Gaspard Glanz
Gaspard Glanz, né le à Strasbourg, est un journaliste reporter d'images français.
Gaspard Glanz | |
Gaspard Glanz en 2015. | |
Naissance | Strasbourg (France) |
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Nationalité | Français |
Profession | Journaliste |
Spécialité | Reporter d'images |
Années d'activité | Depuis 2009 |
Site internet | Site de Taranis News |
Médias actuels | |
Pays | France |
Média | Internet |
Fonction principale | Gérant de Taranis News (depuis 2011) |
Il est le gérant du site Taranis News qu'il a fondé en 2011.
Biographie
Formation
Gaspard Glanz naît le à Strasbourg[1],[2]. Élève au lycée Kléber[3], il est, en , un des dirigeants du syndicat lycéen UNL à Strasbourg. Lors des manifestations contre le contrat première embauche, il est condamné pour outrages à des membres de la direction et du personnel d'un lycée strasbourgeois[4],[5]. Il obtient une licence en sociologie criminelle à l'université Rennes-II[6].
Il est autodidacte en journalisme[6], débutant cette activité en 2009 lors du sommet de l'OTAN Strasbourg-Kehl[4].
Taranis
Gaspard Glanz est le fondateur en 2011 du site d'informations Taranis News[6], dans lequel il couvre particulièrement l'actualité des mouvements sociaux, ce qu'il appelle le « street journalism », « un journalisme urbain, pour les jeunes, car 90 % des visiteurs de notre site ont entre 17 et 35 ans[6]. » Il filme et photographie notamment aux ZAD de Sivens et de Notre-Dame-des-Landes, la jungle de Calais, Paris lors des manifestations contre la loi travail, le mouvement Nuit debout[7] ou les manifestations des Gilets jaunes[8].
Carrière journalistique
Il collabore également en tant que pigiste pour plusieurs médias en ligne, tels que Rue89 Strasbourg ou Reporterre[9]. En 2021, il est annoncé comme contributeur au média Blast.
Pendant l'été 2015, il réalise un film sur l'exode des réfugiés dans les Balkans[8].
En novembre 2015, alors qu'il couvrait une action de "fauchage de chaises" dans une banque, en collaboration avec Rue89 Strasbourg, il est placé en garde à vue et refuse de donner ses images[10],[11].
Interpellé dans la jungle de Calais en octobre 2016, il est placé sous contrôle judiciaire[12] et sous interdiction de séjour dans l’ensemble du Pas-de-Calais[13],[14]. Il apprend lors de sa garde à vue qu'il est fiché S[15]. Selon le journal Le Point, Gaspard Glanz « a été condamné à quatre reprises, la dernière en 2017 pour vol par le tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer, alors qu'il couvrait l'évacuation de la « jungle » de Calais »[16] : il lui est reproché le vol d'un talkie-walkie des CRS que Gaspard Glanz indique avoir seulement ramassé par terre[4].
En 2017, il reçoit des menaces sur les réseaux sociaux, après avoir indiqué que des policiers se faisaient passer pour des journalistes de façon récurrente lors de manifestations[13]. Il est fiché S[17],[18], et dénonce un « harcèlement judiciaire »[19]. Sur sa fiche S, il est noté que le journaliste « serait membre de la mouvance anarcho-autonome et susceptible d'action violente »[16].
En juin 2017, il obtient une première notoriété auprès du grand public en publiant une vidéo dénonçant la vente par un Carrefour City parisien de produits impropres à la consommation et en forçant sa fermeture. Il a été critiqué pour la violence de sa réaction[20],[21],[22],[23],[24].
En juillet 2018, il contribue à la médiatisation de l'affaire Benalla via Taranis News[25]. Des images tournées par lui et Clément Lanot sont versées au dossier de la commission parlementaire rassemblée pour faire la lumière sur l'affaire Benalla[26],[27],[20].
Le 23 mars 2019, il apprend lors d'une interpellation à l'issue d'une manifestation qu'il est également fiché J[28] (fiche judiciaire), en plus de sa fiche S[29],[30] à la suite de l'affaire de Calais[20].
Il est blessé aux jambes par 5 éclats de grenade désencerclante le 5 décembre 2019 en couvrant une manifestation contre la réforme des retraites. Son téléphone et un de ses appareils photo ont été détruits[31].
En février 2020, lors du blocage du tribunal judiciaire de Paris par un collectif d'avocats en grève contre la réforme des retraites, il est accusé d'avoir asséné un coup de tête à un magistrat qui refusait d'être filmé. Celui-ci a déposé une plainte pour violences[32].
Arrestation d'avril 2019
Il est interpellé à Paris le 20 avril 2019 lors d'une manifestation[33],[34], aux motifs de « participation à un groupement en vue de commettre des violences ou des dégradations » et « outrage sur une personne dépositaire de l'autorité publique »[35]. Reporters sans frontières et le Syndicat national des journalistes dénoncent des « atteintes à la liberté d'informer »[36]. Déféré après presque 48 heures de garde à vue devant le tribunal de Paris, il est convoqué ultérieurement pour le seul motif d'outrage[37],[38], ce qui a ensuite posé question de la légalité de sa garde à vue[39]. Jean-Marie Delarue, président de la Commission nationale consultative des droits de l'homme, estime alors que la garde à vue de Gaspard Glanz s'inscrit dans un contexte plus général de restriction des libertés fondamentales en France[40].
Le 22 avril 2019, le TGI de Paris lui interdit de paraître à Paris tous les samedis et le 1er mai, jusqu'au 18 octobre 2019[41]. Gaspard Glanz conteste cette décision au motif qu'elle porterait atteinte à la liberté de la presse et à sa liberté de travailler, lui qui habite Paris[37]. Vingt-quatre sociétés de journalistes et rédacteurs[alpha 1] affichent leur soutien à Gaspard Glanz dans une tribune publiée le 23 avril[42],[43],[44]. Il annonce dans un premier temps qu'il ne respectera pas la décision du TGI et se rendra le samedi suivant à Paris pour couvrir la manifestation[45], avant de se raviser sur les conseils de ses avocats[46],[47].
Par effet Streisand, cet évènement et son traitement médiatique lui font gagner une certaine notoriété dans le public non-militant, notamment jusqu'au gouvernement[48],[49].
Peu après cette affaire, Arrêt sur Images annonce l'engager comme collaborateur, qu'ils considèrent comme « particulièrement qualifié sur la question des libertés publiques » pour la conférence de presse d'Emmanuel Macron du 25 avril 2019[50]. Cependant, l'Élysée a refusé l'accréditation du journaliste en indiquant que les inscriptions avaient été fermée la veille pour des raisons de sécurité[51],[52],[53]. L'Élysée indiquait également l'obligation de disposer d'une carte de presse, sauf pour ceux obtenant une dérogation[54].
Le 29 avril 2019, le tribunal de Paris reconnaît l'irrégularité de son contrôle judiciaire et le lève complètement, lui permettant donc de reprendre ses activités dans les manifestations parisiennes[55].
Arrestation d'octobre 2019
Lors de la manifestation organisée le 2 octobre 2019 par des syndicats policiers, Gaspard Glanz est interpellé à deux reprises et appréhendé sans que soit notifié le motif de l'interpellation, puis relâché un peu plus tard. Plusieurs vidéos semblent mettre en cause Frédéric Lagache, délégué général du syndicat Alliance, dans la seconde interpellation, mais celui-ci n'a pas souhaité répondre aux questions du journal Libération[56].
Condamnation en novembre 2019
Le 15 novembre 2019, le tribunal correctionnel de Paris condamne Gaspard Glanz à une amende de 300 euros pour avoir adressé un doigt d'honneur à l'encontre de policiers, après qu'il a affirmé avoir reçu une grenade de désencerclement, au cours d'une manifestation de gilets jaunes en avril 2019[57],[58].
Arrestation de septembre 2020
Il est placé en garde à vue pour « participation à un groupement en vue de commettre des violences ou des dégradations », fouillé à plusieurs reprises, puis libéré quelques heures plus tard sans être poursuivi. Il rapproche les interpellations répétées sur sa personne de la nouvelle version du schéma national de maintien de l'ordre, qui autorise depuis septembre 2020 les forces de l’ordre à interpeller les journalistes et observateurs lors des manifestations[59],[60].
Critiques
Les détracteurs de Gaspard Glanz remettent en cause sa qualité de journaliste notamment par le fait qu'il ne possède pas de carte de presse, bien que celle-ci ne soit pas une condition sine qua non pour être considéré comme tel[61].
Il est parfois critiqué aussi pour ses réactions à chaud, notamment en juin 2017 lors d'une altercation avec le gérant d'un Carrefour City[20],[21],[22],[23],[24], ou en avril 2019 pour avoir fait un doigt d'honneur à des policiers après avoir reçu une grenade[38].
Notes et références
Notes
- Les sociétés des journalistes, sociétés des rédacteurs et sociétés des personnels de BFMTV, Les Echos, L’Express, Le Figaro, France 2, France 24, France 3 National, Franceinfo.fr, France Inter, L'Humanité, Le JDD, Libération, Le Média, Mediapart, Le Monde, L’Obs, Télérama, Paris Match, Le Parisien-Aujourd’hui en France, Sud Ouest, Premières Lignes, RFI, RMC, TV5 Monde
Références
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- Anne Sogno, « Gaspard Glanz : carte de presse, dérapages... 10 choses à savoir sur « le street journalist » », TéléObs, (lire en ligne)
- « Gilets jaunes : le journaliste Gaspard Glanz sera jugé le 18 octobre : 2005-2006, Gaspard Glantz en tête des manifestations contre le CPE à Strasbourg », Dernières Nouvelles d'Alsace, (lire en ligne)
- Benoît Zagdoun, « "Gilets jaunes" : le journaliste indépendant Gaspard Glanz, arrêté samedi à Paris, est-il fiché S ? », France Info, (lire en ligne).
- « Prison avec sursis et amende requises contre Gaspard Glanz », 20 Minutes, (lire en ligne).
- « Ces têtes brûlées qui secouent le journalisme », TéléObs, (lire en ligne, consulté le ).
- Tomas Statius, « Gaspard Glanz, le journaliste préféré de la génération Nuit Debout », StreetPress, (lire en ligne).
- Hugo Boursier, « Gaspard Glanz, caméra au poing », Politis, (lire en ligne, consulté le ).
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- Pierre France, « Après une action de militants contre une banque, la police arrête… un journaliste », Rue89, (lire en ligne).
- Sophie Chapelle, « Garde à vue pour un journaliste refusant de donner ses images », Basta !, (lire en ligne).
- Sylvain Mouillard, « Gaspard Glanz : «On veut nous tuer économiquement et me rendre fou» », Libération, (lire en ligne).
- Emilien Urbach, « Gaspard Glanz, le journaliste « à tuer direct » », L'Humanité, (lire en ligne).
- « Le pouvoir s'acharne contre le journaliste Gaspard Glanz », Reporterre, (lire en ligne, consulté le ).
- Marie-Pierre Haddad, « Comment un journaliste a découvert qu'il était fiché S », RTL, (lire en ligne).
- Aziz Zemouri, « Gaspard Glanz, journaliste ou black bloc ? », Le Point, (lire en ligne)
- Juliette Gramaglia, « Avant la garde à vue de Gaspard Glanz, sa fiche "S" et sa fiche "J" - Par Juliette Gramaglia », Arrêt sur images, (lire en ligne, consulté le ).
- Tomas Statius et Corentin Fohlen, « Journalisme en état d'urgence », StreetPress, (lire en ligne).
- « Gaspard Glanz de Taranis News se dit victime d'un harcèlement judiciaire », sur Les Inrocks (consulté le ).
- « Six choses à savoir sur Gaspard Glanz, le journaliste arrêté à Paris lors de la manifestation des "gilets jaunes" », France Info, (lire en ligne)
- « Un journaliste furieux filme les congélateurs et réfrigérateurs en panne d'un Carrefour City parisien », France Info, (lire en ligne)
- « Un reporter fait un scandale dans un Carrefour City et le fait fermer », Le Figaro, (lire en ligne)
- Laurent Martinet, « Hors de lui, il fait fermer un Carrefour City en filmant ses frigos en panne », L'Express, (lire en ligne)
- « Vidéo. La panne de frigo dans un Carrefour City a particulièrement énervé ce journaliste », Sud Ouest, (lire en ligne)
- Audrey Kucinskas, « Qu'est-ce que "Taranis News", le média en ligne fondé par Gaspard Glanz ? », L'Express, (lire en ligne)
- Jérémie Maire, « Les journalistes au cœur des manifs, témoins essentiels de l’affaire Benalla », Télérama, (lire en ligne).
- Jacques Pezet, « Le journaliste Gaspard Glanz est-il à l'origine de l'affaire Benalla ? », Libération CheckNews, (lire en ligne)
- « Journaliste embarqué Gare du Nord pour une "fiche J" », Taranis News, (lire en ligne)
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- Samuel Laurent, « Terrorisme : qu’est-ce que la fiche « S » ? », Le Monde, (lire en ligne)
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- Jacques Pezet, « Acte XXIII des gilets jaunes : pourquoi le journaliste Gaspard Glanz a-t-il été interpellé ? », Libération Checknews, (lire en ligne).
- « "Gilets jaunes" : Reporters sans frontières et le Syndicat national des journalistes dénoncent des atteintes à la liberté d'informer », France Info, (lire en ligne).
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- Thomas Pontillon, « "C'est mon travail" : malgré l'interdiction de la justice, le journaliste Gaspard Glanz compte se rendre à la prochaine manifestation des "gilets jaunes" », France Info, (lire en ligne)
- « L'autre interview - Gaspard Glanz : La contre-attaque », Le Média, (lire en ligne)
- Grégoire Duhourcau, « Le journaliste Gaspard Glanz l'assure : "Je préfère respecter mon contrôle judiciaire" », Europe 1, (lire en ligne)
- « Arrestation de Gaspard Glanz : "Le fait de prétendre être journaliste n'est pas un permis de commettre des délits" », France Info, (lire en ligne)
- piet, « Gaspard Glanz et l’effet Streisand », Rue89, (lire en ligne)
- Tweet officiel d'Arrêt sur images
- « L'Élysée refuse d'accréditer Gaspard Glanz à la conférence de presse de Macron », L'Express, (lire en ligne)
- « Pourquoi le journaliste Gaspard Glanz n'a pas été accrédité à la conférence de presse d'Emmanuel Macron », France Info, (lire en ligne)
- « Arrêt sur images tente (sans succès) de faire accréditer Gaspard Glanz à la conférence de presse de Macron », Libération, (lire en ligne)
- Justine Faure, « Pourquoi l'Elysée a-t-il refusé l'accréditation de Gaspard Glanz à la conférence de presse d'Emmanuel Macron ? », LCI, (lire en ligne)
- « Levée du contrôle judiciaire visant le journaliste Gaspard Glanz », Le Monde, (lire en ligne)
- Robin Andraca, « «Marche de la colère» : le syndicat Alliance a-t-il ordonné l'arrestation du journaliste Gaspard Glanz ? », sur Libération.fr, Libération, (consulté le )
- « Le journaliste Gaspard Glanz condamné à une amende pour un doigt d’honneur à des policiers », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- « Manifestations de gilets jaunes : Gaspard Glanz condamné, un autre journaliste relaxé », sur LExpress.fr, (consulté le )
- Robin Andraca, « Pourquoi le journaliste Gaspard Glanz a-t-il été placé en garde à vue jeudi ? », sur Libération.fr, (consulté le )
- Stella Bandinu, « Maintien de l'ordre: journalistes et observateurs pourront être interpellés en couvrant des manifs », sur Libération.fr, (consulté le )
- Vincent Coquaz, « Gaspard Glanz est-il vraiment journaliste, même sans carte de presse ? », Libération Checknews, (lire en ligne)
Voir aussi
Bibliographie
- [Bortzmeyer 2016] G. Bortzmeyer, « Révolution, touche replay », Vacarme, no 77 : « Violences policières, résistances minoritaires », , p. 2e part., art. no 1, p. 74-83 (ISSN 1253-2479, DOI 10.3917/vaca.077.0074, lire en ligne).