d'entre eux à ce jour ont une reconnaissance institutionnelle par la part de l'État français.

CreaTIC

Début 2012, le projet CréaTIC de l'université s'associant auprès de 4 partenaires français l'université Paris-Nanterre, la Maison des Sciences de l'homme Paris-Nord, le Conservatoire national supérieur d'art dramatique, les Archives nationales et 37 partenaires étrangers se voit doter pour le projet une dotation de 5,2 millions d'euros sur 9 ans par l'Agence nationale de la recherche dans le cadre du programme gouvernemental IDEFI (Initiative d’excellence en formations innovantes)

L'objectif recherché par le projet est de questionner et mettre en œuvre la création comme process de production et d’apprentissage afin d'accorder une place majeure au numérique dans l’enseignement supérieur, en lien avec le rôle central qu'elle joue dans la mutation des métiers et les pratiques sociétales. Cinq principes fondamentaux sont ainsi désignés : la création comme moteur épistémologique de pédagogies innovantes (dans le cadre d’Ateliers-Laboratoires), le recours systématique aux technologies numériques de pointe pour l’enseignement et le travail collaboratif.

Dès la rentrée 2013-2014, au lancement du projet, 15 formations de Masters et 13 ateliers-laboratoires y sont inscrites. Aujourd'hui, il y a 23 formations et 38 ateliers-laboratoires où 1200 étudiants ont déjà été formés[48].

EUR ArTeC

Le 1er octobre 2018, la ComUE Université Paris-Lumières et l'université Paris-VIII annoncent la création d'une école universitaire de recherche nommée ArTeC, pour Arts, Technologie et Création, faisant suite à l'obtention d'un financement de 10 ans par le programme d’investissements d'avenir (PIA) du ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation pour la fondation d’une « École Universitaire de Recherche »[49],[50].

Le Laboratoire d’excellence Arts-H2H (Arts et Médiations humaines) a été retenu le 25 mars 2011 parmi les 100 lauréats de l’appel à projets des « Investissements d’avenir ». Il regroupe 14 unités de recherche des universités de Paris-VIII et Paris-X et bâtit ses projets avec 13 partenaires, dont 2 universités, 4 grandes écoles d’art, 6 établissements patrimoniaux et de diffusion artistique et 1 EPCS : Université de Paris X, ÉNS Louis-Lumière, École nationale supérieure des Arts Décoratifs, Centre national de danse contemporaine, Conservatoire national supérieur d’Art dramatique, La Chartreuse, RMN - Grand Palais, Centre Georges Pompidou, Campus Condorcet, BnF, Centre Pompidou – Metz, Archives nationales. Entre 2012-2015, le LabEx a soutenu financièrement 100 projets, noué 150 partenariats étrangers, créé 7 chaires internationales par an, offert 12 contrats doctoraux, publié 1 revue en ligne, 1 collection d’ouvrages thématiques, et 1 collection de textes de référence[51].

Les formations de cette École universitaire de recherche ainsi rattachés sont :

GEODE

Le 11 février 2021, le Laboratoire d’excellence GEODE (Géopolitique de la Datasphère) a été retenu parmi l'un des deux, 14 projets déposés par un appel à projets du ministère des Armées à se voir attribuer le « Label centre d'excellence » visant à former des filières d'études stratégiques (War studies) en France[52].

GEODE se fixe comme objectif scientifique d'étudier la datasphère comme un objet géopolitique à part entière et d'en utiliser les ressources pour faire de l’analyse géopolitique. La datasphère, notion émergente, permet d’évoquer sous un même terme les enjeux stratégiques liés au cyberespace et plus globalement à la révolution numérique

Le centre de recherche réunit des chercheurs de l'Université Paris 8, l'INRIA, les écoles de Saint-Cyr-Coëtquidan, l’ENS Ulm, l'INALCO, l'Université de Paris, l'Université de Savoie Mont Blanc, l'Université de Bretagne Occidentale.[53]

Le label fourni une dotation au centre de recherche de 300 000 € annuel pour cinq ans (pour un montant total de 1 500 000 €), renouvelable.

Trois formations sont ainsi rattachés à ce laboratoire :

1- Un master 2 « Cyber stratégie et terrain numérique »[54] en lien avec l'Institut français de géopolitique, ce parcours vise à former des étudiants de sciences humaines et sociales ou de sciences de l'informatique et de l'ingénieur à devenir de futurs spécialistes de sciences humaines aux enjeux stratégiques de la datasphère et aux outils qui permettent d’en exploiter les données disponibles en sources ouvertes.

2- Un diplôme universitaire de niveau master visant le même objectif des cadres d'entreprises, de la défense et de la diplomatie[55].

3- Un mastère (bac + 6) « Opérations et gestion de crises en cyber défense » en lien avec les écoles de Saint-Cyr-Coëtquidan visant à former des experts de la planification et de la conduite des opérations cyber ainsi que de la gestion des crises en cyberdéfense[56].

Gouvernance et moyens

Budget

En 2020, le gouvernement a investi dans le patrimoine de l'université : réhabilitation des bâtiments B[57] et C[58] de l'université dans le cadre de la rénovation thermique afin d'y réduire leurs consommations énergétiques et leurs empreintes carbones. La réhabilitations des bâtiments doivent s'achever avant la fin de l'année 2023[59].

En 2021, l'Université européenne European Reform Universities Alliance a vu pour son lancement être dotée d'une dotation de 5 millions d'euros par la Commission européenne et de 1 300 000 euros par l'Agence National de la Recherche[46].

En 2022 a lieu le premier budget participatif de l'université afin de renforcer sa vision démocratisation académique tiré de son héritage persistant vincennois. L'enveloppe pour les projets étudiants a été fixé à 100 000 euros, une somme conséquente comparée aux autres universités française (exemple : 70 000 euros pour la session 3 du budget participatif de l'université Paris-Nanterre[60], faisant partie également de l'université Paris-Lumière). La thématique de cette première session est axée sur le développement durable[61].

Les effectifs enseignants

Les effectifs des enseignants-chercheurs, d'après le Guide des études (publié annuellement), oscille entre 1000 et 800.

Nombre d'enseignants-chercheurs à l'université de Paris VIII depuis 2006

Le personnel administratif

Les effectifs du personnel administratif, d'après le Guide des études (publié annuellement), oscille entre 500 et 900.

Patrimoine immobilier

La surface de l'université représente environ 88 406 m2, dont 71 435 m2 pour le seul site central[62].

En 2020, le site central comportait 12 bâtiments dédiés à l'enseignement et à la recherche, exception faite d'une Maison de la Recherche, d'une Bibliothèque universitaire, d'une Maison de l'Étudiant et d'un bâtiment de restauration Crous.

De plus, trois bâtiments sont en projet : un bâtiment Alpha ayant pour vocation de regrouper les activités d'enseignement et de recherche artistique ainsi qu'un bâtiment dit « Hall des sports », dédié uniquement aux activités sportives de l'université et un learning center liée à la bibliothèque universitaire existante.

Présidents de l'université

Vie étudiante

Depuis 2015 a lieu un événement de rentrée du nom de "Grand 8". Ce dernier rassemble pour plusieurs journée l'ensemble des associations étudiantes, des services universitaires voir des partenaires institutionnels participant à la vie du campus de l'université mais également dans un cadre plus large du territoire où est inscrit l'université, la Plaine Commune[63].

Les effectifs étudiants

Répartition des étudiants (2021-2022)[4]
UFR et instituts. Licences Masters Divers Total
UFR AÉS - ÉG (Administration, économie, gestion). 1166 250 24 1440
UFR ARTS. 2540 1198 141 3879
UFR CC (Culture et communication). 682 254 19 955
UFR DROIT. 812 307 172 1291
UFR ériTES (Études, recherches et ingénierie en Territoire, environnement et sociétés). 324 188 13 525
UFR LLCÉR - LÉA. 1651 216 62 1929
UFR PSYCHOLOGIE. 928 380 2 1310
UFR SDL (Sciences du langage). 220 126 11 357
UFR SÉPF. 349 281 169 799
UFR STN (Sciences et technologies du numérique). 429 431 / 860
UFR Textes et sociétés. 1436 592 123 2151
IED (Institut d'enseignement à distance). 3340 871 85 4296
IÉE (Institut d'études européennes). / 267 6 273
IFG (Institut français de géopolitique). / 225 4 229
IUT de Montreuil. 726 / / 726
IUT de Tremblay. 270 / / 270
Total 14873 5586 831 21290

En 1969, à sa création, l'université avait accueilli 7 791 étudiants et 240 enseignants[64]. Le nombre des étudiants avait ensuite crû continuellement, pour plafonner à 32 979 en 1979 et refluer ensuite[64].

Répartition des doctorants (2021-2022)[4]
Écoles doctorales Doctorants
ÉD « Esthétiques, sciences et technologies des arts ». 229
ÉD « Cognition, langage, interaction ». 176
ÉD « Pratiques et théories du sens ». 339
ÉD « Sciences sociales ». 275
Hors ÉD de Paris 8 12
Total 1082
Nombre d'étudiants à l'université de Paris VIII depuis 1969 (jusqu'en 2020)

[65],[66]
(Les données entre 1979 et 1999 sont indisponibles.)

Un public spécifique

Dans les années 1970, près de 40 % des étudiants étaient d'origine étrangère (nombreux réfugiés politiques, en particulier)[64]. En 2009, la proportion est de 35 %, contre moins de 15 % pour la moyenne nationale. Au doctorat, 65 % des étudiants sont de nationalité étrangère[67].

Le public de Paris 8 est spécifique également parce que, parmi les nouveaux bacheliers, seulement 62 % en 2009 sont titulaires d’un baccalauréat général (contre 81 % pour la moyenne des universités du même groupe disciplinaire)[68].

De même, plus de la moitié des primo-entrants ont une origine sociale modeste et 38 % des étudiants sont salariés. Enfin, plus de 20 % des étudiants de Paris 8 suivent un enseignement à distance, au sein de l'Institut d'enseignement à distance.

Mouvements sociaux

Blocage de l'université pendant le mouvement social étudiant de novembre 2007.
L'université Paris-VIII bloquée, le 6 avril 2018.
Assemblée générale à l'université Paris-VIII, le 11 avril 2018.

L'université de Vincennes puis de Paris 8 a été marqué à plusieurs reprises par divers mouvements sociaux.

En 1971, une grève visant l'intégration du personnel précaire de nettoyage, accompagnée d'une séquestration du vice-président Claude Frioux, mène à la démission du Président Michel Beaud. Claude Frioux lui succède de 1971 à 1976 et mène une politique d'apaisement entre les multiples courants qui agitent l'université. Pierre Merlin, jusque-là vice-président, lui succède en 1976. En 1977, un important trafic de stupéfiants, dont les acteurs (vendeurs et clients), extérieurs à l'université, cherchent à profiter des franchises universitaires (tradition de non intervention de la police dans les locaux universitaires), est démantelé à la suite d'une coopération entre la Brigade des stupéfiants et les responsables de l'université. La même année, la lutte des étudiants non-inscrits prend une forme particulièrement violente puisque le président de l'université, Pierre Merlin, est séquestré puis bousculé en présence de plusieurs centaines d'étudiants.

En 1979, l'université est occupée par un collectif de mineurs en fugue. De 1978 à 1980 s'organise la lutte contre le projet de la ministre des Universités, Alice Saunier-Séïté, de déménager l'université sur un site étroit (précédemment occupé par un IUT de l'Université de Paris XIII) à Saint-Denis. Le gouvernement ayant fait construire les locaux de Saint-Denis, le déménagement est opéré début août sous la protection de la police.

En 1995, l'université est à nouveau occupée à l'occasion de la grève contre la politique du gouvernement d'Alain Juppé. En 2000, un collectif d'étudiants sans-papiers occupe durant un mois un amphithéâtre pour demander l'automaticité de l'obtention de la carte de séjour pour les étudiants étrangers, avec comme mot d'ordre « carte d'étudiant = carte de séjour »[réf. souhaitée].

En 2003, des étudiants font grève contre la réforme LMD[réf. souhaitée].

En 2004, des étudiants mènent un blitz contre l'installation de caméras de vidéo-surveillance dans l'université (plusieurs caméras ont été détruites par des personnes masquées[69]).

En 2005, des étudiants en anthropologie occupent durant trois semaines un amphithéâtre pour protester contre la suppression de leur département[70],[71]. En mars 2006, l'université est paralysée pendant deux semaines par la grève anti-CPE[72]. Au mois de décembre de la même année, un collectif de sans-papiers occupe durant une semaine l'amphithéâtre du bâtiment A, avant d'être évacué par la police[73].

En 2007, des étudiants, se mobilisent tôt (la première Assemblée générale a lieu en octobre, peu après la rentrée universitaire) contre la loi LRU. Le mouvement commence par surprendre (affluence en Assemblée générale supérieur au CPE) mais ne fait pas l'unanimité. L'université connait onze jours de blocage total, et elle est très perturbée pendant près de 8 semaines, à la fois par une grève des transports, et par des barricades qui ne sont pas complètement démontées. Le bâtiment C est occupé de la mi-novembre jusqu'aux vacances de Noël où le mouvement finit par s'essouffler.

En 2009, nouveau mouvement de grève, commençant en février. Pas de blocage, mais arrêt des cours pendant plusieurs semaines. Des enseignants s'érigent contre la réforme du statut des enseignants-chercheurs. L'assemblée des enseignants-chercheurs lance la « ronde infinie des obstinés » en Place de grève. Les Conseils tiennent leur séance hors les murs[74],[75].

En 2010, la lutte contre la réforme des retraites provoque le blocage sporadique de l'université[76].

En 2012, une pétition a été signée par plusieurs centaines d'élèves[réf. souhaitée] de la section Arts après l'agression d'un étudiant par un agent de sécurité et un agent administratif de la faculté. Plusieurs élèves et une professeur sont blessés, la bagarre se déroulée en plein cours et les agents concernés reçoivent une mise à pied[77].

Début 2018, un collectif d'extrême gauche d'aide aux migrants composé d'étudiants s'installe avec une centaine de migrants vivant auparavant dans la rue dans des locaux de l'université[78]. Bien que tolérant d'abord l'occupation et permettant notamment aux migrants de faire des allers-retours en dehors de l'établissement[79], cette dernière annonce porter plainte après la découvertes dans le bâtiment occupé de tags racistes, d'appel au meurtre, anti-France, anti-blanc, antisémites, islamistes, misogynes et homophobes sur les murs[80]. Après plusieurs mois d'occupation, de lourdes dégradations et le développement de la gale, le bâtiment est évacué fin juin[81]. À partir du 3 avril 2018, l'université est bloquée en réponse au plan Étudiants[82]. En parallèle de cette première occupation, un autre bâtiment est occupé à partir d'avril en opposition à la plateforme Parcoursup, accusée de mettre en place la sélection à l'Université[82].

Personnalités liées

Anciens étudiants

Anciens enseignants

Docteurs honoris causa

L'université Paris 8 décerne, après proposition du Conseil scientifique, le titre de Docteur honoris causa à une personnalité étrangère dont l'engagement et les œuvres s'inscrivent dans l'esprit de l'université[84].

  • 2022 : Boaventura de Sousa Santos, sociologue portugais, figure incontournable des épistémologies du Sud
  • 2022 : Joan Fontcuberta, artiste visuel, enseignant, critique, commissaire d’exposition et historien
  • 2015 : Jay Winter, historien américain, spécialiste de l’histoire de la première guerre mondiale
  • 2014 : Gayatri Chakravorty Spivak, théoricienne de la littérature, des études post-coloniales et féministes
  • 2014 : Archie Shepp, saxophoniste de jazz, compositeur, poète engagé et dramaturge américain
  • 2014 : Achille Mbembe, professeur d’histoire et de science politique camerounais, théoricien du post-colonialisme
  • 2013 : Abderrahmane Sissako, réalisateur et producteur mauritanien
  • 2013 : Leonel Fernandez, juriste, ancien président de la République Dominicaine et président de Fédération mondiale des associations pour les Nations unies.
  • 2012 : Pedro Almodóvar, réalisateur espagnol
  • 2012 : Michael Haneke, réalisateur et scénariste autrichien
  • 2012 : Morgan Fisher, réalisateur, plasticien et écrivain américain
  • 2012 : Manoel de Oliveira, réalisateur portugais
  • 2012 : Wang Bing, cinéaste chinois
  • 2011 : Elena Poniatowska, écrivaine et journaliste franco-mexicaine
  • 2011 : Tomás Segovia, écrivain et traducteur mexicain
  • 2011 : Vann Nath, peintre, artiste, écrivain et défenseur des droits de l'homme cambodgien
  • 2011 : Rithy Panh, réalisateur, producteur, scénariste, monteur, acteur et écrivain franco-cambodgien
  • 2009 : Homi Bhabha, théoricien des études post-coloniales indo-américain
  • 2009 : Jean Ziegler, sociologue suisse et rapporteur spécial pour le droit à l’alimentation du Conseil des Droits de l’homme à l’ONU
  • 2006 : Abdou Diouf, secrétaire général de la francophonie (OIF), ancien président du Sénégal
  • 2005 : Nelson Mandela, ancien président d'Afrique du Sud
  • 2005 : Boubacar Joseph Ndiaye, conservateur du Musée de Gorée (Sénégal)
  • 2005 : Jordi Pujol, homme politique espagnol, ancien président de la Generalitat de Catalunya
  • 2005 : Miguel Ángel Estrella, pianiste et ambassadeur de la République d'Argentine auprès de l'UNESCO
  • 2004 : Antanas Mockus, mathématicien, épistémologue et homme politique colombien
  • 2004 : Cornel West, philosophe américain, spécialiste des religions et des African-American studies
  • 2003 : Marilena de Souza Chaui, philosophe et écrivaine brésilienne
  • 1999 : Barbara Hendricks, artiste lyrique américaine et suédoise, conseillère auprès de l'UNESCO, ambassadrice auprès du HCR des Nations unies
  • 1998 : Humberto Giannini, philosophe et écrivain chilien
  • 1997 : Shigehiko Hasumi, critique de cinéma japonais et chercheur en littérature française
  • 1997 : Youssef Chahine, réalisateur, acteur, scénariste et producteur égyptien
  • 1997 : Jürgen Habermas, philosophe et sociologue allemand
  • 1997 : Richard Rorty, philosophe américain
  • 1996 : Howard Saul Becker, sociologue américain
  • 1996 : Emmanuel Nunes, compositeur portugais
  • 1996 : Ibrahim Rugova, écrivain et ancien président du Kosovo
  • 1991 : Jurij Lotman, président de l'université de Tartu (Estonie)
  • 1983 : Lech Walesa, syndicaliste et ancien président de la République de Pologne

Prix et bourse Édouard-Glissant

L'université de Paris-VIII, avec le soutien de RFO, de la Maison de l'Amérique latine, de l’Institut du Tout-Monde, et de l'Agence universitaire de la Francophonie (AUF), a créé en 2002 un « prix Édouard-Glissant », pour honorer une œuvre artistique marquante de notre temps selon les valeurs poétiques et politiques d'Édouard Glissant (la poétique du divers, le métissage et toutes les formes d’émancipation).

Une « Bourse Édouard-Glissant » a été créée en 2004. D’un montant de 5 000 , elle est attribuée chaque année à un(e) doctorant(e) sélectionné(e) sur appel à candidatures (dossier et entretien avec le jury), qui présente un projet de recherche sur le thème de la diversité culturelle, du partage des savoirs et la pluralité des expériences de pensée, dans l’esprit des travaux d’Édouard Glissant, et qui mène si possible des travaux de façon itinérante dans des environnements culturels différents.

  • 2019. Patrick Chamoiseau, écrivain
  • 2017. Jacques Coursil, musicien et linguiste
  • 2015. Claudio Magris, écrivain
  • 2014. Keivan Djavadzadeh-Amini pour son projet de thèse sur la musique populaire noire, les discours contre-hégémoniques et les représentations de soi
  • 2013. Anis Fariji pour son projet de thèse sur la question de la modernité dans la musique d’art arabe contemporain, ainsi que Gonzalo Yanez Quiroga pour son projet de thèse sur le divers en exil, la relation et la rencontre confidentielle, l’oralité, les décolonisations poétiques et nouvelles articulations du commun
  • 2012. Hiroshi Matsui, doctorant, pour son projet de thèse « Deux cartographies de la relation (Aimé Césaire, Kateb Yacine, Edouard Glissant) »
  • 2011. Alberto Bejarano (né en 1980), doctorant de philosophie sur « Roberto Bolaño et le langage du mal »
  • 2010. Joanna Malina, doctorante en Littératures française et francophone sur les « Littératures francophones et didactique du FLE : une expérience du tout monde dans la formation universitaire des romanistes en Europe centrale et orientale »
  • 2009. Laura Joseph-Henri, doctorante en science politique sur « Les discours de l’identité noire au Brésil : espaces, temps et appartenances »
  • 2008. Aliocha Wald Lasowski, doctorant en Littératures française et francophone sur la « Poétique de la ritournelle »
  • 2007. Yann Vigile Hoareau (né en 1980), doctorant en psychologie cognitive
  • 2006. Myriam Paris, pour son travail de recherche sur les femmes dans la trame coloniale.
  • 2004. Letizia Capannini, doctorante en architecture.

Controverses

En 2021, l'université Paris-VIII fait l'objet de plusieurs alertes concernant sa gestion, occasionnant des soupçons de malversations financières[85]. Les agents incriminés sont aussi soupçonnés d'avoir sanctionné le lanceur d'alerte qui a révélé les faits et porté plainte avec le soutien de l'association anti-corruption Anticor et de la Maison des lanceurs d'alerte[86].

Notes et références

  1. dénomination donnée par décret du 17 décembre 1970 portant érection d'universités et instituts nationaux polytechniques en établissements publics à caractère scientifique et culturel
  2. Statuts de l'université du 21 février 2014 https://www.univ-paris8.fr/IMG/pdf/statuts-univ-p8-19-fev.pdf
  3. Charles Soulié « Certains étaient contents d'aller dans le bois pour aller dans le 93. Pourquoi ? Parce que dans le 93, il y avait le peuple. » L’université buissonnière, l’expérience de Vincennes.
  4. « Paris 8 en chiffres », sur www.univ-paris8.fr (consulté le ).
  5. « Le centre de recherche et de formation GEODE (Géopolitique de la datasphère) se voit attribuer le label « Centres d’excellence Relations internationales et Stratégie » par le Ministère des Armées », (consulté le ).
  6. « Paris 8 sélectionnée pour son Université Européenne ! », sur www.univ-paris8.fr (consulté le )
  7. Annick Ohayon, « Utopies et réalités d’un centre universitaire expérimental : Vincennes (1969-1980) », Nouvelle Revue de psychosociologie, no 33, , p. 219-234.
  8. Claude-Marie Vadrot, « Naissance d'une université ». Politis, no 30 avril 2008, p. 25.
  9. « Vincennes, l'universite perdue 2 - 2 - Arte (2016) » (consulté le )
  10. Claude-Marie Vadrot, « Quand Vincennes déménage à Saint-Denis ». Politis, no 30 avril 2008, p. 32.
  11. Nota : l'université de Paris XIII se bat également contre le transfert, car elle craint d'être absorbée à terme par cette université plus importante qu'elle, et située à quelques kilomètres de son campus principal de Villetaneuse
  12. L'université accompagne alors des expérimentations pédagogiques comme celle de l'école Vitruve créée à l'origine par Robert Gloton, président du Groupe français d'éducation nouvelle. Hugues Lethierry, Éducation nouvelle, quelle histoire !, Delval, 1987, (ISBN 2881470335) .
  13. Architecte de la Bibliothèque universitaire : Pierre Riboulet.
  14. http://www.klekoon.com/boamp/boamp-appels-offres-travaux-construction-residence-internationale-etudiants-restaurant-universitaire-universite-437677.htm
  15. Elsa Nathan, « Les origines du projet », sur Campus Condorcet (consulté le )
  16. « Une maison de l'étudiant à Paris-8 », Le Parisien, (lire en ligne, consulté le ).
  17. « Maison De La Recherche Universite Paris 8 Qe Vnac Zero Energie | atelierphilippemadec », sur www.atelierphilippemadec.fr (consulté le ).
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  45. Les universités partenaires de Paris 8 sont nombreuses, en particulier dans l'Union européenne : De même, il existe plusieurs partenariats avec les universités hors de l'UE:
  46. « Rentrée IEE - LIVESTREAM » (consulté le ).
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Voir aussi

Bibliographie

  • Statuts de l'Université Paris VIII Vincennes Saint-Denis, Université Paris VIII Vincennes Saint-Denis, , 35 p. (lire en ligne) [PDF].

Articles connexes

Liens externes

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