Peintre officiel de la Marine

Le titre de peintre officiel de la Marine (POM) est accordé par le ministre français de la Défense à des artistes ayant consacré leur talent à la mer, à la Marine nationale et aux gens de mer. Il peut être attribué non seulement à des peintres mais également à des photographes, des cinéastes, des illustrateurs, des graveurs et des sculpteurs.

Épaulettes de peintre officiel de la Marine.

Le corps des peintres de la Marine perdure depuis 1830.

Droits et privilèges

La signature de Jean Rigaud, en tant que peintre de la Marine.

Le titre ne donne droit à aucune rétribution mais accorde certaines facilités et privilèges :

  • le titulaire a la possibilité d'embarquer sur des bâtiments de la Marine nationale ;
  • le port d'un uniforme ;
  • le statut de militaire d'active et une équivalence de grade[1] ;
  • la signature de l'artiste sur ses œuvres est suivie d'une ancre de marine ;
  • l'appartenance au Centre d'études stratégiques de la marine.

Les peintres agréés sont nommés pour trois ans par un jury présidé par un officier général de Marine et constitué d'officiers de marine et des peintres titulaires. Pour devenir peintre titulaire, il faut avoir été peintre agréé plus de quatre fois consécutives.

Historique

Avant 1830, la « Royale » avait recours à de nombreux artistes. Ainsi, par exemple, le cardinal de Richelieu fit recruter Jean-Baptiste de La Rose (1612-1687) pour décorer les navires. Dans les années 1760, la Couronne commande à Joseph Vernet une série de vues des ports de France à des fins documentaires; laissée inachevée, cette série est finie par Jean-François Hue pendant la Révolution.

C'est la Monarchie de Juillet qui inaugure de façon formelle l'inscription des peintres de la Marine à l'Annuaire en 1830 avec Louis-Philippe Crépin (1772-1851) et Théodore Gudin (1802-1880), les autorisant à porter un titre officiel permanent. Le corps s'enrichit en 1849 d'Eugène Le Poittevin, en 1853 de Léon Morel-Fatio. En 1860, il existe quatre peintres au Département de la Marine.

Si beaucoup d'auteurs de peintures de marines, familiers du Salon, restèrent en dehors de la liste officielle comme Eugène Isabey, Charles Mozin, ou Vincent Courdouan, et après presque un demi-siècle pendant lequel trois peintres seulement furent nommés, le corps des peintres de la Marine augmenta de onze noms durant la décennie 1880, puis de cinq en 1890, et de cinq autres l'année suivante. En 1900, ils sont trente-deux. En 1914, ils sont cinquante-et-un.

Il faut attendre 1920 [2] pour qu'un décret donne un statut beaucoup plus formel aux peintres de la Marine : le titre de « peintre du Département de la Marine » est accordé par le ministre de la Défense pour une période de cinq ans renouvelable à des artistes ayant consacré leur talent à l'étude de la mer, de la marine et de gens de mer. Ce titre ne donne droit à aucune rétribution mais seulement des facilités pour accomplir des missions dans les ports et sur les navires ainsi que la faculté d'ajouter une ancre à leur signature. En 1924, un nouveau décret vient modifier ce statut : le nombre des peintres de la Marine est limité à vingt et le titre est conféré pour une période de trois ans. Un Salon bisannuel est institué. Enfin, le décret de remanie le statut des peintres de la Marine. Dans les années 1930, Lucien-Victor Delpy, Marin-Marie, Roger Chapelet et Albert Brenet animèrent des promotions brillantes qui firent le renom de la nouvelle école française de peinture maritime.

C'est un décret du qui règle aujourd'hui la définition et l'attribution du titre de peintre officiel de la Marine (POM). On compte un nombre insignifiant de femmes artistes avant le XXIe siècle, période à partir de laquelle ce titre admet un peu de mixité parmi ses rangs. Enfin, depuis au moins 1924, ce titre générique englobe d'autres types de plasticiens, et s'élargit aux photographes, sculpteurs, etc.

Souvent en marge des mouvements modernistes, mais pas totalement insensibles aux évolutions formelles, ils ont, aujourd'hui, le sentiment de prolonger la grande école de peinture des bords de mer et des ciels marins initiée dès l'époque romantique, et ils s'honorent d'avoir compté dans leurs rangs des artistes aussi prestigieux que Félix Régamey, Félix Ziem, Paul Signac, Albert Marquet, Eugène-Louis Gillot ou encore André Hambourg. En 2020, quarante-trois artistes portent le titre de peintre officiel de la Marine[1].

Peintres officiels de la Marine nommés depuis 1830

XIXe siècle

Première moitié du XXe siècle

Seconde moitié du XXe siècle

XXIe siècle

Notes et références

  1. Gaël Hautemulle, « La mer inspire les peintres officiels de la Marine », Ouest-France, no 23265, , Mer (ISSN 0999-2138, lire en ligne, consulté le ).
  2. , Bateaux.com, 6 janvier 2022.
  3. Albert Sébille sur data.bnf .
  4. Stéphane Dugast, « Jean-Marie Chourgnoz : Symptômes révélateurs », Cols bleus no 2948, http://stephanedugast.com/film-magazine-jean-marie-chourgnoz-et-ses-monstres
  5. Stéphane Dugast, « Anne Smith : Au revoir la Jeanne », Cols bleus no 2948, Embarquements; sur le blog Embarquements.
  6. Stéphane Dugast, « Jean Gaumy : Carte grand voyageur », Cols bleus no 2899, Marine nationale ; sur le site de la Marine nationale.
  7. Julien Cabon, « Nicolas Vial : la mer au cœur », Cols bleus, Marine nationale, 27 septembre 2008 ; sommaire sur le site de la Marine nationale.
  8. « Deux nouveaux POM », Cols bleus, 13 mars 2015.
  9. « Le Breton Emmanuel Lepage, premier dessinateur de BD nommé Peintre officiel de la Marine », sur francetvinfo.fr, (consulté le )
  10. Julia Toussaint, « Comment ce Brestois, chasseur de sous-marins nucléaires, a décroché le Graal des photographes de mer », sur ouest-france.fr, (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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