Paronymie
La paronymie est un rapport lexical entre deux mots dont le sens diffère mais dont la graphie ou la prononciation sont très proches, de sorte qu'ils peuvent être confondus à la lecture ou à l'audition.
Cet article possède un paronyme, voir Patronymie.
Exemples de paronymes
Le mot paronyme a son propre paronyme : patronyme.
- absorber / adsorber
- adresser / agresser
- aménager / emménager
- amener / emmener
- attention / intention
- calendes / calandre
- collision / collusion
- compatibilité / comptabilité
- cousin / coussin
- conjecture / conjoncture
- conversation / conservation
- crime / crème
- culturel / cultuel
- désert / dessert
- digresser / dégresser / dégraisser
- effraction / infraction
- douceur / douleur
- éclipse / ellipse
- éminent / imminent
- éruption / irruption
- empreint(e) / emprunt(e)
- étreinte / épreinte
- haler / héler
- incendie / incident
- inclinaison / inclination
- induire / enduire
- infecter / affecter
- infliger / affliger
- inique / unique
- ministre / sinistre
- mythifier / mystifier
- paraphrase / périphrase
- pédologue / podologue
- percepteur / précepteur
- poison / poisson / boisson / poinçon
- promiscuité / proximité
- rabattre / rebattre
- récoler / recoller
- réfaction / réfection / réflexion / réfraction
- regraisser / régresser
- sacrifier / scarifier
- séduction / subduction
- sémitique / sémiotique / sémantique
- servage / sevrage
- sujétion / suggestion
Certains toponymes peuvent présenter une paronymie :
- Barcelonnette / Barcillonnette
- Champignelles / Champigneulles
- Draguignan / Gradignan
- Étrépilly / Étrépigny
- Évry / Ivry
- Le Thoronet / Le Tholonet
- Montaigut-le-Blanc / Montaigu-le-Blin
Certains paronymes sont perçus comme homophones dans diverses régions de la francophonie. Exemples :
- pomme et paume, été et étais, en français méridional ;
- brin et brun à Paris.
- part et port dans certaines variétés de français québécois (fusion des phonèmes ar/or en fin de mot).
Les verbes conjugués peuvent donner des paronymies :
- je suis : (verbe être ou verbe suivre)
- Ah, fallait-il que je vous visse : (c'est le verbe voir, pas le verbe visser).
Paronomase
En rhétorique, la figure de style qui consiste à rapprocher des paronymes au sein du même énoncé est la paronomase (anciennement paronomasie[1]). Du fait de son pouvoir fortement « accrocheur », ce jeu de mots reposant sur les ressemblances graphique et phonétique, est très souvent utilisé dans des énoncés qui ont vocation à être courts tout en étant efficaces : les proverbes, les aphorismes, les maximes, les publicités, les titres, les textes de rap, etc.
Exemples de paronomases
- « Traduttore, traditore » (en italien : « Traducteur, traître » - repris en français sous la forme : « Traduire, c'est trahir » ou encore « La traduction est une trahison » ; par exemple pour un jeu de mot en langue écrite d'origine devant éclairer le lecteur par rebondissement et qui n'a aucun sens traduit mot à mot pour l'intrigue et donc n'est pas traduit).
En latin
- « Ad augusta per angusta » (en latin : à de grands résultats par des voies étroites).
- « Veni, vidi, vici » (en latin : « je suis venu, j'ai vu, j'ai vaincu », expression attribuée à Jules César).
- « Sors immanis et inanis [...] Status malus, vana salus » (en latin : sort cruel et vain [...], Une base instable, un salut trompeur), O Fortuna, Carmina Burana
- « Phoenix felix » (en latin, prononcé fenix felix : heureux le phénix !, inscription de Pompéi).
- « Mens sana in corpore sano » (précepte latin, « Un esprit sain dans un corps sain »).
- « Nomen est omen » qui signifie « Le nom est présage ».
En français
- « Qui se ressemble s'assemble ».
- « Qui vole un œuf vole un bœuf ».
- « Ni vu, ni connu ».
- « Habile, Bill. » (OSS 117).
- « Et l'on peut me réduire à vivre sans bonheur,/ Mais non pas me résoudre à vivre sans honneur. » (Corneille, Le Cid).
- « Les conflits prolifèrent dans les zones pétrolifères » (Fonky Family, La Guerre).
- « Science sans conscience n'est que ruine de l'âme » (François Rabelais, Pantagruel, 1532).
- « Je m'instruis mieux par la fuite que par la suite. » (Michel de Montaigne, Essais, Livre III, 1580).
- « Qui s’excuse s’accuse » (Stendhal, Le Rouge et le Noir, 1830).
- « Aucun recours. Aucun secours de personne. » (Nathalie Sarraute, Le Planétarium, 1959).
- « Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré ! » (Charles de Gaulle, le )[2].
- « De Gaulle comme une invocation, de Gaulle comme une provocation, de Gaulle comme une vocation » (discours prononcé par François Hollande le au Panthéon lors de la cérémonie d'hommage à Pierre Brossolette, Geneviève de Gaulle Anthonioz, Germaine Tillion et Jean Zay)[3].
- « Beaucoup d'ambition et peu de conviction » (interview d'Éric Ciotti le , concernant les élus LR désireux de travailler dans le gouvernement Édouard Philippe[4]).
- « Je ne suis pas là pour polémiquer, je suis là pour argumenter. » (discours de Jean-Luc Mélenchon à l'Assemblée Nationale en 2017 (2018?[citation nécessaire]).
- La chanson de Boby Lapointe « Le tube de toilette » est entièrement construite sur une suite de paronomases[5].
Paronomase implicite
Il existe un type particulier de paronomase, dans lequel le rapprochement n'est qu'implicite, car seul l'un des deux paronymes est cité. En fait, celui qui est cité prend la place de l'autre, dans une phrase où c'est l'autre que l'on attend.
Par exemple dans « pour respirer un peu d’air vrai » (de Gilbert Cesbron), ce n'est pas vrai qu'on attend, mais frais, bien qu'il ne soit pas cité.
« À qui qu'ce soit que je m'agresse » (et non m'adresse), dans la chanson Où C'est Que J'ai Mis Mon Flingue ? de Renaud.
« Lui parler de la pluie, lui parler du gros temps » (et non du beau temps), dans la chanson L'Orage de Georges Brassens.
« Tu hors de ma vue » (et non du Tu sors de ma vue), dans la chanson Anissa de Wejdene.
Le refrain de Je suis né au Chili de Bobby Lapointe fait indirectement allusion à un vêtement féminin, la pêche à la ligne, et à de la nourriture :
Et je veux rendre à ma façon
Grâce à votre graisse à masser.
Votre saindoux pour le corps c'est
Ce que mes vers pour l'âme sont.
De tout ce qu'à ma peau me fîtes
Combien fus-je épaté de fois !
Combien à vous qui m'épatâtes
Mon bon petit cœur confus doit !
La série d'albums « Prince de Motordu » de Pef, aux Éditions Gallimard est fondée sur le remplacement de certains mots par leur paronyme.
Notes et références
- PARONOMASE, ou PARONOMASIE, Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, tome 12, p. 77, sur le site de l'Atilf
- « 25 août 1944, "Paris outragé ! Paris brisé !... mais Paris libéré ! », sur ina.fr
- Paronomases glissées au milieu d'anaphores. Cf. « 27 mai 2015 : le discours de François Hollande au Panthéon », sur lefigaro.fr, .
- « La main tendue à la droite : "Une gifle à nos candidats" pour Éric Ciotti », sur europe1.fr, .
- L'écouter sur Youtube.
Voir aussi
Articles connexes
- Virelangue / trompe-oreilles : expression ou phrase à caractère ludique, caractérisée par sa difficulté de prononciation ou de compréhension orale.
- Contrepèterie
- Calembour
Liens externes
- Paronomase, sur le site de l'Office québécois de la langue française
- Paronomase sur la Banque de dépannage linguistique
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