Pierre Clastres

Pierre Clastres, né le à Paris 14e[11] et mort accidentellement le à Gabriac en Lozère[12],[13], est un ethnologue et anthropologue français[14].

Pour les articles homonymes, voir Clastres.

Pierre Clastres
Naissance
Décès
(à 43 ans)
Gabriac
Nationalité
Formation
École/tradition
Principaux intérêts
Idées remarquables
« société contre l'État »
Œuvres principales
Influencé par
A influencé
Conjoint

Considéré comme libertaire[15],[16],[17] et/ou[n 2] anarchiste[22],[23],[24], il est membre du Laboratoire d’anthropologie sociale créé par Claude Lévi-Strauss et directeur d’études à l'École pratique des hautes études. C'est un penseur à la plume acérée[25] et au ton parfois polémique[26].

Clastres effectue des recherches en Amérique du Sud sur les sociétés autochtones de la forêt tropicale, où il séjourne auprès de certaines d'entre elles (notamment les Javae et les Yanomami). Outre la description et l'analyse de l'organisation sociale de ces sociétés (particulièrement les Guayaki et les Chulupi), il s'intéresse attentivement aux mythologies des peuples autochtones qu'il étudie (comme celle des Guarani), il réfléchit sur leur usage du langage et critique les présupposés et les impensés de l'ethnologie et de l'anthropologie politique.

Ses livres les plus connus, la Chronique des Indiens Guayaki[27] et La Société contre l'État[28], offrent deux approches différentes de ce terrain sud-américain : le premier, proprement ethnographique, décrit en détail la vie de « chasseurs nomades » des Aché ; le second, plus anthropologique, réunit des études théoriques consacrées à la dimension politique des sociétés autochtones en questionnant l'origine de l’État.

Revenu du terrain sud-américain, Clastres observe en ethnologue et en anthropologue celui où il est né : la société occidentale. D'une part, il critique certains travers de sa société, comme le rapport au langage, la conception de la guerre et la pratique de l'ethnocide. D'autre part, il avance une thèse sur les « sociétés primitives »[29],[n 3] (des sociétés indivisées où est institué un pouvoir politique non coercitif) dont le corollaire s'applique aux sociétés occidentales : des sociétés divisées en « dirigeants/citoyens »[34] où est institué un pouvoir politique coercitif exercé par l'« État ».

Dans ses travaux, Pierre Clastres distingue « un plan théorique »[35] qui trace un axe de recherches et « un plan pratique »[35] qui esquisse un éventail d'actions[36] : « Le premier, écrit-il, s'articule autour d'une question historique et sociologique : quelle est l'origine de la domination ? Le second renvoie à une question politique : que devons-nous faire pour abolir la domination[35] ? »

Biographie

Formations, titres et postes

Pierre Clastres naît le à Paris[11]. Licencié ès Lettres en 1957[37], il obtient un Diplôme d'études supérieures en philosophie en 1958[38] ; durant son cursus François Châtelet[39] est son professeur et il assiste à des cours de Gilles Deleuze[40].

Par la suite, en compagnie d'Alfred Adler, de Michel Cartry et de Lucien Sebag[41], Clastres change de cursus[42] et suit des cours d'ethnologie et d'anthropologie de 1958 à 1963[43] ; Alfred Métraux est son professeur[39] et il assiste aux cours de Claude Lévi-Strauss au Collège de France[44]. Se remémorant l’année 1956, Adler déclare : « On découvre Tristes Tropiques. Je me souviens de Pierre Clastres, fou de Tristes Tropiques, qui l'a lu quatre ou cinq fois »[45]. Lorsque ces quatre étudiants doivent partir sur le terrain afin de compléter leur formation d'ethnologues, Adler et Cartry choisissent l'Afrique, Sebag et Clastres choisissent l’Amérique du Sud[39]. Adler se rappelle : « On ne trouve les vrais primitifs qu’en Amérique latine, disait-on pour plaisanter[46]. »

Dessin inspiré du logo de la revue française d'anthropologie L'Homme[47], dans laquelle Clastres publie de nombreux articles.

En 1965, Clastres obtient le titre de docteur en ethnologie avec une thèse de 3e cycle intitulée « La vie sociale d'une tribu nomade : les Indiens Guayaki du Paraguay »[38]. Réalisée sous la direction de Claude Lévi-Strauss[48], sa thèse est issue de son travail de terrain auprès des Guayaki durant l'année 1963[49],[50], et donne lieu à la publication de plusieurs articles sur la société guayaki[51],[52],[53],[54]. Ce travail (remanié) est publié[2] dans l'ouvrage paru en 1972 dans la collection « Terre humaine » : Chronique des Indiens Guayaki. Ce que savent les Achés, chasseurs nomades du Paraguay[27].

De 1961 à 1975, Clastres est chercheur au C.N.R.S., rattaché au Laboratoire d’anthropologie sociale créé et dirigé[55] par Claude Lévi-Strauss[38]. À partir de 1971-1972, il est chargé de cours à la Ve section de l'École pratique des hautes études (É.P.H.É.)[38] où, notamment, il s'occupe de former les étudiants à l'anthropologie politique[56]. Philippe Descola se remémore ces cours : « je garde de lui le souvenir d'un interlocuteur plutôt abrupt, peu enclin à discuter ses idées avec les étudiants frondeurs que nous étions à l'époque[57]. »

À compter du , Clastres est élu directeur d'études de la chaire « Religions et sociétés de l'Amérique du Sud » à l'É.P.H.É.[38] ; il y tient un séminaire de qualité mais qui attire peu de monde, d'après Miguel Abensour[58] et Marcel Gauchet[59]. Enfin, au Brésil, il enseigne à l'Université de São Paulo : du mois de mars au mois de et du mois d'avril au mois de [60].

Travail de terrain

Pierre Clastres est un américaniste[61], c'est-à-dire que ses recherches et son travail de terrain se font en Amérique, précisément l'Amérique du Sud. Peu intéressé par l'empire Inca et par les sociétés dont l'organisation politique se rapproche d'une forme étatique[62], il s'intéresse plutôt aux sociétés d'Amazonie, aux peuples de la forêt et des terres basses (ce qui le rattache à une aire géographique et à un champ d'études nommés « américanisme tropical »)[63]. Voici les missions qu'il effectue[64],[n 4] :

6
3
5
7
1
2
4

Localisations des terrains de Clastres[n 5] :

  • De à , il passe une année auprès des Indiens Guayaki au Paraguay[66],[67] ;
  • En 1965 toujours au Paraguay, après une tentative infructueuse de rencontrer des « groupes guayaki du Nord encore inconnus »[67], il séjourne auprès des Indiens Guarani Chiripa[67] « grâce à León Cadogan »[68] avec lequel il entretient une profonde amitié (et dont il préface le Diccionario Guayaki-Español[69]) ;
  • Fin 1965 et début 1966 au Brésil, il visite les Javae du Haut Xingu puis il effectue un « premier court séjour chez les Guarani du littoral de São Paulo »[67] ;
  • À l'été 1966, de retour au Paraguay, il séjourne brièvement chez des Mbya-Guarani[70] ;
  • Par deux fois, en 1966 (juin à octobre[70]) et en 1968 (juin à septembre[70]), il visite les Indiens Chulupi qui vivent dans le Chaco au Paraguay[68] ;
  • Entre 1970 et 1971, au Venezuela, il accompagne Jacques Lizot chez les Indiens Yanomami[68],[70] ;
  • Enfin, en 1974, il rencontre des Indiens Guarani au Brésil[70], « les descendants des rescapés d'une des dernières migrations religieuses remontant au début du XXe siècle et provenant du Paraguay[68]. »

Clastres ramène de ses missions de nombreux artefacts (arcs, flèches, vanneries, etc.) qui sont conservés au Musée du Quai Branly[71]. Aussi, il rapporte des enregistrements sonores[72] qui sont conservés à l'Institut mémoires de l'édition contemporaine (I.M.E.C.)[73], ainsi que des photographies qui sont conservées au Musée du Quai Branly, au Laboratoire d’anthropologie sociale[74] et à la Bibliothèque nationale de France[75].

À ce travail de terrain il faut ajouter la fréquentation continue des textes de nombreux chroniqueurs[n 6], dans ceux-ci Clastres trouve des informations qui l'aident à comprendre les sociétés qu'il étudie[66],[7],[76]. Et c'est dans certains de ces textes qu'il découvre pour la première fois des peuples qu'il rencontre par la suite[77] : les Guarani et les Guayaki.

Parcours intellectuel

Dans sa jeunesse, Pierre Clastres milite à l’Union des étudiants communistes (UEC) au côté de Lucien Sebag et Michel Cartry[78]. Dans un article consacré à Cartry, Alfred Adler évoque le tempérament d'alors de Clastres : « un bagarreur qui avait le goût de l’aventure (mais il ignorait encore laquelle serait la sienne) et était encore tout fier de son ascendance paysanne plongeant ses racines au cœur des Pyrénées ariégeoise[79]. »

Lors du séjour de Marshall Sahlins au Laboratoire d’anthropologie sociale (1967-1969[n 7]), Clastres déjeune avec lui couramment : ils discutent des « dernières données scientifiques et [de] la question de savoir si la société [est] mûre pour la révolution[81]. » Selon Bento Prado Junior lors de Mai 68 Clastres, accompagné de Sahlins[81], est « occupé à construire des barricades sur les boulevards de Paris[82]. »

C'est dans la revue L'Homme fondée[83] par Claude Lévi-Strauss que Clastres publie la plupart de ses articles. À la suite de polémiques autour du structuralisme[84] et, surtout, après l'envoi d'une lettre véhémente à un collègue sur du papier à en-tête du Laboratoire d'anthropologie sociale[85],[86], Lévi-Strauss congédie Clastres du Laboratoire en 1974[87],[88]. En conséquence, Clastres cesse de collaborer à L'Homme et il publie le reste de son œuvre dans différentes revues qui accueillent des articles sur des sujets principalement politiques et philosophiques, dont Interrogations et Textures[89].

Il se rapproche alors de philosophes dont les recherches portent sur la politique, des personnes animant le courant antitotalitaire[90] qu'il avait déjà croisées : Cornelius Castoriadis et Claude Lefort (fondateurs et animateurs du groupe et de la revue Socialisme ou barbarie[91]), Miguel Abensour et Marcel Gauchet (avec lesquels il collabore pour une édition du Discours de la servitude volontaire[92] d'Étienne de La Boétie). Avec eux, plus Maurice Luciani, il participe à la création de la revue Libre dont les deux premiers numéros paraissent en 1977[93],[94],[95].

Au cours des années 1974-77, dans le prolongement des controverses autour du structuralisme, puis de son livre La Société contre l'État, Clastres débat avec différents auteurs dont Pierre Birnbaum[96] ; il réitère ses critiques contre le structuralisme[97],[98],[n 8] et il polémique[101] contre une approche de l'ethnologie dénommée « anthropologie marxiste » (notamment les travaux de Claude Meillassoux et ceux de Maurice Godelier[102])[103].

Décès

Pierre Clastres décède lors d'un accident de voiture le 27 juillet 1977[37],[104], à 43 ans. Robert Maggiori suppute : « On ne sait pas ce qui s'est passé sur cette route tortueuse de Lozère, du côté de Gabriac. [...]. Sans doute a-t-il perdu le contrôle de sa direction, et versé la voiture au flanc de la montagne[12]. »

Une œuvre inachevée

De son vivant, Clastres a été l'auteur d'une thèse non publiée, d'une trentaine d'articles et de trois livres ; mort accidentellement, il laisse derrière lui une œuvre inachevée [105],[106],[107] : des textes non regroupés en volume et quelques textes inédits, des matériaux non publiés tels que des notes de travail, des journaux de terrain, un plan d'ouvrage, etc.[73]. (Voir en fin d'article « Annexe : publications ».)

Recherches et travaux

Dans cette partie, les recherches et les travaux de Pierre Clastres sont présentés en l'état[n 9].

Au contact de sociétés sud-américaines

Pierre Clastres aborde les sociétés auprès desquelles il séjourne selon différents angles : il cherche à saisir l'organisation sociale de chaque société, il étudie une ou plusieurs singularités qui retiennent son attention, il tente de repérer des régularités sociologiques.

Sur son premier terrain chez les Guayaki, parmi les différentes dimensions de l'organisation sociale, l'économie de cette société l'interroge : les Guayaki sont-ils des chasseurs-cueilleurs depuis toujours ou le sont-ils (re-)devenus par nécessité ou par accident (Clastres pense qu'ils ont perdu leurs connaissances et leurs pratiques agricoles)[108]. Chez les Chulupi, c'est la place du guerrier dans une société où la guerre est au cœur de la dynamique sociale et politique qu'il analyse (risque de division, place des femmes…)[109]. Chez les Yanomami, ce sont les liens entre les différents groupes qui l'intéressent[110].

Sinon, sur ses différents terrains Clastres observe des singularités[n 10], comme l'anthropophagie. Remarquant différentes pratiques et conceptions de celle-ci, il propose d'opérer une distinction : d'une part l'« endocannibalisme » pratiqué par les Guayaki, les Yanomami et les Yanoama, où les morts de la communauté sont consommés afin d'empêcher les âmes des défunts de nuire aux vivants[111] ; d'autre part l'« exocannibalisme » pratiqué par les Tupis-Guaranis et les Karibs, où les guerriers ennemis capturés sont exécutés et mangés rituellement (après avoir vécu parmi leurs ravisseurs) afin que leurs forces augmentent celles de leurs gourmets[112].

Enfin Clastres cherche à repérer des traits sociologiques qui, appréhendés avec du recul, lui permettraient de formuler des thèses plus générales[113] ; par exemple : sur le mode de production dans les « sociétés primitives ». S'appuyant sur son travail de terrain, ainsi que sur les travaux de Marshall Sahlins et les données de Jacques Lizot, Clastres rejoint leurs conclusions quand ceux-ci soutiennent que les sociétés des peuples premiers sont des sociétés d'abondance[114] et de loisirs[115],[116]. Plus encore, d'après Clastres, les « sociétés primitives » seraient des sociétés qui refusent l'économie[117], c'est-à-dire : des sociétés dont l'activité économique n'est pas organisée comme une économie de marché[118].

Pour Clastres le terrain ne consiste pas seulement à étudier des faits, c'est-à-dire des actions ainsi que des réalités matérielles et physiques ; ces faits, il faut les rapporter à des réalités symboliques aux effets bien réels, à savoir des mythes et des paroles.

Retranscrire des mythes, approcher des paroles

Clastres effectue des recherches sur les mythologies des peuples auprès desquels il séjourne (constitution de corpus, traduction et interprétation). Aussi, il s'intéresse de près à l'usage de la parole dans ces sociétés, notamment aux effets qu'une parole peut avoir lorsqu'elle est prononcée.

Pour analyser les corpus de mythes qu'il recueille, Clastres recourt à la méthode d'interprétation inventée par Claude Lévi-Strauss : l'analyse structurale[7]. Toutefois, Clastres estime que cette méthode structuraliste ne permet pas d'explorer toute la richesse et la profondeur des mythes, tout particulièrement leur dimension politique[8]. Par ailleurs, comme dans son article « De quoi rient les Indiens ? »[119], il considère que cette méthode manque la dimension humoristique de certains mythes et leurs effets cathartiques[120],[121]. Aussi, il s'intéresse aux réflexions des peuples premiers sur leurs propres mythes et mythologies : Clastres écoute les chamans Guarani qui, lorsqu'ils récitent leurs mythes, accompagnent ces récitations de réflexions sur ceux-ci[122],[123].

Outre la mythologie, Clastres étudie l'usage qu'il est fait de la parole dans ces sociétés car, selon les occasions, telle parole peut entraîner certains effets. Par exemple, les karai (les prophètes) Tupi-Guarani récitent les mythes de leur société mais, parfois, ils entraînent la population dans des migrations vers la « Terre sans Mal »[124] : ainsi leur parole peut être soit simple répétition et reconduction des traditions de la société, soit bouleversement complet de ladite société[120]. L'autre exemple est celui des chefs : comme les karai, ils parlent au nom de leur société ; cependant selon Clastres leur usage de la parole est sans effet : tout chef a le devoir de parler parce qu'il doit des paroles à sa société (sa prise de parole est un dû parce qu'il doit sa position de chef à sa société)[125],[126]. Pour le dire autrement, sa parole est sans effet(s) car il dit ce que chacun sait déjà, les lois, et car personne ne lui obéirait s'il songeait à donner des ordres, et non à rappeler les lois[127].

Pour recueillir des mythes et des paroles, collecter des données et des artéfacts, Clastres questionne les personnes des sociétés qu'il étudie. Ce faisant, il se pose des questions sur ses méthodes et ses pratiques : il prend alors du recul sur son travail d'ethnologue, ainsi que sur sa discipline.

Réflexivité et critiques envers les présupposés de l'ethnologie et l'anthropologie

De retour du terrain, Clastres interroge non seulement les méthodes et les pratiques auxquelles il a été formé, mais aussi ses disciplines : l'ethnologie et l'anthropologie[128]. Dans les théories contemporaines (i.e. années 1960-70), Clastres identifie plusieurs points aveugles qu'il entend éclairer : le positivisme, l'ethnocentrisme et, plus insidieuse, la raison occidentale.

Le positivisme, Clastres le voit dans l'évolutionnisme, une théorie qui ne questionne pas ses présupposés[129]. Selon cette théorie, toute société évolue d'un point initial jusqu'à atteindre un stade plus élevé. Les peuples premiers seraient alors identiques aux premières sociétés humaines et les sociétés occidentales seraient l'aboutissement de l'évolution de toute société[130]. Or, il n'en va pas ainsi : à l'instar des sociétés occidentales les sociétés des peuples premiers ont une origine, une histoire et elles poursuivent, chacune, leur propre trajectoire[77].

L'ethnocentrisme, Clastres le repère dans la difficulté à vouloir (re)connaître les peuples premiers dans leur pleine et entière positivité[131]. L'ethnocentrisme occidental visé par Clastres se distingue non seulement par le fait de caractériser négativement toutes les sociétés des peuples premiers selon des critères occidentaux (sans État, sans économie, sans histoire, sans écriture, etc.)[132],[133], mais surtout par la certitude d'être fondé scientifiquement, d'être objectif et rationnel[134].

Par « raison occidentale », Clastres entend l'impossibilité pour la civilisation occidentale de tolérer l'existence d'autres sociétés qui, dès lors, sont renvoyées dans le domaine de la déraison[135]. D'après lui, la civilisation occidentale ne dialogue pas avec les sociétés autres : soit elle les acculture, soit elle les anéantit[136]. Néanmoins Clastres avance que l'ethnologie, en renouvelant son langage, pourrait permettre de dialoguer avec les peuples premiers[137].

Enfin, plus dramatiquement, Clastres s'inquiète de la disparition prochaine de son objet d'étude : les « sociétés primitives ». À l'instar de Claude Lévi-Strauss, il est persuadé que toutes les sociétés de peuples premiers sont condamnées à périr[138],[139].

Le chef, le pouvoir politique, la non-coercition

Un article sur la chefferie indienne lance les réflexions de Pierre Clastres autour du pouvoir politique ; outre l'affirmation que les chefs dans les « sociétés primitives » sont sans pouvoir, il soutient que les « sociétés sans État » (ou « primitives »/acéphales) sont bien des sociétés politiques.

Dans cet article, « Échange et pouvoir »[140], Clastres affirme que toutes les chefferies indiennes sont instituées de sorte que le pouvoir du chef ne soit pas coercitif[141], ceci fait que les « sociétés primitives » ont longtemps paru sans politique. Pour synthétiser l'argumentation de Clastres, toute société (« primitive » ou « à État ») édifie un circuit d'échanges de biens matériels et symboliques (dons et contre-dons), qui inclut aussi l'échange des femmes ; l'édification de ce circuit détermine pour chaque société, fondamentalement, l'institution politique du monde social (ou l'organisation sociale de la société) ; or, d'après Clastres, dans toutes les chefferies indiennes le chef est placé en dehors du circuit des échanges[142],[n 11]. Il soutient que cette manière d'instituer la place du chef est une manière singulière et originale d'instituer le politique[144] : placé en dehors de la société et ne participant pas aux échanges sociaux, le chef incarne le pouvoir politique mais il ne l'exerce pas[143],[n 12]. En réalité, depuis cette place le chef dit et rappelle les lois de la société aux membres de la communauté qui, contrôlant ce dire et ce rappel (et ainsi : contrôlant leur chef), approuvent par là les lois de leur société édictées par les ancêtres[146],[147],[148]. De fait, pour Clastres, c'est la société en son entièreté qui exerce le pouvoir en reconduisant perpétuellement les lois instituées lors de son édification[149],[150] ; de plus, il voit dans cette manière d'instituer le pouvoir politique l'institution de l'égalité : tous les membres de la communauté (y compris le chef) sont soumis aux mêmes lois, celles de leur société[151],[142],[n 13].

Pour Clastres, cette institution de la chefferie indienne montre qu'à l'instar des sociétés occidentales (et de toutes les autres sociétés de par le monde[3]) les « sociétés primitives » (ou « sans État ») sont politiques[152],[153] ; plus encore : ces sociétés ont institué le politique de façon à préserver l'égalité entre les membres de la communauté[154],[155]. De cette découverte découlent plusieurs conséquences : tout d'abord, toute société humaine est politique, ce qui veut dire qu'il n'existe pas de société sans pouvoir politique[156],[157] ; ensuite, cela signifie que le pouvoir politique n'est pas par essence (par nature) coercitif, il existe un pouvoir politique non coercitif[158] ; enfin, ceci implique que la façon dont une société institue le politique entraîne la détermination de cette société (indivisée ou divisée, égalitaire ou inégalitaire)[159],[160],[n 14].

Ces découvertes de l'universalité du pouvoir politique et de l'existence d'un pouvoir politique non-coercitif invitent Clastres à reconsidérer tout autrement ce pouvoir politique coercitif exercé par l'État.

Les origines de l’État et de l'inégalité

À la différence des « sociétés primitives » toutes les autres sociétés (quelle que soit leur organisation sociale) sont des « sociétés à État » d'après Clastres, c'est-à-dire des sociétés où sont institués un pouvoir politique coercitif et la relation de commandement-obéissance.

Dans La Société contre l'État[28] (et d'autres textes[n 15]), Clastres explore les conséquences de sa découverte quant à la nature de la chefferie indienne : l'État n'est pas l'unique modalité du pouvoir politique[153] ; il n'en est qu'un des modes d'institution : celui du pouvoir politique coercitif[163]. Clastres veut briser le discours positiviste et remettre l'État à sa juste place : il ne se situe pas à la fin d'un processus d'évolution sociale qui manifesterait un progrès dans le développement du pouvoir politique[153],[164]. En réalité, l'État instaure l'inégalité : il institue dans le même mouvement le pouvoir politique coercitif et la division sociale (entre ceux qui commandent et ceux qui obéissent)[165],[n 16].

Cherchant à comprendre comment un pouvoir politique coercitif a pu être institué, comment l'État a pu surgir, Clastres envisage plusieurs possibilités. L'une d'entre elles pourrait être la démographie : plus une société compte de membres et plus la densité de population augmente, plus un pouvoir politique coercitif pourrait survenir[166],[167]. Autre possibilité : les prophètes, qui usèrent de leur parole afin de contre-carrer la venue de la division sociale voulue par les chefs, auraient fini par travestir cette parole en pouvoir politique coercitif[168],[169]. Une autre possibilité serait l'inversion de la dette : un ou plusieurs chefs auraient réussi à inverser le sens de la dette qu'ils devaient à leurs égaux ; c'est-à-dire que tandis qu'un chef dans la « société primitive » est en dette à l'égard de sa société, dans la « société à État » ceux qui obéissent doivent payer leur dette à leur chef (ou leurs dirigeants)[170],[171]. Enfin, dernière possibilité, à la lecture du Discours de la servitude volontaire d'Étienne de La Boétie, Clastres envisage le « malencontre »[172],[173] : à savoir le passage inexplicable et accidentel du pouvoir politique non coercitif au pouvoir politique coercitif[174] ; un passage de la liberté à la servitude, qui instille le désir de servir et dénature l'être humain qui n'a plus souvenir de la liberté et, par suite, qui ne cherche plus à la reconquérir[175],[n 17].

Sans trouver de réponse définitive quant à l'origine de l'État[177],[178],[n 18], Clastres continue de chercher ailleurs les prodromes du pouvoir politique coercitif dans les « sociétés primitives » : la guerre et le statut des guerriers.

La guerre, les guerriers, le multiple

Avant que la mort n'interrompe ses recherches[180], Clastres s'est intéressé au phénomène de la guerre et à la vie des guerriers dans les « sociétés primitives ».

Dans l'article « Archéologie de la violence »[181] Clastres estime que la guerre est universelle, elle est présente dans toutes les sociétés ; cependant, dans les « sociétés primitives » la guerre diffère de celle pratiquée par les « sociétés à État »[182],[n 19]. D'abord, dans les « sociétés primitives » chaque unité sociopolitique (chaque communauté politique) conçoit toutes les autres unités sociopolitiques comme hostile et étrangère : identifier une communauté ennemie permet ainsi de s'affirmer en tant que communauté politique singulière[184],[185]. Ensuite, pratiquer la guerre contre d'autres communautés procède d'une visée politique essentielle[186] : les « sociétés primitives » pratiquent la guerre pour multiplier les unités sociopolitiques et, de la sorte, éviter l'unification de différentes communautés politiques sous un pouvoir politique coercitif unique (l'État[186])[187],[n 20].

Dessin inspiré du frontispice du Léviathan de Thomas Hobbes[n 21].

Après avoir observé la guerre de façon globale, Clastres s'intéresse au statut des guerriers dans l'article « Malheur du guerrier sauvage »[191]. En premier lieu, il note que dans toutes les « sociétés primitives » l'homme est par définition un guerrier, c'est-à-dire que son destin (sa nature) est d'être un guerrier[192] ; il n'a pas d'autre choix : la guerre est perpétuellement pratiquée par chaque unité sociopolitique contre les communautés ennemies[193]. En second lieu Clastres soutient que les guerriers ne peuvent pas imposer leur désir de guerre et, par là, constituer un organe séparé de pouvoir : en échange de leur activité guerrière la « société primitive » leur accorde la gloire et la reconnaissance[192], jamais le pouvoir[184] (il donne l'exemple de ces chefs qui partent seuls à la guerre, en quête d'une gloire éternelle obtenue dans la mort[194],[195]). Néanmoins, Clastres voit dans la formation d'un groupe de guerriers l'apparition d'un organe qui, par sa constitution même, recèle la possibilité d'instituer un pouvoir politique coercitif[196],[197].

À la toute fin de l'article « Malheur du guerrier sauvage » publié à titre posthume, la rédaction de la revue Libre communique l'ébauche d'un plan d'ouvrage[198] noté par Clastres : « Nature du pouvoir des chefs de guerre ; La guerre de conquête dans les sociétés primitives comme amorce possible d'un changement de la structure politique (le cas des Tupi) ; Le rôle des femmes relativement à la guerre ; La guerre "d'État" (les Incas)[199]. »

Vie d'une œuvre inachevée

L'œuvre de Pierre Clastres se confond parfois avec son maître-ouvrage La Société contre l'État, de ce fait des renvois vers la partie « Réceptions et critiques » de cet article Wikipedia sont proposés en note.

La communauté anthropologique

Dans la communauté anthropologique, les travaux de Pierre Clastres sont diversement reçus. Pour résumer : tandis que sa remise en cause de l'État comme objet central de l'anthropologie politique est souvent saluée, ses méthodes d'analyse des sociétés des peuples premiers sont mises en doute et, par suite, ses démonstrations[n 22].

Maurice Godelier répondit aux attaques de Clastres. En 1977 il lui reproche d'opposer deux abstractions métaphysiques (l'« État »/la « Société ») et, « à l'aide de quelques faits détournés de leur sens et avec un mépris total pour tous les faits qui les contredisent »[200], de faire croire « à un public peu informé mais légitimement intéressé, que les primitifs en leur sagesse auraient mieux compris la leçon et passé leur temps à "conjurer la naissance de l'État"[200]. » En 1984 Godelier réitère ses critiques : l'État n'est pas né du « hasard de la conjugaison fatale du désir pervers de certains d'asservir et d'être servis qui rencontrait le désir des autres, plus nombreux, d'être asservis et de servir, il faut voir ailleurs que dans des images d'une prolifération cancéreuse de rapports sado-masochistes, dans cette socio-analyse bon marché, les raisons de la formation des classes et de l'État[201]. »

En 1979 paraît un ouvrage collectif dont plusieurs contributions ciblent directement Clastres : Le sauvage à la mode[202]. Jean-Loup Amselle accuse Clastres d'avoir fait de la « société primitive » une « essence »[203]. Marc Augé voit dans les travaux de Clastres une sorte de « néo-évolutionnisme »[204] et se demande comment les « sociétés primitives » pourraient-elles pressentir le pouvoir coercitif de l'État. Enfin, Jean Bazin critique la définition du pouvoir politique faite par Clastres : cette définition manque certains faits de domination (division des tâches, pouvoir de l'homme sur la femme, etc.)[205].

Dans un article paru en 1989, « Une Nouvelle anthropologie politique ? »[206], Emmanuel Terray propose une lecture critique de l'œuvre de Clastres. Le point nodal de sa critique rejoint celui de Godelier et d'Amselle : Clastres appuie son argumentation sur des concepts qui érigent en « essence » des réalités (sociologiques, historiques, géographiques, culturelles…) beaucoup plus variées[207] ; il s'adonne ainsi à un « véritable platonisme sociologique »[207], procède à des généralisations abusives[208] et tient des propos binaires et manichéens[209]. Aussi, Terray note que Clastres ne peut rendre compte de l'origine de l'État par défaut méthodologique[210] et que la thèse de l'universalité de la guerre est inexacte[211],[n 23].

Lors d'un colloque consacré à « l'anti-autoritarisme en ethnologie »[212], Christian Delacampagne et Christian Coulon sont revenus sur les travaux de Clastres. D'abord, tous deux reconnaissent que les opinions libertaires de Clastres ressortent fortement dans ses travaux[91],[213]. Pour autant, Delacampagne et Coulon insistent sur le fait que Clastres est le premier anthropologue à questionner et critiquer la place occupée par l'État dans les réflexions ethnologiques et, plus largement, philosophiques et politiques[214],[215]. D'autre part Coulon, tout en relevant certains angles morts, estime que la ligne directrice de l'œuvre clastrienne est de redonner aux sociétés non occidentales le « statut de sociétés à part entière »[213].

Le monde universitaire

Les recherches et les travaux de Clastres intéressent des universitaires provenant d'autres disciplines (notamment les sciences politiques), et ceux-ci discutent et critiquent ses thèses[n 24].

Pierre Birnbaum débattit avec Clastres dans un article[216] qui reçut une réponse[217]. Parmi les critiques que Birnbaum adresse à Clastres, il note que ce dernier emploie « les concepts de pouvoir, d'autorité et de force sans préciser leurs relations et en se servant parfois d'un terme pour un autre[218]. » Il estime que « Clastres valorise les sociétés qui maintiennent un contrôle absolu sur leurs membres pour l'unique raison qu'elles auraient su éviter ainsi l'apparition de l'État[219]. » Birnbaum pointe alors une contradiction : « Voilà, en effet, une étrange "démocratie" dans laquelle les hommes sont protégés de l'État mais ne participent en rien à l'élaboration de leurs propres lois. Le refus de l'État, c'est donc aussi la soumission complète, l'impossibilité de toute remise en question de l'ordre établi, la fin de toute innovation sociale par laquelle se révèle la liberté des hommes[220]. »

François Châtelet discute les critiques de Birnbaum et Jean-William Lapierre[221] car, d'après lui, elles manquent leur cible[222]. Selon Châtelet Clastres « montre que contrairement aux lieux communs évolutionnistes, linéaires ou dialectiques, progressistes ou "regressistes", la "primitivité" n'est ni un commencement, ni une origine, ni un degré zéro, qu'elle a à être pensée pour ce qu'elle est (et non ce qu'elle a à devenir), et que l'État n'est pas la forme normale de la société en route vers la plénitude, qu'il n'est pas nécessaire et qu'il n'est qu'un état (avec une minuscule) parmi d'autres possibles…[223] » Aussi est-ce pourquoi : « S'il arrive que cette expérience fournisse quelque leçon, qu'elle nous éclaire sur ce que nous sommes, c'est toujours par surcroît[224]. »

Claire Michard et Claudine Ribery attirent l'attention sur le fait que Clastres fait partie de ces auteurs qui reconduisent des « représentations idéologiques » sexistes[225], alors que son travail est reconnu « comme étant à visée objective »[226]. Dans leur étude[227] du texte « L'arc et le panier »[51] (repris dans la Chronique des Indiens Guayaki), Michard et Ribery remarque que le « groupe des femmes n'est […] pas posé de manière autonome, ainsi que l'est le groupe des hommes[228]. » Dans son texte, Clastres pose le groupe des hommes comme terme opératoire de la comparaison entre les femmes et les hommes guayaki ; ceci implique que « le groupe des femmes est posé comme deux fois subordonné au groupe des hommes »[228] : comme groupe des femmes et comme épouse. Pour Michard et Ribery, ce biais méthodologie entraîne le sophisme suivant : tandis que « les hommes sont ce qu'ils font et se font être[229] », « les femmes sont ce qu'elles sont et ce sont les autres qu'elles-mêmes qui les font (mères, épouses) »[229].

La place publique

Enfin, les thèses de Clastres sont aussi examinées et débattues en dehors de l'université et au-delà du cercle des spécialistes[98], c'est-à-dire dans l'espace public.

En 1990, la Revue du MAUSS publia deux numéros consacrés à la démocratie[230],[231]. Dans la présentation de ces dossiers, Alain Caillé remarque que les débats autour de la démocratie tendent à limiter son existence soit à l'« archétype » de la démocratie athénienne, soit à la modernité européenne[232]. Pourtant, rappelant que « Clastres voyait dans la marque sauvage des corps le souci d'affirmer l'égalité devant la loi commune et d'interdire l'appropriation individuelle du pouvoir de contraindre et de produire la loi »[233], Caillé estime que ces recherches pourraient mettre au jour une « ''naturalité'' » et une « universalité » de la démocratie et, par suite, cela permettrait de « faire fond sur l'idéal démocratique »[232].

Dans Les théories du pouvoir, Jacqueline Russ propose une histoire et une analyse de la notion de pouvoir. Lorsqu'elle aborde la conception du pouvoir proposée par Clastres, elle signale ceci : « Les sociétés humaines qui se sont passées d'État n'en ont pas moins développé une coercition ou une contrainte diffuse[234]. » Russ soutient contre Clastres que tout « chef, même éphémère, possède une autorité et une puissance limitées »[235] ; de la sorte : « au sein de ces sociétés sans État, les notions de d'autorité et de coercition apparaissent. S'il existe des sociétés étrangères à l'institution d'un pouvoir politique fonctionnant au-dessus de la société, elles n'ignorent pas nécessairement une domination politique diluée ou éclatée[235]. »

Dans un article où Samuel Moyn étudie l'apport de Clastres à la pensée politique française, il soutient que la « haine exagérée et monomaniaque »[19] que Clastres voue à l'État est due à son assimilation de l'institution « État » au totalitarisme[236]. Autrement, Moyn aperçoit une conséquence inattendue (et involontaire) dans l'insistance de Clastres à vouloir séparer l'« État » de la « Société » : son œuvre « joua un rôle important dans l'essor de la théorie contemporaine de l'importance de la société civile[237]. » Précisément : Clastres a contribué à faire naître la croyance que la démocratie est d'abord l'affaire de société civile et, par suite, il a passé sous silence « le rôle nécessaire de l'État dans le développement et la promotion d'une société civile libre et dynamique[237]. »

Pour finir ce bref tour d'horizon, la contribution de Clastres aux mouvements anarchiste et libertaire est toujours discutée. Édouard Jourdain compte Clastres au nombre des anarchistes car il « affichait clairement ses positions politiques antiautoritaires » et « ne cessa[i]t de pointer les mutations de l'appareil coercitif d'État tout en mettant en garde contre ses dangers »[238]. De son côté, Philippe Pelletier rappelle que Clastres « n'est pas le premier à avoir expulsé l'État de sa centralité dans l'anthropologie ou la philosophie politique[239] » : Élisée Reclus et Pierre Kropotkine y avaient déjà pensé[239]. De leur côté, Marcel Gauchet et Anne Kupiec avancent que Clastres ne souhaitait pas contribuer à l'anarchisme[59],[240]. Kupiec ajoute : « ce à quoi invite P. Clastres, et qui n'apparaît guère dans la pensée de l'anarchisme, c'est à penser le pouvoir politique comme universel ''immanent au social'' en considérant que ''le pouvoir politique comme coercition n'est pas le modèle du pouvoir vrai, mais simplement un cas particulier''[241]. »

Les comparses philosophes

L'influence des travaux de Pierre Clastres est d'abord perceptible dans les œuvres des philosophes qu'il a côtoyés durant des années[242] : d'un côté Gilles Deleuze et Félix Guattari[n 25], de l'autre ses comparses de la revue Libre : Claude Lefort, Marcel Gauchet et Miguel Abensour[n 26].

Plusieurs fois Marcel Gauchet reconnut l'importance de Clastres pour son travail, comme lors d'un entretien avec Sylvain Piron[245] ou dans l'introduction à un recueil de textes[246] : « Le coup de génie de Clastres a été de substituer le point de vue dynamique de l'opposition au point de vue naïf de la privation. Ces sociétés ne sont pas dépourvues d'État ; elles sont agencées contre le surgissement de l'État[247]. » Dans son opus magnum, Gauchet reformule à sa façon la thèse de Clastres : c'est « du point de vue de la politique contenue dans la religion primitive que prend tout son sens la notion introduite par Pierre Clastres de société contre l'État. Entendons derrière l'expression : une société où la soustraction religieuse du principe instaurateur prévient et désarme la séparation d'une autorité légitimante et coercitive. Étant d'autre part entendu qu'elle porte en elle au titre de virtualité structurale pareille scission politique — et que cette virtualité est à la source de la réflexivité impersonnelle à l'œuvre dans le choix religieux qui la désamorce et la recouvre[248]. »

Claude Lefort reconnut l'influence de Clastres lors du colloque de 1982 consacré à l'anthropologue[249], il écrit : « Aussi bien Clastres m'apparut-il, […], comme cet anthropologue que j'appelais de mes vœux, qui, à partir d'une connaissance intime des sociétés sauvages […], renversait les évidences de l'évolutionnisme et décelait les insuffisances du structuralisme[3]. » Et il ajoute plus loin : « les analyses de Clastres m'incitèrent à approfondir ma réflexion sur le politique[250]. » Bien qu'ils partagent nombre d'« affinités »[251] Lefort discute certaines thèses de Clastres, notamment celles avancées dans le texte sur Étienne de La Boétie : « me semblent injustifiables ces quatre propositions : celle que les régimes des sociétés étatiques se distinguent par le seul degré dans l'oppression exercée ou l'intensité de la servitude ; celle que les effets du malencontre ''ne cessent de s'amplifier'' ; celle que la nature de l'État se résume à l'exercice de la coercition ; enfin celle que la vie sociale, là où existe l'État, est tout entière sous son emprise[172]. »

Des ethnologues sud-américains

Clastres n'a pas fait école[252] et n'a pas eu de disciples[253],[254], néanmoins une génération d'ethnologues sud-américains[252] trouve dans ses travaux des intuitions et des pistes à poursuivre ou à rectifier, d'autres à abandonner[n 27].

Eduardo Viveiros de Castro rédigea une introduction à la traduction anglaise du recueil Recherches d'anthropologie politique[256]. Dans celle-ci, outre différentes critiques[257], Viveiros de Castro affirme qu'une dimension de l'œuvre de Clastres reste prisonnière du passé : « sa conception assez exclusiviste du socius. La société primitive est un projet constitutivement humain ; la politique de Clastres est une politique strictement intraspécifique[258]. » Cependant, il juge que sa dimension philosophique reste pertinente : « cette œuvre consiste, avant tout, à une intervention dans le champ de l'anthropologie sociale amérindienne, intervention qui est venue féconder la philosophie occidentale avec l'apport de la pensée des sauvages, ouvrant la possibilité d'un authentique devenir-Indien du concept[259]. »[n 28]

Dans leur « Préface » à la traduction brésilienne de La Société contre l'État[260], Tânia Stolze Lima et Marcio Goldman pointent les limites de l'argumentation de Clastres quant à la pratique de l'exogamie locale comme « règle mécanique associée à une règle mécanique de résidence »[261]. Néanmoins, ils estiment que Clastres a vu juste sur un autre point : « Affirmer que les sociétés indigènes de l'Amérique du Sud tropicale sont des sociétés contre l'État n'est pas pécher par romantisme, volontarisme, métaphysique ou idéalismes philosophiques. Bien au contraire, c'est peut-être construire une anthropologie politique spécifique[262]. »

L'anthropologie anarchiste

L'« anthropologie anarchiste » est « une branche de l’anthropologie politique qui s’intéresse spécifiquement aux sociétés sans État »[263],[264]. Clastres est considéré comme l'un des plus fameux représentants de cette branche au côté de David Graeber[265] et James C. Scott[266].

Dans son livre Pour une anthropologie anarchiste, David Graeber reconnaît en Clastres « l'un des rares anthropologues ouvertement anarchistes de mémoire récente »[267]. Avec David Wengrow, ils discutent des limites de sa thèse du chef sans pouvoir dans Au commencement était…[268]. Toutefois, il voit en Clastres « un romantique naïf »[269] et se demande comment la pratique du « viol collectif » dans les sociétés amazoniennes a pu lui échapper[269].

Dans son livre Zomia ou l'Art de ne pas être gouverné, James C. Scott estime avoir une dette envers Clastres : son « interprétation audacieuse des peuples autochtones cherchant à fuir l'État et à empêcher son action dans l'Amérique du Sud postérieure à la conquête dans La Société contre l'État a pris, à la lumière des éléments rassemblés par la suite, une allure divinatoire[270]. » Ainsi, il le gratifie[271] d'avoir montré que divers peuples autochtones mettent en œuvre des stratégies pour échapper à l'État[272].

Dans son livre Anarchisme et anthropologie, Alberto Giovanni Biuso entend donner un nouvel élan à l'anarchisme. Bien qu'il discerne des limites anthropocentriques dans les thèses de Clastres[273], il estime que sa contribution ethnologique est fondamentale : « en particulier pour son explication claire de la Différence. La différence entre le pouvoir et l'État, entre la guerre et la domination, entre les sociétés indivisées et les sociétés construites sur l'Un[274]. »

Enfin, dans son livre L'Ordre contre l'Harmonie, Charles Macdonald récuse avoir été influencé par Clastres[275]. Pour autant, il identifie dans les recherches de Clastres sur les communautés de la forêt tropicale une tentative pour « donner un statut » à des communautés qu'il nomme « anarcho-grégaires »[276].

Clastres en colloques

L'œuvre de Pierre Clastres est parfois discutée à l'occasion de colloques portant sur l'anthropologie ou la politique[n 29]. Depuis sa disparition, trois colloques furent spécifiquement consacrés à ses travaux en France.

Miguel Abensour, proche de Clastres et « principal promoteur »[278] de ses idées, organisa deux colloques consacrés à son œuvre. En il initia deux journées d'études[279] intitulées « À partir de l'œuvre de Pierre Clastres : anthropologie et politique »[280],[n 30], dont les interventions furent publiées en 1987 dans le livre L'Esprit des lois sauvages. Pierre Clastres ou une nouvelle anthropologie politique[249]. En , avec Anne Kupiec, Abensour anima un colloque intitulé « Pierre Clastres et Nous. La révolution copernicienne et la question de l'État »[281] ; certaines interventions de ce colloque furent réunies en 2011 dans un cahier Pierre Clastres[282],[n 31], auquel furent inclues ces traductions : la « Préface » de Bento Prado Junior à l'édition brésilienne du recueil de textes de Clastres Arqueologia da violência[283], la « Préface » de Tânia Stoize Lima & Marcio Goldman à A Sociedade contra o Estado[284] et l'« Introduction » de Paul Auster à la Chronicle of the Guayaki Indians[285].

Le 25 et le à l'IMEC[286],[287], Pierre-Alexandre Delorme et Clément Poutot organisèrent un colloque consacré à Clastres : « Pierre Clastres. D’une ethnologie de terrain à une anthropologie du pouvoir »[288]. Certaines interventions de ce colloque furent réunies dans l'ouvrage Clastres. Une politique de l'anthropologie[289],[n 32].

Usages de Clastres

Nombre d'auteurs mobilisent les travaux de Clastres dans des recherches qui dépassent non seulement le cadre des disciplines ethnologique et anthropologique (la philosophie[290], la politique[291] ou le droit[292]), mais aussi le cadre de réflexion de Clastres lui-même[n 33].

Jean-Claude Monod fait appel aux travaux de Clastres dans son livre sur le charisme du chef démocratique pour la raison suivante : « Cette image des ''chefs sans pouvoir'' peut-elle intéresser une pensée politique de la démocratie[293] ? » Pour Monod il n'y a rien « qui puisse être directement transposé, aucune leçon politique directe pour "nos" sociétés »[294] dans cette institution de la chefferie. Cependant, il retient un point qui permettrait de concevoir autrement les rapports entre les citoyens et leur chef d'État : « On trouve en effet, dans cette organisation politique amazonienne, un rappel constant aux chefs de ce fait fondamental : le pouvoir vrai se trouve non en eux, mais dans la société. Une fois bien conscients de cette condition, oui, ils peuvent parler[295]. »

Arash Joudaki consacre un ouvrage à Jacques Rancière dans lequel il compare sa pensée politique à celles de Marcel Gauchet, Claude Lefort et Clastres. Confrontant Rancière à Clastres, Joudaki estime que les analyses de ce dernier aboutissent à un constat décevant : « les Indiens refusent d'obéir parce que l'intention sociale a d'avance décidé qu'ils ne doivent pas obéir[296]. » En revanche, dans ses travaux, Rancière met au jour l'action consciente des sujets politiques : « Ces sujets mettent en pratique leur capacité d'énonciation à formuler les termes d'une question concernant les choses communes. Dans ce sens, la démocratie en tant que pouvoir du peuple signifie le pouvoir propre à ceux qui n'ont pas plus de titre à gouverner qu'à être gouvernés. Ce pouvoir est à la base de n'importe quel forme de pouvoir et de gouvernement[297]. »

Christian Ferrié entend apporter « un éclairage psychanalytique des processus sociologiques et des mouvements politiques »[298] repérés par Clastres. Ferrié avance que « le désir d'égalité comme pulsion même de la vie politique [serait] à l'origine du mouvement originaire du politique[299]. » Plus même, il soutient que cette pulsion d'égalité « serait, de tout temps et en tout lieu (politique), le ressort inconscient de tous les mouvements politiques qui s'engagent pour l'égalité ou, plus exactement, pour l'égalisation des conditions sociopolitiques d'existence au sein des sociétés divisées[300]. » Enfin, d'après Ferrié, voici la vraie nature de toute communauté politique : « Anti-patriarcale et an-archique en sa tendance originaire, la communauté politique des êtres humains serait, par essence, régie par la loi primitive de l'égalité qui s'efforce de réprimer le désir d'inégalité en contrôlant tout particulièrement les chefs (de guerre)[301]. »

Clastres à distance (brève histoire d'une réception critique)

Les réceptions et les critiques des recherches et des travaux de Clastres sont variées (voir ci-avant). Nonobstant, au fil du temps deux tendances s'amplifient distinctement : ses études ethnographiques sont délaissées, ses thèses politiques sont mobilisées[302],[252],[303].

La Chronique des Indiens Guayaki fut le premier ouvrage publié de Clastres, et son premier succès critique (voir le dossier constitué pour la réédition[304]). Toutefois, à distance, Clifford Geertz juge cet ouvrage méthodologiquement daté[305] et le cadre conceptuel de Clastres romantique[306]. Alban Bensa reproche à Clastres d'hypostasier les pensées et les paroles ainsi que les faits et gestes des Guayaki[307] et, par là, d'étudier une abstraction (faisant des Guayaki une communauté qui n'est plus maître de son destin, mais seulement la représentante d'un passé révolu)[308]. De même, les études ethnographiques réunies dans La Société contre l'État ont été rangées par les ethnologues « dans le cabinet des curiosités anthropologiques »[309],[310]. Ainsi, pour Olivier Allard, si les expériences de Clastres « lui fournissent des exemples pour étayer son argumentation, […], elles relèvent finalement plus de l’activité d’un explorateur ou d’un voyageur éclairé que de celle d’un ethnologue professionnel[311]. » Et il ajoute : « à la question de départ "Faut-il encore lire Clastres aujourd’hui ?", je répondrai que, pour un ethnologue, ce n’est finalement pas nécessaire »[312],[n 34].

A contrario, les thèses politiques avancées par Clastres continuent d'être actualisées. Durant les années 1970-80, ces thèses intéressaient des auteurs aussi différents que Michel Foucault[313], Jean-William Lapierre[221], Fernand Deligny[314], Jean-François Lyotard[315], Joseph Pestieau[316], José Gil[317] ou François Masnata[318]. Depuis les années 2000, ces thèses reviennent en grâce dans les « milieux politiques radicaux »[319] et chez des philosophes comme Jean-Claude Monod, Arash Joudaki et Christian Ferrié dont les travaux portent sur la politique (voir ci-dessus « Usages de Clastres »)[n 35]. Pour finir, certains anthropologues considèrent que les réflexions de Clastres sur la politique sont encore stimulantes. Marc Abélès rappelle ceci : « Ce qui est intéressant chez P. Clastres, c'est qu'il restitue assez finement l'aspect négatif dans les pratiques politiques »[22]. Quant à Eduardo Viveiros de Castro, il déclare : « Ce serait un exercice puéril que d'envisager l'œuvre de Clastres, ou n'importe quelle autre étude anthropologique, comme un manuel de science politique à l'usage de la société contemporaine[320]. » Pour autant, précise-t-il dans un autre texte : « Société-contre-l'État, en somme, est un concept qui désigne un régime d'intensité ou un fonctionnement virtuel omniprésent, dont il revient à l'anthropologie de déterminer empiriquement ses conditions variables d'extensivisation et d'actualisation[321]. »

Annexe : publications

Dans cette annexe, les ouvrages de Pierre Clastres parus de son vivant et les publications posthumes sont très brièvement présentés. (Dans la boîte déroulante ci-dessous sont listées les publications de Clastres : articles, textes, entretiens, ouvrages[n 36].)

1972, le quotidien des Guayaki

Chronique des Indiens Guayaki[27], sous-titré Ce que savent les Achés, chasseurs nomades du Paraguay, est un ouvrage consacré aux Indiens Guayaki. Un mot du titre, « Chronique », renvoie[323] aux chroniqueurs qui décrivirent la vie et les mœurs des Indiens du Nouveau Monde et dont Clastres lu les récits ; d'ailleurs certains d'entre eux, comme le Père Pedro Lozano, décrivirent ces insaisissables « Guachagui »[324].

Dans cet ouvrage, Clastres raconte le quotidien des Guayaki[325] : la naissance et la mort, le manger et le coucher, la vie amoureuse et la vengeance[326] ainsi que, inéluctable selon lui, la disparition de cette société[327]. Aussi, il décrit l'initiation des jeunes garçons et des jeunes filles[328], ainsi que le cannibalisme pratiqué par l'un des deux groupes Guayaki auprès desquels il séjourna[329]. Enfin, il porte un regard ironique sur son statut d'ethnologue, notamment sur les difficultés qu'il rencontre pour obtenir des informations auprès des Achés[325].

Accueilli favorablement lors de sa parution[325],[330],[331] mais aussi contesté[332],[333], l'ouvrage fut réévalué[334] lors de sa publication en anglais en 1998 : une écriture dépassée[305], une méthodologie approximative[335] et, surtout, des faits (viols, domination masculine, etc.) traités par trop allusivement[336].

1974, la thèse iconoclaste

La Société contre l'État[28], sous-titré Recherches d'anthropologie politique, est l'ouvrage le plus connu de Clastres[337]. C'est un recueil à visée théorique[338], voire philosophique[339], qui regroupe des articles parus dans différentes revues entre 1962 et 1973[340] ; seul le dernier chapitre (qui donne son titre au livre) est un texte inédit[341].

Le titre du livre annonce la thèse défendue et étayée par les différents articles transformés en chapitres[350] : il existe des « sociétés contre l'État »[351]. Par cette expression Clastres veut dire que, contrairement aux « sociétés à État » qui instituent un pouvoir politique coercitif, il existe des sociétés qui instituent un pouvoir politique non coercitif : les « sociétés primitives » ; c'est-à-dire des sociétés qui créent intentionnellement[352] des institutions politiques qui instaurent et préservent la liberté et l'égalité des membres de la communauté.

Ce livre fut accueilli tant favorablement que défavorablement : certains y virent l'éclosion d'une nouvelle anthropologie politique[353],[354],[355], d'autres y virent les pires travers de l'ethnologie occidentale[356],[357]. Rétrospectivement : les données ethnographiques de Clastres sont contestées[358], ces intuitions sont saluées[359], le livre demeure un classique des bibliographies d'anthropologie politique[340],[23].

1974, les belles paroles des Guarani

Le Grand Parler[360], sous-titré Mythes et chants sacrés des Indiens Guarani, est une anthologie de mythes et de paroles des Indiens Guarani[n 37]. Elle est constituée de textes choisis et traduits, présentés et commentés par Clastres : des textes qui proviennent de paroles recueillies soit par Curt Nimuendajú, soit par León Cadogan, soit par Clastres lui-même[361].

Dans cet ouvrage, Clastres réunit différents types de textes : les principaux mythes que racontent les Guaranis (« Le temps de l'éternité ») ; les « Belles Paroles » qui retracent les moments principaux de la cosmogénèse guarani (« Le lieu du malheur ») ; enfin des textes qui, d'après lui, relèvent du niveau métaphysique de la pensée guarani (« Les derniers de ceux qui furent les premiers adornés »)[362].

En 1977, Philippe Adrien mit en scène certains textes du Grand Parler[363]. Outre sa traduction du guarani, l'exégèse que Clastres fit de ces textes fut critiquée dans deux directions : soit il vit de la subtilité où il n'y en avait pas[361], soit il manqua la véritable philosophie politique des karai[364].

1980, un recueil de textes éparpillés

Recherches d’anthropologie politique[365] est un recueil posthume[n 38] qui compile des écrits de Clastres publiés entre 1969 et 1978 : des rubriques de dictionnaire, divers articles, une recension, une préface et une réponse (lors de la parution en 1980, seuls sont inédits les textes regroupés au chapitre 5 sous le titre « Mythes et rites des Indiens d'Amérique du Sud »)[366].

Ce recueil se compose de textes de Clastres illustrant ses différents axes de recherches et ses différentes approches du terrain, ainsi que l'évolution de son travail au fil du temps (et ce jusqu'à son décès accidentel)[366] : tout d'abord, son souci des peuples premiers (chapitres 1, 3 et 4) et la tentative de les étudier depuis leurs propres perspectives (chapitres 2 et 5) ; puis, sa recherche d'une approche plus juste et plus pertinente des peuples premiers (chapitres 8 et 10) ; ensuite, son interrogation du pouvoir politique et son questionnement de l'État (chapitres 6, 7 et 9) ; pour finir, ses dernières explorations théoriques (chapitres 11 et 12)[374].

Pris ensemble, les différents textes du recueil témoignent du retour de la question politique dans la discipline ethnologique[375] ; quand ses recherches sur les sociétés indivisées sont appréciées[376],[377], son appropriation polémique des recherches de Marshall Sahlins est regrettée[378],[379].

1992, des documents sur les Chulupi

Mythologie des Indiens Chulupi[380] est un ouvrage qui fut préparé et édité par Hélène Clastres et Michel Cartry à partir de notes, de textes, de traductions et de matériaux laissés par Clastres.

Dans cet ouvrage posthume le lecteur trouve l'état des recherches ethnographiques de Clastres sur les Indiens Chulupi : principalement, le corpus de soixante-treize mythes des Indiens Chulupi qui constitue le morceau de choix du volume[n 39] ; une brève introduction sur la situation des Chulupi (ou Ashluslay) et quelques « Documents ethnographiques » qui décrivent leur société (« Organisation spatiale », « Mariage », « Chefferie », « Jeu de balle »…), ainsi que des « Récits de guerre » ; enfin, un texte en hommage à Alfred Métraux.

Publié tardivement, la mise à disposition (pour les lecteurs francophones) de ce corpus de mythes Chulupi fut saluée[381] même si, au regard des critères contemporains, l'approche méthodologique de Clastres soit désormais discutable[382].

Deux rééditions et une compilation

Publiés de son vivant dans deux revues distinctes, un entretien et un article de Clastres furent édités sous forme d’ouvrage : l'article « Archéologie de la violence »[181] est publié en 1997 au format livre de poche (et régulièrement réédité depuis) sous le même titre Archéologie de la violence. La guerre dans les sociétés primitives[383] ; en 2012, l'entretien donnée à la revue L'Anti-mythes en [384] fut publié au format livre[385], il est précédé d’une brève mise en contexte signée par Miguel Abensour.

Sinon, dans le cahier Pierre Clastres publié en 2011[282], Abensour et Anne Kupiec compilèrent certains textes, articles et entretiens de Clastres devenus difficilement accessibles[n 40].

Œuvres

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Articles et entretiens

Ci-dessous figure une sélection d'articles et d'entretiens de Pierre Clastres (principalement ceux non regroupés en volume). Lorsque cela est possible, des liens vers les textes actuellement accessibles en ligne (2022) sont proposés dans les boîtes déroulantes en annexe : « Publications de son vivant » et « Publications posthumes ». Autrement, ses articles sont pour la plupart disponibles dans la bibliothèque « Persée »[322].
  • P. Clastres, « Compte rendu de mission chez les Indiens Guayaki », L'Homme, no 2, tome 4, , p. 122-125 (lire en ligne)
  • P. Clastres, « Ethnologie des Indiens Guayaki : La vie sociale de la tribu », L'Homme, no 4, tome 7, 1967a, p. 5-24 (lire en ligne)
  • P. Clastres, « Mission au Paraguay et au Brésil », L'Homme, no 4, tome 7, 1967b, p. 101-108 (lire en ligne)
  • P. Clastres, « Ethnographie des Indiens Guayaki (Paraguay - Brésil) », Journal de la Société des Américanistes, vol. 57, , p. 8-61 (lire en ligne)
  • P. Clastres, « Les Indiens », La Quinzaine littéraire, no 55, du 1er au 31 août, , p. 24-25[n 41]
  • P. Clastres, « Le temps des assassins », Les Temps modernes, no 283, mars, , p. 1314-1317[n 42]
  • (en) P. Clastres, « The Guayaki », dans M. G. Bicchieri (ed.), Hunters and Gatherers Today : A Socioeconomic Study of Eleven Such Cultures in the Twentieth Century, New York, Holt, Rinehart and Winston, Inc., , p. 138-174
  • Gilles Anquetil, « Questions d'ethnologie : Entretien avec Pierre Clastres », Les Nouvelles Littéraires, no 2 378 (du 23 au 29 avril), , p. 6
  • L'Anti-mythes, « Entretien avec Pierre Clastres (14 décembre 1974) », L'Anti-mythes, no 9, , p. 1-26 (lire en ligne [PDF])
  • Raymond Bellour, « La société contre l'État : Entretien avec Pierre Clastres », Le Magazine Littéraire, no 102, juillet-août, , p. 60-63[n 43]
  • Marie-Ange Garrandeau, « Voix singulières de Terre Humaine : Pierre Clastres (17 août 2005) » [MP3], sur Revue du MAUSS permanente [en ligne], (consulté le )[n 44]

Préfaces

  • (es) León Cadogan, Diccionario Guayaki-Español, Paris, Musée de l'homme, , « Avant-propos » de Pierre Clastres
  • Marshall Sahlins, Âge de pierre, âge d'abondance : L'économie des sociétés primitives, Paris, Gallimard, coll. « Folio Histoire », (1re éd. 1976), « Préface » de Pierre Clastres

Ouvrages

  • P. Clastres, Chronique des Indiens Guayaki : Ce que savent les Aché, chasseurs nomades du Paraguay, Paris, Pocket, coll. « Terre Humaine Poche », (1re éd. 1972)[n 45]
  • P. Clastres, La Société contre l'État : Recherches d’anthropologie politique, Paris, Minuit, coll. « Reprise », 2011a (1re éd. 1974)
  • P. Clastres, Le Grand Parler : Mythes et chants sacrés des Indiens Guarani, Paris, Seuil, 2011b (1re éd. 1974)
  • P. Clastres, Entretien avec l'Anti-mythes, 1974, Paris, Sens & Tonka, 2012a (1re publication de l'entretien 1975)
  • P. Clastres, Recherches d'anthropologie politique, Paris, Seuil, 2012b (1re éd. 1980)
  • P. Clastres, Mythologie des Indiens Chulupi, Louvain-Paris, Peeters, coll. « Bibliothèque de l'École des hautes études »,
  • P. Clastres, Archéologie de la violence : La guerre dans les sociétés primitives, La Tour-d'Aigues, L'Aube, coll. « Poche », (1re éd. 1997)

Notes et références

Notes

  1. Par souci de synthèse :
    • Clastres est affilié à l'« École/tradition » structuraliste parmi les « Principaux courants » répertoriés sur le « Portail de l'anthropologie » ;
    • ses convictions (« libertaire »/« anarchiste »/« antiautoritaire ») qui le rattachent au portail « Anarchisme » sont évoquées dans le corps de l'article.
    Concernant l'affiliation au « structuralisme », Miguel Abensour[1], Marcel Gauchet[2], Claude Lefort[3] et Jacques Lizot[4] la contestent ; tandis que différents auteurs estiment que Clastres reconduit les théories et les méthodes du structuralisme : Jean-Loup Amselle[5], Jean Copans[6], Pierre Bouretz[7], Anne-Christine Taylor[8] et Eduardo Viveiros de Castro[9],[10].
    Concernant ses convictions, voir ci-dessous la note « n 2 ».
  2. Bien qu'une inspiration libertaire[18] et un anti-étatisme certain[19] apparaissent dans ses écrits, bien qu'il ait donné ses derniers articles à la revue Libre qui était une revue « antiautoritaire »[20] et « antitotalitaire »[21], Clastres ne s'est jamais revendiqué comme « libertaire », « anarchiste », « antiautoritaire » ou « antitotalitaire » (ni dans ses textes, ni dans ses entretiens).
    Pour le dire de la façon la plus neutre possible : ce sont ses lecteurs et ses commentateurs (hostiles ou amicaux) qui qualifient Clastres d'« anarchiste », de « libertaire », d'« antiautoritaire » et d'« antitotalitaire ». (Voir les différents jugements portés sur sa personne et ses recherches dans la partie « Vie d'une œuvre inachevée ».)
  3. Le vocabulaire employé par Clastres dans ses écrits et lors de ses entretiens divise toujours les commentateurs, laudateurs comme contempteurs. Pour faire court : selon les premiers, Clastres emploie le syntagme « société primitive » et le terme « Sauvage » dans un sens positif, afin de lutter contre l'ethnocentrisme européen et afin de mettre en avant la singularité de populations aujourd'hui nommées « autochtones »[30],[31] ; selon les seconds, ces syntagmes et ces termes témoignent d'une nostalgie du « Bon sauvage » et d'une vision idéalisée des peuples autochtones[32],[33].
    De fait, certaines formulations de Clastres se révèlent parfois ambiguës, comme à la page 67 de La Société contre l'État[28] : « Archaïques, les sociétés amérindiennes le furent, mais si l'on peut dire, négativement et selon nos critères européens. »
    Qu'ils soient considérés comme datés, idéologiques ou positifs, ces concepts innervent l'œuvre de Clastres. Dès lors : 1) supprimer ce vocabulaire serait censurer l'œuvre de Clastres ; 2) remplacer ce vocabulaire serait rendre contemporaine une œuvre qui ne l'est pas. Par conséquent : 3) lorsque ce vocabulaire est employé par Clastres ou ses commentateurs (laudateurs et contempteurs), il est conservé sans modification ; en revanche, 4) lorsque cela est requis un vocabulaire plus contemporain est employé.
  4. Une frise chronologique des terrains de Clastres est proposée sur la page Wikipedia consacrée au livre La Société contre l'État : « Les fruits de l'expérience de terrain ».
  5. Cette carte suit les informations présentes sur la carte figurant au début de l'ouvrage : Pierre Clastres, A sociedade contra o Estado. Pesquisas de antropologia política[65].
  6. Voici quelques noms d'explorateurs, de missionnaires, de voyageurs, de soldats, etc., que Clastres regroupent généralement sous le nom de « chroniqueurs » et qu'il cite dans ses différents textes : Claude d'Abbeville, Jean Alfonse, José de Anchieta, Álvar Núñez Cabeza de Vaca, António Francisco Cardim, Samuel de Champlain, Pierre-François-Xavier de Charlevoix, Martin Dobrizhoffer, Yves d'Évreux, Francisco Jarque, Domingo de Irala, Jean de Léry, José Francisco Sanchez Labrador y Hernandez, Pedro Lozano, Manuel da Nóbrega, Florian Paucke, Binot Paulmier de Gonneville, Antonio Ruiz de Montoya, Antonio Sepp, Gabriel Soares de Sousa, Hans Staden, André Thevet.
  7. À la fin de l'année 1968 paraît l'article de Sahlins intitulé « La première société d'abondance »[80].
  8. Clastres juge sévèrement le structuralisme, cependant il ne tarit jamais d'éloges sur l'œuvre de Lévi-Strauss. À la toute fin d'un article de 1968, il écrit : « l'œuvre de Claude Lévi-Strauss nous prouve la rectitude de la démarche par l'ampleur (peut-être encore insoupçonnée) de ses conquêtes, elle nous engage à aller plus loin[99]. » Dans un article posthume publié en 1978, il écrit encore : « une entreprise très considérable par son originalité, celle de Lévi-Strauss[100]. »
  9. Ne sachant pas quelle(s) direction(s) Clastres aurait pris dans ses recherches :
    • son travail ethnographique est présenté de façon thématique ;
    • son travail d’anthropologie politique est présenté chronologiquement.
    Afin d'éclairer ou de prolonger certains points, des renvois vers l'article Wikipedia consacré à l'ouvrage de Clastres La Société contre l'État sont proposés en note.
  10. Sur la page Wikipedia consacrée à La Société contre l'État, voir la partie « Le propre des Autres ».
  11. Clastres caractérise la chefferie indienne par quatre traits fondamentaux : les chef est un pacificateur, un apaiseur de conflits et de querelles ; il est généreux et distribue des biens à la communauté (son prestige étant en rapport avec sa générosité) ; il est un bon orateur et utilise sa parole pour rappeler les normes traditionnelles, critiquer les uns, fustiger les autres ; enfin, il a le privilège de la polygynie[143].
  12. Plus essentiellement pour Clastres, cette place du chef résulte d'une conception de la nature et de la culture propre aux « sociétés primitives » : de même que la nature est la négation de la culture, le pouvoir est la négation de la société. Afin de contenir la négativité du pouvoir, celui-ci est rejeté du côté de la nature et ainsi neutralisé. Par suite, étant hors société (donc hors culture), le pouvoir ne peut se déployer au sein de la société[145].
  13. Pour d'autres développements, voir la partie « Un pouvoir non coercitif » sur la page Wikipedia consacrée à La Société contre l'État.
  14. D'autres conséquences découlent de cette découverte de la primauté du politique, par exemple : cela implique que toute société, quelles que soient les époques (passée, présente ou future), participent du politique. Autre exemple : l'économie (c'est-à-dire : le mode de production économique) n'est pas à l'origine de l'institution des sociétés. Dernier exemple : aucune religion ne peut prétendre instituer une société.
  15. Par exemple : « Liberté, Malencontre, Innommable » (1976[161]) et « La question du pouvoir dans les sociétés primitives » (1976[162]).
  16. Pour d'autres développements, voir la partie « Politique de la société à État » sur la page Wikipedia consacrée à La Société contre l'État.
  17. Le mot « malencontre » est forgé par Clastres[172] d'après un passage du texte de La Boétie : « Ainsi donc puisque toutes choses qui ont sentiment, deslors qu'elles l'ont, sentent le mal de la sujetion, et courent après la liberté ; puis que les bestes qui ancore sont faites pour le service de l'homme, ne se peuvent accoustumer a servir, qu'avec protestation d'un desir contraire : quel mal encontre a esté cela, qui a peu tant denaturer l'homme, seul né de vrai pour vivre franchement ; et lui faire perdre la souvenance de son premier estre, et le desir de le reprendre[176]. »
  18. Clastres ne tient jamais de propos définitif sur l'apparition ou l'origine du pouvoir politique coercitif (de l'État) : « Quant à savoir si je puis ou non articuler une réponse à la question de l'origine de l'État, écrit Clastres, je n'en sais encore trop rien, […]. Attendons, travaillons, rien ne presse[179]. »
  19. Clastres conçoit ainsi la guerre d'État : par nature l'État est contre la guerre, l'État empêche la guerre ; et lorsque l'État fait la guerre, c'est en vue de l'unification[183].
  20. Dans sa caractérisation de la guerre, Clastres écarte deux théories qui ne le satisfont pas : celle d'André Leroi-Gourhan qui attribue la violence humaine à la biologie de l'homme[188] ; celle de Claude Lévi-Strauss qui pense la guerre comme le résultat d'un échange manqué[189].
  21. Dans son article « Archéologie de la violence… », Clastres critique la vision de l'état de nature théorisée par Hobbes : un état vu comme le guerre de tous contre tous[190].
  22. Sur la page Wikipedia consacrée à La Société contre l'État, voir les critiques des anthropologues Philippe Descola et Marc Abélès dans la partie « Lectures serrées ».
    Sinon, des liens vers des recensions critiques des ouvrages de Clastres sont proposés dans l' « Annexe : publications ».
  23. Voir aussi, dans la partie « Lectures serrées » de la page Wikipedia consacrée à La Société contre l'État, sa critique de l'expression « société contre l'État ».
  24. Sur la page Wikipedia consacrée à La Société contre l'État, voir les critiques de Jean-William Lapierre et Pierre Bouretz dans la partie « Lectures serrées ».
  25. Pour un aperçu des influences croisées entre L'Anti-Œdipe et La Société contre l'État puis Mille Plateaux[243],[244], voir la partie « Influence » sur la page Wikipedia consacrée à La Société contre l'État.
  26. Pour ce dernier, voir ci-après la partie « Clastres en colloques ». Et sur la page Wikipedia consacrée à La Société contre l'État, voir la partie « Influence ».
  27. On peut énumérer les noms de quelques chercheurs qui participèrent à un colloque sur la pensée de Clastres en 2009 : Sérgio Cardoso, Marilena Chaui, Ximena Gonzáles Broquen, Olgária Matos, Francisco Naishtat, Beatriz Perrone-Moisés ou Renato Sztutman[255].
  28. Pour l'influence de l'idée de « société contre l'État » sur la pensée d'Eduardo Viveiros de Castro, voir la partie « Influence » sur la page Wikipedia consacrée à La Société contre l'État.
  29. Voir, par exemple, le colloque organisé par le Centre d'Études et de Recherches Ethnologiques de l'Université Victor Segalen Bordeaux 2 en 1995 : L'anti-autoritarisme en ethnologie[212].
    À l'étranger, en octobre 2009, Beatriz Perrone-Moisés, Renato Sztutman et Sérgio Cardoso organisèrent un colloque au Sesc Pinheiros intitulé : « Pierre Clastres : pensar a política a contracorrente »[277].
  30. Voici la liste des participants : Yvonne Verdier, Luc de Heusch, Marc Richir, Michel Deguy, Alfred Adler , Gilbert Vaudey, Nicole Loraux, Charles Malamoud et Claude Lefort.
  31. Voici la liste des contributeurs : Christian Bertaux, Max Blechman, Sergio Cardoso, Michel Cartry, Marilena Chaui, Jacques Chevallier, Hélène Clastres, Guilhem Fabre, Christian Ferrié, Ximena Gonzalez Broquen, Olgaria Matos, Francisco Naishtat, Beatriz Perrone-Moises, Mathieu Potte-Bonneville, Marc Richir, Anne-Marie Roviello et Renato Sztutman.
  32. Voici la liste des intervenants dont les contributions furent publiées : Lucie Buffavand, Christian Ferrié, Arthur Guichoux, Simon Levesque, Emir Mahieddin, Cédric Mong-Hy et Stéphane Vibert.
  33. Voir aussi la partie « Postérité » sur la page Wikipedia consacrée à La Société contre l'État.
  34. Sur ce point, voir les différents numéros de revue proposés dans la « Documentation complémentaire » de la bibliographie.
  35. Voir aussi la « Bibliographie » sur la page Wikipedia consacrée à La Société contre l'État.
  36. Cette liste présente les textes et les ouvrages de Clastres actuellement accessibles dans le commerce, en bibliothèque et en ligne (2022). Au moyen de couleurs est indiquée la répartition de ces textes dans différents recueils (les textes non repris en volume sont aussi indiqués).
    Cependant, l'établissement de cette liste ne tient pas compte de certaines recensions d'ouvrages rédigées par Clastres (notamment celles disponibles sur le portail « Persée.fr »[322]) ; il n'est pas tenu compte, non plus, des archives déposées à l'IMEC.
  37. Précisément : des Indiens Apapokuva-Guarani du sud du Mato Grosso brésilien ; des Indiens Mbya-Guarani et des Indiens Chiripa-Guarani du Paraguay.
  38. Malgré l'absence d'information éditoriale, il est fort probable que ce recueil posthume fut préparé par Hélène Clastres et Miguel Abensour (le texte de la quatrième de couverture porte les marques de style de ce dernier).
  39. D'une partie de ces matériaux Clastres tira, d'abord, l'article de 1967 « De quoi rient les Indiens ? »[119] qui propose une analyse de deux mythes ici référencés M46 et M70 ( et qui devint le « Chapitre 6 : De quoi rient les Indiens ? » de La Société contre l'État) ; puis, l'article de 1977 « Malheur du guerrier sauvage »[191], qui présente une étude sur le statut du « guerrier » dans la société primitive et qui, en annexe, adjoint deux mythes ici référencés M71 et M73.
  40. Voici le détail des documents compilés :
    • « Entretien avec l'Anti-Mythes », p. 13-40 (publication originelle : « Entretien avec Pierre Clastres {14 décembre 1974} », l'Anti-mythes, n°9, mars 1975, p. 1-26[384])
    • « Les Sauvages sont-ils heureux ? », p. 89-90 (inédit 1965-66)
    • « Les derniers Indiens d'Amazonie », p. 91-94 (inédit 1965-66)
    • « La civilisation guayaki : archaïsme ou régression ? », p. 95-104 (publication originelle : Pierre Clastres, « La civilisation guayaki : archaïsme ou régression ? », Revista del ateneo paraguayo, supplemento antropologico, n°1, 1966)
    • « Mission au Paraguay et au Brésil », p. 105-111 (publication originelle : Pierre Clastres, « Mission au Paraguay et au Brésil », L'Homme, 1967, tome 7, n°4, p. 101-108[386])
    • « Entre silence et dialogue », p. 113-115 (publication originelle : Pierre Clastres, « Entre silence et dialogue », L'Arc, n°26, 1968, p. 76-78)
    • « Hommage à Alfred Métraux », p. 117-118 (publication originelle : Pierre Clastres, Mythologie des Indiens Chulupi, Louvain-Paris, Peeters, coll. « Bibliothèque de l'École des hautes études », 1992, p. 131-135)
    • « Introduction au dictionnaire guayaki », p. 119-122 (publication originelle : León Cadogan, Diccionario Guayaki-Español, Paris, Musée de l'homme, 1968, « Avant-propos » de Pierre Clastres, quatre pages non paginées[69])
    • « Cannibales et anthropophages », p. 123-128 (publication originelle : Veja, 31 janvier 1973 ; entretien avec le journal Veja inédit en français)
    • « Hommage à León Cadogan », p. 129-130 (publication originelle : Pierre Clastres, « Hommage à León Cadogan », L'Homme, 1974, tome 14, n°2, p. 135-136[387])
    • « Martchenko », p. 355 (publication originelle : Pierre Clastres, « Martchenko », Textures, 1975, n°10-11, p. 45-46)
  41. Cet article est une recension de deux ouvrages : celui de Raymond Douville et Jacques-Donat Casanova La vie quotidienne des Indiens du Canada à l'époque de la colonisation française (Hachette, 1967), celui de Maxime Haubert La vie quotidienne au Paraguay sous les jésuites (Hachette, 1967).
  42. Cet article est une recension de deux ouvrages : celui de Jacques Meunier et Anne-Marie Savarin Le chant du Silbaco. Massacre en Amazonie (Denoël, 1969), celui de Lucien Bodard Le Massacre des Indiens (Gallimard, 1969).
  43. Cet entretien fut publié dans le recueil d'entretiens de Bellour intitulé Le livre des autres[388].
  44. D'une durée de 55 minutes, il s'agit d'une compilation d'extraits de trois entretiens : le premier fut réalisé par Paule Chavasse en sur France Culture (émission « Les chemins de la connaissance ») ; le deuxième par Jean Charbonnier en sur France Culture (émission « Sciences et techniques ») ; le troisième par Jean-Jacques Lebel en sur France Culture (émission « Atelier de création radiophonique »).
    Dans les annexes de sa thèse soutenue en 2018, Clara Mogno propose des retranscriptions (en français) de ces entretiens[389]. (Ainsi qu'une liste exhaustive des apparitions de Clastres à la télévision et à la radio.)
  45. Présente dans l'édition originale à la page 10, la carte permettant de localiser les Indiens Guayaki a disparu de cette édition de poche. A lui aussi disparu : un "dossier" d'une trentaine de photographies où le lecteur découvrait les visages de Pichugi, Chachugi et Jyvukugi, ainsi que Chachubutawachugi et Krembégi (dont les vies respectives sont brièvement décrites dans l'article « L'arc et le panier »[51]).

Références

  1. Miguel Abensour (dir.) 1987, p. 9 (« Présentation » par M. Abensour).
  2. Marcel Gauchet 2005c, p. 88.
  3. Claude Lefort 1995, p. 311.
  4. Jacques Lizot, « Compte-rendu : Vivre sans État ? Essai sur le pouvoir politique et l'innovation sociale par Jean-William Lapierre », L'Homme, vol. 19, no 2, , p. 79-81, p. 79. (lire en ligne)
  5. Jean-Loup Amselle (éd.) 1979, p. 13 (« Présentation » par J.-L. Amselle).
  6. Jean-Loup Amselle (éd.) 1979, p. 86 (Contribution de J. Copans, « Lévi-Strauss face à Rousseau. Ou : la censure du politique »).
  7. Pierre Bouretz 2001, p. 223.
  8. Anne-Christine Taylor 2013, p. 120.
  9. Eduardo Viveiros de Castro 2019, p. 24.
  10. Eduardo Viveiros de Castro 2021, p. 273.
  11. Notice d'autorité personne sur le site du catalogue général de la BnF.
  12. Robert Maggiori 2011, p. VI.
  13. État civil de Paris, « Avis de décès n°454, CLASTRES Pierre », Registre d'état civil de la mairie du 5e arrondissement de Paris numérisé (actes de décès de l'année 1977, cote 5D 316). Au feuillet 76 se trouve la « transcription de Gabriac » de l'avis de décès de Clastres (page 16/31 dans la visionneuse). [jpeg], sur Archives de Paris, (consulté le )
  14. Gérard Gaillard 1997, p. 230-231.
  15. Jean-Loup Amselle (éd.) 1979, p. 205-209 (Contribution de Jean Bazin, « Le bal des sauvages »).
  16. Éric Biedermann 1986, p. 159.
  17. Les Colloques Ethnologiques de Bordeaux 1997, 108 (Contribution de Christian Delacampagne, « Un ethnologue contre l'État »).
  18. Jacques Meunier, « Un ethnologue qui savait observer », Le Monde, no 11 108, 17 octobre, , p. 20 (lire en ligne )
  19. Samuel Moyn 2004, p. 72.
  20. Nicolas Journet 2018, p. 63.
  21. Franck Berthot 2007, p. 121 à 128.
  22. Marc Abélès 2006, p. 56.
  23. Riccardo Ciavolella et Éric Wittersheim 2016, p. 116.
  24. Charles Macdonald 2018, p. 109-110.
  25. Maurice Luciani, « Pierre Clastres », Libre, no 2, , p. 3
  26. Xavier Delcourt, « La volonté d'une société libre : Les derniers textes de Pierre Clastres », Le Monde, no 10 430, 12 août, , p. 1 et 12 (lire en ligne )
  27. P. Clastres 1991.
  28. P. Clastres 2011a.
  29. P. Clastres 2011a, p. 25.
  30. Christian Ferrié 2017, p. 19.
  31. Pierre-Alexandre Delorme et Clément Poutot (dir.) 2020, p. 11-12 (« Introduction » par P.-A. Delorme et C. Poutot).
  32. Jean-William Lapierre et Olivier Mongin 1976, p. 1000 (J.-W. Lapierre dans « Le retour du bon sauvage »).
  33. Jean-Loup Amselle (éd.) 1979, p. 14-15 (« Présentation » par J.-L. Amselle).
  34. P. Clastres 2011a, p. 131.
  35. P. Clastres 2012b, p. 154.
  36. Les Colloques Ethnologiques de Bordeaux 1997, p. 110 (Contribution de Christian Coulon, « La pensée en contre-pente de Pierre Clastres »).
  37. Gérard Gaillard 1997, p. 230.
  38. Michel Cartry 1976, p. 44.
  39. Miguel Abensour et Anne Kupiec (dir.) 2011, p. 63 (contribution de Christian Bertaux, « Relecture des thèses politiques de Pierre Clastres à partir de l'analyse topologique des pratiques de devins bambara du Mali »).
  40. Miguel Abensour et Anne Kupiec (dir.) 2011, p. 81 (« À propos de Pierre Clastres », entretien avec Bento Prado Junior par Piero de Camargo Leiner et Luiz Henrique de Toledo).
  41. François Châtelet, « Récit », L'Arc, nos 70, 4ème trimestre, , p. 3-15
  42. Xavier Delcourt, « La mort de l'ethnologue Pierre Clastres : Une pensée contre l'État », Le Monde, no 10 036, vendredi 5 août, pages 1 et 9, , p. 1. (lire en ligne )
  43. François Dosse 2012a, p. 196.
  44. Miguel Abensour et Anne Kupiec (dir.) 2011, p. 86 (« À propos de Pierre Clastres », entretien avec Bento Prado Junior par Piero de Camargo Leiner et Luiz Henrique de Toledo).
  45. François Dosse 2012a, p. 195 (cité par F. Dosse).
  46. François Dosse 2012a, p. 196 (cité par F. Dosse).
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    À la note n°1 p. 484, Adler rapporte cette anecdote à propos de Clastres : « Il était bien souvent au premier rang, une grande règle à la main, quand — c’était généralement le vendredi midi — Le Pen et ses nervis déboulaient de la Faculté de Droit pour en découdre avec les étudiants de gauche, communistes, membres du PSU et autres, qui vendaient leurs journaux à la porte de la Sorbonne. »
  80. Marshall Sahlins, « La première société d'abondance », Les Temps modernes, no 268, , p. 641-680
  81. David Graeber et David Wengrow 2021, p. 177.
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  89. Franck Berthot 2007, p. 115 à 128.
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  105. Gilles Deleuze et Félix Guattari 1980, p. 444, note n°13.
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  176. Étienne de La Boétie 1976, p. 122 (manuscrit de Mesmes).
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  178. Christian Delacampagne 2000, p. 216.
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  194. Jean-Claude Chamboredon 1983, p. 562-563.
  195. Miguel Abensour et Anne Kupiec (dir.) 2011, p. 201 (Contribution de Renato Sztutman, « Le vertige des prophètes et des guerriers amérindiens. Déploiements de quelques paradoxes clastriens »).
  196. Gérald Berthoud 1978, p. 114.
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  199. P. Clastres 2012b, p. 247 (italique de l'auteur).
  200. Maurice Godelier 1977, p. 24 (« Préface à la deuxième édition »).
  201. Maurice Godelier 2010, p. 24 (« Avant-propos »).
  202. Jean-Loup Amselle (éd.) 1979.
  203. Jean-Loup Amselle (éd.) 1979, p. 15 (« Présentation » par J.-L. Amselle).
  204. Jean-Loup Amselle (éd.) 1979, p. 23 (contribution de M. Augé, « Ces sauvages ne sont qu'une idée »).
  205. Jean-Loup Amselle (éd.) 1979, p. 202-204 (contribution de J. Bazin, « Le bal des sauvages »).
  206. Emmanuel Terray 1989.
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  208. Emmanuel Terray 1989, p. 27.
  209. Emmanuel Terray 1989, p. 8.
  210. Emmanuel Terray 1989, p. 18.
  211. Emmanuel Terray 1989, p. 21.
  212. Les Colloques Ethnologiques de Bordeaux 1997.
  213. Les Colloques Ethnologiques de Bordeaux 1997, p. 112 (Contribution de C. Coulon, « La pensée en contre-pente de Pierre Clastres »).
  214. Les Colloques Ethnologiques de Bordeaux 1997, p. 106-107 (Contribution de C. Delacampagne, « Un ethnologue contre l'État »).
  215. Les Colloques Ethnologiques de Bordeaux 1997, p. 111 (Contribution de C. Coulon, « La pensée en contre-pente de Pierre Clastres »).
  216. Pierre Birnbaum 1977.
  217. Pierre Clastres, « Le retour des Lumières », Revue française de science politique, no 1, février, (lire en ligne)
    À la suite de l'article de Clastres, Birnbaum répond brièvement aux objections.
  218. Pierre Birnbaum 1977, p. 14.
  219. Pierre Birnbaum 1977, p. 10.
  220. Pierre Birnbaum 1977, p. 16.
  221. Jean-William Lapierre 1977.
  222. François Châtelet, « L'origine et la fonction de l'État », Le Monde diplomatique, no 287, , p. 12 (lire en ligne )
  223. François Châtelet 1980, p. 22.
  224. François Châtelet 1980, p. 21, italiques de l'auteur.
  225. Claire Michard et Claudine Ribery 2008, p. 13.
  226. Claire Michard et Claudine Ribery 2008, p. 21.
  227. Claire Michard et Claudine Ribery 2008, p. 33 à 120.
  228. Claire Michard et Claudine Ribery 2008, p. 119.
  229. Claire Michard et Claudine Ribery 2008, p. 75.
  230. Alain Caillé (éd.), « Les sauvages étaient-ils démocrates ? », Revue du MAUSS, no 7, Premier trimestre,
  231. Alain Caillé (éd.), « La démocratie inachevée », Revue du MAUSS, no 8, Deuxième trimestre,
  232. Alain Caillé 1990, p. 3.
  233. Alain Caillé 1990, p. 8-9.
  234. Jacqueline Russ 1994, p. 70.
  235. Jacqueline Russ 1994, p. 69.
  236. Samuel Moyn 2004, p. 71.
  237. Samuel Moyn 2004, p. 79.
  238. Édouard Jourdain 2020, p. 89.
  239. Philippe Pelletier 2018, p. 42.
  240. Miguel Abensour et Anne Kupiec (dir.) 2011, p. 299 (Contribution d'Anne Kupiec, « L'œuvre de Pierre Clastres et le renouveau de la pensée anarchiste »).
  241. Miguel Abensour et Anne Kupiec (dir.) 2011, p. 301, italiques de l'auteur (Contribution d'Anne Kupiec, « L'œuvre de Pierre Clastres et le renouveau de la pensée anarchiste »).
  242. Pierre-Alexandre Delorme et Clément Poutot (dir.) 2020, Voir la contribution d'Arthur Guichoux : « L'esprit de la démocratie sauvage : Pierre Clastres et la philosophie politique critique » (p. 41-62).
  243. Marc Abélès 2014, p. 17, p. 28-29.
  244. Eduardo Viveiros de Castro 2019, p. 72-81.
  245. Marcel Gauchet 2005c, p. 83.
  246. Marcel Gauchet 2005a, p. 11-12.
  247. Marcel Gauchet 2005a, p. 12.
  248. Marcel Gauchet 2005b, p. 50, italiques de l'auteur.
  249. Miguel Abensour (dir.) 1987.
  250. Claude Lefort 1995, p. 313.
  251. Claude Lefort 1995, p. 314.
  252. Nicolas Journet 2018, p. 64 (encadré « Une postérité divisée »).
  253. Les Colloques Ethnologiques de Bordeaux 1997, p. 107 (Contribution de Christian Delacampagne, « Un ethnologue contre l'État »).
  254. Les Colloques Ethnologiques de Bordeaux 1997, p. 110 (Contribution de Christian Coulon, « La pensée à contre-pente de Pierre Clastres »).
  255. Miguel Abensour et Anne Kupiec (dir.) 2011, Leurs interventions à ce colloque sont compilées dans cet ouvrage.
  256. (an) Pierre Clastres, Archeology of Violence, New York, Semiotext(e),
  257. Eduardo Viveiros de Castro 2019, p. 32-33 par exemple.
  258. Eduardo Viveiros de Castro 2019, p. 103.
  259. Eduardo Viveiros de Castro 2019, p. 67.
  260. (pt) Pierre Clastres, A Sociedade contra o Estado : Pesquisas de antropologia política, São Paulo, Cosac & Naify,
  261. Miguel Abensour et Anne Kupiec (dir.) 2011, p. 351 (Contribution de Tânia Stolze Lima et Marcio Goldman, « Préface à La Société contre l'État »).
  262. Miguel Abensour et Anne Kupiec (dir.) 2011, p. 353, italique des auteurs (Contribution de Tânia Stolze Lima et Marcio Goldman, « Préface à La Société contre l'État »).
  263. Irène Pereira, « Vivre en anarchiste », Revue du Crieur, no 11, , p. 40-47, p. 41 (lire en ligne)
  264. Jules Crétois, « Ces totems ciblés par l'anthropologie anarchiste », Libération, no 12 451, mardi 29 juin, , p. 20 (lire en ligne )
  265. Édouard Jourdain 2020, p. 88.
  266. Éric Aeschimann, « Maudites céréales », L'Obs, no 2827, du 10 au 16 janvier, , p. 65 à 68, p. 66 (lire en ligne )
  267. David Graeber 2018, p. 29.
  268. David Graeber et David Wengrow 2021, p. 148 à 152.
  269. David Graeber 2018, p. 31.
  270. James C. Scott 2019, p. 16.
  271. James C. Scott, Nils Gilman et Nicolas Guihot, « La domination, du point de vue de ceux qui la déjouent : Entretien avec James C. Scott », Critique, no 810, , p. 905 à 920, p. 905-906 (lire en ligne )
  272. James C. Scott 2019, p. 351-352, p. 353.
  273. Alberto Giovanni Biuso 2019, p. 28.
  274. Alberto Giovanni Biuso 2019, p. 27, italique de l'auteur.
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    Dans le vol. 2 « K-Z », l'article de Clastres se trouve aux pages suivantes : « Tupi-Guarani. Pensée religieuse et prophétisme ches des Indiens d'Amérique du Sud. La Terre sans Mal » (p. 507-510).
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Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Articles

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  • Christian Ferrié, Le mouvement inconscient du politique : Essai à partir de Pierre Clastres, Paris, Lignes, coll. « Fins de la philosophie »,
  • (it) Clara Mogno, Il pensiero politico di Pierre Clastres (Thèse en vue de l'obtention du grade de Docteur en philosophie de l'Université Paris-Nanterre, sous la direction de Judith Revel), Paris, Atelier national de reproduction des thèses, (lire en ligne)
  • Eduardo Viveiros de Castro, Politique des multiplicités : Pierre Clastres face à l'État, Bellevaux, Dehors,
  • Pierre-Alexandre Delorme et Clément Poutot (dir.), Clastres : Une politique de l'anthropologie, Lormont, Le Bord de l'eau, coll. « anamnèse »,
  • Guillaume Sibertin-Blanc (éd.), Anthropologie contre État, philosophie des sauvages : Les divisions de Pierre Clastres (Cours du Département de Philosophie de l’université Paris 8 Vincennes/Saint-Denis, Année universitaire 2020-2021, 1er semestre), Saint-Denis, Université Paris 8, (lire en ligne [PDF])

Articles

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  • Hélène Clastres, « Rites funéraires Guayaki », Journal de la société des américanistes, vol. 57, , p. 63-72 (lire en ligne)
  • Hélène Clastres, « Les beaux-frères ennemis. À propos du cannibalisme tupinamba », Revue du MAUSS, no 55, , p. 53-68 (lire en ligne), originellement paru en 1972 dans le no 6 de la Nouvelle Revue de psychanalyse (p. 71-82).
  • Jean Copans, « À la recherche de la théorie perdue : Marxisme et structuralisme dans l'anthropologie française », Anthropologie et Sociétés, vol. 1, no 3, , p. 137-158 (lire en ligne)
  • Hélène Clastres, « Sauvages et civilisés au XVIIIe siècle », dans François Châtelet (dir.), Histoire des idéologies 3 : Savoir et Pouvoir (du XVIIIe au XXe siècle), Paris, Hachette, , p. 209-228
  • Éric Biedermann, « L'État, l'opportunité et l'ambition : Réponse à Emmanuel Terray », L'Homme, vol. 26, no 100, , p. 159-162 (lire en ligne)
  • Alain Caillé, « Les sauvages étaient-ils démocrates ? : Le problème de la vengeance », Revue du MAUSS, no 7, Premier trimestre, , p. 3-11
  • Salvatore D’Onofrio, « Guerre et récit chez les Indiens ayorés du Chaco boréal paraguayen », Journal de la Société des Américanistes, vol. 89, no 1, , p. 39-81 (lire en ligne)
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  • Romain Bertrand, « Comment jouer à chat perché avec l’État », Critique, no 810, , p. 895-904 (lire en ligne )
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Ouvrages

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  • David Graeber et David Wengrow, Au commencement était… : Une nouvelle histoire de l'humanité, Paris, Les Liens qui libèrent,

Revues

  • Patrick Menget (éd.), « Dossier : Guerre, sociétés et vision du monde dans les basses terres de l'Amérique du sud », Journal de la Société des Américanistes, vol. 71, , p. 129-208 (lire en ligne)
  • Carmen Bernand et Serge Gruzinski (éd.), « La Redécouverte de l'Amérique », L'Homme, vol. 32, nos 122-124, (lire en ligne)
  • Philippe Descola et Anne-Christine Taylor (éd.), « La remontée de l'Amazone », L'Homme, vol. 33, nos 126-128, (lire en ligne)
  • Capucine Boidin (éd.), « Dossier : Paraguay », Journal de la Société des Américanistes, vol. 97, no 2, , p. 137-342 (lire en ligne)
  • Salvatore D'Onofrio et Anne-Christine Taylor (éd.), « La guerre en tête », Cahiers d'anthropologie sociale, no 2, (lire en ligne)
  • Jean-François Dortier (dir.), « Les peuples premiers : Qu'ont-ils à nous apprendre ? », Sciences Humaines, no 327, (lire en ligne )

Voir aussi

Articles connexes

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